des ados, une île et des emmerdes, nina.

Le bateau venait d'arriver sur l'île, tout le monde prenait son sac afin de gagner la terre. Une fois que tout le monde était sortis, tu pris le temps de faire le compte, il faudrait pas qu'il en manque un, à peine l'aventure commencée. Tout le monde était là, tu pouvais souffler un coup. Tu jetais un coup d’œil à ta partenaire pour ces deux jours, une jeune policière qui était là pour veiller au grain. « Bon, vous et moi on est là pour un week-end, deux jours et après vous retrouvez vos vies, donc je vous demanderez de pas faire de vague, il en va de votre avenir ! Et vous pouvez m'appeler Maxwell ! » Tu avais parlé avec un ton militaire. Un ton qui t'avait toi-même surpris, tu ne te le connaissais pas. Mais en même temps tu avais rarement eu l'occasion de te retrouver dans une telle situation. Tu t'étais engagé dans le projet quelques mois en arrière, bien avant que Fleur ne te quitte. Lorsqu'on t'en as reparlé, tu avais longuement hésité à te désister. Finalement tu ne l'avais pas fait, cette sortie ne pouvait pas te faire de mal. « Première étape de cette grande aventure, il faut monter vos tentes sauf si vous voulez dormir à la belle étoile. » Ils étaient libre de faire ce qu'ils voulaient, pour le coup tu n'étais pas leur père, tu n'allais pas le faire à leur place. Monter une tente ce n'était pas si compliqué que ça, à moins de ne pas avoir de bras mais ce n'était pas leur cas. Tu les laissais donc vaquer à leur activité tandis que toi, tu en profitais pour t'approcher de la jeune femme. Ne sachant pas si tu devais la tutoyer ou non. « Vous pensez qu'on court à la catastrophe ? » demandais-tu un peu inquiet. Tu n'avais jamais tenu un groupe d'adolescents. Au mieux pour toi ils avaient 10 ans et ça se passait toujours bien. Tu ne savais pas vraiment quelle mouche t'avait piqué pour te lancer dans une telle aventure, mais maintenant tu ne pouvais plus faire marche arrière.

En y repensant, c'était une idée foireuse. Emmener une bande de jeunes délinquants en camp de vacances sur une île paumée avec juste deux adultes pour les superviser, ça allait forcément foirer. Mais tu te devais de tenter le coup. D'une manière ou d'une autre, te rapprocher d'eux, leur parler, leur faire comprendre qu'ils peuvent faire autre chose de leur vie. Pas sûre que ça marche, mais bon. Personne au poste était chaud pour les encadrer. Et puis toi, t'as l'habitude, tu fais déjà ça dans les quartiers. Ça marche pas des masses, mais ça t'empêche pas de continuer. On sait jamais, sur un malentendu ça peut passer. Et puis, c'est pas des mauvais gosses au fond. Ils ont juste pas eu de chance, alors ils font de leur mieux pour survivre.

Tu jettes un œil à ton coéquipier. Apparemment il est prof, mais il a l'air complètement paumé. T'effaces un sourire amusé. Le pauvre, il va en baver. Merde, toi aussi. T'es flic, t'es foutue. Merde. Tu fronces les sourcils. Bon avec un peu de chance y aura des gamins que tu connais et ils feront comprendre à leurs potes que t'es pas trop chiante, juste un peu du côté de la loi. Un peu beaucoup. Mais t'es sympa. Juré.

Entre temps ton collègue - Maxwell de son petit nom - a demandé aux gamins de monter leurs tentes. Tu te retiens franchement de rire. C'est pas une compétence qu'ils ont, en tout cas pas à ta connaissance. Et surtout, avec ce ton militaire, il va pas aller loin. Il a pas la tête qui va avec. Hélas tu peux pas te foutre de sa gueule ouvertement, vous devez travailler main dans la main, du coup t'essayes d'appuyer ses propos. "Je sais pas s'ils en seront capables," tu les railles. "Ils ont pas assez de muscles." D'après ton expérience avec ton frangin, les remarques de type enfant de 5 ans arrivent assez bien à les motiver. Ça a l'air de fonctionner puisque certains ont pris la mouche, bien décidés à rouler des mécaniques.

C'est ce moment précis que Maxwell choisit pour te poser la question la plus innocente que tu aies jamais entendue. Abasourdie, tu le fixes un instant en silence. "Ben oui, totalement. C'est ça qui est drôle. Si on peut leur apprendre quelque chose au passage, tant mieux." Tu hausses un sourcil, pas trop sûre de toi. Hausses les épaules. Vous verrez bien.

"Bon c'est pas tout mais faut qu'on monte notre tente nous aussi, j'ai pas envie de me les cailler cette nuit." Parce qu'en plus vous partagez la même. En soi ça te dérange pas, mais tu entends d'ici les railleries des gamins et de tes collègues de taf. Bah. Au mieux tu pécho, au pire tu te fais un pote. Advienne que pourra.

Tu écoutais Nina surenchérir sur ce que tu venais de dire, n'hésitant pas à lancer une petite pique pour voir la réaction des ados. Une partie d'entre eux se préparaient déjà à monter leur campement pour la nuit. Vous n'aviez pas les moyens d'acheter de jolies tentes 2' de Quechua, tout le monde avait donc des tentes traditionnelles, avec des perches à passer dans le tissu et des piquets à planter bien dans le sol si on ne voulait pas que la tente se fasse la malle à la moindre bourrasque de vent. En soi, ça n'avait rien d'un défi et si c'était le cas, alors les gamins seraient tous mal barrés. Ainsi que vous. « Vous avez l'air de mieux vous y prendre que moi en tout cas. » ajoutais-tu avec un grand sourire. tu ne savais toujours pas pourquoi tu avais parlé d'une façon aussi sec. Tu avais sûrement pensé qu'en jouant le dur, les gamins seraient plus attentifs à ce que tu venais de dire mais jouer les bonhommes quand on en était pas vraiment un, ça ne fonctionnait pas vraiment. Ils ne tarderaient sûrement pas à voir quel genre d'homme tu étais, ils étaient loin d'être tous cons. « On a le doit à quel pourcentage de perte ? » demandais-tu, mi-sérieux, mi-hilare. Tu savais très bien que la bonne réponse était zéro mais la jeune femme semblait plutôt joueuse sur les bords sinon elle ne serait pas là avec toi. Au moins ça vous promettait d'être deux jours plutôt sympathique. « Montrons l'exemple oui. » Sur ce, tu déballais ton matériel pour monter ta tente, ce qui te prit une bonne vingtaine de minutes. Une fois que tu avais fini, tu étais allé donné un coup de main à quelques jeunes qui semblaient avoir du mal à faire glisser leur tige dans le tissu. Tu te rappelais tes galères d'enfants lorsque vous partiez faire du camping en Australie. Vous n'aviez peut-être pas énormément de moyens mais pour partir vivre la grand aventure, il ne fallait pas grand chose de plus qu'un réchaud, des conserves et de quoi s'abriter pour la nuit. Tu partageais toujours ta tente avec Mickey, ce qui vous valait de grandes frayeurs puisqu'il y en avait toujours un pour faire croire à l'autre que loup ou une autre créature de la nuit approchait. Si ils avaient étés plus jeunes ça aurait pu être drôle mais tu doutais qu'ils prennent à leurs âges.