Eyes on me [Mei Li Lilov]

Après ces étonnantes péripéties avec Mei et une longue journée de "témoignage" infligé à la journaliste au poste de police, l’australienne avait invité Asl à boire un verre "chez elle". En fait, elle lui avait proposé "un dernier verre" mais sûrement pour reprendre l’expression.

Il avait accepté.

Le néo-zélandais n’est pas vraiment un "homme facile", même s’il avait pu ressentir des atomes crochus avec certaines belles jeunes femmes, telle que Blue, il savait rapidement quand le courant ne passait pas et qu’ils seraient amis, ce qui était satisfaisant en soi, différent. Avec Lena, ils n’avaient pas dépassé le stade des premiers baisers, le jeune homme ayant deviné que la belle blonde préférait rester dans une sorte de période d’enfance rallongée. Elle était beaucoup trop jeune dans sa tête pour avoir des rapports intimes. Avec Ana, il avait compris qu’elle avait déjà programmé leur avenir commun avant même qu’ils deviennent intimes. Après les manipulations de Lin qui avait tenté de manipuler son petit monde en vain pour le mettre dans son lit, le blond avait pris les désirs de la latine comme une autre manipulation et réagi avec virulence, ce qui n’était pas dans sa nature.

Avec Mei, c’était spécial.

Dès qu’il avait posé le regard sur cette jeune femme, Asl avait été attiré par elle corps et âme. Sa beauté, son caractère entier, cette flamme dans son regard lui donnait envie de se consumer en elle. La jeune femme avait environ quatre ans de plus que lui mais ça ne changeait rien parce qu’au niveau de la maturité, il avait le même âge qu’elle pour ainsi dire. Mei avait été sa première fois, et ce pendant plus d’une semaine avant qu’ils rentrent de Venise puis elle l’avait fui consciencieusement et il lui en avait voulu pour ça quand elle était venue le voir à Bowen. Les manipulations de Lin les avait séparés pendant un temps jusqu’au départ définitif de la chinoise, jusqu’à ce que Mei ait besoin d’aide et quand le néo-zélandais l’avait appris, il n’avait pas hésité un seul instant avant de la soutenir et de lui éviter au final un funeste sort. Par contre, il avait demandé une honnêteté totale entre eux et c’est ce qu’elle avait fait.

Ce soir-là, ils avaient bu un verre et auraient du ne pas coucher ensemble surtout parce que Mei se sentait lasse. En même temps, elle avait un peu dormi pendant ce qui ressemblait tout de même à une garde à vue mais n’en avait au final pas été une officiellement. Après avoir testé le lit de la jeune femme qu’il trouvait trop mou, ils s’étaient rapprochés l’un de l’autre sur le canapé et s’étaient embrassés, un baiser passionné et qui avait duré délicieusement à la fois longtemps et pas assez. Après ça, Asl avait porté l’australienne fatiguée sur son lit avant d’aller prendre place à nouveau sur le canapé mais deux heures allaient suffire à Mei pour retrouver assez d’énergie afin de le rejoindre et de faire "de l’équitation", le néo-zélandais préférant être comparé à un cheval qu’à une moto.

Je me suis toujours considérée comme une rebelle aromantique. Je déteste mon géniteur qui nous a trahis, ma mère et moi. Je déteste la communauté chinoise qui nous a considéré comme des pestiférées par sa faute. Je déteste l’injustice et j’ai toujours estimé que je n’avais pas le temps, non pour la bagatelle mais pour les niaiseries romantiques. Je suis une femme d’action, pas une princesse énamourée de son prince charmant. J’ai toujours eu tellement à apprendre, l’informatique, les langues étrangères, le métier de journalisme, à me battre alors les longues ballades la main dans la main, non quoi. On baise et on se reverra peut-être.

Puis j’ai rencontré Aslander.

Au moment même où j’ai posé les yeux sur lui, j’ai su qu’il serait "une source d’emmerdes" pour moi. Alors oui, à la base, je me le suis fait uniquement parce que Lin essayait en vain de le mettre dans son plumard. Mais parle lui franchement, connasse ! Bon, ça m’arrangeait que la princesse n’ait pas tout ce qu’elle désirait. Alors je me le suis fait. Il était certes "vert" mais déjà beau gosse. Je pensais faire ça une nuit et on n’en parle plus. J’avais même réussi à nous faire manquer l’avion de retour pour qu’on ne soit que tous les deux et je pense qu’il y a mis du sien pour qu’on reste tous les deux à Venise ! Puis j’ai trouvé qu’il se débrouillait vachement bien pour sa première fois alors j’ai un peu rallongé la durée de notre partage de chambre. D’une semaine. Sept jours, huit nuits. On se restaurait, il se rasait, on dormait un peu. Le reste du temps … Dès le deuxième jour, il me faisait déjà "grimper aux rideaux". C’était bien, c’était plus que bien.

C’était même trop bien.

Alors je l’ai fui pendant plus de trois ans. J’étais obsédée par ma vengeance contre Lin pour de mauvaises raisons. Finalement elle est sortie de ma vie, de notre vie. Finalement c’est un guêpier liée à un "héritage" de la chinoise qui m’a de nouveau rapprochée d’Asl mais même avec ma quête de vengeance terminée, nous ne serions pas devenus intimes sans un certain événement dans ma vie.

Bonnie.

Je l’ai aimée et je l’ai perdue. Le virus me l’a arrachée brusquement, pour toujours. Il m’arrive encore de la pleurer mais en bien comme en mal, la vie continue. Aslander donc. Il m’attendait à ma sortie du poste de police. Cette attention était touchante. Je ne l’ai pas impliqué dans cette affaire, j’ai tout pris sur moi et aucun de nos assaillants n’a non seulement parlé de lui mais évoqué le fait qu’ils nous avaient attaqués en masse. C’est logique parce qu’une agression en réunion, ça rallonge la peine de prison. Officiellement, ils se sont tapés entre eux, j’ai débarqué, trouvé les preuves contre l’organisation criminelle émergente et appelé la police. Puis vient le verre.

Bah, on s’en fout du verre.

Je nous revois assis dans le canapé, moi lovée contre lui, plongeant mon regard dans ceux du jeune homme juste avant d’unir nos lèvres. Une fois n’est pas coutume, c’était un instant magique, surtout qu’après ce baiser, j’étais restée longtemps contre le jeune homme à ressentir sa chaleur agréable, la tête reposant près de sa poitrine à entendre ses battements de cœur qui me plaisent tant. Je me veux toujours aromantique. Chaque matin, je me plante devant le miroir et je le répète comme un mantra mais j’ai du mal à m’en persuader. Après ça, j’ai pioncé, perdant ainsi deux heures à recharger mes accus avant de rejoindre le beau mâle et de le chevaucher. J’aime bien être dessus aussi et l’étalon m’a laissé mener la charge héroïque une bonne partie de la nuit. Le lendemain, j’étais à peu près certaine qu’il m’avait ménagée vu que je n’étais pas au top de ma forme.

J’en avais le confirmation la nuit suivante !

C’était leur deuxième nuit. Cette fois Asl avait tout planifié pour s’éclipser discrètement et ne pas prendre le risque d’inquiéter inutilement sa grande sœur. D’accord, Mei n’aimait pas trop le coté romantique d’une relation mais il ne pouvait tout de même pas débarquer les mains vides alors il lui avait apporté des fleurs et sa boite de chocolats préférés. Des Ferrero Rocher. Il pensait y aller en douceur, lui demander comment elle avait passé sa journée, le travail, le sport, lui parler de sa journée à lui aussi.

C'était prévu ainsi initialement.

De toute évidence, ces éléments n’entraient en pratique pas en compte dans les désirs de la jeune femme. Les fleurs et la boite de chocolat atterrissaient sur le fauteuil le plus proche. Quant au néo-zélandais, il était pris d’assaut par l’australienne qui le couvrait de baisers fougueux tout en le déshabillant, du coup il lui rendait la pareille "courtoisement". Elle portait une tenue sexy dont elle n’avait au demeurant nul besoin pour mettre son corps en valeur mais il appréciait ce genre d’attention.

Dans les hôtels haut de gamme tel que celui "squatté" par Mei, les isolations intérieures seraient telles qu’on n’y entendrait pas une explosion au C4 dans la pièce voisine. En même temps, on s’en rendrait compte vu que les murs seraient ensuite soufflés par l’explosion mai c’est pour dire que le repos des occupants cautionnerait presque le coût exorbitant de ses chambres. En tout cas, ce serait mieux pour leurs voisins que ce soit vraiment le cas vu que les cris de la brune avait manifestement encore plus gagné en décibels depuis Venise. A priori, ils ne pourraient jamais faire ça "discrètement" à la maison vu que Mei réveillerait non seulement la famille mais au moins toute la rue.

Ainsi il avait fait l’amour à Mei et sans surprise, toujours sans préservatif, la jeune femme ne pouvant pas tomber enceinte et ils ne s’étaient jamais étendus sur ce sujet sensible. Elle avait un léger tic à l’œil quand elle disait "je m’en fous" alors qu’en fait, pas tant que ça. La stérilité chez une femme était un sujet compliqué même si elle n’avait pas la fibre maternelle. Pour Asl, éviter de sortir couvert était évidemment infiniment meilleur et quelque chose lui disait qu’il ne devait pas être le seul dans ce cas. De plus, l’australienne était tout aussi fougueuse au lit qu’au quotidien et son amant avait fait des progrès depuis Venise, ce qu’elle avait visiblement apprécié. Après la troisième jouissance, il lui évitait le cliché du "Alors, heureuse ?" et essuyait une légère trace de transpiration de son front en contemplant affectueusement la jeune femme qui transpirait pour sa part "un petit peu plus".

La deuxième nuit approche. J’ai fait changer le matelas du lit que monsieur Callaghan trouvait trop mou. Trou mou ! De la mémoire de forme élite, le top du top, le nec plus ultra, la crème du café, c’est limite de l’apesanteur et il trouve ça trop mou ! Je t’en foutrais du mou. Alors oui, moi aussi je peux techniquement dormir partout, même sur du béton armé mais quand même, à choisir, je préfère pioncer quasiment en apesanteur. D’accord, je l’ai fait changer parce que c’est Aslander, parce qu’il le vaut bien, haha.

Il a intérêt à assurer.

Déjà, il a assuré notre première nuit même si je sens qu’il m’a volontairement ménagée. Il en a gardé "sous le pied". Je travaille toute la journée. J’aime mon travail, il y a des hauts, il y a des bas mais je l’aime. Je ne vois pas le temps passer. Par contre aujourd’hui j’ai l’impression que le temps s’est figé. Putain, mais pourquoi les secondes sont aussi lentes ! Et les minutes, elles sont interminables ! Mais avance ! Ca doit faire une heure, là mais non, à peine trois minutes ! Par contre, l’après-midi passe plus vite parce que je vais assister en avant-première à la projection de deux films. Cinq heures à eux deux et pour moi, cinq heures de sommeil, puis les fauteuils de cette salle sont un régal, surtout quand on en squatte trois à soi tout seul. Une confrère me résumera le tout. N’empêche, sans ça j’aurais encore été fatiguée ce soir, là je me sens fraîche comme une rose. Il reste alors deux heures de boulot, de vrai boulot et le temps se remet à faire de l’excès de lenteur.

Autant dire que je vois arriver le soir avec joie. Je rentre à l’hôtel, je prends une douche et j’enfile une tenue sexy même si je me doute que je ne vais pas la porter "longtemps". Quand il arrive, je me débarrasse de ses petites attentions et je lui saute dessus comme la faim sur le monde. Ca n’a pas l’air de lui déplaire ! Direction le plumard comme il l’aime et là …

Holala !

Effectivement, il m’avait ménagée la veille. C’est comme si on comparait notre séance à de la formule 1. C’est déjà en soi très bien, surtout si on reste dans le contexte de l’étalon avec la marque Ferrari. Cette nuit, on est passés au jet supersonique et pas celui qui passe une fois le mur du son mais mach 3. D’ailleurs ce chiffre correspond au nombre de fois fort peu espacés où nous atteignons tous deux le "septième ciel".

"Woa ..."

Je m’étale de tout mon log à coté de mon amant et je reprends mon souffle en ressentant les battements fous de mon cœur. Je suis luisante de sueur alors qu’Asl a l’air à peine essoufflé pour sa part et il ne transpire presque pas mais ça, je l’avais déjà remarqué par le passé. Je me love à lui et j’attends de reprendre mon souffle avant de lui parler.

"C’est qu’on a fait des progrès ..."

J’ai évité de lui sortir le cliché "vous étiez combien ?" Je l’embrasse à pleine bouche. Pour moi qui préfère m’endormir après l’orgasme d’habitude, c’est un exploit. Source d’emmerdes ? Source de plaisirs.

La première nuit, Asl avait ménagé Mei mais à la façon dont elle lui avait sauté dessus la deuxième nuit, il se rendait compte qu’elle était en pleine forme. Elle avait du dormir pendant la journée. La jeune femme se donnait sans compter pour son travail alors elle pouvait se permettre une journée payée moins remplie. Sachant cela, il lui avait montré les progrès de ces trois dernières années et elle était visiblement ravie, et aussi en sueur.

"Tu m’inspires aussi ..."

Lui répondait-il entre deux baisers fougueux. Il était clair que leur temps de sommeil serait un peu moins important que d’habitude mais ils étaient jeunes et pouvaient se le permettre. Asl se demandait s’ils referaient le coup de Venise s’ils en avaient le temps. En même temps, ne faire que ça pendant tout ce temps serait dommage en un sens. D’abord, c’était moins original la deuxième fois et puis ils étaient liés par davantage que le sexe. Ils aimaient faire de la moto et donc la liberté, être actifs.

"Si tu as encore besoin d’un garde du corps ..."

Lui disait-il sur un ton complice avant de l’embrasser dans le cou et ça lui était bien sur égal qu’elle soit en sueur.

Ils se revoyaient le lendemain mais aussi en journée. Mei ne serait jamais vraiment conquise et c’était aussi ça qui lui plaisait chez elle. Les premières nuits, il ressentait parfois un bref instant de culpabilité à ressentir tant de plaisir grâce à la stérilité de sa compagne mais d’une part cette jouissance était largement partagée et d’autre part elle aurait trouvé ce scrupule ridicule si elle l’avait deviné alors ça finissait par lui passer.

Au bout d’une semaine, Asl commençait à se douter que sa grande sœur allait finir par comprendre qu’il découchait chaque nuit et qu’une discussion allait s’imposer avec ce qui en résulterait inévitablement.

Il dit que je l’inspire, le flatteur ! Puis il me propose quelque chose qui ne me déplairait pas. Que m’avait-elle dit ce soir-là ? Que si on se voyait trop souvent, on se lasserait l’une de l’autre ? Moi c’est le contraire. Je ne me lasse pas des personnes que j’apprécie.

"Regarde-moi dans les yeux ..."

Je caresse la joue d’Aslander en plongeant mon regard dans le sien. Alors oui, je choisis mon moment pour lui sortir cette belle réplique, quand il lorgne évidemment mes seins. En fait quand il fait un peu plus que les mater.

"Tu me tentes ..."

Lui dis-je doucement. Oh, en fait mon choix est fait. A présent, il me faut le comprendre et je pense que lui aussi le comprendra. Alors oui, on dort moins que d’habitude cette semaine. On se voit aussi le jour, on fait de la bécane sur la sienne qui aurait du être ma moto mais je suis contente que ça n’ait pas été le cas puisque l’a mienne a explosé. Je me sens détendue et heureuse avec lui même si je comprends son appréhension vis-à-vis de sa famille. Quand Aisling me regarde, j’ai l’impression que ses yeux sont de véritables lames de rasoir. Cette nana, elle me fait flipper et je comprends pourquoi Lin ne l’a jamais provoquée pour se placer en situation de "légitime défense". C’est pour éviter d’être hachée menue. La sœur d’Aslander a manqué une vocation de psychopathe et ce n’est pas dommage !

Donc je pense moi aussi qu’une certaine blonde ne va pas tarder à lui demander des explications. Après ça, il ne pourra pas se "couper en deux", il passera la moitié des soirées en famille et l’autre moitié avec moi, ce qui devrait évoquer quelque chose à la mère de Siobhan.