under the mistletoe, watching the fire glow (ella)

Bientôt cinq mois qu’Ella et toi aviez sauté le pas, en vous avouant que vous aviez tous les deux mis de côté des sentiments l’un pour l’autre, il y avait de cela bien des années. Des sentiments qui, même s’ils semblaient tombés dans les oubliettes, étaient encore bien présents d’un côté comme de l’autre. Tu ne l’avais jamais oubliée, Ella, et même si certaines femmes avaient pu te faire tourner la tête depuis que tu la connaissais, jamais elles n’avaient su te faire rêver comme elle, elle pouvait le faire. Te faire rêver d’une plus grande famille, te faire rêver d’un avenir à deux solide, te faire rêver de petits moments de bonheurs partagés. Si tes années avec Marlee t’avaient montré que l’amour pouvait être complexe, les derniers mois avec Ella te rappelaient que l’amour pouvait aussi être tellement simple, tellement doux. Ces petits moments de douceur, tu les vivais pleinement, profitant de chaque seconde à ses côtés. C’est pour cette raison que lorsque tu la vis débarquer de sa voiture avec une grosse boîte de carton dans les bras, alors que tu étais en train de nettoyer le comptoir de la cuisine, un sourire vint automatiquement illuminer ton visage. Lowanna et Miro étaient à l’école, encore quelques journées pour eux avant le congé des fêtes. Ils étaient de véritables terreurs avant les vacances, même si vous ne fêtiez pas particulièrement Noël, le simple fait d’être tous en congé vous permettait de faire beaucoup plus d’activités. Ils avaient forcément hâte. Bref, avant même qu’Ella ne puisse cogner à la porte, tu allas lui ouvrir puisqu’elle était encombrée d’un carton dont tu ignorais le contenu. « Hey ! Qu’est-ce que tu m’amènes là ? Attends, je vais t’aider. » Tu la débarrassas de la boîte que tu déposas délicatement au sol avant de te relever pour aller embrasser Ella. « Je ne m’attendais pas à te voir ce matin. Est-ce qu’on s’était dit qu’on se voyait ? Je ne me souviens plus … » Ça n’aurait pas été étonnant, venant de toi, d’oublier ce genre de plans, même s’ils étaient faits avec ta petite amie. Tu avais parfois tellement de choses en tête. Heureusement qu’à cela ne s’ajoutait pas l’obligation de tenir une interminable liste de cadeaux de Noël.

Cinq mois. Cinq mois à se rendre compte que la vie pouvait être tellement douce auprès de Maliyan. Il effaçait de jour en jour ses craintes et ses peurs de l'engagement. L'aimer était si simple, si beau, si pur. Il lui offrait la stabilité, l'attention, la complicité qui lui manquaient jusqu'à présent. Il avait même mis une vraie définition sur le concept de grande famille, dont Ella avait tant rêvé. Bien sûr, ce n'était pas simple de trouver sa place au sein une famille que l'on recomposait. Bien sûr il y avait quelques petites disputes, quelques doutes. Mais Ella savait que cela valait le coup. Les Mawukura avaient tant à offrir aux Grimes. Et les Grimes avaient tant à offrir aux Mawukura. Ce fut sur cette envie d'offrir un peu de son quotidien que la jeune femme débarqua ce matin chez Mali, avec un grand carton qu'elle portait à bout de bras. Devant la porte, elle n'eut pas à taper puisque Mali était déjà dans l'entrée. « Hey ! » répondit-elle joyeusement. A sa question, elle répondit, taquine, alors qu'il la débarrassait de ce carton qui l'intriguait  : « Je commence à investir ton territoire en apportant quelques unes de mes affaires. » Elle ne lui laissa pas le temps de tiquer face à de tels mots - qui pouvaient laisser sous-entendre bien plus d'investissement dans leur couple - qu'elle ajouta directement : « Je plaisante, hein. » Ils avaient le temps de penser à tout cela, à toutes ces étapes que les couples s'empressaient d'enchaîner à vive allure. Elle accueillit avec plaisir ce baiser qu'il lui donnait et qui causait toujours ces petits papillons au creux de son ventre, en dépit des mois qui passaient. Quand elle se détacha de lui, elle secoua la tête face à sa question. Bien d'autres femmes auraient sûrement râlé face à un éventuel oubli de son petit ami, mais Ella connaissait Mali. Elle savait qu'il avait souvent la tête ailleurs, ce qui faisait d'ailleurs tout son charme. « Non, ce n'était pas prévu. Mais ça me plaisait de me dire que je n'ai pas besoin de rendez-vous pour venir te voir... » Mais soudain, elle se demanda si cela n'avait pas été une mauvaise idée. « Tu avais quelque chose de prévu, peut-être ? » demanda-t-elle, se rendant compte qu'elle avait peut-être ruiné ses plans.

Si ce que te lançait Ella avait pour objectif de te déstabiliser ou de le taquiner, étonnamment, ça te laissa plutôt un bel avant-goût de ce qui était à venir. Certes, il était encore tôt, beaucoup trop tôt, pour que vous vous installiez ensemble. Vous étiez encore en train d’harmoniser vos vies de famille respectives avec celle que vous formiez maintenant tous ensemble, les Grimes-Mawukura. C’aurait été précipité que de rassembler tout ce beau monde sous le même toit, après seulement cinq mois. Et pourtant, votre relation était tellement tout ce qu’il y avait de plus saine, que tu savais que dans l’ordre logique des choses, ça ne tarderait sans doute pas à venir quand même. Alors qu’Ella laisse une brosse à dents et quelques sous-vêtements ici, ça n’aurait qu’égayé ton visage. « Tu sais bien que ça m’aurait fait plaisir que tu commences à t’éparpiller un peu. » Lâchas-tu avec un sourire. C’était peut-être une façon de lui faire comprendre que malgré la plaisanterie qu’elle venait de faire, si elle avait envie une prochaine fois de ramener quelques trucs, elle le pouvait. Avec grand plaisir, elle le pouvait. La touche qu’Ella apportait de plus en plus à ta vie ne faisait que la rendre plus complète. Il y avait toujours eu un certain vide, quand vous n’étiez que deux fidèles amis, mais maintenant, elle le comblait à la perfection. « Évidemment que t’as pas besoin de rendez-vous. » Tu l’embrassas à nouveau, parce que même après cinq mois t’étais encore dans cette phase durant laquelle tu n’en avais jamais assez. T’espérais que ça ne change pas, ça, même après un an ou cinq ans. « Pas du tout. J’dois juste aller chercher Miro et Lowa à l’école à 15h. On a largement le temps de faire ce que tu es venue faire … » Dis-tu avec suspicion Et tout de suite, donc, ton attention se reporta sur la grosse boîte de carton. Tu te rapprochas de celle-ci, lançant des regards rieurs à Ella. « Bon, maintenant je peux pas attendre plus longtemps, je suis trop curieux. J’peux regarder ? » T’avais déjà une main sur l’un des rabats, de toute façon.

Évidemment, sa plaisanterie lui revint en pleine figure. Alors qu'elle s'était attendue à de la gêne, voire une ignorance totale, Mali la surprit totalement en lui répondant qu'il n'était pas contre l'idée qu'elle s'éparpille un peu. Et le sourire qu'il avait sur les lèvres démontrait qu'il ne faisait pas un trait d'humour. Ella l'observa, légèrement décontenancée. Leur relation évoluait de jour en jour et elle savait qu'ils allaient doucement passer des étapes-clés. Des étapes qui la déstabilisaient un peu mais qui ne l'effrayaient pas tant que cela. Leur relation était tellement saine que les projets d'avenir se dessinaient naturellement, à leur rythme. « Tu es en train de me dire que tu me laisserais un peu de place dans l'un des tiroirs de ton armoire  ? » demanda-t-elle avec un sourire amusé. Ella passait souvent quelques soirées chez Mali – et inversement – mais ils se quittaient une fois la soirée terminée. Ce qu'elle ne disait pas, c'était qu'elle aimerait parfois s'endormir dans ses bras, se réveiller à ses côtés, partager son déjeuner et partir au travail sans qu'ils aient à refaire un saut dans leurs foyers respectifs. Mais avant de s'éparpiller un peu plus, elle comptait déjà apporter sa petite touche en ce mois de décembre festif. D'où la raison de sa venue impromptue. Ella esquissa un sourire aux mots de Mali qui semblait apprécier ses visites surprise. Elle passa ses bras autour de lui quand il l'embrassa de nouveau, le retenant quelques secondes de plus pour prolonger ce baiser dont elle ne se lassait jamais. Il la rassura ensuite sur le fait qu'il n'avait rien de prévu, à part l'école à 15h. « ça sera fini pour 15h. » lui assura-t-elle. Elle regarda ensuite dans la pièce attenante et demanda : « Ta mère est sortie ? » Ella adorait la mère de Mali et elle comptait bien la convier à l'activité si elle se trouvait dans la maison. Mais Mali avait cette curiosité impatiente qu'elle aimait tant. Elle reposa son regard sur lui alors qu'il s'était déjà approché de la boîte. « Quelle impatience ! » s'exclama-t-elle en riant, remarquant cette main qu'il avait déjà posé sur le carton. « Mon t-shirt devrait déjà te mettre sur la piste. » Il n'avait même pas remarqué ce sublime t-shirt où un merveilleux All I want for Christmas is you surplombait une tête de renne très kitsch. Elle s'approcha de lui et ouvrit la boîte. Dedans se trouvaient des décorations de Noël de toutes sortes. Ella prit une guirlande et reprit, sourire aux lèvres : « Noël est ma fête préférée. Quand j'étais petite, mes parents décoraient la maison pendant que mes frères et moi étions à l'école. Quand on rentrait, on voyait notre maison métamorphosée, avec des décorations et des lumières partout. On faisait le sapin, pendant que les biscuits cuisaient dans le four et embaumaient toute la maison. » La nostalgie imprégnait le regard d'Ella. C'était le seul moment de l'année où les parents Grimes accordaient du temps à leurs enfants, sans se soucier du travail. Tout s'était arrêté quand elle était tombée enceinte. « ça fait des années que mes parents ont arrêté de faire ça, mais moi j'ai continué la tradition avec Noah. » Elle regarda Mali avec douceur. « Comme il me restait encore tout un tas de décoration, je me suis dit que peut-être, ça t'intéresserait de décorer la tienne... » Si elle ne faisait pas de faux pas, évidemment.

Venais-tu de faire un faux pas ? En voyant l’air un peu décontenancé d’Ella, tu te le demandas. Tu avais peut-être été un peu trop rapide à proposer qu’elle laisse réellement des effets personnels dans ta maison, puisqu’elle passait de toute façon assez de temps ici, et toi chez elle. En même temps, ta remarque ne signifiait pas qu’elle avait à le faire dès demain, mais dans ta tête, vous en étiez rendu à une étape où le pratico-pratique l’emportait sur tout le reste. De plus, cinq mois, ce n’était pas rien pour toi, toi qui n’avais pas eu une seule relation à long-terme depuis le départ de Marlee. Ce que tu vivais avec Ella était sérieux, et tu ne vois pas pourquoi vous retarderiez ce moment où vous pourriez rester chez l’un et chez l’autre pour la nuit. Pour toi, c’était certes un peu plus difficile d’envisager de découcher puisque tes enfants étaient encore jeunes, mais pour ce qui était d’Ella, Noah était bien capable de passer la nuit seul à leur maison. L’idée te trottait dans la tête depuis un moment, puisque toi aussi t’aurais aimé t’endormir avec tes bras entourant Ella, et te réveiller de la même manière. De la plus belle des manières. « Je pense que c’est ce que je suis en train de dire, oui. » Réalisas-tu avec un sourire tout aussi amusé que celui de la trentenaire. « Si ça peut te permettre de rester quelques heures de plus quand tu passes … » Avanças-tu. La porte avait été ouverte, autant en profiter pour l’ouvrir encore un peu plus. Cinq mois à se quitter vers les vingt-et-une heure, pour un couple adulte, on ne peut pas dire qu’ils n’avaient pas pris les choses lentement pour commencer ! « J’ai bien hâte de savoir c’est quoi, ce ça. » Répondis-tu quand elle t’affirma que tu serais libéré pour quinze heure, afin d’aller chercher Miro et Lowanna. « Oui, elle est au marché de Noël, elle a un stand pour y vendre quelques-unes de ses créations. On va aller l’aider ce soir. » Tu l’avais déjà aidée à monter sa table avec ses toiles et ses objets de céramique sur lesquels elle avait peinturé des dessins aborigènes avec la méthode en pointillé qu’elle n’avait jamais délaissée depuis son départ de la réserve. Tu fis finalement quelques pas vers l’arrière, te rapprochant de la mystérieuse boîte qui captait toute ton attention. Tu regardas le t-shirt d’Ella, à sa remarque. « Cette œuvre d’art ? » Demandas-tu moqueusement, les yeux rieurs. La jeune femme vint te rejoindre et ouvrit enfin cette boîte à surprises remplie de décorations de Noël. Tu regardas Ella, un peu pris de court, mais sourit en l’écoutant raconter une partie de sa vie dans laquelle Noël avait visiblement beaucoup d’importance. Ce n’était pas ton cas. « T’as l’air d’avoir beaucoup de beaux souvenirs reliés à ça … Je suis content que t’aies repris la tradition avec Noah. » Dis-tu en sortant une guirlande de la boîte, la regardant avec un sourire détaché. « Je n’ai jamais connu ça, la maison décorée, le sapin, les cadeaux … Quand j’étais jeune, on fêtait Noël, mais pas de la manière que c’est fêté ici. Et en arrivant ici, ma mère n’a pas pour autant changé notre manière de le vivre. Alors Lowa et Miro, ils ne savent pas ce que c’est non plus. » Aurais-tu dû les habituer au même Noël que celui que vivraient leurs camarades de classe ? Étaient-ils tristes de savoir qu’ils ne seraient pas envahis de cadeaux le matin de Noël, contrairement à d’autres ? Tu l’ignorais. Ils ne t’en avaient jamais parlé. Ça ne t’avait jamais manqué, à toi. Mais le doute s'installait quand même.

Même si elle avait été surprise par la proposition de Mali – bien qu'elle savait qu'il était du genre à ouvrir davantage les portes quand elle les ouvrait quelque peu – Ella était heureuse d'entendre cela. Les soirs où ils se quittaient bien trop tôt la frustraient de plus en plus. Elle avait envie de plus, de tellement plus. Elle avait envie de s'endormir le soir en voyant le visage de Mali et non pas un oreiller désespérément vide. Elle avait envie de le retrouver le lendemain matin, lui avec sa chevelure folle, elle avec sa mauvaise humeur matinale d'avant-café. En voyant ce regard amusé qu'il affichait en écho au sien, en le voyant assumer sa proposition, la jeune femme répondit, avec un large sourire : « Si c'est pour rester quelques heures de plus, je ne peux pas refuser. » Ce à quoi elle ajouta : « L'inverse est aussi d'actualité. Même si je sais que c'est plus difficile pour toi... » Par rapport à Lowa et Miro, qui avaient besoin de leur père le soir. Mais il pouvait toujours laisser quelques t-shirts, qu'elle s'empresserait sûrement d'enfiler... Mais pour l'instant, cette boîte en carton attisait toutes les curiosités. Après s'être assurée que Mali n'avait rien de prévu, Ella demanda si sa mère était dans le coin. Elle apprit qu'elle avait son stand au marché de Noël, ce à quoi la jeune femme répondit : « Ah oui ? J'ai prévu d'y aller demain. J'irai lui faire un petit coucou. » Elle pourrait même l'aider à tenir le stand si elle voulait prendre une petite pause. Du coup, il n'y avait que Mali qui découvrirait le contenu de son carton. L'aiguillant quelque peu en parlant de son t-shirt, elle éclata de rire quand elle perçut les yeux moqueurs de son petit ami sur ce vêtement tellement kitsch. « Je savais pertinemment que tu reconnaîtrais les belles choses. » rétorqua-t-elle en réponse à son œuvre d'art plein d''ironie. Mais elle assumait, Ella. Ils mirent fin au suspense en ouvrant la boîte dans laquelle se trouvait tout un tas de décorations. Des décorations qui permirent à Ella de se confier un peu, de lui faire part de l'importance de cette fête pour elle, qui avait toujours voulu une vraie famille. La jeune femme esquissa un léger sourire face aux mots de Mali : « J'y tiens réellement. Et même quand Noah ne sera plus à la maison, je continuerai la tradition... » Et peut-être qu'à ce moment-là, il y aura d'autres personnes avec qui partager cette tradition... Mali lui confia alors fêter Noël, mais pas de la même manière qu'elle. Lowa et Miro aussi ne connaissaient pas ces traditions très anglo-saxones. « Ah oui ? » Cela ne l'étonnait pas vraiment. Elle n'avait pas le souvenir d'avoir vu la maison de Mali décorée pour les fêtes de Noël. Et pour le coup, elle commençait vraiment à se dire qu'elle avait fait un faux pas en se ramenant, ici, avec ses décorations de Noël, ses gâteaux et son t-shirt moche. « Vous le fêtez comment, du coup ? » demanda-t-elle, curieuse.

Vous apprendriez à vous connaître sous un autre angle, un angle que six années d’amitié ne vous avaient pas permis d’explorer. Même si, entre votre amitié et votre amour, la ligne avoir toujours été plutôt mince, surtout confondue, certains privilèges seulement octroyés aux couples vous avaient échappés. Et ils continuaient de vous échapper, vous qui vous mettiez tant de barrières en raison de vos enfants. Tu tenais à toujours rentrer dormir à la maison, même si Lowanna et Miro étaient souvent déjà endormis à ton retour, bordés par leur grand-mère. Ella ne voulait pas laisser Noah seul toute une nuit, même si elle le savait assez vieux pour se garder par lui-même. Ce n’était pas une question de confiance, plutôt une question de présence. Mais si vous vous laissiez un peu plus de liberté en tant qu’adultes, en tant qu’individus, en laissant un peu de côté votre rôle de parent, vous alliez vous permettre de vous redécouvrir d’une toute autre manière. Et t’espérais que ça continue de couler aussi doucement et paisiblement, entre vous deux, même lorsque le quotidien de l’un et de l’autre n’aurait plus aucun secret. « J’imagine que même s’ils s’endormaient et se réveillaient avec leur grand-mère, une fois de temps en temps, ça ne ferait de mal à personne … » Après tout, beaucoup de parents laissaient leur enfant découcher, que ce soit pour aller chez les amis ou les grands-parents. Ça ne t’était jamais arrivé à toi, à la fois parce que t’étais papa poule et à la fois parce que toute ta petite famille vivait sous le même toit. Mais il faudrait bien une première fois. Ce ne serait pas pour tout de suite, toutefois, puisque ta mère était bien occupée ces temps-ci avec son kiosque au marché de Noël. « Ça lui fera plaisir. » Dis-tu avec un sourire. Ta mère adorait Ella, depuis toujours. Elle avait été tellement heureuse d’apprendre qu’enfin vous vous donniez une chance, et que tu laissais le passé au passé. Elle avait eu peur, après Marlee, que plus jamais tu ne laisses ton cœur battre pour une femme. Grâce à Ella, il battait à nouveau, et plus fort que jamais. Même lors de tels moments de plaisanteries, durant lesquels vous vous moquiez allègrement de son chandail des plus kitschs. Est-ce que ça aussi, ça faisait partie des traditions dont elle te parlait ? Toi, tu ne connaissais pas tout ça. Et cela sembla intéresser Ella. « En passant du temps en famille, tout simplement. Généralement on s’organise une randonnée, avec un beau point de vue à la fin, et on se fait un pique-nique. C’est du temps pour nous reconnecter. C’est comme ça qu’on faisait à la réserve, avec un grand barbecue pour toute la communauté. On chantait toute la soirée, on buvait jusqu’à nous oublier nous-mêmes. » Tu ris. T’étais parti quand t’étais adolescent et pourtant t’avais connu tes premières cuites de Noël. L’alcool était parfois un problème sur la réserve, mais pas ce jour-là. « Alors pour Miro et Lowa j’ai continué ces moments-là ensemble, mais on n’a jamais fait de sapin, jamais échangé de cadeaux, jamais décoré … » Tu fronças légèrement les sourcils. « Tu crois que ça contribue à leur faire penser qu’ils sont différents ? Par rapport aux autres ? » Demandas-tu. T’avais jamais trop su quels compromis faire entre ta culture aborigène et celle dans laquelle tes enfants évoluaient.