Ohana signifie emmerdes, emmerdes signifient que personne ne sera épargné ft Eve Hutcherson

Dernière ligne droite, du moins c'est le scénario le plus probable. Les rondes de Manwë se précisent, il a aperçu son père en ville. Il se rapproche de la cible, a une bonne idée des moments de la journée où celui-ci serait le plus vulnérable. Manwë ne se félicitera jamais assez d'avoir mis la main sur cette petite taupe de la police, un gamin auquel il ne veut pas de mal... C'est juste dingue de voir que le destind'un homme peut basculer à cause d'un môme qui vend de la drogue.

Quoi qu'il en soit, en rangeant ses affaires comme il le fait bien trop ces derniers temps, il était tombé sur une boite en carton poussiéreuse qu'il avait manqué de bazarder à la poubelle, direct. Quand une étiquette dessus attira son attention, elle était quasiment effacée, mais il reconnaîtrait entre mille les étiquettes de scellées des services de police.

Ce carton était resté trois jour au pied de son lit avant qu'il ne daigne l'ouvrir. Installé dans le canapé du salon, clope en bec, pas de colocataire pour la matinée. Le meilleur moment pour ouvrir les vieilles affaires de sa défunte mère. Cela le perturbera bien plus qu'il ne voudra jamais l'admettre, tant de souvenirs pénibles lui revinrent en mémoire. Il comprenait mieux pourquoi il n'avait jamais ouvert cette boite jusqu'à ce jour. Il soupira devant les objets éparpillés sur la table basse, toute une vie résumée dans une boite. C'était une pauvre femme sa mère, une pauvre droguée qui faisait pas autant d'efforts que ça pour être une bonne mère, il l'a toujours su. Mais une fois de plus, il veut s'accrocher aux aspects positifs du personnage qu'elle était.

Ses doigts tatouées attrapent une boite sur laquelle il est écrit : À ma nièce Eve.

Pourquoi est-ce que ça ne lui dit rien ? La seule cousine qu'il connaissait c'était Charlie. Alors il a ouvert la boite format carte postale pour y trouver une photo d'elles. " J'connais cette gamine... " Peut-être bien qu'il avait juste oublié sa cousine Eve, il trouve un collier sous la photo et l'adresse des Hutcherson. L'histoire aurait pu en rester là.

C'est au décours d'une petite mission au commissariat qu'il a demandé à son pote Norman de checker Eve  Hutcherson. Dans le mille, elle habite Bowen et travaille au Tea'rese. Comme elle n'est pas une criminelle, pas de photo, pas plus d'infos, mais c'était déjà plus qu'il n'en avait besoin. Son soupire fut conséquent, mais après un crochet à son domicile, il se rendit au salon de thé, définitivement pas le genre d'endroit où il traînait...

Il demanda à voir la personne concerné, accoudé au comptoir, ses yeux verts observent la boutique sans trop savoir quoi en penser. Quelle surprise de voir la blonde qui lui avait tiré dessus... Un an plus tôt à peu près, il avait complètement oublié cette histoire, il faut croire que même s'il n'était plus question de se revoir, seul l'avenir toujours... Le Vera.

" Bien sur... Il ne peut pas y avoir une foutue histoire de normale dans cette ville ? " Il faut toujours que ce soit tiré par les cheveux n'est-ce pas ? De la même famille ! " Bon... Salut. On va pas s'remémorrer le bon vieux temps, n'est-ce pas ? J'passais juste te donner ça. C'est d'la part de ta tante, mais t'étais trop jeune, tu t'en souviens certainement pas... J'suis que l'messager. " Enfin, il est aussi (et surtout) son cousin, mais ça... Il décide de mettre ça de côté, c'est beaucoup plus simple. Il pose la boite sur le comptoir qui les séparent, il reste quelques secondes se dit-il... Juste pour voir si elle se souvient. Ce qui est beaucoup, mais beaucoup trop impossible, elle devait avoir à peine... Quatre ans quand sa mère est morte. Mais il ne serait plus à une chose dingue de plus dans ce monde, non ?

Les affaires continuaient de bien fonctionner au Tea’Rese. Cet endroit était si magique, chaque journée avait son log de surprise. Eve ne prenait presque pas de vacances , elle avait dû mal à laisser sa boutique. Cette année, Sacha avait quand même réussi à la faire décrocher pour l’emmener au Vietnam. Ils avaient bien fait. Cette petite pause romantique lui avait fait le plus grand bien à Eve. Elle était revenue apaisée et reposée à Bowen. Le Vietnam lui avait donné des idées pour des nouveautés gustatives. Avec Sacha ils avaient goûté à plein de mets différents. Eve adorait la combinaison du gingembre avec des fruits ou du chocolat. Cela donnait un petit goût épicé très surprenant. Evidemment ce n’était pas au goût de tout le monde, alors elle trouvait d’autres inspirations. Parfois, elle aimerais aller en Russie pour revenir avec de nouvelles idées et surtout faire des pâtisseries pour son Russe à elle. Il avait le mal du pays parfois Sacha, elle le savait. Mais il n’était plus possible pour lui d’y aller, alors si elle pouvait le faire voyager avec sa cuisine, ça pourrait lui faire du bien. Sa petite boutique ramenait de plus en plus de monde, faisant presque une belle concurrence à Imogen. Les deux boutiques ne proposaient pas le même type de produit, ce qui les empêchait de se faire une trop grand concurrence. Puis Eve voulait une petite boutique accessible, alors qu’Imogen continuait de grandir. Parfois, les personnes ne pouvaient pas se poser, mais Eve ne pouvait pas agrandir son salon. Il lui faudrait quand même un nouvel employé, parce qu’elle s’épuisait et que parfois elle préférait être dans la cuisine. Aujourd’hui, il y avait quelques clients, mais ce n’était pas encore le gros moment de rush. Eve en profitait pour aller scroller pinterest à la recherche d’idée et d’inspirations. Parfois elle cherchait des nouvelles recettes, parfois c’était pour la décoration du salon. Elle relevait la tête quand une voix un peu bougonne la sortit de sa rêverie. Cet homme, elle le connaissait. Il y a un an environ, la jolie blonde lui avait tiré dessus par deux fois avec son arme de paintball, avant de rentrer dans sa petite boutique de musique. « Oh ! » Elle était surprise, elle ne pensait pas le revoir ou du moins pas ici. Sa boutique était bien trop colorée pour un homme qui paraissait si sombre. Elle se souvenait de la pénombre dans sa boutique à lui, qui n’avait que le gris ou le noir pour couleur. Il posait une boîte sur le comptoir, une tante à elle qui lui avait donné quelque chose par Manwë. Elle l’aurait su Eve, si l’homme et elle était liés, non ? « Je crois que tu te trompes. » Disait-elle avec douceur. Elle posait toutefois les yeux sur la boîte, peut-être que c’était vraiment pour elle. Elle ouvrit la boîte. Elle ne reconnaissait pas l’écriture, mais c’était bien pour elle, son prénom était écrit. Puis elle vit une photo, la petite fille c’était bien elle. « Attend, comment as-tu eu ça ? » Il parlait de sa tante et vaguement elle avait des souvenirs.

Oh ça, il sait que c’est une mauvaise idée de venir ici. Parce que se découvrir une cousine à l’aube d’une baston certainement mortelle, n’est pas l’idée du siècle. Il n’a pas l’intention de lui dire qu’il s’agit de sa mère et qu’ils sont liés de sang. Lui le saura, et bizarrement ça lui apporte quelque chose. Un certain réconfort de se dire que des gens de sa famille s’en tirent bien. Il faut croire qu’il a écopé de la branche la plus pourrie de l’arbre, il en faut bien un. Il n’est pas là cependant pour se faire plaindre, faire vivre le souvenir de sa mère avant de tuer son père, drôle d’ironie. Man’ reste persuadé qu’elle aurait pu vivre encore sans cet homme, que la vie aurait été plus douce pour tout le monde, pour lui-même compris. Refaire le monde, c’est pas son genre, Manwë n’est pas un homme très rêveur parce qu’il sait que l’on est vite déçu, surtout quand la vie ressemble plus à un cauchemar qu’autre chose.

“ Je ne me trompe pas. “ Malheureusement, pensait-il bien fort. Cette fille est “un peu” son opposé quand on y pense, alors il préfère la laisser dans son monde de paillettes, de gâteaux parfumés et d’il ne savait quoi encore beaucoup trop girly. Il la laisse ouvrir la boite, juste pour s’assurer qu’elle accepte le présent, il préfère encore repartir avec les affaires de sa mère plutôt que de les voir finir à la poubelle. Il y avait une lettre qu’il n’avait pas lu, un petit bracelet sans grande valeur à la hauteur des finances de sa mère. “ J’la connaissais… Vaguement. C’était y’a longtemps…. “ Il la connaissait trop bien au contraire. “ J’avais oublié que j’avais ses affaires dans un coin. Enfin bref… C’est à toi. “ Il était trop jeune pour l’avoir connu comme un adulte, mais est-ce qu’elle ferait le rapprochement, est-ce qu’elle a une idée de l’âge du luthier ? Les gens le vieillissent facilement et elle était si jeune lorsqu’elle est morte. Un gâchis de A à Z. “ Tu te souviens d’elle ? “ Quel genre de souvenir elle pourrait bien avoir de cette femme ? Il se maudit de se montrer curieux, il a vraiment choisi son jour pour l’être…

Tout était parfait dans la vie de la blondinette. Son commerce fonctionnait à merveille, toujours rempli de monde, elle pouvait se vanter de gâter les estomacs de Retro. Il y avait de la bonne pub sur son petit établissement, même les touristes connaissaient ce petit café. A côté, elle vivait une idylle passionnante avec Sacha. Chaque jour, elle découvrait des facettes de cet homme et elle était folle de lui. Elle ne s’attendait pas à revoir Manwë, le luthier. Cette rencontre avait été une des plus perturbantes et étranges. Elle avait tirer sur lui avec son arme de paintball avant de le ramener à sa boutique. Tout était sombre chez lui, ça contrastait avec le monde d’Eve. Les couleurs, les fleurs, la pâtisserie rythmaient la vie d’Eve. Voir Manwë dans cet environnement perturbait presque l’aura de ce lieu. Tout le monde avait le droit de venir ici peu importe leur apparence. Quelques personnes tournaient le regard vers l’inconnu. On aurait dit qu’un vieux film rentrait dans un film nouveau, ce contraste noir avec les couleurs pastel et punchy. Il se dirigeait vers elle pour lui tendre une boîte. Une tante. Oui elle en avait Eve, mais il se trompait. Elle s’en souviendrait quand même. A moins qu’elle soit si jeune. Eve fronçait les sourcils. « Si ! Y’a rien de grave d’avoir tort. » Elle ouvrait quand même cette boîte. Dans le doute, il pouvait avoir raison. Une photo perturbait Eve, une photo d’elle avait une jolie dame. Elle lui semblait familière, comme un doux souvenirs. « Tu l’as connais comment ? » Demandait-elle. Comment avait-il en sa possession cette photo. Eve se souvenait de l’avoir déjà vu dans un album chez ses parents, puis vint dans sa mémoire une odeur et quelques brèves images d’une salle à manger. « Vaguement … » C’était étrange comme sensation, puis Eve devint méfiante. « Comment tu sais qu’elle était ma tante ? Et comment tu as eu ça ? » Elle voulait savoir parce que d’un seul coup Eve avait l’impression qui lui manquait tant d’élément. Il y a un an, elle avait découvert un cousin à cause des cachoteries de son père, peut-être avait-il fait la même chose avec cette tante.

Dans l’esprit de Manwë, sur le papier, cela avait semblé une bonne idée. Une fois devant le fait accompli, face à la jolie blondinette, il se disait bien que c’était là l’une de ses plus mauvaises idées à son actif. Pourtant, il en avait collectionné des plan foireux. Man’ n’avait qu’une envie, se barrer. Vraiment, lui laisser la boite et foutre le camp. C’est ce qu’il aurait dû faire, laisser anonymement cette boite, foutue curiosité, foutu attachement à tout ça… Ouais, c’est l’amour qui le rend si idiot, l’amour d’un fils pour sa mère. Une mère qui ne méritait pas tant de sacrifices et pourtant, il avait choisi de tout mettre en péril pour lui faire justice. Il y avait l’amour et la haine. En la vengeant, il se vengeait aussi.

Sa réflexion concernant le fait que ce n’étais pas un drame d’avoir tort le fit hausser un sourcil, il n’était pas certain de comprendre où elle voulait en venir. Il trouvait la jeune femme un poil agressive, un peu loin du souvenir qu’il en avait pas le passé. Le luthier n’aimait pas qu’on lui parle ainsi, même s’il voulait bien faire l’effort d’essayer de la trouver légitime. “ J’t’en pose des questions ? J’suis seulement venu déposer ça, si t’en veux pas, je repars avec. “ Non, non… Ce n’était pas se montrer compréhensif ça Manwê ! Il soupire, c’est qu’il n’avait aucune envie de faire partie de la famille de cette jeune femme, pas à cause d’elle, mais à cause de lui. “ C’était une idée stupide, j’voulais juste pas… Que ça pourrisse chez moi. “ Parce qu’il voulait que le souvenir de sa mère lui survive, dans l’éventualité où il lui arriverai quelque chose de fatal… Mais ça, il ne peut pas le dire. “ Elle est morte jeune, je ne la connaissais pas tant que ça… “ C’est difficile à admettre, mais il ne l’a connu qu’avec ses yeux d’enfants. Il cherche un moyen de se défiler, mais il est pris de court. Forcé de constater qu’il se devra de s’entrainer pour apprendre à mentir et être crédible. “ J’suis pas certain que l’histoire te plaise, tu devrais te contenter de prendre la boite… “ Il hausse les épaules en amorçant un pas en arrière, foutre le camp c’était ce qu’il jugeait préférable, parce qu’il se dit que ça n’a aucun intérêt pour elle d’être liée à un gars comme lui. Ils ne sont clairement pas du même monde, du même univers.