Mirror - ft. Hide

Je ne faisais que réfléchir. Je n’étais plus sure de m’épanouir en tant que vétérinaire. Certes, ce métier, je l’avais choisi par passion et amour des animaux, mais il pouvait aussi s’avérer très dur certains jours. Sans compter qu’il n’y avait plus d’évolutions possibles. Je pensais réellement que ça ne me poserait jamais problème. Mais cela commençait à me peser. Je regardais très souvent mon portable, attendant un appel suite à l’audition que j’avais passé il y a quelques jours. En réalité, j’attendais comme un signe. Quelque chose, un hasard, qui me donnerait le déclic pour changer de vie.

En attendant, j’avais tout simplement décidé de profiter de mon jour de repos pour flâner en ville. Je ne savais pas réellement si j’allais faire les boutiques, boire un café ou finir dans un bar… Je marchais sans direction précise, toujours à réfléchir à mon potentiel avenir. Jusqu’à ce que j’aperçoive Nemu. Elle venait parfois pour son Main Coon au cabinet. L’un des plus beaux chats que j’avais pu voir d’ailleurs. Le sourire aux lèvres, je me dirigeais vers elle. « Hey ! Tu vas bien ? Et ta merveille alors ? » Je parlais évidemment son animal de compagnie. Je ne lui laissais même pas le temps de répondre que j’enchainais déjà sur sa nouvelle coupe. « Et cette coiffure ! Ca te change ! J’aime beaucoup ! »

Et là c’était la claque. La honte monumentale. Je regardais autour de moi, pour voir si il y avait des chances que certaines personnes aient entendu ce vent que je venais de me prendre. Moi qui voulait discuter avec une amie dans le but de me changer les idées, c'était totalement raté. Au contraire, j'allais encore plus me prendre la tête. Je reportais mon attention sur Nemu. C’était elle j’en étais persuadée. On avait carrément sympathisé car elle était venue plusieurs fois. Alors à quoi elle jouait ? Et cette voix. Ce ton glacial. Peut-être était-elle dans une mauvaise passe. Après tout, si elle s'expliquait, je pourrais peut-être comprendre. « Euh c’est Siam… Tu sais, la vétérinaire… » Je fronçais les sourcils, ayant l'impression de m'enfoncer davantage. Je n’étais pas folle, persuadée de ne pas faire erreur sur la personne. « Ca ne va pas ? » Autant être directe finalement. Peut-être qu’elle n’avait tout simplement pas envie de parler aujourd’hui. Peut-être même que cette nouvelle coiffure avait été faite dans ce but. Un renouveau. Enfin Siam, arrête de tout analyser, c’est ridicule.  

J’avais l’impression d’une mauvaise blague. Qu’elle me prenait pour une conne tout simplement. Peut-être qu’elle voulait couper les ponts et que c’était tout ce qu’elle avait trouvé pour le faire. Peut-être qu’elle devenait tout simplement stupide, je n’en savais rien mais la situation commençait réellement à m’agacer au plus haut point. Surtout avec le ton condescendant qu’elle utilisait pour me parler. Jamais mis un pieds chez le vétérinaire ? Mais bien sur. J’haussais les sourcils, ayant un rire nerveux. Et voila que le pire arrivait, cette façon de me faire taire sèchement, me balançant qu’elle n’était pas « le genre de mec à discuter des heures ». Quoi ? Je pensais qu’on avait touché le fond, mais apparemment non. « Ok très bien. » Lançais-je sèchement à mon tour, la laissant partir. Puis finalement, je me rendais compte que non, je n’avais pas envie d’en rester là. Je la suivais d’un pas rapide, haussant finalement la voix. « Et t’as quoi à faire précisément ? Continuer de jouer à la conne en ignorant tes amis ? Tu pourrais au moins être honnête si il y a un quelconque problème ! »  

C’était quoi cette attitude digne d’un gosse de 8 ans ? Se boucher les oreilles ? Sérieusement ? On aurait tout vu. J’eus l’impression qu’elle me regardait au bout d’un moment. Comme pour se rappeler, peut-être. Mais non. Je ne lui inspirais apparement rien d’autre que le néant. Elle s’était finalement ravisée de marcher, cherchant quelque chose, et sortit finalement son portefeuille. Brandissant sa carte d’identité face à moi, je compris alors mon erreur. Je regardais la carte, puis elle -lui?- puis à nouveau la carte. « Euh je… » Merde alors, j’en avais perdu mes mots. La honte. C’était quoi ce bordel ? J’avais bonne mémoire, normalement. Et cette ressemblance de dingue. De la même famille peut-être ? « Nan on s’connait pas. » Avouais-je fermement mais en ayant enfin baissé le ton. J'avais carrément harcelé une personne sans le vouloir. « Je ne t’accuse de rien. J’ai fait une erreur, ça arrive à tout le monde. » Merde à la fin. J'était terriblement gênée de cette scène en public. Je paraissais sans doute folle à ses yeux, ou du moins collante. « T’as pas quelqu’un dans ta famille qui s’appelle Nemu par hasard ? Car je te jure, la ressemblance est frappante. »

Ouais je faisais moins la maligne. Surtout qu’il en rajoutait une couche. Oui, j’aurais dû l’écouter, me la fermer bien avant surtout. J’étais peut-être aussi têtue que lui. Et son petit air supérieur me donnait juste envie de gerber. J’étais dans le malaise là, il ne connaissait pas l’empathie apparemment. Connard, me contentais-je de penser. Pas la peine de dire ça tout haut, je tenais tout de même à ma vie. « Ouais ok. » Répondis-je finalement d’un air détaché. J’allais quand même pas me prosterner à ses pieds pour m’excuser.

Voilà qu’il me parlait de double personnalité, de schizophrénie… Wow. Quoi ? j’avais rien compris. Il était sérieux ou c’était une fois de plus une façon de se foutre de moi ? « Hein ? » Quoique, la double personnalité expliquait peut-être cette ressemblance de fou. Seuls l’accoutrement et les attitudes pouvaient différer entre lui et Nemu. « Donc j’avais raison ? » Je croisais les bras. J’y connaissais rien aux troubles de la personnalité. Il allait sans doute pas m’expliquer. Tant pis, j’aimais bien perdre mon temps quand j’avais rien d’important à faire.  

Stupide ? Il était réellement en train de me le dire là comme ça, mot pour mot ? J’étais pas psychiatre ou psychanalyste ou que sais-je d’autre. Je savais pas ce que schizo voulait réellement dire dans le sens médical du terme, ni même ce qu’une autre personnalité pouvait engendrer. Mais si c’était ce à quoi je pensais, c’était totalement dingue. « Je m’entraine sur toi, ça a l’air de marcher non ? Quoique, plus agaçante que stupide j’ai l’impression. » Un sourire en coin se dessinait sur mes lèvres tandis que je croisais finalement les bras. Il semblait avoir un sacré mal de crâne soudainement. Et moi j’avais terriblement envie de jouer à la conne. « Nemu ? Nemuuuu ! » Lançais-je en riant. Il l’avait bien cherché non ? Je reprenais finalement mon sérieux. « Bon. Je vais peut-être songer à te laisser tranquille avant que tu ne te décides enfin à me casser la figure ! » Impossible de retenir mon rire une nouvelle fois. Si j’étais stupide à ses yeux autant l’être jusqu’au bout.