A million dreams + Jake

Cinq heure du matin, je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit. J’ai confié Romy à mes parents depuis hier, ils étaient trop heureux de pouvoir passer du temps avec leur petite fille qu’ils n’ont pas vu grandir en presque deux ans. Cette enfant me surprend tous les jours, ses capacités à s’adapter sont bien meilleures que les miennes, nous sommes de retour à Bowen depuis quelques jours seulement et il semblerait presque qu’elle n’avait jamais quitté cette ville ni notre famille alors qu’elle avait à peine un an et demi lorsque nous sommes parties pour l’Europe, autant dire que ces lieux, ces personnes, devraient être comme des étrangers pour elle, mais visiblement non. Je l’admire, son sourire franc lorsque de vieilles connaissances nous abordent, le jet-lag qui n’entame pas sa bonne humeur,... Alors que moi je n’y arrive pas. Ici tout me semble triste, mort, je me force à sourire aux autres et à avoir l’air heureuse de les retrouver alors que je n’ai qu’une envie, m’enfermer chez moi, me cacher sous ma couette. Tout ici me rappelle cette vie que nous avons perdu. Pourtant c’est un choix que j’ai fait et que je compte bien assumer, avec le temps, j’avais besoin de revenir, je retrouver ma famille, mes amis, ou ce qu’il en reste, ma vie, quoi qu’il en coûte. Et pour retrouver cette vie il me faut renouer avec mes premières amours, voilà pourquoi je déambule dans cette cuisine que je connais si bien, avec pour simple lumière celle de la hotte allumée, pour ne pas alerter les voisins. Mon magasin, mon chez-moi. Qui ne m’appartient pourtant plus vraiment puisque j’ai cédé les plus grosses parts de la boutique à Jake alors légalement je n’ai aucun droit d’être là ce matin. Mais j’avais toujours gardé un double des clés et j’avais besoin de revenir ici, seule, sans l’agitation de la boutique ouverte. J’ai ouvert les placards, fouillé un peu pour retrouver mes repères et puis petit à petit j’ai sorti les ingrédients et finit par commencer à travailler sans vraiment m’en rendre compte. Des cupcakes à la rose, les tout premiers gâteaux que j’ai servi à mes tout premiers clients, voilà presque dix ans, ceux qui avaient fait ma renommée et fidéliser les gourmands. Je suis tellement prise dans mon travail que je n’entends pas la porte s’ouvrir ni les pas s’avancer vers moi, jusqu’à ce que je relève le nez et mes doigts pleins de farine vers celui qui semble avoir vu un fantôme. Jake ! Surprise ! Étrangement, depuis mon retour, il est la première personne que je suis réellement heureuse de revoir et à qui j’offre un sourire aussi franc. Sans me rendre compte qu’il ne sera peut-être pas aussi content que moi de ces retrouvailles imprévues ni du bazar que j'ai mis dans sa cuisine.

En quittant Bowen si précipitamment, voilà près de deux ans, je ne pensais pas me mettre quiconque à dos, en vérité je n'ai pas réellement réfléchi aux conséquences de mon départ. Il fallait que nous partions, Axten, Romy et moi, la santé de mon mari en dépendait et c'était tout ce qui comptait à l'époque, cette lueur d'espoir, même si mince, que nous offrait ce professeur à Londres. J'aurais tout donné pour qu'il le soigne ou au moins qu'il lui donne plus de temps, j'ai tout donné même, ma vie, ma carrière, j'ai tout plaqué. Et malgré les sacrifices et l'issue fatale de cette fuite, si c'était à refaire, je n'hésiterais pas. La personne que j'ai sûrement le plus négligé durant ces quelques mois ce fut probablement Jake, je lui avais déjà cédé ma boutique du centre-ville avant mon départ, il la gérait tout seule depuis plus d'un an à l'époque et elle fonctionnait bien sous sa tutelle, il avait de bonnes idées pour la faire tourner et les clients l'appréciaient alors nous avions fait tous les papiers pour qu'il en soit l'actionnaire principal. Et quand j'ai pris la décision de quitter Bowen, nous avons rapidement convenu qu'il s'occuperait des deux autres magasins, pour le reste, les démarches, les signatures, tout avait été vu avec mon avocat et j'ai géré tant bien que mal à distance. J'ai sûrement eut l'air détaché, voir même carrément froide envers mon nouvel associé, mais la vérité c'est que je lui faisais totalement confiance pour s'occuper de tout. Et puis surtout, je n'étais pas en état psychologiquement de m'occuper de mes affaires professionnelles. J'ai eu un choix à faire et j'ai choisi ma famille, envers et contre tout, quitte à lui tout lui refiler, le bon comme le sale travail. Pourtant je n'ai jamais rien eu contre Jake, c'est pourquoi, ce matin, je lui adressais un sourire franc. Pourtant je fus accueillie par son air surpris et... peu avenant. A sa question je regardais tout autour de moi, réalisant que j'avais mis le plan de travail sans dessus dessous, moi qui avais l'habitude d'être ordonnée, maniaque, surtout dans mes cuisines, j'avais visiblement perdu mes bonnes manières ce matin. Je m'étais trop emballée, trop heureuse de retrouver ces sensations oubliées et l'envie e me remettre au travail que j'avais perdu depuis des mois. Je fais... des cupcakes. Petite moue boudeuse, mes cheveux me tombaient dans les yeux alors je les repoussais du revers de la main, ajoutant une traînée de farine à mon maquillage inexistant. Je ne pensais pas te voir arriver aussi tôt. Pourtant tu es matinal, tu l'as toujours été... J'avais oublié, comme tant d'autres choses. Depuis quelques jours. Je comptais t'appeler... Mes mains se posèrent sur le fourneau en même temps que je lâchais un petit soupire. J'avais la trouille, je ne savais pas comment t'aborder. Pardonne-moi. Je n'avais aucune raison de m'excuser, c'est vrai, qu'il me pardonne de quoi ? D'être revenue à Bowen ? Je n'avais pas à lui demander la permission, ni même de revenir chez moi, dans ces cuisines. Pourtant face à son air sévère je perdrais mon flegme, je me sentais comme une gamine qu'on prenait la main dans le sac.

J'ai toujours entretenu de bons rapports avec mon personnel, employeur exigeante mais juste, je demandais beaucoup à mes équipes, un travail irréprochable, la ponctualité, une propreté quasi chirurgicale et l'amabilité envers le client. Cependant je savais leur rendre les efforts qu'ils faisaient, avec des jours de congés, des primes ou des petits cadeaux. J'ai mis du temps pour m'entourer des bonnes personnes, au départ j'ai commencé seule et je faisais tout, mais quand la première boutique a commencé à rencontrer le succès j'ai dû apprendre a déléguer, je n'étais pas contre mais je tenais à recruter des salariés en qui je pourrais avoir une totale confiance. Et ce fut le cas pour Jake, il était certainement ma meilleure recrue. Je n'avais pas eu à le former, il avait déjà de l'or dans les mains, il fallait juste savoir composer avec son caractère entier et ambitieux. Il aurait pu quitter Imogen pour monter sa propre affaire, c'était peut-être ce qui m'effrayait le plus à l'époque, parce qu'à force de le côtoyer il était devenu mon pilier lorsque j'avais le sentiment de me laisser submerger. Alors j'avais finit par lui confier la boutique du centre-ville et puis finalement il en était devenu l'actionnaire majoritaire, en gros il était chez lui il ne portait plus que le nom Imogen, il avait l'obligation de continuer dans l'optique que l'on avait et il me reversait une commission, de cette façon je le gardais dans les rangs, bien précieusement, mais il était aussi son propre chef c'était finalement le parfait compromis. Je comptait beaucoup sur lui et je l'estimais beaucoup. Pourtant il semblait ce matin qu'il ne voit pas mon retour d'un très bon œil et son accueil me refroidit, moi qui avais hâte de le revoir, je me heurtais à son air méfiant sans comprendre. Comme prise en faute, je tentais de me justifier maladroitement. Je sais... je ne pensais pas rester et encore moins me mettre au travail. Je ne sais pas ce qui m'a pris. En vérité depuis le départ d'Axten je fonctionnais bizarrement, un peu de travers, j'avais le sentiment d'être toujours la même pourtant j'avais changé, c'était mon entourage qui me le faisait remarquer et ça me déstabilisait, moi qui avais toujours le contrôle moi qui régissais ma vie au millimètre, il semblait presque que je sois prise de folie. Ce n'était pas un mensonge, je comptais bien l'appeler, ou passer en journée pour le voir mais c'était plus facile à dire qu'à faire et chaque jour je repoussais l'échéance, jusqu'à cette nuit. Non. Enfin oui, je sais qu'elles fonctionnent bien, je te fais confiance. Je fronçais les sourcils évidemment que je lui faisais confiance et puis il savait bien que j'avais toujours des droits sur cette affaire et que mon comptable me tenait informée des chiffres. J'avais bien remarqué que cette boutique fonctionnait bien, même bien mieux qu'à l'époque où j'avais laissé la barre à Jake après m'être effondré en apprenant la maladie de mon mari. Et j'étais heureuse de ce succès, fière de lui même. Oui, oh pardon, je vas ramasser il n'y a plus qu'à enfourner de toute façon. Fais comme si je n'étais pas là, tu ne remarqueras même plus que je suis passée. Je me faisais toute petite, une petite souris effrayée. Et je commençais déjà à ranger les ingrédients à leur place dans les placards. A sa question je relevais la tête. J'ai fait une vingtaine de cupcakes à la rose. Les vieilles habitudes, tu sais... Et voilà que je me justifiais face à celui qui me grondait. Que je me sentais cruche. Je plaçais le paquet de sucre à sa place et après avoir vérifié la température du four j'enfournais mes gâteaux. Puis j'attrapais une éponge pour nettoyer ma place. J'étais toujours aussi efficace, au moins je n'avais pas perdu ça.

On pouvait le dire, quand Jake était contrarié ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Le problème c'était que je ne voyais pas vraiment pour quelle raison. J'imaginais au départ qu'il avait été surpris de me retrouvé en bonne place dans ses cuisines et qu'il n'avait pas aimé ce genre de surprise là. Mais une fois la stupeur passée, il aurait pu se radoucir, mais non, il gardait cet air renfrogné et cette attitude froide envers moi. En vérité il me mettait vraiment mal à l'aise, je ne savais pas quoi dire ou quoi faire pour détendre l'atmosphère. Je baissais alors les yeux, de plus en plus penaude, comme s'il avait vraiment le droit de me parler sur ce ton. J'avais besoin de retrouver mes repères... C'est tout. J'en aurait presque mordillé une mèche de mes cheveux comme quand j'étais gamine et apeurée. Allez, une nouvelle pique de son cru et j'étais de moins en moins sûre de mériter ce genre d'attitude, sous certains aspects il était encore mon employé, mais je n'avais aucune envie d'avoir à le lui rappeler, je n'étais pas là en tant que patronne. Il n'avait pas tord, depuis quelques mois j'étais aux abonnés absents lorsqu'il s'agissait de s'occuper du business, disons que j'avais d'autres choses en tête et même l'idée que mon commerce se casse la figure ne m'atteignait pas tellement. En même temps, entre perdre l'amour et perdre de l'argent j'avais mes priorités. Le problème étant que Jake n'était pas au courant de la fin tragique de l'histoire, il savait pour quelle raison j'avais quitté Bowen précipitamment, mais je ne l'avais pas tenu au courant de la mort de mon mari, disons qu'il n'avait pas vraiment été la première personne à laquelle j'avais pensé, malgré nos apparents bons rapports professionnels... professionnel c'était le mot, j'appréciait le pâtissier, mais nous n'étions pas intimes au point que je m'épanche sur son épaule. Je baissais une nouvelle fois les yeux, n'arrivant définitivement pas à lui donner les raisons de mon silence. Il allait se mettre au travail et moi je gênais manifestement. Je tentais une pointe de légèreté histoire de détendre l'ambiance mais visiblement il lui fallait plus au garçon. S'il voulait que je parte alors autant lui laisser le champs libre, j'aurais tout le temps de revenir le voir pour discuter une autre fois après tout... Vingt cupcakes, ça allait partir rapidement, je le savais bien, ils avaient toujours eu beaucoup de succès à mon époque. Mais je me doutais que le pâtissier avait déjà prévu ses préparations pour la journée alors ça ajouterait une petite touche de renouvellement. Et puis qui sait... il viendrait peut-être m'en redemander ! Quoi que j'en doutais, il avait une fierté bien trop mal placée, il n'oserait pas venir me réclamer quoi que ce soit. Je hochais la tête et le laissais travailler. Relevant mes manches je m'attaquais à la plonge, pas besoin d'utiliser le lave vaisselle pour si peu. Une quinzaine de minutes plus tard le four sonna, mes gâteaux étaient cuits. Je les sortais du four, ils sentaient bon et ils étaient beaux, j'en souriais, fière comme si c'était mes premières pâtisseries. En un sens c'était le cas, je n'avais plus mis la main à la pâte depuis si longtemps, je ne faisais que des choses très simples, pour Romy, rien de plus. Il fallait laisser les gâteaux refroidir avant de pouvoir monter la crème pour les terminer. Du coin de l'oeil j'observais Jake travailler dos à moi. Puis, curieuse, je m'approchais de lui, m'adossant au grand frigo. Tu m'en veux pour quoi exactement ? D'être partie ? De t'avoir laissé le champs libre ? De n'avoir donné aucune nouvelle ? Croisant les bras sur ma poitrine je fronçais les sourcils. On s'entendait bien avant mon départ... là j'ai l'impression que tu me reproche tous les maux de la Terre. T'as pris la grosse tête, Jake ? Ou bien tu crois que je viens reprendre mon dû alors que tu as fait tout le travaille ? On se connait toi et moi, autant se parler clairement. S'il me prenait pour une menace autant mettre les choses à plat directement, il comprendrait vite que je n'étais pas la méchante de l'histoire.

...Un peu de tout ça. Et d'autres choses aussi. Et bien, il devait peser lourd son sac de reproches à Jake, pour qu'il me sorte ça. Comme si j'avais été à l'origine de tous les maux de la terre. Pourtant à bien y regarder il s'en sortait bien, l'entreprise tournait parfaitement, il pouvait en être fier, il semblait en forme, même si je ne connaissais rien de sa vie privée et qu'elle ne me concernait pas. En vérité je me demandais bien ce qu'il me reprochait tant. Si c'était de lui avoir fait entièrement confiance pour mener la barque et faire en sorte que tout marche sans moi, il était un peu gonflé. Je me redressais un peu, les bras toujours croisé et tentais d'en savoir davantage. Et croyais bien qu'à ce moment là je n'en avais plus grand chose à faire de le déranger dans son travail. Alors il finit par m'en dire un peu plus, me faisant m'offusquer au passage. Je n'y comprenais rien moi qui chantais ses louanges à toute personne qui me parlait de lui, comment pouvait-il penser que je le critiquais ? J'avais beau chercher, je ne trouvais pas. S'il s'agissant encore de rumeurs comme beaucoup pouvaient courir dans cette ville, celle-ci serait totalement erronée. Avant mon départ pour l'Europe, j'avais passé une période difficile, avec le retour d'Axten, l'annonce de sa maladie et tous les chamboulement qu'elle avait emmené avec elle, je n'étais plus vraiment moi-même, plus vraiment à mon travail aussi. J'étais facilement irritable et à fleur de peau. Alors peut-être bien qu'à cette époque là j'avais eu un comportement limite envers mes salariés, peut-être que j'avais été plus exigeante qu'habituellement, plus critique aussi, surtout envers Jake, à qui j'en demandais déjà beaucoup. Mais jamais je ne l'avais fait dans son dos ni par méchanceté ou jalousie et je ne pensais pas être allé jusqu'à lui manquer de respect. Pourtant le temps faisait son oeuvre, mon indisponibilité pour discuter à cette période avait sûrement creusé le faussé entre nous et le silence qui s'en était suivi n'avait visiblement pas aidé, aujourd'hui Jake m'en voulait et au fond il n'avait pas totalement tort. Mais pas totalement raison non plus ! En femme bornée et tenace, je n'allais pas lâcher le morceau si facilement et admettre ventre à terre que je devais m'excuser, il se trompait sur mon opinion sur lui et il allait le savoir. On s'entendais assez pour que je te cède cette boutique. Sans ça je n'aurais jamais passé cet accord avec toi. De bons pâtissiers on en trouve toujours, mais c'était de toi dont j'avais besoin. Et c'est pour ça que j'étais dure envers toi. Je m'approchais en m'accoudant à son plan de travail tandis qu'il continuait sa recette, visiblement irrité. C'est ce que tu penses ? Que je veux tout récupérer. J'ai déjà bien assez à faire avec les deux autres boutiques si je veux espérer sauver quelque chose. Ce magasin est le tien et mon retour ne change rien. J'ai besoin de toi ici Jake. J'ai besoin de toi tout cours même. Léger soupire, je comprenais que je n'avais aucun intérêt à lever le ton et puis je n'en avais pas envie, j'en avais assez de me battre avec la terre entière, j'avais juste besoin d'être épaulée. Je crois qu'on a beaucoup de choses à se dire. Je sais que j'ai eu tort de partir si vite et de garder le silence si longtemps. Mais c'était nécessaire. Maintenant que je suis revenue j'espère que les choses pourront s'arranger avec le temps. Parce que je n'étais pas sotte, tout n'allait pas rentrer dans l'ordre en un claquement de doigts.

Au fur et à mesure je finissais par comprendre que tout ce que je pourrais dire ou faire serait une critique, voir une insulte aux yeux de Jake ce matin. J'y étais sûrement allé fort, trop fort, pour une seule fois, j'avais déjà débarqué dans sa boutique comme si c'était encore chez moi, comme si je n'étais jamais partie, sans prévenir, j'avais mis mon bazar et en plus je lui imposais ma présence en lui demandant une discussion qui tournait à l'affrontement, un vrai cauchemar. Je ne pensais pas mal faire, bien au contraire, mais je ne faisais que m'enfoncer de plus en plus. Je n'ai pas besoin que tu me remercie une fois de plus, en effet. Si Jake pensais que j'avais à m'en faire pour ma réputation il avait tort, je savais parfaitement comment reconquérir mes clients et ça ne m'effrayait pas du tout, j'étais du genre fonceuse et persévérante, j'avais réussi une première fois, dans un monde relativement masculin où peu de femmes avaient les épaules pour assumer une carrière de pâtissière cheffe d'entreprise et je savais qu'avec patience et subtilité, j'arriverais à retrouver ma clientèle. J'en avais la preuve depuis ces quelques semaines, chaque personne qui me reconnaissait dans la rue semblait heureuse de me revoir, je m'arrêtais quelques minutes pour discuter, je leur souriait et leur proposais de venir déguster mes nouveautés, j'étais enjouée, charmante, je jouais bien la comédie de la femme épanouie prête à reprendre du service. Même si tout n'était que façade, parce que j'étais épuisée d'avance face au travail à fournir, parce que mon moral était loin d'être bon, mais il fallait que je le fasse, sinon j'allais m'écrouler, tout simplement. Et c'était payant, certains clients revenaient à la boutique, ils m'encourageaient, j'avais une chance folle et Bowen était une petite ville, la nouvelle de mon retour en ferait vite le tour. Je suis d'accord avec toi. D'autant plus qu'on n'a pas de raison de se faire la guerre. Je tenais à ce qu'il le sache, sauf si lui souhaitait dire quelque chose, puisqu'il semblait tant m'en vouloir mais qu'il ne faisais que me lancer des piques désagréables. Mais peut-être devais-je juste attendre que les choses se tassent, qu'il digère mon retour et tout rentrerait dans l'ordre, peut-être... même si ça allait être difficile, pour moi qui avais besoin de m'exprimer pour extérioriser. Bien, alors si c'est ce que tu penses, qu'on n'a rien à se dire, je vais te laisser tranquille. Et je tournais les talons, déçue mais vaincue pour ce matin. Cette petite discussion avait au moins eu l'avantage de laisser du temps à me cupcakes de refroidir convenablement. Je retournais terminer leur montage avec le pochage de la crème à la rose. Quelques décorations raffinées et je les mettais au frais. Mon travail était terminé, une petite photo pour mettre sur les réseaux sociaux, ma nouvelle arme pour faire la pub des boutiques en utilisant les dernières tendances. Je ramassais mes affaires et passais devant Jake qui continuait à travailler comme si je n'existais pas. Je te laisse. J'ai mis les cupcakes au frais, merci de m'avoir laissé terminer. Bonne journée. Petit signe de tête et j'allais tourner les talons pour le laisser tranquille, pour son plus grand plaisir certainement !