Oui madame, encore en retard ! ⊱ PANDORE [DONE]

•• Elle aimerait pouvoir se montrer dure, froide, distante, sans pitié. Ne pas en avoir cure. Ça prouverait qu'elle s'en fiche. Et si elle s'en fiche, c'est qu'elle ne s'est pas attachée. Donc pas de douleur si il vient à disparaître. Ou elle à s'enfuir. Vagabonde.
Il s'assoit. Elle ne se gêne pas pour le détailler de ses prunelles bleutées. Apparemment, l'entente de ce prénom semble le ravir ; du moins en témoigne son sourire. Il lui tient tête. Loin de la vexer, ça lui plait. S'il s'aplatissait, ça serait plus simple pour elle de s'énerver contre lui. Mais non, il en décide autrement. Mais son sourire disparait et il semble regretter sa témérité précédente. Elle se penche de nouveau, cherchant son regard qu'elle connait bien. « Allons..., il faut que tu apprennes à ne pas craindre à ce point-là ta hiérarchie. Il faut savoir avoir du tact c'est tout, et tu en as. » Elle se rejette en arrière dans sa chaise et en entendant son ton sérieux, elle grimace. Non pas à son air d'intello qu'il semble revêtir avec l'aisance d'un comédien. Mais plutôt au sens de ses paroles. Elle semble soudain mal à l'aise, elle d'habitude si assurée, et détourne son regard. Elle se racle la gorge, prenant l'arrivée du serveur avec leur commande comme une diversion. « Va falloir qu'on parle de ça, justement, Sawyer. Y aura pas de prochaines fois. » Elle ose alors relever les yeux vers lui, poussant sa tasse vers le jeune brun qu'elle fixe pour quêter sa réaction. Et quelque part, elle a la gorge nouée. Elle cache son émotion avec une certaine maladresse, occupée à de nouveau pianoter sur la table, telle une comédienne se jouant de son trac avant de monter sur scène.

+ Elle voit bien qu'il a envie de rire. Et elle ne comprend pas vraiment pour quoi en fait. Elle a dit un truc drôle ? Elle a une tâche de café sur son chemisier ? Un truc entre les dents ? Elle plisse un peu les yeux, étudiant son visage si parfait. Son sourire devrait la vexer, l'insupporter, l'énerver, mais elle esquisse l'ombre d'un sourire involontaire sur ses lèvres, le voilant en détournant le regard. Ça lui arrive peu de perdre le contrôle comme ça. Il faut qu'elle se ressaisisse. Alors qu'elle lui annonce brusquement qu'il n'y aura pas de prochaine fois, lui ne trouve qu'à rire et à poursuivre. Elle le fixe. Elle a parlé en russe, peut-être ? Il fouille dans son sac à présent. « Sawyer. » Elle se penche alors, posant sa main sur son bras pour attirer clairement son attention. Une fois qu'elle croise son regard, elle se débrouille pour ne pas le lâcher, et murmure distinctement : « Je ne plaisante pas. Ton stage s'arrête là. » Elle lâche son bras comme si le contact la brûlait. Son regard se détourne. Elle a chaud. Elle se mordille la lèvre et pour parer à ce silence déroutant qu'elle voudrait éviter, trempe ses lèvres dans son café qui lui semble encore plus amer que ce qu'elle vient d'annoncer à Emrys. Elle relève les yeux vers lui mais fuit son regard, emportant son café avec elle en se levant d'un seul coup. Bon, ok, le faire venir pour s'enfuir ensuite ne servait à rien, mais si elle agit ainsi, c'est parce qu'elle se rend compte à cet instant-là qu'il est encore temps de le sauver, lui. Et que ce n'est pas son cas à elle. En passant devant lui, elle murmure un « Je suis désolée... » très bas, presque intime, avant de continuer son chemin jusqu'au seuil du café où elle s'arrête. Elle ferme les yeux. Elle a beau s'enfuir comme une voleuse, incapable de lui expliquer ses paroles, elle n'espère qu'une chose à cet instant-là : qu'il se soit levé et que dans les secondes qui suivent, elle entende sa voix qui lui demande de rester.

je me disais bien oui mais tkt.

+ Elle ne veut même pas savoir ce qu'il pense d'elle. Qu'au final, elle est lâche ? Que c'est une voleuse, une froussarde ? Elle n'en sait rien, mais vraiment rien de rien. Il aurait le droit de se montrer en colère contre si peu d'explications. En fait, il faudrait presque qu'il se mette en colère, oui, pour qu'elle puisse s'énerver en même temps contre lui, pour ne pas lui laisser le temps de voir qu'elle se retrouve dans son regard et que c'est la dernière chose qu'elle veut voir. Il ne mérite pas de finir comme elle. Elle entend soudain un grincement absolument insupportable... mais pense que c'est quelqu'un d'autre. Elle n'ose pas se retourner. Soudain, elle a l'impression d'être une petite fille, frêle, fragile, qui ne sait pas comment agir. Elle se mordille la lèvre très fort, un peu perdue. Pourquoi tant d'états d'âme alors que de toute façon, cette annonce tomberait un jour ou l'autre ? « Hey ! Attends... » Elle ferme les yeux et les rouvre très vite, se retournant alors pour le découvrir alors là sur le seuil. « On peut quand même terminer nos cafés ensembles. » Pourquoi diable ne lui crie-t-il pas au visage toutes les saloperies du monde ? Elle suit son regard, comme hésitante. Non, non et non, c'est une mauvaise idée. Alors maintenant, tu te tires ma vieille ! Pourtant elle est là, plantée devant lui, répondant à son sourire par un du même genre. Elle se sent minable, en fait. « Bon ok.. Désolée, c'est vraiment pas mon truc de virer les gens. » C'est ça, enfonce le couteau dans la plaie, Panda. Elle revient sur ses pas, lui faisant signe de le suivre. Elle se rassoit, sous l'oeil un peu suspicieux du serveur. Elle lui envoie un regard peu amène et il détourne le regarde. Ses yeux se posent sur son stagiaire (ou ancien peut-être ?) avec une certaine douceur. « Tu dois me détester. » raille-t-elle avec un sourire mesquin, buvant une gorgée de son café sans le lâcher des yeux.

•• Faible. Elle aurait du partir, ne même pas lui adresser un regard et hop, débarrassée ! Mais non, elle s'est arrêtée, elle a carrément attendu qu'il vienne et elle le suit de nouveau à l'intérieur. Ouuh qu'il la rend faible le beau brun. Quand elle passe devant lui, elle l'entend rire et se mordille la lèvre, cachant un sourire derrière ses cheveux blonds, retournant à leur place. Oui, il doit bien la détester, non ? Elle ne détache pas son regard de lui lorsqu'enfin elle accroche le sien, l'écoutant, affichant un sourire de plus en plus grand. Il manie l'humour avec habileté. Et ça aussi, ça lui plait. Elle a trop l'habitude de côtoyer des armoires à glaces qui ont un niveau d'humour égal à celui d'un pingouin congelé que ça la change. Beaucoup. Après sa longue tirade, il soupire. Mais elle, pour la première fois, elle se met à rire. Franchement, ne se cachant pas, rejetant un peu la tête en arrière en la secouant. « Je veillerais à ce que ce scénario n'arrive jamais, alors. » Elle se réchauffe les mains autour de son café, se calmant alors que la discussion redevient sérieuse. Elle se mord l'intérieur de la joue, laissant son regard dériver sur le sac d'Emrys, pensive. « Non, ça va très bien. » Bon ok, ça fait un peu trop « Les affaires vont bien c'est pourquoi je te vire » mais s'en rendant compte, elle secoue la tête, cherchant le regard du brunet avec insistance. « C'est pas vraiment ça le soucis... C'est plutôt moi. Il te faut.. quelqu'un de plus apte. Et qui te donnera le bon exemple. » Elle détourne le regard. Elle sait très bien, et ce depuis le début, qu'elle est un très mauvais exemple. Pas en apparence directe. Car elle est efficace, déterminée et audacieuse,... mais en profondeur c'est une autre affaire. Elle sait que trop bien ce que tout ça représente comme risques. Et elle n'était guère plus âgée que le brun lorsque son audace lui a ôté ses parents sous ses yeux.

+ Imprévisible. C'est un mot qui la décrit parfaitement, et c'est peut-être le seul qui est capable d'englober tout ce qu'elle est, en fait. Déroutante, elle en a perdu plus d'un derrière-elle en se montrant si lunatique. Mais Emrys semble s'accrocher ; en tout cas, il est toujours là. « Le... bon exemple ? » Elle hoche simplement la tête, gardant ses yeux rivés aux siens sans faillir. Elle observe son air incompréhensif. C'est pourtant clair, non ? Mais ne serait-ce donc clair que pour elle ? Elle l'écoute débattre sur le soi-disant bon exemple ou non. Et la conclusion qu'il en fait lui arrache une légère grimace, à peine visible, mais qui se remarque à son nez qui se fronce. Un manque de confiance en elle ? Il met le doigt sur quelque chose qui est vrai ; donc ça lui déplait, forcément. « Non. » affirme-t-elle sèchement, mais sa voix s'est un peu éraillée. Elle refuse d'admettre quoi que ce soit qui la ferait passer pour faible, peu importe si cela est vrai ou non. « C'est pas ça. T'as tout pour devenir un excellent journaliste. Pour continuer sur cette voix, quelqu'un comme Charlie ferait mieux l'affaire. » avance-t-elle avec un haussement d'épaule, ne se demandant même pas si il connait la journaliste de Bowen qu'elle cite, et amie très proche – une des seules pour qui son amitié est sincère en fait – de Pandore. Elle prend une gorgée de son café mais tire une grimace prononcée : il est drôlement amère, à présent, et beaucoup moins chaud. Elle le délaisse. « Mais sache que ça a été un plaisir de bosser avec toi, Sawyer. » Sa déclaration est franche (Panda ment rarement en fait, on l'a toujours trouvée même trop franche par moments) et elle n'a pas peur de lui dire. Comme une excuse pour les longues semaines où elle lui en a fait baver injustement.

•• Elle est touchée. Elle est émue, elle aimerait lui dire qu'elle regrette, qu'elle veut continuer de bosser avec lui parce que sa bonne humeur la rendait légère, parce que son sourire la faisait sourire, parce que ses phrases toujours délirantes rendaient son quotidien un peu plus énergique. Mais elle ne peut pas. Non, elle ne lui dit rien, rien du tout. Elle ne peut pas. In-ter-dit. Elle hoche la tête. Oui c'est bien de cette Charlie là qu'elle parle. Donc il la connait. Donc ils se connaissent. Donc ils se sont certainement déjà vu et inconsciemment, Pandore ressent une certaine pointe de jalousie ; pourtant c'est elle qui le pousse vers elle. Il semble sceptique et elle ne sait pas ce qu'elle doit répondre. Démentir serait devoir ré-expliquer. Pourtant, il a mis le doigt sur un point tout à fait juste. Et approuver... serait avouer la piètre image qu'elle a d'elle-même. Elle a beau avoir un égo imposant, sa propre estime est bien basse. « Pense ce que tu veux. » répond-elle alors, mettant un terme à cette question bien curieuse. Il se met à rire. Bon sang, il a un rire communicatif car la française se met à rire elle aussi doucement, sans trop savoir pourquoi. Elle laisse un silence presque théâtral se réinstaller entre eux, avant de hausser les épaules, l'air désinvolte. Comme si elle s'en fichait. Non mais quelle comédienne. C'est justement tout ça qui va lui manquer. Face au regret qu'il évoque après – dont elle cache sa surprise et son contentement – elle se penche de nouveau un peu en avant. Toujours cet air détaché, pour ne pas montrer comme c'est important pour elle. « Bah, tu sais... On peut toujours se voir hein. J'te vire sur le plan professionnel, mais j'veux bien te garder dans mes contacts. » avance-t-elle doucement. Bah ils s'entendent bien quand même, non ? Alors pourquoi ne pas rester.. amis ? Elle prend sa tasse, se rappelle que son café est froid, et la repose en soupirant doucement. Finalement, elle lève la main pour en commander un autre. En fait, elle n'a pas envie de le quitter tout de suite. « T'en reprends un aussi ? » lui demande-t-elle doucement. Tiens donc, la sauvage s'est calmée ? Pandore a rangé ses armes ?