Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: you are perfection, my only direction (brookcha) Mar 27 Aoû 2019 - 5:04
Tes mains qui s'entrelacent, ta jambe droite qui s'agite. T'as la bougeotte. Vers la droite, un couple qui te semblent fatigué se dispute en silence, se chuchotent des insultes. À ta gauche, deux individus qui s'ignorent, qui ne se regardent pas, juchés sur leurs téléphones, pas un mot, pas un bruit. Tu regardes ces deux duos et l'angoisse te prend dans les tripes. Mais comment avez-vous pu en arriver là ? Comment avez-vous pu vous rendre là ? Larme à l'oeil, tu regardes tes pieds qui s'agitent, stressée, apeurée, attristée. Ton coeur se serre, t'arrives plus à respirer. Y'a cette intensité, entre vous, d'accord, tu l'admets, et y'a rien de facile, mais vous vous aimez. N'est-ce pas que vous vous aimez ? Y'a ces couples au bord de la crise, au bord du gouffre, qui se déchirent et se torturent autour de vous. Et si vous étiez les prochains ? Et si le sexe n'était pas suffisant, cette fois ? Et si, entre vous, y'avait que ça ? Sacha doute que tu l'aimes, il t'accuse d'être girouette, de ne pas savoir ce que tu veux, de l'attirer et de le repousser sans cesse, et même s'il jure que ce n'est l'effet que la colère qui le fait parler ainsi, au fond, il le pense un peu. Ta main finit par se glisser dans la sienne, le coeur au bord des lèvres, silencieuse tu le regardes. T'as peur. T'as tellement peur. Le bleu de tes yeux s'assombrit. Et si le thérapeute vous prescrit la séparation ? Comment tu feras pour survivre sans ton oxygène ? La nicotine te manque, tu fermes les yeux, contrôle ta respiration, t'as envie de fumer, putain que t'as envie de fumer. Mais quand tu penses à aviser Sacha que tu sors prendre l'air deux instants, une toute petite femme, à peine 1m52, sort de son bureau. Sa chevelure noir corbeau est taillée en un carré plongeant, une frange épaisse surplombe ses grandes lunettes rouges, sa peau porcelaine éclaire la salle d'attente. Elle balaye les couples présents, pose les yeux sur vous, sourit avant de s'avancer. « Madame Oxley, Monsieur Kheinov », dit-elle en vous guidant son bureau du bras. « Vous pouvez me suivre », vous invite-elle. Il se lève, tu le suis, la main toujours plongée dans la sienne. Vous passez ce couple qui se dispute depuis votre arrivée, l'homme te reluque, de haut en bas, la femme te fusille du regard. Comme si tu avais quelque chose à voir là-dedans !? T'as rien fait, t'as pas cherché à le draguer, son copain. T'es là, main dans celle de ton amoureux, dans le but de réparer votre couple qui se brise, merde, pas pour le foutre en l'air plus qu'il ne l'est déjà. Et ça tremble dans ton ventre, ça tremble dans tout ton coeur, t'as envie de l'envoyer chier, elle, celle qui te jalouse pour un rien. Puis, son mec, il est laid, jamais tu n'échangerais Sacha pour lui. Ni pour quiconque, d'ailleurs. Sacha, c'est le seul que t'aimes. C'est le seul qui te fait vibrer. Tu respires, tu te contrôles. Tu serres la main de Sacha qui passe devant toi, qui entre le premier dans le bureau. Et tu ne dis rien. Pour lui. Parce qu'il en a assez de tes excès de colère. Et la porte se ferme derrière vous. La petite dame vous guide vers le fauteuil noir, elle prend place sur la chaise qui se trouve en face juste après vous avoir servi de l'eau. Et le silence s'installe. Elle vous regarde, détaille votre physique anormal. Ses yeux longent tes tatouages, tes taches de rousseur. Ils s'attardent sur les marques de Sacha, ses piercings qu'il n'a pas pris la peine de retirer avant votre rendez-vous, ses bras qui ne sont pas dissimulés sous un long pull, parce que ça, c'est votre monde, vous n'en avez pas honte. Elle sourit à nouveau. « Comment allez-vous ? », demande-t-elle, nonchalante. Mal, t'as envie de répondre. Mal de devoir se confier à une étrangère sur des choses que toi-même t'arrives pas à comprendre. Parce que t'es brisée, parce que t'es pas capable d'aimer et, qu'au fond, tu sais qu'elle ne fera que le confirmer. Tu soupires. Ça va mieux, laisses-tu sortir de tes tripes, attendant la réponse de ton partenaire. « Monsieur Kheinov m'expliquait que les derniers temps avaient été difficiles pour vous deux, en tant que couple. Que les disputent prennent beaucoup de place entre vous. » Ce n'est pas une question, c'est plutôt une affirmation. Tu jettes un regard curieux mais complice à ton lanceur de couteau, il a raison, avant de reposer tes yeux sur la dame qui croise les jambes. « Quelles sont les principales forces de votre couple ? », lance-t-elle, sans plonger dans le problème, sans affronter l'éléphant dans la pièce. Elle, elle sait ce qu'elle fait, que c'est mieux de faire ressortir le positif plutôt que de taper sur vos problèmes, mais, toi, t'as jamais vécu ça, la thérapie. Et tu ne sais pas quoi répondre, à cette question. La confiance ? Non, t'es trop jalouse... Le sexe ? Trop superficiel... Tu regardes à nouveau Sacha, et tu souris. On est une équipe, à la maison comme au travail. La dame hoche la tête. « Et diriez-vous que vous soulignez régulièrement ce que vous appréciez de votre partenaire ? Ce qui vous séduit, ce qui vous touche ? » Ton regard est toujours sur Sacha. T'as jamais pensé lui dire pourquoi tu l'aimais. Évidemment, tu lui dis ce que tu aimes de vos ébats, qu'il t'excite, qu'il te donne envie de lui. Mais au-delà de tout cela, t'as jamais pensé lui dire pourquoi ton coeur bat pour lui. Tes lèvres se pincent, tu secoues la tête, triste, ton coeur qui saigne. T'aimes pas cet endroit.
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Sujet: Re: you are perfection, my only direction (brookcha) Lun 2 Sep 2019 - 11:26
you are perfection, my only direction
Il avait beau essayer de se souvenir comment ils en étaient arrivés là, il n'y arrivait pas. C'était comme si son esprit était dans le déni constant, incapable d'imaginer une seule seconde qu'ils en arrivent à suivre une thérapie. Pour lui, tout s'était déroulé normalement, ils s'étaient mis ensemble après avoir eu le temps de se connaître intimement. Le sexe, il avait été leur moyen de décompresser, de résoudre chacun des conflits jusqu'à aujourd'hui car c'était par là qu'ils avaient commencé. C'était cette relation charnelle qui les avait fait vivre bien avant que les sentiments ne s'en mêlent. Sacha avait pensé que ce serait toujours comme ça, que c'était l'évidence même que de mener cette vie qui ne ressemblait qu'à eux. Mais petit à petit, les commentaires des autres avaient fini par mener leur couple à une crise bien plus importante que les autres. Relation trop rapide, Brooke n'est qu'une pute, Sacha n'est qu'un connard, comment c'est possible de s'aimer, est-ce que c'est juste pour le buzz ? Il avait longuement nié tout cela, incapable d'y croire, mais il avait fini par se rendre à l'évidence : les commentaires toxiques avaient fini par faire croire à Brooke qu'elle n'était que le second choix dans sa vie, et lui, il n'avait pas trouvé la force de la convaincre du contraire. Pour ça, il s'en voulait, parce qu'elle était et serait son numéro un jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus de la vie, de cette même vie qu'il avait failli abandonner pour le néant, le vide, la mort. Cet après-midi au bord de la falaise avait été le déclencheur du pire dans leur couple. Sacha venait de prouver qu'il allait mal, et il avait cru perdre sa partenaire à ce moment-là. Depuis, il avait décidé de ne plus boire une goutte d'alcool, de prendre son traitement médicamenteux, et de fumer moins. Dès qu'il allumait une cigarette, il n'avait pas la force de la fumer et la regardait se consumer dans le cendrier, crayon à la main, dessinant des ombres sur les pages de son carnet. Et aujourd'hui, ils en étaient là, dans cette salle d'attente infernal. Lui, il se tenait droit comme un piquet dans son jean serré et sa veste en cuir, et il regardait devant lui, le souffle lui manquant parfois. La seule chose qui le raccroche à la réalité, c'est la main de Brooke qui se glisse dans la sienne. Alors, il la serre doucement sur sa cuisse, et vient déposé un baiser sur ses lèvres pour l'encourager en voyant l'anxiété transpirer de son visage. Il semblait à mille lieues d'ici, loin de l'attitude des couples jonchés à côtés d'eux, et qu'il ne regardait même pas. Puis la silhouette de la femme les prenant en charge se montra, et il daigna se relever, se moquant bien des regards qu'on pouvait porter sur eux parce qu'ils exhibaient fièrement leur différence par leurs tatouages. Sacha entre dans le bureau mécaniquement, aveugle à tout ce qu'il l'entoure, reflet de son état d'angoisse intérieure. Il aime pas être là, il déteste toutes les thérapies pouvant bien exister dans ce monde. Il prend sur lui, parce que c'est de sa faute s'ils sont là, et qu'il a envie que les choses rentrent dans l'ordre, que son couple en redevienne un. Il observe alors la dame derrière son bureau, cette même dame qui lorgne ses piercings comme s'il était un monstre. Son regard s'assombrit mais il garde le silence alors que ses doigts restent entrelacés à ceux de Brooke. Il retire sa veste, parce qu'il a chaud, et qu'il se sent toujours plus protégé à l'idée de montrer ces marques indélébiles sur ses bras, chaque dessin, chaque mot, chaque nom. Et cette dame, sosie parfait d'Edna, elle leur demande si ça va. Il jette un coup d'oeil à Brooke, il a l'impression qu'elle dit pas la vérité, là tout de suite. « Ça va. » répond-t-il en écho à ses pensées, même s'il déteste répondre à cette question. Il la laisse parler, écoute, hoche la tête avant que la première question ne soit posée, et là, il fronce les sourcils. Était-ce une vraie question ? Un soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'il posa son regard sur Brooke, ayant du mal à prendre cette situation au sérieux. Mais c'est le jeu, il se souvient des raisons qui l'ont poussé à venir ici, alors il dit rien, il laisse sa petite-amie s'exprimer en premier. Sa réponse lui arrache enfin un sourire, car Brooke n'avait pas forcément envie de se retrouver là non plus. Ils avaient mille raisons de claquer la porte de ce bureau et de rentrer chez eux pour simplement faire l'amour comme si cette séance de thérapie n'avait pas existé. Puis la seconde question vient, et il sent qu'il va devoir prendre le relais pour répondre. Il serre doucement la main de Brooke dans la sienne, baisse les yeux, réfléchissant à ses mots. Sauf qu'il prend trop de temps, il le sait, y'a pas une mouche qui vole et le regard d'Edna le rend presque fou. Il a envie qu'elle regarde ailleurs, qu'elle leur foute la paix. Il arrive pas à se détendre. Alors, quelque chose lui vient à l'esprit, parce qu'il veut pas que Brooke perde ses moyens non plus. « Elle est la seule à savoir comment me calmer quand ça va pas. » Il ne l'a jamais dit, il a toujours eu du mal à ouvrir son cœur. Puis il sourit, masse la paume de la main de la jeune femme de son pouce, parce que ce simple contact, il en a besoin. Si elle était pas là à ses côtés, il aurait pété un câble depuis bien longtemps. « Et j'aime par dessus tout son caractère de feu, parce que quand je suis seul et qu'elle laisse sa tempête s'exprimer, ça va mieux. Je me sens vivant, et ça anime le vide de la maison, et le vide que j'ai au fond de moi. » Il se tait à nouveau, ça le gêne de dire ça, plus calme qu'il ne l'a jamais été, laissant transparaître toute sa sincérité. Il ose même pas tourner la tête, il veut pas voir ce carré noir et ces lunettes rouges, non, lui ce qu'il veut, c'est le roux et le bleu, ces deux couleurs extraordinaires qui teintent sa vie jour après jour. Du coin de l’œil, la dame hoche pourtant la tête, elle semble satisfaite même si ce sont pas les compliments les plus banals qui soit. « Et vous madame Oxley, qu'est-ce que vous n'aimeriez pas qu'il change ? Qu'est-ce qu'il vous plaît le plus chez lui ? » Le silence se fait à nouveau, et lèvres pincées, il la regarde, uniquement elle. Il se refuse de la lâcher du regard, il veut qu'elle oublie cette dame qui s'introduit à sa manière dans leur couple, qu'elle s'imagine n'être qu'avec lui, pour laisser son cœur parler. Main dans la main, il sait qu'ils peuvent tout surmonter. Alors il attend, il patiente, il attendrait des jours entiers jusqu'à ce qu'elle ose enfin s'exprimer, parce qu'il l'aime et qu'il n'en aimera pas une autre, jamais.
Sujet: Re: you are perfection, my only direction (brookcha) Mer 4 Sep 2019 - 5:40
C'est la panique qui avait parlé en premier lieu, non pas la raison. Doigts affolés, respiration angoissée, coeur qui ne savait plus battre librement, tu avais écris c'est quelques mots, cette phrase qui avait dictée la suite de votre parcours amoureux. Faire l'amour n'est plus suffisant, son corps te manque déjà, mais il ne règle pas tous les mots. Et sur ce plan, intimement, vous êtes déjà solides, déjà bien assez forts. Pas besoin de plus. Quand tu dévores Sacha, quand ton corps succombe au sien, y'a que vous deux. Vous deux et rien d'autres. Ce n'est pas la solution. Pas maintenant. Et même si le sexe est la réponse à bien des maux, ceux-là n'en avaient rien à faire d'une partie de jambes en l'air. La thérapie, c'est toi qui l'avais proposé. T'avais déjà usé de tout ton petit change pour l'aborder, t'avais puisé une force au fond de ton âme pour avouer que vous avez un problème, que vous avez besoin de vous retrouver. Mais Sacha avait refusé. Et tu t'étais senti bête de penser ainsi, de croire qu'un autre pourrait vous dire exactement comment être un couple alors, qu'au final, il ne vous connaît pas plus que ça, pas plus que l'image que vous renvoyez de vous. Paniquée, derrière ton écran, au travers des mots odieux que vous vous étiez échangés, t'as pas compris qu'en fait il déteste les psychanalyse, qu'il n'a juste pas envie de se faire observer indéfiniment et de se faire prendre pour un fou par un autre thérapeute. Un autre a lui dire qu'il avait un problème et à lui prescrire un traitement à suivre pour régler les troubles. Que la seule psychologue possible de l'aider, c'est toi. Toi et ton roux. Toi et tes taches. Toi et ton bleu. T'as cru qu'il voulait pas régler les problèmes de votre couple, que Sacha ne voulait pas remonter cette pente abrute pour retrouver le chemin de votre amour, t'as cru qu'il en avait marre de toi. Et tu t'es braquée. Et, maintenant, dans cette salle d'attente où les couples se déchirent et se blessent, t'as peur qu'au fond ce soit le même sort qui vous attend, que ces regards noirs et ces commentaires presque sourds soient les vôtres, au fil des rendez-vous. Ça t'angoisse. T'as le coeur au bord des lèvres. Ta main se glisse dans celle de ton homme, du seul à te faire frissonner à un si simple contact. Nouveau frisson quand il pose ses lèvres contre les tiennes. Tu souris presque tristement, parce qu'à ce contact tu t'imagines toutes ces choses qui vous pèsent. Les mots, les commentaires. T'es qu'une pute. Un second choix. T'es pas faite pour cette vie-là. Mais tu l'aimes. Putain que tu l'aimes. Tu vas lui dire, ton sourire s'éclaircit, tu ouvres la bouche. Et on appelle votre couple. Mince. Trop tard. T'as trop attendu. Main dans la sienne, vous passez au travers de ce couple qui vous dévisage, fille jalouse, mec en manque, il te reluque. Tu le sens, dans ton dos, son regard qui te brûle les reins, la colonne vertébrale. Tu serres la main de Sacha, espérant qu'il ne voit pas le regard de cet inconnu, ça le rendrait dingue. Complément dingue. Et vous vous asseyez, face à cette dame qui vous questionne d'abord sur votre moral. Évidemment que tu mens. Évidemment que tu dis pas toute la vérité. Parce que ce que tu ressens, ça ne se dit pas. T'as le coeur qui veut exploser et tu veux lui crier, à cette dame, de ménager ton lanceur de couteau, que lui il mérite pas de ressasser ses souvenirs, qu'il en a assez vécu. Épargnez-le, que tu veux crier, tu veux te briser les cordes vocales, t'époumoner à faire comprendre à cette putain de thérapeute de couple que lui, Sacha, il mérite pas d'être là. Alors tu réponds la première quand elle demande quelles sont vos forces. Y'a tellement plus que ce que tu trouves à dire, mais pour l'instant ce sont les seuls mots que tu réussis à articuler et ils décrochent un sourire à son petit-ami, soulagement qui prend place dans tout ton âme. Puis le silence s'installe avant qu'il ose parler. Qu'il vide son coeur. Tu savoures chacun de ses mots. Tu le regardes, tes yeux sont incapables de bouger, hypnotisés par lui. Tu le regardes, des je t'aime au travers les yeux a ce commentaire qui te fait vibrer. Edna n'existe plus. Y'a que toi. Et lui. Et votre amour. Dans ce bureau qui ne te fait plus peur. Tu lui ferais l'amour, là, maintenant. Tant pis pour la brune. Tant pis pour son regard dégoûté et son coeur qui ne tiendrait pas à tant de passion. Je ne voudrais pas qu'il change sa façon de m'aimer, commences-tu. Parce que je me sens forte à ses côtés. J'aime tout de lui. La façon qu'il a de me regarder quand il a une faveur à me demander, quand il plisse son nez alors qu'il réfléchit, quand il me regarde dans les yeux et que je sens qu'il me parle sans même utiliser la parole. Il est la glace et je suis le feu. On s'effrite, mais on s'aime. Je l'aime. Tu réponds comme si tu pouvais deviner que la prochaine question serait sur vos sentiments. Et maintenant, ils sont clairs. Tu l'aimes. « Très bien. Quelles sont donc les raisons qui vous poussent à consulter. Quels sont les problèmes de votre couple, selon vous ? » Elle prend une pause avant de reprendre. « Je ne suis pas ici pour vous mettre une étiquette mais plutôt pour vous aider à identifier vous même vos soucis. » Tu respires, le regard juché sur Sacha. On est ici par ma faute. Il aime pas ta réponse. Tu t'en fiches. Tu regardes la thérapeute maintenant. Je sais pas aimer. Je m'excuse, mon amour, je te demande pardon... Je sais pas comment bien aimer. Je suis détraquée. Les larmes te montent. Tu veux disparaître.
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Sujet: Re: you are perfection, my only direction (brookcha) Sam 21 Sep 2019 - 12:50
you are perfection, my only direction
Ils ne sont là que depuis quelques minutes, et pourtant, Sacha a l'impression que les choses sont déjà en train de s'arranger. Il sait qu'ils sont tous les deux agacés à l'idée de devoir confier ce qu'ils pensent face à une femme qui ne connait rien d'eux. Il peut voir le malaise de Brooke à l'idée d'être forcée à parler de la sorte, d'être ici. Il sait aussi qu'elle pense être la coupable face à tout cela, mais il sait qu'il n'est pas innocent non plus dans cette histoire. S'il faisait des efforts, lui aussi, ils pourraient s'en sortir plus facilement. Sauf que chaque fois qu'ils tentent de communiquer, c'est plus fort qu'eux, ça explose. Ça explose parce qu'ils ont trop de sentiments refoulés au fond d'eux, cachés derrière cette couche d'amour et de passion qui les unit. Un amour qu'il n'hésite pas à dévoiler au grand jour, à faire paraître, regard plongé dans celui de Brooke, espérant que ce contact visuel et physique l'aide à se sentir mieux dans cet espace qui n'est pas le leur. Le leur, c'est cette petite caravane, trop petite pour deux et qui pourtant, parvient à leur suffire amplement. Parce que peu importe le lieu où ils se trouvent, dans cette caravane, ils peuvent toujours avoir un œil l'un sur l'autre et se croiser, une situation qui, bien qu'elle avait longuement fait hésiter Sacha sur la vente de sa vente, lui convenait aujourd'hui mieux qu'il ne l'aurait espéré. Ils ont beau se voir au travail et en privé, il ne se lassera jamais d'elle. Depuis des mois, ces tâches de rousseur si significatives sont devenues sa raison de vivre, ainsi que ce caractère de feu, que personne ne peut ignorer. Des choses qu'il dit, à la fois en usant de sa voix et de son regard, main dans la main. Et c'est à son tour, à elle de délier son cœur et d'avouer les choses, à la demande de cette thérapeute intrusive. Malgré le secret professionnel qui est censé lier ses lèvres, il se doute qu'elle doit bien profiter de ces couples qui passent devant elle pour avoir des anecdotes croustillantes à raconter à sa famille en rentrant. Tout ça pourtant, ce regard curieux, il fait de son mieux pour l'oublier, pour qu'il n'y ait plus qu'eux deux. Alors que les phrases de Brooke parviennent à ses oreilles pour réchauffer son cœur, il sourit. Ces mots, bien qu'il les avait déjà imaginés, il ne les avait jamais entendus, et Brooke ne les lui avait jamais dit droit dans les yeux. Là, il se rend compte à quel point elle le connaît, à quel point elle peut le regarder avec ce regard amoureux tous les jours, dans tous les moments du quotidien qu'il lui semblait être obsolètes pour leur mémoire. Des détails qui lui prouvent combien il ne regrette pas que les choses se soient déroulées ainsi entre eux. Il ignorait, dès le premier jour, lorsque leurs corps étaient emmêlés, ne faisant qu'un sur la scène de spectacle, qu'il deviendrait accro à elle, qu'il en tomberait amoureux. Lui qui pensait que sa vie était foutue depuis toujours, que le bonheur n'existait pas semblait se rendre compte qu'il avait eu rudement tort. Moi aussi je l'aime, je l'aime à en crever, souffle son regard, alors qu'Edna refait son apparition, voix insupportable parvenant à ses oreilles. La question qu'elle pose le fait crisser des dents, et il la regarde, s'agitant sur sa chaise alors qu'il aimerait lui hurler de la fermer, qu'elle vient de tout gâcher. Serrant un peu plus la main de sa compagne dans la sienne, il pousse un soupir, souhaitant lui intimer de ne pas répondre. Pourtant, elle le fait, et il repose son regard sur elle, regrettant qu'ils ne soient pas sur le même fauteuil, où il aurait pu la prendre dans ses bras, la serrer contre lui et l'embrasser pour lui faire oublier la situation inconfortable dans laquelle ils s'étaient mis en venant ici. « Arrête, dis pas ça. » souffle-t-il, sourcils froncés de mécontentement alors qu'elle ne le regarde plus. Il ferme les yeux quelques secondes pour ravaler sa salive. La thérapeute les observe, épie chaque réaction alors que chaque mot supplémentaire est ne torture. Même s'il n'a pas envie de couper la parole à Brooke par politesse, il sait qu'il va finir par le faire malgré lui. « C'est complètement faux, j'peux pas te laisser dire ça. » Il voit du coin de l’œil l'intruse qui s'agite sur sa chaise, sur son bout de papier devant elle. Ce qu'elle voit l'intrigue, et lui, ça l'énerve. Il regard Brooke, rapproche son fauteuil du sien pour tendre la main et venir caresser sa joue d'un geste qui se veut rassurant. « T'as jamais été détraquée, j'aime pas quand tu dis ça. » Il jette un regard sombre à cette femme qui n'a pas tourné les yeux depuis le début de la séance, mettant sur elle la responsabilité du mal-être de Brooke. « C'est de ma faute si on est là. J'ai fait une connerie. J'en ai fait plus d'une. » il soupire, vient embrasser la main de la rousse délicatement, n'ayant jamais supporté de voir les larmes sur son visage. Il se rappelle de tout, de cette journée où ils avaient fini à l'hôpital à cause de lui, parce qu'il avait failli abandonner tout espoir de vivre. « Tu sais aimer, d'accord ? Tu me le montres tous les jours. Quand tu me regardes, je le vois, je le sens. J'suis juste trop con pour te faire comprendre que j'vois tout ça, et j'suis désolé. J'aurais jamais dû te faire te sentir comme ça. C'est de ma faute si on est là. A cause de l'alcool, de la drogue. » Cette confession lui fait mal au cœur, mais c'est la vérité. Incapable de tenir plus longtemps, il se lève pour se rapprocher d'elle, son corps de géant se penchant au dessus de sa belle pour l'entourer de ses bras, embrassant son front, caressant sa chevelure rousse de ses doigts. « J'peux t'assurer que tu me montres tous les jours que tu m'aimes. Et j'veux que tu continues d'être qui tu es. Je t'aime mon cœur, comme je n'ai jamais aimé personne. » c'est dans un souffle qu'il dit ça, pour qu'elle soit la seule à entendre. Il se moque bien de faire obstacle à cette putain d'Edna. Tout ce qu'il veut, c'est le sourire et le bonheur de sa petite amie.
Bon anniversaire mon chat, j'espère que ce rp est un merveilleux cadeau pour toi. Merci encore pour nos aventures rpgiques, tu mérites tout l'amour du monde.
Invité
Sujet: Re: you are perfection, my only direction (brookcha) Lun 23 Sep 2019 - 16:29
L'ambiance est lourde dans le bureau de la psychologue. Autour de vous, tout est immobile. Il n'y a que vos couleurs qui vous enveloppent. Le roux, le noir, quelques éclats colorés sur votre peau et le métal de vos piercings. Parce qu'autour de vous, tout semble gris, tout semble mort. Vos mots font du bien, ils apaisent la lourdeur des lieux, ils calment l'anxiété que tu ressens, les mains moites que tu tentes d'essuyer subtilement sur tes jeans beaucoup trop troués au goût de la dame qui vous examine. Et même si c'était ton idée, tu détestes tout de cet endroit excepté celui à qui tu ouvres ton coeur, celui que tu martèles de tes mots d'amours, celui à qui tu prouves les raisons pourquoi tu l'aimes tant, ces petites choses qu'il ne remarque certainement pas qui te font l'aimer encore plus. Et tu t'arrêtes là, sur ces quelques choses, mais pourtant il y en a bien plus. Des choses qui sont futiles, que personne ne comprendrait, comme ses manies quand il fait le ménage de la caravane ou sa routine avant les shows. Puis, il y a toutes ces choses intimes que tu ne te vois pas expliquer à madame Edna : comment il te prend chaque soir pour te faire sentir son membre en toi, comment il te fait l'amour avec passion, comment le septième ciel n'a jamais été aussi bon qu'avec lui, ces choses-là qui normalement ne te font pas peur de dire, dont tu n'as jamais été pudique, que tu n'as pas envie de laisser la psychologue connaitre. Et bien que tu veuilles sauver votre couple, bien que tu supplies la professionnelle du regard de vous aider, t'as pas envie de la laissé s'immiscer dans cette partie de vous qui n'appartient à nul autre que vous deux, comme votre petit secret. Sacha sourit, le coeur léger de tes confessions, sourire qui fait accélérer ton coeur brisé qui a déjà tant de mal à battre, ça te fait presque mal. Ton sourire fond quand la question suivante apparaît et que tu te vois forcée de faire à nouveau un aller-retour dans les mauvais souvenirs, et pas que ceux qui enveloppent votre histoire, à Sacha et toi. Bien avant lui. Bien avant vos débuts tumultueux, bien avant que tu ne reviennes à Bowen, bien avant même que tu la quittes, cette ville maudite. Tu sais pas aimer. Et tu l'avoues. Tu le dis avec conviction. Et il n'aime pas. T'as pas besoin de le regarder pour le savoir. Il n'a jamais aimé que tu le dises, jamais compris, non plus, pourquoi tu le disais. Parce que vous parlez souvent de lui, de ses problèmes, mais, silencieuse comme tu es de ton ancienne vie, jamais tu ne laisses paraître qu'au fond, toi aussi, t'as mal. Il t'arrête dans ton élan, la thérapeute se tient sur le bout de son siège, crayon en main, note toutes les interactions que vous avez et toi tu voudrais disparaitre plutôt que de ressentir la sensation de l'avoir déçu à nouveau. Son fauteuil se rapproche du tien, il caresse ta joue, se veut rassurant, se veut amoureux. Et toi tu te fermes comme une huître. C'est comme ça, chez toi, parce qu'on t'a appris à refouler tes sentiments, à les garder au plus profond de toi, depuis toujours, depuis cette gamine de trois ans retrouvée dans un appartement vide, au travers des seringues et des sachets vides de poudre blanche. Et dès lors, on t'a martelé à garder le silence, à ne pas pleurer, à ne pas montrer que t'avais mal, parce que la société s'en fiche de toi. Et qu'à chaque fois que tu tentes d'ouvrir ton coeur, on ne te laisse pas la chance de le laisser parler. Ce n'est pas la faute d'Edna, si tu as mal. C'est la faute de ta vie et de toutes ces personnes que tu as rencontrées sur ton chemin qui t'ont détruite.. et un peu la sienne, aussi, à Sacha, de te mettre dans une tour d'ivoire alors que tu ne le mérites pas. Il jette la faute sur lui, sur l'alcool, sur la drogue, et toi tu restes immobile, les larmes chaudes qui réchauffent tes joues dont tu ne peux, à présent, plus contrôler leur trajectoire. Et, pourtant, tu ne sanglotes pas. Elles coulent toutes seules, décidant elles-mêmes de leur destin. Il bloque la vue de la thérapeute, t'enveloppes dans un cocon de tendresse et Edna s'impatiente. « Monsieur Kheinov, reprenez votre place », ordonne-t-elle, presque irritée. Il ne bouge pas et il n'apprécie pas qu'on lui donne des ordres, mais, toi, t'as envie qu'il se rassoie. Que la session reprenne. Elle répète, s'obstine à lui dicter comment se comporter. Et tu t'en mêles. Sacha... souffles-tu pour qu'il s'exécute. Faut que tu arrêtes, continues-tu, l'émotion dans la voix. J'sais pas aimer, tu le sais, fais pas comme si c'était faux, fais pas comme si t'étais le seul fautif dans nos problèmes. Et ton ton devient plus dur, plus sévère, t'es fâchée. Contre lui, contre la vie, contre toi, contre toutes ces personnes qui t'ont fait devenir détraquée. Contre ces gens qui n'ont pas su te montrer ce qu'était l'amour, comment bien aimer, contre tous ceux qui t'ont fait souffrir. Contre ces hommes qui t'ont frappé, qui t'ont insulté, qui t'ont fait sentir comme une moins que rien, qui ont malgré eux forgé ton caractère. Contre ces familles d'accueil qui t'ont négligé, qui ne t'ont pas appris ce qu'était le plaisir d'avoir un chez-soi. Contre ta mère qui, dès le début de ta vie, t'as appris que t'étais pas désirée, que t'avais rien à faire ici mis à part l'empêcher de vivre. Et ce sentiment d'être un obstacle pour tout le monde qui te pèse depuis des années, qui t'empêche de respirer. « Vous me semblez en colère, pouvez-vous expliquer à votre partenaire ce qui vous fâche ? », demande la dame alors que tu ne sais même pas comment exprimer ta rage convenablement. Je lui en veux, commences-tu en ne regardant que la dame aux cheveux noirs. Elle te fait signe de te tourner vers lui, tu ne veux pas, mais tu le fais. Tu regardes Sacha qui doit sans doute être offusqué, te disant maintes et maintes fois dans ta tête comme cette idée était bête. Je t'en veux pour cette fois où j'ai cru te perdre, où j'ai cru que tu allais mourir. Je t'en veux d'une part parce que tu m'as fait peur, parce que j'ai cru que cette fois c'était la dernière fois. Tu soupires, tu sais qu'il n'aimera pas la suite. Mais je t'en veux surtout parce que j'ai l'impression d'avoir été manipulé dans cette situation. Je t'en voulais Sacha, on était en train de se disputer et t'as posé ce geste comme pour arrêter les disputes... alors que la vie, ça ne fonctionne pas comme ça. Tu ne peux pas abandonner quand c'est trop difficile de discuter. Je t'en voulais tellement pour cette fille, que je t'ai trompé, j'ai embrassé ce mec, j'aurais pas dû, mais je l'ai fait. Tu souffles un instant, le temps de lui laisser encaisser le choc. Puis, je sens que je n'ai pas été totalement honnête avec toi à propos de Jackson.
hj:
merci mon chaton
Invité
Sujet: Re: you are perfection, my only direction (brookcha) Lun 30 Sep 2019 - 17:57
you are perfection, my only direction
Il a soudainement l'impression que son cœur a été arraché de sa poitrine et qu'il est en train d'être cruellement écrasé, incapable de garder les pieds sur terre. Il ne s'attendait pas à ça, pas à ce que Brooke elle-même finisse par le repousser, par le contredire et lui demander de s'asseoir. C'est trop, y'a le sang qui commence à lui monter à la tête et c'est pas bon. Il a beau prendre ses médicaments régulièrement et avoir arrêté de boire et de fumer comme un pompier, il redevenait le même homme qu'il était avant. Et là, il se sent faible, il sait que c'est pas bon. Il aurait voulu qu'elle lui dise qu'il avait raison, qu'ils allaient partir et qu'Edna ne se mêlerait plus jamais de leur couple. Au lieu de ça, il s'écarte, choqué, et ne dit plus rien. Que dire, de toute façon ? Il a écouté, il a entendu, et il n'a plus rien à répliquer. Faible, il se laisse choir sur le fauteuil, n'en revenant pas. Il ne voulait pas que ça se finisse, mais là, il dépassait les bornes. Il prend sa tête entre ses mains, il a l'impression que tout va exploser, que tout est foutu. Il veut plus voir, il veut plus rien écouter. Mes les propos de Brooke pour répondre à la thérapeute sont si forts qu'il ne peut que relever la tête et être victime de la scène. Muet, il encaisse, il avait jamais voulu entendre tout ça parce que ça lui brisait le cœur. Chaque mot supplémentaire lui donnait l'impression d'être poignardé. Un instant, il se demande s'il est fait pour elle. Il a l'impression à ses mots qu'il est là pour la détruire, qu'il ne lui apporte pas assez de bonheur, et il s'en veut. A cause de lui, elle est dans cette prison dorée et elle ne demande qu'à s'échapper, mais il a peur, peur qu'elle parte et qu'elle l'abandonne. Peur qu'elle ne l'aime plus. Il est sous le choc, tente de respirer, tente de ne pas céder à la panique. « J'ai pas fait ça pour arrêter les disputes. » Et dans le fond, sa voix se brise, il sait que c'est faux, il a juste pas envie d'admettre. « Et comment ça ? Est-ce qu'il t'a fait quelque chose ? Brooke, réponds-moi. » Il ne voulait pas perdre le contrôle, mais c'était trop tard, l'enchaînement de propos avait fini par le frapper trop fort pour qu'il se calme. Il se demandait ce qu'elle avait bien pu lui cacher au sujet de ce Jackson, cet homme qu'il n'avait jamais rencontré et qu'il n'aimait pourtant pas. Parce qu'il savait combien il avait partagé des années aux côtés de Brooke. Même si lui et Brooke s'aimaient aujourd'hui, il avait toujours eu peur que quelqu'un tente de l'arracher à lui. En silence, il considérait l'ancien partenaire de cirque de la jeune femme comme une potentielle menace. Cette animosité semblait être ressortie à la seconde même où son ego avait été profondément touché par les propos de sa bien-aimée. « Monsieur Kheinov, je vous demande de vous calmer et de vous asseoir, s'il vous plaît, ou je serais obligée de mettre fin à cet entretien. » Cette Edna, il avait envie de la baffer. De hurler, de crier, de frapper, de laisser sa rage sortir. Et le pire, c'est qu'il ne comprenait pas pourquoi il était comme ça. Il n'y avait probablement aucune raison. Alors nerveusement, il jette un coup d'oeil à la thérapeute, et contourne son siège, incapable de rester assis et immobile plus de quelques secondes. Là, il commence à marcher, à faire les cent pas dans la pièce, façon pour lui de se calmer quand il n'a pas la possibilité de lancer des couteaux dans le mur pour se détendre. « Écoutez ce qu'elle a à vous dire. » Elle-même semblait être soudainement touchée par la curiosité, un autre trait de caractère chez elle qui donnait envie à Sacha de sortir de ses gonds. Il commence alors à faire bouger de sa langue son piercing à la lèvre, fulminant tandis que ses pas le mènent jusqu'à la fenêtre, où il se poste pour regarder dehors, pour éviter la crise d'hystérie. Ce Jackson était un nœud à problèmes, et le lanceur de couteaux n'avait nullement envie de voir le visage de Brooke quand elle lui avouerait la chose. Est-ce qu'il s'était passé quelque chose entre eux ? Avait-elle craqué pour les bras de Jackson, la semaine où lui-même était incapable de bouger de son lit ? Il ne pouvait pas y croire, ce n'était pas le genre de Brooke. Lentement, il lève sa main, commence à se frotter les tempes, yeux clos, le cœur tambourinant et les mains tremblantes. Habituellement, il aurait fui, mais aujourd'hui il ne pouvait pas. Et le pire dans tout ça, c'est que Brooke allait croire que c'était à cause d'elle qu'il était dans cet état, alors que c'était la voix sifflante d'Edna qui le rendait fou. « Monsieur Kheinov... » « Cessez de m'appeler Kheinov, cessez de m'appeler tout court et laissez-moi avoir une conversation avec ma femme sans intervenir ! » souffle-t-il, sourcils froncés alors qu'un soupir s'échappe de ses lèvres et qu'il se retourne, observant Brooke à la recherche de soutien, mais il s'en voulait tellement de son propre comportement qu'il avait l'impression qu'elle ne chercherait pas à le rassurer, pas tout de suite. « Je suis désolé bébé. » Et alors qu'il pensait qu'il aurait besoin de frapper pour que sa colère ne retombe, il est soudainement envahi par la détresse de l'instant. Il a envie de pleurer, et il a envie de vomir. La brune se tourne alors vers lui après l'avoir laissé tranquille, et pousse un soupir agacé. Elle n'a visiblement pas dit son dernier mot. « Rappelez-vous la raison pour laquelle vous êtes ici. » Il sait pourquoi elle dit ça. Quand il a pris le rendez-vous, il avait dû expliquer les choses à sa manière, pour que la thérapeute puisse leur proposer un rendez-vous adapté. Jusqu'ici, il avait complètement oublié, son esprit échauffé. « Je sais pourquoi je suis ici. » cette fois, il baisse d'un ton, parvient à redescendre en pression, se rappelant la raison pour laquelle il est là. Parce qu'il l'aime, et qu'il a envie de poursuivre sa vie avec elle. Il veut pas finir comme son père, il veut pas tout gâcher pour son propre ego. Lentement, il passe une main dans ses cheveux, mais refuse de revenir s'asseoir. Ici, être à la fenêtre, ça lui donne l'impression d'être vraiment face au problème. Car dans cette pièce, il ne peut pas fuir. Il est forcé de faire face à ses problèmes, parce qu'il veut les résoudre. « Je suis désolée, bébé. J'te promets de plus m'énerver. Et j'veux que tu me dises ce que tu as à me dire. » Cette fois, il est enclin à l'écoute. Il veut savoir, il veut qu'en sortant d'ici, tous leurs problèmes soient réglés et qu'ils puissent vivre enfin comme un couple heureux.
Sujet: Re: you are perfection, my only direction (brookcha) Lun 30 Sep 2019 - 22:39
J'ai pas fait ça pour arrêter les disputes, lâche-t-il alors que tout ton corps se braque, épuisée de dire blanc alors qu'il dit noir, jamais sur la même longueur d'onde en ce qui concerne les éléments importants de votre vie commune, seulement lorsque ça implique un lit, ton corps nu et le sien te chevauchant, l'impression que mis à par le sexe, plus rien ne vous rejoint de la même façon, à présent. Loin, tous les deux bien trop éloignés de la réalité sans savoir qui est celui qui dérape. Ses dernières paroles sont suivies d'un Brooke, réponds-moi colérique, hors de lui, un Sacha qui se déchaine, qui se lève, la panique dans les yeux. Il est hors de lui, pense au pire des pires en se créant des scénarios dans sa tête alors que tu restes silencieuse, sur ce fauteuil, face à Edna qui, elle, suit ton Sacha du regard, parce que, toi, tu n'en as pas la force. Ton regarde reste statique, stoïque, figé comme un portait, devant toi, sur le tableau derrière la tête noire de la thérapeute qui commence à se lasser du comportement explosif du lanceur de couteau. Elle ose parler, le réprimander, ne sait-elle toujours pas qu'on ne lui donne pas des ordres ? Que mis à part ta tête rousse, il se fiche bien que les autres ne l'apprécient pas ? :La pauvre dame n'a pas bien saisit l'homme qu'elle avait sous les yeux, alors que Sacha se balance bien des indications et fait les quatre-cents pas dans ce minuscule bureau à la recherche du calme. Réponds-lui, Brooke. Tu l'as mis dans cet état, tu lui dois bien ça, non ? Mais t'es incapable. À quoi bon ? Il n'est pas en état. Tu te tais, tu jettes un regard à la thérapeute qui t'incite à parler, malgré le comportement peu réceptif de ton partenaire. Et tu pinces les lèvres, soupirant, les yeux qui ne cachent plus ton émotion, la gorge nouée par la colère, la tristesse, la déception. Tu secoues la tête. C'est plus la peine. Plus la peine de se battre, plus la peine de chercher à réparer ce qui est brisé entre vous. Ça ne reviendra pas. Ni maintenant, ni jamais. Quelque chose se brise en toi, au même instant où les larmes chaudes viennent caresser tes taches, Sacha en arrière-plan qui ne remarque même pas la scène. Ton coeur bat à tout rompre, le feu monte à la tête, honteuse de tes émotions. Avant lui, ça ne t'arrivait pas. Avant lui, t'étais bien plus forte, bien plus solide au fond de ton coeur. Et il est arrivé sans prévenir, Sacha, dans ta vie déjà assez brisée, y a ajouté sa touche de complexité, t'a fait tombé amoureuse de lui, complètement hypnotisée sous son charme, il s'est emparé de toi, de toute ta vulnérabilité, le seul à récolter tes larmes. Pleurer pour un homme, ça n'avait jamais traversé ton esprit. Bien au contraire, même. Pas d'attache, pas d'émotion, pas d'amour, pas de larmes. Le russe ne colle pas dans ces balises, il est l'exception à la règle. Et les larmes ne cessent de couler contre ta peau alors que la thérapeute s'impatiente, demandent à Sacha de bien vouloir écouter ce que tu as à lui dire. Tu secoues à nouveau la tête. Non, dis-tu sèchement, écorchant un sourcillement de la part de la psychologue. À quoi bon ?, finit-elle par demander, l'espoir qui se perd. À quoi bon lui livrer la vérité sur sa relation avec Jackson si ce n'était que pour creuser un fausser plus grand entre vous, si ce n'était que pour vous pousser au bord du gouffre, au bord d'une séparation imminente ? Cette thérapie était bien la seule chance de sauver votre couple, de sauver ce qui vous restait d'humain, tous les deux, et de s'y accrocher. Ce n'était pas par manque d'amour, mais plutôt par manque d'humanité. Parce que de l'amour, vous en avez, à en crever, même. Mais de l'humanité, c'est subjectif. À vous voir vous détruire de la sorte, comment en juger autrement ? Au fond, t'es pas mieux que les autres. Pas mieux que ses exs, pas mieux que les filles qui ont partagé sa vie ou même son lit, t'arrives pas à le calmer, à apaiser ses maux, et t'as plus trop la force de le faire, non plus. T'es immobile, il souffre, son coeur saigne, tu peux jurer qu'il frapperait le mur de toutes ses forces, à s'en exploser les jointures, si Edna ne le regardait pas faire, tu jures que tu peux entendre ses pensées dévier et se laisser croire qu'il est comme lui, comme son père. Et tu as échoué. Échoué à la promesse que tu lui as faite, celle où tu lui avais certifié que tu ne lui laisserais jamais croire une telle chose. C'est ta faute. Ta putain de faute. Tu l'as brisé jusqu'à te briser en réponse à tout le mal que tu lui infliges. T'es pas bonne, pas bonne pour lui. Edna refuse, elle n'en a pas terminé avec vous. Elle tente à nouveau de convaincre Sacha de revenir près de toi, de t'accorder toute son écoute, comme de bons patients le feraient dans une telle situation, mais la conversation s'anime à nouveau. Il explose, il rage. Ma femme, pourtant, teinte ses paroles presque insultantes à l'égard de celle qui a bien accepté de les recevoir, de les aider à vaincre leurs difficultés. Il pose enfin son regard sur toi, tu l'évites alors qu'il cherche ton soutien. T'as plus la force. Tu lui en as trop souvent offert, jusqu'à ce qu'il disjoncte plutôt que de faire face aux épines qui vous écorchent et de les couper une à une. Des excuses. Tu pinces à nouveau les lèvres. Les mots, ça ne change rien. Ça n'apaise pas ton mal. Pourquoi, dis-moi ? Tu n'étais pas part de cet échange, Edna ne t'adressait pas la remarque, et, pourtant, t'as envie de savoir ce qu'il a à dire pour sa défense, te permettant de t'immiscer au travers de cette conversation, t'y donnant le droit. Arrête de t'excuser Sacha, lâches-tu ensuite dans un soupire. Arrête de t'excuser et réponds-moi, putain. Pourquoi ? Tu T'énerves à ton tour. Pourquoi, hein ? Mais tu sais, tu sais bien trop pourquoi. C'est pas assez que je me tue à te faire voir que t'es pas comme lui ? Faut qu'une thérapeute te le confirme ? Le noyau du problème est au bord de tes lèvres. C'est pas par ta faute ou parce que tu as eu une enfance difficile qu'on est ici, Sacha. T'es pas le seul à en avoir bavé. Il y a toute la colère que votre vie se résume à lui qui entre en ligne de compte, qui brouille ton discours. On est ici pour nous. Mais on peut pas être un nous si on continue comme ça, si on agit comme des égoïstes l'un envers l'autre, si tout ce qui compte c'est les affreuses choses par lesquelles tu as dû passé pour être qui tu es aujourd'hui. Tu le fixe dans les yeux, sans l'envie d'être cruelle. Et, pourtant, t'as quand même un truc à ajouter. J'aimerais juste que tu penses un peu à moi aussi, que tu essaies de comprendre d'où je viens. Parce que chaque fois que tu tentes de te confier, Sacha n'y est pas réceptif. Que ce soit ton enfance ou même ton passé avec Jackson. Jackson a eu une place importante dans ma vie et, à cause notre histoire, il a contribué à construire la personne que je suis aujourd'hui. Qu'il le veuille ou pas, Jackson aura toujours cette place spéciale dans ton coeur. Tu soupires, fin prête à t'ouvrir. On a pas été que partenaire de scène. On a été bien plus que ça. Fût une époque où nous passions nos journées à s'exercer, nos soirées à performer et nos nuits à baiser. Tu marques une pause, cherchant à déchiffrer la réaction de ton amoureux. On a été insouciant, bien trop souvent et on a fait des conneries. En Bolivie, on est tombé de haut, tous les deux, quand on a appris que j'étais enceinte de lui. Je l'aimais, Sacha, je l'aimais tellement Jackson. Mais pas de cette façon. Et j'étais pas prête à fonder une famille avec lui, avec personne d'ailleurs. J'ai jamais ressenti l'envie avec personne d'autre que toi. J'en voulais pas d'enfants. À quoi bon faire naître un humain dans un monde où sa propre mère n'arrivait pas à ressentir ne serait-ce qu'un peu d'amour pour lui ? Mais, avant même qu'on ait eu le choix de faire quoi que ce soit, il était parti. Comme s'il avait entendu ce que sa maman pensait, sans même le dire à haute voix. Et, après cette perte, je me suis sentie tellement vide, tellement inutile...
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Sujet: Re: you are perfection, my only direction (brookcha) Jeu 10 Oct 2019 - 15:17
you are perfection, my only direction
C’est trop tard pour faire marche arrière, il le sait. Son état d’esprit bouillonnant est trop fort, il sait qu’il a envahi tout l’espace, que des patients tremblent probablement derrière cette porte en entendant des hurlements de folie. Il s’en fout, il en a plus rien à foutre. Il comprend pas pourquoi elle a mêlé Jackson à cette histoire. Il comprend pas non plus où elle veut en venir. Lui, tout ce qu’il voulait, c’était qu’ils aient pas à gueuler pour s’expliquer, qu’ils s’écoutent et qu’en une demi-heure ils soient enfin dehors à rentrer chez eux main dans la main. Depuis les débuts il passe son temps à nier. Il veut pas écouter, il est borné, parce que la vérité ça le fout mal. Et puis d’un coup, c’est Brooke qui explose, comme s’il l’avait poussée à bout à force d’être aussi lunatique, à force de se voiler la face. Une fraction de seconde, il se demande s’ils sont pas voués à l’échec. Mais pourquoi se serait-il autant investi avec elle si c’était le cas ? Il hurlait sur tous les toits qu’elle était sienne, avait arrêté ses conneries et avait envie décidé de grandir, laissant clopes et alcools derrière lui pour que son corps puisse se rétablir de la dernière fois qu’il avait failli se foutre en l’air. Et il ferme les yeux à l’évocation de son père, passe ses mains sur son visage, souffle manquant à force de hurler et de s’énerver. Il oublie la thérapeute, il oublie où il est, tout ce qu’il sait, c’est qu’il n’est pas à la maison et que ça va pas. Il veut pas pleurer, parce qu’on dit que les hommes ça pleure pas, mais la rage monte trop pour se retenir. Une chance qu’il ait pas de couteau dans la poche comme il le fait d’habitude, car il aurait massacré le mur jusqu’à y faire un trou à force de le planter dedans. Et le pire dans tout ça, c’est qu’elle a raison, et c’est sûrement ce qui l’énerve le plus. Il veut pas avouer, ça lui fait mal. Après ces mois passés en sa compagnie, il avait fini par comprendre qu’il était pas comme lui, comme son père. Lentement, Brooke avait réussi à le convaincre. Aujourd’hui, c’était juste un moment de faiblesse, le genre de moment qu’il aurait voulu ne jamais vivre. Puis il baisse ses mains, s’assoit sur le sofa près de la bibliothèque et de la fenêtre derrière lui, parce que les jambes tremblent trop pour qu’il tienne encore debout. « J’sais que j’suis pas le seul. » C’est qu’un souffle au bord des lèvres, il a plus la force de crier en la voyant dans un tel état, à cause de lui. Il relève la tête, elle le fixe et là, il reste silencieux. A quoi bon, de toute façon. Il a tort. Il a toujours eu tort, toujours été égoïste, toujours pensé qu’à sa gueule. La vérité, c’est qu’il s’en rendait pas compte. Savoir ça, ça lui fout un coup dans l’estomac, il a juste envie qu’on l’oublie et qu’on lui foute la paix le temps de digérer. Il pense aussitôt qu’il a toujours été qu’un pauvre con. C’est vrai qu’il sait pas grand-chose du passé de Brooke, il a jamais vraiment posé de questions sur ce qu’elle avait vécu pour en arriver là. Peu importe les situations, il trouvait le moyen de se mettre en avant. Pour lui, penser à elle en lui exprimant son amour, proposant des rencards et des cadeaux, des sorties, ça suffisait. Mais il avait toujours conscience qu’il manquait quelque chose pour faire d’eux un couple solide. Ce qu’il lui manquait, c’était l’intérêt qu’il pouvait porter à Brooke, et pas seulement à son corps, mais à sa vie aussi. Et dès qu’il eut conscience de tout ça, il s’en voulut. Il aurait voulu retourner dans le passé, rattraper les choses avant que ça n’éclate, avant qu’il ne soit au bord du gouffre, au sens propre comme au sens figuré. Comment faisait-elle pour supporter tout ça depuis si longtemps ? Là, il sent la migraine venir. Pas Jackson, il veut pas entendre parler de lui. Parce qu’il a eu lui aussi sa place pendant longtemps dans la vie de Brooke, et égoïstement, encore une fois, il a peur de la perdre. Il lui suffit d’imaginer qu’elle ait pu être sans les bras de cet étranger à ses yeux pour sortir de ses gonds. Il arrive pas à temporiser, à voir plus loin que le bout de son nez. Il aurait voulu se boucher les oreilles, ne pas entendre, vomir ses tripes jusqu’à oublier le monde qui l’entoure pour pas entendre parler de Jackson. Mâchoire serrée, il ferme les yeux, mains jointes sur ses genoux alors que son pied s’agite sur le plancher. Non, il veut pas imaginer Brooke en train de baiser avec un autre, que ce soit au passé ou au présent. Et pourtant, elle le force à faire entrer cette image dans son esprit, parce qu’elle sait que c’est le seul moyen pour qu’il ouvre les yeux sur la situation. Ce qu’elle était en train de lui dire, c’est qu’elle avait aimé Jackson. L’histoire qu’elle avait eue avec lui était en quelque sorte similaire avec la leur. Tout ça, ça le faisait réfléchir. Chaque propos qu’elle disait, il l’entendait, il l’écoutait. Tout ça faisait son bout de chemin dans son esprit. Il lui en avait toujours voulu d’avoir vécu avant lui, mais il savait désormais qu’il avait été con d’en arriver là. Parce que lui aussi avait vécu de son côté. Il avait failli mourir plus d’une fois, s’était empêtrée dans une relation toxique avec deux femmes à qui il avait fait des enfants dont il ne prenait en compte l’existence que depuis peu, s’était aussi entiché de son ancienne assistante. Dans le fond, elle avait autant de raisons que lui de lui en vouloir. Mais ce qui le frappait d’autant plus, c’étaient ses derniers mots. Qu’elle avait failli avoir un enfant, et qu’elle n’en avait pas voulu, que ça avait provoqué la fausse couche. « Monsieur Kheinov, tout va bien ? » La voix d’Edna lui semble si lointaine désormais, comme s’il était à des milliers de kilomètres d’ici. Depuis plusieurs minutes déjà, il avait fermé les yeux, et ne les avait pas rouverts. Bien qu’on aurait pu croire qu’il avait cette attitude parce qu’il ne voulait pas écouter, c’était faux. Ce silence, cette posture en disaient long sur lui. Parce que son visage caché derrière ses paumes était déjà larmoyant, et qu’il avait honte d’avoir été si con. Brooke n’avait jamais mérité un tel comportement de sa part. Depuis dix ans il se comportait comme un gamin de dix-huit, qui ne voulait pas grandir. Dans le fond, c’est pas la maladie qui pose problème, il le sait bien. Alors, rageusement, plus en colère envers lui-même que le reste du monde, il arrache ses larmes sur ses joues d’un revers de la main, relève la tête vers la femme qui colore sa vie. Il n’a jamais été aussi silencieux face à elle, incapable de s’exprimer. D’ordinaire, il tentait de se défendre, de faire en sorte d’avoir le dernier mot. Là, ça sert à rien. Elle l’a frappé en plein cœur, et quand il tente de répondre, c’est brouillant, il a même plus de voix pour parler. « Je sais bébé. J’veux que tu me pardonnes d’avoir été con. J’sais pas quoi dire. A part que j’suis con. » Il a l’impression qu’elle va l’engueuler pour se dénigrer ainsi, et il préfère amorcer les choses lui-même, calmement, pourtant fébrile. « J’savais pas que j’étais égoïste. J’avais pas conscience que c’était ça qui te manquait, des discussions, que j’te pose des questions sur toi. J’ai jamais fait ça. J’ai toujours pensé qu’à ma gueule, et j’suis désolé. » Il se relève difficilement, il se rapproche du fauteuil de son amour, laisse ses genoux heurter le sol à côté d’elle, vient attraper sa main, maintenant qu’il est à sa hauteur, même un peu plus bas qu’elle. Pas soumis, juste respectueux de ce qu’elle a vécu. Il veut recoller les morceaux. Et il y a une chose dans ce discours qui le marque plus que tout : la volonté profonde de Brooke d’être mère. « Tu serais une formidable maman. » Il porte la main de Brooke à ses lèvres, dépose un baiser sur la paume de cette dernière, revenant ensuite plonger son regard dans le sien. « Tu auras une famille, Brooke. On aura notre famille. » Il a encore du mal à dire les choses. Il sait pas pourquoi, ça se bloque dans son cœur. Le problème, il vient pas de Enda, ni de Brooke, le problème, il vient de lui. Il faut qu’il décroche. Alors, il s’humecte les lèvres, et il arrête de réfléchir pour parler. « J’pensais pas que tu pouvais ressentir tout ça, ni que tu pouvais avoir vécu tout ça. Je suis sincèrement désolé d’avoir joué au con avec toi. J’veux pas te perdre, je t’aime. J’veux qu’on ait une maison, des enfants, qu’on se marie peut-être un jour. Et j’te promets que pour tout ça, j’ferais des efforts. J’ferais des efforts pour toi. J’veux tout savoir ce que t’as vécu avant. J’veux pas qu’on ait de secret l’un pour l’autre. » Pincement de lèvres, puis il baisse légèrement les yeux, vaincu. « Et j’ai pas le droit de t’en vouloir pour ce que t’as vécu avec Jackson. J’comprends tout maintenant. J’veux plus t’en vouloir pour ça, et j’veux aussi faire des efforts pour essayer de comprendre à quel point il a été bon pour toi. J’te promets que tu te sentiras plus jamais vide et inutile, j’laisserais jamais personne te faire sentir comme ça. » Il a envie d’arranger les choses, de s’intéresser. Il vient alors poser sa main sur le ventre de Brooke pour illustrer ses propos, et son soutien. Il comprend pourquoi quand il s’agit d’enfants et de vie de famille elle agit comme ça. Il l’avait jamais laissée parler, il avait jamais été assez attentionné. Mais il sent qu’il n’a pas tout dit, et avant que la thérapeute ne s’incruste dans leur conversation, il ajoute, sans honte, sans pudeur : « Je veux juste que tu saches une dernière chose. Chaque fois que tu me regardes, et que je me vois à travers des yeux… je sais que j’suis pas comme mon père. J’suis moi, j’suis quelqu’un de bien, même si j’suis parfois un peu con. Si j’ai pensé le contraire tout à l’heure… Tu sais, j’sais pas écouter, j’ai peur de la vérité depuis toujours. Mais aujourd’hui tu me fais comprendre que c’est mieux d’faire face à tout ça. J’veux que tu me pardonnes pour tout ce que j’ai pu dire de mal, ou faire de travers. J’ferais tous les efforts du monde pour toi. J’ai jamais aimé personne autant que toi. » Cette fois, les larmes sont revenues. Même si tout à l’heure il avait mal, dans le fond, il se sent soulagé plus que jamais. Il l’aime Brooke. S’ils sont là, c’est pour la bonne cause, et parce que tout va s’arranger. Maintenant, il en est certain.
Sujet: Re: you are perfection, my only direction (brookcha) Lun 14 Oct 2019 - 7:32
Tu penses à toi. C'est bien la seule fois. Avec lui, du moins. Tu sais pas vraiment pourquoi, d'ailleurs. T'as du caractère, tu t'es jamais laissé pile sur les pieds, pas même par Sacha. Cependant, quand il est question de votre amour, tu t'écrases. Il prend de la place. Trop de place. Il prend ta place. Et tu dis rien. Peut-être parce qu'il peut être violent et qu'à présent tu peux plus supporter qu'on lève la main sur toi, même si d'autres l'ont déjà fait, baffes sur ton visage parce que tu faisais qu'à ta tête, parce que tu refusais une fellation ou de prêter quelques dollars. Peut-être que t'es fatiguée de devoir te battre par amour, que ça t'épuises de sentir que c'est sans cesse complexe. Tu sais pas pourquoi t'es comme ça avec lui et pas avec les autres. Peut-être parce que tu l'aimes, Sache. C'est peut-être parce que tes sentiments sont tellement grands que t'as envie qu'il se sente le plus beau, le plus fort, le plus exceptionnel autour de toi, qu'il pense plus une seule seconde qu'il peut être l'exécrable russe qu'il pense être. C'est sûrement ça qui te pousse à t'effacer, à le laisser prendre toute la place qui lui est nécessaire pour briller au travers de tes attentions. C'est comme ça depuis le premier jour, entre vous. T'avais de la réparti, il t'a choisi entre toutes les candidates susceptibles de faire l'affaire, t'avais du mordant, pourtant t'avais pas d'expérience en matière de couteaux. T'as fait du cirque, oui, mais c'était d'autre calibre. Et pourtant, il a su le voir, qu'en toi y'avait quelque chose qui l'allumerait. Et depuis le premier jour, c'est toi qui l'allume. On parle pas de sexe ici, on parle de lui qui brille, de lui au centre des projecteurs. C'est lui la vedette, l'irremplaçable, c'est lui qui contrôle le show. Et toi, t'es la catin qui l'écoute à la lettre, qui place tes bras, tes jambes et ton corps là où il te dicte. Sinon, tu meurs. T'as pas vraiment d'autres choix. Ça, t'en parle pas. Pas Tout de suite. Tu préfère crever l'abcès autour de Jackson. Mais tu y reviendras sûrement. De toute façon, Sacha, il est trop borné pour écouter tellement. Il a besoin que tu le casses, que tu le secoues, peut-être même que tu le déçois un peu, avec cette histoire de Jackson avant de pouvoir parler d'autre chose. Il fige. Il veut hurler. Tu le sais. Mais y'a rien qui se passe. La thérapeute s'inquiète presque, elle l'interpelle. Mais rien. Chez toi non plus, y'a rien. Silence radio. T'es au bout du rouleau. Complètement vidée. Vide de tout. Tu finis par le regarder, mais son visage dépiter te fait trop mal. Trop que tu finis par détourner le regard. Et tu te replonges en Bolivie. Tu te revois dans ces moments de triomphe à la cime du tissu, hissée par la force de tes bras, tes jambes sculptées qui s'agrippent au rideau. Tu te revois vriller avec Jackson. Et tomber de haut, ta cigarette dans les mains, au bord des lèvres, le soir ou tu as appris à ton partenaire que vous aviez fait une connerie, le soir où ta vie a changé. Y'avait lui, y'avait toi et y'avait un embryon. Embryon qui n'a pas voulu de toi, qui a décidé à ta place qu'il ne méritait pas de vivre. Avant ça, t'avais jamais pensé avoir mal de perdre un enfant. Parce que t'en as jamais voulu. Et tu remercies le ciel, chaque jours, d'avoir mis Jackson sur ton chemin pour vivre cette détresse avec toi. T'as été immonde, t'as été insouciante avec lui, mais ciel que tu n'aurais pas voulu d'un autre que lui à cet instant. Et ça, Sacha, il doit le comprendre. Comme toi t'as pas le choix d'accepter qu'il a couché avec deux filles presque en même temps et qu'elles ont chacune vu grandir des petits lui. Comme toi t'as pas le choix d'accepter qu'avant toi y'a eu Pia. Il pleure, éloigne. Tu sanglotes sur le fauteuil dont tu m'as pas osé te lever depuis le début de la séance, figée dans le temps entre le passé et le présent. Le coeur en miettes, tu secoues la tête quand Edna te tend un mouchoir, préférant essuyer les traces de ta triste colère sur le revers de ta grande veste de jean bien trop immense pour ton corps affiné. Et une fois les larmes épongées, tu joins tes mains ensemble, jouent distraitement avec tes doigts, le regard rivés sur le mouvement de tes articulations et l'encre noir qui commence à l'intérieur de ta paume et qui se termine sur le bout de tes doigts. La voix de ton russe brise le silence lourd de la pièce. Des excuses. Encore. T'en veux pas. Tu veux juste qu'il assume. Os qu'il s'excuse. Vous êtes là pour faire face aux problèmes, pas pour les essuyer à coups de pardon. Tu soupires, parce qu'il continu à se dénigrer, à se rabaisser alors que depuis le début tu te bâts pour qu'il brille quand t'es là. Avant toi, j'avais jamais aimé comme ça et pourtant je l'ai fait. J'veux dire, j'ai jamais su comment aimer mais j'essaie, au moins, souffles-tu avec difficulté alors qu'il se lève pour te rejoindre. Sacha se penche, pose les genoux au sol, signe de faiblesse, comme s'il te laisse le dominer, à présent. Sa main se glisse dans ta tienne. Elle est chaude, moite, il joue avec tes doigts, les entrelace sans te quitter des deux. Puis sa main libre se pose sur ton ventre. Tu secoues la tête. Non, lâches-tu avant de repousser sa main. Tu l'écoutes faire son discours, maison, bébé, famille. J'en suis pas capable, avoues-tu. J'ai pas envie qu'un être vienne s'y loger, empoisonne nos vies. Tu vois le visage de ta mère se dessiner dans ton esprit, elle, instigatrice de tes difficultés à aimer. Tu la vois te malmener, tu te rappelles ce que ça fait d'être mal aimer. Et t'as pas envie qu'un enfant puisse un jour souffrir de toi comme t'as souffert d'elle. Lui, il a les siens, ses enfants. Il n'a peut-être pas besoin d'en avoir un de toi, finalement. C'est rien, dis-tu finalement quand il se voit surpris de toutes ces choses qu'il ignore de toi. Non madame Oxley, ce n'est pas rien. Acceptez ce que votre partenaire tente de vous dire. Tu hoches la tête, comme si elle était la voix savante, celle qui comprenait toutes vos failles. Je me sens toujours vide et inutile, confis-tu. Je fais la belle, je suis accessoire. Mais, au fond, je me sens si vide. Parce que même s'il se tue à te dire que t'es pas remplaçante, tu le crois fermement. Je n'ai jamais aimé comme je t'aime, Sacha. Je pense que c'est déjà un bon pas vers la lumière au bout du tunnel. Tu l'aimes, Sacha. Et vous finirez par vous en sortir, tu le sais.
Invité
Sujet: Re: you are perfection, my only direction (brookcha) Jeu 17 Oct 2019 - 19:47
you are perfection, my only direction
Les confessions s’enchaînent, langues qui se délient alors que le feu fait rage dans son cœur et la tempête dans son esprit. Il poursuit son discours alors qu’il ne cache plus ses larmes, car la douleur semble s’être emparée de lui après la colère. Comme si toutes les mauvaises choses qui arrivaient dans le monde étaient nées à cause de lui, d’autant plus celles qui touchent Brooke. Il n’avait jamais soupçonné qu’elle avait pu ressentir tout ça, il n’avait pas pensé que si elle s’était attachée à Jackson c’était aussi pour cette raison. Même s’il aurait préféré que ça n’arrive pas, il ne pouvait pas changer le passé. Il était bien placé pour le savoir, lui qui aurait voulu avoir un autre père, ne pas hériter de cette foutue maladie qui lui avait rongé la santé depuis trop d’années. Il était aussi du genre à croire que si les choses avaient été différentes, ses problèmes auraient fini par se répercuter sur quelqu’un d’autre. Si sa sœur avait été malade à sa place, il n’aurait pas pu le supporter. Et en voyant Brooke, il ne cessait de culpabiliser. Ce n’était pas de sa faute, mais c’était tout comme. Il était trop étouffant, trop possessif, trop égoïste, trop con, trop tout. Chacun de ses gestes semblait être une faute, encore plus à l’instant présent. Lui qui s’approchait en espérant que ce contact suffirait, il s’était trompé. Il voyait combien jour après jour elle se démenait pour que lui faire comprendre qu’elle l’aimait, combien elle se battait pour ne pas qu’il se sente abandonné. Et le pire dans tout ça, c’est que Sacha n’avait jamais été comme ça. Il avait jamais aimé qui que ce soit d’autre que lui-même. Ouvrir son cœur lui avait semblé impossible. Dès qu’il s’était mis en couple, c’était pour mieux coucher avec d’autres femmes derrière. Au début de sa relation sérieuse avec Brooke, il n’aurait jamais pensé pouvoir tenir sans la tromper. Pour lui, il lui semblait évident qu’il aurait commis cette erreur, mais ce n’était jamais arrivé. Il s’était entiché d’elle, et ne pouvait pas s’imaginer faire l’amour à une autre femme que Brooke. Il lui était dévoué, entièrement. Alors l’idée de fonder une famille avec elle, pourquoi pas. Même s’il avait eu du mal à accepter son rôle de père envers ses enfants, parce qu’il ne supportait pas leurs mères, ce serait différent avec son assistante. Pourtant, ce rêve semble être soudain coupé court, et il déglutit, sourcils froncés, parce qu’il ne comprend pas cette réaction. N’était-ce pas ce dont elle parlait, quelques minutes auparavant ? De famille, d’amour, de leur couple ? Et alors il comprend. L’illumination vient enfin. Tout comme lui a toujours eu peur de n’être qu’un monstre comme son père, Brooke aussi avait ses propres démons, et ne souhaitait pas faire vivre à son enfant ce qu’elle avait vécu. « Il ne sera pas un poison. » Il est probablement trop tôt pour parler enfants, mais ce sujet semble être tout de même au cœur du problème désormais. Dans quelques années, quand leur couple aura surmonté les difficultés, qu’ils auront trouvé leur maison parfaite, que Brooke aura rencontré sa mère, Sacha aura le droit de remettre la question d’un mini-eux sur le tapis. Mais pour le moment, c’est trop tôt. Et en même temps, il se sent obligé d’intervenir, de faire comprendre à sa compagne. Ils en sont au même cas, l’un et l’autre refusent de se voir se dénigrer, sauf que c’est plus fort qu’eux, ils le font encore et encore. Immobile, il l’observe, a refusé de retirer la main de la sienne, parce qu’il a besoin de sentir sa peau sous la sienne, d’entendre leurs cœurs battre à l’unisson dans les bons comme dans les mauvais moments. Sauf que Brooke est loin de là, ne l’écoute plus. Elle veut fuir le sujet, et Edna prend Sacha de court. Son regard passe d’une femme à l’autre, et il ne dit plus rien, sachant pertinemment que son tour est passé, il n’a rien à ajouter. Pourtant, ça le démange. Même s’il n’est habituellement pas bavard d’habitude, aujourd’hui, sa langue se délie. court « Brooke , mon amour… » Un soupir, il baisse les yeux, ne sachant que dire. Brooke brillait d’elle-même sur scène. Au-delà de leurs performances, elle attirait le regard. Il détestait qu’elle puisse encaisser les commentaires des autres sans rien dire en retour. Il détestait ceux qui osaient dire qu’elle n’était qu’un supplément à cette recette. « Est-ce que… ça te ferait plaisir, d’avoir des moments sur scène rien que pour toi ? » Elle avait déjà pu se présenter seule face au public, avec son ruban. Pour l’avoir vu, il savait qu’elle était formidable dans cet art, et il avait le sentiment que ça pourrait aussi les aider, d’avoir des créneaux pour eux, pour elle. Il était prêt à lui laisser la scène, pour qu’elle s’épanouisse, et pour qu’il puisse passer des heures à la regarder sans jamais s’en lasser. Pour avoir le plaisir de la rejoindre dans sa loge après le spectacle, l’embrassant sous ses milliers de commentaires amoureux. « On ira au bout du tunnel. On s’en sortira toujours. » Il se relève lentement, vient embrasser son front alors que leurs mains sont toujours entrelacés. Il ose la lâcher, seulement quelques secondes, le temps de se rasseoir sur son fauteuil alors qu’Edna sourit, visiblement fière d’eux. « Vous m’avez l’air d’avoir fait le tour, désormais. Avez-vous quelque chose à ajouter avant que je ne vous laisse, ou qu’on reprogramme une séance ? » Sacha secoue la tête négativement. Il venait de vivre beaucoup trop d’émotions en une fois, et ne souhaitait pas qu’ils revivent une telle séance de si peu. Serrant la main de Brooke, il se tourna vers elle doucement, léger sourire aux lèvres. « Je crois que c’est bon pour moi. Et toi, bébé ? » Caressant le dos de la paume de sa main, il n’avait qu’une envie, de se lever et de la serrer dans ses bras pour ne plus jamais la quitter.
Sujet: Re: you are perfection, my only direction (brookcha) Mer 23 Oct 2019 - 20:59
Il veut pas entendre parler de Jackson. Comme toi, t'as jamais voulu entendre parler de ses exs. Jaloux, possessifs, vous avez pas envie de mettre les images des autres dans vos pensées. Pourtant, au même titre que cela avait été nécessaire pour lui de le faire, ce l'est, pour toi. Parce que Jackson, il a été plus qu'un ex. Et il le sera toujours. Personne ne pourra voler sa place. Bien plus qu'un simple partenaire. Ton premier partenaire. Ton allié. Celui avec qui t'as fait le tour du monde et le tour du tissu, aussi. Mais pas que. C'est de lui que t'es tombée enceinte, avec lui que tu serais peut-être devenue parents, si la vie ne t'avait pas fait perdre cet enfant. Il t'a vu, bien avant Sacha, passer par toutes les émotions qui te caractérisent. Le fait qu'il soit à Bowen, que votre passé reprend tes pensées d'assaut, ça te force à en parler. Et l'honnêteté, aussi. L'envie de ne rien cacher à ton partenaire actuel. Tu sais bien que c'est difficile pour lui à entendre, tu voudrais être plus emphatique, plus compréhensive. Mais c'est comme si la fatigue t'avait dépouillée de toutes ces qualités. T'en es plus capable. Tu veux juste qu'il t'écoute. Qu'il arrête de se focaliser sur lui et qu'il t'écoute. Qu'il entente ton histoire, qu'il entente tes peurs, qu'il comprenne tes craintes. Qu'il te laisse parler. Mais il ne comprend pas. Il continue de parler. De dire que vous l'aurez votre famille. Il ne comprend pas que la rage te prend au ventre, que la peur est plus forte que l'envie. Il ne comprend rien. Et ça tourne trop vite dans ta tête. Tu l'arrêtes. Non. Tu retires sa main. Il te rassure. Il tente de te calmer. Mais tu veux pas. Pour moi, si, réponds-tu alors qu'il décrit cet enfant pas encore conçut comme le contraire d'un poison. T'es pas facile à suivre, tu sais, tu conçois qu'il soit perdu. Un jour tu lui fais la gueule parce que tu veux un bébé, l'autre tu dis non. C'est la peur qui parle. C'est parce que c'est trop réel qu'elle vient empoisonner tes réactions. Et cette peur, elle est présente dans tous les aspects de ta vie. Personnelle comme professionnelle. Vient le professionnel, vient le cabaret, viennent les aveux sur ton rôle. T'aurais préféré que Pia n'existe jamais, vilaine jalousie qui se prend de toi, t'aurais préféré teindre tes cheveux, retirer tes tatouages plutôt que l'on vous compare. Si t'avais été une petite blonde, sans caractère, les choses n'auraient sans doute jamais été ainsi. Fallait que tu sois trop similaire à elle. C'est peut-être ça qui l'a poussé à te choisir, toi plutôt que les autres. Parce qu'il en était amoureux, de cette Pia. Non, dis-tu calmement en secouant la tête quand il te demande si performer toute seule te ferait du bien. T'avais mis une croix sur ça. Une fois de temps à autre, quand vous étiez entre deux numéros de couteau, quand les choses n'étaient pas encore au point pour votre duo, d'accord. Mais pas plus souvent. Pas fréquemment. C'est pas sur ce poste que tu as postulé. Ça me ferait plaisir qu'elle n'ait jamais existé, avouas-tu. Tu n'as pas besoin de prononcer son prénom, il sait. Il sait toujours. C'est ton ombre, ton défaut, ta faiblesse. Mais ça, c'est impossible. Tu hausses les épaules, lasses. Edna en profite pour intervenir. « Qu'est-ce que Sacha pourrait faire, alors, pour vous faire sentir mieux ? » Tu relèves les yeux sur elle. T'en sais rien. Il fait déjà de son mieux, confies-tu. Tu sais, qu'il fait tout ce qui lui est possible pour te faire sentir bien, tout ce que sa personnalité lui permet de faire. Il fait des erreurs, oui, comme tout le monde, mais c'est normal. « Que pourriez-vous faire, alors, pour vous sentir mieux face à cette situation ? » Devant une impasse, tu prends le temps de réfléchir à la question de la thérapeute, tu sens le regard de Sacha, patient, qui se pose sur vous deux. Je n'ai jamais été seconde. J'ai toujours fait en sorte d'être au premier plan. Je suis son ombre, elle était là d'abord, cette place lui revient de droit. Je dois l'accepter. Passer par-dessus. C'est difficile, mais je dois le faire. Et tu avoues l'aimer comme tu n'as jamais aimé. Il embrasse ton front, entrelace encore plus ses doigts dans les tiens, jure que vous verrez le tunnel au bout de cette impasse. Edna, fière de vous, sonne les cloches de la fin de la séance, vous offre la possibilité d'en avoir une autre, d'aller plus loin si vous le désirez. Mais Sacha trouve que ça en est trop. Trop d'émotions à accepter, à assimiler, à travailler. Il est prêt à partir pour ne plus jamais revenir. Mais il te demande ton avis. Tu pinces les lèvres, malaisées. J'aimerais prendre plus de séances avec vous, dis-tu presque timidement. Tu te tournes vers Sacha rapidement pour qu'il sache que ça n'a rien à voir avec lui. J'crois que j'ai beaucoup de choses à régler avec moi encore. Et que ça pourrait être bénéfique pour notre couple, en fin de compte. T'as jamais vraiment eu la chance de parler de tes sentiments, de ton enfance. En fait, t'as jamais pris la chance. T'as toujours refusé, préférer changer de sujet ou, alors, te comporter en terrible peste pour que l'on oublie les affreusetées que tu as vécu, pour qu'on te voit comme Brooke la détestable. Mais pour aujourd'hui, on a fait le tour, je crois, conclus-tu, le regard fatigué d'avoir vécu toutes ces émotions fortes sur les rails de vos montagnes russes. « Passez par ma secrétaire avant de partir, elle vous donnera un prochain rendez-vous », décrète Edna en hochant la tête. « Si vous sentez le besoin de faire venir Sacha, pour n'importe quelle raison, sachez que vous en êtes libre. » Tu hoches toi aussi la tête. Mais, pour l'instant, tu sens que c'est avec toi que tu as des problèmes à régler. La vérité, c'est que c'est toi qui vas mal, pas votre couple. Vous vous levez, tu remercies la thérapeute et vos pas vous conduisent hors de son bureau, loin des yeux voyeurs qui auraient pu capter votre réconciliation, un baiser amoureux avant de retourner à la maison.
FIN
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