Céliella * Ties of the heart before the ties of blood

Jetant un regard à sa montre, Céleste referme son dossier rapidement, réalisant que si elle ne se prépare pas tout de suite, elle va arriver en retard pour retrouver sa cousine au bar de la plage où elles se sont données rendez-vous il y a quelques jours déjà. Certes, Gabriella n’avait pas l’exigence des parents Jenkins quant à la ponctualité, mais ce n’était pas pour autant, aux yeux de la demoiselle, qu’elle pouvait se permettre de faire attendre l’autrice. Se dépêchant alors, elle range ses affaires pour aujourd’hui avant de gagner la salle de bain.

Une douche chaude, rapide, finie par un jet d’eau froide qui lui arrache toujours un petit cri et la demoiselle sort de l’eau, la peau raffermit, s’enveloppant dans une serviette de bain pour sécher son épiderme en même temps qu’elle sort de la pièce pour rejoindre le dressing, y choisissant une élégante petite robe estivale qu’elle accessoirise d’un petit sac à main en paille dans lequel porte-monnaie et téléphone portable trouvent rapidement leur place, avant qu’elle n’enfile des sandales et quitte la maison, ses cheveux encore humides.

Atteignant le bar de la plage au bout de quelques minutes qui permet à sa chevelure d’être tout à fait sèche, la jeune femme cherche sa cousine du regard, la repérant alors rapidement déjà attablée, l’attendant. S’empressant de la rejoindre, Céleste s’installe face à elle, posant son sac à main sur la chaise libre où Gabriella avait elle-même posé le sien

"- Gaby ! Je suis contente de te voir. Est-ce que ça va, je ne suis pas en retard ?" questionne la demoiselle en prenant place. "Oui… j’avais encore le nez dans un dossier. Que veux-tu, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités !" s’excuse la blondinette en riant. "Alors raconte, comment vont les enfants ?" s'enquit-elle.

Voir sa cousine était toujours un réel plaisir pour Céleste car, même si elles n’avaient aucun lien de sang l’une avec l’autre, elles étaient malgré tout proches. Aussi s’en voulait-elle plus particulièrement encore d’arriver en retard, de laisser penser qu’elle ne respectait pas Gabriella, même si elle avait de bonnes raisons, en général, d’être en retard. Enfin, une bonne raison : un boulot très prenant et qui contrairement à celui de Gabriella ne dépendait pas uniquement du bon vouloir de la blonde mais bel et bien des audiences et des clients, des rendez-vous, la plupart du temps. Ce n’était pas le cas aujourd’hui pourtant, si bien que Céleste était un peu plus désolée encore. Même si elle tâche d’en plaisanter. Quand bien-même sa cousine a la délicatesse d’assurer qu’elle n’est pas du tout en retard.

"- Oh cela se passe très bien ! Si l’on oublie bien sûr le fait que je dois affronter une multinationale au bras long comme ça." dit-elle en passant sa main droite derrière son épaule gauche, pour l’image. "Et que l’avocat principal de la défense est Fritz… Une pointure ! Si l’on occulte ça, je suis très sereine !" assure-t-elle sans tromper personne, avant de se renseigner quant à ses neveux et nièces. "C’est vrai que je ne les ai pas vu depuis un petit moment… Il faudra que je trouve un moment pour passer, à l’occasion ! Ils me manquent aussi."

Si elle n’était pas encore mère - et ne le serait peut-être jamais au rythme où vont les choses, alors qu’on lui rappelle souvent que son horloge biologique s’écoule, elle - Céleste pouvait au moins se targuer d’être une super tante. Enfin. Presque. Une super tante trouverait le moyen de voir ses neveux et nièces très souvent, ce qui n’était pas son cas… Mais elle essayait tout de même, les aimant énormément et les pourrissant de cadeaux chaque fois qu’elle le pouvait.

"- Et Ian alors, comment va-t-il ?"

Lorsque sa cousine assure qu’elle est douée et capable de beaucoup de choses, Céleste dessine sur ses lèvres un fin sourire, touchée par la confiance inébranlable que Gabriella place en elle et ce depuis… Toujours. Malheureusement, le dossier auquel la jolie blonde s’attaque n’est pas des plus simples, elle en a parfaitement conscience. C’est le genre de dossier qui aurait mérité d’être présenté par un avocat plus expérimenté qu’elle ne l’est. Bien sûr, si elle était l’avocate principale de l’accusation, elle n’était pas non plus seule, mais tout de même. C’était un gros travail et cela allait lui demander énormément de temps et d’énergie pour venir à bout de tout ça. Pour réussir dans son entreprise.

"- C’est adorable. Mais nous verrons bien. Ce qui est certain c’est que je vais me battre pour mon client et que la victoire ne sera pas facile. Pour aucune des deux parties, même si la défense est.. impressionnante." remarque la blonde. "Et en même temps je me dis que ce sera très formateur de les affronter, de vivre la manière qu’ils ont de défendre un dossier. Je pense que c’est de l’expérience sur un plateau d’argent et que quelque soit le résultat des audiences, ce sera profitable."

Quand elle en aurait fini avec ce procès, d’ailleurs, elle aurait sûrement un peu plus de temps pour passer voir les enfants de Gabriella à qui elle manque vraisemblablement autant qu’ils peuvent lui manquer eux-même. Elles pourraient s’organiser un déjeuner, à l’occasion. Ce serait des plus agréables, même si Céleste sait pertinemment qu’elle serait tout aussi bien reçue qui elle débarquait à l’improviste chez les Belloua. Ce n’était toutefois pas si simple de par l’éducation stricte qu’elle avait reçue, impliquant des invitations en bonne et dûe forme. Elle faisait cependant des efforts avec Gaby, consciente que l’invitation était tacite.

"- Oh ?" s’étonne Céleste. "Quel genre de problèmes ? Tu veux en parler ?" s’inquiète la blonde, levant un sourcil avant que Gabriella ne s’intéresse à ses propres histoires de coeur. "Pour être tout à fait honnête avec toi, rien de vraiment significatif. Mais je me suis décidé à rejoindre une application dont m’a parlé une amie. Je n’ose imaginer la tête de mes parents s’ils l'apprennent…" grimace-t-elle.

Naturellement le procès n’est pas gagné d’avance, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais lueur d’espoir pour la demoiselle, il n’est pas perdu d’avance non plus, de fait. Ils avaient leurs chances de l’emporter, même si la bataille serait rude et qu’il faudrait se battre becs et ongles pour l’emporter. Ce serait un challenge comme jamais elle n’en avait mené, mais ce serait très formateur. Une bataille qui la ferait grandir, qui lui ouvrirait des portes… Et qui était une belle occasion de se faire connaître dans le milieu où elle évoluait. Si elle parvenait à remporter ce procès, elle n’osait pas imaginer les retombées dont elle jouirait. Ce serait merveilleux. Mais d’ici là, elle allait devoir bosser encore et encore. Rien ne lui serait facilement cédé, loin de là.

"- Bien sûr que je vais me battre, je ne compte absolument pas leur simplifier la tâche, d’autant plus que mon client est dans son bon droit. J’espère que la justice le reconnaîtra !"

Et le dédommagerait à la hauteur du préjudice subi. Mais il faudrait qu’elle fasse des merveilles pour cela, elle n’avait pas d’autre choix. Elle en avait au moins parfaitement conscience, de sorte qu’elle puisse aborder ces audiences avec un état d’esprit des plus sains, compétiteurs, qui lui permettrait probablement de tenir bon dans l’adversité, dans les moments les plus difficiles du procès.

Mais elles ne s’étaient pas données rendez-vous pour parler encore et encore des préoccupations de la jolie blonde et des affaires qu’elle pouvait avoir à traiter. Elles se voyaient pour profiter d’un peu de temps ensemble, d’un bon moment… Et bavarder naturellement de tout ce qui pouvait se passer dans leurs vies, même si pour Gabriella les choses semblaient un peu compliquées avec son mari, la faute à une grossesse qui tardait à venir. Céleste hoche la tête, posant sa main sur celle de sa cousine.

"- Cela viendra, j’en suis persuadée." souffle-t-elle, se voulant rassurante. "Il faut y croire. J'y croirai avec vous !" affirme-t-elle avant de répondre aux questions de sa cousine, révélant elle-même chercher à se débarrasser de son célibat persistant. "Disons que cela se passe." assure-t-elle avec un haussement d’épaule. "Pour le moment j’ai eu un rendez-vous ou deux par-ci par-là, mais rien de concret." répond-elle. "Non, je sais bien que tu ne leur diras pas." souffle la blonde. "Mais je crains que si ça fonctionne, ils n’apprécient guère l’homme que j’aurais choisis." explique-t-elle. "Je n’en ai pour le moment croisé aucun qui pourrait leur plaire !"

La faute de leurs exigences particulièrement élevées et à des lieux de la réalité de la jeunesse actuelle, ou parce que ce que ses parents voulaient pour elle n'était pas ce qu'elle cherchait, inconsciemment ?