La vérité finit toujours par éclater [Feat. Dina A. Flores]

Voilà désormais quelques jours que Donovan avait quitté l'hôpital, une bonne chose pour lui, mais retrouver sa caravane le déprimait un peu. Et pour cause, une femme hantait ses pensées et pour la première fois depuis des années, ce n'était pas sa défunte épouse. C'était cette femme qui était venu lui rendre visite dans sa chambre aux murs blancs, cette même femme qui s'était installé sur son lit tandis que la douleur lancinait son corps, et cette femme qu'il avait embrassé. La première depuis le décès de son épouse. Donovan avait vu dans cet événement la possibilité d'aller de l'avant. On lui tendait une perche, il ne pouvait pas ne pas la saisir au risque de perdre Dina, et cette pensée lui déchirait tout simplement le coeur. Il était temps pour lui de se remettre en question et de devenir un homme meilleur, ce qui s'avérait être un long chemin semé d’embûches, c'était à lui de fixer l'objectif et de se battre pour l'atteindre.

Par conséquent, le flic qui avait écopé des quelques jours de repos afin de se remettre sur pied avait décidé de contacter Dina. Même s'il était sous perfusion et tout le reste, les paroles qu'il avait prononcé à l'hôpital étaient belles et bien réelles. Il comptait avouer toute la vérité à la jeune femme qui lui avait retourner le cerveau sans même qu'il ne sache comment elle s'y était pris. C'était à cause - ou grâce - de lui qu'elle avait quitté son mari, et maintenant, une attirance mutuelle s'était crée entre eux sans qu'ils ne puissent être capables de lutter contre celle-ci. A supposer qu'ils le veuillent évidemment.

Chose promise, chose due. Après avoir fait la promesse d'avouer la vérité sur comment le quadragénaire s'était retrouvé le visage en sang ainsi qu'avec de multiples contusions, il avait envoyé un message à Dina, l'invitant à le rejoindre à l'adresse indiquée. C'était celle de sa caravane. C'était l'endroit où il se sentait assez fort pour affronter ce qui allait se passer, parce qu'il savait les risques qu'il prenait en faisant ça. La jeune femme menaçait de quitter sa caravane en courant, et il ne pourrait pas la retenir pour la simple et bonne raison, que le fuir serait la meilleure décision de sa vie. Danno ne pouvait tout simplement pas la retenir pour agir de manière égoïste, même si bonheur n'était certainement pas entre ses mains à lui, mais probablement celles d'un autre homme moins torturé que lui.

Pour l'occasion, il avait fait ce qu'il appelait du ménage, c'est-à-dire, retirer tous les cadavres de bouteilles d'alcool jonchant le sol. Fait le peu de vaisselle qui trônait dans son évier depuis bien trop longtemps. Il voulait au moins que cette entrevue ait un point positif avant d'assommer la brune par une histoire de laquelle il aurait dû la tenir éloigner. Assit sur son canapé, qui lui servait aussi de lit, le frisé tenait entre ses mains la seule photo de sa femme qui lui restait. Celle où elle souriait comme si rien ne pouvait l'atteindre. Miranda c'était la joie de vivre incarnée. Et comme s'il craignait qu'elle assiste à ce spectacle, il avait pris la peine de retourner le cadre, le laissant sur la table basse. Donovan se sentait comme un mari s'apprêtant à commettre une infidélité, et pourtant, il n'en était rien. Son coeur battant la chamade, ses mains moites, le brun attendait et le temps semblait se moquer de lui en passant extrêmement lentement.

Tout cela devait arriver et Donovan en était conscient. C'était le moment pour lui de se dévoiler, de montrer ses faiblesses à cette femme qui avait pris, en si peu de temps, une importance presque disproportionnée.

Dina avait été assez patiente, elle lui avait laissé le temps nécessaire, sans jamais s'en plaindre. D'autres personnes à sa place auraient déjà fait demi-tour. Mais pas elle. Voilà pourquoi les choses pressaient, le flic n'accepterai pas de perdre cette femme qui lui faisait envisager l'avenir d'une autre manière, juste parce qu'il n'est pas prêt à se livrer, à lui dire la vérité sur le genre de personne qu'il est. Qu'il a été. Il est bel et bien conscient que c'est aussi la possibilité de la faire fuir et ne plus jamais la revoir, mais il doit prendre ce risque, juste parce qu'il sait qu'il y a un faible pourcentage pour que Dina reste auprès de lui. Et rien que pour cette faible probabilité, il doit le faire.

Danno avait envoyé ce sms sachant qu'il n'y aurait aucun retour en arrière possible, et c'était bien de cet ultimatum dont il avait besoin. Comme à son habitude, le brun avait une attitude assez débrayée, une chemise en jean sous laquelle il avait enfilé un tee-shirt blanc. Les cheveux en bataille et des poils toujours plus longs pour sa barbe qui ne cessait de s'épaissir au jour le jour. Il attendait la brunette, priant intérieurement pour que les révélations qu'il s'apprêtait à lui faire ne la fasse pas fuir, sinon ce sera l'équivalent d'une chute sans fin, pour ce flic qui entrevoyait un meilleur avenir avec elle. La première, et peut-être la dernière si elle le quitte avant même qu'ils n'aient pu construire quelque chose.

Soudain, des coups retentirent à la porte. Le coeur de Donovan loupa quelques battements avant qu'il n'aille ouvrir pour découvrir cette déese que le destin avait mis sur sa route. En la regardant, il se demanda pour quelle raison d'ailleurs, elle était magnifique, distinguée, apprêtée, alors que lui était tout le contraire.

" - Bonjour toi, tu es sublime.." souffla-t-il en lui adressant un sourire plus que chaleureux.

Il avait envie de la saluer comme il se devait en capturant ses lèvres, mais lui en laisserait-elle l'occasion ? Il refusait de brûler les étapes. Pas maintenant. Pas aujourd'hui.

" - Comment tu vas ?" fit-il en effleurant sa joue de son pouce.

Il avait besoin du contact avec la peau de cette femme, c'était plus que nécessaire. Il savait que tout risquait de prendre fin d'ici quelques minutes.

" - Tu veux quelque chose à boire ?" demanda-t-il comme pour retarder encore plus cette explication inévitable qu'il s'apprêtait à avoir. " - Fais comme chez toi hein".

HRP:

Donovan n'était pas serein à l'approche que l'heure du rendez-vous qu'il avait fixé approchait. Pourrait-il vraiment retenir la demoiselle si jamais elle venait à partir après les révélations qu'il s'apprêtait à lui faire ? Pour son bien, il savait que le mieux serait qu'elle prenne la fuite et qu'il ne cherche pas à la rattraper, mais entre la raison et son coeur, chacun à un avis différent sur le sujet. Il ne peut désormais plus le nier, la jeune femme est entré dans son coeur, et même s'il ignore ce que ça signifie réellement, il sait aussi que si elle venait à le mettre de côté, il en souffrirai.

Trois coups finirent par retentirent à la porte de sa caravane, il se hâte d'aller ouvrir pour découvrir la belle Dina tout en beauté, chose qui lui fit d'ailleurs remarquer. Depuis le temps, Donovan avait comme qui dit rouillé. Il ne savait plus vraiment comment agir avec les femmes. Jusqu'à maintenant ça ne l'avait pas gêné, du moins pas avant que son chemin ne croise celui de Dina.

Tout sourire, comme un adolescent amoureux, il la laissa entrer et lui demanda comment elle se portait. Stressée elle aussi. Lorsqu'elle lui retourna la question, il avait envie de lui mentir et de lui dire que tout allait bien, mais inutile, elle s'en rendrait compte bien assez tôt.

" - Depuis ce matin j'essaye de faire tout ce que je peux pour m'occuper l'esprit et ne pas penser à cet instant.." finit-il par avouer à son tour.

Son angoisse était visible et il tenta de retarder l'échéance du plus qu'il le pouvait en lui proposant de boire quelque chose. Du soda. Il ouvrit son petit frigo et en sortit une canette qu'il plaça sur le dessus de celui-ci, puis il donna un coup de pied pour refermer l'appareil. Il n'avait pas grand chose chez lui à part de l'alcool ça va de soi. Ce n'était pas vraiment le genre à inviter sa famille pour passer Noël dans sa caravane, du coup, il n'avait pas grand chose pour recevoir pour les quelques occasions qui se présentaient. Donovan se dirigea vers la brune pour lui offrir la canette ainsi que le verre pour y verser le contenu, quant à lui, il s'installa à ses côtés, comme s'il craignait que ce soit la dernière fois qu'il pouvait être aussi proche d'elle.

" - Bon.. Je crois que le moment est arrivé.. Je ne peux plus reculer, je t'avais dis à l'hôpital que je t'expliquerai tout, et c'est enfin arrivé.. Avant toute chose, je tiens à te dire que je ne t'ai jamais menti, tu m'as retourné le cerveau Dina, je ne sais plus qui je suis depuis que je t'ai rencontré. La seule chose dont je suis certain c'est que tu fais de moi quelqu'un de meilleur.."

Est-ce que ces belles paroles allaient suffire à calmer la tempête qui arrivait à grand pas ? Il allait le savoir bien assez tôt.

" - Déjà, est-ce que tu as des questions ? Peu importe la nature, j'y répondrai du mieux que je peux.."

Ça pourrait bizarre, mais le fait que la demoiselle se sente elle aussi stressée par cette discussion, rendait Donovan un peu plus confiant. Au pire, elle n'avait pas grand chose à perdre, un homme, elle en retrouvera un sans problème. En revanche lui, il avait tout à perdre en se livrant ainsi à elle. Il prenait le risque qu'elle le fuit et ne revienne jamais, le laissant alors avec pour seule compagnie sa caravane, ses bouteilles d'alcool et son arme de service. Lui qui a commencé à espérer trouver autre chose dans cette relation, il était à deux doigts de retomber dans les abîmes qu'il fréquentait depuis de nombreuses années.

Le flic tenta tout ce qui était en son pouvoir pour retarder le plus longtemps possible cette discussion qu'il redoutait tant d'avoir. Mais, Danno devait revenir à la réalité, Dina était là, assise dans son canapé, à l'endroit même où il passait ses nuits lorsqu'il rentrait chez lui. Cette pensée le fit légèrement sourire et c'est sans doute ça qui lui donna la force de poursuivre son discours. Ce n'était pas dans ses habitudes de s'ouvrir, de dire ce qu'il avait sur le cœur, encore moins lorsqu'il s'agissait d'une femme qu'il refusait de perdre.

Après s'être libéré d'un premier poids, le quadragénaire écouta la brune lui confier qu'il ne s'était pas trompé, que cette attirance entre eux n'était pas fruit de son imagination. Un sourire se dessina sur ses lèvres avant de s'effacer tout aussi rapidement. Ça serait tellement mieux si je prenais mes distances...". Ces paroles avaient l'effet d'un coup de poing dans le ventre lui coupant la respiration. Des coups il en avait pris presque autant qu'il en avait distribué, mais celui-ci était d'une violence extrême. Danno était là, debout, immobile, à deux doigts de fuir, parce que c'est tout ce qu'il savait faire. Fuir. C'était la simplicité, et à cet instant précis ça lui aurait évité d'affronter cette situation qui se compliquait de plus en plus.

Plus tôt que d'aborder le sujet de pleine face, Danno opta pour la douceur, la délicatesse. C'était à n'en plus le reconnaître, lui qui avait l'habitude de foncer dans le tas. Chamberlain demanda donc à Dina si elle avait des questions, à la suite de quoi, il aborderait le véritable sujet avec elle. Mais il savait déjà qu'en y répondant, il lui livrerai une partie de la vérité. Une partie de son histoire. De ce boulet qu'il traînait avec lui.

Dans une autre situation, Donovan aurait probablement rigolé en entendant les questions fuser, mais pas ce soir. Il prit une grande inspiration et tenta de rester calme, de se maîtriser du mieux qu'il le pouvait.

" - Chaque chose en son temps. Pour te répondre dans l'ordre de tes questions : je me suis fais tabassé. Qui m'a fait ça ? Des mecs que je traque depuis des années, des dealers, des voyous qui sont impliqués dans ce qu'est devenu ma vie aujourd'hui. Et enfin, je dirai que c'est un mélange des deux. Disons que c'est à cause de mon boulot, mais au départ, c'était personnel. J'ai utilisé les moyens que j'avais à ma disposition pour les traquer et les retrouver."

Donovan n'était pas dupe, si cela se sait au commissariat, c'est la fin de sa carrière assurément. Ses supérieurs ont déjà laissé passer trop d'opportunités de le virer une bonne fois pour toute, là, il leur offrait cette possibilité sur un plateau d'argent. Quant à la dernière question, le brun resta silencieux. Était-il en danger ? Est-ce qu'il devait ménager Dina sur l'ampleur de la situation ?

" - Je.. Je n'en sais rien.. Je ne pense pas.. Tout du moins si je m'arrête là, si je ne cherche pas à les retrouver et leur faire payer les dégâts physiques qu'ils m'ont causés."

Donovan planta son regard dans le vide.

" - Ils m'avaient déjà prévenu une première fois, je n'en ai pas tenu compte. Cette fois-ci, ils ont mis les bouchées doubles pour me faire comprendre que c'était le dernier avertissement. Ils ont surtout montré que s'ils voulaient vraiment, ils pourraient me tuer en un rien de temps. Ils voulaient que je prenne leur menace au sérieux.."

Ils l'avaient laissé pour mort, en train de se vider de son sang, sans l'intervention de Tahlia, cette conversation entre Dina et lui n'aurait jamais eu lieu.