do you think you can hide ? (aaron)

Toi qui semblais avoir retrouvé un semblant de vie, un semblant de bonheur, il a fallu que tout parte en live pour la énième fois. A croire que le calme ne peut exister dans ton quotidien et que tu n'as pas droit à un moment de répit. Juste un petit. Trop occupée à ressasser les événements de cette semaine, tu n'avances absolument pas dans ton travail et décides donc d'arrêter pour aujourd'hui. Puisque tu ne peux pas rentrer à l'appartement de peur de croiser deux visages que tu évites à tout prix, tu te changes au bureau et enfiles des vêtements de sport. Un peu de running sera forcément bénéfique, du moins, tu l'espères. Des écouteurs dans les oreilles, tu sors du bureau après avoir fermé à clé et commences à courir à travers la ville puis jusqu'aux habitations et enfin jusqu'au parc. Là-bas, tu cours encore quelques minutes avant de t'arrêter pour boire un coup et reprendre ton souffle. « Aaron Acelin Grant ! Viens ici. » Tu ne sais même pas comment tu connais son deuxième prénom mais tu te dis que ça aura plus d'impact si tu l'interpelles de cette façon. Aaron est devenu un vrai fantôme ces derniers mois et le voir là, se balader comme si c'était normal, t'agace légèrement. Tu t'avances vers lui en trottinant, arrivant rapidement à sa hauteur. « Alors comme ça, tu ne donnes plus de nouvelles ? » Demandes-tu en arquant un sourcil, prête à le sermonner autant qu'il faudra. Tu refuses qu'il relaye votre amitié au second plan de la sorte alors tu vas le questionner jusqu'à ce qu'il t'explique où il était et pourquoi il ne répondait pas à tes messages.

Arrivée à sa hauteur, tu te positionnes devant Aaron, les mains sur les hanches, attendant de pied ferme ses explications. Qu'est-ce qui peut bien justifier un silence d'autant de mois ? Qu'as-tu bien pu faire pour qu'il relaye votre amitié au second plan à ce point ? C'est la question que tu te poses et pour laquelle il ne semble pas encore prêt à te donner de réponse. Tu soupires en l'entendant te questionner sur son second prénom que tu connais... parce que tu le connais. Point. « J'le connais, c'est tout. Mais t'as pas le droit de changer de sujet comme ça. » Affirmes-tu sans détacher ton regard du sien pour qu'il se sente au moins un peu coupable d'avoir été un tel fantôme. Il a peut-être de bonnes raisons mais il aurait au moins pu te mettre au courant. Ne pas te laisser dans le flou le plus total sans aucunes explications. « Alors ? Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu disparaisses comme ça, sans rien dire ? » Sans rien te dire, surtout. Parce qu'au fil des mois et même des années, vous avez appris à vous connaitre et à vous entendre. Tu ne pensais pas que votre relation importait si peu à ses yeux. Bien sûr, tu savais que son coeur était entouré d'une gigantesque armure mais tu pensais avoir trouvé un semblant de clé avant qu'il se tire. Avant qu'il te laisse en plan, dans un moment où tu avais bien besoin d'un ami, qui plus est.

Alors que la colère et la déception prennent place dans tes yeux, elles s'évaporent bien vite quand Aaron fait preuve d'une incroyable honnêteté. Il n'a jamais été si sérieux et si ouvert qu'aujourd'hui. Vous avez déjà parlé de Tiffany par le passé mais le motard n'a jamais avoué ses sentiments, préférant rester dans cette armure de fer, protégé de tout. Et de tout le monde. Seulement, même s'il s'évertue à garder les autres à distance pour ne pas être blessé, certains parviennent à se hisser une place de choix dans son coeur. C'était le cas d'Erin, de Tiffany et peut-être de toi, enfin tu l'espères. « Elle est partie comme ça, sans réelle raison ? Il s'est passé un truc ? » Demandes-tu en fronçant les sourcils, trouvant cette réaction peu habituelle. On ne se barre pas comme ça, sans raison concrète. Il s'est forcément passé quelque chose dont tu n'es pas au courant et que Aaron ignore peut-être lui aussi. « Pourquoi tu ne m'as pas dit tout ça avant de partir ? J'peux comprendre ce besoin d'être seul plus que n'importe qui. » Ça t'est déjà arrivé de partir à l'autre bout du monde toute seule et sans prévenir personne, d'ailleurs. Ce qui fait que tu ne peux pas en vouloir à Aaron très longtemps. Et encore moins depuis qu'il fait preuve d'une grande ouverture d'esprit. Tu soupires en entendant ses mots, à la fois blessée et peinée. Tu es déçue qu'il ait une piètre estime de toi mais en même temps, tu sais que c'est simplement parce qu'il n'a pas été gâté par le passé. Il a simplement l'habitude que les femmes le déçoivent. Un peu comme toi avec les hommes finalement. Mais contrairement à Aaron, tu ne fais pas de généralités car certains hommes t'ont prouvé qu'ils valaient la peine qu'on se batte pour eux. « Eh bien tu t'es trompé. J'compte pas te lâcher sauf si tu me donnes une raison de le faire. » Et encore, même ceux qui t'ont déçu n'ont pas forcément été rayés de ta vie pour autant. « On est amis non ? Pourquoi toujours imaginer le pire ? » Demandes-tu finalement mais sans être sûre d'obtenir une vraie réponse en retour. Tu ne peux pas vraiment blâmer Aaron pour ce côté défaitiste puisque tu le partages avec lui.

Malheureusement pour Aaron, il se trompe. Avec les femmes, il est toujours nécessaire de chercher plus loin, de creuser. Parce que quasiment toujours, il y a quelque chose de plus gros, de plus important, qui se cache. Une femme ne part pas du jour au lendemain sans prévenir personne et sans raison. D'autant plus que Tiffany était proche d'Aaron, tu le sais et surtout tu l'as vu. « J'crois que si justement. On parle d'une femme là. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu sais qu'Aaron essaie probablement d'éviter le sujet parce qu'il n'est pas du genre à se confier facilement. Il est plutôt du genre à tout garder pour lui même si aujourd'hui semble faire exception. « Dans la vie tout ne se passe pas toujours bien, Aaron. C'est même tout le contraire, la vie c'est un gros bordel. On souffre, on est triste, on est heureux mais avant tout on est vivant. » C'est le plus important. Et c'est ce que le motard doit retenir même si en ce moment, il est sûrement trop peiné pour en prendre conscience. Tu vois bien qu'il a été blessé par le départ de Tiffany même s'il essaie de s'en cacher. « Cosima est partie ? Où ça ? » Demandes-tu en fronçant les sourcils. Tu as du mal à croire que sa fille soit partie sans réelle raison, elle qui semblait si bien s'entendre avec son père. Eux, contrairement à toi, avaient une belle relation père-fille que tu enviais beaucoup. « J'peux pas croire qu'elle soit partie sans une idée derrière la tête. » Affirmes-tu sans pour autant connaitre toute l'histoire. Mais Aaron décide de changer de sujet, n'aimant pas parler de ses problèmes, de ses tracas. Tu peux le comprendre mais souvent, ça fait du bien de vider son sac. Au moins, on peut repartir plus léger après cela. Tu soupires en entendant sa question, ne sachant pas par où commencer. « J'aurais eu bien besoin d'un ami, ouais. » Dis-tu en fronçant légèrement les sourcils.« On va s'asseoir ? » Demandes-tu en montrant un banc de la tête. Vous serez bien mieux pour discuter et surtout, ça te permettra de rassembler un peu tes idées avant de te lancer. Par où commencer ? Le départ d'Aaron remonte à un moment et il s'en est passé des choses dans ta vie depuis. « D'abord, mon couple avec Woody a explosé en mille morceaux. J'ai fait une fausse couche et c'était la goutte qui a fait déborder le vase. » Tu sens ton coeur se serrer à l'évocation de cette fausse couche qui ne te quitte jamais vraiment. Penser que votre bébé grandissait en toi sans que tu le saches te rend tellement nostalgique. C'est tout ce que tu désirais, à l'époque, construire une famille avec l'homme que tu aimais. Aujourd'hui, tout a changé. « Depuis, j'enchaîne un peu les relations foireuses. Enfin si on peut appeler ça des relations. La seule chose positive dans ma vie en ce moment c'est que je cherche une maison à acheter. Et que j'ai potentiellement trouvé celle de mes rêves. » Tu lâches tout ça d'une traite, c'est plus simple comme ça. Mais tu te rends bien compte que ça fait beaucoup d'informations à emmagasiner pour Aaron.

Tu plisses légèrement les yeux tout en écoutant Aaron alors qu’il t’explique que Cosima est partie vivre chez sa mère. En effet, ce n’est pas comparable au départ de Tiffany et surtout, c’est pour un mieux. Tu sais qu’Aaron veut le bonheur de sa fille avant tout même s’il souffre sans doute de ne pas l’avoir tous les jours auprès de lui. « Bon, si vous êtes en bons termes et qu’elle vient te rendre visite de temps en temps, c’est le principal. On est quand même loin de ton « elle s’est barrée, c’est tout ». » Dis-tu en riant légèrement. Le motard a un peu dramatisé la situation avec sa fille mais pour ce qui est de Tiffany, tu sais qu’il n’exagère pas et surtout, que c’est son cœur qui parle. Quoi qu’il en dise, Aaron éprouve des sentiments pour cette fille. Une fois assis sur un banc, tu expliques à ton ami tout ce qui t’est arrivé ces derniers mois et ce n’est pas franchement positif. Tu as plutôt enchainé les déceptions, les erreurs, les ratés. Heureusement, l’achat potentiel d’une maison ramène un peu de lumière dans ton quotidien. Aaron met un moment à répondre, sans doute pour pouvoir assimiler tout ce qu’il a manqué durant son absence. Mais la réponse qu’il te donne n’était pas celle à laquelle tu t’attendais. Tu aurais dû t’en douter en connaissant l’énergumène. « Une fois ou deux mais sans plus. » Dis-tu en haussant les épaules, curieuse de comprendre pourquoi le motard change radicalement de sujet comme ça. « Sérieux ? » Tu demandes, alors qu’Aaron te propose d’aller faire un tour en moto. Néanmoins, même si ça te surprend, tu n’as aucune envie de refuser. « Oh tu sais, partir à l’aventure, ça ne me fait pas peur. » Rétorques-tu en riant à ton tour. Mais partir à l’aventure avec Aaron serait sacrément dingue. « Bon, on y va alors… » Dis-tu en te levant et en t’approchant de sa moto. Tu le laisses monter d’abord, t’asseyant derrière lui quelques secondes plus tard. « Rassure-toi, je n’aurai pas les mains baladeuses. » Dis-tu en riant. Tu sais pertinemment qu’Aaron a du mal avec les contacts physiques alors il t’arrive de le taquiner à ce sujet. Ce n’est pas bien méchant, juste pour le titiller un peu.

« Je sais, je plaisante. Mais si un jour tu as envie de partir à nouveau, appelle-moi. J’serais ravie de prendre la route avec toi. » Dis-tu en souriant sincèrement. Tu as déjà fait des road trip mais jamais à moto alors ce serait une première. Néanmoins, tu ne sais pas vraiment si l’idée bottera Aaron ou pas. Alors que vous marchez jusqu’à sa moto, il te tend un casque appartenant à sa fille. Tu l’enfiles sans tarder en gardant la visière ouverte. « Il est parfait. » Réponds-tu simplement avant de t’installer derrière Aaron. Tu ris à sa blague même si tu doutes fortement qu’il n’y ait rien à toucher comme il le souligne. Si c’était le cas, il n’aurait probablement pas eu d’enfant. Finalement, vous prenez la route et contre toute attente, ton esprit se vide totalement et se concentre sur les paysages, sur la route et sur le bruit de la moto d’Aaron. Quand il prend de la vitesse, tu souris, sentant déjà l’adrénaline couler dans tes veines. Tu comprends mieux pourquoi il aime autant sa moto et encore, tu n’es que passagère. Lui, en tant que conducteur, doit avoir un tas d’autres sensations plus agréables les unes que les autres. Après avoir pris de la hauteur, le motard s’arrête au sommet d’une falaise qui vous offre une vue magnifique et imprenable sur Bowen. Tu retires ton casque puis quittes la moto pour t’approcher un peu plus du bord de la falaise. C’est somptueux, il n’y a pas à dire. « Tu sais que si tu emmenais une femme ici, lors d’un rencard, ce serait vraiment un geste romantique… » Rétorques-tu avec un sourire amusé aux lèvres. Tu sais qu’Aaron ne se considère pas comme romantique et n’aime pas parler d’amour et de toutes ces conneries mais c’est pourtant vrai. En fait, il est romantique dans l’âme. « C’est magnifique. » Ajoutes-tu en attrapant la bière qu’il te tend avant de l’ouvrir. « Tu viens souvent ici ? » Demandes-tu en posant le casque au sol et en t’asseyant à côté, les pieds dans le vide. Tu relèves légèrement la tête vers Aaron en buvant une gorgée de ta bière.

Tu hoches la tête quand Aaron t’explique qu’il vient de temps en temps ici, pour boire une bière, mais que la dernière fois qu’il y a mis les pieds c’était peu de temps avant son départ. En parlant de son road trip, d’ailleurs, vous n’avez pas vraiment eu le temps d’en parler jusqu’ici. Il t’a expliqué les raisons qui l’ont poussé à partir mais ça s’arrête là. Tu te rends compte que tu ne sais même pas ce qu’il a fait ni où il a été. Bien que, l’essentiel pour Aaron, c’était sans doute d’être sur sa moto, complètement libre. « Tu as été où, durant ces trois mois ? Tu as dû voir pas mal de choses. » Dis-tu en souriant avant de porter ta bière à tes lèvres. Ce sentiment de liberté, tu le comprends parfaitement et tu sais à quel point il peut être libérateur. Comme Aaron, tu as ressenti plus d’une fois le besoin de t’envoler, à l’autre bout du monde, pour te retrouver, pour te reconstruire. Et à chaque fois, durant ces voyages, tu as pris une grosse claque et ça t’a toujours permis de revenir bien plus sereine, à Bowen. Tu espères qu’il en est de même pour le motard, qu’il est de retour pour de bon, et que vous pourrez vous voir plus régulièrement. Car même si vous êtes très différents, Aaron et toi, il y a quelque chose qui matche bien dans votre relation. Votre amitié fonctionne et est devenue importante à tes yeux. Aux siens aussi, tu l’espères. « J’ai pas l’impression d’être déjà venue ou peut-être à mon arrivée mais j’pense que je m’en souviendrais. » Réponds-tu en haussant les épaules, peu sûre de toi. « Et pourtant j’ai visité pas mal d’endroits à Bowen même ceux que beaucoup ne connaissent pas. Ca aide d’avoir des amis qui sont nés ici. » Tu penses notamment à Woody et tout de suite, tu ressens un pincement au cœur. Vous avez vécu tellement de belles choses tous les deux, plus que tu ne pourrais en citer. Tu sais que tu ne retrouveras jamais une relation comme celle que tu as eue avec lui et c’est ce qui rend les choses encore plus compliquées, ce qui t’empêche de tourner totalement la page. « T’es là pour de bon ? » Demandes-tu finalement à Aaron, espérant une réponse positive de sa part.