Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
La chambre d'hôtel était vraiment un caprice inutile de dernière minute. Elle n'avait juste pas envie de dormir chez elle, cette nuit, et elle avait trouvé que ce serait une bonne idée, pour qu'ils se retrouvent. En secret. Et pour ça, il lui avait envoyé le numéro de la chambre où elle devrait le rejoindre. Cachée dans sa capuche, elle avait fini par grimper les escaliers un à un pour rejoindre le couloir. Les portes s'alignaient face à elle, et elle trouva finalement cette qu'elle recherchait. Mais face à cette porte, elle jeta un coup d'oeil autour d'elle. Elle n'était pas sûre de ce qu'elle avait décidé de faire, non seulement parce qu'elle avait de nouveau étalé un mensonge auprès de ses amis, mais aussi parce qu'elle avait toujours cette impression d'être vue. Et voilà que désormais elle perdait ses moyens juste pour une histoire de coucherie. Fermant les yeux, elle prit quelques secondes pour se calmer, et entama la bouteille de rhum qu'elle avait caché sous son manteau. Manteau qui ne l'abritait pas plus que ça, vu que la demoiselle s'était vêtue d'une jupe courte en cuir et d'un croap top banc sous lequel on devinait aisément son soutien-gorge en dentelle. Elle savait qu'elle en avait trop fait, comme toujours, mais elle avait vraiment envie de se mettre en avant. D'un coup sec et pour éviter de changer d'avis, elle poussa la porte déjà entre-ouverte et s'infiltra à l'intérieur, sourire aux lèvres. « Désolée, j'ai un peu traîné. J'avais perdu ma monnaie et on ne voulait pas me laisser acheter la bouteille. » Elle ferma la porte et commença à s'avancer, avant de se figer à mi-chemin, bouchée bée. Ce n'était clairement pas l'homme auquel elle s'attendait. Bouteille de rhum en main, elle observa le blond, perplexe. « Ok. Tu n'es définitivement pas Jay. » Après avoir jeté un coup d'oeil à son téléphone, elle se rendit compte que non, ce n'était pas lui qui l'attendait. Et que ce fameux Jay s'était trompé de numéro de chambre. Alors, sourire gêné aux lèvres, Öznur fait quelques pas en arrière en bredouillant. « Désolée, pas la bonne chambre. Je... Je m'en vais, hein ? Salut ! » Sauf qu'en voulant s'enfuir, le cauchemar est en route. La porte est verrouillée, et il n'y a ni clé, ni badge pour en ressortir pour le moment. Pivotant une dernière fois sur elle-même elle plongea son regard dans celui de l'inconnu, refermant rapidement son manteau par pudeur. « C'est fermé. » C'est tout ce qu'elle parvint à dire, sur le coup de l'émotion.
L’appartement était inondé, un des voisins du dessus qui a eu une fuite. Enfin plutôt un tuyau qui a complètement peté qui a eu le temps de faire de sacré dégâts dans mon appartement. Heureusement que l’agence de location est très professionnelle et qu’ils m’ont pris en charge le temps que la fuite soit réparé et que l’appartement soit de nouveau habitable. Ils n’avaient pas d’autre appartement libre donc ils me payent une chambre d’hôtel. C’est agréable de ne pas avoir à nettoyer après moi, je peux laisser une canette vide sur la table, le lendemain elle a été jetée. J’ai eu de la chance d’arriver à l’appartement alors que l’eau commençait juste à couvrir le sol de l’appartement et j’ai pu sauver mes affaires qui ont plus le plus de valeur.
Ce soir j’étais rentré tard avec du travail, après avoir posé mes affaires, commandé un diner au room-service – ça fait que 4 jours et cuisiner me manquait un peu, bien que je ne sois pas un grand chef. J’avais mangé en finissant de rédiger un article. Je finis il est 22 heures, je pose le plateau dans le couloir pour qu’il soit récupéré plus tard et j’allume la télé. Très vite l’ennui me gagne et mon regard erre et s’arrête sur mon ordinateur. Une idée nait dans mon esprit et je me glisse sous la couette alors que j’ouvre l’ordinateur et commence à naviguer sur internet. Je suis plongé dans mes affaires quand j’entends une voix féminine parler. Un petit moment d’incompréhension me traverse, je ne vois pas pourquoi l’actrice dirait ça, elle a la bouche pleine, ou alors c’est un autre personnage qui rentre en scène ?
Du coin de l’œil je vois une silhouette dans l’entrée de la chance, par réflexe je ferme l’ordinateur dans un fracas, et ramène la couverture sur moi. La jeune brune me regarde tout aussi surprise que moi. Quand elle conclut que je ne suis pas un certain « Jay » elle commence à reculer et sous l’effet de la surprise je lui dis énervé : « Mais ca va pas ? ». Elle s’excuse, se retourne et essaye d’ouvrir la porte, j’entends le bruit de la poignée puis elle à nouveau qui m’annonce que c’est fermé. C’est une blague. « Comment ça c’est fermé ? Tu sais pas ouvrir une porte ou quoi? » Je range mon matériel et me lève pour me diriger vers la porte. J’essaye de tourner la poignée mais rien. Mes mains tremblent sous la colère tandis que j’essaye encore et encore, en vérifiant si le loquet n’est pas enclenchée ou quoi. « Mais qu’est-ce que tu as foutu à cette porte ? » Je me retourne vers elle et la pression redescend d’un seul coup. Il y a une inconnue dans ma chambre, qui sait, elle pourrait être là pour me voler. Je m’éloigne d’elle de deux pas et essaye de réfléchir à la situation qui se déroule sous mes yeux.
Elle ne voulait même pas savoir ce qu'il faisait sous cette couette avant qu'elle ne l'interrompe. Sûrement des trucs de mecs. Des trucs probablement pas catholiques et qu'elle préférait éviter connaître. Parce que ce n'était pas lui qu'elle était venue voir, et que visiblement, elle l'avait assez surpris pour le mettre en rogne. Aussitôt, elle se sentit se tasser sur elle-même. Quelle imbécile elle faisait, la prochaine fois, elle frapperait avant d'entrer. Et lui, il fermerait sa porte pour ne plus recevoir de visite inattendue. « Apparemment non, j'ai encore besoin d'un père pour m'ouvrir la porte. » Réplique-t-elle, mi-amusée, mi-fâchée. En plus de ça, une moue boudeuse s'était installée sur son visage alors qu'elle croisait les bras sur la poitrine, bouteille de rhum encore dans la main. Elle observait le garçon essayer de forcer la porte en vain, et poussa un long soupir quand il ouvrit à nouveau la bouche. Heureusement qu'elle était gentille, comme fille, sinon, elle lui en aurait mis plein la figure. « C'est pas parce que j'ai les cheveux verts que j'suis une p'tite délinquante. » grommelle-t-elle à mi-voix, pinçant les lèvres. Elle sentit son téléphone vibrer dans sa poche, pour signaler de nombreux sms manqués. Nul doute que son rencard l'attendait à poil sur le lit depuis quelques minutes déjà, et n'ayant pas de nouvelles, il s'inquiétait qu'on lui ait posé un lapin. D'ailleurs, c'était sûrement ce qui arriverait, puisque avec un tel incident, la jeune femme n'avait nullement envie de poursuivre un rendez-vous dans une ambiance érotique. Öznur ose alors à nouveau croiser le regard du jeune homme, culpabilisant de son entrée surprise. Elle finit par poser la bouteille de rhum sur la commande la plus près et chercha dans son porte-monnaie et dans ses poches une barrette ou un autre objet aussi futile pour forcer la porte, bien qu'elle n'ait jamais fait ça de sa vie. « J'avais rendez-vous et il m'a donné un mauvais numéro de porte. Visiblement, y'a pas que toi qui prenait un peu de plaisir tout seul, ce soir. » Elle range finalement ses affaires dans ses poches et hausse les épaules, attrapant fermement la bouteille de rhum pour boire à nouveau. Histoire de se détendre, parce qu'elle non plus, elle n'était pas à l'aise dans cette ambiance. Finalement, elle tend la bouteille au blond, poussant un long soupir. « Bon, écoute, j'me casse dès que je peux. T'as qu'à appeler le service de l'hôtel, ils vont bien pouvoir ouvrir. Sinon, je saute par la fenêtre, mais t'auras ma mort sur la conscience. » Elle garde le silence quelques secondes, avant de reprendre, plus calmement. « J'peux faire quelque chose pour me faire pardonner ? Tiens, prends déjà la bouteille, si ça te fait plaisir. » Elle finit par s'adosser contre le mur, et reprend son téléphone pour répondre à son imbécile de rencard, l'insultant de tous les noms par écrit avant de lui annoncer que clairement, ce soir, elle ne serait pas sa compagnie. Elle n'avait plus la tête à ça, et de toute façon, ne sortirait pas de cette chambre avant un bon moment.
Elle a dû sentir mon regard un peu paniqué car elle me répond qu’elle n’est pas une délinquante. Sa réplique ne m’apaise pas pour autant. Je reste dans l’entrée de la chambre, ne sachant trop quoi faire, et guettant du coin de l’œil chacun des mouvements de la jeune femme. A ma grande surprise, elle ne semblait pas si ennuyée que ça d’être bloquée, elle regarde son portable comme si je n’étais pas là. Puis elle posa une bouteille de rhum, que je n’avais même pas remarqué plus tôt dans la panique, sur MA table de chevet. Je restais figé alors qu’elle prend une barrette pour essayer de crocheter la porte, et ce faisant, elle m’explique qu’elle avait un rendez-vous avec un homme, et mentionne même mon activité avant qu’elle ne me surprenne par son entrée dans la chambre. Je rougis et perds ce qui me restait de mes moyens. J’essaye d’articuler quelque chose, mais tout ce qui vient en tête fut un « je… », et ce fut à peine un chuchotement. Après son échec à ouvrir la porte, tout ce qu’elle trouve à faire, c’est boire à partir de la bouteille, qu’elle me propose même ! Mais je reste immobile, ne comprenant pas comment elle peut me proposer ça dans une telle situation.
Finalement elle propose d’appeler la réception de l’hôtel, et elle continue en parlant de se suicider. Je ne sais pas si c’était une blague, ou si elle est vraiment dérangée, à y penser elle agit bizarrement depuis le début et je me demande vraiment si ce n’est pas une embuscade. Je veux bien croire qu’elle soit un peu alcoolisée, mais quelque chose me dérange chez elle. Cependant elle a raison sur un point, le seul moyen de m’en sortir c’est d’appeler la réception. Ou alors c’est un de ses jeux ? Me donner un espoir de sortie de secours avant de me massacrer avec un couteau ou un cul de bouteille ? Elle me tend encore une fois sa bouteille, mais sans rien dire ni la quitter des yeux je m’assois sur le lit et prends le téléphone sur la table de chevet. Je compose le numéro de la réception et met le téléphone à mon oreille. Elle est de nouveau sur son portable et en attendant que l’on décroche, j’essaye de penser à une façon de signaler qu’il y a une étrangère dans ma chambre de façon discrète. Mais ça sonne, et personne ne réponds. Je raccroche et vérifie que j’ai bien tapé le nom numéro puis rappelle une seconde fois mais toujours rien. Histoire de ne pas lui donner de soupçons, je dis à voix haute : « Ca ne réponds pas, je vais essayer avec mon portable ». Je compose le numéro de l’hôtel sur mon téléphone et encore une fois, ça ne réponds pas. Je retente, mais rien. La seule option qui me reste c’est d’appeler la police non ? Mais encore une fois je ne voudrais pas l’alerter ou la brusquer. Il faut essayer de les prendre en douceur les dérangés, alors je lui demande : « Tu ne pourrais pas essayer avec ton portable aussi ? Si on les harcèle, ils seront bien obligés de répondre à un moment ou à un autre pour nous sortir de là ».
Elle ne fait même plus attention quand il essaie de trouver une excuse à ses activités nocturnes et qu'il bafouille juste une syllabe. De toute façon elle n'a rien à ajouter sur ce détail. Elle sait que c'est un besoin primitif de l'être humain que de s'apporter du plaisir par tous les moyens. Les hommes, les femmes, tout le monde est touché par ce système. Elle-même pratique ce genre de choses de temps en temps, avant d'aller se coucher et qu'il n'y a aucun homme pour faire le job à sa place. Elle a aussi remarqué qu'il n'est pas à l'aise à cause de sa présence. Öznur ne le blâme pas, elle le comprend. Elle a toujours eu du mal avec le tact, plutôt du genre maladroite, à foncer dans le lard. Et puis, elle est plutôt occupée à essayer de s'enfuir, sauf que ni la porte ni la fenêtre ne souhaitent la laisser repartir. Décidément, ils vont être bloqués un bon moment, ici. Alors, elle lui propose d'appeler l'hôtel. Elle le laisse faire, s'occupe de ses petites affaires à sa place, relevant le menton quand il l'informe de la situation. Elle hausse un sourcil puis pousse un long soupir, haussant finalement les épaules. Manquait plus que ça. Un instant, elle se demande si elle ne peut pas appeler Adam ou Alek pour que l'un d'eux ne lui viennent en aide. Sauf qu'ils ne sont pas au courant de ses fréquentations. S'ils la voient enfermée avec un homme dans une chambre, ils vont commencer à se poser des questions sur le couple qu'elle est censée former avec Alix. Cette douce blonde, maîtresse de sa vie depuis qu'elle lui a confié ce lourd fardeau. « A mon avis, l'hôtesse est partie se taper son collègue dans le placard à balai. On a juste à attendre. » lance-t-elle pour plaisanter, avant de se rattraper, histoire de ne pas passer pour la psychopathe de service. « Me regarde pas comme ça, je rigole. T'as gagné, je les appelle. » Elle s'empare de son téléphone et compose le numéro de l'hôtel. Les secondes s'égrainent sans que l'on décroche à l'autre bout du fil. Déprimée, la brune pousse un soupir et vient s'asseoir au bord du lit, déposant son téléphone à côté d'elle, posant son regard sur le blond. Elle l'observait vraiment pour la première fois depuis qu'elle était entrée dans la pièce. Il semblait à la fois terrifié et perdu. Et elle se sentait comme une étrangère. Ravalant sa salive, elle finit par détourner le regard pour ne pas lui donner l'impression d'être en train de le mater, bien qu'il ne soit pas désagréable à regarder. Après quelques secondes de silence, elle retire son manteau, puis s'allonge sur le dos pour fixer le plafond, sentant déjà sa tête tourner sous l'effet de l'alcool. « Comment tu t'appelles ? » demande-t-elle finalement par curiosité, avant de reprendre la parole. Il avait tellement l'air d'un agneau égaré qu'il valait mieux que ce soit elle qui se présente en premier. Pour lui prouver son innocence, elle sort de sa poche de manteau ses papiers d'identité, surtout son passeport, après s'être rassise sur le lit, et les lui tend en souriant. « Öznur Van Hulst. C'est néerlandais. J'ai vingt-quatre ans et je travaille dans un bar à jeux vidéos. Je n'ai pas de casier judiciaire, et je suis mentalement stable. Est-ce que ça te rassure ou je suis encore une Harley Quinn à tes yeux ? Si j'avais voulu te tuer, je l'aurais déjà fait. Je déteste perdre mon temps. » Sur le coup, elle avait bien l'impression d'être une délinquante, à se présenter de la sorte. Mais elle avait aussi l'impression qu'il ne se détendrait pas avant un bon moment. Elle désigna finalement son manteau du bout des doigts. « J'me rhabille si tu préfères. Visiblement, t'as pas l'air de voir des nanas à moitié à poil assez souvent. » tente-t-elle de plaisanter, laissant finalement un rire s'échapper de ses lèvres. La situation devenait de plus en plus étrange, et l'alcool n'était pas le seul à lui faire ce drôle d'effet.