in your eyes (Elijah)

Un simple pouce en l'air à la réaction du message d'Elias et Primrose était en route. Elle avait répondu sur un coup de tête, exténuée après sa journée de travail et elle s'était dit qu'un petit remontant n'était vraiment pas de refus. La soirée se passait dans l'appartement d'un ami d'Elias ce qui tombait bien. En effet, la jeune femme blonde connaissait bien Elias et il était donc normal de le rejoindre à cette fête. Elle allait revoir quelques têtes connues de la ville et elle aurait l'occasion de partager les nouveautés avec un gobelet à la main et quelques amuses bouches. Oh si les cocktails étaient au menu, elle n'allait pas se priver... même si elle savait qu'elle devrait rentrer en scoot. Il fallait donc bien choisir et en prendre qu'un seul avant de tourner au jus de fruit. La jeune femme tenait trop à son permis et surtout son scooter pour se laisser aller et braver les interdits. Elle repassa chez elle se changer, mettre un blazer, une robe rouge et arriver. Pas forcément pratique pour conduire mais elle avait pris l'habitude de faire avec. La coquetterie était un pêché mignon et elle n'allait pas y renoncer. Elle arriva donc sur place une heure plus tard. L'écho assourdissant de la musique lui indiqua que la soirée battait son plein. Elle sonna et quelqu'un vint lui ouvrir. Elle pensa qu'il s'agissait de l'organisateur de la fête alors elle lui fit un clin d'oeil avant d'aller poser ses affaires dans la pièce d'a côté. Elle se dirigea ensuite vers le salon : la lumière était tamisée et les ombres chinoises se dessinaient sur le mur, attroupées sur la piste pour danser ou discuter. Au milieu de tous ces gens, Primrose aperçut une tête familière, sa soeur Pippa qui lui afficha un large sourire. Elle le lui rendit tout en allant vers le coin bar. Elle y voyait des personnes toutes assoiffées les unes des autres. Bingo! L'un des barmans attitrés préparait un Sex on the Beach. Elle lui commanda d'un clin d'oeil son cocktail et scruta la pièce en attendant. Tout paraissait normal et elle commença à bavarder avec le barman. Elle avait l'air de l'intéresser -le genre de regard qui montre que le gars nous ramènerait bien chez lui après la soirée- et Primrose se prêta au jeu juste pour rire, pour oublier un peu son célibat. Il se fit alpaguer par une autre commande et la blonde cherchait Pippa du regard lorsque soudain ses yeux s'arrêtèrent sur une silhouette. Une silhouette bien familière qui se rapprochait également du bar. Le vilain, Elijah. Bon sang, pourquoi avait t-il fallu qu'il soit aussi à cette soirée? Ne pouvait t-elle pas profiter 5 minutes sans que sa tête ne soit préoccupée par lui et son charisme à 1000 km, lui et ses yeux hypnotisants, lui et sa carrure imposante ? Non, elle allait rougir et allait passer pour une cruche devant tout le monde! Elle se positionna sur le coin du barman, reprenant la discussion tout en dissimulant son visage par ses mèches de cheveux. Maigre technique de camouflage mais bon, il fallait bien tenter.

Alors qu'il se rapprochait, elle espérait que le barman lui donne sa commande illico presto pour prendre la poudre d'escampette. Vite, il arrivait bientôt et... elle lui fit dos pour récupérer la coupe. "Merci pour le service!" dit t-elle avec un grand sourire, ignorant si Elijah l'avait vu, si il allait lui parler. Elle était prête à se barrer et surtout ne pas regarder derrière elle. Croiser son regard c'était comme attaquer une boîte de Ferrero Rocher. On en prend rarement qu'un seul, on en redemande.

@Elijah Bishop

Quand il y avait une soirée, le tout Bowen pouvait compter sur ma présence. J'étais souvent même de ceux qui sont là avant tout le monde, qui aide à faire les courses et qui installent les enceintes pour diffuser la musique. J'suis pas du genre boite de nuit mais les soirées dans les appartements, c'est les meilleures. Et j'peux très facilement prendre les choses en mains. Alors quand Elias m'avait parlé de cette soirée, j'avais pas hésité une seconde et j'mettais occupé de ramener tout ce que je pouvais. Alors forcément, et parce que je suis assez malin, si j'me ramène aussi tôt c'est aussi parce que comme ça, j'peux attaquer les bières en fin d'après-midi. Bah oui, ça fatigue d'installer des enceintes!

La soirée était déjà bien avancée et moi j'étais déjà bien attaqué. J'devais être à ma septième ou huitième bières et le plus dur finalement, c'était de tenir dans la longueur. Mais j'connaissais pas mal de monde, et mon côté un peu clownesque immature avait le don de faire rire l'assemblée. J'étais dans mon élément, sans aucun doute. Assis sur un des canapés, fumant une clope, j'étais en train de raconter je ne sais plus quelle anecdote. J'parlais fort, j'faisais rire, du grand Elijah en soit. Il y a une meuf qui me fait de l'oeil depuis qu'elle est arrivée. Elle s'était assise à mes côtés et profitait à chaque fois qu'elle rigolait pour poser ses mains innocemment autour de mon bras. Héé, on m'la fait pas à moi ma cocotte! Mais cette fille ignorait très certainement mon indifférence totale pour la gente féminine. Enfin, façon de parler bien sûr mais la drague et ramener une nenette après une soirée, c'est vraiment pas mon genre. J'suis à l'opposé de l'image que j'renvoie. C'pas très malin mais c'est comme ça.

Alors que j'ai fini ma bière depuis un petit temps déjà, j'm'extirpe du canapé, écrasant ma clope au passage. Wahou, ça tangue un peu, rester assis en buvant, c'est pas une très bonne idée. J'me dirige vers la table qui fait office de bar. J'empoigne une bière que je décapsule d'un geste fluide avec mon briquet. J'lance une petite remarque au barman avec un sourire et j'm'enfile une grande gorgée de bière. J'remarque du coin de l'oeil une jeune femme qui s'éloigne avec un cocktail à la main. J'y prête pas attention. J'm'adosse au bar et je fais face au salon. J'balaye la pièce plongée dans une espèce de pénombre, et j'arrive à poser mes yeux sur celle qui vient de partir du bar. Primrose. Celle qui était à côté de moi il y a trois secondes. C'est sûr qu'elle m'avait vu. Ca m'fait un petit boum au coeur d'la voir, à chaque fois, j'la trouve belle. Mais bordel, elle aurait pu venir me parler quand même! J'ai pas envie d'faire le premier pas moi. J'suis un gamin, la fierté me joue des tours. J'lui lance un regard tout en buvant une seconde gorgée. On est maintenant à plusieurs mètre l'un de l'autre. J'irais pas. Enfin, pas tout de suite. J'vais déjà la surveiller un peu et surtout, la rendre jalouse. Voilà, c'est ça mon plan. J'en suis là.

Inlassablement, Primrose en revenait toujours à Elijah. Le vilain, le lâche qui se pavanait à cette soirée comme si de rien n'était. Lui qui avait osé l'abandonner en cours de route, préférant sa liberté à l'engagement, la frivolité aux responsabilités. Prendre la poudre d'escampette avait été une sage décision pour éviter qu'il ne vienne jouer les troubles fêtes. Elle espère sincèrement qu'il ne l'a pas reconnu. Dans cette mare de gens, elle croise les doigts pour passer inaperçue et éviter de l'alerter... A voir de quoi il serait capable? Elle ressentait au fond d'elle un mélange d'anxiété, de rancoeur et même de petits piques à l'ego. Certes il l'oppressait, certes elle le haïssait mais elle était toute aussi triste et désemparée à l'idée qu'elle ne lui fasse aucun effet. Qu'elle ne représente plus rien pour lui. La rupture avait acté qu'ils n'avaient plus d'obligations l'un envers l'autre mais elle était tout de même dans son esprit, dans son coeur comme lui l'était dans les siens. Elle espérait qu'il y avait encore sa photo quelque part, que de la voir dans sa petite robe noire avait pu le titiller, l'alarmer. Alors qu'elle pense à cela elle sent un regard posé sur elle. Le temps de se redresser et de chercher l'origine de celui-ci que bim! C'est lui, c'est Elijah qui la regarde. Joues qui deviennent rouges en un claquement de doigts, elle ravale sa salive pour rester digne. Il ne faut pas virer tomate et se transformer en groupie, hors de question. La distance est de quelques dizaines de mètres mais elle peut très bien déceler qu'il va retrouver une nana pas loin qui le scrute du regard. Le genre de glue qui pouvait rire et battre des cils à chacune de ses répliques. Sérieusement, Elijah? Comment pouvait t-il s'intéresser à ce genre de meufs ? Elle bouillonnait de l'intérieur, consciente qu'il faisait n'importe quoi. Contre elle, pour la rendre jalouse ? Peut être avait t-elle tout faux. Il ne cherchait sûrement pas à lui provoquer une quelconque réaction puisqu'elle devait l'avoir oublié. Une sorte de croyance que la blonde avait voulu propager, pensant que cela aurait convaincu tout le monde. A en croire les proches, elle n'avait fait que renforcer ce qu'elle cherchait à dissimuler : le fait que son coeur avait perdu tous ses repères quand ils avaient cassé, le fait qu'elle ne voulait que lui.


Une gorgée de plus et elle se décida de se rapprocher de lui. A vrai dire, même n'importe quelle autre personne n'aurait pas pu l'en empêcher. Cela devenait viscérale, elle avait besoin de le confronter, de lui montrer ce qu'il avait perdu. Solidarité féminine oblige -compétition hors du jeu-, elle voulait la prévenir du cas Elijah. Elle savait que c'était une occasion comme une autre de provoquer le Bishop et elle n'allait pas s'en priver. Arrivant à leur hauteur, elle toussa un petit coup pour leur signifier sa présence. Il pensait sûrement conclure alors elle arrivait avant l'échange salivaire. "Coucou! Je sais on ne se connaît pas mais j'voulais quand même t'épargner quelques déconvenues. Le monsieur que tu vois ici n'est pas vraiment celui qui prétend être.". La fille hausse un sourcil, visiblement agacée qu'on s'adresse à elle si familièrement. "Ah oui, comment ça?"demande t-elle. Prim lui répond, l'air fier . "Disons qu'il disparaît aussi vite que Lucky Luke.". Ombre noire dont elle se souvenait le jour de leur rupture. Souvenir incandescent de cette disparition, de ce coté jem'enfoutiste qui l'avait à l'époque achevé. Elle regarda Elijah, faisant mine d'être désolée. "Oh pardon, j'en ai trop dis peut être? ". Elle allait lui ruiner son date, elle allait pourrir sa soirée. Elle voulait tout autant le zigouiller sur place que le confronter. Mais, face à lui de quelques centimètres, dirait t-elle pareil? Tension palpable qui s'installait entre eux trois , enfin même si la demoiselle faisait office de témoin plus que d'acteur dans cette partie d'échecs.

La musique est forte, la pénombre oppressante, l'alcool me fait tourner la tête mais j'garde l'esprit clair. Surtout depuis que mes yeux se sont posés sur Primrose. J'lui ai lancé un regard appuyé et finalement, on se voit. On se calcul. Mais rapidement, j'détourne mes yeux. J'vais pas m'attarder. J'vais pas lui faire le plaisir d'lui montrer que sa présence me trouble. Ca serait reconnaître que j'ai merdé, que j'ai détruit quelque chose de beau. Et si j'ai pris la décision d'la quitter à l'époque, il y a de ça déjà deux ans, j'peux pas revenir en arrière aujourd'hui. Sur le moment, ça me semblait évident. Je ne voulais pas aller plus loin avec elle, je ne voulais rien bâtir. Et pourtant, en la perdant, j'avais perdu beaucoup. Beaucoup trop. Et ça me faisait mal encore aujourd'hui en y pensant. De la voir ici, entourer d'autres, de la savoir en sortie, ça me rendait jaloux. Quel con je suis. Mais c'était incontrôlable. Et maintenant qu'elle était là, dans mon espace, j'pouvais pas m'empêcher d'agir en salaud. Alors j'retournais vers la nana qui me draguait depuis le début de la soirée. J'en avais rien à secouer d'elle. Elle était pas vilaine, ça c'est sûr. Elle était même plutôt jolie et ça arrangeait bien mes affaires. Je voulais que Primrose ressente la même jalousie que celle que je ressentais en la sachant à cette soirée. C'était puérile et ça ne mènerait à rien, mais tant pis. J'me rassoie à côté de cette nana, et j'me mets à la baratiner, juste pour la faire rire. J'parle fort, j'me mets en scène. Juste pour montrer à Primrose que je suis passé à autre chose et que je ne regrette rien. La nana, elle plonge. Elle est heureuse de voir qu'il peut éventuellement se passer quelque chose avec moi. Pour intensifier les choses, j'passe mon bras autour de ses épaules. Je sais que Primrose me regarde. Je le sens. Et j'veux qu'elle vienne jusqu'ici et qu'elle se batte pour moi. J'suis un sadique. J'suis un taré. Je sais.

Mais n'empêche que, ça marche. En moins de cinq minutes, Primrose entre dans la fausse bulle que j'ai construite avec cette fille. Elle se racle la gorge et prend la parole. Entendre sa voix, ça me fait toujours un petit tilt au coeur. Elle s'adresse à la fille que j'enlace. Elle ne me loupe pas et la prévient de ma véritable nature. J'peux pas m'empêcher de sourire en serrant la mâchoire. Bien joué Prim'. La nana assiste à cette scène, un peu impuissante. J'ai un moment d'hésitation, je sais pas trop comment réagir. Est-ce que je rentre dans son jeu, est-ce que je tente de l'achever? Bien sûr. J'suis un salopard. Ne perdez jamais ça de vue. J'pose mon regard sur Prim', dans mes yeux, il y a un mélange de malice et de provocation. "Bien balancé Burnett. J'en ai pas fini avec toi." J'la fusille du regard puis j'repose mon attention sur la demoiselle à mes côtés. J'me penche vers son cou et j'lui susurre quelques mots. Suffisamment fort pour que Primrose entende. Je ralentis mes gestes pour que la scène paraisse durer des heures pour Primrose. "J'te laisse cinq minutes, et on reprendra là où on en était." J'suis pas sûr que la fille ait envie d'me revoir après ça mais j'm'en fous. Elle soupire et s'éloigne de nous en nous laissant nous trois, Primrose, moi et la tension. Ce que je veux, c'est m'expliquer avec Primrose. J'me lève du canapé et j'lui fais face. J'suis plus grand qu'elle, mes larges épaules la domine. J'aurais envie d'la serrer dans mes bras bordel. Mais j'peux pas. Si elle savait à quel point elle me trouble. J'la toise d'un regard un peu dépité. "T'as trouvé que ça Prim' pour m'emmerder?" J'veux la jouer distant et saoulé. "Si tu savais à quel point j'm'en fou de cette fille." Primrose sait que j'suis pas hyper dragueur, elle sait aussi qu'il n'y a eu qu'elle dans ma vie. Enfin, elle peut en douter à la vue de mon comportement de ce soir. Tant mieux si j'trouble les lignes. J'veux pas qu'elle sache ce que j'ai en tête. Un sourire malicieux s'accroche à mes lèvres. "J'vois en tout cas, que la jalousie continue de t'animer. T'as toujours un faible pour moi c'est ça?" J'veux la pousser dans ses retranchements. J'veux du drama. C'est si rare qu'on s'adresse la parole que j'veux que ça envoie.  

Au fond d'elle, Primrose ruminait. Pourquoi avait t-elle été si faible? Pourquoi s'était t-elle empressée d'aller le voir, de mettre en garde la jolie demoiselle à ses côtés alors que c'était la dernière chose à faire ? Le confronter à ses prouesses du moment ne faisaient que ressasser le passé et surtout ses plaies encore ouvertes. La douleur avait cicatrisé dans l'ensemble mais des points restaient à jamais non suturés comme des piqûres de rappel sur la toxicité de la fin de leur relation. Elle n'avait pas aimé que ça se finisse, encore moins de la manière dont s'était soldée cette relation. Elle aurait mettre un visage sur cette raison : une autre femme, un voyage, un homme ? N'importe quoi que ce foutu engagement qui sonne comme un emprisonnement. C'était ce qu'elle avait compris et ce qui l'avait ébranlé. Elle pensait qu'ils auraient pu tout surmonter, avancer et être encore plus heureux. La réalité lui avait explosé en pleine figure : il n'était pas prêt et manifestement ce soir, il avait l'air encore plus sur une autre planète.


A peine avait t-il enroulé son bras autour de la demoiselle que Primrose serrait les poings. Son sang ne fit qu'un tour tant la séduction la dérangeait affreusement. Elle ne voulait pas aller plus loin, juste alerter et s'éloigner. Pourtant, il avait ce charisme, ce charme de dingue qui la faisait vaciller. Comment pouvait t-il faire encore bien des années plus tard pour la titiller, pour l'envoûter ? Mystère. Elle ne l'admettrait au grand jamais mais il lui faisait de l'effet. Sa prestance était telle qu'elle ne voyait que lui parmi tous les hommes présents dans la salle. Cela pourrait être presque beau si ce n'était pas tout simplement cruel.Son regard la lance au défi, montre la provocation. Elle ne veut pas s'avouer vaincue, loin de là. Il la fusille du regard, soulignant qu'elle avait marqué un point. Prim relève la tête, fière. Il murmure quelques mots à la jeune femme, la blonde l'entend et se retient de péter encore plus un câble. Cette femme est belle mais dans l'esprit de Primrose, elle ne mérite pas cette place, elle n'a même pas à être avec lui. Pourquoi tant de mépris ? Son orgueil devenait maître de son corps et de son esprit, ne lui laissant aucun répit pour assouvir sa vengeance... sauf si cette dernière s'emparait définitivement d'elle. Si la rancoeur pouvait être un moteur pour l'avoir entrainé devant lui, elle pourrait s'effacer au profit des souvenirs et de cette attirance incontrôlable qu'elle ressentait là maintenant. Ces papillons dans le ventre qu'elle dissimulait tant bien que mal par une expression des plus fermées.

Il se met debout, immobile. Primrose rate un battement de coeur, impressionnée par sa carrure. Certes, elle avait souvent rêvé de lui, repensé à des souvenirs à ses côtés. Il n'empêche que de le voir ainsi face à elle, ça lui foutait les jetons autant que cela poussait à l'admiration. Ses bras imposants lui donnent envie de se réfugier au creux. Juste au fond de ses bras pour sentir sa chaleur, poser son visage contre son torse. Non mince Primrose, qu'est-ce que tu fous? Il faut qu'elle se ressaisisse surtout que Elijah s'adresse à elle. Il paraît soûlé par la situation, justifiant qu'elle cherchait à l'embêter dès le début. Elle croise ses bras, bien décidée à répondre à chacune de ses piques. "Pour t'emmerder ? Je cherche plutôt à lui éviter les espoirs, les fausses promesses. J'aurais bien aimé qu'on me prévienne moi...". Elle campe sur ses positions, ne change pas son discours.


Soudain, quand il dit qu'il s'en fout de cette fille, Primrose se redresse instantanément. Reflexe enjoué comme pour souligner sa joie d'être dans la course, qu'elle n'a pas gagné la partie. Evidemment, savoir qu'il s'en foutait voulait dire qu'il jouait de cette parfaite inconnue mais surtout cela renforçait l'idée que lui non plus ne s'était pas recasé. Lui non plus n'arrivait pas à trouver chaussure à son pied et peut être... Peut être avait t-il aussi eu quelque chose en la revoyant. Maigre consolation puisque clairement, elle se sentait à sa merci, le sourire malicieux comme témoin.

Ses lèvres bougent mais elle ne peut émettre aucun son. Elle reste prudente pour ne pas lui donner d'indications, pour ne pas faire la meuf intéressée. Elle ne l'est clairement pas il n'empêche qu'un sourire béat s'affiche sur sa bouche, presque machinalement. Même un étranger verrait qu'elle était en kiff. "J'vois en tout cas, que la jalousie continue de t'animer. T'as toujours un faible pour moi c'est ça?". Son sourire s'efface aussitôt. Il se permet une sacrée analyse le Bishop! Pour le peu qu'ils se croisent, il joue au malin alors que clairement, il marche sur des oeufs. Elle le regarde d'un air condescendant. "La jalousie ? Tu crois vraiment que je veux perdre du temps avec toi?".Le reconnaître lui écorcherait la bouche, le coeur. Elle sait qu'elle peut ne pas maîtriser ses émotions. Elle respire un bon coup, joue avec une mèche de cheveux pour se rassurer. Elle le regarde, intriguée. "Et toi, je t'ai vu me regarder au bar. Quel intérêt si tu avais cette jolie demoiselle qui t'attendait sagement sur le canapé?". Elle passe l'index sur son coup, regarde ailleurs pour faire monter la tension. "Tu ne crois quand même pas que je serai prête à te reprendre?". Elle le toise à son tour. Il veut jouer, très bien on va jouer.  

La soirée avait pris un tournant auquel je ne m'attendais pas du tout. J'étais parti motivé, survolté même. Comme bien souvent, je débordais d'énergie et la plupart des gens de mon entourage était fatigué à l'idée de me voir parler, rire, et gesticuler dans tous les sens. Mais c'était ma façon d'être. Toujours en représentation, le clown de service. Ce rôle dans lequel je m'étais fondu m'allait à ravir. Mais la présence d'une certaine Primrose m'avait fait un peu vriller. Notre histoire était tellement chargée de ressentiments et d'amertume que je perdrais toujours un peu le contrôle quand elle était dans ma zone de confort. Elle me perturbait, il n'y avait aucun doute. Je ne savais pas si c'était véritablement des sentiments positifs, mais le simple fait de savoir qu'elle était là, sous mes yeux, je me sentais différent. J'avais besoin d'me conduire en idiot, voire en parfait enfoiré, simplement pour ne pas perdre la face devant elle. Je savais à quel point je l'avais fait souffrir, j'avais tout lâché du jour au lendemain, alors que nous avions devant nous un avenir radieux. Cette fille avait tout pour me plaire, elle illuminait ma vie et j'avais décidé de choisir l'ombre. J'avais rayé de la carte le seul soleil qui brillait, et j'avais tout détruit. Primrose m'en voulait à mort, et je la comprenais. Je m'en voulais à moi aussi. Chaque jour. Mais j'étais bien trop présomptueux pour l'admettre à qui que ce soit. Et la meilleure des attaques que j'avais trouvé ce soir là, c'était de feinter une soit disante relation naissante avec une parfaite inconnue. Mon but ultime étant de faire venir Primrose à moi pour engager la conversation. Elle allait en rien être agréable. A chaque fois que nous nous adressions la parole, ce n'était que pics et punchline. Mais secrètement, j'étais très heureux de pouvoir échanger avec elle. C'était mieux que de l'indifférence.

Alors qu'elle était venue à moi comme je l'avais prévu et voulu, je balayais l'inconnue de quelques mots et un baisé dans son cou simplement dans le but de rendre jalouse Primrose. La jeune inconnue nous laissa à nos gamineries et le match pouvait commencer. J'avais débuté simplement par m'imposer physiquement face à elle en la surplombant des ma large carrure. Elle semblait si frêle, si douce, je ne pouvais m'empêcher de l'imaginer blottie au creux de mes bras, pouvant ainsi respirer son parfum fleuri, celui que je ne connaissais que trop bien. Mais non, il n'était pas question de la prendre dans mes bras. Impossible. Il ne fallait pas flancher. Et pourtant, j'aurais voulu. Simplement qu'elle soit mienne encore une fois. C'était terriblement sadique puisque je savais au fond de moi que je n'étais pas capable de l'aimer comme elle le méritait. Primrose ne tarde pas à me répondre, sa voix claquante, posée. Elle ne démordait pas sa position. Je souris quelques secondes en me mordant la lèvre inférieure. Je fais ça quand je suis un peu nerveux. C'est une façon d'admettre silencieusement que mon adversaire est largement à ma taille. "Tu peux pas réduire notre histoire à notre simple séparation. J't'ai rendue tellement heureuse durant ces quatre années." Elijah ou l'art de retourner la situation. Bien sûr qu'on avait été heureux mais je n'étais pas persuadé qu'elle voyait notre histoire de la même manière que moi. Je lui tendais clairement le bâton pour me faire battre mais je n'avais pas pu m'empêcher de lui rappeler notre belle histoire. Avant de se solder par une rupture, notre histoire avait été belle. Très belle même.

Le visage de Primrose affiche un large sourire quand je lui dis que l'inconnue ne m'intéresse pas. J'le relève pas mais j'remarque qu'elle ne semble pas totalement insensible à mon charme. A cet instant, j'me sens gonflé d'assurance mais la suite me fait redescendre de dix étages. Même si nos regards et nos sourires ne mentent pas, les mots qu'on s'envoie sont rudes. Chargé d'ondes négatives. Aucun de nous n'admettra quoi que ce soit. Je hausse les épaules à sa question. Et j'lui répond du tac au tac, le sourire aux lèvres "En tout cas, là, maintenant, tout de suite, tu perds du temps avec moi." Elle semble perdre un peu patience, elle joue avec sa mèche de cheveux. Je connais que trop bien ce geste. Avec la suite des ses mots, elle marque un point. Primrose me met au pied du mur. Bien sûr que cette fille n'était qu'un prétexte pour la faire venir à moi, mais j'peux pas l'avouer. "Bien sûr que je t'ai regardé. Tu préférais que je t'ignore? Peut-être que cette fille n'était pas la plus jolie de la soirée." Sous entendu "Primrose, tu es la plus belle." Mais jamais je ne le dirais. Jamais, vous m'entendez ?! Primrose détourne le regard, la tension monte. Tandis que ses yeux regardent ailleurs, je la dévore du regard. Mes yeux s'arrête sur ses lèvres, son cou, j'peux pas m'empêcher d'éprouver du désir pour elle. Bordel, on joue à un jeu très dangereux. J'sais pas où ça peut nous mener mais je sens très clairement que je pourrais perdre le contrôle à tout moment. Sa dernière question est piégeuse. J'plonge mon regard sombre dans le sien, ses iris sont tellement belles. Mais il faut que je reste concentré, pour ne pas perdre la bataille. "Je sais pas, c'est à toi qui faut poser la question, puisque tu sembles émettre l'hypothèse.. alors dis moi Primrose.. est-ce que j'te fais encore de l'effet?" J'lui souris encore, j'suis clairement en train d'la tester. Mon regard lui hurle de venir à moi. Mais la fierté risque de prendre le dessus, une fois de plus. Maudite fierté.

@Elijah Bishop Il y avait un risque de tomber sur Elijah et Primrose le savait pertinemment. En mettant un pied ici ce soir, elle se doutait que potentiellement son ex pourrait s'y trouver du fait de son amitié avec Elias. De plus, Elijah était sensiblement aussi fêtard -si ce n'était plus - que Prim donc le retrouver ici était on ne peut plus normal. Ce qui l'était moins, en revanchee, c'était la vitesse à laquelle la blonde rentrait dans une colère noire à son approche et surtout à ses actions. Il n'avait rien fait de plus que se rapprocher d'une fille et ça, la blonde ne pouvait guère le supporter. C'en était puérile presque même complétement incroyable qu'elle puisse avoir tant de ferveur à son égard. Si la rancoeur était encore présente et suffisait à justifier son comportement (selon elle et sa bonne conscience), il était évident qu'elle ressentait autre chose que cela. Quelque chose qu'elle refuserait d'admettre aussi longtemps que possible pour ne pas affronter la réalité. Etre aussi piquée de jalousie après ces quelques années montrait bien qu'elle n'avait pas totalement tourné la page. Au fond, rien n'avait changé : il était toujours cet homme gamin et joueur, abordable mais fuyant pour éviter de s'engager, de se responsabiliser. Il était même maintenant pseudo dragueur en se dévoilant un peu trop à cette belle inconnue qui de toute façon restait une ennemie pour la Burnett. Sorry not sorry, c'était le jeu. Il avait beau lui avoir fait du mal, elle le voyait toujours comme son Eli à elle, le voulant que pour elle toute seule. Comment penser qu'il pourrait aimer une autre qu'elle, une à qui il promettrait les choses qu'il n'a pas pu assurer auprès d'elle ?

De toute l'immaturité et la désinvolture dont il avait fait preuve à leur rupture, il en ressortait qu'Elijah était plus beau que jamais à cette soirée. Son assurance et son regard sur elle la rendaient encore plus vivante. Sans pouvoir se l'expliquer, elle se sentait être de nouveau désirée, regardée et approchée pour ce qu'elle était vraiment. Etait-ce parce que le jeune homme la connaissait par coeur ? Oui, sûrement du moins c'est ce qu'elle préférait se dire. Elle faisait souvent la technique de l'autruche : autant nier ce qui était sous ses yeux et faire comme si elle ne voyait rien. A chacun de leurs échanges, ils s'envoyaient des piques sur piques et il y avait souvent un arbitre pour compter les points. Ils ne pouvaient ni se parler normalement, ni admettre que le passé était derrière eux. La jeune femme lui rappelait dès qu'elle le pouvait toutes les mauvaises choses qu'il lui avait faites.

Quand il avait été proche de l'inconnue de la soirée, Primrose n'avait pu s'empêcher d'imaginer être à sa place.. Elle était envieuse, imaginant ses bras si forts, si puissants qui pourraient l'encercler et la protéger du monde. Sa carrure n'était plus à prouver depuis tant d'années. Elle pouvait observer ses muscles dessinés qui pourraient encore la faire rêver. Il se mordit la lèvre inférieure et cela provoqua en Primrose une sensation réelle d'excitation alors même qu'elle ne pensait pas ressentir une telle chose. Elle essayait de se contenir du mieux qu'elle le pouvait mais il était clair qu'il était encore bien présent dans sa tête, son esprit. Même son corps ne l'avait pas oublié. Prouesse masculine, il préféra s'attarder sur la beauté de leur relation plutôt qu'à cette rupture qui l'avait causé et qui avait plongé la blonde dans un effondrement. Qu'il était facile de se targuer être un petit ami exemplaire devant une future prétendante qui ne savait pas dans quel ravin elle allait se jeter. Primrose croisa les bras, bien décidée à rétorquer à sa remarque. "Oui effectivement j'étais heureuse. Bizarrement tu étais différent et surtout soucieux de notre relation. Je ne savais pas que tu étais sous garantie jusqu'aux 4 ans. Après je me suis surtout souvenue de la rupture. Beau souvenir de fin, tu ne crois pas?". Petit pique gratos au passage car oui, elle lui reprocherait toujours la rupture car elle avait souffert. Elle avait compris qu'il n'était pas celui qu'elle attendait, il ne le serait jamais et cela lui avait fait du mal. Si mal.

La seule erreur de Primrose reste qu'elle ne peut cacher ses émotions et encore moins son ressenti. Sa raison et sa conscience peuvent lui hurler de se contrôler, de se retenir mais son corps lui, ne ment pas. Il suffit de voir son regard ou même ses joues rosies par ses interventions pour comprendre qu'elle reste piquée. Quelle belle erreur que de penser qu'elle pourrait un jour être indifférente. Ils avaient beau se balancer des horreurs à la figure, les deux restaient plantés. Difficile de savoir qui gagnerait tant le jeu était serré. C'était auquel pouvait paraître le plus affecté par cette séparation, lequel titillerait le plus l'autre pour lui montrer que oui, il était le plus fort. Au final, ils se battaient tous deux contre l'oubli, l'indifférence. Ce qu'ils pensaient être une guerre ouverte était en faite un combat de tous temps pour ne pas conjuguer leur relation définitivement au passé. Le lien était toujours là même si il était faits de chamailleries et de rancune. Il était là, indéfectible. Il n'était pas aussi intacte qu'avant leur rupture mais les échanges continuaient et le désir s'en mêlait. Il lui assure qu'elle perd du temps avec lui, ce à quoi elle roule les yeux.

"Bien sûr que je t'ai regardé. Tu préférais que je t'ignore? Peut-être que cette fille n'était pas la plus jolie de la soirée." . Boum dans la poitrine. Elijah, godness, she can't believe it. Il fait preuve d'une assurance, d'une arrogance même. Elle pourrait lui laisser le bénéfice de la drague mais Elijah n'ayant jamais été un maître en la matière, elle ne peut pas croire qu'il ait fait autant d'efforts en si peu de temps et pourtant... Pourtant il marque des points. Il lui paraît inacessible et en même temps, lui avoue clairement qu'il l'a regardé. Heureusement qu'il l'a regardé, pense t-elle. Impossible de l'avouer -encore moins devant lui- mais ce genre de confession reste pour elle uniquement. Inutile de le préciser à ses copines quand elle pleurera ou

Elle détourne le regard, bien décidée à ne laisser transparaître aucune fixette à son sujet aucun regard. Pourtant elle ne peut enlever de sa tête la façon dont il la regarde, comme il lui assure l'avoir regardé. Elle se sent gênée, Prim. Elle sait qu'elle ne ferait pas long feu si il lui demandait une danse, un bisou ou que sais-je. Elle sait qu'elle ne pourra lui dire non car elle en mourrait d'envie. Le simple fait de contempler son corps lui donne envie de l'explorer davantage. Elle le sent, elle pourrait flancher alors même que sa mémoire, son cerveau l'en empêcherait. Il plonge son regard dans le sien. Il semble si noir qu'elle ne sait si le soutenir ou le fuir. Elle opte pour maintenir le sien de sorte qu'il puisse comprendre qu'elle ne lâcherait pas le combat et encore moins ce regard qui l'a tant fait frémir. Elle le voit se défiler et elle ne peut s'empêcher d'emprunter une moue déçue. "Ohh... D'un seul coup on n'assume plus d'être un mâle alpha? On préfère retourner la question à la demoiselle directement? Tu as honte de dire que je suis inoubliable, c'est ça?" . Elle balance ses cheveux d'un côté puis de l'autre avec une décontraction totale. Elle ne se pense pas inoubliable loin de là mais elle veut juste rigoler un peu. Après tout si il lui disait oui elle se sentirait moins seule à galérer à l'oublier.

Là, ce dont elle aurait envie serait de se jeter à son cou, lui dire qu'elle oublie son erreur du passé et de recommencer. Elle sait que tout son être le pousserait dans ses bras encore une fois pour répondre à son coeur qui le réclame. Il lui manque affreusement, elle le sent jusque dans ses tripes car son ventre se serre un peu plus. Boule qu'elle ne contrôle pas, qu'elle essaie de contenir justement. Elle ne veut pas perdre la face, pas maintenant. Elle ravale sa salive, prête à le challenger. "Et tu serais prêt à quoi pour me faire de l'effet?". A voir ce que Bishop avait encore dans les tripes. Peut être serait t-elle surprise ? "Après si tu préfères retrouver ta pimbêche, je ne te retiens pas, il se peut que je retrouve aussi un gars à qui j'avais donné mon numéro...". Elle dit cela en baissant les yeux comme pour battre des cils. Jouer l'innocente qui plaît, un numéro qu'elle n'empruntait pas tout le temps mais qu'elle voulait aborder avec brio ce soir. Autant tester sa jalousie par la même occasion.

Notre histoire avait été belle. Quatre années d'amour et de bonheur. Ca avait été brutal quand tout s'était arrêté. J'avais, presque du jour au lendemain, décidé de tout envoyer valser. J'avais eu peur. J'avais été lâche. Je n'avais pas voulu saisir une belle opportunité. L'amour avait toujours résonné en moi comme quelques choses de futile, d'instable, de volatile. Sûrement que le divorce de mes parents n'avaient pas été totalement innocent dans ma façon de voir l'amour aujourd'hui. Lorsqu'on avait commencé à parler d'habiter ensemble, de réellement construire quelque chose, j'avais paniqué. Je ne voulais pas reproduire ce que mes parents avaient fait. Ca ne me ressemblait pas. Et pourtant, je dois bien l'avouer aujourd'hui, je m'étais séparé de Primrose complètement à contre coeur. Elle avait été ramassée à la petite cuillère, j'avais brisé son coeur et ses rêves. Mais je m'étais moi même assigné un coup de poignard dans la poitrine. Je m'en étais voulu des semaines et des mois entiers, je l'avais fais souffrir. Et j'avais récolté les fruits que j'avais semé. Elle me haïssait aujourd'hui. Moi je ne la détestais pas, au contraire. Elle m'attirait. Elle était comme un fruit défendu dans lequel il ne faut pas croquer. J'en crevais d'envie, mais je ne faisais pas pour plusieurs raisons. Déjà parce que je refusais de devoir lui refaire du mal encore un jour. Je préférais qu'elle soit loin de moi (tout en gardant un oeil sur elle hein, faut pas déconner non plus!) Mais l'autre raison, c'était de toute évidence qu'elle ne voudrait jamais rien retenter avec moi. J'avais brisé la confiance. J'avais brisé beaucoup. Et lorsqu'on se retrouvait ce soir là, l'un face à l'autre, on ne pouvait que contempler les milliers d'éclat de notre relation qui jonchait le sol, un subtil mélange de rêves, d'amour, de sentiments, tous éparpillés autour de nous.

Alors on s'envoyait des horreurs au visage. A celui qui serait le plus blessant, le plus piquant. Primrose avait de belles parades, elle ne perdait pas la face, malgré mes tentatives pour la faire flancher. Elle avait commencé par faire fuir ma "conquête" de la soirée. La drague n'avait jamais été mon truc. Je n'étais pas un don juan qui fait chavirer les coeurs. Certaines nanas s'intéressaient à moi de temps en temps. Je devais sûrement avoir un certain pouvoir attractif, sans rien maîtriser. Quand à conclure, ramener une fille chez moi, ou ce genre de chose, ça ne me ressemblait pas. J'étais de nature assez réservé dans ce domaine. Beaucoup l'ignorait, mais Primrose était la seule avec qui j'avais partagé une certaine intimité. Mais ce que j'aimais, c'était brouiller les pistes. Alors je faisais l'interessant, le clown, j'en faisais des caisses, pour créer l'illusion.

Primrose était face à moi, je la surplombais de mes larges épaules. Alors que j'avais tenté piètrement de me lancer des fleurs quant à la beauté de notre relation, Prim' ne tarda pas à répliquer. Elle avait croisé ses bras, elle le faisait comme elle sentait la colère monter en elle. Je ne pouvais m'empêcher de trouver ça absolument craquant. J'aimais la voir un peu énervée, celui lui donnait irrémédiablement un côté attirant. Ses mots étaient durs mais justes. Sa remarque de la garantie m'arracha un sourire. Mais j'étais mis dans de beaux draps. Comment me sortir de ça. Il fallait que je fasse diversion. Mais c'était trop griller si je changeais de sujet. Il fallait la jouer subtil. "Toutes les belles choses ont une fin. Et c'est pas moi qui le dis!" J'affichais un grand sourire, content de ma connerie. Mais pas sûr que Primrose trouve ça drôle. J'avais toujours la fâcheuse tendance à me réfugier dans du pseudo humour pour me sortir du pétrin. Je haussais les épaules et finissais pas rajouter quelques mots. "En tout cas moi, j'ai un beau souvenir de cette relation. C'est toi qui a rendu ça compliqué." Ouh putain. J'aurais mieux fais de me taire. Mais c'était sorti. Si Primrose avait accepté ma décision, tout aurait pu se passer différemment. Mais pas sûr que ce genre d'excuses puisse passer face à ma lâcheté de l'époque.

La joute se poursuit et je marque des points. J'avoue à demi mot que Primrose est bien plus belle que la nana qui me convoitait. C'était facile et terriblement vrai. Primrose était de loin la plus belle et la plus rayonnante des filles de la soirée. Je jouais à un jeu dangereux. Trop dangereux. La tension devenait de plus en plus palpables. On s'échangeait des regards intenses, nos gestes nous trahissaient. Mon mordillement de lèvres réguliers, son air distant et sa nuque à quelques centimètres de moi. J'suis en train de flancher. Mais il ne faut surtout pas. Primrose est très maline et me retourne encore une fois la question. "Tu as honte de dire que je suis inoubliable, c'est ça?" Je souris et levai les yeux ailleurs. Elle est en train d'me tester, de jouer avec mes nerfs. "Ca changerait quoi que j'te dise que tu es inoubliable? Tu accepterais de m'embrasser si je disais ça?" Oh mon dieu. Je suis en train vraiment de faire n'importe quoi. Mais bordel, j'y peux rien moi! Elle est trop belle, trop attirante, trop tout! Elle me rend dingue cette fille et j'sais plus quoi faire de rationnel. J'perds le contrôle, faut que j'me ressaisisse. Impérativement.

Primrose est dans le même état d'esprit que moi. Elle joue avec le feu. J'lui ai demandé si j'lui faisais de l'effet, elle me défis du regard et me demande à quoi je serais prêt pour lui en faire, de l'effet. Elle est maline. Très maline. J'souris une nouvelle fois, dans un geste mécanique, j'mords une nouvelle fois ma lèvre inférieure. J'fais ça quand j'suis troublé et terriblement désireux de quelque chose. Et là, en l'occurence, ce dont j'ai envie de tout de suite, c'est de prendre possession de ses lèvres. Mais j'vais pas craquer. Alors je m'approche de sa nuque, juste en dessous de son oreille. Et j'lui murmure quelques mots. "Je sais exactement ce qui te fait de l'effet Primrose. Bien mieux que le sois-disant gars dont tu as le numéro. Alors me tente pas, à moins que tu en ai envie." J'sais pas si c'est l'ivresse de l'alcool, la musique, le parfum enivrant de Primrose, ou un mélange de tout ça, mais très clairement, j'suis à deux doigts de faire une connerie.

A jouer sur le fil telle une équilibriste en quête d'adrénaline, Primrose se retrouvait dans de beaux draps. Feindre l'indifférence était décidément trop dur pour elle. Elle aurait pu prétendre ne pas être dérangée par cette présence, prendre son verre et aller danser avec les autres, draguer un homme n'importe lequel juste pour l'oublier, lui. Elle pourrait donner n'importe quoi pour ne pas se retrouver là, à demander sa dose. Il n'y avait rien de plus frustrant, de plus inavouable que l'effet qu'il lui faisait, même après tout ce temps. A l'observer, elle ne pouvait que se remémorer de ces instants suspendus, de ces moments où ils étaient en osmose. Cette alchimie était physique tout autant qu'elle était mentale, presque spirituelle. Le cocon qu'ils avaient créé au fil des années semblait si solide, si beau que rien ne pouvait le détruire... Du moins c'est ce qu'elle pensait. Le découvrir si lâche, si égoïste l'avait totalement dévasté si bien qu'elle avait perdu l'espoir en la gente masculine. En l'engagement. Elle cligna des yeux comme pour reprendre conscience de la réalité. Elle pourrait se foutre des baffes tant elle paraissait ridicule, accrochée à ce seul souvenir de leur amour. Elle serait prête à le pardonner pour qu'il ne pose que ce baiser sur ses lèvres, pour qu'il emmène et la fasse sienne, comme avant. Avait t-elle était flemmarde au point de ne rien vouloir connaître d'autre ou tout simplement fidèle pour ne laisser aucun autre homme la toucher véritablement ? Le corps n'est qu'une enveloppe car ne dit t-on pas que le coeur d'une femme est un "océan de secrets" ? Cette phrase n'avait pas été plus vraie qu'en cette heure sombre où elle jouait avec le feu, la blonde. Insouciante du danger, elle était prête à retomber dans ses bras si il faisait le clin d'oeil de trop. Ses mimiques la feraient craquer pour sûr, il fallait donc maintenir la vigilance au maximum.


Les insultes et les piques étaient là pour paraître plus rancunier encore, pour ne laisser personne gagner. On connaissait tous ce jeu de "qui veut avoir raison". C'est aussi long qu'un match de tennis et à la fin, pas sûr que l'on puisse véritablement compter les points. Le coup d'éclat, voilà ce qui marquait l'autre, ce qui le percutait de plein fouet pour le mettre à terre. Lui montrer comme on était invincibles. Elijah était un sacré adversaire en la matière. Primrose ne le savait que trop bien et c'était d'ailleurs pour cette raison qu'il était encore debout. Il n'avait pas dit son dernier mot. Il avance que toutes les belles choses ont une fin. Réaction immédiate de Primrose qui croise les bras à défaut de lui foutre une belle droite parfaitement calculée. Quel goujat, comment prétendre être le maître de la situation alors que la gêne était à son paroxysme ? Elle voulait l'oublier, Primrose, cette tension si palpable que même la fameuse élue du soir avait dû sentir. A sa place, la Burnett aurait déjà filé bien loin pour ne pas à voir cet ancien couple se déchirer encore et encore. "En tout cas moi, j'ai un beau souvenir de cette relation. C'est toi qui a rendu ça compliqué.". Le sang de la jeune femme ne fit qu'un tour. Regard assassin qu'elle vient planter au creux de ses iris. Lâche comme il l'était à l'époque, comme il l'était à présent pour oser lui balancer pareil reproche. Elle veut cracher son venin, cette injustice qu'elle ressent au plus profond de ses tripes. Il ose lui rejeter la faute dessus ?! Il n'allait pas être déçu du voyage. "Compliqué parce qu'il fallait être un homme pour une fois ?? J'ai bien vu qu'il n'y avait qu'un gamin dans ce corps. Pas l'ombre d'un gentleman.". Elle l'avait dit d'une voix assez ferme et assez forte si bien que quelques jeunes femmes l'avaient regardé, surprises. Elle aurait bien voulu avoir un mégaphone pour ameuter toute la gente féminine et la mettre en garde contre lui... Quoique cela lui donnerait trop de visibilité.

Le jeu devient encore plus dangereux car il sait la corde sensible. Depuis toujours et encore plus maintenant, Primrose manque de confiance en elle. Son amour de l'amour et son goût du romantisme pourrait la faire chavirer devant de tels compliments sur sa beauté, sur sa bonté aussi. Ils sont dits par la personne qu'elle déteste le plus au monde. Ne dit t-on pas qu'entre la haine et l'amour il n'y a qu'un pas ? Non stop!! Mauvaise citation, dicton à la noix. Elle ravale sa salive : la chaleur monte d'un cran tout comme ce climat. Ils ont beau être dans une grande pièce, Primrose sent cet endroit comme exigüe, tout bonnement étriqué... sûrement parce qu'elle étouffe. De ses sentiments enfouis, de cette passion inassouvie. Elle montrait le bout de son nez, l'insolente. Certes, la blonde espère qu'il puisse la considérer comme inoubliable, qu'il se perde dans des tirades à n'en plus dormir. Il n'empêche qu'une voix intérieure est aussi là pour la mettre face aux faits. Pour lui rappeler comme il a brisé son coeur. Il l'a abandonné, jeté à cette solitude dont elle a horreur. Il s'est joué d'elle, de ses sentiments. Etait-ce une erreur de vouloir vengeance ? A la voir si proche de la tentation, elle devrait faire attention."Ca changerait quoi que j'te dise que tu es inoubliable? Tu accepterais de m'embrasser si je disais ça?". Son coeur rate un battement, elle ouvre la bouche tout en amenant sa main droite pour la couvrir. Elle rougit instantanément, cherchant à le dissimuler au plus vite pour qu'il ne voit rien. Peut être est-ce trop tard... Après tout, sa provocation est aussi là pour la faire flancher. Pour qu'elle admet tout. Elle ne veut pas répondre mais ses yeux louchent sur ses lèvres. Bon sang qu'elle aimerait y goûter juste une fois comme quand on trempe la cuillère dans le pot de Nutella , juste comme ça. C'est un péché mignon comme un autre mais là ce ne sont pas les kilos en plus à craindre, plutôt une blessure à vie dans l'ego. Son coeur lui, pourrait presque le reprendre. Sa raison, moralisatrice à souhait, lui ordonne de ne pas rentrer dans ce jeu, éviter de lui suggérer comme son âme, son être brûle de désir pour lui. Désir ardent qui la consume chaque minute un peu plus, surtout maintenant qu'il lui évoquait la possibilité qu'il ne l'avait pas oublié.

Il se mord la lèvre inférieure. Va t-il succomber ? Elle y croit la Burnett, elle y croit vraiment mais il vient déjouer tous les pronostics en se rapprochant de son oreille... pour lui susurrer de jolis mots. "Je sais exactement ce qui te fait de l'effet Primrose. Bien mieux que le  sois-disant gars dont tu as le numéro. Alors me tente pas, à moins que tu en ai envie.". L'alcool ayant fait son effet, la jeune femme relève la tête, le surplombant de quelques millimètres comme pour le défier de plus belle. La musique entraînante, elle le tire par le bras pour danser avec lui sur la piste improvisée. Tant qu'à faire, autant se lancer dans une valse ou un tango endiablé pour au moins épouser leurs corps à défaut de leurs têtes. Elle ne veut pas s'avouer vaincu si facilement alors elle danse les yeux fermés, se fichant du regard des autres et n'attendant que celui d'Elijah pour se dandiner davantage, pour se perfectionner. Elle se rapproche à son tour de son oreille. "Cela m'étonnerait que tu te souviennes comment m'avoir. Tu es parti déjà il y a si longtemps. Je suis certaine que le gars dont j'ai le numéro est un bon parti.". Elle jouait la carte de la nana sûre d'elle et de ce fameux gars alors qu'en vrai, elle ne savait même pas comment il s'appelait... et si il était toujours à la soirée. Elle le regarde dans les yeux, posant ses mains sur ses joues. Son visage dégage tout ce charisme, tout ce charme qui l'avait fait fondre. Il fallait résister encore un peu. Juste pour le voir tomber. "C'est toi qui a envie, je me trompe?" dit t-elle en secouant sa crinière dorée.

 

Cela faisait déjà deux ans que nous nous étions séparés. Enfin, que je l'avais lâchement largué, pour être plus précis. Et putain, je n'arrivais pas à l'oublier. Quand j'avais fui, c'était par simple peur de l'engagement. Parce que, qu'on le dise tout de suite, j'étais encore fou amoureux d'elle. J'aurais voulu rester avec elle toute la vie, mais simplement je ne voulais pas m'engager. Je ne voulais pas habiter avec elle, la voir tous les jours, devoir me conduire en mec responsable. C'était pas moi. J'étais réduis à ne vivre que des débuts de relation. Et je m'en voulais d'être comme ça. Parce que Primrose, avec sa beauté et sa douceur, face à moi à cet instant, elle me troublait. De tout mon être. J'avais envie de la reconquérir, simplement pour être avec elle, encore une fois. Mais je savais au fond que cela ne déboucherait que sur de la douleur. Je ne pouvais pas encore la décevoir. Pas une seconde fois. Et pourtant, jouer avec le feu, ça me rendait vivant. Je n'étais pas un don juan, loin de là. Mes potes me le rappelait que trop souvent. Mais imaginer prendre possession des lèvres de Primrose, ça me faisait vibrer, tout autant que la tension qui s'installait autour de nous. C'est cette vibration là que je recherchais, à tout prix. Même quitte à me brûler les ailes, ou carboniser celles de Primrose.

On sait tout autant que l'autre qu'on est sur un fil. Une frontière mince entre le désir et la détestation. On commence par s'envoyer des horreurs, histoire de montrer que tout ça c'est du passé. Mais nos gestes, nos regards nous trahissent. Pas besoin d'être un génie pour comprendre nos intentions. Mais ni l'un ni l'autre ne souhaitent le montrer en premier. C'est à celui qui craquera le premier. Je joue ses nerfs en rejetant la faute sur elle. Prétextant que c'est elle qui a compliqué les choses. Au fond de moi, je sais que ce n'est pas honnête mais dans l'instant présent, cela me permet de me convaincre que tout ça n'est qu'un jeu. C'est à celui qui sortira la pire des phrases pour achever l'autre. C'est idiot et puéril. Primrose est en colère après mes mots et elle ne tarde pas pas à me renvoyer l'appareil. Son regard est sombre. Je sais que je l'ai blessé, tellement fort, quand je l'ai quitté. Et je peux ressentir encore l'ombre de cette douleur. Mais j'dois montrer que j'm'en fou, que je suis passé à autre chose. Je hausse les épaules. "T'as juste pas réussi à me garder c'est tout." Je veux la faire exploser, lui montrer que je suis le plus fort. Quel idiot je fais. Elle n'a pas tord Primrose, je ne suis qu'un gamin.

La suite des évènements prend une tournure plus pesante. Une tension sensuelle s'installe. Il faut faire flancher l'autre. Je veux regoûter à ses lèvres. Elle me rend fou bordel. Elle est belle. Même dans la pénombre, faiblement éclairé par des lumières bleutées, elle est belle. Elle rayonne, ses cheveux blonds tombent en cascades sur ses épaules. Ils me rappellent des images, des sensations. Toutes plus délicieuses les unes que les autres. Je ne peux m'empêcher de dévorer du regard chaque partie de son visage, ses yeux, si beaux, sa bouche, si sensuelle, sa nuque, si douce. J'suis en train de perdre pied. A mesure que l'ivresse et la musique emplissent mes pensées, j'suis de moins en moins rationnel. On s'échange des regards hurlants de désirs, nos gestes nous trahissent, mais personne ne flanche. J'lui faire croire à un baisé avant simplement de m'approcher de son oreille pour tenter de la faire succomber. Elle relève la tête et nos lèvres sont à quelques centimètres. Mon coeur bat de plus en plus fort entre mes côtes, je veux sentir ses lèvres. Je veux qu'elle prenne possession de ma bouche, mais finalement Primrose me tire par le bras vers la piste de danse. La danse. C'est pas un truc que j'affectionne particulièrement mais j'dois avouer que j'me débrouille pas mal. J'suis pas ridicule si vous préférez. Mais pour tout avouer, à cet instant là, j'm'en fou un peu. J'pense seulement à Primrose, et à mes lèvres qui seront posées sur les siennes d'ici quelques instants. Je l'espère. Alors qu'on danse, elle se rapproche de moi et me parle à l'oreille. Le son de sa voix est enveloppée par la musique mais je parviens à tout entendre. Je souris. Putain, la drague c'est vraiment pas mon rayon, mais j'la veux tellement que je ne lâche rien. "J'pourrais te montrer histoire de te donner tord." Oui oui, j'suis très clairement en train d'lui proposer de coucher ensemble en souvenir du bon temps. Nan mais j'ai vraiment un grain. Qu'est ce que je cherche au juste? J'en ai foutrement aucune idée. L'ivresse a définitivement gagné mon esprit. On est proche l'un de l'autre, nos corps sont à quelques centimètres, elle finit par poser ses mains sur mes joues, elle est si proche de moi. Instinctivement, mes bras passent autour de sa taille, mes mains se posent au creux de ses reins. Elle suppose que c'est moi ait envie. Je pose mon front contre le sien, plongeant mon regard dans le sien. Je ne veux plus quitter ses yeux. Je me mords encore la lèvre. J'suis à deux doigts de l'embrasser. Nos corps sont l'un contre l'autre maintenant, j'ai habillement rapprocher son bassin contre le mien. A nous voir de l'extérieur, on pourrait croire un couple qui danse, amoureusement lové l'un contre l'autre. Et pourtant, c'est une bataille acharnée qui se déroule en vérité. "Si j'te disais que non, j'te mentirais. Dis moi que toi tu en as envie, et peut-être que je succomberais à ton charme." La promesse était donnée, je voulais l'entendre de sa propre bouche, je voulais l'entendre dire qu'elle avait envie de moi. La fierté toujours mal placée, je savais que je jouais avec le feu. Primrose pourrait très bien me laisser en plan, et elle aurait gagné. Mais j'étais trop pris dans le moment, encerclé de l'ivresse et de la musique, avec Primrose contre moi, je ne pouvais pas la laisser partir. Pas maintenant. C'était même pas envisageable. Elle devait m'appartenir. Encore.

Quitte à regretter Elijah, autant pour ce qu'il lui avait fait subir plutôt que ce que Primrose aimerait qu'il lui fasse ce soir. Cette phrase avait beau s'ancrer durablement dans sa conscience pour la soulager et lui assurer qu'elle était sur le bon chemin, la vérité était toute autre. Toutes les parcelles de son corps le demandaient telle une gourmandise qu'elle n'avait pas goûté depuis longtemps. Deux années, deux fois douze mois qui lui avaient paru être une éternité. Elle s'était persuadée que c'était le temps de faire le deuil de cette séparation, de se laisser guider à nouveau. Se laisser surprendre par un prétendant, espérer une belle histoire qui en découlerait. En réalité, elle commençait à se demander si ce n'était pas deux fois 365 jours pour continuer à penser à lui, le garder à l'esprit pour comprendre que c'était lui. Le fameux "the one", celui dont on parle dans les comédies romantiques. Mais mince quoi dans ce genre de film ce gars est bien non? Ce n'est pas un sombre idiot qui envoie tout valser sous prétexte que c'est trop compliqué ? Elle ne voyait que de l'hypocrisie là dedans, Primrose. Son idéal, son goût prononcé pour le romantisme ne coïncidait pas avec la vision d 'Elijah. Pour elle, il avait dû se tromper en lui disait qu'il l'aimait. Il avait dû s'habituer à son confort, au fait de vivre à deux sans réellement tenir à elle. Pour autant, il y avait des faits et une intuition qui parlaient d'eux-mêmes. Bien souvent, elle avait remarqué ses petites attentions, ses mots doux, ses gestes tendres. Comment croire que tout ceci n'était que faux semblant alors même que sa sincérité semblait présente ? Il était si cruel de le poser en tant qu'imposteur tant il avait su l'aimer, la chérir du temps qu'ils étaient ensemble. Epuisant de devoir se confronter l'un à l'autre,de compter les points. Pour la jeune femme, il ne fallait pas baisser la garde, maintenir le cap quoiqu'il arrive. Elle avait été humiliée, son amour propre bafoué. La vengeance est un plat qui se mange froid.

Cette amertume n'était pour autant pas la seule à se jouer d'elle, à se moquer d'eux. Cette tension sexuelle - palpable mais perceptible pour eux - était un élément perturbateur dans leur altercation. Il fallait insister sur la rancune, la colère et la haine. C'était la recette parfaite pour se foutre sur la gueule, raviver l'animosité entre eux et se persuader qu'ils allaient gagner. Quelle belle erreur de se croire invincibles quand la lueur de cette fièvre n'était pas celle qu'ils croyaient. A penser que le torchon brûle, c'était plutôt le désir insoupçonné qui se rappelait à eux tel un boomerang incandescent où la sensualité pointerait le bout de son nez, tôt ou tard. Ils ne seraient jamais indifférents, et surtout seraient t-ils capable de s'arrêter ? A l'escalade des piques, des insultes ou des reproches pourrait succéder un bon nombre de choses tout aussi inavouables. Quelle danse, alors ? Celle de la passion qui toujours plus, les consumerait. Ses poings se serrent face à ce nouvel affront. Elle soupire d'exaspération alors même qu'elle pense à rétorquer, la mâchoire serrée. "A quoi bon garder un gamin qui ne deviendra jamais un homme ?". Le coup est précis, gratuit. Attaquer la gente masculine sur l'ego ne présage jamais rien de bon mais elle s'y essaie Primrose. Elle n'a rien à perdre de plus.

Le pire dans tout ça ? Il est foutrement beau. Attirant comme au premier jour, elle rêve de se lover au creux de ses bras. Comme avant, comme si rien ne s'était passé. Elle a beau avoir la rancune tenace, elle pourrait baisser les armes, le temps d'une soirée juste pour le retrouver. Lui et ses caresses, lui qui la fait sienne. Juste cette fois pour qu'elle ne demande plus rien derrière. Juste cette unique fois pour ne plus jamais ressentir ce manque. Il la détruit chaque jour un peu plus, ce manque de lui, de leur relation. Elle veut paraître forte mais la vérité c'est qu'elle est restée attachée à lui. Sa façon qu'il a de la regarder comme si elle était l'unique femme dans la pièce. Sa manière de lui faire comprendre qu'il est toujours là, présent pour ses moindres désirs.


Alors qu'il feint de lui donner un baiser, elle l'a déjà entraîné vers la piste de danse. Stratégie payante puisqu'il est présent, qu'il se rapproche davantage d'elle pour lui montrer qu'il relève le défi. Elle sourit. "J'pourrais te montrer histoire de te donner tord." Si elle n'avait pas plusieurs grammes d'alcool dans le sang, elle lui aurait foutu une droite bien cadrée. En pleine journée, elle lui aurait refait le portrait pour avoir osé dire une telle chose. Ce soir, elle n'a pas envie d'y penser car elle est mal. Mal de réaliser qu'aucun autre mec ne lui fait de l'effet. Mal de croire qu'il n'y aura jamais un autre pour elle, de penser même qu'il sera le mec d'une autre. A cette simple pensée, elle se raidit. Pour elle, il est "son" Elijah, celui avec qui elle a passé toutes ces nuits endiablées, ces moments ardents comme ces instants de douceur. Elle ne peut croire qu'il pourrait la remplacer là où elle-même a échoué à le faire. Les corps se rapprochent et avec cette proximité, le coeur de la jeune femme bat à tout rompre. Elle sent que son organe va exploser de sa poitrine et elle ne sait comment le contrôler. Elle voudrait lui dire non mais son for intérieur hurle à se mélanger à lui. Que les peau se touchent, que leurs langues se lient et qu'elle n'écoute plus sa raison. Elle sait pertinemment qu'elle pourrait le regretter la minute d'après ou la journée suivante. Que toutes ses copines lui feraient la morale en lui demandant comment elle a pu être si naïve. Elle sait tout cela et pourtant, rien ne compte au moment où il plonge son regard dans le sien. Rien n'a plus aucune importance car il a pris possession d'elle, de son esprit, de son coeur. Il se mord la lèvre, elle croit imploser. Elle aimerait lui crier de l'emmener loin d'ici, de lui faire l'amour jusqu'au matin. Non, elle déraille complétement, ce n'est pas possible.

Il a la fausse bonne idée de coller son corps un peu plus au sien. Ca la rend toute chose, Primrose. La romantique qu'elle est sent tous ses sens en éveil. Bordel, elle va le regretter, elle le sait. Le combat n'est pas terminé car aucun ne s'avoue encore vaincu, le prix est trop précieux pour s'arrêter en si bon chemin. Elle est surprise qu'il reconnaisse qu'elle lui fait envie. Cette surprise, les deux coups dans le nez et la chanson assez latino lui donnent le courage de répondre, au tac au tac. "J'ai peut être envie moi aussi... Si j'ai du charme, moi j'attends surtout que tu me montres que tu es un vrai gentleman...". Elle veut l'embrasser, elle meurt d'envie de le faire mais elle décide de coller son nez contre le sien avant de se positionner dans le creux de son cou pour passer sa bouche dessus. Elle ne veut pas y déposer de baisers, juste qu'il sente le contact de cette parcelle de corps sur le sien, lui remémorer certaines sensations. Elle le regarde de nouveau, bien décidée à ouvrir les hostilités. " Si tu sais y faire, qui sait... Je te suivrai sûrement.". Elle se mord à son tour la lèvre inférieure tout en ramenant ses mains vers sa nuque, prenant toute sa tête pour le persuader à l'embrasser là tout de suite.

Elle ne veut pas qu'il tourne la tête, pas qu'il dise non. Elle le veut ici et maintenant. Elle veut croire que tout n'est pas fini. Qu'elle sera perdue mais qu'il est bon de se sentir désiré, par lui et pour toute la nuit.

A quoi bon tout ça ? A quoi ça rimait de vouloir à tout prix la récupérer? Pour quoi au juste? J'en avais strictement aucune idée et à vrai dire, l'ivresse dans laquelle j'étais plongé m'empêchait totalement de réfléchir à ce genre de question beaucoup trop compliquée. Je suivais mon instinct, mon comportement était dicté par des pulsions de désirs. Je la voulais elle. Ca n'allait pas plus loin. Je me rendais compte que j'avais bien sous-estimé la part de sentiments que je pouvais encore avoir pour elle. Mais il était impossible pour moi d'ignorer les dangers que représentaient nos retrouvailles. La suite, ça serait quoi ? On allait se retrouver pour une nuit, s'abandonner l'un à l'autre jusqu'au lever du jour. Alors, nos regrets grandiront. On allait se retrouver face à notre connerie. Face à notre faiblesse. Et quel avenir? Beaucoup trop d'interrogations que je tentais de chasser de mon esprit. Ce n'était pas le moment de penser à ça.

Notre histoire avait été belle, intense, baigné de lumière. On avait été beaux, très amoureux. Avant de se retrouver ainsi, deux ans plus tard, en train de se déchirer. Les mots claquaient autour de nous. C'était à celui qui serait le plus tranchant. Ca ne me plaisait pas de parler comme ça, aussi durement, à une femme que j'avais tant aimé. Les sentiments que j'avais ressentis à son égard étaient bien réel. Mais mon comportement, ma lâcheté, mon abandon, avait fait naître chez Primrose des doutes quant à ma sincérité. Et pourtant, je n'avais jamais aimé aussi fort. Aussi puissamment. Et c'est probablement cet amour aussi vif qui m'empêchait aujourd'hui d'être un dragueur. Quel sentimental je fais bordel. C'en est presque cynique. J'suis une paradoxe. Un bordel sans nom. J'veux pas m'engager, mais j'veux pas non plus de trucs sans lendemain. Je ne sais pas ce que je veux. C'est aussi simple que ça. Egaré dans la pénombre. Voilà ce que je suis. Mais elle est là ma lumière, juste devant moi ce soir. Et je m'apprête à reprendre mon souffle, j'ose croire à un avenir avec elle. C'est perdu d'avance. Mais on verra demain. Parce qu'à cet instant, il n'y a qu'elle qui compte. Elle et ses lèvres.

On s'aime autant qu'on se déteste. On vacille entre la haine et le désir. C'est flou. Tout est flou autour de moi. La musique bourdonne dans mes oreilles, comme si nous étions déjà parti très loin. On se cherche, dans tous les sens du termes. D'abord, je veux la mettre en colère puis ensuite je veux jouer avec ses sens. Mais elle a le même dessein pour moi et elle y parvient à merveille. D'abord agacé de son comportement, de son hostilité envers moi, je bascule dans l'envie irrémédiable de l'embrasser, de la faire flancher. Je veux qu'elle me désire autant que je la désire. Putain, mais c'est pas possible d'être autant attiré par quelqu'un. J'ai beau resté fort, mon coeur rate une pulsation lorsqu'elle pose ses lèvres dans mon cou. Ce contact me fait frémir. Elle sait y faire, elle sait me rendre fou d'elle. Et je n'arrive plus à lutter. Pourtant, elle vient d'me lancer un pic, un énième. Etre en gentleman. Ma pauvre Primrose, si tu savais à quel point je n'en suis pas un. Mais à cet instant, j'suis prêt à tout pour l'avoir. J'suis prêt à mentir, prêt à prendre les traits d'un homme que je ne suis pas. Quel con je fais. Et j'entends déjà les reproches qui n'en finiront pas de fuser dès le lendemain. Je balaie cette idée de ma tête et je ressers un peu plus les mains sur le creux de ses reins. Ses lèvres m'ont fait flanché, je ne veux pas qu'elle soit poser sur mon cou, je les veux contre ma bouche. Je veux sentir son souffle, je veux la faire perdre pied. Mais j'crois que finalement, c'est moi qui perd le contrôle. Sans ne rien répondre, m'avouant vaincu par le silence, je passe ma main sous son menton et relève sa tête lentement. Nos lèvres sont à quelques millimètres, je plonge une dernière fois mon regard dans le sien avant de m'approcher d'elle, encore toujours un peu plus près. Je finis par plaquer mes lèvres contre les siennes. C'est si bon de retrouver ses lèvres, après tant de temps. Ma main glisse dans ses cheveux, le baiser est un subtil mélange de douceur et d'ardeur. Je voudrais qu'il dure encore longtemps. Nos langues se mélangent, quelques secondes. La connerie est faite, nous venons littéralement de plonger ensemble dans les méandres de la bêtise, de l'ivresse et du désir. Je quitte ses lèvres. Je réouvre les yeux, elle est encore plus belle une fois qu'elle m'appartient. "C'était assez gentleman comme baiser ça?" Je souris en me mordant une nouvelle fois la lèvre. A cet instant, je me sens le grand vainqueur. Le grand vainqueur de la connerie oui. J'suis bien trop saoul pour me rendre compte de ce qu'on est en train de faire. A présent, j'ai envie d'elle, plus que jamais, et rien ne peut m'arrêter. Je veux que cette nuit, elle soit mienne.

Evidemment, il y avait plein d'autres hommes à cette soirée. De ces gentlemen qui promettent monts et merveilles, aux bad boys qui vendent de la passion jusqu'aux timides qui cachent bien leur jeu. Un éventail fleuri de types différents qui auraient pu aisément la satisfaire par quelques mots, quelques caresses. Pourquoi donc s'entêter avec le seul mec qui lui avait brisé le coeur? Pourquoi entrer dans cet engrenage dont elle avait juré à ses copines (et ses soeurs accessoirement) d'éviter ? La réponse était claire mais si difficile à l'admettre qu'elle ne la reconnaissait qu'à demi-mot. Elle la laissait silencieuse, simplement audible par une part de son âme non assujettie au jugement. Ce soir aurait pu être comme tous les autres où elle n'allait pas se laisser séduire par un homme. Au lieu de cela, elle était à deux doigts de tomber dans les bras de son ex. Son charisme avait eu raison d'elle, inlassablement les années n'avaient rien effacé. Il avait ce regard qui la faisait chavirer, qu'importe les fois où elle plongeait ses yeux dans les siens. Connexion inexplicable, c'était chimique même si l'équation demeurait imparfaite. L'issue avait été déplorable et pourtant, aucun des deux n'y mettait vraiment un terme à présent.

Jusqu'où irait leur désir de vengeance, leur soif de victoire ? C'était bien connu : il fallait toujours avoir un heureux gagnant et un mauvais perdant. Dans ce cas précis, c'était plutôt de savoir lequel était le plus lésé de cette séparation, lequel morflait encore. A cette première manche, la jeune femme avait la sensation d'avoir le dessus car son manège fonctionnait bien. Elle se gardait de le dire mais à sa manière de la regarder, Elijah lui donnait encore plus envie de craquer, de faire l'amour même là dans un coin. L'adrénaline lui faisait perdre la tête presque autant que les verres et la musique. Le son était si fort mais moins que son coeur qui tambourinait à tout rompre. Leurs corps étaient si proches à présent.

Là, maintenant, elle devrait s'enfuir. Prétexter qu'elle a un rencard, un mec, un chat ou une amie dans le besoin. N'importe quel alibi serait le bienvenu pour la sortir de cette situation si compliquée. Sa mauvaise foi continuait de faire des siennes car elle n'écoutait pas sa petite voix intérieure. Celle qui toque avec insistance pour nous signaler qu'on vrille complétement. Non quoi! Comment pouvait t-elle être si faible? Au fond, était-ce ça l'amour? Prêt à céder, craquer sans se poser de questions? Il n'y avait aucune logique, juste une injonction invisible de se blottir dans ses bras, de l'embrasser à pleine bouche de peur qu'il s'en aille. Le tester était une idée à peine croyable tant elle se doutait qu'Elijah n'avait pas changé. Les espoirs étaient permis mais il était illusoire de penser que le jeune homme pourrait lui donner une relation sérieuse digne de ce nom. Primrose le voulait profondément, elle y songeait même à cet instant tout en comprenant que c'était pure folie de penser cela possible. Jamais Elijah ne pourrait se sentir libre pleinement avec elle. C'était quelque chose qu'elle avait compris à leur rupture, chose qu'elle avait enfoncé dans son crâne pour se persuader qu'il n'était pas le bon, qu'il n'avait pas à l'être.

Il n'y a aucune parole mais son attitude change au fil des secondes. Il semble prêt à relever le défi et Prim, éternelle romantique et idéaliste y croit. Du moins, elle se laisse persuader si facilement, surtout lorsqu'il relève son menton. Frissons qui parcourent tout son corps alors que leurs visages se collent si harmonieusement sous les néons de la soirée. Ils sont éclairés subrepticement telles des ombres chinoises. Ils ne sont que deux personnes parmi tant d'autres mais ce qui se joue entre eux est tout bonnement cosmique, après tant de mois, d'années. Elle ne dit rien la jeune femme, happée par l'excitation du moment et par cette nostalgie de leurs moments à deux, de ce couple auquel elle aimait croire. Pourquoi était-ce si cruel ? Leur relation était belle, goût d'inachevé qui restait en travers de sa gorge, dans le creux de ses iris les jours tristes. Elle avait pleuré pour lui, pour elle, pour cette histoire qu'elle voulait éternelle. Elle s'en était voulu d'y avoir cru tout en ayant l'intime conviction qu'elle avait eu raison. Les sentiments étaient là, elle en était persuadée. Ils n'étaient peut être pas des âmes soeurs mais leurs destins s'étaient liés et elle ne pouvait se résigner. D'une manière ou d'une autre, cette soirée répondait à ce signe du destin pour les rassembler, les rapprocher à nouveau. C'est à cet instant précis qu'il plaque ses lèvres sur les siennes. Le temps s'arrête. Le baiser la remplit instantanément d'extase et d'inquiétude, cocktail dangereux. Les langues se lient pour le rendre plus intense, plus précieux aussi. Bon sang qu'il embrasse bien, bordel qu'elle ressent encore quelque chose. Putain, pourquoi fallait t-il que ce soit lui et pas un autre ? Il lui faisait un effet de dingue alors même que d'autres l'avait à peine éveillé ? Lui était-elle réellement destinée?

Il interrompt le baiser alors que Primrose a les yeux fermés.Cet instant suspendu au temps, au jugement et à la colère l'a transporté. Elle en veut encore, elle en a besoin. C'est comme un nouveau shot, une potion de vie quand le personnage du jeu vidéo est en rad. C'est tout bonnement jouissif et elle ne s'en cache pas. Il lui répond, l'air assez assuré."C'était assez gentleman comme baiser ça?". Elle lui sourit bêtement, elle est la pire des idiotes. Par ce sourire, elle lui montre son accord de cette situation alors qu'elle vient clairement de se foutre dans une merde noire. Elle ne sait pas ce qu'elle doit faire, elle sait juste qu'elle n'a pas envie de dire non, de lui demander d'arrêter. Elle sait qu'elle sera encore plus dans la panade. Au fil des minutes, l'alcool ingurgité n'atteint pas seulement son corps, son cerveau risque de débloquer de plus belle. "Oui c'est gentleman... Tu as prévu quoi ensuite? Je peux te suivre où tu veux...". Le fait qu'il l'ait embrassé lui donnait le droit de dérailler maintenant. Elle avait gagné une manche, perdu une bataille : elle le voulait lui, dans son lit et pour toute la nuit.

Parfois, sans s'rendre compte de rien, la vie m'échappe. Le contrôle n'est plus possible et c'est comme si mon esprit était en pause, plus capable d'aucun jugement. Et c'est exactement ce qui est en train d'se passer en ce moment. Comme si les beaux yeux de Primrose avaient balayé violemment tout ce qui constituait notre passé. La douleur, la rancoeur, l'animosité. Plus rien de tout ça comptait à cet instant. Je ne pensais pas aux répercussions, je ne pensais pas au lendemain. Et pourtant, au fond de moi, je savais pertinemment qu'on était à bord d'une voiture lancée à pleine vitesse qui filait tout droit vers un mur. Un bon gros mur qu'on allait finir par se prendre en pleine face un moment ou un autre. Mais dans la pénombre de la soirée, embrumé par l'alcool, envouté par son parfum et hypnotisé par ses lèvres, plus rien n'avait d'importance.

Je ne sais pas exactement ce qu'on cherchait à se prouver. On avait lutté, fait mine de jouer avec les nefs de l'autres, on avait bataillé, voulant se prouver mutuellement que tout ça n'avait aucune importance. Et pourtant, on avait plongé ensemble. Moi le premier en relevant son menton pour prendre possession de ses lèvres. Mais je ne regrettais pas. Pas encore. Je vivais l'instant, je pouvais ressentir les sensations d'avant. Notre baiser, comme suspendu dans le temps, était délicieux. Ses lèvres que je connaissais si bien auparavant, m'apparaissaient comme nouvelles, comme si je découvrais à nouveau le plaisir de l'embrasser. Ma main avait glissé de ses cheveux, nos langues s'étaient mêlées, nos esprits avaient fusionnés. Quittant, ses lèvres, je ne pouvais m'empêcher d'avoir envie d'y retourner. Tout de suite. J'étais impatient. Je ne voulais pas la laisser m'échapper, je voulais la garder, près de moi. Ma main sur la cambrure de ses reins était toujours bien en place, l'approchant toujours un peu plus de mon bassin. Alors qu'elle me sourit, affirmant avec ses yeux qu'elle est d'accord avec ce qui vient de se dérouler juste avant. Elle aurait pu, elle aurait du fuir, me laisser en plan et mettre un terme à l'idiotie que l'on était en train de faire. Mais elle était comme moi Primrose. Accro à cet amour impossible, incapable de lutter. J'aurais du moi aussi partir. M'arrêter là. Mais c'était au dessus de mes forces. Je la voulais. Pour la nuit entière. Jusqu'au lever du soleil. Sa réponse confirma mon ressentis, elle m'appartenait. Entreprenante, comme je l'aimais, elle me demanda ce que j'avais prévu ensuite. Je souris, presque malicieusement à l'idée de l'avoir dans mon lit. Je m'approche de son oreille et lui murmure quelques mots "La suite, elle est simple Prim', j'vais t'emmener ailleurs et j'vais te faire l'amour..." Ce genre de phrases, c'était pas du tout dans mes habitudes, je n'étais pas le genre à dire des trucs comme ça et pourtant, je n'avais pas hésité une seule seconde. L'alcool aidant certes, mais c'est surtout l'excitation de la savoir à moi qui me poussait à vouloir faire monter la pression. J'reprenais possession de ses lèvres pour un baiser plus court mais rempli de promesses. Je terminais par mordre sa lèvre puis je quittais son étreinte pour la prendre par la taille. "On récupère nos affaires, et on s'éclipse." Pas la peine d'aller saluer Elias ou les autres, pas la peine de soulever les curiosités. Nos proches auront assez du lendemain pour nous sermonner.

En moins d'une minute, on se retrouve dans la cage d'escalier pour quitter l'immeuble. La musique s'éloigne de plus en plus de nous. J'suis sur un espèce de nuage, un peu instable, l'ivresse me fait vaciller un peu, mais j'contrôle. Non non Elijah, tu ne contrôles absolument rien, t'es en train de ramener ton ex chez toi, j'appelle pas ça du contrôle ! Tandis qu'on arrive dans le hall de l'immeuble, je l'attire vers moi, une nouvelle fois. Je la prends par la taille et recule lentement pour la plaquer contre le mur. Je plonge mon regard dans le sien. "Qu'est ce que t'es belle putain. Tu me rends fou, tu le sais ça ?" Je souris avant de l'embrasser une nouvelle fois, plus langoureusement. Mon appart est à quelques rues de là, mais j'ai envie de prendre mon temps. La nuit nous appartient à présent.

@Elijah Bishop
Seuls véritables témoins de leur bêtise, Primrose et Elijah s'étaient plongés dans une nostalgie bien trop dangereuse. L'émoi que suscitait ce baiser impromptu avait eu comme conséquence de déclencher des souvenirs à la jeune demoiselle. Loin de celui de la rupture, douloureux et acerbe il jaillissait davantage l'exaltation du toucher, de la tendresse infinie lors de leurs ébats ou promenades dans Bowen. Une succession d'images à la manière d'une comédie romantique où il y a le moment avec le paquet de mouchoirs. Une osmose opérait encore et l'alchimie semblait intacte. Cela était foutrement beau bien que c'en était franchement immoral. Les bras forts et le corps musclé d'Elijah faisait oublier à la blonde toute la douleur, la colère, l'amertume qu'elle avait à son égard. Quand on dit que l'amour et la haine ne comptent qu'un pas entre eux, c'était vrai. L'adrénaline de l'instant, voilà ce qui avait transformé toute cette rancune en un moment sensuel, indescriptible. Un voyage à une vitesse fulgurante pour les envoyer au septième ciel. La dimension charnelle pointait le bout de son nez pour les noyer un peu plus dans leurs déboires. Qu'il est illusoire qu'ils s'en sortiraient indemnes au petit matin, eux qui auraient sûrement bien du mal à l'assumer, une fois l'alcool dilué.

La folie parlait à sa place puisque la jeune femme lui avait donné un pass VIP sans y revenir dessus. Il faut dire qu'à la minute même où il avait posé ses mains sur le creux de ses reins, elle avait sursauté, surprise par ce désir qui l'animait. Elle aurait pu se donner elle-même des baffes pour refuser de l'admettre mais oui, elle en était encore piquée et cette seule soirée était la preuve que Primrose pouvait ruiner tous ses efforts pour l'oublier en un claquement de doigts. Pourquoi, au final? Se prouver qu'il était vain de croire oublier son véritable amour ? Défier les lois de l'attraction ? Contrôler son destin? Qu'importe l'objet de ce défi, elle avait perdu sans prendre une quelconque revanche. La seule satisfaction qu'elle en tirait était qu'Elijah était aussi coupable qu'elle... Manifestement, elle n'était pas la seule à succomber si rapidement, une fois l'alcool et les premières techniques de drague lancées. Enfin dans ce cas, aucune stratégie complexe n'avait été nécessaire. Le non verbal avait démontré que leurs corps se réclamaient, impatients de se redécouvrir de nouveau. De plus, l'alcool avait poussé Primrose à prendre davantage d'initiatives. Quand il lui murmura qu'il allait lui faire l'amour, elle manqua de tomber à la renverse. Ce genre de phrase - même dit par son ex qu'elle détestait, dans un bruit sourd de musique électro et 2 g d'alcool dans le sang faisait son effet-. Elle était une éternelle romantique, on ne lui enleverait jamais ça. Elle ne réfléchit pas, se contente de répondre, sur un ton qu'elle voulait coquin. "Oui, je veux bien voir ça..." . Il l'embrasse de nouveau, elle manque de lui sauter dessus à son tour mais elle se dit qu'il y a quand même du public. Averti, certes mais il fallait faire durer le suspens, tout de même. A la suggestion du jeune homme, Primrose acquiesce d'un signe de la tête et part chercher ses quelques affaires dans la pièce dédiée. Il y a là un couple prêt à conclure, elle se dépêche de récupérer et de s'en aller.

Ils sortent de l'appartement, la musique en sourdine derrière eux. Il est étrange d'observer ce silence qui s'installe alors que tous deux sont dans une attente toute particulière. Ce n'est pas une fin de soirée où chacun rentre chez soi : c'est un after pour des initiés, un où il n'y a pas le meilleur pote qui n'a pas pécho ou la meilleure amie en pleurs. Une autre soirée d'exs qui se retrouvent et qui prendront de mauvaises décisions et surtout (on l'espère) leur pied. Elle dévale l'escalier tout en ne sachant pas dans quelle galère elle se foutait. Clairement, elle allait sûrement aller chez son ex et pas pour jouer aux cartes. Elle mettrait fin à toutes ces fois où elle a promis à ses copines de ne pas retomber dans ses bras. Elle se sentait honteuse, elle qui avait cru surmonter tous les sentiments qu'elle avait enfoui lors de la rupture. Elle était bien courageuse, Primrose. A la première soirée, voilà qu'elle replongeait. Soudain, il la prend par la taille pour l'obliger à reculer doucement de sorte à la plaquer contre le mur. Surprise en apparence, elle bouillonne à l'intérieur. Tout cela lui donne sacrément envie d'aller plus loin. "Qu'est ce que t'es belle putain. Tu me rends fou, tu le sais ça ?" . Elle sourit afin qu'il ne vienne l'embrasser, une nouvelle fois. Elle ferme les yeux, épousant tout le ressenti qu'elle avait à présent. Elle avait beau craindre le lendemain, elle profitait du moment en laissant enfin son for intérieur s'exprimer. Au diable les remontrances et la bonne conscience, elle voulait mettre tout cela de côté.

Il était trop tard à présent puisque d'un seul coup, elle le tira vers lui pour l'embrasser passionnément. Son baiser langoureux lui avait donné une idée, plusieurs mêmes. Elle continua son baiser tout en posant ses mains sur son torse pour le toucher. Même à travers le pull, elle pouvait le sentir, ce corps qui l'avait tant manqué.
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