#454 - trying to be the best for you (perring)

De voir le positif ? C'est sûr que c'était facile pour lui, vu que c'était lui qui l'avait larguée. Enfin, il était peut-être temps qu'elle réussisse à passer l'éponge là-dessus. Au moins un peu. Aussi bien pour Siobhan que pour elle. Avoir autant de rancœur était en soit une source de souffrance, même si elle ne le montrait pas, ne se l'avouait même pas à elle-même.

-Mieux vaut briser des cœurs que d'avoir le cœur brisé.

Est-ce qu'elle pouvait vraiment lui en vouloir ? Après tout, si elle avait pensé qu'il allait lui faire du mal, sans doute qu'elle aussi aurait mit fin à tout ça. Aisling n'était pas une femme particulièrement courageuse, surtout pas en amour. Ce même sentiment qu'elle avait rejeté pendant des années et qu'elle pensait garder éloigné d'elle pendant longtemps encore. Mais les choses ne se passent jamais comme on aimerait qu'elles se passent.

Aux derniers mots de Perry, la jeune femme arqua un sourcil. Il avait peur ? Voilà autre chose. Si jamais elle était censée le réconforter... Il devait déjà savoir qu'elle n'était pas bonne à ça. Elle se contenta donc de hausser les épaules avec un petit soupir.

-Il est indéniable que ces derniers mois elle a plus vu Isaiah que toi. Mais elle sait très bien que tu es son père, je ne lui ai jamais laissé penser le contraire. Après, j'imagine que pour elle, la notion de père est un peu abstraite... Je veux dire, par rapport aux autres enfants de son âge qui vivent dans des familles "normales", forcément, ça doit être un peu différent, un peu moins... naturel. Je ne sais pas. Mais en tout cas, elle sait que tu l'aimes, et elle aussi, elle t'aime beaucoup, ça se voit. Je ne pense pas que tu doives t'inquiéter.

Oui c’était ça, il avait préféré se séparer d’elle avant d’être trop attaché, avant qu’aucune issue ne soit plus possible. Il voulait se laisser des possibilités, des portes ouvertes et finalement il a décidé de foncer dans le mur en la quittant. Aurait-il vraiment supporté le couple de toute manière ? Ils se prenaient déjà la tête alors qu’ils n’étaient pas ensemble depuis longtemps alors qu’est-ce que cela aurait-il donné après plusieurs mois ? Perry baissa la tête, ne sachant pas quoi lui dire tant elle avait raison. Il lui avoua ensuite qu’il avait peur qu’Isaiah prenne sa place qu’il soit relégué au rang de père absent, que sa fille le déteste quand elle sera plus grande, qu’elle lui reproche d’avoir été trop absent et qu’elle ne le considère pas lui comme son père. Aisling le rassura et il apprécia beaucoup ce geste, sachant qu’elle aurait très bien pu être méchante juste pour le faire souffrir un peu et se venger. « Merci. J’ai parfois l’impression de ne pas vraiment avoir d’enfant à moi et qu’un jour ils vont retourner vers leur vraie famille. » Perry a une réelle peur de l’abandon, de sa famille, ses amis, ses amours aussi, avec Aisling. Un jour Penny retournera peut-être chez son vrai père et Siobhan chez sa mère avec son parrain. Il partage ça avec la blonde parce qu’il sait qu’elle peut comprendre, parce qu’ils ont traversé beaucoup d’épreuves ensemble et que même si leur relation s’est beaucoup dégradée, il lui fait confiance pour lui dire la vérité. « Enfin, j’vais pas t’embêter avec ma crise existentielle plus longtemps. » dit-il avec un sourire. Avoir trente ans n’est pas simple, se rend-t-il compte.

Aisling leva le regard vers Perry, cette fois, un peu plus compatissante. Elle s'était toujours beaucoup fâché contre lui. Parce qu'elle était rancunière, parce qu'elle lui en voulait. Mais elle n'avait jamais envisagé que sa fille soit un quelconque moyen de vengeance. Elle n'avait jamais ne serait-ce qu'envisagé de lui retirer. Elle glissa sa main dans la sienne, se voulant rassurante, même si elle n'était pas très douée pour ce genre de choses.

-Perry... Siobhan est ta fille. Ça ne changera jamais. Je ne te l'enlèverait pas, personne ne te l'enlèvera.

Elle lui ébouriffa gentiment les cheveux avant de lâcher sa main. Elle ne pouvait pas trop li en vouloir sur la question. Elle aussi s'étaient posé beaucoup de questions existentielles, surtout vis-à-vis de sa fille. Être parent n'était pas facile tous les jours, et ils ne pouvaient qu'y aller à tâtons.

-Est-ce que Penny et Siobhan s'entendent toujours bien ?

Il laissa ses doutes s’exprimer. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle le comprenne à ce qu’elle le rassure et il trouva ça très sympa de sa part étant donné qu’il y a peu encore elle aurait pu l’empaler avec un couteau. Enfin il s’était toujours rassuré en se disant qu’elle ne voudrait pas que sa fille grandisse sans père ou bien qu’elle ne voudrait pas aller en prison mais à présent il se sent mieux. Perry était content qu’elle ne l’envoie pas balader, qu’elle le rassure. Il lui sourit, reconnaissant. « J’espère. » Il sait qu’elle n’irait pas se battre contre lui dans un tribunal mais à force, sa fille pourrait finir par préférer Isaiah à lui. Finalement elle lui demande comment leur fille et Penny s’entendent. « Oui, Penny est cool et puis maintenant elle grandit alors bon elle est pas trop jalouse que je passe du temps avec Sio’, elle, elle préfère faire des soirées pyjamas chez ses amis. » dit-il en riant. Il a du mal à voir ses enfants grandir, lui aussi grandissant avec le temps mais il sait bien qu’un jour sa fille partira vivre seule mais il a encore le temps pour y penser et encore plus avec Siobhan.

Aisling acquiesça d'un petit mouvement de tête aux paroles de Perry. Elle était plutôt contente qu'il n'y ait pas de problèmes entre les filles. Déjà, ça pourrait être dur à gérer pour Perry comme pour elle, et ensuite ce serait sans doute une source de stress et de mal être pour Siobhan. Elle avait déjà une famille atypique, si pas dysfonctionnelle, elle ne connaîtrait jamais la "normalité" que vivaient ses futurs camarades de classe, elle ne voulait pas qu'en plus elle se dispute avec sa sœur.

-Tant mieux alors. J'espère qu'elles pourront jouer ensembles en grandissant.

Elle glissa une main dans ses cheveux, replaçant une mèche avant de tourner le regard vers la porte.

-Bon, je vais peut-être pas te retenir plus longtemps. Merci pour Siobhan.