Big brother is watching you #Levi

artémis & levi

Plus jamais. C'était le genre de phrase que tu te disais ces lendemains de soirée où tu te réveillais avec cette impression de chantier ambulant dans le crâne. Tu avais passé la soirée en boîte la veille, et autant dire que tu avais encore bien abusé sur la bouteille. Tu ne te rappelais de pas grand chose en fait, juste t'être éclaté comme un fou, avoir sûrement payé ta tournée à l'ensemble de la boîte, et surtout avoir bu avec aucune limite raisonnable. Et là, tu la payais ta gueule de bois. Tu ramassais littéralement ton foie. Ce que tu pouvais être con. Tu savais que ce n'était jamais bon les mélanges d'alcools, mais à chaque fois, dans l'euphorie de la soirée, tu pensais que tu étais capable de boire tout et n'importe quoi sans tomber malade. Bon, tu n'avais pas régurgité ce que tu avais avalé, c'était déjà ça. Mais vu la tête que tu avais en ce début d'après-midi, ça traduisait largement ton regret quant à la diversité de tes consommations de la veille. Tu déambulais dans ton appartement, le visage pâle, le ventre ballonné, désespérément à la recherche d'une boîte d'aspirines. Dans cet état, tu aurais pu faire peur à plus d'une personne. Même ton chien semblait compatir. Après quelques minutes d'intenses recherches, tu trouvas enfin le Saint-Graal. A vrai dire, avec le mal de crâne que tu avais, tu aurais pu avalé tout le stock d'aspirines d'une pharmacie. T'étais franchement pathétique à voir, là, à demi vivant sur ton canapé, les yeux rivés sur ton plafond, implorant le ciel de t'épargner cette gueule de bois. Soudain, ton attention fut attirée sur un bout de papier qui traînait sur ta table dont tu t'emparas alors. Une exposition de photographies, c'était l'objet du papier en question. Pourquoi pas ? Après tout, t'avais beau avoir un mal de tête pas possible, tu te disais que prendre l'air ne te ferait pas de mal. Et puis, ça te plaisait bien ce genre d'expo, et c'était sans doute mieux de t'y rendre plutôt que de rester dans ton appartement à te morfondre sur ton sort.

Assez rapidement, tu t'étais donc préparé, te rendant alors à l'endroit indiqué que tu atteignis en une bonne dizaine de minutes. Une fois dans la salle, tu fus surpris de voir que l'exposition avait attiré un tel monde. C'était bon signe, ça voulait certainement dire que les photographies étaient réussies et que par la même occasion, tu ne t'étais pas déplacé pour rien. Tu t'arrêtas devant quelques clichés, ébloui par le parfait timing dont avaient fait preuve les photographes, à l'origine de ces œuvres. Ces angles de vue, ces contrastes, ces visages, tout était réuni en un juste accord pour réaliser ces sublimes prises. Cet art n'était décidément pas donné à tout le monde. Alors que tes yeux parcouraient avec excitation chaque détail des photographies qui trônaient devant toi, tu te sentis comme observé. Et Dieu savait à quel point ça pouvait te mettre dans une panique pas possible. Parce-que instinctivement, tu repensais à la mauvaise expérience que tu avais vécue à New York, où tu avais été espionné à ton insu. Tu détournas les yeux du cliché, et confirmas tes propres doutes. Une jeune brune dont le visage t'était bizarrement assez familier, avait ses yeux littéralement rivés sur toi. Et le fait de savoir que tu avais déjà vu cette demoiselle quelque part te faisait encore plus flipper, parce-que, qui sait, peut-être qu'elle aussi était une infiltrée qui avait le devoir de te suivre. Prise en flagrant délit, tu la regardas se diriger avec gêne vers le coin de la salle où était disposée une table sur laquelle étaient servies des coupes de champagne. Il fallait que tu règles tes comptes avec elle, une bonne fois pour toute. Tu la suivis, prenant à ton tour une coupe de champagne, parce-que c'est bien connu, combattre le mal par le mal était la meilleure solution bien évidemment. Une fois arrivé à sa hauteur, tu t'arrêtas à ses côtés, sans la regarder. « Qu'est-ce que vous me voulez ? » Dis-tu, discrètement. Si cette fille n'avait rien à voir avec tes suspicions, t'allais certainement passer pour le plus grand parano de l'univers, mais après tout, tu t'en foutais pas mal. Tu voulais juste en avoir le cœur net.

Si elle te voulait du mal, tu n'allais pas être tendre avec elle. Et par "du mal", tu entendais qu'elle ait des informations sur toi qu'elle veuille divulguer. Ça te faisait complètement flipper. Encore une fois, tu ne t'étais pas rendu compte du manège qui s'opérait autour de toi, et tu n'avais pas remarqué la présence un peu trop récurrente de la jeune femme. Tu t'étais alors approché d'elle, sans la moindre gêne, pour lui demandait ce qu'elle pouvait bien lui vouloir, sans même lui accorder le moindre regard. Tu savais qu'elle manigançait quelque chose de malsain à ton égard. La façon dont elle te regardait, cette manière dont elle te dévorait des yeux par ce qu'elle savait qu'elle pouvait obtenir ce qu'elle voulait de toi. T'étais le mec impuissant dans l'histoire. « Il me faut plus d'informations. » Ok, là tu pouvais t'affoler. C'était exactement le genre de réplique qui pouvait te créer des sueurs froides. Tu restas silencieux, faisant mine de rester impassible, finissant le reste de ton champagne en une gorgée. « Je sais déjà que vous aimez passer vos soirs dans des boîtes plutôt chaudes, et que vous ne comptez pas combien vous mettez dans l'alcool, et visiblement vous aimez la photographie. Et au fait, vous avez plutôt un bon déhanché. » Elle en savait déjà beaucoup, beaucoup trop. Tu voulais te convaincre qu'elle bluffait, mais c'était difficile de t'en persuader. Tu te tournas alors vers elle, l'air toujours sérieux et impassible. Tu ne voulais pas lui montrer que tu bouillonnais de peur à l'intérieur, ça voudrait dire que tu lui donnais raison, que tu paniquais pour de simples informations qu'elle avait sur toi. « Et qu'est-ce que c'est censé prouver ? » Finis-tu par lui dire, plongeant ton regard azur dans le sien, comme pour lui dire que tu la défiais. « Mais il m'en faudra bien plus pour ... » Elle savait terriblement bien s'y prendre. Et ça en était presque séduisant. Mais là n'était pas la question. Vraiment pas. Cette belle brune était bien trop dangereuse pour toi, elle te menaçait ouvertement, et tu étais dans l'incapacité de dire si elle avait des informations concrètes. Tu la regardas s'éloigner de toi, prenant une autre coupe de champagne que tu ingurgitas cul-sec, comme pour te donner le courage d'affronter cette situation plus que délicate. Alors quoi ? Qu'est-ce qu'il fallait que tu fasses pour acheter son silence ? Tu hésitas un instant avant de te lancer à sa recherche dans une autre pièce. Tu l'aperçus, de dos, face à une nouvelle photographie. Tu avanças lentement vers elle, respirant une longue bouffée d'air pour ne pas te démonter devant elle. « Qu'est-ce que vous attendez de moi ? » Finis-tu par chuchoter, pour ne pas déranger les autres amateurs de photographies qui s'étaient déplacés à l'exposition. T'étais prêt à tout. T'avais toujours été prêt à tout quand il s'agissait de ton anonymat. Tu t'étais déjà préparer à lui débourser une grosse somme d'argent, parce-que après tout, un tel chantage menait toujours à une finalité financière.

En l'espace d'une minute, elle avait réussi à faire monter ta tension en flèche. Tu t'efforçais de ne pas paniquer sous ces sous-entendus que tu considérais comme des menaces. Parce-que pour toi, ça en était clairement. Elle avait des informations sur toi, et il était hors de question que tu prennes le risque de la laisser te nuire. Ou de nuire à ton anonymat. De toute façon, ça revenait au même. Tu détestais ça, plus que tout au monde. Ne pas avoir le contrôle sur la situation, sentir que tu n'étais pas loin de tomber au bord du précipice. Ton boss t'avait pourtant assuré que tu ne risquais absolument rien dans cette nouvelle ville, qu'il était totalement impossible que quelqu'un ait une idée de qui tu étais en réalité. C'était le deal. Et là pour le coup, il n'était pas respecté. Ou alors, peut-être que la jolie brune te menait carrément en bateau, et dans ce cas-ci, elle était plutôt très forte. Peut-être même que c'était une technique de drague pour obtenir ce qu'elle voulait de toi. Dans tous les cas, il fallait que tu en ais le cœur net. « Je ne veux rien de vous. Rien ne sera bien plus plaisant que de vous avoir à l’œil. » Elle te provoquait sans la moindre gêne. Tu lui adressas un sourire amusé, lui montrant que tu n'étais pas si faible qu'elle le prétendait. « Vous m'avez l'air bien sûre de vous. Mais j'vois pas vraiment en quoi je vous serai utile. » Finis-tu par lui répondre, l'air toujours aussi impassible. Tu soutenais son regard, ce n'était surtout pas le moment de la laisser penser que ces soi-disantes informations qu'elle détenait t'atteignaient. « Je vous propose qu'on quitte les lieux en tout discrétion. » Tu commençais à te demander si cette fille était toute seule dans sa tête. N'empêche, avec sa proposition, tu pouvais vraiment jouer à l'espion. Mais là n'était pas la question, c'était pas vraiment le moment de blaguer, ni de jouer. Cette fille avait peut-être une tonne d'infos sur toi, et là, ça pouvait devenir dangereux. Ton regard suivit la silhouette de la jeune femme s'échappant vers les issues de secours. Tu hésitas un moment avant de la suivre à ton tour, tout aussi discrètement. « L'exposition me plaisait bien, mais votre folie m'amuse beaucoup plus. » Prétendis-tu, retrouvant la belle brune à l'extérieur de la salle d'exposition.

Tu n'avais plus le choix maintenant. Elle se doutait forcément que tu avais quelque chose à cacher, quelque chose d'indéniablement secret, tes réactions t'ayant largement trahi quelques minutes plus tôt. Sous la panique et les menaces, tu pouvais complètement perdre ton sang froid et ne plus arriver à contrôler la situation. C'était sans doute ton plus grand point faible, et cette jolie brune qui sortait de nul part l'avait sensiblement touché. Tu l'avais donc suivi discrètement à l'extérieur de l'exposition, dans un couloir grisâtre pas vraiment rassurant. Tu n'avais aucune idée de ce qu'elle voulait de toi, mais tu restais tout de même assez méfiant vis-à-vis d'elle. Qui sait ? Peut-être qu'elle était une infiltrée, elle aussi. Tu t'imaginais toute sorte de scénarios dignes des plus grands blockbusters américains. Retrouvant alors la jeune brune dans cette pièce discrète, tu te retrouvas rapidement et sans que tu ne t'y attendes, plaqué contre le mur du couloir, les poignets emprisonnés dans les mains de la jeune femme. « Vous êtes piégé. » Cette fille te réservait décidément plein de surprises. Tu arquas un sourcil, un sourire en coin sur le visage. « On vous a jamais dis de ne pas suivre n'importe qui, même si c'est une adorable brune sexy. » Pour être sexy, c'était clair qu'elle l'était. Elle savait jouer de ses charmes, et c'était terriblement séduisant. « Vous ne m'aviez pas l'air si dangereuse que ça au premier abord... » Finis-tu par dire, en rentrant dans son jeu de séduction. Tu te laissas faire, restant immobile sous son emprise. « Plus sérieusement, je sais pas qui vous êtes. Peut être un espion ou un mec fou. Les deux me plaise. » C'était donc une très bonne comédienne. Elle bluffait depuis le début puisqu'elle n'avait aucune idée de qui tu étais, et quelque part, tu en étais complètement rassuré. Tu te pinças légèrement la lèvre lorsque tu sentis son souffle se rapprocher de ton oreille. « Qui sait, je suis peut-être les deux. Ça serait peut-être même à vous de vous méfier. » Murmuras-tu, à ton tour, sur le même ton qu'elle. Tu avais déjà compris qu'elle n'était pas le genre de femme à se méfier du premier inconnu, au contraire. Tu lisais dans son regard profond cette dangereuse lueur de provocation qu'elle ne tentait absolument pas de cacher. « Alors, c'est comme ça que vous vous y prenez pour séquestrer des étrangers ? »

« J'ai toujours aimé la prise de risque. » Un sourire amusé se dessina sur le coin de tes lèvres, tandis que cette proximité grandissante avec la belle brune commençait réellement à te troubler. « C'est ce que je vois... » Murmuras-tu à ton tour, entrant toujours un peu plus dans son jeu. Tu pouvais facilement deviner que la jeune femme aimait le risque, c'était indéniable. Elle provoquait ces situations de mise en danger volontairement, et à vrai dire, ce n'était pas pour te déplaire. T'avais ce constant besoin, toi aussi, de jouer avec le feu, de sentir que tu n'étais pas toujours en totale sécurité dans ta confortable routine. Ta vie avait toujours été une aventure, et ce n'était pas maintenant que ça s'arrêterait. Et cette adrénaline qui te rendait vivant, la belle brune était justement en train de t'en fournir une bonne dose, c'était le moins qu'on puisse dire. Tu la questionnas alors sur les techniques dont elle usait pour s'isoler avec des parfaits inconnus. « Pas exactement. » Tes yeux vrillèrent sur ses lèvres rosées qui semblaient toujours plus proches des tiennes tandis que tu n'opposais aucune force sur tes poignets toujours sous l'emprise de séduisante brunette. Tu répondis à ce baiser exalté, laissant ton envie prendre le dessus sur la situation. « C'est qu'un avant goût tout ça... » Elle était terriblement douée. Son assurance et sa motivation étaient vraiment très séduisantes, tu ne pouvais pas le nier. « Ça serait presque tentant de voir la suite... » Finis-tu par lui répondre, alors que tu t'apprêtais à ton tour à te saisir de ses lèvres. Sauf que soudainement, la porte par laquelle vous étiez rentrés s'ouvrit, laissant apparaître une silhouette d'homme en uniforme. Sûrement un gars de la sécurité, ou un responsable de l'exposition. Bref, peu importait, en tout cas, vous n'étiez pas censés être là et le type en question était déjà prêt à vous demander des comptes. « Merde, viens ! » Tu attrapas la main de la jeune brune, et courus dans le sens opposé, où se trouvait une autre porte qui menait encore à un autre couloir. Tu savais que dans ce genre d'exposition, tout acte louche pouvait vous faire passer pour des voleurs ou quelque chose dans le genre. Même si vous ne risquiez pas grand chose, tu trouvais ça beaucoup plus amusant de te lancer dans une course poursuite. Et puis, la jeune femme paraissait joueuse, alors autant pousser le jeu jusqu'au bout, non ?

Vous aviez littéralement l'air de deux gamins qui échappaient comme ils le pouvaient à une punition. A cet instant, l'adulte responsable et raisonné de 27 ans avait fait place au môme insouciant de 10 ans qui rêvait d'aventures mêlant excitation et prises de risque. Main dans la main, vous déambuliez à toute vitesse dans les couloirs interminables du lieu d'exposition, essayant de trouver une issue à ce véritable labyrinthe. Et par chance, après quelques minutes pendant lesquelles vous tentiez de semer l'agent de sécurité en question qui peinait d'ailleurs à suivre votre rythme, une des portes vous mena dans une gigantesque pièce, sonnant la fin de cette course poursuite. « James, on va enfin pouvoir voler le tableau et mener à bien notre mission. » Tu souris à ses paroles qui s'apparentaient à une réplique digne d'un des plus grands film d'agents secrets. Un espion qui jouait à l'espion. Plutôt ironique n'est-ce pas ? « J'pensais pas que tu pouvais être une aussi bonne complice. » Finis-tu par lui dire, continuant ton jeu de provocation. Tu avançais dans l'immense entrepôt en regardant autour de toi, scrutant les centaines de tableaux qui vous entouraient. C'était pour le moins vraiment impressionnant. « Putain, bordel de merde. Pince moi. Je rêve... C'est un Miro. » En entendant les paroles de la demoiselle inconnue, tu t'empressas de venir constater ses dires, les yeux rivés sur le chef d’œuvre qui se dressait maintenant devant vous. Impossible de se tromper. Le tableau présentait en effet les caractéristiques si singulières d'une œuvre de Miro. « J'comprends mieux pourquoi on est si fliqué ici. » T'exclamas-tu, alors que tu sentis la main de la demoiselle venir retrouver la tienne. « C'est ce tableau... l'émotion qu'il me procure... » En effet, ce n'était pas tous les jours qu'on avait l'occasion de se retrouver devant un tel tableau. Pour un amateur de peinture comme toi, c'était d'autant plus émouvant. « Ne va pas penser par là que je suis mielleuse. » Tu lui souris, reportant alors toute ton attention sur la belle brune. « Non mais si tu veux pleurer, vas-y. Juste, faudrait pas qu'on s'attarde ici trop longtemps. » Lui répondis-tu, sur un ton un brin moqueur mais toujours empreint de provocation.