Deeper than the ink beneath the skin of our tattoos . ft. Florian

C’était innocemment que tu avais envoyé toutes ces lettres à ton frère lorsque tu étais en prison. Et tu avais été lourdement peiné de ne jamais avoir de réponses. Mais c’était ainsi, il ne te croyait pas à l’époque. Et tu ne lui en avait longtemps voulu, mais maintenant c’était du passé. Voir son visage si triste devant toi à propos de ces disputes entre vous te faisait comprendre à quel point il se sentait lui-même coupable de ne pas t’avoir cru pendant toutes ces années. Il n’arrivait même pas à s’exprimer, et d’un côté, ça te faisait bizarre de voir ton frère de la sorte. Surtout qu’il avait toujours été très expressif, très sûr de lui. Mais il semblait troublé par ces retrouvailles. « Je préfère que tu sois venu ici pour me dire tout ça, plutôt que de le lire dans une lettre » avouas-tu à ton grand frère avec un mince sourire sur tes lèvres. Les mots qu’ils te disaient valaient plus qu’un lettre envoyé en guise de réponse il y a cinq ans. Vous étiez perdu en mer, vous avouant tous les deux que vous regrettiez ces années passées l’un sans l’autre. Et c’était un tableau dont tu avais rêvé pendant des années. Maintenant, c’était la réalité. Tu étais assis d’un côté du bateau, et tu voyais qu’Henri était dépassé par les émotions. Alors tu souris, comme pour montrer que tu étais heureux de le voir après tout ce temps. « On rattrapera tout le temps qu’on a perdu, je te le promet » dis-tu à ton frère, toujours ton sourire aux lèvres. Le soleil se couchait sur la baie de Bowen, et tu admirais le paysage. « J’ai rencontré une fille, elle s’appelle Billie et elle est norvégienne. On est ensemble depuis peu mais je suis heureux et je crois que je suis amoureux » avouas-tu en, finalement, posant un regard sur ton frère. C’est vrai que tu étais heureux avec cette fille, et que tu rêvais de la présenter au canadien. « Et toi alors ? Tu as fais quoi pendant toutes ces années ? » demandas-tu curieux au jeune homme, voulant connaître les moindres détails de la vie de ton frère.

HJ:

Ces lettres...Aurais-je seulement réussi à les écrire ? Rien n’était moins sûr, en fait. Mettre des mots sur mes émotions, ça n’avait jamais été mon fort de toute manière. Pour cela, je tenais un peu de notre père, qu’on surnommait l’ours des cavernes quand nous étions gamins, Flo et moi. Et mon petit frère avait raison, c’était mieux que nous nous voyions pour parler de tout ça, c’était mieux pour moi d’avoir pris cette décision de venir le voir en Australie – et peut-être y vivre. Je souris quand il parla de rattraper le temps perdu. On ne pourrait rien rattraper à proprement parlé, bien sur, mais je voyais où il voulait en venir.
— Bowen n’a qu’à trembler, plaisantai-je, les frères Dickerson débarquent…
Je ris à ma propre blague et me laissai bercer mais les vagues. Cela faisait longtemps que je n’avais pas été en mer avec Florian, ni avec mon père d’ailleurs. Cela avait toujours était l’élément de mon frère, plus que le mien, mais je comprenais facilement pourquoi il aimait tant ça. La mer avait un drôle de pouvoir, elle apaisait, appelait au calme. Je me sentais un peu mieux déjà qu’au moment où nous avions quitté le port. Florian me parla de sa vie ici, à Bowen. Ces cinq années que j’avais loupées, ou du moins un petit morceau. Il me parla d’une femme, une norvégienne, et je ne pus m’empêcher de sourire.
— Toi t’es amoureux ? m’étonnai-je, comme quoi…tout arrive ! Je plaisante…je suis heureux pour toi, il faudra que tu me la présentes.
C’était drôle, ces rôles qui s’inversaient. Plus jeunes, on avait toujours cru que c'était moi qui finirais marié avec deux gosses, un monospace, une maison et un chien à trente ans, mais il n’en était rien. Loin de là même.
Florian était amoureux, je ne l’avais, moi, plus été depuis longtemps…
— Ma vie ? soupirai-je. Bah…y’a pas grand chose à dire. Le boulot…je me suis consacré qu’à ça, je suis bon dans ce que je fais, et j’ai une réputation maintenant mais…j’ai perdu pas mal de chose en route, je crois. Toi le premier…