don't you dare (noah)

L’égo et l’orgueil visiblement attaqués, Noah s’était emparé de son premier shooter et puis rapidement, il s’enfila le deuxième et le troisième aussi. Le tout, sous le regard fier d’Elmo, fier de son coup, fier d’avoir poussé son ami au vice jusqu’au bout. Quel piètre exemple il faisait. En plus, si quelqu’un n’était pas un modèle à suivre c’était bien Elmo. Qui voudrait avoir l’air de ça à cet âge où tous les horizons auraient dû s’ouvrir à lui ? Il ne faisait que tout foutre en l’air, sa vie et ses relations y comprises. Et aurait presque pu croire qu’il tentait de tuer un de ses meilleurs potes, aujourd’hui. Il avait tellement ce besoin de se sentir vivant et cool que même le danger ne sonnait plus aucune alarme au-dessus de sa tête. Noah était tout aussi pire que lui là-dessus, d’ailleurs. Ce qui faisait en sorte que leur duo était des plus dangereux. « Yaaaassss. » Avait juste lancé Elmo en voyant son ami reposer son troisième verre. Ce dernier s’adossa un peu trop brusquement à son dossier de chaise et celle-ci cassa d’un coup sec, envoyant Noah par terre dans un bruit lourd. Elmo écarquilla les yeux, la bouche ouverte de surprise, se levant de sa chaise dans un automatisme pour regarder par-dessus la table. « HAHAHAHAHAHAHAHAHA. » Il éclata de rire en voyant son ami au sol, après avoir sommairement constaté qu’il n’était pas à l’article de la mort. « Oh my god c’était encore plus drôle que tous les défis de la journée, HAHAHA, comme quoi on n’a pas toujours besoin de trouver les pires paris pour avoir un peu de plaisir ! » Oui bon, pour le coup, il n’y avait qu’Elmo qui semblait avoir du plaisir, là. Le serveur vint se confondre en excuses, amenant une nouvelle chaise à Noah et leur offrant les consommations. « Wow. Thanks bro. Du coup comme j’ai déjà payé on peut juste recommander une autre tournée gratuite. » Après avoir lancé un regard malicieux au lycée, il éclata de rire. « Fais pas cette tête j’rigole, j’vais décéder sinon, déjà que tu me laisses tout ça. » Il désigna les shooters qu’il s’apprêtait justement à terminer, les quatre affilés.

Hilare, Elmo ne fit que s’esclaffer encore plus lorsque Noah remit tout sur sa faute, y compris la chaise. C’était surtout ça qui le fit se marrer, en fait, parce que son discours était incohérent et abusé. De toute façon, avec les shooters avalés en une vitesse grand v, il n’avait plus toute sa tête non plus, l’italien. Son humanité, elle était bien loin derrière lui, oui. Déjà qu’il était reconnu pour être insouciant et égoïste, ce ne serait pas dans son état actuel qu’il commencerait à s’inquiéter outre-mesure pour Noah. « Dans mon cul ? Mmm, j’préfère pas, paraît que les gays s’foutent parfois des trucs en verre là-dedans et qu’un paquet se ramasse à l’hôpital avec l’anus déchiré par les morceaux cassés. J’tiens trop à mon anus pour ça tu vois. » Expliqua Elmo, sans gêne, sans retenue, sans considération. C’était sa façon de tout ramener à l’humour, même si son humour était parfois vraiment de très mauvais goût. L’italien se ferma au moins la gueule le temps de terminer les quatre shooters laissés à l’abandon par le lycéen. Quand il eut terminé, ils quittèrent l’établissement, sans qu’Elmo n’oublie toutefois de repasser par le comptoir du bar pour se faire rembourser sa tournée – c’est qu’on la lui avait promise gratuite, et il n’était qu’un étudiant, hein. Ils sortirent de l’établissement, tous les deux en titubant. « Les plus beaux. Ma maman serait fière. » Lâcha Elmo avec un sourire même si au fond de lui, il savait que ce serait tout le contraire. Oh, comme elle s’en voudrait d’avoir laissé son fils partir à l’autre bout du monde, seul avec son insouciance reconnue. Ils s’assirent sur un banc après quelques mètres de marche, incapables de poursuivre. « C’est le plan parfait pour qu’on se ramasse tous les deux dans un ravin et qu’on y crève, ça. » Répondit Elmo à la proposition de Noah qu’il le porte jusqu’à chez lui. Il soupira, trop plein de piments et d’alcool. Il tourna un regard surpris à la question de son ami. « C’est pas la beauté de la chose ? » Demanda Elmo d’abord amusé, puis un peu plus sérieux. « Tu veux qu’on arrête ? » Il serait triste, l’italien, de perdre cet ami prêt à repousser toutes les limites avec lui. Mais c’aurait été la décision raisonnable à prendre. Le problème, c’est qu’ils ne l’étaient pas du tout, raisonnables.

Heureusement que Noah lui affirma ne pas vouloir arrêter, parce qu’Elmo n’aurait plus su quoi faire de sa vie, s’il n’avait pas son pote pour réaliser ses envies les plus folles avec lui. Bon, parmi ces envies les plus folles se trouvaient aussi quelques défis qu’il n’avait absolument pas le désir d’accomplir, mais ça venait avec le jeu. Et il ne l’échangerait pour rien au monde. « Tu m’as fait peur deux s’condes. » Parce qu’il ne retrouverait jamais quelqu’un comme Noah et, surtout, il ne voulait pas chercher à le remplacer. Noah était un peu comme le petit frère qu’il n’avait jamais eu et il respectait assez son rôle de grand frère, selon lui, en l’embarquant dans ce genre de conneries. Mais Elmo lui n’avait pas une mère en Australie pour le réprimander ou pour s’inquiéter de tout ça. Sa mère, elle était bien loin et pas du tout au courant des actions ridicules de son fils. « C’est pour ça qu’elle saura jamais, non mais ! Faut savoir garder quelques trucs cachés de ses parents … » Elmo était passé maître dans cet art. Bref, les deux amis se levèrent à la demande du lycéen, pour rentrer chacun chez eux. Arrivés à ce point de séparation, Elmo le tapa sur l’épaule en guise d’au revoir. « C’est un cercle sans fin, bro’, plus t’es cruel avec moi, plus mon imagination déborde de vengeance aussi ! » Il lui afficha un grand sourire. « À plus ! » Et il lui tourna le dos, regagnant son appartement.

TERMINÉ