off beat and out of line (lilith)

Elle n'aimait pas voir ses amis se prendre la tête, surtout pour des filles. Y'en avait tellement rien qu'à Bowen mais non, il fallait qu'ils soient tous sur la même. Je te promets que si je vois un de tes post instagram déprimant, j'viens chez toi pour te botter le cul. répondit-elle en riant mais, en étant à la fois très sérieuse quand il lui dit qu'il arrêterait de se prendre la tête, pour ce soir, seulement. C'est compris Elmoticone ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils. Elle savait pas d'ou elle sortait ce surnom, mais c'était Lilith, elle sortait tout ce qui lui passait par la tête. Elle avait finit par devoir lui expliquer l'histoire avec Elias et Luka et c'est vrai qu'avec un point de vue extérieur, elle sonnait glauque cette histoire. Pas un mec qui lui ressemble non mais qu'il revenait ouais. Qu'on m'offrait la chance de passer un peu plus de temps avec lui. Tu vois ? dit-elle en baissant les yeux. C'est ridicule, je sais. rajouta-t-elle en soupirant. J'me doute que c'est pas sain, ma vie entière n'est pas saine. Mais j'ai pas réussi à faire mon deuil. Elle ne trouvait que cette raison, ça ne pouvait être que ça, sinon elle ne s'accrocherait pas autant à un mirage du passé. Finalement, elle l'avait embarqué sur la piste de dance, parce qu'elle en avait assez de les entendre se plaindre mutuellement. Elle se vidait la tête en dansant, sa tête tournait dans tous les sens à cause de l'alcool et, ça lui faisait un bien fou. Elle sourit quand il lui dit que ça lui faisait du bien de se lâcher. Y'a des meufs qui te matte, viens on les fais jalouser un peu. dit-elle en lui tirant la langue avant de se coller à lui pour danser.

Quand Lilith mentionna les posts déprimants d’Elmo sur Instagram, ce dernier se mit à rire parce qu’il savait à quel point elle avait raison. Il se laissait parfois submerger par ses émotions et ressentait le besoin de les étaler au grand jour. Il avait peut-être un peu besoin de l’attention, aussi. « Tu comprends juste pas mon art. » Dit-il pour se défendre sans se prendre au sérieux. Lilith ne lâcha toutefois pas le morceau, insistant pour qu’il arrête de se morfondre avec cette histoire de Bella et Milo. Il eut un rire de surprise en entendant son nouveau surnom. « Compris, Lili…pussy. » C’était tout ce qui lui était venu à l’idée, là, avec la pression de trouver un surnom et l’alcool ingéré. Il rit bêtement, se moquant de lui-même. La conversation redevint rapidement un peu plus triste parce que visiblement, leurs vies n’étaient pas des plus roses et faciles ces derniers temps. Elmo fit une moue attristée quand Lilith lui confirma qu’elle avait cru à un miracle, au retour d’Elias. « Je vois … et c’est pas ridicule … j’pense qu’on voudrait tous s’accrocher à cette idée-là, on voudrait tous y croire, dans pareille situation. Même si on sait au fond de nous que c’est pas possible. » Il haussa doucement les épaules, avant de passer son bras autour des épaules de l’italienne et de la tirer un peu vers lui pour un câlin latéral. Puis, sentant la dépression atmosphérique arriver, Lilith les traîna jusqu’à la piste de danse pour égayer un peu cette soirée. Après un moment, la chanteuse lui glissa à l’oreille que des filles le mataient, et qu’ils allaient les rendre un peu jalouses. Un sourire se dessina sur les lèvres du batteur alors que son amie se collait à lui. Avec les shots qui lui rentraient dedans et la chaleur parmi cette foule, Elmo eut bien vite le regard voilé par l’irréfléchi, et quand le visage de Lilith fut face au sien, il pressa ses lèvres sur les siennes.

Elle ne le connaissait que trop bien, et c'est bien pour ça qu'elle avait fait référence à ses postes déprimants et inutiles d'ailleurs. Elle leva les yeux au ciels quand il lui parla d'art avant de rire doucement. Quel art ? Mettre une phrase mélodramatique sur une photo de ta tronche, tu crois vraiment que c'est artistique ? D'un surnom débile à un autre, d'une conversation sérieuse à une autre, elle préférait avaler son verre, hochant la tête aux paroles sérieuses de son amis. Elle y réfléchirait mais, pour le moment, elle, tout ce qu'elle voulait c'était lâcher prise. Elle l'avait alors embarquer sur la piste de danse pour danser collé à lui, alors que des filles les regardaient. Seulement, elle n'avait pas prévue ce qui arrivait ensuite. D'une danse à une autre, elle se retrouvait avec les lèvres de son amis collés aux siennes et elle ne savait pas vraiment comment réagir. Elle n'avait jamais vu Elmo de cette façon mais, en même temps, l'alcool prenait entièrement possession d'elle et elle n'avait plus les idées assez clairs. Bêtement et alcooliquement surtout, elle lui rendit son baiser, passant ses deux bras autour de son cou. Elle ne faisait de mal à personne après tout, ils avaient tous les deux besoins d'évacuer. Et puis, au fond, elle était un peu en manque et en recherche d'attention Lilith. C'était pas toujours facile d'être dans sa tête.

Lilith était sans doute la seule personne au monde qui pouvait remettre aussi facilement Elmo à sa place. Venant d’autres, il aurait certainement fait la gueule, il aurait riposté ou alors il se serait vexé en renvoyant des attaques débiles pour se défendre. Mais venant d’elle, Elmo était prêt à accepter pas mal toutes les critiques, parce qu’il lui faisait totalement confiance, à Lilith. Il se fiait à ses opinions, il prenait note de ses conseils. Probablement parce qu’elle était la seule à le connaître d’avant Bowen. La seule qui pouvait lui faire comprendre qu’il se perdait. « L’art, c’est quelque chose de subjectif, ok ? » Répondit-il en riant, parce qu’elle avait raison. Ce n’était pas de l’art, c’était un besoin d’attention. Il en avait toujours besoin, Elmo. Alors même quand ils se levèrent pour aller danser et que sa meilleure amie lui fit remarquer que de nombreuses filles les regardaient, et qu’ils les rendraient jalouses un peu, l’italien ne se plaignait pas de ces regards. Il ne s’en plaignait pas mais il ne refuserait pas non plus cette toute nouvelle attention de Lilith, qu’il porta un peu trop loin, à la limite de leur amitié, en posant ses lèvres sur les siennes. Ce n’était pas prévu au jeu, ce n’était pas pour faire semblant, c’était un cœur un peu confus et une tête étourdie qui lui dictèrent de ne pas arrêter, de se rapprocher même de Lilith, posant ses mains sur ses hanches en continuant de l’embrasser. Elle passa ses bras autour du cou de l’homme, confirmant à ce dernier qu’elle aussi était prête à franchir cette barrière qu’ils avaient toujours respectée auparavant. Puis, parce que la chanson passa à une autre, parce que le souffle lui manquait, parce que le moment changea, Elmo éloigna lentement son visage de celui de Lilith et plongea son regard dans le sien, comme paralysé par la surprise de son propre geste.

L'italienne connaissait Elmo depuis tellement longtemps qu'elle ne comptait plus les années. Elle ne prenait de gant avec personne dans sa façon de parler, avec lui encore moins mais lui aussi pouvait la renvoyer chier à sa guise. Elle ne lui en voudrait pas pour autant, c'était comme ça qu'ils marchaient, c'était comme ça qu'ils avaient toujours marché et ça fonctionnait puisqu'ils étaient encore amis aujourd'hui. Envers et contre tout, elle serait toujours là pour la tête de nœud qu'était et est toujours l'italien. Elle leva les yeux au ciel en riant face à sa réponse, il avait toujours réponse à tout et ça la faisait bien rire. Alors qu'ils dansaient, peut être un peu trop collés pour des amis, leurs bouches c'était elles aussi rapprochés peut être un peu trop dangereusement. Mais ce soir, Lilith n'avait pas eu envie de se mettre la moindre barrière. Peut-être était-ce l'alcool qui jouait, peut être juste le moment, elle n'avait pas vraiment réfléchi. Elle n'avait d'ailleurs jamais pensé à Elmo comme pouvant dépassé le stade de l'amitié. C'était un peu étrange que depuis toutes ses années, il se passait quelque chose entre les deux seulement ce soir. Pourquoi ce soir ? Personne ne saurait y répondre au fond. La musique changeait et Lilith se surprit a sentir ses joues rougirent un peu. Elle ne savait pas vraiment quoi dire, comment réagir. Elle était toute aussi surprise que lui, mais elle ne l'avait pas repoussé pour autant. On est censé faire quoi maintenant ? souffla-t-elle doucement, son regard plongé dans celui du brun.

Le moment avait beau, le moment avait été enivrant, sans doute à un point qu’Elmo ne soupçonnait même pas puisqu’il s’était carrément laissé emporter, bercé par une insouciance dont ils avaient toujours fait preuve, Lilith et lui. Mais jamais jusque-là. Jamais jusqu’à laisser leur relation prendre une tournure des plus inattendues. Elle était sa confidente, elle était son double au féminin, celle qui ne le jugeait jamais que ce soit pour des histoires de cœur ou pour un rot bien placé. Dans le sérieux ou dans la connerie ils se retrouvaient, plus souvent qu’autrement dans la connerie d’ailleurs, et celle qu’ils venaient de faire était monumentale. Allaient-ils pouvoir se retrouver après ça ? Elmo n’en avait franchement aucune idée, alors lorsque Lilith lui demanda ce qu’ils étaient censés faire à présent, la panique s’empara de l’italien. Pourtant, il tenta de demeure calme, de rester cool, parce que c’était dans sa nature de se mettre les pieds dans les plats et d’en ressortir indemne. À force de jouer avec le feu, il se brûlerait les ailes. Il haussa les épaules en seule guise de réponse, pour commencer. Il continuait de regarder Lilith, qui attendait probablement une réelle réponse. « Tu m’connais, j’suis plutôt du genre à regretter juste plus tard, when the shit hits the fan. » Ou, en d’autres termes, Elmo regrettait juste si le boomerang lui revenait en pleine gueule. Il regrettait s’il avait à répondre de ses actes. « J’me suis pas vraiment posé de questions avant d’le faire et j’ai pas envie de m’en poser là non plus … » Il serait de toute façon rapidement assailli de ces questions-là, demain matin. Des questions qu’il garderait pour lui, qu’il emprisonnerait dans sa tête, pour mieux faire comme si rien ne s’était passé. Mais quelque chose s’était passé. Entre Lilith et lui, ce serait différent, désormais. « Mais si ça t’va pas, j’comprends. » Ajouta-t-il, parce qu’il ne voulait pas la perdre et il préférait suivre ce qu’elle, elle voulait.