The world is full of magic. You just have to believe in it. feat CIRCÉ

Mon amour pour les fleurs n’était bien évidemment plus à démontré, j’en avais fait mon métier. Je m’en entourais toute la journée, aux Jardins de Circé, puisque ma boutique était, avant toute chose, une boutique de fleurs, mais j’aimais aussi venir me promener au jardins botanique, me délecter des parfums, tous plus envoûtant les uns que les autres, de la beauté des plantes, de leur couleurs exquises et si variés. Quand on regardait certaine variété, on peinait à croire que tout était l’œuvre de la nature, seule. C’était pourtant vrai. Il n’y avait pas puissance créatrice plus incroyable que celle de Mère Nature. Jamais l’homme ne pourrait égalé une perfection et une harmonie pareille et c’était justement cela qui rendait tout plus beau. Je m’étais perdue dans la contemplation d’un magnifique Grevillea, dont les fleurs ressemblaient à de drôles d’insectes avec ces couleurs vives, presque fluos, entre le fushias, le jaune et l’orange, lorsque le son d’une voix mélodieuse me tira de ma rêverie. Un sourire naquit aussitôt sur mes lèvres.
— Enchantée, Bessie, répondis-je en me tournant vers la jolie brune. Je m’appelle Circé. En effet, la journée est magnifique. Vous ne me déranger pas, les rencontres participent aussi à la beauté de l’instant, vous ne trouvez pas ?

On me faisait souvent des remarques sur mon prénom, pour cause, il n’était pas vraiment banal. Je souris à la jolie brune.
— Circé, la déesse solitaire, fille du Soleil, qui changeait en cochon les marins qui avaient le malheur de troubler la paix de son île.
J’aimais cette référence, même si la déesse était souvent dépeinte comme une sorcière aigrie dans la plupart des chants mythologiques où elle apparaissait, je lui trouvais au contraire une force incroyablement inspirante.
— Merci du compliment, Bessie, est-ce un surnom ?
Je laissai mon regard trainer vers les fleurs, et ne pus m’empêcher de sourire à la question de la jeune femme. La nature, les pantes et leur beauté faisaient partie de mes sujets de conversation préférés.
— C’est une Grevillea. Typique d’ici. C’est une plant qui se plait en Océanie. On la trouve aussi bien sur la forme d’arbuste, comme ici, mais certaines espèces peuvent atteindre plusieurs mètre de haut. J’aime beaucoup cette plante, et vous, qu’étiez-vous venu observer au jardin ?

Je ris lorsque la jolie Bessie chercha à s’assurer que je ne souhaitais pas, comme la déesse Circé dont je portais le nom, la changer en cochon.
— Ne t’en fais pas, la rassurai-je, j’ai bien plus de patience que la sorcière de la mythologie et puis…ce serait bien dommage de donner à ton joli visage un groin de cochon. Ce serait comme ruiné le chef d’œuvre d’un grand artiste. , fis-je avec un clin d'oeil.
Je le pensais. La jeune femme que j’avais sous les yeux était belle et sa mère, comme elle l’évoqua, lui avait donné un très prénom.
—Italienne, donc ? Je me serais doutée.
Je laissai mon regard se perdre sur les fleurs du jardin. Les plantes me passionnaient, si bien que j’en avais fait mon métier. J’avais adoré les étudier durant mon cursus d’herboriste. Les plantes avaient tant à nous offrir, et en les observant, je me rendais compte que toutes les merveilles étaient dans la nature. Les couleurs, les parfums, le goût…les plantes pouvaient nous soigner, nous apporter du réconfort, de la joie dans nos maisons…je les adorais et essayait de leur rendre tout ce qu’elles me donnait du mieux possible. Bessie m’avoua qu’elle ne se promenait au jardin botanique que pour la beauté du lieu, elle ajouta ne pas s’y connaître vraiment en termes de plante et souhaitait savoir si j’apprécierai de continuer ma balade avec elle, ce à quoi je souris avec chaleur.
— Il n’y a pas meilleure raison de se promener ici que celle de venir simplement profiter de ses plantes merveilleuses, et je veux bien être ton guide, si tu me racontes ce qui t’a fait quitter le soleil d’Italie pour les plages de notre beau pays…

La jolie Bessie portait en elle la chaleur et la sensualité de l’Italie, cela ne m’étonnait pas vraiment qu’elle en soit originaire bien que son accent en anglais ne ressorte absolument pas. Du moins, ça n’était pas cela qui l’avait « trahie » comme elle le disait. Je souris.
— Une intuition…
J’aimais rester évasive et garder un peu de mystère. Je cherchai malgré tout à en savoir un peu plus sur la jeune femme et l’écoutai avec attention me parler de sa famille. Elle me raconta comment ses frères avaient d’abord choisi de vivre en Australie avant qu’elle même ne se décide à venir y poser ses valises. Elle expliqua qu’elle était seule à être restée à Bowen, là où ses frères avaient fait le choix de retourner à leurs racines en fin de compte. Je hochai poliment la tête.
— Tu m’en vois ravie. Que tu sois restée ici, je veux dire..pas pour tes frères, bien sûr... La famille, c’est compliqué, hein ? Je n’ai pas parlé à mes sœurs, ni à aucun membre de ma famille resté en Angleterre depuis…neuf années au moins. Cela ne me manque pas ceci dit, je suis bien mieux sans eux.
Bessie me posa une question à son tour et chercha à savoir ce que je faisais dans la vie.
— Je suis herboriste de formation, et fleuriste. J’ai un salon de thé en ville qui me sert aussi de boutique de fleurs. Puis j’ai crée une gamme de produit de soin bio, tu connais peut-être, ma marque s’appelle « Moly ».
Nous continuâmes de marcher et de papoter un instant, après quoi, l'heure passant, je pris congé auprès de la jolie italienne.
— Bessie, j'ai été ravie de faire ta connaissance. À bientôt peut-être !

fini