far from good, it's true (effy)

Il aurait dû se douter que toute cette merde finirait par avoir raison de lui, qu'il ne prendrait pas en compte ses conseils, parce-que Milo était sans doute trop têtu pour l'écouter. Il avait senti cette colère se répandre en lui comme une traînée de poudre à la réception de ce message, son meilleur ami lui confiant qu'il était hospitalisé à cause d'une histoire de malaise provoquée par une merde qu'il avait avalée au bonfire. Et ça avait eu le don de le mettre hors de lui, parce-que Niels l'avait prévenu, lui rabâchant qu'il devait faire attention avec cette addiction qui n'en finirait plus s'il ne se prenait pas en main. Ça aurait sans doute été trop beau que Milo ne finisse par se faire aider par un spécialiste, lui qui préférait toujours régler ses emmerdes par lui-même, sans l'aide de personne. Sauf que cette fois-ci, les évènements avaient bien vite vrillé, à tel point que le brun s'était retrouvé dans un lit d'hôpital, presque du jour au lendemain, comme si son corps était finalement arrivé au bout de ses ressources. Niels s'était alors empressé de lui rendre visite, lui qui était sur place toute la journée, allongeant même ses journées pour passer du temps avec son meilleur ami. Il avait eu du mal à ne pas culpabiliser en le voyant allongé sur ce lit hospitalisé, ses bras habillés par les perfusions, peinant à ne pas s'en vouloir de n'avoir été que peu présent pour lui ces derniers temps, si bien qu'il n'avait pas vu son état se dégrader. Il fallait dire que la vie de Niels était assez mouvementée depuis quelques temps, rythmée par la grossesse d'Aelya qui était venue bousculer leurs plans, les obligeant à improviser, eux qui avaient finalement décidé de garder l'enfant. Il lui avait d'ailleurs envoyé un message, pour la prévenir qu'il rentrerait plus tard ce soir encore, pour pouvoir passer un peu de temps avec Milo qui avait besoin d'être entouré. Il avait traversé le couloir des urgences pour se rendre dans le service où se trouvait son ami, les yeux rivés sur son portable pour le prévenir de son arrivée, si bien qu'il ne s'était pas rendu compte qu'une silhouette était venue entraver son chemin au même moment, rendant la collision inévitable. Lâchant son portable des mains dans le choc, il redressa vite les yeux pour observer la personne qu'il avait assez violemment bousculé, prêt à s'excuser avant de se rendre compte à qui il avait affaire. Son regard se mit à s'assombrir presque instinctivement lorsqu'il reconnut Effy, cette fille qu'il tenait responsable de tout ce qui pouvait arriver à Milo ces derniers temps, bien évidemment au courant des habitudes malsaines qu'ils avaient pris ensemble. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Lâcha-t-il, sans mâcher ses mots. « Les visites sont finies, tu devrais rentrer chez toi. »

Effy n'avait pas quitté les murs de cet hôpital depuis des heures qu'elle ne comptait même plus. Elle avait suivi Milo, inanimé, dans l'ambulance, et elle ne l'avait plus quitté depuis, à part durant ses diverses rondes dans l'hôpital pour tenter de se distraire en attendant son réveil. Elle n'avait dormi que par séries de petites siestes, jusqu'à ce qu'il se réveille enfin, libérant enfin le poids qui lui écrasait les poumons depuis le bonfire. Si sa première réaction avait été de le menacer de lui faire sa fête s'il tentait encore une fois de l'abandonner, ce n'était que pour mieux cacher la culpabilité qui avait commencé à la ronger à partir du moment où son ami s'était évanoui. Dans le fond, elle savait que ce n'était pas de sa faute. Ce n'était même pas elle qui lui avait refilé quoi que ce soit, mais bien le contraire, contrairement aux accusations du type de son groupe de musique, Elmo. Mais cela aurait été de la véritable mauvaise foi que d'utiliser ça comme défense. Milo et elle avaient toujours été des partners in crime quand il s'agissait de s'envoyer des substances malsaines. Et même si la voix de la raison lui soufflait qu'il était aussi adulte qu'elle et qu'ils avaient toujours été à deux enfoncés là-dedans, son esprit torturé lui répétait ce qu'elle avait toujours su : elle détruisait tout ce qui s'approchait d'elle. Milo avait longtemps été l'exception, embrassant sa partie sombre à ses côtés sans jamais qu'ils se jugent ou se freinent entre eux. Ils ne s'entraînaient pas vers le bas, pas plus qu'ils ne s'aidaient à remonter la pente, ils étaient tout simplement aussi paumés l'un que l'autre et l'acceptaient, c'était la fondation de leur amitié indéfectible. Mais la lourdeur de la culpabilité pesait dans ses tripes. Ainsi que la peur de perdre son complice, le seul qui comprenait et acceptait réellement ce qu'elle était. Toutes ces pensées et ces angoisses tournaient tel un tourbillon autour d'elle, menaçant de l'engloutir, tandis qu'elle arpentait les couloirs à la recherche d'une quelconque bouée de sauvetage, sachant pertinemment qu'elle n'allait pas la trouver. Au moins, n'étant pas repassée par son appartement depuis le bonfire, tuant le temps entre la chambre de Milo - dans laquelle elle somnolait, faisait les cent pas ou même fumait à la fenêtre avant son réveil - et la machine à café de l'hôpital pour tenir debout, elle n'avait pas eu l'occasion de retoucher à une goutte d'alcool et encore moins à de la drogue. D'un côté, elle n'avait aucune envie d'en prendre, au vu des récents événements. D'un autre, elle en avait désespérément besoin, son corps criait après, désespérant de trouver un moyen d'étouffer son état agité et anxieux. Des cernes de la taille des États-Unis sous les yeux, le teint pâle et même grisâtre, la brunette avait été se chercher un énième café qu'elle avait bu distraitement, sans voir les résidents de cet hôpital passer. Elle était retournée jusqu'à la chambre de Milo ensuite, et n'était plus très loin lorsqu'elle percuta quelqu'un, son esprit trop fatigué et perturbé que pour éviter la collision. C'était Niels. Le fameux meilleur pote de Milo qui n'avait jamais pu la blairer, la blâmant pour les actions du brun. Effy soutint le regard glacial du jeune homme sans sourciller, impassible. « Je compte le nombre de portes. » siffla-t-elle d'un sarcasme tranchant, encore plus accentué que d'ordinaire, ajoutant encore plus de mordant à son ton peu amène. L'animosité entre les deux était palpable, et la jeune femme le défia du regard, guère impressionnée par son agressivité. « Je m'en irai quand je le déciderai, sauf si Milo me le demande. » rétorqua-t-elle d'un ton acerbe. Il n'avait aucune idée de ce dont il parlait. Il ne comprenait rien à qui elle était et au lien qu'elle entretenait avec Milo. Alors ce n'était certainement pas de lui qu'elle allait prendre des ordres, encore moins sur ce ton.