when your week end doesn't turn like you want | ft. terrence

Les rues de la ville changées en allée médiévales, de la paille et des chevaux partout, des gens qui jouaient le jeu, accoutrés de costumes ridicules, gente dames, bouffons et autres chevaliers. Tout ça pour une époque et des coutumes que l’Australie n’avait sûrement pas connu. En bref, tout pour que Terrence ne sorte pas de chez lui. Il détonnait totalement dans son short et t-shirt qui n’avait rien d’un costume d’époque mais il s’en moquait. Celui qui détestait la foule et les manifestations dans ce genre, celles dont tout le monde raffolait et que la ville adorait mettre en place régulièrement. On ne pouvait pas dire que Bowen n’était pas active, entre ça et les autres bals pour raisons diverse et variées, mais on ne voyait pour ainsi dire jamais le commerçant se montrer dans ce genre de situations. Il préférait largement rester chez lui ou sur son bout de plage avec Stan, seuls, au calme. Mais aujourd’hui il avait à faire dans une petite horlogerie en plein centre-ville, sa vieille montre faisait un caprice et c’était le seul endroit où on était encore capable de réparer ce genre de mécanisme que l’on qualifiait gentiment de vintage pour ne pas dire qu’elle était carrément passée de mode et bonne à changer. Elle restait cependant l’un des derniers souvenirs qu’il avait de son père et autant dire que le barbu y tenait comme à la prunelle de ses yeux. En parlant de choses précieuses, il venait de croiser Lena toute en tenue moyenâgeuse et sourire lumineux. Cette gamine avait le don d’illuminer la vie de cet homme un peu trop renfermé. Il l’avait vue mais elle était trop occupée avec ses amis alors il ne s’était pas attardé, se disant qu’il aurait peut-être l’occasion de la revoir bientôt, elle avait bien d’autres préoccupations que son vieux père à ce moment là. Ce qu’il n’avait pas vu venir par contre c’était qu’on le percute de plein fouet, il n’était pas très attentif alors c’était probablement autant de sa faute que de l’autre. Mais cette voix… qu’il n’avait pas entendu depuis des années et qui pourtant était encore bien présente dans sa mémoire. Le temps qu’il réalise et la main de Constance était déjà dans sa figure. Chaleureuses retrouvailles ! Instinctivement il passa sa main sur sa joue mangée par la barbe et un rictus presque amusé se dessina sur son visage. Bonjour Constance ! Content de te revoir moi aussi. En posant son regard sur elle il se souvint de ce qui lui avait plu chez elle, sa beauté qu’elle avait transmise à leur fille et qui n’avait pas flétri malgré les années et également son caractère volcanique, qui lui tapait aussi énormément sur le système à l’époque. Je vois que tu es en forme… En vérité il pensait que cette gifle n’était absolument pas méritée et il espérait bien comprendre quelle mouche l’avait piquée.

Cela faisait bien une dizaine d'années que Terrence n'avait pas recroisé Constance, après le procès qui l'avait envoyé en prison et la lettre qu'il avait reçu en main propre dans sa cellule lui signifiant qu'à sa sortie il aurait interdiction de s'approcher de sa fille, décision du tribunal à la demande de la mère. Double peine. Il en avait pleuré comme un gamin, seul sur son lit impersonnel, il avait senti tout son monde qui s'écroulait, lui qui avait déjà perdu quasiment tout, il ne lui restait plus rien, plus jamais il ne pourrait serrer sa gamine dans ses bras, lui qui avait déjà été si peu présent dans sa vie, il allait devenir un parfait étranger. Et c'était ce qu'il s'était passé, Terrence avait respecté l'injonction de s'approcher de Lena, il l'avait aperçu grandir, de très loin, comme une ombre discrète dans sa vie, mais jamais il ne l'avait abordée, il n'en avait pas le droit et puis après plus de dix ans d'absence, elle qui ne se souvenait même pas de lui, avait-elle vraiment besoin d'un père qui ne s'était pas battu pour la voir ? Il était un fantôme dans sa vie de jeune fille et il avait penser le rester jusqu'au bout, pourtant la gamine en avait décidé autrement.
Plus de dix ans sans recroiser Constance dans une ville aussi minuscule que Bowen, ça relevait du miracle, mais qu'ils se tombent dessus de cette façon, dans cette ambiance moyenâgeuse c'était presque ironique. Elle était froide, glaciale envers lui, Terrence souriait de façon arrogante, parce que la situation l'amusait, malgré les années et les nombreuses désillusions il avait gardé ce côté sale gosse qui lui allait si bien. Alors non, il n'était pas réellement heureux de la revoir, mais après une gifle pareil, que pouvait-il dire d'autre pour garder un minimum de contenance ? Entre eux les rapports avaient été conflictuels dès l'annonce du jeune homme, à l'époque, qu'il partait à l'armée, depuis ce jour la blonde avait dû avoir comme un sentiment d'abandon ou de trahison, ou quelque chose dans ce goût parce que tout avait changé entre eux. Déjà qu'ils n'étaient pas un couple des plus soudés, ils étaient jeunes, voilà tout et s'il n'y avait pas eu ce bébé accidentel ils n'auraient été qu'une passade dans la vie de l'autre. Je n'ai rien dit à notre fille, ma chérie ! Il fallait replacer un peu les choses, cet enfant ils l'avaient fait à deux et si elle l'en avait éloigné durant toutes ces années, Kelly n'avait jamais cessé d'être son père. Rectification Constance, je n'avais pas le droit, jusqu'à sa majorité. A présent je suis libre et elle aussi. Et puisque tu m'accuses sans savoir alors tu seras peut-être soulagée d'apprendre que je n'ai pas approché Lena, c'est elle qui est venue me voir au magasin. Il soupira, il était bien d'accord avec son ex sur un certain point, il n'était sûrement pas le genre de personne qu'il fallait dans la vie d'une adolescente déjà fragile, mais voilà il était son père et elle avait besoin de réponses. Bouillant de l'intérieur face à celle qui le fusillait du regard il fouilla nerveusement dans sa poche pour y trouver une clope qu'il s'alluma sur le champ, au moins ça le calmerait un peu. Ecoute, je lui ai dit de t'en parler, elle avait besoin de savoir, c'est normal à son âge. J'allais pas lui mentir. Et toi tu n'avais pas à lui dire que je refusais de la voir, si on a été privés l'un de l'autre c'est entièrement de ta faute. Aujourd'hui c'est le juste retour des choses. Il n'était peut-être pas blanc comme neige, il en avait fait des conneries mais il avait toujours aimé sa fille et il aurait aimé la voir grandir, s'occuper d'elle, au lieu de ça il était passé pour le grand méchant de l'histoire durant toutes ces années.