time won't wait past the moment (vega)

30 décembre 2021

Elmo avait délaissé Milo, Manny et Gretchen pour l’après-midi. Il n’était écrit nulle part qu’ils devaient rester en groupe tout le long du séjour, d’ailleurs il n’était pas le premier à le faire. Ils avaient passé les premières journées ensemble, à aller visiter la mer de glace, voir les chiens de traineaux au Huskydalen, traîner quelques heures au chalet. Mais chaque personne connaissait d’autres personnes venues pour l’escapade alors peu à peu, ils avaient prévu des trucs chacun de leur côté. Aujourd’hui, Elmo avait volé Vega à sa bande de copines et il avait décidé de l’emmener sur la patinoire. Comme ce n’était pas un passe-temps très commun en Australie hormis dans les arénas qu’ils ne fréquentaient pas ensemble, il réalisa qu’il ne savait même pas si sa meilleure amie savait patiner. Il l’apprendrait assez vite, et au fond de lui il espérait qu’elle ne le sache pas, comme ça il allait pouvoir rire un bon coup. De son côté, Elmo avait patiné un peu dans sa jeunesse, en Italie, mais pas de là à devenir un grand patineur. Il savait aller de l’avant, c’était l’important.

Il était en train d’enfiler ses patins sur le banc quand Vega le rejoignit. « Hey ! C’était long alors je t’ai déjà loué tes patins. J’ai un peu guess t’as grandeur alors j’espère que c’est bon. » L’horreur, pour Vega, s’il n’avait pas fait un bon choix. La file d’attente était longue pour la location – d’où l’initiative d’Elmo de passer au comptoir en attendant que sa colocataire le rejoigne au point de rendez-vous, à l’heure du rendez-vous. Enfin, rendez-vous, façon de parler. Le jeune homme avait juste besoin de combler tout son temps libre ici, avec des amis, pour deux raisons bien précises : de un, il savait que Bella était ici et il avait soit peur de la croiser, soit peur de trop penser à elle et de deux, en fouillant dans sa paperasse pour trouver son passeport et ce dont il avait besoin pour le voyage, Elmo avait réalisé que la date de son visa allait expirer dans les premiers mois de 2022, et ça l’avait un peu fait flipper. Il n’avait donc pas envie de passer tout le voyage à être dans sa tête, dans le gros stress, et comme ce matin les Monkey Squad étaient un peu éparpillés dans tout plein d’activités, il avait tout de suite profité du moment pour se réserver Vega, avec qui il n’avait pas eu le temps de passer un moment depuis leur arrivée à Chamonix.

J’étais rentrée quelques semaines pour Noël au Canada avant de prendre la route de Chamonix et retrouver les autres Boweniens qui y étaient. J’avais pas franchement prévu de passer Noël à Toronto mais ma mère m’a proposé. En temps normal j’aurais sans doute trouvée une excuse pour rester chez moi et pas avoir à supporter elle et sa nouvelle famille. Enfin nouvelle, ça fait des années maintenant mais j’ai toujours l’impression qu’ils sont nouveaux vu que je suis un peu une étrangère pour eux. Bref, passer le réveillon à la coloc ça m’aurait suffit. Sauf que ces derniers temps je suis un peu dans un ras le bol de tout, y compris de Bowen. Et puis je n’ai jamais trop eu l’occasion d’aller voir ma famille au Canada ni même découvrir ce pays dont je porte la nationalité mais que je ne connais quasiment pas au final. En plus de ça ma mère m’a tout payé, raison de plus d’accepter. Je passe donc de la neige nord-américaine à la neige européenne. Je suis déjà venue faire du ski dans les Alpes quand j’étais enfant. C’est un peu le coin fancy pour faire du ski et comme mon père aime bien tous les trucs de riches, j’avais le droit au séjour annuel au ski où on passe plus de temps dans les boutiques ou les chalets qu’à faire du ski.

Si la plupart des gens de Bowen me saoulent, il y en a un qui me saoulera jamais vraiment, c’est Elmo. C’est aussi pour lui que je suis pas restée plus longtemps au Canada. Quand il était retourné en Italie ses conneries n’avaient trop manquées. Pour nos petites retrouvailles, même si ça fait pas si longtemps, on a décidé d’aller à la patinoire. Je suis sûre qu’il est nul en patin, je l’imagine pas rider la glace tel un patineur professionnel mais il pourrait me surprendre. Quand j’arrive il y a du monde qui attend pour les patins et je me dis qu’il va nous falloir une éternité pour avoir les notre mais pour une fois Mo a été prévoyant puisque je l’aperçois avec deux paires de patins à côté de lui. « Salut ! » dis-je toute contente de le revoir. Je crains le pire pour la pointure qu’il m’a pris mais on verra bien. « Parce que tu connais pas ma pointure par cœur ? » Je lui demande avec une voix de pimbêche pour l’embêter. J’attrape la paire et regarde à l’intérieur la pointure. C’est pas tout à fait ma taille, un peu trop grand mais je préfère ça à des patins trop petits qui me défoncent les pieds. « J’ai pas le courage de refaire la queue donc j’vais les garder. Si j’suis nulle c’est de ta faute ! » Je le préviens avant de m’asseoir pour enfiler mes patins.

« J’trouve que ce serait vraiment weird que j’connaisse cette information. Like … stalker much ? » Répondit Elmo à propos de la taille de pied de Vega. Elle était sa meilleure amie depuis quelques années, certes, et sa colocataire en plus alors des paires de chaussures il en avait vu traîner un tas. Mais de là à aller vérifier leur grandeur au fond de la semelle ? Nan. Déjà qu’il ne faisait même pas l’effort de les ranger si elles étaient dans le chemin. Il passait par-dessus, c’est tout. L’effort minimum. L’italien continua d’attacher les lacets de ses patins, essayant de les serrer le mieux possible, même si ça lui soutirait quelques grimaces. Vega s’assit à côté de lui et regarda la taille des patins. Elmo, penché vers ses pieds, leva la tête vers la brunette. « Quoi mon guess était si mauvais que ça ? Et n’essaie pas de trouver des excuses à ta nullité ! » Bon, si elle décidait de les porter quand même, c’était probablement parce qu’Elmo n’était pas à ce point à côté de la plaque. Il n’avait peut-être pas visé juste, mais il ne devait pas en être bien loin. Elmo esquissa un sourire et donna un petit coup d’épaule à Vega, enfin, c’est plutôt tout son corps qui balança légèrement vers elle alors qu’ils étaient tous les deux assis sur le banc de bois. « J’suis content de te revoir, en tout cas. Le temps a été plus long et ennuyant, ces dernières semaines. » Certes, il y avait maintenant Jules à la coloc’ maintenant, ce qui avait au moins permis à Elmo de ne pas être complètement seul. Mais quand même, Jules avait ses occupations et il n’avait pas été là à chaque fois que l’italien s’y trouvait. Disons que depuis que le barista n’était plus avec Bella, il avait pas mal plus d’heures dans ses journées, et trouver quoi en faire n’était pas toujours évident. Il se rendait compte qu’il avait vraiment été fusionnel avec Bella et que maintenant qu’ils étaient séparés, il avait un peu de mal à se retrouver. Il avait traîné dans les bars et dans les casinos, fréquenté des amis pas trop fréquentables, vidé son compte en banque sur des conneries. Rien de glorieux. « Comment c’était le Canada ? » Demanda-t-il. Il n’aurait même pas su situer vraiment où elle avait été exactement, sur une carte. Le Canada c’était grand quand même.

Je m’attendais pas à ce que Mo connaisse ma taille de chaussures. Déjà qu’un vrai ami ne le sait pas forcément, mais un ami comme lui, il ne faut pas l’espérer. Parce que j’ai beau l’aimer vraiment beaucoup, il peut vraiment être le pire des amis des fois, heureusement il sait se rattraper quand il faut. « Tu me stalk quand ça t’arrange ! » Je lui réponds pour l’embêter. J’en profite quand même pour me trouver une excuse si jamais je m’en sors pas très bien mais évidemment ça ne passe pas. Je le pousserai pour qu’il soit plus nul que moi et voilà. Je l’imagine mal être un dieu de la glisse de toute façon mais bon il pourrait me surprendre. Ça arrive des fois et pas que en mal ! « Nan ça va, tu t’en sors bien. » On est tous les deux assis pour mettre nos patins, il me pousse de l’épaule et je m’effondre à moitié. J’en profite pour arrêter de faire mes lacets et je passe mes bras autour de lui et poser ma tête sur son épaule. Il m’a manqué, même si je ne suis pas partie si longtemps au final. Et j’étais bien occupée avec tous les gens de ma famille que j’ai appris à connaître, tous les cousins, neveux et nièces que je n’avais jamais vu. Ça faisait tout un tas de monde qui défilait à la maison. Au début j’avais l’impression de faire tâche dans le paysage entre toutes ces personnes blondes mais je me suis vite sentie intégrée. « Moi aussi j’suis contente. Je savais que je te manquerais. » En tout cas je l’espérais un peu. « Mais j’espère que l’appart ressemble encore à quelque chose et que t’as pas fait trop de conneries ? » Je le préviens. J’ai envie de rentrer chez moi et de pouvoir me poser, pas franchement envie de me transformer en Cendrillon en gueulant après les gens pour qu’ils rangent et nettoient leur bordel. « C’était cool, j’suis sûre que t’aurais adoré la bouffe ! Mais ça n’a rien à voir avec Bowen, c’est un peu comme ici, il fait froid, y’a de la neige et tu restes pas mille ans dehors à cette période. » En tout cas il faut bien se couvrir, pas comme à Bowen où le minimum de vêtements possibles tient déjà suffisamment chaud. Je finis d’attacher mes patins et je dis « J’suis prête, on peut se lancer, sauf si t’as trop peur. »

Vega était en train de sous-entendre qu’Elmo la stalkait quand ça l’arrangeait, et ça, ça fit sourciller l’italien qui ne comprenait pas exactement à quoi elle faisait référence. Pensait-elle qu’il l’épiait quand elle prenait un bain ? Parce que certes, ça l’arrangerait, mais il avait quand même du respect envers le consentement de sa meilleure amie. Et l’espionner pendant qu’elle n’était protégée que par un peu de mousse – si elle était du genre à mettre de la mousse dans son bain, honnêtement il n’en savait rien -, ce n’était pas vraiment ce qu’on pouvait appeler respectueux. « Et quand est-ce que ça m’arrange, exactement ? » Demanda-t-il, suspicieux. Peut-être qu’il était parfois stalkeur sans même s’en rendre compte et ça, franchement, ça le prendrait par surprise. Le jeune homme poussa légèrement sa colocataire pour s’amuser et en retard, elle l’étreignit. « J’devrais te pousser plus souvent. » Lança-t-il avec un sourire. Ça lui faisait du bien, en vrai, de retrouver Vega. Il lui fit d’ailleurs part de ce sentiment. Depuis le temps, Vega et Elmo étaient capables d’aller dans les sentiments. Ils étaient souvent en surface, mais par moments ils arrivaient à être mignons. « Nan ça va, il fallait que je fasse bonne figure devant Jules comme il est pas là depuis trop longtemps. Je me suis forcé. Faudrait pas en faire fuir un autre. » Il grimaça, en souriant. C’est vrai que Vega et Elmo avaient un peu de mal à conserver leurs colocataires plus de quelques mois. Ils étaient peut-être un peu trop bizarres. Le jeune homme demanda alors à son amie comment était le Canada. Il n’avait jamais eu la chance de se rendre au pays des igloos et des caribous. « Ils ont quoi comme bouffe spéciale ? T’as ramené les recettes pour me faire essayer ? » Il se réjouissait déjà à l’idée de manger de nouveaux trucs et il espérait que les canadiens ne mangeaient pas des plats trop trop santés. « Trop peur que tu m’rentres dedans et m’emmène avec toi dans tes chutes, tu veux dire ? » Il sourit, avant de se lever et de s’élancer sur la patinoire. « Ouais, c’est pas tout à fait comme le vélo, j’ai les jambes qui shakent ! » Il tourna la tête vers l’arrière, regardant Vega par-dessus son épaule.

Elmo ne laisse pas passer cette histoire de stalkage si facilement et ça ne m’étonne pas de lui. « Nan t’as raison, c’est plus moi qui te stalk en fait. » Je lui réponds en riant. Je suis sûre qu’il va commencer à s’imaginer que je regarde par le trou de la serrure quand il ramène quelqu’un ou que je passe ma vie à regarder son insta, snapchat, tik tok et tous les autres trucs où il raconte sa vie. J’aime bien connaître les dernières news et je préfère les apprendre de lui que de les lire dans les Writers mais je suis pas une personne malsaine, le genre à créer des notifs dès que quelqu’un like une photo de quelqu’un ou des trucs du genre. Chacun vit sa vie. « Tu peux avoir des câlins sans me pousser aussi tu sais. » Je lui dis en souriant. Mais c’est souvent comme ça entre nous, on se chamaille mais on s’aime beaucoup aussi et après plusieurs semaines loin l’un de l’autre je ne pouvais pas ne pas le prendre dans mes bras. Mo m’explique que l’appart est dans un état correct parce qu’il essaie de se faire bien voir auprès de Jules. L’imaginer en type assez sérieux qui range ses chaussettes, c’est vraiment très drôle. Je suis sûre que c’est lui qui fait fuir tous les gens qui s’installent dans notre coloc de toute façon. Secrètement il rêve de vivre juste avec moi alors il s’arrange pour qu’ils ne restent pas. « Du coup t’es allé vivre ailleurs histoire d’être sûr de pas foutre le bordel ? » je lui demande en le taquinant. Je lui parle un peu du Canada et forcément il s’intéresse à la bouffe, rien de bien étonnant, même pour quelqu’un qui connaît Mo depuis cinq minutes. « Ils ont la poutine, c’est un plat pour toi ! C’est des frites, du fromage et de la sauce. J’ai ramené la sauce mais le fromage aurait pas trop apprécié le voyage donc j’en ai pas. Mais j’pourrais essayer d’en faire avec un autre, tu verras pas la différence de toute façon ! » Je pense pas qu’il ait déjà goûté alors il pourra pas trop comparer. On est prêt à se lancer sur la piste mais pas sans une nouvelle petite pique. « C’est toi qui va m’faire tomber j’suis sûre ! » Et si c’est pas par maladresse il le fera exprès, je le connais. Je me lève à mon tour pour entrer sur la piste. On a à peine fait quelques pas qu’il semble déjà moins à l’aise ce qui me fait rire. J’ai pas l’aisance d’une patineuse mais j’arrive à avancer sans être déséquilibrer et sans rentrer dans les gens autour de moi. J’accélère pour arriver à son niveau. « Alors on fait moins le malin ? »

Clairement, l’image de Vega qui le matait – ou matait ses conquêtes, ou les deux – à travers le trou de la serrure traversa l’esprit d’Elmo, ou en tout cas quelque chose dans le genre. Ou alors sa meilleure amie se contentait de le stalker via les réseaux sociaux, et là-dessus disons que l’italien lui rendait sans doute la tâche facile. Il était tout le temps en train de publier des stories Instagram ou de faire des vidéos Tiktok en mentionnant le lieu où il se trouvait et en identifiant les gens avec qui il traînait. Ce n’était pas trop difficile de tout connaître de sa vie et de son emploi du temps. « J’savais que t’étais secrètement amoureuse de moi. » Dit-il en ne se croyant absolument pas. Vega et lui c’était très amical, à la limite parfois ils se dégoûtaient vu qu’ils se voyaient vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre, parfois dans leurs pires attirails. Il n’y avait plus vraiment de mystère, entre eux. Rien pour entretenir une romance. Pourtant, à les voir là à s’enlacer sur le banc, ça pouvait porter à confusion ! « Ah ouais ? Aaah, mais s’il faut que je te dise des compliments, ça le fera pas non plus … À ce compte-là, j’préfère te pousser. » La nargua-t-il. Ce fut au tour de Vega, de toute façon, de lui renvoyer une pique à propos de son côté bordélique. « J’ai cherché mais personne voulait m’accueillir pour quelques jours. » Lâcha-t-il en riant. Et comme l’une des seules personnes pouvant supporter ce bordel par amour, Bella, ne lui parlait plus, l’affaire avait vite été réglée : Elmo était resté avec Jules en s’efforçant d’être un bon colocataire, pour ne pas le faire fuir lui aussi. Vega l’aurait sermonné à son retour, sinon. « J’pourrai pas voir la différence parce que j’ai jamais goûté, pas grâce à tes talents de chef ! Mais ça m’intéresse. Des frites, du fromage et de la sauce, que de bons ingrédients, ça peut juste être bon. » Sur ce, ils se levèrent sur leurs patins, tenant plus ou moins en équilibre, et s’envoyèrent quelques dernières piques. Elmo avait les jambes qui tremblaient mais il avançait quand même. Lentement mais sûrement. Sa colocataire le rattrapa et le nargua, encore. À croire que c’était tout ce qu’ils savaient faire. « Je m’en sors très bien, je vois pas de quoi tu parles ! » Il la détailla du regard, de bas en haut. « C’est plutôt toi qui aurais besoin d’une marchette pour avancer ! » Il s’élança un peu plus rapidement en riant.

Je lève les yeux au ciel lorsqu’il me répond que je suis secrètement amoureuse de lui. C’est vrai, ça doit être ça, c’est évident ! On a trop vu tous les mauvais côtés l’un de l’autre pour qu’il y ait la moindre pensée romantique entre nous. Et puis, il est déjà difficilement supportable comme meilleur ami et coloc alors si on rajoute à l’équation petit-ami en plus, c’est pas possible. « Mince tu m’as démasquée, moi qui pensait avoir été discrète. » Je lui réponds en riant. De toute façon si ça avait été le cas, j’aurais eu du mal à garder ça secret. On a du mal à garder des choses secrètes entre nous de toute façon. Quand il a commencé à sortir avec Bella et qu’il voulait le dire à personne, j’ai eu l’impression qu’il avait disparu de ma vie tellement il m’évitait. Je savais qu’il y avait un truc mais comme j’ai pas réussi à le cuisiner, j’en avais pas la certitude. Bella non plus n’a pas voulu cracher le morceau. Heureusement ce petit secret n’a pas duré longtemps et il a fini par venir m’en parler. Et depuis j’ai le droit à toutes leurs histoires, ce qui me fait relativiser sur ma vie amoureuse catastrophique. On se taquine et il continue en me disant qu’il préfère me pousser que de me faire des compliments, ça m’étonne pas, il n’y a que dans les grands moments que je vois le Elmo sensible et réellement affectueux, là au milieu d’une patinoire remplie de monde, ce n’est pas vraiment propice à ce genre d’élans affectifs. Je ris lorsqu’il me dit que personne n’a voulu l’accueillir en mon absence. « Ta réputation te précède ! » Il n’y a pas besoin de vivre avec lui pour savoir comment il est, il suffit de le voir en soirée à nourrir les plantes avec son vomi pour cerner le personnage. Je lui parle de la poutine, un plat qu’il adorera à coup sur et il ne peut pas s’empêcher de me lancer une pique. « Fais gaffe, si tu continues j’t’en ferai jamais ! » Mes menaces ne servent à rien, je ne suis pas du genre assez rancunière pour mettre mon plan à exécution. On finit par se lancer sur la piste. Ayant fait du patin plus récemment, je suis plus à l’aise qu’Elmo qui n’assume pas de moins bien s’en sortir que moi. Il accélère et je le suis, même si je n’ai pas envie d’aller trop vite. « Tu sais t’as rien à me prouver. » J’ai pas besoin qu’il fasse le mec pour essayer de m’impressionner. « T’avais qu’à faire du roller à Bowen pour t’entraîner. »

Ce serait quand même le bordel, si Elmo et Vega étaient en couple. Certes, l’évolution de leur relation serait facilitée par toutes les étapes déjà brûlées entre eux. Il n’y aurait pas cette gêne des premiers mois, pas cette retenue des premiers moments. Cependant, il n’y aurait pas non plus cette période lune de miel durant laquelle deux personnes ne semblent pas voir les défauts de l’autre. Non, pour eux, ce serait directement les reproches, les prises de bec, les envies d’arracher la tête de l’autre. Ils se taperaient sur le système après une seule heure de relation amoureuse. Non, ça ne pourrait définitivement pas fonctionner. Colocataire et meilleurs amis, cela semblait être le maximum qu’ils puissent gérer. « T’en fais pas, t’as plutôt bien joué ton jeu, c’est juste que je suis trop perspicace. » Mouais. Il rit, ne se croyant pas lui-même. En matière de clairvoyance, Elmo n’était pas très doué. En matière de propreté non plus, visiblement, puisque personne n’avait voulu l’accueillir pendant le séjour à l’extérieur de Vega. Il avait donc dû se forcer à garder l’appartement propre pour que Jules ne prenne pas ses jambes à son cou. « J’suis sûr que c’est toi qui trashtalk à tout le monde à propos de moi et d’mes habitudes de vie ! » Lança-t-il, indigné. Malheureusement, Elmo n’avait même pas besoin de Vega pour se faire une mauvaise réputation à ce niveau. Il en était bien capable par lui-même. « Ben déjà qu’tu ne m’amènes plus de Shake Shack, tu pousserais un peu trop loin la punition ! » En effet, dernièrement, sa plus grande peur s’était réalisée : Vega ne bossait plus dans un fast-food, il ne pouvait donc plus avoir accès à de la bouffe gratuite de fin de soirée. Ça ne lui ferait probablement pas de tort, cependant. À la quantité de bouffe et d’alcool qu’il ingérait, il ne garderait pas la forme bien longtemps. Et à le voir aller en patin, on se doutait que le sport n’était pas son actuelle priorité. « C’est pas la même chose. En roller ça glisse pas … » Sur de la glace par contre, c’était autre chose. Les deux firent des ronds sur la patinoire, pendant une bonne trentaine de minutes, se lançant des vannes à tout bout-de-champ. Elmo s’immobilisa après un énième tour. « J’pense qu’on se mérite un vin chaud, qu’est-ce que t’en dis ? »

Je ne pus m’empêcher de rire lorsqu’Elmo me dit être trop perspicace pour que je puisse cacher mes sentiments amoureux de lui, faux sentiments bien sûr. Oui c’est ça, il est du genre à tout remarquer, c’est certain. Enfin, il remarque surtout les choses lorsque je lui en parle parce que sinon on ne peut pas vraiment dire qu’il ait un sixième sens pour détecter ce genre de choses. Il n’y a qu’à voir comment il est tombé des nus lorsqu’il nous a vu avec Bellamy nous embrasser sur la plage. Bon on s’arrangeait bien pour pas être trop proches en sa présence mais s’il avait un peu plus fait gaffe, c’était assez évident qu’il y avait un peu un truc entre nous. Mais souvent il était trop bourré pour se rendre compte qu’on se barrait tous les deux dans un coin pour finir la soirée d’une bonne manière. Donc ouais j’ai quelques doutes sur les talents de détective de mon meilleur ami. Lui par contre n’a pas de doute sur mes talents de bitch puisqu’il m’accuse de m’épandre sur ses mauvaises habitudes de vie auprès d’inconnus dans toute la ville. « Ouais ça doit être ça, t’imagine pas comment ça créé du lien de parler de son coloc dégueu aux gens ! » Bon il n’est pas si dégueu ça va, je vis pas avec un animal sauvage qui fait caca dans un coin de la pièce non plus. C’est juste que la maniaquerie n’est clairement pas un défaut qu’a Elmo. Moi non plus ceci dit, de toute façon une personne maniaque ne tiendrait pas deux secondes chez nous. Mais j’ai une tolérance au bordel un peu moins élevée que lui. Je sais qu’il me boude un peu depuis que je travaille plus au Shake Shack, parce que visiblement les frites gratuites sont plus importantes à ses yeux que l’épanouissement de sa meilleure amie (j’essaie vraiment de me dire qu’il m’aime plus que des frites mais c’est pas facile tous les jours). « Faudrait que t’apprennes à me voir autrement que comme ton armoire à nourriture. » Je lui répond, un peu mauvaise j’admets. Tout ça est vite oublié quand on glisse sur la piste, même si on ne peut pas s’empêcher de s’envoyer des piques, en tout amitié bien sûr. « C’est pas identique mais ça t’aurait fait un entraînement. » Sauf que pour ça il aurait fallu qu’il bouge ses fesses. Mais actuellement nous on bouge les notre, pendant au moins une demi-heure sur la piste, de plus en plus à l’aise dans nos cercles, tout en continuant évidemment nos chamailleries. Mo finit par s’arrêter, proposant un vin chaud pour nous récompenser de notre effort. Ça ne m’étonne absolument pas de lui ! « Je sais pas s’ils ont ça à la patinoire mais ils doivent bien avoir quelques trucs à boire et à manger. » Je lui dis avant de me diriger vers la sortie de la piste puis de retirer mes patins.

En fait, Elmo avait un sixième sens lorsque ça le concernait, lorsqu’il avait le sentiment qu’on parlait de lui, contre lui. Dans ces moments-là, même, son imagination l’amenait parfois à accuser les autres à tort de manigancer contre lui. C’est que, voyez-vous, pour quelqu’un qui se prend pour le nombril du monde comme Elmo Santavenere, il était difficile de s’imaginer que des gens puissent parler de quoi que ce soit d’autre que lui lorsqu’ils se réunissaient sans lui. S’il interrompait une conversation, donc, il montait rapidement sur ses grands chevaux en demandant pourquoi il y avait un malaise, pourquoi on ne voulait rien lui dire, etc. Un gros bébé, en gros. C’est d’ailleurs suivant cette pensée-là qu’Elmo accusa Vega de toujours être en train de trashtalk à propos de lui aux autres, racontant ses pires défauts de colocataire. Vega avait autre chose à faire que ça, il le savait, mais bon. Ça lui plaisait de s’imaginer au centre de l’histoire, encore une fois. « Je trouve que c’est une belle activité brise-glace, de parler d’mes caleçons qui traînent par terre et d’mes poils qui bouchent le lavabo. » Mais quels poils ? Ah, ça, c’était son malin plaisir de ne jamais révéler à Vega quelle partie de son corps il venait de raser ! Un autre petit plaisir, c’était de rappeler à sa meilleure amie qu’elle ne lui servait plus à grand-chose depuis qu’elle ne lui ramenait pas plein de bouffe gratuite. « J’te verrai certainement pas comme mon armoire à livres. Ils sont déjà gratuits, à la bibliothèque. » Et de toute façon, on ne croiserait pas très souvent Elmo là-bas. La lecture était loin d’être un passe-temps auquel il s’adonnait volontairement. On ne le retrouverait pas assis dans le canapé avec un petit thé et du Tolstoï. On ne le retrouvait pas non plus très souvent en patins à glace, et ça paraissait. Il arriva quand même à faire plusieurs tours de la patinoire circulaire, jusqu’à ce qu’il en ait plus-que-marre et qu’il déclare le temps du vin chaud venu. « On n’est pas non plus obligés de rester à la patinoire. Une fois que j’aurai retiré ces trucs, je serai capable de me déplacer sur quelques kilomètres. » Dit-il en désignant ses patins. Il les retira dès qu’il le pu, et alla les reporter au comptoir de location. Ils sortirent de cette zone et trouvèrent assez rapidement une rue assez cute avec des boutiques et des restaurants. Ils choisirent un endroit ma foi très sympathique et allèrent s’installer à l’intérieur. Elmo commanda un truc bien gras accompagné de son fameux vin chaud – le combo n’était pas très gagnant mais il s’en foutait. « Yo, pendant qu’on est tous les deux … T’sais, le renouvellement de notre bail approche et … faut que j’te parle d’un truc à propos de ça. »

Ça me faisait rire qu’Elmo dise que ça serait un plutôt bon sujet de conversation de parler de lui et ses mauvaises habitudes aux gens que je rencontre. Je n’étais pas vraiment étonnée qu’il dise ça. Il doit s’imaginer que je parle de lui, en bien ou en mal, à chaque personne que je rencontre, à chaque conversation avec mes amis. Il serait peut être déçu d’apprendre que ce n’est pas vraiment le cas. Bien sûr il m’arrive de parler de lui, même si ses slips sales font pas vraiment partis de la discussion, mais c’est normal, c’est mon coloc, mon meilleur ami, pour le meilleur et surtout le pire. Au final je réalise que je n’ai pas tant de monde en dehors de lui, les gens ont fini pour une partie par partir et je n’ai pas su tant que ça renouveler mes relations et avoir des amis proches. Mais bon, je ne suis pas là pour m’apitoyer sur mon sort. « Tu fais ça toi avec les gens que tu rencontres, parler des trucs que je laisse traîner ? » Je lui demande en riant même si ça serait un peu abusé de sa part de se plaindre de moi vu comment il prend soin de notre appartement. Il continue à se plaindre, parlant du fait que je ne travaille plus au Shake Shack et donc que je ne lui fournis plus de la nourriture gratuitement. « J’te vois pas beaucoup y passer. » dis-je en parlant de la bibliothèque. De toute façon à part pour me parler ou se donner l’air intelligent avec une de ses conquêtes je vois pas trop pourquoi il viendrait. Les bouquins c’est pas vraiment pêché mignon. On continue à faire nos tours de patinoire pendant un moment, toujours en continuant à se balancer des vacheries puis Mo proposa d’aller boire un verre de vin chaud. Il me dit qu’on n’est pas obligé de rester à la patinoire alors on rend nos patins pour trouver un autre endroit où prendre notre goûter. Dans une petite rue toute mignonne, nous trouvons un café à notre convenance. Je décide de prendre un chocolat chaud et une crêpe et laisse Mo prendre son vin chaud. Il m’annonce ensuite qu’il doit me parler d’un truc par rapport au renouvellement de notre bail. Ma gorge se serre et je ne peux m’empêcher de lui demander « Tu veux partir de la coloc ? » Je ne m’imagine pas vivre sans lui, même s’il est agaçant et relativement insupportable.

Quand il avait un verre de trop dans le nez – c’est-à-dire trois fois par semaine au moins -, il arrivait effectivement à Elmo de faire rire les autres avec des anecdotes de colocation. Par exemple la fois où il était rentré dans la cuisine et qu’il pensait que Vega était en train de leur préparer des pâtes mais en fait non, c’était sa Diva Cup qui était en train de bouillir dans l’eau de la casserole. Ou encore la fois où il avait dû déboucher la douche parce qu’il y avait un énorme amas de ses longs cheveux frisés qui bloquaient le conduit. Des exemples, Elmo en avait tout un tas, ce qui était normal après plusieurs années de colocation. Et puisqu’ils étaient également des meilleurs amis, disons que le stade de la discrétion était dépassé depuis un moment. « Pas nécessairement avec ceux que je rencontre. Quoique ça peut arriver ça aussi … » Ça y est, Vega allait maintenant surveiller ses arrières à l’appartement, s’assurant de ne pas le nourrir d’autres anecdotes à aller raconter à n’importe qui. Ou peut-être allait-elle juste arrêter de lui parler à partir de maintenant et ça, ce serait très triste. D’autant plus qu’Elmo, lui, avait continué à lui parler même si elle bossait maintenant dans une bibliothèque plutôt qu’au Shake Shack. « D’toute façon j’pourrais même pas dire que je viens pour te parler, c’est le silence absolu là-bas sinon on s’fait regarder avec de gros yeux. » Se plaignit Elmo. De toute façon, passer voir sa meilleure amie au boulot, ce n’était pas trop dans ses habitudes. Ils avaient généralement assez de temps pour tout se dire à leur logement. En voyage cependant, c’était différent, ils pouvaient prendre le temps de sortir un peu et de découvrir les nouveaux endroits ensemble. Et puis, ils ne manqueraient pas de trucs à se dire, sachant qu’Elmo avait un petit problème à lui exposer à propos de la suite de son passage à Bowen. Son entrée en matière laissait croire tout plein de scénarios possibles. « Non, non … Enfin … ce serait pas du tout mon intention, pas c’que je veux, mais … J’aurai peut-être pas le choix. » Il grimaça. « En relisant un peu mon Visa d’études avant de venir ici bah, j’ai comme réalisé qu’il expirait très très bientôt et que comme j’suis plus aux études, je peux pas le renouveler … » Il jouait nerveusement avec ses doigts, lui qui détestait les conversations sérieuses et le sentiment de tristesse qui accompagnait le moment. « Je sais pas trop ce que ça veut dire pour moi, du coup. »

Je plisse les yeux lorsqu’il me dit que ça peut lui arriver de raconter à des gens mes habitudes de coloc ou des choses qui se sont passées entre nous. Je me demande ce qu’il peut bien raconter. En tout cas il sait que s’il commence à dire trop de trucs sur moi et que je l’apprends, il passera un sale quart d’heure. De toute façon j’en sais assez sur lui pour ruiner sa réputation dans tout le pays, alors il n’a pas intérêt à trop en dire à mon sujet. Question trucs honteux je pense que j’en ai plus sur lui que l’inverse mais je ne sais pas lequel de nous deux serait le plus mal à l’aise s’ils venaient à se savoir. « J’suis sûre que t’exagère tout en plus. Tu dois dire que toi t’es un vrai maniaque de la propreté et que tu dois toujours passer derrière moi parce que j’dégueulasse tout. J’te connais, je sais comment tu bullshit ! » Mais bon temps qu’il commence pas à répandre des rumeurs à mon sujet, ça va. Je n’ai pas vraiment besoin de ça. Mais il n’hésite pas à en remettre une couche, regrettant que mon nouveau travail le nourrisse beaucoup moins que l’ancien. Je lui dis qu’il peut toujours passer me voir mais Elmo me répond que la bibliothèque n’est pas forcément le meilleur endroit pour discuter. « C’est moi qui regarde les gens avec des gros yeux. Et puis tu peux parler discrètement, non ?...en fait oublie ce que je viens de dire, t’es incapable d’être discret. » Enfin si, il a bien réussi. Pendant un temps avec Bella je me suis presque doutée de rien. Enfin, je savais qu’il y avait un truc mais comme globalement il m’évitait pour pas avoir à me parler et qu’il détournait la conversation pour que le sujet vienne pas trop sur la table. Après notre séance de patinage, on atterrit dans un café et à l’air sérieux d’Elmo je sens qu’il déconne pas et qu’il y a vraiment un truc. Ça me fait flipper parce qu’il déteste ce genre de conversation à part s’il y est obligé. Il me dit qu’il ne compte pas déménager mais que son visa expire bientôt et qu’il ne peut pas le renouveler vu que c’est un visa étudiant. Je suis à la fois très triste parce que si lui ne capte pas trop ce que ça implique, moi je sais et aussi énervée parce que je lui en veux de ne pas y avoir pensé plus tôt. « Ça veut dire que tu vas devoir rentrer en Italie. » Je lui réponds tristement. Je lui attrape la main avant d’ajouter. « J’ai pas envie que tu partes, si tu pars j’pars avec toi, j’me débrouillerai pour le visa, je sais pas. Mais à part toi j’ai pas grand-chose à Bowen. » Il y a ma mère, on s’est rapproché pendant les vacances de Noël mais ce n’est pas suffisant pour que je veuille rester à Bowen si Elmo s’en va.

Elmo en maniaque de la propreté, est-ce qu’il y aurait un seul de ses potes qui y croirait ? Probablement pas. Même en ne le connaissant que depuis dix minutes, on se doutait fort bien que le ménage n’était pas sa force, encore moins sa priorité. Si Elmo avait généralement une bonne hygiène – et vraiment, mettons l’accent sur le mot généralement, parce qu’il lui arrivait quand même de ne pas se brosser les dents pendant deux jours consécutifs -, ça se limitait à son corps et pas à son espace. Faire le ménage de sa chambre, lorsqu’il était bien motivé, ça consistait en ramassant tout le linge par terre, qu’il soit sale ou non, et de l’envoyer valser dans son le panier à linge. Parfois, il faisait son lit – et faire son lit, ça signifiait juste d’étendre la couverture. Il ne perdait pas son temps à donner un look déco à son lit. Sa réflexion était qu’il allait se recoucher dedans la nuit-même, alors qu’est-ce qu’on s’en fout sérieusement. « J’ai beau être le meilleur bullshitteur qui existe, Veg’, y’a une limite à ce que je suis capable de faire avaler, comme mensonges. J’pourrais peut-être faire semblant, ouais, pour draguer une fille, mais quand j’drague une fille crois-moi j’parle pas de toi, pas de nous. » C’était un plan pour qu’il n’arrive pas à conclure, ça. Son amitié avec Vega était si forte qu’il était prêt à parier que ça rendrait rapidement ses conquêtes jalouses. Si Bella n’avait pas trop été dans cette émotion-là, c’est parce qu’elle les connaissait d’avant. Et encore, sans doute avait-elle été jalouse par moment sans rien dire. « Ouais bah c’est exactement ça, j’viendrais te parler et tu m’ferais les gros yeux. Alors non merci, c’est pas ce que j’appelle un moment de qualité avec ma pote. » De toute façon, Vega en venait à la conclusion que l’italien n’arriverait jamais à être discret, et elle avait plutôt raison. Elmo se contenta d’hausser les épaules. Ils ne parlèrent de rien d’extraordinaire en chemin vers le petit restaurant. Elmo avait trop la boule au ventre pour discuter, de toute façon, vu le sujet qu’il s’apprêtait à aborder. Il se doutait quand même un peu de ce que l’expiration de son visa signifiait, il n’était pas non plus un imbécile, mais il n’avait pas envie que le problème se concrétise dans sa tête. Vega le fit à sa place, bien sûr, en lui vulgarisant ça le plus clairement possible. Il soupira, prenant la main de son amie dans la sienne en l’écoutant. « Quoi ? Dis pas n’importe quoi. » Lâcha-t-il, les sourcils froncés. « Tu viendrais quand même pas en Italie avec moi ? » Il tenait énormément à Vega, plus qu’à bien d’autres gens, et de mettre des kilomètres entre eux ne lui plaisait guère, mais il n’allait quand même pas la laisser tout lâcher ici pour le suivre. « C’est … c’est une idée folle, Vega, demain matin tu vas regretter d’avoir dit ça et tu vas m’dire d’oublier. Là tu l’penses juste parce que je viens de te larguer cette nouvelle de merde. » Dit-il en essayant de les convaincre, surtout parce qu’il ne voulait pas se faire de faux espoirs. L’Italie avec sa meilleure amie, c’aurait quand même été cool.