we're coming apart but we hold it together (wooja)

Woody ne l’oublierait jamais, Freja. Peu importe les moyens qu’il prenait, il ne parviendrait jamais à la sortir de sa tête et de son cœur. Elle était comme un tatouage permanent dont l’encre s’était infiltrée jusqu’à son sang, un doux poison dont il ne pouvait guérir. Qu’elle soit là, face à lui, ou qu’elle soit à l’autre bout du monde, elle ne serait jamais bien loin dans ses pensées. Ce qu’il pouvait détester l’amour, Woody. Ce sentiment qui le paralysait plus encore que la maladie dont il souffrait. Elle avait raison, Freja. Elle le menait à la baguette. Il esquissa un faible sourire. « Crois-moi, je le sais. » Et pourtant, ça ne l’empêcha pas de redoubler de force dans ses coups de rein, comme s’il voulait la punir d’avoir un tel contrôle sur sa vie. Mais ce n’était pas la faute de la norvégienne, c’était de la sienne. Il l’avait laissée rentrer dans cette histoire qu’il était incapable d’effacer. Il l’avait laissée coucher sur papier tous ces moments où elle s’était couchée sous ses draps. Elle avait laissé une marque indélébile sur une page qui ne se tournait plus. Parce qu’il n’en avait plus la force. Cette énergie qu’il lui restait, Woody la centralisa sur ce moment intime qu’ils vivaient parce qu’il avait l’amère impression que cette fois-ci pouvait bien être la dernière. Ils avaient trop cherché à s’agripper à des murs qui s’effritaient sans cesse autour d’eux. Ils avaient trop cherché à s’accrocher à des fragments d’espoir qui finissaient par voler en éclats, à leur tour. Alors, dans un cri du cœur silencé, Woody laissa l’orgasme envahir chaque tremblement de son corps, de ceux qu’il aurait aimé ressentir jusqu’à la fin de ses jours, pas de ceux qui auraient raison de lui. Il étouffa ses gémissements dans le creux de l’épaule de la norvégienne, et posa une main sur l’évier lorsqu’il sentit ses jambes flancher. Freja laissa s’échapper d’entre ses lèvres ces trois mots qui lui revirèrent le cœur à l’envers. Il croisa son regard dans le miroir. « Moi aussi. » Souffla-t-il en prenant ces quelques secondes pour retirer de ce moment tout l’espoir qu’il pouvait en garder, puis il se pencha de peine et de misère pour remonter ses caleçons et ses pantalons. Fuyant le regard de la norvégienne, il ajouta : « Et c’est pour ça que ça ne doit plus se reproduire. » Sur ce, le trentenaire tourna le dos à celle qu’il aimait et quitta les toilettes, puis le bar, parce qu’il ne pourrait supporter d’y recroiser Freja lorsqu’elle reviendrait.

TERMINÉ