| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| the great divide (ella) | |
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Auteur | Message |
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Invité | Sujet: the great divide (ella) Sam 13 Avr 2019 - 6:17 | |
| T’étais endetté jusqu’au cou, et tu serais bientôt en cas de défaut auprès de ton créancier hypothécaire si tu ne faisais pas ton remboursement périodique dans les prochains jours. Avec les pénalités qui s’accumulaient, en plus, ce n’était pas le temps de jouer avec le feu. T’avais du mal ces derniers temps, parce que t’avais l’esprit ailleurs et deux gamins dont tu devais t’occuper. Heureusement que ta mère était là, autrement, tu perdrais sans doute la tête. Depuis que Marlee était partie, il y avait de cela quelques mois, te laissant avec ton cœur brisé et vos deux jeunes enfants, t’étais complètement dépassé par la vie. Tu pensais ne pas être capable de t’en sortir, tu avais constamment peur qu’on vous jette à la rue, tous les quatre. Ta mère, Lowa, Miro et toi. T’avais tellement la trouille quand tu songeais au fait que t’arrivais même pas à subvenir aux besoins de ta famille, alors que tes deux enfants n’allaient même pas encore à l’école. Qu’est-ce que ce serait quand les factures s’accumuleraient sur la table et que tu ne pourrais pas joindre les deux bouts ? Tu le faisais déjà si difficilement … Pour toutes ces raisons, pour ce stress grandissant en toi, tu avais un peu moins de patience avec tes locataires retardataires dans les paiements de loyer. Si, généralement, tu laissais de nombreuses journées s’écouler avant de passer un coup de fil à ceux qui se faisaient attendre, aujourd’hui, c’était le premier du mois et tu t’apprêtais à marteler à la porte de la maisonnette louée par Ella Grimes. Tu ne la connaissais pas vraiment, cette locataire, elle avait emménagé récemment et tu le n’avais vue que pour signer le bail de location, en fait. Une femme un peu plus jeune que toi, c’est à peu près tout ce que tu savais. Tu ne faisais aucune discrimination avec les personnes à qui tu louais, tu ne cherchais même pas à connaître leurs habitudes de vie même si t’aurais sans doute dû t’en soucier un peu en tant que propriétaire. T’aurais peut-être dû t’assurer qu’elle serait en mesure de payer, pour le coup, parce que toi t’avais besoin de ces loyers sans attendre. Tu cognas donc à sa porte de tes gros poings fermés, et t’attendis, un peu impatiemment – toi qui ne voyais pourtant jamais le temps comme une pression. |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Lun 15 Avr 2019 - 13:53 | |
| Les cheveux relevés en un chignon fait à la va-vite, Ella venait d'attraper son balai et avait entamé une grosse session ménage, sur quelques airs de musique rock. La jeune femme avait besoin de se changer les idées. Elle avait passé son après-midi au téléphone, à batailler avec l'agence pour l'emploi qui n'avait pas encore versé son allocation chômage. La brune venait de perdre son travail dans une usine de la ville voisine, qui avait dû licencier la moitié de ses employés pour des causes financières. Et Ella en faisait partie... Depuis, son quotidien se résumait à la paperasse, des lettres de motivation et des CV à foison. Elle se rendait dans les bars, les restaurants, les magasins, mais il fallait se rendre à l'évidence qu'une mère célibataire faisait peur aux patrons. Mais la jeune femme ne perdait pas foi. Elle tenait le cap malgré tout. Pour Noah. Il était hors de question que son fils ne s'inquiète pour elle, pour leur avenir. Alors ils vivaient sur les économies qu'elle avait faites ces derniers mois, tel un écureuil.Mais ce n'était pas une source intarissable, alors chaque jour, elle reprenait ses recherches, partait chercher Noah, le ramener à l'école, l'aider à faire ses devoirs. Toutes les journées se ressemblaient, si bien qu'elle ne savait plus quel jour on était. En revanche, il y en avait un qui savait quel jour on était. Quelques coups se firent entendre à la porte. Ella fronça les sourcils, éteignit la musique qui s'échappait de la chaîne et s'avança jusqu'à la porte qu'elle finit par ouvrir. Un homme à la carrure imposante se trouvait devant elle. C'était son propriétaire qu'elle n'avait vu qu'une fois, à la signature du bail. « Bonjour, Monsieur Mawukura. » Ella n'était pas physionomiste, mais son propriétaire n'était pas le genre d'homme à passer inaperçu. Passée la surprise, Ella tourna la tête derrière et vit la date qui s'affichait sur l'écran de son téléphone. Début du mois. C'était la période où il fallait payer le loyer. « Je suppose que vous êtes là pour le règlement du loyer ? » Question stupide. Mais voilà une bonne manière de se laisser un peu de temps. |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Jeu 18 Avr 2019 - 2:12 | |
| Les airs de rock qui retentissaient à travers les fenêtres entrouvertes s’éteignirent, et tu entendis des pas de l’autre côté de la porte, se faisant de plus en plus rapprochés. Tu redressas alors légèrement les épaules, comme si tu avais réellement besoin de te faire davantage imposant. La porte s’ouvrit sur Ella, arborant un chignon encore plus négligé que le tien, et ses traits fatigués. Certains semblaient galérer autant que toi. Lorsqu’elle te salua avec un Monsieur Mawukura, tu plissas légèrement les yeux. En temps normal, si t’avais pas été au bord de la crise de nerfs en raison de tout ce stress financier accumulé, t’aurais sans doute ri et tenté d’engager une relation un peu moins formelle. Mais là, tu n’avais pas vraiment la tête à ça. T’essayais surtout de la garder hors de l’eau, ta tête. « Bonjour Ella. » Un peu plus de familiarité déjà, mais c’était surtout parce que tu ne te souvenais pas de son nom de famille. Ce n’était pas ce que tu considérais important chez une personne, même que par chez toi les noms de famille étaient surtout utilisés pour exister dans le système, plus qu’autre chose. La jeune femme se retourna afin de, semble-t-il, consulter la date sur son téléphone, réalisant tout de suite la raison de ta venue. « C’est exact. Je sais que ce n’est que le premier, c’est pas forcément ce que je considère comme un retard, mais j’ai les chèques de tous mes autres locataires et il ne me restait que le tien à avoir, et j’aimerais aller les déposer tous en même temps à la banque aujourd’hui. » Pour que ton versement puisse passer sans problème, surtout. Pour que t’aies pas d’intérêts démesurés à payer. « Est-ce que c’est possible ? » Demandas-tu quand même, voyant bien que la brunette semblait quelque peu dépassée. Si ce n’était pas possible pour elle, ce n’était pas trop possible pour toi non plus de partir d’ici sans la somme demandée, mais ce n’était pas une impasse que tu voulais cruellement lui admettre sans compassion. |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Jeu 18 Avr 2019 - 21:53 | |
| Monsieur Mawukura... plus formel que cela, il n'y avait pas. Les vieux réflexes inculqués par ses parents étaient décidément toujours là. Elle lui adressa toutefois un petit sourire quand il la salua par son prénom, ce qui creusait encore plus le fossé avec la manière dont elle l'avait appelé. Mais Ella n'avait pas la tête à cela. Se retournant brièvement pour regarder la date du jour, la jeune femme comprit qu'il n'était pas là pour une visite de convenance, mais bel et bien pour venir chercher le loyer du mois. Un loyer qu'elle n'avait pas en totalité, malheureusement. Maliyan lui expliqua qu'elle n'était pas en retard, mais qu'il voulait simplement déposer la totalité des chèques aujourd'hui. « Je comprends parfaitement. » répondit-elle en hochant la tête, tentant de ne pas trop montrer sa gêne. Elle ne savait pas comment lui annoncer cela. D'habitude, elle était bonne payeuse. Maliyan avait même le chèque d'Ella le 30 ou le 31 du mois, dès qu'elle-même avait sa paie sur le compte. Mais aujourd'hui, cela n'était pas le cas et elle cherchait ses mots pour lui annoncer. Quand elle entendit sa question, elle se mordilla la lèvre inférieure, dans un geste nerveux, hochant la tête : « Oui, bien sûr. Entrez donc, le temps que je prépare tout ça. » Elle se décala pour le laisser entrer et refermer derrière. Ella se dirigea vers le salon où elle récupéra son sac à main. Mais ce fut à cet instant que la porte s'ouvrit de nouveau, laissant une voix familière rompre le silence. « C'EST MOI ! Je suis rentré !..... Euh, bonjour. » Ella se retourna et vit Noah, son enfant de 11 ans, regarder Maliyan d'un air interrogateur. Puis elle vit les yeux de son fils analyser l'homme de la tête aux pieds. Son regard de pré-adolescent semblait fasciné par la carrure de l'homme en face de lui. Ella s'avança jusqu'à son fils et posa une main sur son épaule, pour qu'il cesse de fixer Maliyan. « Noah, je te présente Maliyan, notre propriétaire. Maliyan, voici Noah, mon fils. » Elle reporta son regard sur son fils, sa main tentant d'aplatir la mèche rebelle qui trônait sur le haut du crâne de son fils. « Monte dans ta chambre s'il te plaît et commence à faire tes devoirs. Je te rejoins après. » Noah hocha la tête, jeta un dernier regard à Maliyan, le saluant avant de monter dans sa chambre d'un pas traînant. Ella suivit son fils du regard avant qu'il ne disparaisse de son champ de vision puis reposa ses yeux sur le jeune homme. « Excusez-le pour le regard qu'il a eu, il est dans une période assez compliquée, où son corps commence à changer. Forcément, il est fasciné quand il voit un homme avec une... une telle carrure. » ajouta-t-elle avec quelques signes de la main pour appuyer sur la grandeur de Maliyan. Voilà qu'elle était encore plus gênée, maintenant ! « Enfin... le loyer... » Elle retourna vers son sac à main et sortit une enveloppe, qui contenait les extras qu'elle avait pu faire pour un restaurant cette semaine. Des économies qu'elle gardait précieusement en cas de coup dur. Mais il n'y avait pas pire coup dur que de se faire expulser de sa maison. Alors elle tendit l'enveloppe à Maliyan, reportant son regard sur lui : « Je... enfin, je suis désolée, il n'y a pas tout. Mais promis, dès la fin de la semaine, vous aurez la somme restante. » Elle espérait surtout qu'il accepte. |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Ven 19 Avr 2019 - 1:22 | |
| Tes raisons exposées étaient plutôt justifiées, même si les réels motifs de ta venue si rapide et ponctuelle lui auraient encore mieux fait comprendre l’urgence. L’argent, ce n’était pas un bien avec lequel tu étais vraiment à l’aise. T’avais été mis en contact avec les billets et les budgets seulement à la fin de ton adolescence, quand tu étais arrivé ici à Bowen et que ta mère et toi aviez eu à mettre les bouchées doubles pour arriver à chaque fin de mois. Tu savais ce que c’était de sentir l’étau se refermer autour de toi. Tu l’avais vécu et tu le vivais encore. On ne t’avait jamais vraiment appris à bien économiser et si tes quelques immeubles possédés représentaient d’assez bons investissements, tu t’étais lancé un peu trop vite, et un peu trop fort, accumulant les prêts hypothécaires auprès d’institutions financières puis de prêteurs privés quand on t’en refusait aux premières. Si t’avais au moins été capable de conserver un job stable, tu t’en serais sans doute sorti, mais t’étais en train de perdre la course et plus encore. Alors poliment, tu avais demandé à Ella si c’était possible d’avoir le montant aujourd’hui, et elle avait accepté en te laissant rentrer. « D’accord, merci. Prends ton temps ! » Au moins, si tu étais assuré d’avoir les sommes aujourd’hui, alors tu pouvais te montrer un peu moins pressé. La jeune femme referma la porte derrière toi et tu restas debout devant la porte alors qu’elle se dirigeait vers la pièce adjacente pour y prendre son sac à main. Tu regardais le logement d’un œil distrait lorsque la porte s’ouvrit derrière toi, t’obligeant à t’écarter légèrement pour laisser rentrer un adolescent qui s’annonça dans un cri avant de te voir. T’esquissas un sourire. « Bonjour. » Dis-tu à ton tour, te tournant vers Ella alors qu’elle s’avança vers eux pour te présenter son fils, Noah. Tu regardas ce dernier à nouveau, lui tendant ta gigantesque main. « Ravi de te rencontrer, Noah. » Le gamin te serra un peu timidement la main, ou alors avec réserve. Tu laissas ton bras retomber le long de ton corps alors que le jeune monta à sa chambre à la demande de sa mère. Tu le regardas monter les escaliers d’un pas traînant, un sourire aux lèvres. T’arrivais pas à croire que dans quelques années, Miro et Lowa seraient aussi grands. Ton regard se posa à nouveau sur Ella en même temps que le sien sur toi. Un rire s’échappa d’entre tes lèvres quand elle mentionna ta carrure, et tu hochas doucement la tête, passant une main dans ta barbe. « Je comprends. C’est un passage important dans la vie d’un homme. » Surtout dans ta culture où c’était accompagné d’innombrables rituels. « Quel âge-t-il ? » Demandas-tu alors, avant qu’Ella ne retourne au but du jour : le loyer. La brunette plongea sa main dans son sac et en ressortit une enveloppe qu’elle te tendit. Tu l’ouvris pour constater que des billets s’y trouvaient. Tu n’allais certainement pas compter devant elle mais effectivement, d’un seul coup d’œil, tu avais pu constater que ça ne comprenait pas la totalité du loyer. Tu te sentis tout d’un coup plus ou moins à l’aise. Parce qu’elle avait visiblement eu du mal à amasser l’argent nécessaire. Et parce que t’en avais autant besoin qu’elle. Tu secouas doucement la tête de gauche à droite. « Ne t’en fais pas. Ça fera l’affaire pour le moment. » Dis-tu avec ton souffle qui se faisait plus court en raison du stress qui t’envahissait à nouveau. T’avais jamais été aussi anxieux que dans la dernière année, ça te donnait des cheveux gris avant ton temps. « Tu vis seule avec Noah, je me trompe ? » Osas-tu demander, peut-être pour te conforter dans l’idée de lui laisser quelques jours de répit. |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Dim 28 Avr 2019 - 15:09 | |
| Ella ne s'était pas attendue à une visite aussi ponctuelle de Maliyan. Elle qui était toujours à l'heure dans ses paiements, il fallait qu'il débarque le jour-même quand, justement, elle n'était pas capable de payer la totalité de son loyer. Mais si elle savait que lui aussi avait du mal à boucler ses fins de mois, elle aurait compris plus facilement cette ponctualité soudaine. Pourtant, à cet instant, Ella n'arrivait pas à se départir de cette gêne. Elle avait honte. Honte de dire qu'elle ne pouvait pas tout lui payer. Honte de montrer qu'elle était dans le rouge, qu'elle avait la tête sous l'eau. Honte de se dire qu'elle allait devoir faire appel à son entourage. Ella n'avait jamais eu affaire à ce cas de figure. Peut-être était-il temps d'accepter, qu'elle aussi, avait besoin d'aide. Mais mettre sa fierté de côté était un acte redoutable pour la brunette. Invitant Maliyan à entrer dans la maison, la jeune femme s'affaira à récupérer l'argent pour le loyer. Mais la porte s'ouvrit, contre toute attente, et Noah fit son apparition. Ella se rappela que c'était aujourd'hui que l'entraînement de basket était annulé. Heureusement que son fils avait un bien meilleur cerveau que le sien. Intimidé par l'homme qui se trouvait dans l'entrée, Noah salua Maliyan. Mais quand le jeune homme lui tendit la main, tout sourire, Ella vit son fils se redresser, son regard de pré-adolescent affichant une once de fierté provocatrice alors qu'il serra la main de Mali. Une fois les présentations faites, Ella demanda à Noah de regagner sa chambre et de faire ses devoirs. Ce qu'il fit en traînant des pieds et en soupirant presque imperceptiblement, sous le regard de sa mère, qui esquissa un léger sourire. Mais quand elle reporta son attention sur Mali, elle sentit le besoin d'expliquer l'attitude de son fils. Noah n'avait grandi qu'auprès de sa mère. Certes, il avait côtoyé les frères d'Ella, mais il fallait avouer qu'il avait un rapport à l'homme quelque peu succinct. Surtout durant cette période, où son petit garçon devenait de plus en plus un jeune homme. Alors, quand elle évoqua la carrure imposante de Mali, elle ne put s'empêcher de le faire avec gêne, se disant que cela devait être un discours redondant pour cet homme. Mais il le prit avec le sourire, ce qui permit à Ella d'être moins gênée. Elle hocha la tête quand il évoqua que c'était un passage important dans une vie d'homme. « Et ce n'est que le début ! Je vais avoir droit à cela jusqu'à ses 18 ans, au moins. » Elle en riait, mais elle n'était pas sereine. Elle redoutait l'adolescence de son fils. Elle avait peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas gérer s'il lui faisait une belle crise d'adolescence. Une crainte propre à de nombreux parents, sans aucun doute. Quand Mali lui demanda l'âge de son fils, la jeune femme répondit : « Il a eu 11 ans, dernièrement. » De nouveau, un sourire se dessina sur les lèvres de la brune, un brin nostalgique, cette fois-ci. C'était toujours étrange de dire qu'à 26 ans, elle avait un enfant de 11 ans. Souvent, elle avait affaire aux regards perplexes, mais elle s'y était faite. Récupérant son sac, elle sortit l'enveloppe destinée à Mali et lui tendit la somme. Très vite, elle s'excusa du fait qu'il n'y avait pas tout et lui assura qu'elle réglerait vite la situation. Elle détestait avoir des dettes. Mali lui affirma que c'était suffisant pour le moment, mais Ella comprit bien vite que ce n'était pas le cas. Le jeune homme ne semblait pas aussi à l'aise qu'en entrant dans la maison. Mais quand il lui posa sa dernière question, la brune reposa son regard sur lui, quelque peu surprise par cette question. Pourquoi lui demandait-il cela, au moment même où elle lui disait qu'elle n'avait pas tout l'argent à lui donner ? « Oui. Je suis seule avec lui. » Elle haussa les épaules avant de reprendre doucement, comme si elle avait besoin de se justifier. « Mais ce n'est pas ça qui fait que je ne peux pas tout payer aujourd'hui. J'ai juste quelques problèmes de boulot en ce moment. » Elle tenait à montrer qu'elle était indépendante. Qu'elle soit seule avec Noah, ou avec le père, cela ne changeait rien à la donne. Dans tous les cas, elle se battait de jour en jour. Ce n'était pas la présence d'un homme dans sa vie qui bouleverserait cela. « Maliyan ? » reprit-elle doucement, se permettant de l'appeler par son prénom. « Si tu veux, je peux demander le reste de la somme à mes frères. Je ne voudrais pas te mettre dans la galère à cause d'un loyer non payé en totalité... » Elle avait vu qu'il n'était pas serein. C'était bien quelque chose qui n'échappait pas à Ella et à son regard observateur. |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Sam 4 Mai 2019 - 2:11 | |
| Après que Noah se soit dirigé vers sa chambre, tu reportas ton regard sur la mère de ce dernier qui avait elle aussi suivi des yeux son gars se traîner les pieds jusqu’à l’objectif ultime. Tu souris. Tu te demandais si Lowa ou Miro ressembleraient à ça, un jour, eux qui étaient difficilement maintenus en place. Dès que Miro avait appris à marcher, il était devenu une véritable terreur sur pattes, et t’avais dû faire bien des modifications à ta maison pour t’assurer qu’il ne se mettrait pas en danger par lui-même. Lowa était tout aussi déchaînée que lui, signe que le sexe n’avait souvent absolument rien à voir avec la témérité. Tu les éduquais de la même manière, et le résultat t’avais donné deux monstres d’énergie mais aussi d’ambition et de courage. Ils étaient encore tout jeunes, même pas à l’école encore, mais déjà tu savais que tu serais fier de leur différence. T’espérais qu’Ella était elle aussi fière de Noah, parce que rien qu’à le voir te serrer la main, les épaules redressées et le regard orgueilleux, t’avais compris que tu ne faisais pas affaire avec n’importe qui. « Oh oui, au moins. » Lâchas-tu en riant, soulignant le fait que ce ne serait sans doute pas terminé à sa majorité. « Je donne encore du fil à retordre à ma mère, parfois, et j’ai trente-et-un ans ! Sans vouloir te décourager … » Tu continuas à rire légèrement, haussant les épaules. Tu hochas la tête lorsqu’Ella t’informa que Noah venait tout juste t’atteindre ses onze ans. « Ma plus vieille aura bientôt 5 ans, et mon gars, bientôt 3. J’ai un peu de temps encore avant d’en arriver à ces changements … » Tu souris. Ils étaient déjà deux petites tempêtes, alors t’osais pas trop imaginer. Seul, ce ne serait pas facile, c’était une évidence. Ce n’était toutefois pas le stress qui t’oppressait le plus pour le moment, mais plutôt ton compte en banque dans le rouge et les quelques billets qui se trouvaient dans l’enveloppe qu’Ella venait de te remettre. Pas de quoi voir les chiffres virer au noir dans les prochains jours. Pourtant, te voilà en train de lui dire que ça ferait l’affaire pour le moment. T’avais un peu l’impression de te voir à travers elle et, comme pour confirmer cette impression, tu lui demandas si elle vivait seule avec Noah. Elle te le confirma, avant de se justifier. « Je ne voulais pas sous-entendre ça … enfin, peut-être que oui. Mais je ne voulais pas t’insulter en le faisant. » Déclaras-tu. Tu savais ce que c’était que d’être parent monoparental, avec tous les préjugés qui venaient avec, et même si tu ne l’étais pas depuis bien longtemps, tu savais que c’était lourd à porter. Ella te demanda alors si tu préférais qu’elle demande le reste de la somme à ses frères, ne voulant pas te mettre dans la galère. Tu soupiras faiblement. « Tu sais, si je t’ai demandé ça, c’était pas pour te juger ou quoi que ce soit. C’était parce que c’est mon cas, à moi, et si je galère, c’est en partie pour ça … Mes enfants, leur mère est partie y’a quelques mois maintenant, et j’ai un peu de mal à m’ajuster, c’est tout. Ils vont pas encore à l’école et moi j’dois bosser, heureusement j’ai ma mère qui vit avec moi et qui peut les garder bien souvent, mais … c’est pas facile. » Tu eus un léger sourire gêné en réalisant tout ce que tu venais de déballer. « Désolé, j’te raconte ma vie. J’ai juste l’impression que tu pourrais me comprendre et ça fait un moment que ça m’est pas arrivé. De pouvoir me sentir compris. » Tu secouas doucement la tête. « Je peux attendre que les choses se règlent à ton boulot. Je vais me débrouiller. » Tu trouvais toujours le moyen, que ce soit en accumulant les petits boulots ou en coupant à quelque part. |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Jeu 16 Mai 2019 - 14:35 | |
| Ah Noah ! Noah et son flegme légendaire. Enfant, rien ne l'atteignait. Ce trait de caractère s'était amplifié au fil des années et Ella se demandait jusqu'à quel point il serait je-m'en-foutiste. Il était tout l'inverse de la brune, qui tentait de tout contrôler, de tout gérer afin d'éviter les imprévus, afin de gagner du temps. Afin de montrer qu'elle était légitime en tant que mère célibataire. Son fils avait 11 ans, cela faisait des années qu'elle montrait qu'elle était légitime, mais chaque jour, Ella avait l'impression d'être une funambule. Elle ne savait pas de quoi était fait le lendemain et elle avait peur. Peur de mal faire. Peur de ne pas être à la hauteur pour son enfant. Comme aujourd'hui, où elle se trouvait incapable de payer le loyer, ce toit qui les couvrait, qui les protégeait. Ce foyer qu'elle chérissait tant parce que c'était leur cocon. Son fils avait retardé l'échéance, mais elle savait que d'ici peu de temps, elle allait devoir avouer la vérité à son propriétaire. Propriétaire qui la taquinait en rappelant qu'elle allait affronter chaque passage de Noah dans sa vie d'homme, et même après ses 18 ans. Elle se mit à rire quand Maliyan évoqua sa propre mère, à qui il donnait encore du fil à retordre, même à 31 ans. « Même quand tu auras 60 ans, tu donneras encore du fil à retordre. Sinon, ce serait trop simple d'avoir des enfants. » répondit-elle en riant. D'ailleurs, en parlant d'enfant, Mali lui avoua en avoir deux. Un garçon et une fille, encore bien petits. Ella esquissa un sourire tout en douceur, alors qu'elle l'entendait parler de ses enfants, un sourire aux lèvres. « ça va vite arriver. Et tes deux petits feront vite place à des adolescents sans limites. Sans vouloir te décourager... » s'amusa-t'elle à dire en reprenant ses paroles dites juste avant. Mais il y avait une part de vérité dans ce qu'elle disait. Les enfants grandissaient vite. Trop vite. Ella en riait quand elle entendait les parents dire cela, mais maintenant, elle le comprenait pleinement. Et elle maudissait ces années qui s'écoulaient trop rapidement. Alors qu'elle avait récupéré l'enveloppe et qu'elle l'avait donné à Maliyan, elle avoua très vite que le compte n'y était pas, même si le grand brun avait dû s'en rendre compte seul. En réponse, il lui posa une question. Une question à laquelle elle s'attendait, à vrai dire. Oui, elle était seule avec Noah. Ces mots-là, elle les avait répété tant de fois, si bien que la lassitude s'était faite entendre dans sa voix. Maliyan lui avoua qu'il ne voulait pas l'insulter en évoquant son statut de mère célibataire. « Je ne l'ai pas pris comme une insulte. Enfin... je ne le prends plus comme tel. Mais j'ai toujours ce besoin de me justifier. Une mère célibataire, ça peut occasionner quelques doutes. » C'était bête, mais au moins, c'était clair comme de l'eau de roche. Seulement, elle ne s'attendait pas à la suite de cette conversation. A son tour, il lui avoua être un père célibataire. « Oh... » souffla-t-elle, surprise.Elle l'écouta avec attention parler de sa propre expérience. Etrangement, elle se reconnaissait dans chacune de ses paroles. Il y avait les contraintes budgétaires qui agissaient comme une épée de Damoclès, mais il n'y avait pas que cela. Il y avait aussi cette impression de vivre hors du temps, d'être sans cesse à la recherche de la moindre minute qui pourrait alléger un emploi du temps bien chargé. Il y avait ces heures accumulées au travail, qui éloignaient parfois des enfants et qui réduisaient grandement le temps passé avec eux. C'était cela aussi, la vie de parents célibataires. Alors qu'il s'excusa d'avoir débité tout cela, Ella l'arrêta de suite : « Tu n'as pas à t'excuser. Parfois, ça fait du bien de lâcher ce que l'on a sur le cœur. D'être écouté. » Effectivement, elle pouvait le comprendre. Et elle tenait à lui montrer qu'elle pouvait l'écouter, elle aussi. « Tu sais, ça ne sera jamais facile d'être un père seul avec ses enfants. Ça prendra du temps de s'ajuster, parfois, ça donnera l'impression de tanguer, de vaciller... et puis, ça repartira de plus belle. » Elle lui adressa un sourire, haussant légèrement les épaules. C'était un mauvais cap qu'il passait. Il fallait laisser le temps de prendre ses marques. Et ses marques passaient aussi par l'aspect financier. Alors, elle reprit doucement : « Demain, je t'amènerai le reste du loyer. J'y tiens... » Elle préférait avoir des soucis avec sa propre famille, plutôt que de causer des soucis dans une autre famille. |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Ven 17 Mai 2019 - 3:19 | |
| Tu ris lorsqu’Ella mentionna que même vieux, très vieux, tu donnerais encore du fil à retordre à ta mère. Ça, c’était si elle était toujours vivante lorsque tu toucherais lesdits soixante ans. Elle en aurait un peu plus de quatre-vingts, elle t’avait au moins eu jeune, ce qui te donnait quelques années de plus auprès d’elle. Mais tu la savais déjà fatiguée alors qu’elle n’avait même pas encore atteint ses soixante ans à elle. La vie l’avait épuisée, et toi aussi, même si ce n’était pas volontaire. Tu le voyais bien dans sa manière de s’occuper de tes enfants, qu’elle n’avait plus toute cette même énergie qu’avant. Au fond, les difficultés que tu vivais actuellement avec Miro et Lowa, ta mère les avais vécues lorsque t’étais adolescent et que vous vous étiez retrouvés à la rue de votre communauté. Une fois arrivés à Bowen, ta mère avait dû complètement changer sa vie en se trouvant un emploi dans une ville où tout était nouveau pour elle. Elle n’avait aucun repère, elle non plus. Avec Miro et Lowa, t’avais un peu l’impression de donner au suivant, et tu espérais que ta mère était fière de toi, et d’eux. Tu n’en doutais pas, en fait. « T’as raison. Et ce n’est pas drôle, quand c’est simple. » Tu souris. Ça, c’était relatif, mais de ton côté tu préférais vivre une vie de défis et d’embûches pour en ressortir plus fort, que de te laisser porter par le courant sans jamais te poser de questions. Certes, parfois, tu aurais souhaité un peu de calme pour souffler, mais au final tu aimais ta vie. T’étais peut-être à plaindre mais toi, tu ne te plaignais pas. « Aaah, ça va, tu m’décourages pas. J’crois que petit à petit je me suis préparé à ça. Et puis, j’imagine assez mal comment ils pourraient être pires qu’en ce moment. » Avouas-tu avant de rire, les paupières plissées et le regard brillant. T’avais aucune idée, Mali, de ce qui t’attendait avec tes deux flots … « Il n’a pas l’air trop agité, Noah. » Peut-être ne l’était-il pas assez, qui sait. Si tes enfants étaient hyperactifs, tu savais que d’autres se montraient bien trop tranquilles, consumés par une fainéantise incommensurable. Surtout à l’adolescence, de ce que tu avais pu voir. Bref, Ella retourna finalement aux affaires officielles de ta visite en te tendant l’enveloppe qui ne contenait pas le loyer total. Tu devinas vite pourquoi et, sans doute parce que tu étais dans une situation similaire à la sienne, tu n’hésitas pas trop à lui en glisser un mot. Quand elle te parla de cette perception qu’on pouvait avoir des mères célibataires, tu lui appris que toi, t’étais père célibataire. Ce qui occasionnait le même genre de réaction, souvent. « C’est vrai. Ça fait du bien. Et ça fait du bien de pouvoir non seulement en parler mais surtout, avec quelqu’un de mon âge. » Tu ris. Tu ne pouvais pas vraiment en parler avec Miro et Lowa, ils étaient encore trop jeunes pour comprendre l’enjeu, et avec ta mère la compréhension n’était pas la même. Tu ne te sentais pas à l’aise de te confier à ce propos alors qu’elle avait traversé les mêmes épreuves pour toi. « Je pense qu’ils s’ennuient beaucoup de leur mère, aussi … Et ils ne comprennent pas, à leur âge … ils ne comprennent pas pourquoi elle n’est plus là, tu vois. » Toi non plus d’ailleurs, tu ne le saisissais pas totalement. Alors comment pouvais-tu l’expliquer adéquatement à tes gosses ? Elle n’était pas morte, leur mère, ce n’était pas ce genre de discours que tu devais planifier. Elle avait juste décidé de partir, alors comment ne pas le voir comme un abandon ? « Ça t’as pris du temps, à toi, t’ajuster, et avoir l’impression que tu faisais plus ou moins bien les choses ? » Demandas-tu, ignorant si Ella était dans cette situation depuis le tout début de l’existence de Noah ou non. Qui sait, vos situations étaient peut-être bien différentes de ce côté-là. Tu ne connaissais rien de sa vie, au fond, même si tu t’identifiais un peu plus à elle maintenant. La jeune femme te dit alors que dès demain, elle t’apporterait le reste du loyer. Tu hochas la tête. « D’accord. Mais s’il y a le moindre problème, dis-le-moi. Je ne voudrais pas que tu t’en fasses trop pour ça. » Tu préférais vivre toi-même ce stress plutôt que de le voir en Ella. Tu ne lui devais pourtant rien et malgré ça, t’avais ce besoin de la protéger, de l’aider. Même si c’était à ton détriment. « Bon, dans ce cas … Je ne te dérangerai pas plus longtemps. » Dis-tu en esquissant un mince sourire, tapant l’enveloppe que tu tenais d’une main dans la paume de l’autre. |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Jeu 30 Mai 2019 - 22:14 | |
| C'était bon de plaisanter, de parler de leurs statuts de parents, des galères qu'ils vivaient au quotidien. Ella était clairement sur la même longueur d'ondes que Mali et c'était plaisant. Il fallait dire qu'elle n'avait que très peu de parents dans son entourage. Elle avait souvent eu l'impression d'être en décalage avec ces amis. Les seuls qui auraient pu être une oreille étaient ses propres parents, mais leurs conflits avaient fait qu'Ella ne s'était jamais confiée à eux. Alors, elle avait continué son bout de chemin, en faisant ce qui lui semblait être le meilleur pour Noah. Elle esquissa donc un sourire, en approuvant d'un signe de tête quand Mali laissa comprendre que la facilité, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus drôle. Elle était dans la même philosophie de vie. Elle disait que les obstacles étaient ce qui forgeait, au mieux, une personne. Alors qu'elle le taquina sur la future adolescence de ses enfants, elle reposa son regard sur lui quand il estima que ça ne pouvait pas être pire qu'à présent. « Tu as deux ouragans chez toi ? » demanda-t-elle en riant. En même temps, les enfants n'étaient pas réputés pour être d'un calme légendaire. D'ailleurs, quand Mali eut l'impression que Noah n'était pas pleinement agité, Ella répondit aussitôt : « Là, il cache bien son jeu. Noah, c'est un diesel. Il met du temps à s'y mettre, mais une fois parti, on ne l'arrête plus. » Elle se mit à rire avant d'ajouter : « Et il est du genre casse-cou, malheureusement. » Elle aimait le côté pile électrique de Noah, mais le problème de son fils était qu'il ne voyait pas le danger. Il fonçait tête la première. Mais elle ne pouvait rien dire. Ella avait été pareil à son âge. Et comme on le dit : les chiens ne font pas des chats. Soit... là, n'était pas le débat. Alors qu'elle avait donné l'enveloppe contenant plus de la moitié du loyer, Mali se laissa aller à de nouvelles confidences. Il était dans la même situation qu'elle. Raison pour laquelle elle ne pouvait pas laisser la situation tarder de trop. Chaque dollar comptait malheureusement. Elle n'était pas toute rose, la vie de père ou de mère célibataire. En plus des problèmes financiers, de la gestion du foyer, de l'éducation des enfants, ils avaient le droit aux clichés que leur célibat intimait. Comme s'il fallait être deux pour élever des enfants ! Sur ce point-là, ils se comprenaient encore. Et Ella esquissa un léger sourire quand Mali lui avoua que c'était plaisant d'en parler avec une personne de son âge. « Plaisir partagé, alors. » Il n'y avait aucun jugement, aucune prise de position dans cette conversation, et c'était bien ce qui était le plus agréable. Ils étaient juste deux parents qui faisaient le point sur leur quotidien, qui mettaient en avant les problèmes, comme les bons moments auxquels ils faisaient face. Parmi les problèmes, il y avait cette impression d'avancer sans cesse sur un fil, de ne pas avoir d'appuis solides sur lesquels ils pouvaient compter. Mali évoqua alors le départ de sa femme, du vide qu'elle avait laissé dans sa vie et dans celles de ses enfants. Ella fut touchée de l'entendre dire cela. Touchée à l'idée de se dire que ces deux petits vivaient sans la figure maternelle. « Elle a coupé tout contact avec toi ? Avec les petits ? » se permit-elle de demander. Elle n'imaginait même pas la place de Maliyan dans cette situation-là. Comment pouvait-il expliquer cela ? Comment pouvait-il expliquer à ses enfants que leur maman n'était plus là ? Comment ajuster sa vie de famille face à cela ? Ella se doutait qu'il agissait comme un roc. Il n'y avait pas d'autres choix de toute manière. Quand le jeune homme lui demanda en combien de temps elle s'était ajustée, Ella se mit à rire légèrement : « J'ai dû m'ajuster dès le début, je crois. » Elle haussa les épaules avant de reprendre. « Je n'ai jamais pu m'appuyer sur le père de Noah. Je suis tombée enceinte alors que l'on avait tous les deux 15 ans. Forcément, il a pris peur et il m'a laissée. Mais même si ça fait 11 ans, j'ai toujours l'impression de ne pas faire les choses comme il le faudrait. Je pense que c'est le problème de tout parent, ça. » Son histoire était certes différente, mais les problèmes restaient identiques. Et ce fut dans cette optique-là que la jeune femme lui promit de lui donner le reste du loyer le lendemain même. De nouveau, elle esquissa un léger sourire quand il lui affirma qu'il ne fallait pas qu'elle s'en fasse de trop. Et elle, elle ne voulait pas qu'il s'en fasse de trop, qu'il se mette dans la galère à cause d'une de ses locataires. « Il ne devrait y avoir aucun problème. Mais merci, c'est gentil. » Il était compréhensif, et c'était une qualité tellement agréable Alors qu'il s'apprêtait à partir, ne voulant pas la déranger plus longtemps, Ella ajouta : « Tu ne me déranges pas. C'était agréable d'avoir une telle discussion. » Puis elle reprit : « Où veux-tu que l'on se retrouve demain ? » |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Sam 1 Juin 2019 - 0:04 | |
| Elle te comprenait plus que ce que t’aurais pu imaginer et si à la base tu venais ici pour obtenir ton loyer, tu te surpris à trouver davantage une alliée – et un peu moins de loyer que prévu. Ella semblait être une femme tellement forte, indépendante, drôle et groundée, elle t’impressionnait. C’aurait sans doute aidé si t’avais eu quelqu’un comme ça à tes côtés, pour t’aider, pour partager les responsabilités à deux, mais tu ne pouvais pas vraiment en vouloir à la mère de tes enfants, au fond. Tu l’avais aimée pour tout ce qu’elle était, et tu devais accepter que c’était aussi une partie d’elle-même qui l’avait poussée à partir. Lorsqu’Ella te demanda si t’avais deux ouragans chez toi, tu levas les yeux au ciel en riant. « Ils incarnent toutes les catastrophes naturelles à eux seuls, pas que les ouragans. » Répondis-tu en riant. Quand tu les comparais à Noah, ce dernier semblait plutôt tranquille. Ella démentit rapidement ces faits. « Ah, ils font exprès de faire ressortir nos côtés poules, hein, dans c’temps-là ? J’pensais jamais être papa-poule mais parfois j’les regarde aller et j’me dis qu’un jour ils vont s’mettre dans des situations pas possibles. » Dis-tu en soupirant. T’aurais pu te facepalm toi aussi de temps en temps, tellement tes enfants couraient vers le danger. C’était un peu de ta faute, tu les éduquais de manière à ce qu’ils n’aient peur de rien, mais peut-être aurais-tu dû mettre quelques limites raisonnables. La parentalité, ça ne venait malheureusement pas avec un manuel. « Il fait quoi, Noah ? Des sports ? Il aimerait pas l’escalade, la plongée, la chasse, des trucs du genre ? Je pourrais l’emmener avec moi de temps en temps. » Proposas-tu. Tu savais que tu ne le connaissais même pas, et que tu apprenais à peine à connaître sa mère, mais tu te souvenais à quel point t’avais aimé, quand t’étais adolescent, suivre les plus vieux de la réserve dans toutes ces aventures à travers la forêt. C’était parmi tes plus beaux souvenirs. Tu ne savais pas si Noah avait quelqu’un comme ça avec qui partager ce genre d’activités. Si lui manquait d’une figure paternelle, toi, tes enfants manquaient d’une figure maternelle. Ella te questionna un peu plus sur le départ de leur mère. Tu hochas doucement la tête à sa question, une moue triste sur les lèvres. « Ouais, elle a fait ses valises un soir et on ne l’a jamais revue. Je ne sais même pas où elle est, à l’heure actuelle. » Tu haussas les épaules. « Elle luttait contre ses troubles mentaux, depuis longtemps, avant même que Lowa ou Miro naissent. Avec leur arrivée, le stress, les responsabilités, je pense qu’elle n’en pouvait plus. » Ça ne pardonnait pas l’abandon, mais parfois tu te surprenais à la comprendre, et à la pardonner. Tu souhaitais juste qu’elle soit heureuse dans ce choix-là, et qu’elle arrive à se guérir ailleurs. Tu ne saurais sans doute pas comment réagir si elle réapparaissait dans vos vies dans quelques années, mais ces derniers mois avaient été silence radio, alors tu ne l’imaginais pas encore. Tu demandas finalement à Ella comment elle, elle avait pu s’ajuster, qu’elle ait été mère célibataire depuis le début ou non. « Je pense qu’on se questionnera toujours sur si ce qu’on fait est bien ou non, c’est vrai. » Dis-tu avec un sourire triste. Mais c’était un peu la beauté de la chose, aussi, de ne jamais rien prendre pour acquis, de ne pas penser avoir la vérité absolue. Il y avait toujours à apprendre. « Je suis désolé que leur père n’ait pas su prendre ses responsabilités. Il le regretterait sans doute s’il voyait la femme que t’es devenue, et le garçon que t’as élevé. » Tu esquissas un sourire, décroisant tes bras de sur ta poitrine quand vint le temps de laisser Ella vaquer à ses occupations. Vous étiez tous les deux occupés, dans vos vies respectives. « Oui, c’est vrai que c’était agréable. » Tu souris, et quand elle te demanda où vous pouviez vous rejoindre demain, t’osas demander : « Ça te dirait qu’on en profite pour poursuivre cette conversation autour d’un café ? Ou d’un verre, comme tu veux. Dépendamment de si t’es plus matinale, ou non. » Ça t’avait fait tellement de bien de partager tes histoires avec Ella, et de l’écouter pour les siennes. T’avais comme cette envie de t’accrocher. |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Mer 12 Juin 2019 - 21:44 | |
| Comme quoi, quand on prenait le temps de communiquer, on pouvait trouver des points communs inattendus. C'était le cas avec Maliyan. Alors qu'elle ne l'avait vu qu'en tant que propriétaire, elle découvrait aujourd'hui un homme qui avait bien trop de points communs avec elle. Et c'était tellement agréable de se sentir comprise, écoutée. Et d'écouter et de comprendre en retour. La jeune femme se mit à rire quand il évoqua toutes les catastrophes naturelles réunies en ses enfants. « Il vaut mieux les voir comme ça. Mais tu dois être content quand ils sont couchés, le soir. » C'était souvent l'heure des parents, ce moment de tranquillité où ils pouvaient enfin souffler. Mali enchaîna d'ailleurs sur les attitudes typiques de papa-poule ou maman-poule. De nouveau, Ella acquiesça : « Ah toi aussi, tu as cette impression-là ?! Mais que veux-tu faire ? A cet âge-là, ils n'ont peur de rien, c'est impressionnant ! Comme si rien ne pouvait les atteindre. » Et d'un côté, cela les forgeait. Ils apprenaient à devenir des enfants autonomes, qui savaient se relever coûte que coûte. Même si en tant que parent, Ella avait l'impression d'avoir une crise cardiaque dès qu'elle voyait Noah faire quelque chose de dangereux. Ou quand il se mettait en tête de faire des sports dangereux. « En ce moment, il s'est mis en tête de faire de la moto-cross. J'ai accepté qu'il fasse du skate. » répondit-elle en riant, se souvenant de la tête de son fils quand il avait compris que non, il ne ferait pas de moto-cross à son âge et qu'il devra se contenter de la planche à roulette. En revanche, l'escalade, Ella était persuadée que Noah refuserait. Son fils avait le vertige, même s'il ne le criait pas sur tous les toits. Alors quand Mali évoqua plongée, chasse, escalade, la brune le regarda en souriant : « Tu fais tout ça ? Tu dois avoir hâte que tes enfants puissent te suivre dans toutes tes activités. » Même si cela ne l'étonnerait pas qu'il dise que sa grande faisait déjà un peu d'escalade. « Je demanderai à Noah. Il sera peut-être partant pour de la plongée. Et s'il ne l'est pas, je prendrais sa place. Si tu le veux bien. » Ella aussi, aimait bouger. Alors, s'il cherchait quelqu'un pour l'accompagner, elle se porterait volontaire sans hésiter. La conversation devint cependant plus sérieuse quand Mali évoqua le départ de sa femme. En tant que mère, elle avait du mal à envisager un abandon de ses propres enfants, mais cette femme devait être dans une détresse folle pour faire cela. Elle écouta la réponse de Maliyan, émue, touchée par cette mine triste qui s'affichait sur son visage. On parlait des enfants, mais lui aussi avait vu sa femme partir. « C'est si triste. » répondit-elle quand il évoqua les troubles mentaux de sa femme. « Elle a peut-être fait ça pour vous protéger, aussi. » Justement parce que les enfants étaient sources de stress, le moindre énervement pouvait prendre une ampleur considérable. Pour une mère, cela devait être terrible. « Je suis sûre qu'elle est partie sereine, en sachant que tes enfants étaient entre de bonnes mains.» Mali était un père dévoué, cela était indéniable. «Mais c'est sûr que ça ne doit pas être facile de rebondir après un tel départ. » Tout couple se demandait s'ils avaient les bons agissements, mais pour eux, en tant qu'unique parent, ces questions étaient encore plus récurrentes. Tout comme Mali l'avait fait, Ella raconta son histoire. Sa grossesse alors qu'elle n'était qu'une adolescente et le départ de son petit ami. Elle esquissa un sourire aux paroles de Maliyan : « On n'était que des gamins, je peux comprendre qu'il ait eu peur. » Elle avait eu peur, elle aussi. Mais elle avait assumé, alors que beaucoup l'avait poussée à avorter. « Mais merci. » reprit-elle, avec un sourire. Elle ne savait pas si son ex regretterait en les voyant ainsi, mais il était certain que c'était agréable d'entendre cela. L'heure était cependant venue de retourner chacun à leurs occupations. Ella devait aider Noah avec ses révisions, mais elle comptait bien vite organiser une nouvelle rencontre avec Maliyan. Alors quand il lui proposa d'aller boire un verre, la jeune femme hocha la tête, en souriant : « Je comptais te le proposer aussi. » Elle n'allait quand même pas lui donner l'enveloppe et repartir, comme si de rien n'était. Alors, bien sûr qu'elle lui dit qu'elle acceptait, un large sourire aux lèvres. Ensemble, ils convinrent d'une heure et d'un lieu de rendez-vous. Et Mali s'éclipsa, sous le regard d'Ella qui avait le sentiment d'avoir trouvé un allié.
Le lendemain fut moins fameux, cependant. Noah espérait s'octroyer un jour de repos en prétextant avoir de la fièvre. Ce qui était faux, bien sûr. Elle le déposa donc à l'école après qu'il ait bien bougonné dans son coin. Puis, elle dut rendre visite à ses frères et leur faire part de la situation catastrophique dans laquelle elle était. Evidemment, les deux acceptèrent de l'aider. Ce qui ne l'étonnait pas, mais elle se sentait coupable d'être incapable d'assumer seule son foyer. Et puis, finalement, la journée passa vite, rythmée par un quotidien qui lui échappait parfois. C'était l'heure de rejoindre Maliyan, vers le bar de la plage. Noah passait la soirée avec le petit frère d'Ella, qui avait eu des places pour la match de basket du coin. S'installant en bordure du bar, elle prit son téléphone, observant la photo qui venait d'être envoyée par son frère. Noah affichait un large sourire. Quand il était comme cela, Ella avait l'impression de voir le père de Noah. Et c'était déroutant. Heureusement, quand elle redressa la tête, une silhouette reconnaissable entre toutes apparut dans son champ de vision. Mali. Elle se releva et s'approcha de lui. « Salut ! » lança-t-elle, joyeuse |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Jeu 13 Juin 2019 - 2:58 | |
| Tu laissas un sifflement traverser tes lèvres, comme pour acquiescer aux paroles d’Ella alors qu’elle affirmait que tu devais être content quand ils s’endormaient enfin. « T’as pas idée. Enfin … si en fait, tu sais totalement de quoi je parle ! » Tu ris. Ça te faisait tellement de bien de pouvoir partager ces expériences-là avec quelqu’un qui n’avait pas seulement à se l’imaginer, mais qui l’avait vécu, et qui le vivait sans doute encore. Noah avait beau être un peu plus vieux que Lowanna et encore plus que Miro, il devait encore traîner avec lui son lot d’inquiétudes pour Ella, qui demeurerait une mère peu importe l’âge de son enfant. Et surtout, avec ce début d’adolescence venait également la quête de liberté et peut-être une certaine rébellion. Tout le monde en parlait, de cette passe-là. Toi, tu ne pouvais que l’appréhender, pour le moment. « J’aimerais encore être comme ça, parfois. Un peu insouciant. » Tu esquissas un sourire. « Mais j’serais peut-être plus ici pour en parler, si c’était le cas. » Constatas-tu dans un rire. T’avais pas été l’enfant le plus tranquille, et encore aujourd’hui tu jouais parfois avec le feu, aux limites du danger, par exemple quand t’escalais sans attache en pleine nature, et seul. Mais la peur t’habitait plus qu’avant, pas forcément par rapport aux activités que tu faisais, mais par rapport à la vie en général. Ella t’apprit que Noah aurait aimé faire du moto-cross, lui, mais qu’elle ne lui avait permis que le skate. Tu souris. « Je ne proposerai pas de l’emmener se balader avec moi à moto, alors. » Tu garderais ça pour Aaron, quand tu le rencontrerais, d’ici trois années. De toute façon, tu avais bien d’autres hobbys à proposer, certains un peu moins dangereux. « Ouais, j’ai vraiment hâte. Lowanna vient parfois avec moi en voyage de randonnées et de pêche, mais on ne peut jamais partir bien longtemps, Miro fait ses crises sinon. Mais il est un peu trop jeune pour partir aussi longtemps. » Expliquas-tu, avant que ton sourire ne déchire presque ton visage lorsqu’Ella mentionna que si Noah ne voulait pas te suivre en plongée, alors elle, elle prendrait volontiers sa place. « Ce serait avec plaisir. Et même, s’il est partant, tu serais évidemment la bienvenue aussi. » La présence de la jeune femme te faisait sentir un peu plus vivant déjà, même si tu n’étais ici que depuis une quinzaine de minutes, alors forcément tu l’accueillerais n’importe quand dans une partie de ton quotidien. Tu fus toutefois assez vite ramené à la réalité lorsque tu parlas de la mère de tes enfants, ton ancienne conjointe, qui avait laissé toute une vie derrière en raison de ses troubles mentaux qui la dévoraient de l’intérieur. Les mois passaient mais son absence se faisait toujours bien trop sentir. « Je crois aussi que c’est ce qui l’a poussée à partir. Et peut-être qu’au fond, elle a eu raison de le faire. Je ne sais pas … je ne le saurai sans doute jamais. » Tu savais que ce déséquilibre la rendait vulnérable mais aussi parfois dangereuse, pour elle-même ou pour les autres, et même si tu aurais tout fait pour l’aider si cela signifiait qu’elle pouvait rester auprès de vous, tu savais aussi que tu n’étais pas Dieu et qu’elle s’était perdue depuis longtemps déjà. Ella te rassura en disant qu’elle était sans doute partie sereine, sachant que tes enfants s’en sortiraient bien avec toi. « C’est gentil. » Tu souris, avant de soupirer tout légèrement, haussant les sourcils. « Non, c’est pas facile, mais le fait de devoir jongler entre tellement de choses pour compenser, ça me permet justement d’être tellement occupé que … j’ai parfois même pas le temps de vivre cette peine-là. » Tu fronças les sourcils avant de rire légèrement. « J’me rends compte, en disant ça à voix haute, que c’est peut-être pas tout à fait sain. » Tu continuas à rire, avant de finalement questionner Ella sur sa situation à elle, sur son histoire. Vous vous résumiez tout ça en quelques phrases alors que vous aviez sans doute tant à raconter. « Tu devais être effrayée aussi. » Affirmas-tu simplement, parce que pour toi, ce n’était pas une raison de fuir ses responsabilités. Mais tu ne connaissais pas toutes les circonstances, et puis ta propre femme avait fui, seulement pas au même moment, et tu en comprenais parfois les raisons, alors sans doute Ella arrivait-elle à comprendre celles du père de Noah. Il suffisait de relativiser. Bref, après ce trop court échange, tu décidas de proposer à Ella de poursuivre cette rencontre le lendemain, lorsqu’elle viendrait te porter le reste du loyer. Ce serait bête de ne pas en profiter pour continuer sur cette belle et douce lancée. Tu souris quand elle répondit qu’elle comptait aussi le proposer, alors tu proposas une heure et elle proposa le bar de la plage, et tu rentras chez toi avec déjà, au creux de ton ventre, cette hâte à l’idée de la revoir.
*** Le lendemain, vers la fin de la journée, tu pris une douche, troquas tes habits de concierge à l’école que fréquenteraient un jour Miro et Lowanna pour quelque chose d’un peu plus propre, et tu terminas de te préparer pour cette rencontre avec Ella. C’était con, t’avais cette petite boule au ventre que tu n’arrivais pas à expliquer, parce que ce n’était qu’une rencontre dont l’objectif principal était le paiement de son loyer. Mais t’avais tellement senti un poids se lever la veille, en parlant avec elle, que t’avais comme envie de t’accrocher à ce que cette relation pouvait devenir. Tu te dirigeas vers le bar de la plage sur ta moto, et tu te garas dans le parking non loin. Tu marchas jusqu’à la terrasse à même le sable et souris en arrivant à la hauteur de la jeune mère. « Salut, Ella ! » Un peu plus familier que la veille déjà, tu te permis de déposer tes lèvres sur l’une de ses joues, ta main posée l’espace de quelques secondes sur sa taille. Tu t’installas avec elle à une table pour deux. « T’as passé une bonne journée ? » Vous ne vous étiez pas quittés depuis bien longtemps, même pas vingt-quatre heures, mais Dieu sait que beaucoup de choses pouvaient se passer en si peu de temps, quand t’es parent monoparental. |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Ven 14 Juin 2019 - 17:45 | |
| En effet, elle savait vraiment de quoi il parlait. « Rien ne vaut ce moment de délivrance. » Bien sûr, elle exagérait ses propos, mais il était vrai que le soir, quand les enfants étaient couchés, c'était l'instant où toute la pression retombait. De brèves heures qui leur appartenaient. Il fallait dire que ces petits êtres savaient comment pomper l'énergie des adultes. Des adultes qui pensaient sans cesse à leur sécurité, alors qu'eux-mêmes avaient été insouciants aussi, à leur âge. « C'est vrai. L'insouciance me manque aussi parfois. Je ne sais pas à quel moment de notre vie on devient plus lucide. » Mais elle esquissa un sourire, quand Mali avoua que s'il était encore insouciant, il ne serait peut-être plus ici. « Dans ce cas, je préfère que tu sois un peu moins insouciant. » Mais elle comprit bien vite qu'en plus des activités déjà citées, Mali faisait de la moto. Quel homme ! Ella se mit à rire quand il dit qu'il ne proposerait pas cette activité à Noah. « On va garder ça secret. »Elle l'écouta alors parler de ses enfants et des activités qu'ils feraient ensemble, quand ils seront plus grands. Quelle belle famille il avait là. « D'ici trois-quatre ans, tu pourras les amener où tu veux. Tu vas avoir de beaux petits guerriers avec toi, s'ils viennent à faire tout ça. » Il en fera des enfants qui sauront respecter la nature, vivre en symbiose avec et qui sauront se débrouiller dans ces milieux-là. C'était une philosophie qui plaisait à Ella, qui glissa subtilement qu'elle était partante s'il avait besoin de volontaires. Le sourire qu'il afficha trouva un écho sur les lèvres de la brune. « Merci ! » lâcha-t-elle, enjouée. Elle n'arrivait pas à l'expliquer. Mali avait franchi cette porte en tant que quasi-inconnu, et voilà qu'Ella voulait lui laisser une porte ouverte, avec l'envie de le connaître davantage. Il y avait des personnes que l'on rencontrait et avec qui cela matchait rapidement. Elle avait cette impression avec lui. Ce qui renforçait encore plus cela était cette faculté d'allier sujets légers et sujets plus intimes, plus confidentiels. Il lui avait parlé de sa femme, des problèmes mentaux qui l'avaient poussé à laisser de côté son homme et ses enfants. Son ex-conjointe devait avoir de bonnes raisons pour laisser un homme comme lui. Ella se disait que c'était probablement par protection qu'elle l'avait fait. Mali semblait du même avis. Mais sa dernière phrase lui faisait mal au cœur. Il ne le saurait peut-être jamais. « J'espère que tu auras un jour l'occasion d'en savoir plus. » Elle l'espérait de tout cœur, pour qu'il cesse toute interrogation et pour qu'il puisse tourner la page, aussi. Jusqu'à présent, il disait lui-même qu'il n'avait pas le temps, pas le temps de prendre du temps pour lui, pour assimiler pleinement la perte qu'il avait vécu. « Ce n'est probablement pas sain, en effet. » répondit-elle en hochant la tête. Elle ne voulait pas se mêler de ce qui ne la regardait pas, mais si cela lui permettait de prendre du recul, de penser à lui dans cette histoire, ce serait une avancée considérable. « Enfin, ce que je veux dire. C'est qu'il faut que tu penses à toi aussi, dans cette histoire. Il faut que tu affrontes ta peine pour pouvoir avancer sur des bases plus saines. Pour tourner la page aussi. » Il le prenait en riant. Elle le disait en souriant. Mais les mots étaient dits. En écho à de telles confidences, Ella évoqua sa propre histoire, elle qui n'en parlait pourtant jamais. Elle pouvait comprendre que son ex était effrayé. Maliyan lui rappela qu'elle aussi devait l'être. « Oui, mais contrairement à lui, je l'ai voulu. » C'était là que résidait toute la différence. Elle avait voulu ce bébé, du plus profond de son être. Et cette envie avait été plus forte que la peur. Sur ces mots et ces premières confidences, ils repartirent chacun de leur côté, le cœur plus léger en sachant qu'ils se reverraient le lendemain même.
Le lendemain, justement, Ella était un peu en avance. Elle qui était souvent en retard avait réussi à tout faire pour être en temps et en heure au bar de la plage. Elle ne savait pas vraiment comment nommer ce rendez-vous. Oui, elle était là pour donner le loyer, mais il y avait bien plus derrière. Il y avait cette envie d'en apprendre plus sur lui, sur sa vie, sur ce qu'il était. De nature sociable, cela faisait pourtant très longtemps qu'elle n'avait pas ressenti cela. Cela faisait des années qu'elle ne s'était pas sentie autant comprise. Et cela valait énormément. Entendant un bruit de moto, ses yeux observèrent au loin le jeune homme qui garait son véhicule à deux roues. Ella afficha directement un sourire sur les lèvres alors qu'il la rejoignit rapidement. « La voilà, la fameuse moto ! » lança-t-elle, amusée. Si Noah avait été là, il aurait été fasciné. Alors qu'il la salua en déposant ses lèvres sur sa joue, sa main sur sa taille, la main d'Ella sur son bras, n'importe quelle personne aurait du mal à croire qu'ils ne se côtoyaient que depuis 24 heures. Mais cela se faisait naturellement. « Très bonne journée, oui. » répondit-elle, en s'installant à la table choisie. « J'ai peut-être trouvé un nouveau boulot. Et comme tu vois, j'ai réussi à refiler le gamin pour la soirée. Alors oui, bonne journée. » Elle se mit à rire, en ajoutant avec humour : « Je ne sais pas si une mère a le droit de dire ça, en fait. » Elle plaisantait, évidemment. Même si cela lui faisait du bien de ne pas avoir Noah près d'elle, de temps en temps. C'était aussi positif pour elle que pour son fils. « Et toi ? Ta journée ? » |
| | | Invité | Sujet: Re: the great divide (ella) Sam 15 Juin 2019 - 5:31 | |
| Vous faisiez tellement de sacrifices, vous étiez bien en droit de rire un peu de ces exagérations. Puis, Ella n’avait pas totalement faux lorsqu’elle parlait de délivrance. Vos enfants seraient sans doute choqués de vous entendre parler d’eux ainsi, mais vous étiez humains après tout. Si les trois gamins berçaient encore doucement dans l’enfance, vous aviez dû retrousser vos manches en rentrant de plein fouet dans l’âge adulte, peut-être trop tôt à votre goût. L’insouciance vous manquait parfois, ironique lorsqu’on savait à quel point vous pouviez être terrifiés à l’idée de la lire dans le regard de vos enfants. « Je ne sais pas s’il y a vraiment un moment précis sur lequel je pourrais mettre le doigt. Sans doute une chaîne de petits ou gros événements qui m’ont mené jusque-là. » Les derniers mois ayant d’ailleurs été décisifs de ce côté-là. Tu ne pouvais plus te permettre la légèreté d’avant, maintenant que tu étais le seul parent pour Miro et Lowanna. Plus de responsabilités et de temps partagés. Que toi, et tout ton bagage handicapant. Heureusement, tu te gardais encore un peu de temps pour tes nombreuses activités qui te faisaient vibrer, toi, et ton être tout entier. « J’espère que c’est bien insonorisé et qu’il ne nous écoute pas, alors. » Fis-tu remarquer en riant, le regard tout aussi rieur. Pour ce qui était de l’insonorisation, si ça laissait à désirer, c’était un peu ton problème, puisque t’étais le propriétaire. Un sourire fier se dessina sur tes lèvres quand Ella désigna tes enfants de beaux petits guerriers qui te suivraient dans tes aventures. « J’espère qu’ils seront passionnés autant que moi. J’les forcerai jamais à m’suivre si le cœur n’y est pas pour eux, mais j’avoue que ça m’ferait de la peine. » Tu aurais toujours d’autres partenaires pour te suivre dans tes folies, sans doute. La preuve, Ella venait elle-même de laisser sous-entendre son intérêt à t’accompagner en plongée. Que Noah vous suive ou non, toi, t’étais absolument partant. Elle sembla tout aussi enjouée, d’ailleurs. C’était drôle de vous voir aller en sachant que quinze minutes plus tôt, elle t’appelait Monsieur Mawukura. Te voilà en train de lui parler du départ soudain de ta femme et de ses troubles mentaux, comme si tu la connaissais depuis des lustres. Tu faisais peut-être confiance trop facilement, ou peut-être était-ce juste l’effet qu’Ella avait sur toi. « Je l’espère aussi. Only time will tell. » Tu haussas les épaules. Tu essayais de vivre le plus en paix possible avec la situation, même si c’était souvent difficile. Encore plus lorsqu’on savait que tu n’avais pas vraiment pris le temps de vivre cette souffrance-là, la refoulant toujours sous prétexte d’avoir mille-et-une choses à faire. Ce comportement n’était pas forcément sain, comme vous le disiez. « Je comprends ce que tu veux dire. Et t’as tout à fait raison. » Après, ce que tu ferais de ça, t’en savais rien. Tu ne savais pas vraiment comment gérer la douleur, pour tout dire, alors pour le moment ton mécanisme de défense te convenait. Tu écoutas finalement l’histoire d’Ella, qui était tout aussi triste. Vous aviez tous les deux été marqués d’un abandon alors vous pouviez vous comprendre là-dessus aussi. Tu hochas la tête quand elle releva la différence entre elle et le père de Noah : elle avait voulu de Noah, contrairement à lui. « C’est la triste différence, oui. » Conclus-tu, avant de finalement reprendre le chemin vers l’entrée, convenant d’une heure et d’un lieu pour le lendemain, pour ce second paiement de loyer qui prenait tout d’un coup la tournure d’un rendez-vous plus qu’autre chose.
*** Ton casque sous le bras, tu rejoignis Ella sans plus tarder, dès que tu l’aperçus à l’ombre du bar de la plage. Tu tournas la tête vers ta moto lorsqu’elle la désigna, affichant un grand sourire. « Dans toute sa splendeur ! » Renchéris-tu dans un rire, avant de te tourner vers la jeune femme. « T’es déjà montée sur une moto ? » Demandas-tu, curieux, et surtout parce que tu proposerais certainement de lui faire faire un tour plus tard, si elle n’avait jamais vécu l’expérience. C’était à faire au moins une fois dans une vie. Tu lui fis la bise sans gêne avant de t’installer face à elle à une table de la terrasse. « Oh vraiment, où est-ce que tu bosserais ? » Demandas-tu, toi qui passais d’un emploi à un autre depuis ton arrivée à Bowen, tu te disais que tu devais avoir fait le tour d’au moins la moitié des employeurs. « Une mère a le droit de tout dire. » Tu lui adressas un furtif clin d’œil en riant, complice, avant de te caler dans ta chaise pour répondre à sa question. « Et bien, j’aurais plutôt aimé me trouver un nouveau boulot. » Blaguas-tu, pour faire référence à celui qu’elle, elle s’était trouvé. « J’ai fini de travailler tard, mais ce petit moment plus relaxe suffira à compenser, j’en doute pas. » Un serveur vous amena les menus à ce moment, et tu le remercias avant de l’ouvrir et de le poser face à toi, sans vraiment le regarder. « J’repensais à notre conversation, hier … » T’y avais beaucoup repensé, oui. Le sourire aux lèvres. Le cœur plus léger. Et des éclairs de jugement envers toi-même quand tu réalisais que t’avais beaucoup trop parlé de toi. « J’t’ai défilé la liste de ce que j’aime faire comme si j’étais le centre de l’attention mais je ne sais même pas, toi, qu’est-ce qui te passionne ? » Tu cherchais à te rattraper un peu, du coup. Et, surtout, t'avais envie de découvrir Ella. |
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