i can always count on you (the garcia's)

Panique. Elle regarde le petit Charlie qui bouge à peine dans son panier, panier offert par Alejandro et le coeur de Bella se serre. Son frère, il est la seule personne sur qui elle peut compter, et ce malgré leur dispute récente. Lena est à l'extérieur de la ville, elle ne peut pas appeler Elmo à chaque souci et, au fond, il n'y a nulle autre personne qu'elle a réellement envie de voir en ce moment alors que la peur et l'émotion l'envahie. C'est son frère dont elle a besoin, de ses bras rassurants et de ses bons mots pour faire descendre son anxiété. Elle prend son téléphone, lui envoie un message et prend le petit chien entre ses bras, bisou entre son pelage. Dès qu'elle reçoit la réponse de son frère, elle place le Cavalier King Spaniel dans la voiture et, après un je t'aime, envoyé avec honnêteté, elle démarre le véhicule. Quand elle arrive sur place, Alejandro l'attend déjà devant la porte. Le chien dans les bras, elle se rue vers son frère, les yeux remplis de larmes chaudes et brûlantes. Alejandro..., souffle-t-elle en arrivant à la hauteur de l'homme. Elle se pend à son cou, sa tête qui se réfugie dans le cou du brun, tâchant de ne pas étouffer le petit animal qui se loge dans la veste de la Costaricaine. Merci d'être là, malgré les disputes continuelles, a-t-elle envie d'ajouter. Mais elle se tait, pour le moment, parce que l'angoisse est bien trop pesante pour oser en parler dès leur arrivée. Mais il le faudra. Il le faudra, parce que leur séparation pèse presque aussi lourd que la peur de perdre Charlie qu'elle a surnommé affectueusement Al le chien, sous les bons conseils de son frangin. Ils sont tous les deux fautifs, ils ont bien des choses à régler et leur attente dans la salle d'urgence de la clinique vétérinaire. Ils entrent, rapidement le chien est enregistré et l'attente commence. Bella pose le chien sur ses genoux, caresse sa tête en posant la sienne contre l'épaule d'Alejandro qui s'assoit à ses côtés. On en a pour combien de temps, tu penses ?

Fusionnel, c'est le mot pour décrire Alejandro et Bella. Et parce qu'ils le sont, ils sont aussi explosifs. Ils s'aiment à en mourir tellement qu'ils créent, autour d'eux, des flammèches et des étincelles qui, parfois, alimentent des feux, des incendies ravageurs et destructeurs, des brasiers qui, sur leur passage, ne font pas de passe-droits. Ils brûlent, ils brûlent. Et ils s'éteignent. Ils finissent par s'éteindre, une fois que tout ce qu'ils avaient à brûlé n'a été ravagé. Et quand il ne reste que la tristesse de s'être perdu, enfin, ils reviennent l'un à l'autre, s'excusent, demandent pardon, assument leurs erreurs. Mais pas cette fois. Cette fois n'avait rien eu d'ordinaire. Ils se sont laissé brûler et seulement la vie n'a réussi à les réconcilier. Ou presque. Ce n'était pas encore fait. Et, pourtant, ils agissent tout comme alors qu'il serre sa soeur dans ses grands bras forts et bien trop réconfortants, laisse son odeur l'envelopper, la bercer alors que, yeux fermés, elle lute contre ses larmes, son Charlie contre sa poitrine, Charlie qui respire à peine, Charlie à la respiration sifflante. Un sourire vient tout de même apparaitre sur les lèvres de la brune alors que son frère dénote le petit animal comme une force de la nature, de par son surnom affectueux, Al. Il tient de son oncle, lâche-t-elle alors qu'au fond, il tient un peu plus de sa propre personne à ce niveau, elle qui avait, dès le début de sa vie, lutté pour avoir une place sur terre, entre la vie et la mort. Mais ça, elle ne veut pas y penser, Bella, déjà paniqué à l'idée de savoir son Charlie malade, elle ne veut certainement pas l'imaginer sur le point de mourir. Elle laisse donc ces pensées filer et entre dans la clinique où elle enregistre son Cavalier King Spaniel de 6 mois dans leur système, sans rendez-vous, sans urgence notable selon l'employée. Dans la salle d'attente, Bella cherche à nouveau réconfort, appuyant sa tête brune contre l'épaule de son grand-frère, silence qui s'installe avant qu'elle ne lui demande combien de temps ils avaient, selon lui, à tuer avant qu'on ne les appelle. Et sa réponse est aussi évasive que la secrétaire de la clinique avait pu l'être en décrétant que son chien, lui, n'en était pas une, une urgence. Al, ce n'est pas une urgence, selon elle, chuchote-t-elle presque offusquée en pointant l'employée du menton, cherchant un coupable pour les malheurs de son animal alors qu'en réalité il n'y en avait pas. La réponse de son frère surpris la Costaricaine n'est pourtant pas celle dont elle s'attend alors qu'il entre dans le vif des sujets en suspens, adressant l'éléphant dans la pièce : leur dispute non réglée. C'était surtout déplacé d'aller chercher son numéro de portable, d'abord, dénote-t-elle alors que son frère mêle Elmo à la situation. T'es pas mon père, Alejandro, soupire-t-elle en continuant son monologue. J'ai pas besoin de me faire faire la morale pour toutes les mauvaises décisions que je prends. Et des mauvais choix, j'en ferai sans doute plusieurs autres, tu sais. Elle jette un oeil à son King qui dort sur ses genoux, vérifie sa respiration avant de reprendre. Alors, tu me feras ce genre de scène chaque fois que je prendrai des risques ? Si c'est le cas, Al, je ne me confierai plus à toi. Elle le regarde à présent. Tu sais ce que je ressens pour Elmo. Et avec tes réactions déraisonnées, j'aurais pu le perdre. Et je n'aurais même pas pu le blâmer pour ça, parce que s'il avait une soeur un peu trop protectrice, peut-être que moi aussi j'aurais songé à prendre la fuite. Elle l'aime son frère et elle aime par-dessus tout qu'il veille sur elle. Mais, là, c'était trop. Le pire est déjà arrivé, Al, j'ai déjà frôlé la mort. Que peut-il m'arriver de pire ? Et la mort, elle l'avait frôlé deux fois. Une fois avant même de savoir parler et l'autre, beaucoup plus récemment, alors qu'elle avait choisi de se couper les vivres volontairement. Tu es pardonné..., finit-elle par lâcher, parce qu'au fond, elle ne pouvait lui en vouloir plus longtemps. Je te demande pardon de m'être emporté.

Des enfants ? C'était trop tôt pour commencer à y penser. Bella ne s'était jamais posé la question, jamais demandé si elle ferait une bonne mère. Ça n'avait pas été dans son plan de vie initial. Elle pensait à faire la fête, à flirter, à rencontrer des garçons, à s'amuser, pas aux couches ou aux crèmes pour les vergetures. Bien loin de sa réalité et pourtant si proche, selon son frère qui supposait que ses folies l'amèneraient directement vers cette avenue, sans possibilité de prendre un billet de retour. Alejandro, il avait tendance à exagérer, à voir plus gros que la réalité, mais sur ce coup, et bien que sur celui-là, il avait raison : elle s'était montrée bien trop négligente, Bella. Est-ce que cela excusait ses actions ? Est-ce que cela pardonnait ses réactions ? Pas du tout. Mais la Costaricaine pouvait admettre qu'il avait, jusqu'à un certain point, raison. Et même si ses réactions avaient été fondées sur des faits, des peurs et des craintes qui, effectivement, s'avéraient réelles, elles n'avaient, en bout de ligne, que contribué à convaincre la brune de maintenir le silence, d'éviter les confessions. Elle n'avait aucune envie que ces dernières soient utilisées à son désavantage, que son frère ne prenne ces secrets pour des raisons de lui faire la morale. Elle était adulte, Bella, au fond. Et la seule responsable de ses mauvais choix. Flattant le flanc de l'animal en détresse, elle écoutait ce que son frère avait à dire pour sa défense. Ce qui est fait est fait, finit-elle par souffler avec une lassitude. Qu'il lui reproche maintes et maintes fois d'avoir commis une erreur ne changerait rien au passé. ITS ou non. Et même si elle avait fini par choper le sida, ce qui était fait avait été fait. Je comprends tes craintes, je comprends tes conseils de grand frère qui a de l'expérience et tout ça, je le comprends Alejandro... mais c'était déjà fait. J'ai été bête, tu l'as dit, mais je ne peux pas revenir en arrière, je ne peux pas reprendre ces nuits-là. Et si elle le pouvait, croyez-le qu'elle le ferait, Bella, pour s'éviter les foudres de Milo. Elle les aurait vécus différemment, ces escapades avec Elmo, ces échappatoires. Elle les aurait faits, évidemment, parce que ce qu'ils ressentaient, l'un envers l'autre, aurait fini par exploser, mais elle ne se serait probablement pas caché, le soir d'une fête bien trop arrosée, entre deux danses, dans la chambre de son amant, pour consommer cet amour. Puis, le sujet dévia sur le pire. Le pire qui pouvait arriver. Bella était fragile. Bella était une survivante. Bella avait échappé à la mort. La vie lui était due. Et elle en avait donc bien marre de l'entendre. C'est bon, j'ai compris, grogna-t-elle alors que leur conversation allait beaucoup trop loin. Le jour où elle voudrait des enfants ? Il n'était pas encore arrivé, ce jour, elle n'en était pas là. Alejandro proposa d'envoyer un message d'excuse à Elmo, Bella secoua la tête. Nan, laisse tomber Al, s'opposa la brune en baissant la tête vers Charlie. Les choses sont... compliquées, avec Elmo. Ne t'en mêle surtout pas, tu veux ? Ils se voyaient, sans que personne ne soit au courant, personne ni même son frère à qui elle avait l'habitude de tout confier. Et c'était bien ainsi. Avec la sortie de désintoxication de Milo et les rumeurs qui courraient au sujet de Bella, taire cette relation secrète et bien trop ambigüe ne leur ferait pas de mal. Tu comptes aussi beaucoup pour moi, confia-t-elle tout de même avec honnêteté alors que Charlie semblait retrouver un peu de son énergie habituelle.

L'occasion, elle ne l'aurait pas réellement. Ce n'était pas à défaut de le voir, mais lorsqu'ils s'évadaient, Elmo et Bella, ce n'était pas pour discuter d'Alejandro. En terme général, ils succombaient l'un à l'autre. Ensuite, ils discutaient. Mais rarement de choses qui pesaient. C'était des moments doux, légers, comme une pause à leur vie chamboulée. Parce que de maintenir le secret de leur relation cachée était si lourd qu'ils ne gâchaient pas les moments à deux par des discussions tranchantes. La brune hocha tout de même la tête, signe qu'elle le ferait, si l'occasion se présentait. D'accord, lâcha-t-elle simplement, sans entrer dans les détails de ce qui la liait encore ou pas à Elmo. Raconter les détails de cette relation, ça lui démangeait, à Bella, elle qui avait l'habitude de tout raconter à son frère. Cependant, ils s'étaient promis le secret, la discrétion, sans quoi ils allaient se brûler. Puis, avec les derniers évènements entre elle et son frère, Bella demeurait quelque peu rancunière. Il désapprouverait, il chercherait à lui faire entendre raison. Et elle n'en avait pas envie. À défaut de ne pas avoir d'arguments pour débattre son couple secret, elle préférait le taire. Le taire et vivre son bonheur seule. Puis, ce fut au tour d'Alejandro de se confier, d'aborder ses problèmes. Lui et un autre homme qui prenait, petit à petit la place que Juliann avait dans le coeur de son frère. J'ai pas envie de juger, finit-elle par dire, quand il lui demanda s'il était un connard. J'sais pas comment ça fonctionne, les couples ouverts. Moi j'ai toujours plutôt été en couple ou pas en couple, tout simplement. Bella soupira longuement. Mais je crois que si tu es honnête envers ces deux mecs, tu ne pourras jamais vraiment être un connard. Elle hochait la tête, comme si elle confiait ce conseil pas que pour son frère, mais aussi un peu pour elle. Alors non, j'crois pas que tu es un connard. Je crois seulement que tu as besoin de réfléchir. Pour elle, il n'était pas impossible d'éprouver des sentiments pour deux personnes en même temps, elle les avait eus pour Milo et pour Elmo, des sentiments partagés. Cependant, quand on parlait d'amour, du vrai, elle était fervente qu'il n'arrivait qu'une fois à la fois. Pas deux. Pas trois. L'amour, c'était spécial. Ça ne pouvait être divisé en plusieurs.