time to put the past behind us (saskia)

Depuis quelques jours, tu as cette impression d'être à un moment de ta vie où tu navigues sans cesse entre le passé et l'avenir, enchainant les allers-retours entre les deux, incapable de te concentrer sur ce que le futur peut t'apporter. Du coup, tu te sens un peu perdue face à ce que tu veux trouver ou retrouver ou au contraire, supprimer de ta vie. C'est pour cette raison, que, depuis une heure, tu marches le long de la plage à la recherche de réponses. De temps en temps, tu tournes la tête vers la plage pour apercevoir des gens qui profitent de la vie et au moment où tu tentes de capturer à nouveau un de ces moments, ton regard se pose sur Saskia, assise sur le sable, le regard rivé vers la mer, comme toi, quelques secondes plus tôt. Hésitante, tu t'avances vers elle dans le but de prendre place à ses côtés sur le sable fin. « Salut. Je peux m'asseoir ? » Demandes-tu par précaution au cas où elle ne serait pas seule ou attendrait quelqu'un. Au moment où tu reçois son approbation, tu t'installes à ses côtés, face à la mer. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Sans doute la même chose que toi parce que même si votre relation n'est pas la meilleure qui soit, vous n'êtes pas jumelles pour rien et vous vous ressemblez sur bien des points. Vous n'avez malheureusement pas eu l'occasion de profiter de vos points communs durant votre enfance et votre adolescence mais tu espères qu'à présent, vous pourrez réellement développer votre relation. Il y a encore beaucoup de choses à régler avant ça mais tu es prête à avancer et ça, c'est déjà un grand pas en avant. Maintenant, il faut voir si Saskia est prête à faire un pas vers toi, elle aussi.

Ce soir, tu aurais du sortir Unique, ton poney, mais, monsieur en avait décidé autrement et c'était blessé au pré. Ce n'était rien de grave, mais tu ne pourrais juste pas le monter ce soir, il avait besoin de repos. A la place, tu avais quand même décider de sortir et de marcher le long de la plage. Histoire d'évacuer la pression. Quand tu es coach bien être, ce n'est pas toujours facile. Il faut être emphatique mais pas trop non plus, sinon les émotions des gens te bouffent et c'est compliqué de trouver le juste milieu. Après tout, tu as déjà tes propres émotions à gérer et une enfance un peu compliqué derrière toi. Ce n'est pas toujours simple. Parfois juste marcher, regarder l'horizon et respirer fait beaucoup de bien. Tu décidas de faire une petite pause et de t'installer sur le sable, le regard loin. Finalement, une voix que tu ne connaissais que trop bien, te délogeas de tes pensées. Salut, bien sûr que tu peux. dis-tu en souriant à ta jumelle. Vous n'étiez pas très proches, c'est vrai, mais, tu étais toujours contente de la voir. C'est comme si que toutes les moitiés de ton être étaient enfin complètes quand elle était prêt de toi. Mais, ça, tu ne lui diras pas. Je suis venue prendre l'air, j'avais besoin de souffler après le boulot. répondis-tu tout simplement. Et toi ? rajoutas-tu, curieuse de connaître le quotidien de ta sœur.

Je suis venue prendre l'air, j'avais besoin de souffler après le boulot. Comme Saskia, tu as un travail très prenant qui demande énormément d'investissement et de temps. Être son propre patron, ce n'est pas toujours évident, surtout quand les problèmes personnels, de la vie quotidienne, tentent de prendre le dessus. « Un peu près la même chose que toi. » Réponds-tu avec un faible sourire. « Tout va bien au travail ? » Oses-tu demander. Eirik ne t'a rien dit mais ce n'est pas comme s'il te racontait les confidences de ta jumelle. Il tente encore de prendre ses marques, de se situer entre vous deux et tu sais que ce n'est pas évident. Il t'a dit qu'il s'en voulait un peu d'avoir laissé Saskia de côté durant toutes ces années et tu sais qu'il essaie tant bien que mal de se rattraper en étant présent pour elle. Toi, tu n'es pas encore prête aux mêmes concessions mais tu sais que ça va venir, avec le temps, si votre relation avec Saskia continue à évoluer dans la bonne voie. En tout cas, ça va déjà beaucoup mieux qu'auparavant puisque vous êtes capables de discuter sans vous bouffer. « Ça fait un bail qu'on ne s'est plus vue. » Ajoutes-tu en tournant légèrement la tête vers ta jumelle. Vous n'êtes pas du genre à programmer une soirée toutes les deux malheureusement alors souvent, vous vous croisez par hasard ou quand Eirik organise quelque chose pour réunir la famille. Mais quelque part, ça te fait de la peine que vous ne soyez pas capables de prendre des nouvelles de l'autre naturellement.

Petite, tu rêvais d'avoir une relation avec ta jumelle comme celle que tu pouvais voir à la télé. Avoir un lien indéfinissable, savoir quand l'autre ne va pas bien, s'habiller de la même façon. Tu voulais tout ça, mais au final, tu avais finis par abandonner l'idée qu'un jour tu serais proche de ta sœur. Peut être que c'était fictif après tout. Ce genre de relation ? Tu étais toujours un peu plus proche de ton petit frère, mais pas tant que ça au final. T'étais un peu la bête noir du trio finalement, tu ne t'étais jamais sentie comprise mais, tu passais ton temps à encaisser et à sourire. C'est ce que tu savais faire de mieux. Du coup, savoir qu'elle était la pour les mêmes raisons que toi, ça te décrocha un sourire sur ton visage. Tu hochas la tête quand elle te demanda si tout se passait bien. Ça te faisait vraiment plaisir qu'elle s’intéresse à toi. Ça va, c'est juste compliqué parfois, de ne pas absorber les émotions des gens. dis-tu avec un petit rire. Et toi ? Le boulot, la vie ? t'empressas-tu de demander, curieuse de connaître la vie de ta jumelle. Tu n'en parlais pas vraiment avec Eirik non plus, tu n'osais pas en réalité. Trop longtemps, vous aviez fait votre vie chacune de votre côté et, c'était devenue une triste habitude. Ça fait beaucoup trop longtemps, je trouve. confirmas-tu d'un sourire.

Tu ne peux qu'être d'accord avec Saskia parce que tu as trop souvent tendance à boire les émotions des autres pour les soulager un peu, telle une éponge. Mais contrairement à ta jumelle, c'est avec tes proches et non avec des clients. Alors, ça doit être de famille même si la norvégienne semble gérer ce trait de votre personnalité mieux que toi. « Ouais, j'imagine que ça doit être usant d'entendre les gens se plaindre, parfois. » Réponds-tu avec un faible sourire.« Le boulot, parfait. Ma rupture m'aura au moins apportée une chose : de la rigueur au travail. » Plaisantes-tu, le regard toujours perdu sur l'horizon. Un regard qui cache ce que tu penses réellement, dans le fond, à propos de cette rupture qui restera sans aucun doute la plus difficile de ta vie. Tu n'as pas été très souvent en couple mais faire disparaître Woody de ta vie a été, sans conteste, très douloureux. « La vie perso bah... je fais avec. Et toi ? Tu t'es fait quelques bons amis ? » Ou plus qu'amis, qui sait. Cela ne fait que quelques mois que Saskia est à Bowen mais tu n'as jamais douté de sa bonne acclimatation. Comme toi, elle va assez facilement vers les autres. Ça fait beaucoup trop longtemps, je trouve. C'est bien la première fois que vous êtes capables de vous dire les choses telles qu'elles sont, sans cacher vos sentiments par pudeur ou peur. Et ça fait du bien. Vraiment du bien. « Je sais que je ne suis pas la plus démonstrative qui soit, avec toi, mais ça me fait vraiment plaisir que tu te sois installée à Bowen. » Parce que tu espères réellement rattraper le temps perdu et tirer un trait sur le passé.