sometimes it feels so good to let it all fall as we will fall (woody)

Woody haussa les sourcils sans pouvoir s’empêcher de rire légèrement, alors qu’Alma le prenait au mot quand il mentionna qu’une course de voiture pourrait le faire sentir vivant. La jeune femme le mettait au défi de la battre. Ça sonnait un peu comme un scénario catastrophe, dans lequel un des deux ne ressortirait clairement pas vivant. En même temps, en pleine nuit, sur Roma Peak Road, il y avait de quoi faire. Woody la dévisagea un moment, tentant de déceler la plaisanterie dans le regard de la demoiselle, mais il n’y vit qu’une pure et profonde excitation. Elle était sérieuse. « J’suis prêt à parier que t’as même pas ton permis de conduire. » Releva Woody, tentant de se défiler en douce. Où était-elle, sa fougue ? Disparue. En même temps que son bonheur. « Pourtant j’ai bel et bien arrêté de chercher comme j’ai dit, et j’ai pas plus ressenti d’quoi. » Le bonheur est un état, qu’on dit, et malheureusement Woody ne connaissait plus cet état de légèreté. Il se sentait constamment lourd et triste. « Sorry, Alma. Je pense pas que j’suis la personne qui pourra vraiment t’aider à ça. » Se résigna-t-il, en détournant le regard. Des deux, c’était elle qui semblait la plus apte à sortir de cette zone de confort. Même, Woody n’en était plus là. Une zone de confort, il n’en avait plus. Il était en constant inconfort.

Tu voyais déjà cette course de voitures, Alma. T’en avais toujours rêvé d’un truc un peu fou. T’avais toujours voulu vivre d’adrénaline, t’avais toujours voulu vivre follement. Délaisser cette vie de petite fille bien rangée pour vivre autre chose. T’avais été couvée toute ta vie, t’avais besoin d’autres choses. L’homme te regardait en pariant quasiment que tu n’avais pas ton permis de conduire. Tu te raclais la gorge. « J’ai mon permis américain. » déclarais-tu certaine que Woody te tournerait de côté. « Tu crois qu’un australien pourrait battre une américaine? Surtout s’il se dégonfle? » Que tu demandes avec un grand sourire, taquine et bien prête à tout pour lui délier les jambes. L’homme te disait que la quête du bonheur était bien révolue et tu soupirais. C’était vachement triste dit comme ça. T’aurais voulu lui rentrer dans la tête un peu et le brasser. Lui mettre dans la tête que la vie valait bien la peine d’être vécue. L’homme s’excusait et tu le regardais bêtement, les yeux ronds. Tu fronçais les sourcils. « Non, non. J’ai décidé que tu allais m’accompagner dans ce périple fou qu’est la vie! » Tout le monde voulait t’aider et toi, tu acceptais bien malgré toi mais quelque part, t’avais l’impression que Woody en avait besoin plus que toi de cette bucketlist. « Allez viens, on va faire un truc fou. » Que tu lui dis avec un sourire joyeux en lui tendant la main alors que la séance tirait à sa fin et que chacun commençait à s’éloigner. « Je t’en prie. » Lui disais-tu gentiment avec des yeux de cocker.

Woody esquissa un sourire alors qu’Alma se défendait qu’elle avait son permis américain. « Tu sais de quel côté on conduit, ici, au moins ? » Parce que c’était le contraire des États-Unis. Et Woody pouvait très bien imaginer que ça pouvait être déstabilisant de se retrouver au volant à la droite du véhicule, et de devoir tenir sa gauche. Si elle ne se pratiquait pas un peu d’ici à cette fameuse course, c’était l’accident assuré. Quoique … durant cette course illégale, il était très peu probable qu’ils se soucient du sens des voies. Alma essayait de piquer Woody, de jouer avec son orgueil pour le convaincre d’accepter ce challenge insensé. « Je pense que la question devrait être posée dans l’autre sens … Est-ce qu’une américaine pourrait vraiment battre un australien ? » Surtout s’il se trouvait en territoire connu ? Woody avait toujours été bon conducteur, ça le tuait d’ailleurs qu’il ne pourrait plus conduire, un jour. Il adorait rouler pendant des heures, surtout sur les routes désertes. Une autre chose à rajouter à la liste de ce qui lui manquerait. Alors peut-être était-ce effectivement le temps d’en profiter. Alma, en tout cas, ne semblait pas prête à baisser les bras. Sans lui demander son avis, elle lui indiqua qu’il l’accompagnerait dans ce périple fou qu’était la vie. Il leva les yeux au ciel, brièvement, en soupirant. « Quel genre de truc ? » Woody baissa les yeux vers la main de la fille, tendue vers lui. Il la toisait, dubitatif. Elle le suppliait. Alors, dans un autre soupir, Woody attrapa cette main qu’elle lui tendait.