i'm no good but my heart beats true -hot- (Niels)

Il aurait pensé que leur conversation l'aurait soulagé, juste un peu, lui accordant ne serait-ce qu'un peu de répit. Sauf que c'était tout l'inverse, c'était encore pire depuis qu'ils s'étaient revus, qu'ils avaient conclu d'un commun accord qu'il valait mieux pour eux, pour leur existence, d'en rester là, parce-qu'ils ne seraient jamais bons l'un pour l'autre, qu'ils ne trouveraient jamais le bonheur dans les travers de cette relation destructrice. Mais Niels ne pouvait pas s'arrêter de penser depuis qu'il avait franchi la porte de son appartement, comme si les mots qu'ils s'étaient échangés résonnaient dans sa tête constamment, comme une bande son qui déconnait. C'était une torture de savoir que leurs cœurs se voulaient mais qu'ils étaient simplement incapables de ne pas se faire du mal. Si ça ne tenait qu'à lui, il aurait sans doute débarqué dés le lendemain chez elle, pour la convaincre à nouveau de le reprendre, parce-qu'il était convaincu que le plus important résidait dans la sincérité de leur amour. Puis, il se rappelait de ce qu'elle avait fait pour l'oublier, de tous les efforts qu'elle avait mis dans cette guérison et rapidement, son naturel protecteur vis-à-vis d'elle revenait au galop, lui interdisant de franchir les limites pour lui laisser une chance de s'en sortir sans lui. Il y avait des soirs où l'envie de la retrouver se faisait plus insistante que d'autres, et c'était généralement lors de ce genre de soirées qu'il décidait de se démonter le crâne, pour éviter de céder à ses conneries, s'obligeant de faire taire sa douleur dans des cocktails explosifs. Il s'était muré dans un coin de ce bar, dépensant son fric en enchaînant les boissons pour trouver au plus vite les effets qu'il attendait sur son organisme. Aussitôt son verre vide, Niels appela de nouveau le barman, lui indiquant qu'il souhaitait recommander. Et son manège sembla attiré l’œil d'un des clients postés au comptoir, qui paraissait d'ailleurs être un habitué des lieux. « Putain j'en ai vu défiler des alcooliques dans ma vie, mais toi tu bats des records petit. » Lança l'homme, accrochant immédiatement l'attention de Niels, réveillant une haine en lui prête à exploser. « L'alcoolique t'emmerde. » Répondit-il, du tac-au-tac, son franc parler agaçant l'homme qui était tout aussi alcoolisé que lui. « Commence pas à jouer à ça, je faisais que de constater ton piteux état. » Niels serra les poings, à fleur de peau, se levant dans la foulée en faisant tomber son tabouret, avançant d'un air menaçant vers l'inconnu. « Rappelle-moi à quel moment je t'ai demandé ton avis déjà ? Jamais, on est d'accord. Maintenant, lâche-moi parce-que j'te jure que j'suis encore assez sobre pour te démonter la tête. » Sa dernière parole provoqua le rire de l'homme, qui laissait entendre qu'il ne croyait pas un mot de ce que Niels pouvait avancer. Le regard noir, empreint d'une rage incommensurable, le brun se chargea d'envoyer son poing dans le visage du type, qui tomba dans la foulée au sol, déblatérant tout un tas d'insultes avant de venir à son tour se déchaîner contre lui.

Il avait envie de crier sa haine au monde entier, de hurler sur les toits du monde qu'on lui foute la paix une bonne fois pour toute. Il avait dépensé trop de forces, trop de temps aussi à essayer de survivre, comme s'il n'avait d'énergie pour rien d'autre. Alors, ce genre de problèmes qui mettaient son état psychologique encore plus à rude épreuve, il s'en passerait volontiers. Ce soir, c'était la goutte qui faisait déborder le vase, parce-que Niels était épuisé, brisé et surtout trop affecté pour supporter les remarques de types qui ne pouvaient pas comprendre ce qu'il traversait. Alors il s'était levé, avec des lames à la place des yeux, essayant de prévenir l'homme qu'il ne fallait pas le chercher ce soir. L'alcool coulait déjà abondamment dans ses veines et ce n'était certainement pas l'idée de se prendre des coups qui lui faisaient peur. Simplement, il savait qu'en rentrant, Aelya ne serait pas là pour constater ses blessures, qu'elle ne serait pas là pour les réparer avec la délicatesse et l'amour qu'elle pouvait lui offrir et qui étaient le seul remède pour venir à bout de ses maux. Son coup était parti avant même qu'il ne vienne à réfléchir aux conséquences de ses actes, se laissant complètement absorbé par la colère qui battait jusqu'à dans ses tempes. L'homme en face se redressa, s'occupant à son tour de se défendre, Niels parvenant à éviter quelques coups tout en recevant quelques marques à chaque fois qu'il parvenait à l'atteindre. Quelques individus s'agitèrent autour d'eux, dont le barman qui n'avait pas spécialement envie de voir son établissement détruit par les égos surdimensionnés de deux hommes éméchés. Fou de rage, Niels tentait de se dépêtrer de l'emprise de l'homme avant qu'une autre silhouette ne lui vienne en aide, attirant l'attention du type pour lui administrer un coup. Il se figea un instant en reconnaissant Aelya, se demandant s'il n'était pas bourré au point qu'il commençait à halluciner. Puis elle l'aida à se relever et ouvrit la bouche, lui faisant comprendre qu'elle était bel et bien là et qu'ils devraient mieux se dépêcher de quitter les lieux. Il hocha la tête, prenant soin de lancer un dernier regard empli de haine à l'homme à qui il s'en était pris, tandis que d'autres personnes tentaient de le raisonner de lâcher l'affaire. « Il m'a cherché. » Lança Niels en sortant à l'extérieur, tirant sur son t-shirt pour tenter d'arrêter le sang qui s'écoulait de son arcade sourcilière. « T'étais pas obligée, tu vas avoir la main bleue demain. » Dit-il, pointant du doigt la main avec laquelle elle avait frappé le type, s'inquiétant une nouvelle fois de plus pour elle.

Il aurait du prévoir que ce genre de situation arriverait, parce-que Bowen restait une petite ville et qu'ils avaient toujours eu l'habitude de fréquenter les mêmes endroits lorsqu'ils étaient ensemble. Alors, le fait de la croiser ce soir, dans un de ces bars où ils avaient maintes et maintes fois passé leurs soirées, collés l'un à l'autre, n'était pas une si grande surprise. En revanche, Niels aurait sûrement aimé qu'elle ne le voit pas dans un état pareil, à moitié ivre, la rage au cœur et le visage en sang. Il se doutait bien que ce genre de comportement ne devait pas la surprendre, parce-que c'était du lui tout craché, cette manière d'agir sans réfléchir, en fonçant la tête la première sans se soucier de ce qu'il pouvait risquer. Pour lui, ce type l'avait provoqué, alors c'était une réaction des plus normales que d'avoir voulu se défendre, même si en réalité, il s'en sortait plus que bien grâce à Aelya et son intervention. A en voir la manière dont il tenait à peine debout, il était certain qu'il n'aurait pas été bien loin en voulant frapper cet homme, mais comme d'habitude, il n'avait pas cherché à y réfléchir à deux fois avant de se lancer. Il était sorti du bar avec l'aide de la brune, s'occupant comme il le pouvait de stopper le saignement de sa plaie et par la même occasion de justifier ses gestes devant Aelya, comme il avait toujours eu l'habitude de le faire. Il posa son regard sur sa main, lui faisant la réflexion qu'elle aurait pu éviter de se faire mal si elle n'était pas intervenue. Il soupira à sa remarque, haussant nonchalamment les épaules, prenant cet air détaché. « Ça aurait dû arrêter de t'étonner avec le temps. » Lâcha-t-il, faisant référence au nombre de fois où elle avait été témoin de ses excès d'humeur. Il la regarda s'approcher de lui, se laissant faire lorsqu'elle s'occupa de sa plaie, ses yeux ne pouvant s'empêcher de la scruter un peu plus intensément pendant qu'elle s'affairait à réparer les dégâts. C'était étrange parce-qu'il avait l'impression que rien n'avait changé, qu'il serait toujours celui qui s'attirerait des ennuis et qu'elle serait toujours celle qui viendrait l'apaiser. « C'est bizarre, j'ai l'impression que t'insinues que ça aurait été moi, le plus amoché dans l'histoire... » Dit-il, captant son regard, tentant de s'amuser de la situation comme il le pouvait. « Je te comprends, j'en peux plus de moi non plus. » Répondit-il, sur le même ton qu'elle, se mordant la lèvre en se rendant compte que même sans le vouloir, il l'entraînait dans ses travers. « Merci. » Souffla-t-il, son pouls s'accélérant lorsqu'il permit à ses yeux se détailler ses lèvres plus longuement. « Je peux te raccompagner jusqu'à chez toi ? » Proposa-t-il, tentant de retarder le moment où ils devraient une nouvelle fois séparer leurs routes respectives. « J'te dois bien ça. »

Il était incapable de faire semblant de ne pas être attiré par elle, de faire comme s’il était passé à autre chose alors que tout ce qu’il aurait souhaité, c’était de se perdre dans son étreinte protectrice, de goûter à ses lèvres et de ne plus jamais la quitter. Alors oui, il ne pourrait jamais s’empêcher de la regarder toujours aussi tendrement, toujours aussi amoureusement, parce-que ça lui demandait trop d’efforts de jouer l’indifférence. Et dans tous les cas, ça n’était pas son genre de mentir, surtout à Aelya, qui savait pertinemment ce qu’il pensait d’elle puisqu’il ne lui avait pas caché que son cœur réclamait toujours autant le sien malgré leurs efforts communs pour se préserver l’un de l’autre. Niels se rendait bien compte que le fait de vivre dans la même ville qu’elle et donc d’augmenter les risques de la croiser ne lui faciliterait pas la tâche. Pour autant, jamais il ne se plaindrait de pouvoir encore avoir l’occasion de croiser ses iris, les seuls dans lesquels il voulait plonger à tout jamais. Il esquissa un faible sourire aux mots qu’elle prononça et qui faisaient référence à sa manie de ne jamais savoir rester sage, surtout quand ça impliquait de défigurer un type qui l’avait cherché. « Ça va être difficile. Y’a pas grand chose que je réussis ces derniers temps, je crois que tu places la barre un peu haute pour moi. » Dit-il, d’un ton calme, pointant tous ses échecs, et notamment celui de ne pas avoir su la garder elle. Quand il l’avait vu s’approcher de lui, sa respiration s’était immédiatement agitée, le laissant démuni devant cette envie de l’embrasser qu’il tentait de réprimer. Il se répétait en boucle que ça n’était pas le moment de faire des conneries, qu’il avait déjà semé assez de pagaille pour ce soir et pourtant, il ne pouvait s’empêcher de se demander si Aelya en avait autant envie que lui. Il fut pris en flagrant délit lorsqu’elle releva les yeux vers lui, se doutant bien qu’il devait avoir l’air ridicule à la contempler de cette façon, les yeux parsemés d’étoiles rien qu’à l’idée de penser qu’elle pourrait avoir envie de ses lèvres. Sa réplique le fit sourire, parce-qu’il était conscient qu’elle avait raison, et même si son égo pouvait en prendre un coup, il savait que ce soir, il n’aurait jamais fait le poids face à ce type. « T'as sûrement raison. En fait, tu devrais être là plus souvent. » Se risqua-t-il à dire, sous-entendant le fait qu’il ne se lasserait jamais de passer quelques instants de plus avec elle, juste pour avoir l’occasion de la regarder encore et encore. Et puisqu’il n’était jamais assez rassasié de sa présence, il lui proposa de la raccompagner jusque chez elle, désirant faire perdurer ces moments qu’il savait éphémères. Il se mordit la lèvre à sa réplique, se donnant un air faussement innocent avant de hausser les épaules. « J'sais bien que t'as pas besoin de moi pour te protéger, tu l'as plutôt bien prouvé ce soir. » Répondit-il, arborant la même malice qu'elle. Il lui offrit un léger sourire lorsqu'il comprit qu'elle acceptait sa proposition, prenant la direction de son appartement, la remerciant après avoir pioché une cigarette dans son paquet. Il tourna la tête vers elle à sa question, soupirant en pensant au néant que pouvait être sa vie. « A part celui de me faire démonter la tête dans un bar ? Non, pas vraiment. » Lança-t-il, sa voix empreinte d'ironie, tirant sur sa cigarette avant de laisser la fumée s'échapper dans l'air. « De toute façon, j'étais pas venu pour m'amuser. Mes bouteilles étaient à sec. » Ajouta-t-il en haussant les épaules, persuadé que c'était une raison valable qui justifiait sa sortie. « Et toi ? Je t'ai proposé de te raccompagner, mais peut-être que t'avais autre chose à faire. » Lui demanda-t-il, cherchant habilement à savoir si elle parvenait à se vider l'esprit le temps d'une soirée, si elle était capable, au contraire de lui, de penser à autre chose qu'aux moments qu'ils auraient pu partager s'ils étaient encore ensemble.

Il n'avait pas spécialement envie d'attiser sa pitié, ni qu'elle ne soit attendrie ou attristée par l'état dans lequel il se trouvait. Pour autant, Niels était incapable de faire comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes alors que la peine n'avait de cesse de se déverser dans ses veines, pourrissant chaque cellule de son organisme. Il savait bien qu'il devait faire peur à voir, parce-qu'il avait semble-t-il perdu tout ce pourquoi on le connaissait, son optimisme habituel et le sourire qui flottait sur ses lèvres, lui donnant cet air malicieux bien caractéristique. Il s'était vu s'effondrer au fil des jours, se retrouvant incapable d'arrêter l'hémorragie, finissant même par abandonner le combat plus rapidement qu'on aurait pu le penser venant de lui. Un sourire triste s'échappa de ses lèvres à l'entente de ses mots, conscient que ceux-là étaient voués à le rassurer et le réconforter même si une partie de lui comprenait que même ça, même si ces paroles sortaient de la bouche d'Aelya, son espoir était tellement réduit à néant qu'il ne parvenait même pas à les recevoir, ne serait-ce qu'à les croire. « Faut quand même que j'en arrive là pour t'avoir pour moi. » Souffla-t-il, comme s'il sous-entendait qu'il s'était mis dans une telle situation juste dans l'espoir qu'elle apparaisse au milieu de la foule pour lui venir en aide. Évidemment que ça n'était pas le cas, bien que s'il avait pu avoir la confirmation qu'elle apparaîtrait à chaque fois qu'il lui arrivait une mésaventure, il aurait certainement pris tous les risques du monde pour pouvoir profiter de sa présence. Encore une fois, ce n'était pas franchement étonnant venant de Niels. Son cœur avait montré des signes de fonctionnement lorsqu'elle s'occupa de lui, comme si le simple fait de la sentir un peu plus près de son corps ravivait une flamme de vie en lui, se traduisant à travers ses iris. « Tu peux pas m'enlever ça, surtout si c'est encore le dernier lieu où on peut se croiser. » Répondit-il, de manière faussement innocente, retrouvant son regard un instant. C'était toujours lorsque la distance s'apprêtait à s'immiscer de nouveau entre eux qu'il se rendait compte combien son absence lui pesait. Il aurait sans doute tout donné pour prolonger les quelques minutes qui lui restaient avec elle, comme un drogué qui voulait profiter des derniers effets de sa dose. Et c'était sans doute la plus cohérente des métaphores lorsqu'on connaissait le lien qui unissait Aelya et Niels. Ils avaient laissé un silence s'écouler en même temps qu'ils avançaient vers l'immeuble d'Aelya, laissant la nuit les couvrir de ce cocon presque protecteur, où il n'y avait pas besoin de faire semblant, où Niels se sentait enfin libre de faire tomber son masque, celui qu'il arborait depuis trois mois. Il fit un petit geste négatif de la tête à sa suggestion, hésitant de lui avouer que même ça, ça n'arrivait plus à le passionner autant qu'avant. « Ça m'aurait pas servi à grand chose, ça fait bien longtemps que je suis pas remonté sur ma planche. » Confia-t-il finalement, amenant sa cigarette entre ses lèvres en haussant les épaules, avec cet air bien trop détaché. Il fronça les sourcils à sa confession, son cœur partagé entre l'inquiétude de savoir qu'elle abusait des substances illicites, et le fait de savoir qu'il n'y avait que ça pour lui éviter de songer à lui. « J'vois qu'on est toujours aussi doués quand il faut broyer du noir. » Constata-t-il, une pointe de tristesse se faisant entendre dans sa voix, les connaissant assez bien pour comprendre qu'ils choisiraient toujours la solution "facile" pour échapper à la douleur. Il fit quelques pas en plus, se plaçant juste devant elle pour la regarder, s'apprêtant à lui avouer qu'il avait trouvé cette fin de soirée beaucoup trop courte à son goût avant qu'Aelya ne le devance. Il fronça les sourcils dans un premier temps, un peu déboussolé par cette proposition qu'il avait sans doute un peu de mal à croire. Dans un naturel déconcertant, il avait senti son cœur louper un battement, rien qu'au fait de penser qu'il aurait le droit à quelques instants de plus avec elle. « T'es sûre ? J'veux dire, t'y es pas obligée si t'en as pas envie. » Il aurait eu envie de se baffer à s'entendre lui dire ça alors qu'il mourrait littéralement d'envie de monter chez elle. Peut-être que c'était une façon pour lui de lui faire comprendre que s'ils s'aventuraient sur ce terrain-là, il aurait sans doute encore plus de mal de se décrocher d'elle, de ne pas laisser ses yeux détailler ses lèvres en s'imaginant la manière dont il l'embrasserait. Aelya ne lui rendait certainement pas la tâche facile et en même temps, Niels savait que quoiqu'il arrivait, il ne pourrait jamais refuser une telle proposition, bien trop faible lorsqu'il s'agissait d'elle.

Ce n'était certainement pas une vie que d'attendre désespérément que l'amour de sa vie lui revienne, s'accrochant au moindre espoir qui se montrait pourtant bien maigre au vue des dernières paroles qu'ils avaient échangées le soir où Niels était venu à sa rencontre. Aelya s'était montrée plutôt ferme sur ses intentions, lui faisant comprendre qu'il n'y aurait pas d'issue heureuse pour eux, même si c'était ce qu'ils attendaient tous les deux. Elle avait beau l'avoir embrassé ce soir-là, Niels avait parfaitement compris qu'il s'agissait d'un baiser d'adieu, et non pas d'un échange qui insufflait de l'espoir, celui qu'il attendrait sans doute jusque la fin de sa vie. Pourtant, depuis cette nuit-là, le brun n'avait eu de cesse de penser à elle, à ce qu'il pourrait faire pour rattraper les choses même s'ils s'étaient quittés sur des mots qui laissaient penser qu'ils tiraient un trait sur leur relation. C'était ce qu'il avait voulu lui faire croire, et qu'il avait tenté de se faire croire aussi. Mais évidemment que ce n'était pas aussi simple que ça, surtout quand les sentiments s'étaient ligués pour ne lui laisser aucun répit, lui faisant prendre conscience à quel point il la voulait. Il haussa les épaules à sa remarque, un peu nonchalamment, conscient que son comportement n'avait rien de malin. Pour autant, dans sa tête à lui, ça restait une bonne excuse. Parce-que tout était justifiable lorsqu'il s'agissait de nourrir son envie de la revoir. « Peut-être pas pour toi mais pour moi, ça en est une. » Dit-il, en arquant un sourcil, ne laissant aucune faiblesse transparaître sur son visage. Elle savait à quel point il était têtu, et si tous ses bons côtés s'étaient envolés au fil de ces trois mois, celui-ci avait définitivement persisté. Quelque part, ça avait quelque chose de rassurant que de savoir que même si la vie se tuait à vouloir les séparer, ils seraient toujours attirés l'un par l'autre, l'un vers l'autre, comme s'il n'y avait pas d'autres solutions que de les réunir. Et Niels l'acceptait volontiers. « T'en serais capable, au moins ? » Dit-il, comme s'il lui lançait un défi, jouant sur les mots en laissant planer le doute quant au réel sens de sa phrase, comme s'il essayait de savoir si elle ne serait pas attirée par l'envie de le voir lui en décidant de ne plus fréquenter les bars de la ville. Il avait soutenu son regard, laissant le jeu s'installer entre eux quelques secondes, comme avant. Il n'avait pas pu lui cacher le fait que même son activité favorite n'arrivait plus à le faire sortir de sa routine dévastatrice, préférant se laisser torturer par les pensées sombres qui hantaient ses esprits plutôt que de s'épuiser à essayer de les vaincre. « J'en sais rien... J'en suis peut-être plus autant passionné qu'avant. Faut croire que même ces choses-là prennent fin. » Dit-il, en haussant les épaules, faisant croire qu'il ignorait pourquoi il avait arrêté de skater alors qu'il savait très bien que la raison se trouvait devant ses yeux à l'instant même. Il préféra balayer cette conversation, lui faisant comprendre que ça n'était sans doute pas très important. Ce qui l'était en revanche, c'était cette proposition qui l'avait surpris, le poussant même à tenter de savoir si elle ne faisait pas ça parce-qu'il lui avait avoué combien il était mal en point ces derniers temps. Il s'amusa de sa remarque, haussant les épaules. « Ça m'arrive de l'être, surtout avec les personnes qui me sauvent la peau. » Il lui offrit un clin d’œil malicieux, faisant référence au fait qu'Aelya l'avait sorti d'une affaire bien foireuse quelques instants plus tôt. Niels la suivit finalement à travers les étages, sentant son pouls s'accélérer à mesure qu'ils s'approchaient de sa porte, comprenant que les souvenirs viendraient harceler son champ de vision dés lors qu'il passerait la porte. « Ça devrait aller, j'suis bourré mais j'ai encore mes repères. » Répondit-il, retirant sa veste pour la poser sur le canapé, profitant des secondes où elle s'éclipsa pour regarder son reflet dans une des vitres, constatant la nouvelle plaie qui lui barrait le visage, au niveau de l'arcade. Il se retourna immédiatement en la voyant revenir vers lui, souriant à ses mots avant d'attraper la bière qu'elle lui tendit, la remerciant. « T'as peur à ce point-là que je sois incapable de partir de chez toi ? » Avança-t-il, pour la taquiner, trinquant avec elle avant de boire la première gorgée de sa bière, accrochant son regard une nouvelle fois. Il la suivit jusqu'au canapé où il s'installa, faisant glisser son regard autour de lui jusqu'à s'arrêter sur un flacon qui trônait sur la table basse, ses sourcils se fronçant automatiquement lorsqu'il comprit de quoi il s'agissait. « T'as encore mal ? » Dit-il, d'une voix inquiète, attrapant le flacon de morphine entre ses doigts, ne pouvant s'empêcher de s'intéresser à sa jambe quelques secondes avant de chercher ses yeux.

Il s'était rendu compte à quel point elle lui manquait lorsqu'il rentrait chez lui après sa journée de boulot, qu'il trouvait l'appartement cruellement vide et silencieux, sans chaleur humaine, sans la moindre étincelle. C'était le moment qu'il redoutait sans doute le plus, parce-que ces derniers mois, il s'était complètement renfermé sur lui-même, se prenant à angoisser dés lors que le silence imprégnait la pièce, supportant mal cette solitude qui était maintenant son quotidien. Il avait souvent des flashs de leur ancienne vie, celle où Aelya l'attendait parfois dans son lit lorsqu'il rentrait, décidant de consumer leur amour dans une étreinte charnelle avant que la réalité ne les rattrape et qu'ils se voient de nouveau séparés par leurs obligations professionnelles. C'était eux, cette manière de vivre à cent à l'heure, sans se soucier de tout le reste, ne vivant que pour eux deux. Et c'était bien loin de ce à quoi la vie de Niels ressemblait aujourd'hui, alors qu'il se perdait dans une routine qui ne lui ressemblait pas et qui ne lui ressemblerait sans doute jamais. Le fait étant qu'il n'avait plus beaucoup de volonté ni d'énergie pour faire bouger les choses, pour au moins y croire. Si l'extérieur de son être se voulait plus fade, Niels restait pour autant le même à l'intérieur, en un peu plus brisé, surtout lorsqu'il s'agissait d'enfreindre le socialement correct, tout ça pour espérer passer un peu plus de temps avec la femme de ses rêves. C'était sûrement destructeur et complètement désespéré d'agir de la sorte, mais au moins, ça avait le don de le faire tenir debout. Son cœur s'était activé à ses mots, qui laissaient entendre qu'elle serait encore prête à tout si c'était pour le protéger lui et quelque part, ça avait le don de réchauffer son âme. Ses sens s'étaient soudainement activés aux mots d'espoir qu'elle souffla, insufflant un peu de vie dans son corps comme si elle venait de nouveau de toucher ce point sensible, de l'effleurer tendrement comme elle avait toujours su le faire. Il l'avait regardé un peu plus intensément, ne pouvant s'empêcher de se demander si elle faisait allusion à eux. « C'est ce que j'espère tous les jours. » Répondit-il, restant tout aussi vague qu'elle, comme si les non-dits se suffisaient à eux-mêmes, conscient qu'il n'y avait pas besoin de plus pour qu'elle le comprenne. Il ne mentait pas lorsqu'il disait qu'il espérait tous les jours qu'ils se retrouvent, parce-que la quitter avait été la pire erreur de sa vie, quelque chose qui avait la faculté de hanter ses nuits, lui rappelant qu'il avait laissé l'amour de sa vie lui échapper entre les mains. Il bouillonnait littéralement de l'intérieur alors qu'il venait de passer sa porte, comprenant qu'ils dépassaient déjà les limites en agissant de la sorte, laissant volontiers l'alcool les désinhiber le temps d'une soirée. Niels sourit à ses mots, se remémorant son séjour à l'hôpital qui avait en effet été plus que tumultueux. « J'comprends pas pourquoi... t'as pas aimé venir me rendre visite tous les jours pour t'assurer que j'avais pas fugué ? » Dit-il, d'un air amusé, se souvenant très bien de ces moments où son impatience avait été mise à rude épreuve, le poussant à agir de manière insupportable avec tout ceux qui osaient l'approcher. Il avait attrapé sa bière avant de se diriger vers le canapé, s'interrogeant sur le flacon de morphine qu'il avait découvert sur la table. Il aurait pu être dupé par son calme apparent s'il ne la connaissait pas aussi bien, mais Niels comprenait à travers l'intonation de sa voix et son regard fuyant qu'elle tentait de lui dissimuler la vérité. « Aelya, t'aurais dû arrêter depuis bien longtemps. C'est de la merde ces trucs-là, tombe pas dedans. » Lança-t-il, d'un air concerné, inquiet, soupirant légèrement. C'était sûrement ironique de sa part quand on savait la méthode qu'il avait choisie pour s'endormir plus rapidement le soir, et pourtant, il était incapable de ne pas lui faire la morale. Sûrement parce-que son état à elle passait bien avant le sien. Il fronça les sourcils aux paroles qu'elle prononça et qui étaient venues lui resserrer le coeur un peu plus, se sentant démuni face à la tristesse qu'il percevait en elle. « Alors, enlève ça de ta tête. Tu l'as dit toi-même, tout peut revenir. On n'est pas rien, nous... Je veux être là pour toi, j'ferais tout pour me rattraper tu sais. » Il la regarda s'approcher, percevant déjà la chaleur de son corps près du sien, son parfum venant se frayer un chemin jusqu'à son nez. « Je peux pas m'imposer dans ta vie si tu veux pas de moi. Et j'comprendrais que ça puisse être le cas. Mais... si tu me veux, je suis là. Dis-moi ce dont t'as besoin Aelya, j'le ferais pour toi. » Il souffla à son tour, faisant glisser sa main jusqu'à la sienne timidement, entrelaçant ses doigts aux siens comme pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas seule, parce-qu'il serait toujours là, quoiqu'il arrive, quelque part dans sa vie, pour la rattraper lorsqu'elle se sentirait tomber.