(#13) la famille y'a celle par défaut, et celle que tu choisis

Tu avais reçu un message de Beth, alors que tu étais entrain de faire des courses. Ta colocataire t'annonçait que son bébé était entrain de bouger. Fou de rage de ne pas être là pour voir ça, tu avais fais ton possible pour retourner à l'appartement au plus vite. Beth était quelqu'un que tu avais accueilli à bras ouvert à l'appartement. Elle t'avait énormément soutenu lors de ta cure de désintoxication, et tu faisais de même pendant sa grossesse. Et en lui offrant le gite, tu savais très bien qu'elle s'entendrait à merveille avec Azriel. Il n'était pas compliqué comme garçon, et c'est l'une des raisons pourquoi l'italien était ton meilleur ami et que tu t'entendais si bien avec. Bon, revenons-en au sujet principal ! Tu avais dévalisé le magasin parce que tu avais faim. Oui, c'était plus la fonce-dalle maintenant c'était le manque que tu devais compenser. Tu avais acheté de quoi faire plaisir à tout le monde à la maison et tu revenais sur ton skate-board, le plus vite possible. « BETH, JE SUIS RENTRÉ ! » hurlas-tu en arrivant dans la pièce à vivre, toujours perché sur ta planche à roulette. Tu refermais la porte derrière toi et tu commençais à déballer tes courses sur le bar qui se trouvait dans la cuisine. « J'ai ramené des cornichons pour madame et mini-madame » dis-tu en posant la boite sur le bar et en riant légèrement. Ses envies de femme enceinte te faisait rire des fois, et c'était toujours des plus loufoques. « On est seuls pour la soirée ou bien Az est là ? » demandas-tu à la jeune femme en cherchant ton meilleur ami du regard, voir si tu apercevais ses affaires.

Les premiers mouvements foetaux n'avaient pas marqué Beth. C'était comme une sensation de papillon dans le ventre ou comme une plume qui lui chatouillait l'intérieur. Longtemps, elle ne s'était pas doutée qu'il s'agissait de son bébé qui s'agitait dans son ventre, qui découvrait sa nouvelle maison, qui commençait à s'habituer aux sons environnants. Ce ne fut qu'à un rendez-vous médical, en parlant avec le médecin qu'on lui avait attitré, qu'elle avait compris. Et elle s'était sentie bête. Mais, Beth, elle ne connaissait rien sur les bébés. Elle n'en avait jamais vu de près, ses amies étaient bien trop jeunes pour en avoir, bien trop jeunes pour savoir ce à quoi la maternité ressemblait. Maintenant que ton ventre avait grossi, que bébé avait grandi, tu savais reconnaitre les mouvements. Tu savais lorsqu'elle bougeait, lorsqu'elle se retournait, lorsqu'elle mettait le liquide amniotique en mouvement autour d'elle. Mais jamais encore elle ne l’avait senti lui donner des coups, jamais encore elle n’avait vu une petite main s'étamper sur la peau de son ventre ou de petites bosses se former par le fracassement de son pied sur sa peau. Jamais avant ce soir. Assise sur le canapé, endroit que Beth ne semblait pas quitter depuis quelques semaines, d'abord parce qu'elle avait attrapé un gros rhume qui l'avait mis k.o et qui l'avait alors cloué devant la télévision pour quelques jours, ensuite parce qu'il était confortable, la brune lisait un livre, son éternel livre en cours, dans le plus clair des silences. Seule. Elle était seule. Milo était sorti, Azriel était sorti. Et la solitude pesait. Les garçons avaient leur vie, ils ne pouvaient passer leur temps enfermé dans l'appartement à lui tenir compagnie. Et jamais elle ne leur avait dit qu'elle se sentait seule. Parce que ce n'était pas leur bataille. Et qu'elle ne voulait pas les empêcher de sortir, d'avoir du plaisir. De voir des filles, de flirter, de faire la fête, de vivre la jeunesse qui leur était réservée. La lecture se faisait difficile, les chatouillements dans son ventre reprenaient, et, sans crier gare, mini Beth se mit en action, cognant dans le ventre, toquant presque pour signaler sa présence, comme si elle tentait de dire à sa maman qu'elle n'était jamais vraiment seule, qu'elle était là, elle. Beth se redressa sur le canapé, posa les mains sur son ventre, les coups s'y faisait ressentir, forts, puissants, elle jouait du tambour dans son intérieur. Et les larmes montèrent à ses yeux, l'émotion. Elle attrapa son portable. Elle aurait voulu aviser le père, envoyer un message à Rafael, lui partager la nouvelle, lui demander de venir le plus vite possible pour sentir sa fille bouger, mais elle ne pouvait pas. Il était à l'extérieur de la ville, loin d'elle. Et, surtout, il n'était toujours pas au courant pour cet enfant. C'est donc à Milo, son meilleur ami, son frère adoptif, sa famille à Bowen alors qu'elle n'en avait pas ici, qu'elle fit signe. Milo qui voulut aussitôt revenir auprès d'elle, auprès de celle dont il appelait affectueusement la femme de sa vie, pour partager le moment. Il n'y avait rien du tout entre eux, rien d'amoureux, rien de sentimental, c'était fraternel. Parce que dans son coeur, il y avait Rafael. S'il n'avait pas été là, elle aurait pu tomber amoureuse de Milo. Elle serait tombée amoureuse de Milo, sans aucun doute. Je suis dans le salon, lâcha-t-elle lorsque son coloc fit apparition dans leur appartement. Mini-madame et moi te remercions, gloussa-t-elle en attrapant le pot de cornichons, sa demande spéciale de l'épicerie, en l'ouvrant sans attendre pour en gouter un. Elle ferma les yeux, savourant le délicieux mélange de vinaigre et d'aneth. Mmmm, j'en avais tant envie, murmura-t-elle suavement en dégustant le condiment. Il est sorti, je crois. Dommage qu'il manque les cornichons. Nouveau rire, Beth poussait le délire jusqu'au bout avec ses cornichons qui l'avaient tant fait rêver. Mini-elle l'assénait d'un nouveau coup. Milo! Milo! Elle bouge!, cria-t-elle, la bouge pleine de concombres miniatures marinés.

Azriel déverrouilla la porte de l'appartement, souriant déjà d'avance en entendant des exclamations provenant de l'intérieur. Il avait traîné un peu au skatepark après le boulot, ayant passé une bonne partie de la journée sur un chantier. Son t-shirt en avait gardé quelques traces de poussière. Il entra dans le salon, où Milo et Beth se trouvaient déjà, cette dernière s'agitant pour quelque chose qu'il n'avait pas saisi, mais avec un pot de cornichons à la main. « J'ai raté quoi ? » demanda-t-il en posant son skate et son sac à dos contre le mur à côté de la porte d'entrée, sa casquette à l'envers sur la tête, rejoignant ses colocataires avec curiosité. Il était content que Beth ait rejoint la coloc' du 13. Milo, elle et Az s'entendaient à merveille, et il fallait dire que la future maman était autant aux petits soins pour eux que ce qu'ils l'étaient pour elle. Néanmoins, la date fatidique approchait, le ventre de la jeune femme était désormais bien visible, et l'excitation ainsi que le stress la gagnaient de plus en plus, ou c'était en tout cas ce que l'italien pensait. L'arrivée d'un bébé allait clairement bouleverser sa vie, celle de la colocation aussi, mais Milo et Azriel étaient on ne peut plus partants pour soutenir Beth dans cette aventure.

hj:

Ca te faisait rire de voir que ta colocataire était très enjoué à l’idée que tu lui ai ramené des cornichons. Tu n’avais entendu que des rumeurs sur les envies des femmes enceintes, maintenant tu croyais à tout ce que tu avais pu entendre. Beth avait des envies très bizarre des fois, mais tu faisais tout pour que madame soit servie le plus rapidement possible. En même temps, tu considères cette fille comme ta soeur, ta jumelle, ton double, ton toi au féminin. Avoir un coup de coeur amical aussi rapidement avec un quelqu’un, tu ne pensais pas que ça arriverait un jour. Tu as beau aimer Niels et Az énormément, avec Beth c’est différent. « Dommage pour lui, il sait pas ce qu’il rate » dis-tu en riant légèrement. La future maman te remercia et se jeta sur son pot de cornichon en se remettant sur le canapé. Puis, alors que tu déballais les courses que tu venais de faire, elle t’interpella pour te dire la petite était entrain de bouger dans son ventre. Tu posais tout ce que tu étais entrain de ranger pour te ruer vers elle et poser une main sur son ventre. « Oh mon dieu, c’est… wha » dis-tu alors que tu avais une main sur le ventre de la britannique. A ce même moment, Azriel fit son apparition dans l’appartement. Il vous demanda alors ce qu’il avait raté, et tu lui affichais un sourire de dix kilomètres. « Az, Az ! Elle bouge ! » dis-tu tout content. On pourrait croire que tu es le père de cet enfant tellement tu es enjoué, mais non, tu seras seulement le tonton, celui qui va lui apprendre toutes les bêtises du monde. Mais qui va l’aimer d’un amour inconditionnel.

Les envies de femmes enceintes, ça avait toujours piqué la curiosité de Beth. Dans les séries, dans les films, elles se décrétaient de mélanges bizarres, de mixtures d'ingrédients qui, d'ordinaire, n'allaient pas les uns avec les autres, mais qui une fois ingérés par une femme enceinte devenaient la huitième merveille du monde. Beth n'y croyait pas, pensait que c'était exagéré, que c'était de pousser le délire trop loin, que ça n'arrivait qu'à la télévision, ce genre de chose ne pouvaient être réelles. Quelle ne fut pas sa surprise d'apprendre, une fois enceinte, que les goûts changeaient drastiquement, que les envies se faisaient ressentir. Bien qu'elle n'était pas du genre à mélanger deux ingrédients improbables ensemble pour former une collation particulière, elle avait ses obsessions. Et quand elle avait envie de manger quelque chose, il fallait réussir à combler ce besoin rapidement. Cornichon, elle était obsédée avec tout ce qui goûtait le cornichon. Et, d'ordinaire, elle en détestait le goût. Face à sa détresse, son envie inassouvie de goût de cornichon salé, Milo s'était porté volontaire pour l'en lui ramener. Et dès qu'il l'avait fait, elle s'était emparée du pot, de décapsulant, en attrapant un à la va-vite pour assouvir ce besoin grandissant. Qu'est-ce que c'était bon ! Et la petite boule de vie qui grandissait en elle, son nom encore à trouver, était du même avis. C'était d'ailleurs ce que la brune s'empressa de crier, la bouche encore pleine, alors que bébé faisait son exercice de fin d'après-midi. Milo avait posé sa main sur le ventre arrondi de Beth, les petits coups de pieds se faisaient ressentir, un large sourire s'était posé sur le visage de la traductrice, une larme à l'oeil de partager le moment avec lui. Il ne manquait que Az. Et comme s'il l'avait entendu, il ouvrit la porte de l'appartement, déposant son sac et son skate près de l'entrée, voyant la scène de loin. « Qu'est-ce que j'ai raté », qu'il demandait sans vraiment savoir pourquoi il y avait autant d'excitation dans le séjour. Ces cornichons, lança Beth dans un sanglot d'émotion, incapable d'en dire plus, la voix qui migrait entre les pleurs et les rires. Elle s'apprêtait à lui expliquer pourquoi il y avait tant d'émoi, mais Milo la devança, enjoué. Beth hocha la tête. Approches, Az, lui demanda-t-elle en essuyant les larmes de joie aux coins de ses yeux. Elle a besoin de ses deux tontons. Et d'un père. Rafael se faisait plutôt discret, ces derniers temps. Mais ça, ce n'était pas le problème de ses colocataires.

L’italien haussa un sourcil interrogateur, sans se départir de son sourire en coin amusé, quand Beth lui répondit que ce qu’il avait manqué, c’était des cornichons. Et les trémolos dans la voix de sa colocataire indiquaient soit un nouvel amour profond pour les cornichons en question, soit autre chose, ce qui était plus probable. Milo répondit à sa question, la main posée sur le ventre de la jeune femme, en proie à une visible poussée de joie, et le sourire d’Azriel s’agrandit quand il comprit de quoi il s’agissait. Il s’empressa de rejoindre le canapé, Beth l’invitant à faire de même que le brun, assurant que le petit bout de vie en elle avait besoin de ses deux tontons. Le jeune homme n’avait jamais eu l’occasion de faire cette expérience, ne connaissant pas de femme enceinte dans son entourage avant Beth et Tahlia, et il posa délicatement la paume de la main sur le ventre arrondi de la jolie brune. « Elle compte se lancer dans une carrière de gymnaste ? » souffla l’italien avec un coup d’œil farceur à sa colocataire, ressentant les petits coups du bébé sous la peau de la jeune femme. C’était étrange comme sensation, et le brun ne se sentait qu’à moitié à sa place, comme s’il volait l’expérience de quelqu’un d’autre. Et à la fois, le fait d’être rassemblés à trois autour de ce petit miracle, c’était quelque chose d’inédit, qui remuait des émotions qu’il n’aurait pas soupçonné. C’était beau, comme moment. Puissant, aussi. Cette petite, elle allait chambouler leurs vies. Comme il se sentait chamboulé en cet instant, en sentant l’énergie de ce nouvel être humain à venir, pas encore totalement parmi eux, mais bien là, presque à portée de main. « Ses deux tontons seront toujours là pour elle. » assura-t-il d’une voix douce, y ajoutant une touche de réconfort en croisant le regard ému de Beth.

hj:

T'étais volé au ventre de la jeune femme alors que la petite était entrain de donner un milliard de coup dans le ventre de sa pauvre maman. T'étais émerveillé, comme un petit garçon qui découvrait quelle chose de nouveau. Mais pour toi, c'était nouveau en réalité, t'avais jamais connu une amie à toi enceinte. Et savoir que cette petite était ta nièce de coeur, c'était encore plus émouvant. Beth avait la larme à l'oeil, et toi c'était pas loin non plus. Un gros sensible. « Championne olympique de gymnastique, même » répondis-tu à Azriel en riant légèrement. C'était très émouvant de sentir ça. Surtout que vous étiez tous les trois réunis pour l'occasion. « Oh oui, ils seront toujours là » dis-tu en écho aux paroles de ton meilleur ami. Tu sais que tu donnerai tout pour cette petite, même si c'était pas ta fille. Elle était importante pour toi, autant que sa maman. Tu restais assis près de Beth, la main sur son ventre à sentir chaque coups qu'elle donnait. « Ca doit faire mal... » dis-tu en levant les yeux vers l'anglaise, totalement innocemment. T'étais vraiment ce petit garçon qui posait des questions débiles et qui faisait des remarques idiotes. En même temps, tu saurai jamais ce que ça fait de sentir un enfant dans ton ventre qui donne des coups à foison.

C'était tout aussi nouveau pour Beth, la grossesse. Elle ne connaissait personne autour d'elle qui avait porté un enfant, mis à part sa mère. Et madame Ellington, elle était bien loin pour lui donner des conseils à trois heures du matin quand l'insomnie due à son inconfort resurgissait. Entre l'Angleterre et l'Australie, le décalage horaire et les kilomètres, c'était compliqué. Alors Beth s'était consacré à la lecture de livres sur la naissance, le développement de l'enfant, la grossesse et toutes ces choses utiles qui pourrait lui servir pendant et après sa grossesse. Et elle s'était fiée aussi beaucoup à son instinct. Comme pour cette envie trop forte pour les cornichons, ça, ce n'était écrit nulle part dans ses recueils, c'était purement instinctif. Ivy aussi semblait aimer les cornichons puisqu'elle bougeait, tourniquait dans le ventre de sa maman, laissant le plaisir aux garçons de sentir ses petits mouvements. Leurs paumes sur l'arrondissement de son ventre, Azriel et Milo vivaient la découverte pour la première fois de leur nièce de coeur, Beth n'avait su retenir l'émotion, les larmes coulaient sur ses joues mêlées aux rires quant aux suppositions de ses oncles. « J'aime mieux la gymnastique que le skate », lâcha-t-elle en leur accordant un clin d'oeil, eux qui voulaient être aux premières loges de tout le développement de leur petite princesse jusqu'au jour où ils pourraient l'initier à la planche. « Merci », souffla-t-elle quand il lui confirmèrent qu'ils seraient tous les deux toujours là pour elle. Milo, curieux, posa une question qui fit sourire la belle anglaise. Elle joint sa main aux leurs, un regard amusé. « Sans faiblir infâmante douleur. Tu m'étreins jour et nuit tu me courses. À me ronger les chairs à toute heure. Laisse mon pauvre corps en paix, source. De nos peines et de tous nos malheurs. Avec toi je suis devenu tel cet ours. En cage sans défense enragée et sans heur. Je subis tes supplices et demeure sans ressources », récita-t-elle avant de voir l'incompréhension dans le visage de ses deux colocataires. Elle éclata de rire. « Je suis en train de traduire des poèmes pour un client, celui sur la douleur m'a semblé de circonstance en vue de ta question », expliqua Beth avant d'ajouter : « En vrai, ça ne fait pas mal. C'est plutôt comme des petits chatouillis dans l'intérieur de mon ventre. »

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Il pouvait voir les petits ruisseaux sur les joues de la future maman, déclenchés par l’émotion de ce moment, et un doux sourire éclaira ses traits, attendri par ce moment. Un petit rire étreignit le groupe quand Beth assura qu’elle préférait que sa vie fasse de la gymnastique que du skate. Ils ne se doutaient pas encore que ce sujet deviendrait matière à plaisanteries récurrentes une fois que la petite serait née, et durant les mois à venir, jusqu’à ce qu’elle ait l’âge de réellement monter sur une planche. Milo demanda ensuite si c’était douloureux, les petits signes de vies d’Ivy, qui montrait sa présence à coups de pieds. Comme pour dire "hé ho, je suis là, j’arrive", comme si elle aussi voulait participer à leur petite vie de colocation pleine d’amour et de tendresse. Az haussa un sourcil en entendant la tirade que la traductrice offrit comme réponse, surpris par cet éclat de poésie, et les deux jeunes hommes l’observèrent un moment, interdit, avant d’éclater de rire. Beth expliqua l’origine de cette soudaine inspiration. « Nous avons désormais une poète à la coloc’. Prépare-toi Ivy, Maman est trop cultivée, ça va être difficile à suivre. » plaisanta l’italien en s’adressant ensuite au ventre de Beth, comme si le bébé à l’intérieur pouvait comprendre son avertissement. L’anglaise affirma ensuite sur un ton plus sérieux qu’en vérité, ce n’était pas douloureux. C’était bizarre de tenter d’imaginer la sensation qu’elle décrivait, on ne pouvait sûrement pas savoir ce que c’était sans l’avoir vécu.

« Tu déconnes ? Elle sera la plus belle sur une planche, pas vrai ? » demandas-tu à ton meilleur ami pour qu'il confirme tes dires. Oui, vous étiez les deux tontons casse bonbons qui veulent apprendre toutes les bêtises du monde à leur nièce de coeur. En sentant les coups que donnait la petite dans le ventre de l'anglaise, tu demandais si ça lui faisait mal. Et elle te sortait un poème qu'elle venait de traduire, tu écarquillais les yeux en ne comprenant pas grand chose à ce qu'elle était entrain de dire. Lorsqu'elle eut fini, vous vous regardiez avec Azriel sans rien comprendre et vous finissiez par pouffer de rire tous les deux. Mais Beth vous rejoignait en voyant vos regards désespérés. « On a bien l'air d'idiot nous là » dis-tu en continuant de rire. Bon, t'étais pas le plus futé de la bande, c'est sur. Ensuite, elle t'expliqua que ça faisait pas si mal que ça. « Whoaaa, je sais pas si j'arriverai à supporter ça » dis-tu en secouant la tête. T'étais un petit fragile alors avoir un petit dans ton ventre entrain de grandir, tu ne pouvais t'empêcher de penser à la scène dans le film Alien où un extraterrestre sortait du ventre d'un mec. « En tout cas, elle aura tellement de gens qui vont prendre soin d'elle, qu'elle sera jamais seule » dis-tu en regardant Beth tendrement. C'est vrai, l'anglaise avait un entourage assez conséquent et tout le monde serait prêt à s'occuper de sa mini-elle. Toi le premier.

Les voir aussi impliqué dans la vie de la petite Ivy alors qu'elle n'était pas encore née attendrissait Beth dont la vie de jeune maman célibataire n'était pas facile tous les jours alors qu'elle vivait avec le rappel constant que sa petite fille allait grandir sans connaître le bonheur d'une famille de sang unie. Elle n'aurait peut-être pas une maman et un papa amoureux dans sa maison, mais elle aurait une maman remplie de bonheur entourée de deux oncles protecteurs qui l'aimeraient comme si cet enfant était le leur. Et, au fond, c'était le plus important. Ils se bâtissaient leur famille sur-mesure, celle qui les ressemblait, les trois expatriés qui s'étaient finalement trouvés. Et même si les deux garçons feraient sans doute faire les quatre-cents coups à la petite Ivy, il était évident que jamais ils ne leur chercheraient du mal. « Avec un casque. Et des protèges genoux », lança Beth en réponse à Milo, avant de lui répondre par des vers traduits d'un poème tiré tout droit d'un recueil sur lequel elle travaillait depuis quelques semaines, à temps perdu, quand Ivy ne faisait pas la fête dans son ventre. « Heureusement que vous serez-là pour lui remettre les pieds sur terre », fit-elle en tirant la langue lorsque Azriel mentionna qu'elle était trop cultivée et que Milo renchérit en les qualifiants d'idiots. Elle gloussa une seconde avant de porter un doux regard sur ces deux hommes qu'elle considérait comme des frères. « Vous savez que même si je connais la définition de bien des mots, la traduction de bien d'autres, vous êtes toujours plus intelligents que moi. Et bien plus gentils. Et bien plus adorables. Il n'y a qu'à voir comment vous vous occupez de moi depuis que j'ai emménagé ici pour le savoir », finit-elle par leur lancer avec douceur. Milo, lui, les sortit de la profondeur de leur échange sortant une phrase concernant les mouvements d'Ivy dans le ventre de sa maman qui fit rire Beth, d'un rire qui L'empêchait presque de respirer. « Ça tombe bien, t'auras jamais à le vivre. À moins que tu nous caches quelque chose sous ton pantalon », pouffa Beth, toujours morte de rire. « Pas cap' de nous montrer ce qui se cache sous ton froc ! », lança-t-elle à la blague, leur relation n'avait rien de ça. « Heureusement qu'elle vous aura. Je... Je voulais aussi vous dire que je pensais à mettre vos noms dans mon testament comme tuteur légaux.. », finit-elle par avouer, retrouvant son sérieux. « Je sais qu'à notre âge, on ne pense pas à faire des testaments et tout ça... Mais avec le bébé, je n'ai pas vraiment d'autres choix. S'il m'arrivait quelque chose, je ne voudrais surtout pas qu'elle se retrouve entre les mains des services sociaux. »

Il acquiesça avec enthousiasme aux paroles de Milo, quand il parla d’Ivy sur une planche, sourire entendu échangé avec son colocataire. « Clairement ! » renchérit-il avec un clin d’œil à ses colocataires, avant d’hocher sagement la tête aux ordres de Beth. Si tout ce qu’elle demandait était des protections, c’était dans tous les cas déjà prévu et il serait plus facile que ce qu’il n’avait imaginé de convaincre la brunette de placer Ivy sur un skate. Bon, après, elle n’était pas encore née, et mieux valait ne pas trop s’avancer là-dessus. Après les explications de la future maman sur les potentielles douleurs sur lesquelles Milo s’interrogeait, ils se regardèrent tous les deux avant d’éclater de rire. « Les pauvres, elles vont devoir supporter nos neurones manquants. » ajouta l’italien en regardant tour à tour Beth et son ventre rebondi. Les deux filles de la coloc’ qui allaient devoir s’accommoder des idioties des deux tontons, ça allait être du beau, tout ça. Évidemment, c’était sur le ton de la plaisanterie, et la belle traductrice apporta ensuite une réponse plus claire, affirmant que ça n’était pas vraiment douloureux, mais que c’était plutôt une sensation étrange. « Plus gentils, on peut en discuter et je me lancerai des fleurs avec plaisir, plus intelligents, ça ça reste franchement à vérifier. » rigola Azriel pour répondre à sa colocataire. Au final, Beth s’occupait autant d’eux que l’inverse, elle ne se rendait simplement pas compte de tout ce qu’elle leur apportait au quotidien. Peut-être qu’eux non plus ne savaient pas à quel point ils étaient importants pour la jeune femme. Dans tous les cas, il était indéniable que cette colocation n’était basée que sur des liens forts et un grand respect mutuel, toujours. Az éclata de rire quand la future maman charia Milo sur le fait qu’il leur cachait peut-être quelque chose, le taquinant en faisant mine de le mettre au défi de baisser son pantalon. Oui, non, pas de ça entre eux. Un vent de bonne humeur et de rires soufflait sur la petite colocation qu’ils constituaient tous les trois, et bientôt tous les quatre. Beth enchaîna ensuite sur un sujet plus sérieux, et le barman haussa les sourcils, à la fois surpris et profondément touché. « On sera toujours là pour Ivy, quoi qu’il arrive. La bonne nouvelle, c’est que rien ne t’arrivera à toi, donc on est safe et on ne devra pas prendre nos responsabilités trop vite. » plaisanta-t-il avec douceur, pour alléger un peu les propos de la jeune fille et aussi pour détourner l’attention de l’émotion que cette annonce avait provoqué en lui.

« Oui, maman » répondis-tu en hochant la tête lorsque Beth insista sur le casque et les protections pour la petite si vous l’emmenez faire du skate avec vous. C’était prévu bien sur, mais vous aimiez bien taquinez l’anglaise là dessus. Tu joignais ton rire à celui de l’italien après le discours de la jeune maman. « Olalala, pauvres de vous ! » dis-tu en écho aux paroles de ton meilleur ami. Vous n’étiez pas des modèles d’intelligence mais vous étiez gentils au moins, des gars sympas. Et c’est pour ça que la petite fille de ta meilleure amie adorera passer du temps avec ses tontons préférés ! Vous aviez vite intégrés la jeune femme et son petit bidon tout rond à la maison, et c’était une bonne chose finalement parce qu’elle vous avez apporté des choses à tous les deux. Elle aussi, était une bénédiction pour cet appartement et pour vous. « Je ne peux pas être plus d’accord » ajoutas-tu juste après Azriel. Cette ambiance qui régnait dans l’appartement du 13 ne pouvait pas être mieux que celle qui était là. Une famille, celle que vous aviez choisi, celle qui vous aidez en Australie, vu que vous étiez tous les trois des étrangers. L’italien, l’anglaise et le français. Tu exprimais ensuite à tes colocataires le fait que tu n’avais pas envie de vivre ce que la brunette était entrain de vivre avec son ventre qui grossissait à vitesse grand v. « Ne me défies pas, tu sais que j’en suis capable » dis-tu à Beth en lui faisant un regard de pervers alors qu’elle était entrain de rigoler. Puis la conversation tourna plus au sérieux que précédemment. En effet, la jeune maman vous spécifia qu’elle allait noter vos noms pour la garde de la petite s’il lui arrivait quelque chose. Tu étais si touché par ce qu’elle venait de dire, d’officialiser. C’était tout ému que tu t’allongeais près d’elle, ta tête collée contre son ventre pour essayer d’entre la petite. « T’en fais pas, bébé Ivy, il n’arrivera jamais rien à maman » dis-tu comme dans un murmure pour rassurer le bébé qui n’avait rien entendu, bien évidemment. Mais c’était histoire de ne pas montrer comment tu étais touché par cette déclaration, comme Azriel pouvait l’être, lui aussi.

Assise sur le canapé, à écouter ses deux colocataires parler, Beth guettait leurs réactions quant aux mises en garde sur la sécurité à adopter s'ils comptaient emmener la petite Ivy sur leurs planches roulantes. Elle parlait casque, protèges coudes, protèges genoux comme bulle de protection pour l'enfant à naître. Azriel hochait la tête sagement aux consignes de la future maman, alors que Milo, lui, taquin, laissant un commentaire venir titiller l'humeur de Beth. « T'as dit quoi ? », demanda-t-elle vexée qu'il se moque d'elle ainsi, résultat des hormones qui lui jouaient des tours. Elle piétina le pied de son meilleur ami, l'écrasant jusqu'à ce qu'elle soit certaine qu'il ait eu bien mal. « Ça t'apprendra à te moquer de moi ! », décréta la brune avant que la conversation de dévie sur lequel d'entre eux était le plus chanceux de s'avoir. « Mais c'est vrai que pour emmener ma fille sur une planche sans protection, ouais, on peut dire que votre intelligence est plutôt basse », se moqua gentiment Beth en tirant la langue. Ils le savaient, ses colocataires, à quel point elle les aimait, à quel point elle les estimait et à quel point elle leur en était reconnaissante. Aujourd'hui, elle ne faisait que se moquer gentiment d'eux, entrant dans les plaisanteries que tous les trois alimentaient, trouvant la légèreté dans leur échange et les rires qui s'y mêlaient. À ce sujet, de nouveaux rires viennent se mêler à leur conversation alors que Beth défiait Milo de leur prouver qu'il était bien un homme, en baissant son pantalon. « Pas cap, pas cap ! », insistait-elle en riant. Il n'y avait clairement rien d'ambigu là-dedans et voir Milo nu n'était pas un fantasme non avoué, Beth se tapait un délire avec ses copains de façon très inoffensive et quand on connaissait leur dynamique, il était facile de comprendre. De l'extérieur, cependant, ils donnaient peut-être l'impression de se chercher. Après ce fou rire qui leur fit tous du bien, Beth retrouva son sérieux, parlant de la décision qu'elle avait prise dans les derniers jours. Le fait d'avoir un enfant, une personne à sa charge, c'était de prendre ses responsabilités légales et d'adulte en main. Vingt-cinq ans, c'était tôt pour penser testament et tuteur, mais il le fallait au cas où il lui arrivait quelque chose. Les deux garçons n'ajoutèrent pas grand-chose à l'annonce de l'Anglaise, mis à part qu'il n'arriverait rien à Beth pour les forcer à devenir des adultes responsables (looooooooooool, ils ont rien vu encore ). « Tu me chatouilles ! », cria Beth en se tortillant alors que Milo parlait à son ventre. « C'est vraiment parce que je vous aime que je tiens à ce que vous soyez ses tuteurs... », ajouta-t-elle avec émotion. « Bon, ça y est, je vais chialer, encore ! Quelqu'un me passe les cornichons ? », gloussa-t-elle entre ses larmes.

Riant avec bonne humeur devant l’échange taquin entre ses deux autres colocataires, Az secoua la tête en feignant un air navré. « Heureusement qu’Ivy est pas encore là, j’aurais trois gamins à gérer, avec vos bêtises. » lança-t-il, une expression taquine et moqueuse sur le visage. Leurs plaisanteries et autres petites piques étaient toujours bon enfant, c’était ainsi que ça roulait, à l’appartement numéro treize. Et si une nouvelle petite bouille allait bientôt venir bousculer leur quotidien, rien n’indiquait que cela changerait quoi que ce soit à leur dynamique, que du contraire, ça ne ferait que renforcer leurs liens. Si Milo et Az n’avaient techniquement aucun lien de parenté avec le petit être qui grandissait dans le ventre de sa maman, ils étaient aussi excités que des membres de la famille proche de la voir débarquer. Ce ne serait pas de tout repos, mais ils avaient signé pour ça, sans une once d’hésitation, quand la jolie anglaise était arrivée ici. Ils formeraient une famille, atypique c’est sûr, mais pleine d’amour et de bienveillance, et c’était tout ce qui comptait. « On t’aime aussi, sweetie. E amiamo anche quel bambina. » répondit-il avec tendresse, terminant dans sa langue natale en posant un regard plein de douceur sur le ventre rond de la traductrice. Si la question des enfants ne s’était encore jamais posée pour l’italien, il savait cependant qu’il en voulait un jour, et que le feeling passait bien avec eux. Il aimait s’en occuper, il aimait leur présence et leur sourire, et il était capable de gérer leurs pleurs et leurs bobos. Et il ne découvrirait qu’à l’arrivée d’Ivy dans leur vie à quel point. Beth céda elle aussi à l’émotion, arrachant un sourire à la fois amusé et empreint d’affection au barman, qui se pencha pour prendre le pot de cornichons d’une main et le tendre à la future maman. « Ça va, tu nous fais pas encore des mélanges trop bizarres avec la nourriture jusqu’ici, je trouve. » fit-il remarquer sur le ton de la raillerie, provocant la brune du regard avec un sourire en coin.