game night (öznur)

game night

Ça faisait quoi, deux jour, tout au plus, qu'ils ne s'étaient pas vus ? Deux jours, et c'était déjà trop long pour Öznur. En soit, ils auraient pu attendre encore un peu. Sauf qu'Adam avait laissé son hoodie en venant chez elle, et la jeune femme était aussitôt tombée dans le piège. Elle l'avait cru oublié, alors qu'en vérité, ce n'était qu'un stratagème du garçon pour qu'elle le garde. Parce qu'elle le savait bien, ce sweat, elle le mettait bien plus souvent que lui. Dès qu'elle avait froid, ou commençait à se sentir angoissée quand ils étaient chez lui, elle lui piquait et le gardait sur elle pendant des jours avant de se résoudre à le lui rendre. Et forcément, ils avaient commencé à débattre longuement autour de ce sujet par sms, ce qui lui avait donné envie de l'inviter chez elle, presque dépendante de lui. Elle trouvait des excuses pour se justifier de sa présence, la plus courant étant son absence pendant de longs mois. Elle avait envie de rattraper le temps perdu, oui, mais aussi d'être à ses côtés de plus en plus souvent.
Alors, il devait venir la chercher au boulot. En l'attendant, elle en profitait pour discuter avec un collègue, qui se mit à rire quand Adam débarqua soudainement, faisant le clown, comme toujours. « Encore un qui fait le mariole. Tu devrais pas te laisser faire comme ça. Eh, toi ! »  La brune se mit à rire et fit à son tour de grands gestes, qui fit faire les yeux ronds à son collègue. « Pas de panique. C'est juste Adam qui fait le con. Bon, j'te dis à demain. » Elle fait un rapide check à son collègue avant de se glisser dans la voiture, le badge de travail toujours accroché à son tee-shirt. Elle sourit grandement alors qu'elle attache sa ceinture et récupère le sac de nourriture sur ses genoux, heureuse comme une enfant dans un parc d'attraction. « J'allais te comparer à l'homme parfait mais tu viens de casser cette image. » réplique-t-elle, fausse moue sur le visage alors qu'elle sort le burrito du sac en papier. Elle avait tellement faim que la vue fit grogner son estomac. « Oui papa. » lance-t-elle de sa voix la plus nasillarde possible pour imiter une enfant que l'on grondait. Elle prenait ensuite un peu de guacamole sur le doigt, tourna la tête vers Adam et vint lui étaler sur le bout du nez, sourire innocent aux lèvres. « Là par contre, c'est pas du cuir alors j'ai pas à lécher. » Elle lui tire la langue d'un air puéril et croque dans son burrito immédiatement pour réprimer un fou rire. Y'a vraiment qu'avec lui qu'elle pouvait faire l'enfant et ça, c'était vraiment une sensation agréable. Elle ne s'était plus amusée depuis longtemps, la petite Öz.

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Elle le regarde, le sourire aux lèvres en le voyant d'essuyer et se lécher le doigt. Elle pense un instant que même dans un tel moment, Adam n'en reste pas moins beau. Le voir heureux, riant à plein poumons en faisant le grand gamin, ça la rendait heureuse à son tour. Elle avait mis longtemps à comprendre à quel point son bonheur c'état d'être ici et pas à l'autre bout du monde. Après tout, à qui se confierait-elle si elle ne les avais pas, tous les deux ? Elle serait encore en train de pleurer sur son lit en s'imaginant à quel point les deux hommes étaient heureux, à Bowen, sans elle. « Mais oui, j'te crois. » Elle lève les yeux au ciel et observe à peine quelques secondes la route qui se met à défiler, avant de se remettre à engloutir le burrito. Toujours aussi bon que d'habitude, Adam l'avait certainement pris à leur restaurant épicé préféré. « Il est chiant à mourir. En fait, il est trop sérieux. Il t'a pris pour un kéké quand il t'a vu, il a cru que je me faisais enlever. Mais bon, au moins, il est serviable. » Et Dieu sait que, même au travail, la jeune femme avait envie de rigoler. C'était son credo, de sourire et de s'amuser pour que les clients soient à leur tour content. Il lui arrivait d'en oublier son professionnalisme, et dans ces moments-là, ses collègues l'avertissaient avec de grands yeux ronds. C'était plus fort qu'elle, elle voulait transmettre sa joie de vivre à tout le monde. Alors, la bouche pleine, elle finit par hausser les épaules. « Et toi, les tiens, monsieur le patron ? » Elle n'arrivait d'ailleurs pas à s'habituer à ce rôle qu'il endossait. Parce qu'elle ne l'avait jamais vu très sérieux, même au lycée, alors au travail, elle se demandait parfois ce que ça pourrait donner. Elle ne doutait pas de ses capacités, mais quand elle l'imaginait en costume, c'était comme un autre homme. Trop sérieux, et complètement décalé par rapport à ce qu'elle savait de lui. « J'espère que je n'ai pas trop fait bouger tes plans pour ta soirée. » Elle faisait déjà la moue à l'idée qu'elle venait de lui empêcher une quelconque soirée Netflix ou en compagnie d'une demoiselle qui n'en valait certainement pas le coup. La brune avait conscience que parfois, elle dépassait un peu les bornes à lui demander de venir à n'importe quelle heure, juste parce qu'elle détestait passer ses soirées seules, peut-être aussi un peu parce qu'elle préférait de loin qu'il passe ses soirées avec elle plutôt qu'une inconnue.

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La nerd haussa un sourcil alors qu'un merveilleux sourire en coin s'affiche sur son visage. Plissant les yeux d'un air mystérieux, elle prit une voix rauque pour répondre à la réplique d'Adam. « Ouuuh... Un donjon secret ? Mais c'est que ça pourrait me plaire, tu sais. » Ne pouvant pas garder son sérieux plus longtemps, elle se remet à rire, ne pouvant plus se calmer pendant de longues minutes. Mais quand le calme revint, ce fut pour laisser place à un nouveau sentiment s'apparentant à de la culpabilité. Elle se sentait mal à l'idée qu'il soit obligé de s'enfermer pour son boulot. Ce devait être terrifiant, du jour au lendemain, de se retrouver seul avec pour simple moyen de communication un téléphone portable, n'offrant que des conversations dématérialisées. Elle espérait cependant que son métier ne se consistait pas uniquement de conversations plates et sans aucune émotion. Pour sa part, c'est bien la raison pour laquelle elle ne voudrait jamais de poste à responsabilité. Elle aurait l'impression d'être trop loin de la réalité, trop loin du contact humain qu'elle avait fui pendant si longtemps. Elle s'était habituée à être au service des autres, dans un monde où il s'agissait de sa passion et de sa culture, et c'était loin d'être le cas pour tout le monde. Elle ne commente alors rien, bien que son regard triste en dise long. Et elle enchaîne sur cette culpabilité qui la ronge à l'idée de l'avoir coupé dans une occupation passionnante. Öznur sourit alors quand il tente de la rassurer, et se permet même de rire alors qu'il la décoiffe. Elle aurait détesté ça en temps normal, mais il s'agissait de son meilleur ami, et elle venait de passer une journée de travail à courir dans tous les sens. En soit, ses cheveux étaient déjà bien décoiffés et ce n'était pas un tel geste qui dérangerait plus les choses. D'ailleurs, un instant, elle se demande si elle n'a pas envie de lui dire la vérité. Elle s'est arrêté de manger pour le regarder, bouche ouverte, prête à parler. Or, elle la referme quelques secondes plus tard et jette un œil au parking de son immeuble vers lequel ils arrivent déjà. « On aurait dû tous les trois faire une coloc. Je sais que c'est pas top, niveau intimité, mais vous me manquez, au quotidien. » se confie-t-elle naturellement alors qu'elle vient passer une main dans les cheveux du jeune homme, se voulant affective. Elle vient lui planter un bisou sur la joue avant de le laisser manœuvrer la voiture tranquillement, et le temps de terminer son burrito, non sans s'en mettre partout. « D'ailleurs, tu sais que je ne quitte plus ton hoodie ? Va falloir me l'arracher des mains pour le laver. C'était une fausse-bonne idée de me le laisser, c'est normal que j'ai toujours envie de te voir, après ! » ça aurait été si simple que ce soit la seule raison de ce manque. « Je viens d'avoir une idée. Le premier arrivé en haut par les escaliers ! » s'exclame-t-elle soudainement quand enfin il se gare. « 3...2...1... » Sourire en coin, l'idée de faire la course comme des enfants jusqu'à son appartement lui remontait le moral. Parce que dans ces cas-là, tous les sales coups étaient permis, et qu'elle emmerdait les voisins pour une bonne raison.

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Ces rires remplis de joie étaient si agréables. Ceux qu'ils avaient partagé au téléphone durant des mois n'avaient rien de comparables à ceux qu'ils partageaient aujourd'hui. C'était comme s'ils s'étaient perdus et qu'après des mois de solitude, ils se retrouvaient enfin. Et quand ils vivaient ce genre de moments, qu'ils étaient si heureux, le doute l'habitait de nouveau. Elle se mordillait la lèvre, passait frénétiquement une main dans ses cheveux, et se mettait à rêver que cette mascarade serait bientôt finie. Bientôt, elle n'aurait plus besoin de mentir, de lui faire croire qu'elle aime Alix. Et en même temps, en y songeant, elle se mettait à douter. Elle savait combien Adam était encore attaché à son ex, et que cette dernière pouvait très bien lui faire espérer des tas de choses juste pour faire souffrir Öznur. Alors, des nuages s'installaient à l'horizon, gris orage, menaçants. 
Elle rit encore, hausse les épaules. Il est si loin du compte. « Ou tu me jetterais en premier par la fenêtre. On lance les paris ? » plaisante-t-elle, les joues légèrement rosies. Et son état ne s'améliore pas à sa nouvelle question. La jeune femme hausse les sourcils, les yeux arrondis de surprise alors qu'aucun son ne parvient à sortir de ses lèvres tout de suite. Et quand c'est le cas, sa voix monte frénétiquement dans les aigus. « Sérieux, tu veux bien ? Mais je vais te déconcentrer. Non, c'est une très mauvaise idée. Que dirait tes employés s'ils me voyaient avec toi et.... » Elle ne finit pas sa phrase, presque honteuse. Il avait sûrement des milliers de choses à faire, et en tant que patron, il se devait d'avoir un comportement exemplaire. Un comportement qui était bien loin du sien. Puis, après un faible grognement, elle finit par capituler. « D'accord, mais tu me promets de ne pas m'en vouloir si je suis une enfant intenable et capricieuse ? Et vraiment trop maladroite. Et tu me mets à la porte à la minute même ou ta réputation de patron est compromise ! » Elle avait hâte de découvrir le monde dans lequel il travaillait. Elle ferait tous les efforts du monde pour paraître aussi parfaite qu'une enfant modèle, même si elle était bien loin du compte. Rien que sa crinière verte la ferait passer pour quelqu'un d'étrange, alors que cette couleur était parfaitement normale à Londres.
« Mmmmh. » marmonne-t-elle quand le sujet change une nouvelle fois. Elle ne pense déjà plus à ce hoodie, puisqu'une fois dans le parking de l'immeuble, une autre idée lui vient. Elle voit à l'instant même où une lueur mesquine brille dans le regard d'Adam qu'il est parti pour l'accompagner dans ses conneries. Grand sourire aux lèvres, ils s'élancent tous les deux sans réfléchir hors du véhicule pour commencer à faire la course. La grande enfant se met à grimper les marches quatre à quatre, mais sa petite taille ne l'avantage en rien. Elle parvient tout juste à devancer Adam quand il la rattrape à un pallier et lui fait faire demi-tour, la bloquant de ses bras puissants. Elle agite les jambes jusqu'à ce que ses pieds soient au sol, et prend une mine complètement boudeuse. « Tu es un tricheur ! » clame-t-elle haut et fort. Sans règles, il n'y a pas de triche. Elle se remet à courir, déjà essoufflée de cette ascension. « Tu l'auras voulu ! » Elle accélère le pas, et lui saute sur le dos, s'accrochant à lui en riant pour le ralentir. Du coin de l’œil, elle voit un voisin et lui crie de faire attention au moment où ils lui passent devant, s'excusant au passage pour le bazar qui résonnait désormais dans le couloir. Sur le dos d'Adam, elle finit par lui agiter les clés de l'appartement devant le nez, qu'elle venait de lui piquer dans la poche. Il avait un double, et elle venait de lui piquer la seule chance de gagner cette course. Et pour l'empêcher une fois de plus de les récupérer, elle glisse la clé dans son décolleté, là où il ne viendra pas la chercher. « T'es hors-jeu, j'ai gagné ! » plaide-t-elle, venant lui embrasser la joue de manière baveuse pour qu'il déclare forfait, avant de partir dans un nouveau fou rire.

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