Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Un mois s'était passé, un mois durant lequel Luka n'avait cessé de parcourir l'Asutralie, revenant rarement à Bowen. Tout ça n'était pas un voyage pour le plaisir, puisqu'il avait dû aller enregistrer la voix de son personnage dans un dessin-animé d'horreur qui sortirait en salle dans quelques mois, et suite à cela, le réalisateur avait souhaité que l'équipe de doubleurs passe quelques interviews, qui leur permettrait de se bâtir leur propre réputation et également de faire connaître le monde des dessins-animés pour adultes, trop souvent oubliés. A cause de sa réputation dans la littérature, Luka Kington, avait longuement hésité, mais jouant le second rôle, il n'avait pas pu refuser les dates proposées. Aujourd'hui, il était de retour, et comptait bien se poser quelques temps, avant de retourner à ses activités habituelles, comme passer des soirées entre amis, qui voudraient probablement tous les détails croustillants de sa tournée. Pour se détendre, il connaissait l'adresse parfaite à Bowen : le yoga space, qui proposait des massages et des soins pour soi. Serviette enroulée autour de la taille, c'est vers le sauna que le jeune homme se dirige sous les conseils de l'agent d'accueil. Il poussa donc la porte de la cabine numéro six et s'y glissa, avant de s'arrêter, se rendant compte qu'il y avait déjà quelqu'un ici. « Oh... Bonjour. Désolé, je pensais qu'on avait des cabines seuls. » Jetant un coup d'oeil à la porte derrière lui, il poussa un soupir et désigna le banc de bois de la main. « Je peux m'installer ou vous préférez que je parte ? » demanda-t-il poliment, ne souhaitant en aucun cas gêner par sa présence.
Comme dit l’expression, ici le possible est déjà fait, l'impossible est en cours, pour les miracles prévoir quarante-huit heures de délai. J’ai passé pour ainsi dire toute la nuit dernière à bosser pour un article qui n’était initialement pas urgent mais qu’il fallait publier tout à coup le lendemain donc aujourd’hui. Puis au moment d’aller dormir, je dois rendre service au pied levé à une copine pour donner une interview pour je ne sais plus quel film d’animation, sous prétexte qu’elle était brûlante de fièvre. Étant donné que j’agonisais évidemment moins qu’elle, j’y suis allée. J’ai du pioncer pendant la moitié de la projection de ce qui est en fait un dessin animé d’horreur, puis j’ai du poser les questions habituelles. C’était bien ? L’ambiance était bonne dans l’équipe ? Vous militeriez pour que les doubleurs soient davantage reconnus par le septième art ? Même avec plusieurs cafés bien noirs pour traverser cette épreuve sans avoir l’air d’un zombie, je ne me souviens pas à qui j’ai posé cette question, c’est écrit dans le papier que j’ai rendu ensuite à la rédaction. Maintenant, repos.
Re-pos !
Surmontant la gravité, je traîne pour ainsi dire ma carcasse au yoga space, ou je me fais masser, m’abandonnant sous les doigts agiles du masseur, oui. C’est un bon début. Puis direction le sauna, la serviette enroulée autour de la taille, cachant le haut et le bas. Je m’affale sur le premier banc et me sens glisser dans les bras de Morphée quand quelqu’un me rejoint et me dit qu’il est désolé, qu’il pensait que c’était une cabine individuelle. Je le reconnais, c’est un des doubleurs de ce dessin animé. Il demande s’il peut s’installer ou si je préfère qu’il parte. J’esquisse alors un sourire.
"Oui, vous pouvez rester."
Ceci dit, j’étouffe un bâillement. Je me sens lasse mais bien, mais lasse. Crevée, quoi.
Sur l'instant, il ne reconnait pas la jeune femme, lui, tout ce qu il'inquiète, c'est de déranger. Non seulement parce qu'il est en compagnie d'une jeune femme alors qu'il pense à une autre, mais aussi parce qu'il se retrouve à nu, et que dans un autre contexte que celui de la natation, cela le gêne particulièrement. Alors oui, il a plutôt envie qu'on lui dit que, oui, il dérange, pour avoir une excuse de s'enfuir en courant. Sauf que la demoiselle lui assure qu'il peut rester, alors il relève la tête, surpris, pour poser son regard sur elle. Et là, il se rend compte d'une chose, c'est qu'il est fasse à la journaliste qui lui a posé des questions un peu plus tôt. Déglutissant, Luka prend tout de même l'initiative de s'installer sur le banc, gardant ses distances, avant de fixer le mur de bois silencieusement, jusqu'à ce qu'il ne trouve la situation trop gênante et qu'il n'engage la conversation. « C'était bien vous, aujourd'hui ? » Une simple question, pour être sûr. Petit sourire aux lèvres, il haussa les épaules. « Je vois que ce lieu est plutôt réputé après les journées de travail. Vous venez souvent ? »
Inutile de me leurrer, je ne dormirai plus jusqu'à ce soir et quelque part, c’est mieux, comme ça je profite de la chaleur ambiante, ça me délasse, ça me repose. Je me sens bien, les neurones au repos, comme si je regardais la série TV à laquelle Ana la petite latine a participé. Puis le jeune homme me parle. J’ouvre juste assez les yeux pour l’observer quelques instants avec l’air d’un matou assoupi. Normalement je ne suis pas sociable, surtout quand j’ai peu dormi mais "je me soigne". Je note qu’il garde ses distances, soit pour ne pas me gêner, soit pour que je ne le gêne pas, soit les deux mais le fait qu’il me parle me mène vers une autre voie. Oui, si je n’avais pas été journaleuse, j’aurais pu être une flicette, au moins pour la curiosité et la perception humaine.
"C’était moi, celle qui dormait la bouche ouverte au fond de la salle. Ca va, je crois que je n’ai pas ronflé."
Je crois. Je réponds avec également un petit sourire. Ce type me rappelle un certain acteur, en plus grand et puis lui, il a une bonne bouille alors que Jason, j’ai plutôt envie de le boxer. J’ai mes têtes.
"J’espère que mes questions n’étaient pas trop plates, j’ai remplacé une copine au pied levé et j’étais en impro totale."
Je continue de l’observer, un peu comme le chat qui voit passer une souris et fait comme s’il se demandait s’il allait lui sauter dessus pour la bouffer ou la laisser passer, c’est bon pour cette fois alors qu’en fait, il est clair qu’elle va finir dans son estomac, la souris.
"Exact, j’ai fait deux articles sur cet endroit, j’aime quand mes proies font amende honorable. Quand ils réparent leurs conneries, quoi. J’aimerais venir davantage du coup mais j’ai trop de taff, en même temps j’aime être journaleuse. Vous aimez votre boulot … Alex … Kington ?"
Oui, c’est bien ça. Ca me parle mais je n’arrive pas à me souvenir exactement où j’ai vu ce nom. Pas dans le petit monde du doublage en tout cas. Je devrais donner ma langue au chat …
Luka était rassuré de voir que la journaliste avait opté pour l'honnêteté. Oui, il l'avait bien aperçue dans la salle, aujourd'hui, mais il n'avait pas fait attention au fait qu'elle pouvait bailler. L'idée d'avoir été assez ennuyeux avec son équipe de doubleurs le fit sourire alors qu'il l'observait à nouveau, quand elle lui demanda si les questions avaient été pertinentes. Sur le moment, il lui fallut quelques secondes pour s'en rappeler, car il avait vécu tellement de choses et il était si épuisé qu'il ne savait plus qui lui avait posé quelle question. De toute façon, celui qui avait intéressé tout le monde, c'était son ami et collègue ayant le rôle principal. « Vous vous êtes très bien débrouillée, personne n'a remarqué que vous remplaciez votre collègue. » annonça alors le jeune écrivain, qui restait encore sur la réserve. Raison pour laquelle il détourna le sujet, pour poser à son tour des questions à la jeune femme. Il tenta de ne pas s'offusquer de la grossièreté de ses paroles, mais haussa tout de même un sourcil surpris avant de se mettre à rire. En plus d'être particulièrement honnête, de dormir en plein travail, et de poser des questions indiscrètes, elle ne faisait pas attention à son langage. Pendant quelques secondes, le jeune homme se demanda si elle n'était pas en train de bluffer, et si elle ne faisait pas tout cela juste pour assouvir sa curiosité de fan. Manquerait plus qu'elle évoque le scandale qu'il avait vécu à la révélation de son identité sur ses romans, et il partirait en courant. « Luka Kington. » la corrigea-t-il, avant de hausser les épaules, la sueur commençant à couler le long de son front, y plaquant quelques mèches blondes, son torse luisant de plus en plus. Il ignorait si c'était la panique ou le sauna qui le mettait dans un tel état, mais il détestait cette sensation. « Oui, je ne changerais de travail pour rien au monde. » assura-t-il, le sourire revenu se pendre à ses lèvres. « Et vous, aimez-vous le vôtre ? Je n'ai jamais vu de journaliste... comme vous. Dormir pendant le travail, c'est fort. » plaisanta-t-il à moitié, priant pour qu'elle parle d'elle plutôt qu'il ne parle de lui.
J’aime la chaleur, j'aime quand je transpire. Je préfère quand c’est du à des ébats charnels intenses mais depuis un certain décès plus qu'abrupt, ma vie sexuelle se résume à un peu de lecture érotique et ma main droite vu que je me réfugie encore plus qu’avant dans le boulot.
"Luka. En plus ça vous va mieux. Si j’avais un cerveau encore éveillé, je n’aurais pas fait cette boulette. He bien, enchantée, moi c’est Mei. Oui, mon taff c'est ma passion même s'il m'arrive de me taper une nuit blanche à cause d'une soudaine publication en urgence."
Il me fait alors un drôle de compliment sur ma faculté à dormir pendant le boulot et a l’air de plaisanter alors je ne le fusille pas du regard. Je l’envoie chier ou je lui dis ? Pas chienne, je lui dis.
"C'est parce que justement, j'ai du bosser quasiment toute la nuit mais ça va, je me remets. Excusez-moi un instant..."
Je viens d’entendre une voix féminine familière dans le couloir, je me lève alors telle un Zébulon sur ressort donc et intercepte ma copine de boulot au moment ou elle va quitter le sauna, bras dessus bras dessous avec qui a l’air de s’être endormi sous les réacteurs d’une fusée. Il n’est pas bronzé, il est carbonisé pour ainsi dire mais ce n’est pas vraiment ça qui retient surtout mon attention, c’est elle. Je lui voue mon sourire le plus ironique.
"Oh mais qui vois-je ? Tu es miraculeusement remise !"
Embarrassée, elle me répond que ça va mieux et à son regard désespéré, je sens qu’elle va me devoir deux, non, trois faveurs. Evidemment, madame a son "plan cul".
"On en reparle très bientôt."
Ca roule puis avant de partir, voila qu’elle jette un œil dans la cabine et son regard tombe sur Luka. Là, je vois distinctement son visage passer sans transition de la surprise à l’hilarité avant qu’elle parte avec son "plan cul".
"Tu es sure que tu n’as pas de la fièvre ?"
De loin, je la vois chuchoter quelques mots au gus qui rigole à son tour. Quelles mouches les piquent ? Je retourne dans la cabine et m'assois "quasiment" à ma place initiale, peut-être un "tantinet plus près" du jeune homme, à un mètre près, détail.
"Vous venez d’apercevoir celle qui aurait du vous interviewer. J’ai l’impression qu’elle vous connaît mais je me trompe peut-être. Elle a parfois des réactions originales."
Elle est un peu fofolle l’air de rien, c’est peut-être aussi pour ça qu’on est copines, parce que je suis aussi un brin "exotique".