don't you see the starlight? don't you dream impossible things? (vega)

Vous aviez bu toutes les deux et toi, tu titubais Alma. T’as jamais eu beaucoup d’équilibre, mais une fois que t’as quelques verres dans le nez, tu vaux pas grand chose. Tu rigoles et tu glousses comme une poule, juste de penser à la chose et tu rigoles encore plus. Tu ouvres la porte du bureau de ton père. « Attends, j’crois que y’a du scotch dans un des tiroirs! » T’exclames-tu alors que tu manques de faire tomber une lampe, une chaise et un tas de livres. « Chuuuuuut! » Dis-tu à ton amie qui t’accompagne dans un truc de malade. Plus d’alcool? Pas de problème, le bureau de papa est à côté, y’a personne et t’as une clé de secours en plus des codes que tu connais bien. Évidemment... C’est ta date de naissance, bordel! S’il fallait que tu l’oublies... T’attrapes la main de ton amie et tu t’assois sur le bureau imposant de ton paternel. Tu te racles la gorge et tu l’imites. « Bonjour cheeeer ambassadeuuuur! »  Tu tousses tant tu ris.

J’avais bu et pour une fois je n’avais fait que ça. J’avais quelques trucs de planqués dans mon sac, comme à chaque fois qu’un truc mondain m’attendait mais ce soir là j’ai laissé les petites pilules à leur place. J’étais avec Alma. Elle était un peu comme moi, les grands dîners chics où tout le monde fait propre sur soi, ça ne l’enchantait pas vraiment il me semble. Moi je trouvais ça sympa de manger des trucs chers dans des assiettes bien blanches mais il fallait bien se tenir et surtout pas ternir la réputation de papa. Faire croire à tout le monde que tout le monde va bien dans le meilleur des mondes. Avec Alma on est parti à un moment, après avoir bu trop de champagne pour notre âge. Il y avait des trucs plus fort dans le bureau de son père, soit disant. On est entré sans discrétion mais les invités étaient loin, personne pouvait nous entendre. On arrêtait pas de rentrer dans des meubles parce qu’on n’arrive pas à marcher droit. Je rigolais sans me gêner, je n’avais plus de filtre de toute façon. Alma m’a dit de me taire et je lui ai répondu « Personne peut nous entendre ça vaaaa. » Elle s’est assise derrière le bureau de son père et a commencé à l’imiter. Je me suis à nouveau mise à rigoler avant de reprendre mon sérieux pour imiter à mon tour mon père, en exagérant au maximum. « Bonjour très cheeeeer sénateur, comment allez-vous en cette magniiifique journée ? » Je continuais à rire avant de regarder autour de moi. « N’empêche c’est franchement classe ici ! »

Tu te sentais mal parce que ton amie était un peu plus jeune que toi et tu l’entraînais dans tes délires. D’un côté, tu te tapais sur la tête parce que t’étais une mauvaise influence, une mauvaise amie, ses parents devaient te détester. Puis, t’avais l’autre côté... Celui qui te disait que si ce n’était pas toi, Vega en profiterait sans doute pour être avec quelqu’un d’autres et faire le même genre de trucs. Autant que ce soit toi... Puis après, t’es pas éternelle donc on s’en fout un peu de tout ça, tu te feras pardonner n’importe quoi. Vega te répond que personne peut nous entendre et tu pouffes de rire. Elle a raison dans un certain sens. « Le silence ça donne un truc de ouf en plus! » Dis-tu avec un hoquet, t’es complètement ivre, Alma. Tu comprends même pas encore comment tu tiens sur tes escarpins. « Cette magniiiiifiiiique journée est... » Tu réfléchis parce que tu sais pas trop comment elle va cette journée. « distinguée! » trouves-tu finalement comme qualificatif totalement déglingué! « Que me vauuuut l’honneur et le délectable plaisiiiir de votre visite, cher ami? » Répètes-tu avec le pire des accents jamais inventés! Vega s’arrête pour observer et tu t’arrêtes aussi en manquant de tomber. Tu hausses les épaules à son commentaire. « J’sais pas... J’trouve que ça fait glacial. » Dis-tu sans freiner tes pensées. Tu te relèves du bureau et tu pars en quête d’alcool. T’ouvres un placard et tu trouves des vêtements. « Mais pourquoi il se garde des vêtements ici? Il en a plein à la maison?! » Tu te tournes vers Vega en espérant une réponse ou un truc crédible, mais t’as peu d’espoir, écorchées comme vous êtes.

Je savais que ce n’était pas très raisonnable de boire autant, surtout à mon âge. C’était mal vu tout ça mais j’avais appris à être discrète, à faire comme ci j’étais sobre autour des gens distingués puis à aller aux toilettes pour vomir et revenir le plus naturellement du monde. Il m’arrivait de prendre des trucs plus forts que de l’alcool, juste pour faire passer ces dîners atroces un peu plus rapidement. C’est les plus vieux, encore plus habitués que moi qui m’avaient initiés. Je les avais écouté, petite enfant innocente que j’étais. Là, avec les coupes de Champagne qui s’accumulaient dans mon estomac, je me retrouvais dans le bureau du père d’Alma, avec cette dernière. Elle m’avait traînée là et j’étais bien contente d’échapper aux discussions pompeuses où tout le monde essayait de montrer qu’il a la plus grosse d’un air distingué. Je pouffais de rire toutes les dix secondes et encore plus lorsque mon amie parlait. Je trouvais le bureau sympa, classe en tout cas et elle, elle le trouvait glacial. C’est vrai aussi. Mais j’ai toujours trouvé que les maisons des riches étaient froides, trop bien rangées, trop propres, trop grandes, trop vides. Alma commença à ouvrir les placards pour chercher de l’alcool. Je m’affalais sur un siège pour avoir un peu moins la tête qui tourne. « Ouais mais t’imagines, faut traverser touuuute la maison pour changer de caleçon, c’est ultra chiant quoi ! » C’est la seule explication que je voyais à ça. Je me levais ensuite à mon tour pour ouvrir d’autres placards. Pas d’alcool à l’horizon. En ouvrant un placard je faisais tomber tout un tas de papier qui venait s’étaler sur le sol. « Oh merde ! » Je mis un temps avant de me baisser pour tenter de tous les ramasser.

La discrétion faisait parti des mots d’ordre à retenir lorsque t’as de la famille dans le milieu public. Tu rigoles, tu fais des conneries, mais tu te fais surtout pas prendre. Surtout pas. Dans tous les cas, toutes les deux vous vous évadiez rapidement. Si c’était sous prétexte de vous faire une beauté, vous faisiez sensiblement n’importe quoi. Tu cherches l’alcool et tu n’abandonnes pas tes recherches. Elle te fait pouffer de rire en te faisant part qu’une grande maison c’était fort pénible. « Pour vrai, tu trouves que ma maison est grande? J’suis sure que celle de tes parents doit en faire le triple! Tu sais ce sera quand le prochain souper chez vous? » Que tu demandes avec un petit sourire en te promettant intérieurement d’apporter des petits cadeaux. Tu vois les papiers s’éparpiller sur le sol et tu échappes un « Shit. » Avant de te mettre à rire. « T’en fais pas, c’est pas bien grave. » Dis-tu avec un sourire en t’accroupissant pour tout ramasser avec elle, tu vois des papiers avec le nom de Tessa, ta soeur. « Hey, attends donc un moment avant de tout replacer... » Que tu glisses doucement en te remontant droite comme une barre. « Ce sont des trucs sur ma sœur. » Que tu dis en regardant Vega droit dans les yeux.

Ma maison aussi était grande, c’est vrai. Enfin plutôt l’appartement penthouse que nous avions à Sydney. Pas une maison, certes, mais vu la taille qu’il faisait, c’est tout comme, il fallait juste prendre un ascenseur pour monter jusqu’à lui. « Je sais plus trop….mais dans pas si longtemps ! Tu verras ! » dis-je excitée à l’idée de passer un nouveau repas en sa compagnie, bien moins ennuyeux que ce dont j’avais l’habitude. Surtout qu’on ne se voyait pas beaucoup, habitant chacune à l’opposé du monde. Au final je crois que j’avais plus d’amis habitant un peu partout dans le monde grâce aux dîners diplomatiques de mon père, que d’amis là où j’allais à l’école. Je n’ai jamais trop réussi à m’y intégrer, trop de messes basses, tout sur les apparences, pas mon genre. En ouvrant un placard au hasard, je fais tomber tout un tas de papiers que je commence à rassembler avant qu’Alma ne me stoppe. Ce ne sont pas des papiers random inutiles mais ils concernent sa sœur. Je ne connaissais pas trop son histoire mais j’imaginais bien que cela ne lui était pas sans intérêt. « Tu veux regarder des trucs en particulier ? » lui demandais-je pour savoir si certains papiers l’intéressaient plus que d’autres.

Vega te rassurait en te disant que la prochaine fête qui se déroulerait chez elle arriverait bien assez rapidement pour ton impatience à toi. Tu prenais goût à la vie de luxe lorsque t’étais avec Vega, tu prenais goût à tout ce bordel parce que tu savais qu’elle était comme toi à détester ce genre de trucs. Elle ne tardait pas à faire tomber des paperasses qui semblaient sans importance en apparences. Tu t’accroupissais pour regarder les quelques trucs concernant Tessa. Tu déglutis avec difficulté en lisant certains virements bancaires vers son compte à elle... Des versements récents et d’un bon montant. Tu relèves les yeux vers Vega. « V, j’crois que ma sœur est vivante. » Dis-tu d’un trait, surprise sans trop savoir si c’était une bonne nouvelle. « Pourquoi mon père cacherait les papiers ici? ... Pourquoi mon père me cacherait que ma sœur est vivante? » Que tu lui demandes comme si elle détenait toutes les connaissances de l’univers alors qu’elle apprenait en même temps que toi que non seulement, tu avais une sœur, mais qu’en plus elle était vivante. Tu déglutis et tu te laisses tomber sur les fesses. « J’y crois pas. »

Je vois à sa tête qu’elle ne s’attendait pas à tomber sur ça et que ce qu’elle lit ne la laisse pas indifférente. Quand elle me lâche que sa sœur est vivante, je ne sais pas quoi lui répondre. Déjà j’ai bu donc je n’arrive pas bien à analyser tout ce qu’elle me dit et en plus de ça je ne sais pas tout de sa vie. Je me retourne donc pour cherche avec plus de rapidité qu’avant, la cachette secrète d’alcool. Je vois qu’Alma se pose beaucoup de questions et au même moment je tombe sur l’endroit où plusieurs bouteilles se cachent. J’en attrape une que je donne à mon amie alors qu’elle s’assoit par terre, abasourdit. « Tiens, prend ça. » Je ne sais pas trop quoi lui dire de plus. Je m’assoies à côté d’elle pour la prendre dans mes bras. « Tous des cons. » Je finis par lâcher.

D’un côté, tu tentais de te rassurer en te disant que tu découvrirais pas que t’as une sœur cachée à toutes les semaines. Ça, c’était vachement rassurant mais en même temps, est-ce que t’étais obligée d’être rassurée à ce propos? Personne n’apprenait ça toutes les semaines. Dans peu de temps, t’allais avoir une fratrie de 12 enfants dont 3 ou 4 allaient avoir la même maladie que toi. Tu apprenais que ta sœur ainée était vivante et quelque part, tu te réjouissais, mais de l’autres tu te demandais si vraiment... elle l’était! T’avais vécu seule si longtemps dans ta vie, en ignorant qu’il te manquait un morceau et pourtant, tu le ressentais. Tu regardes Vega chercher de l’alcool en soupirant, t’es sous le choc. T’attrapes la bouteille que ton amie te tend. « J’sais pas si j’ai besoin d’une grosse quantité pour oublier tout ça ou plutôt parce que je veux pas le savoir. » Tu soupires et tu te laisses aller à la caresse que ton amie te fait. Ouais, tous des cons. Mais tu sais pas si t’es prête à laisser sortir les mots de ta bouche. « Tu crois qu’elle est vivante, qu’elle va bien? » Que tu demandes à Vega.

Elle est sous le choc et même si je n’avais pas vécu ça, je comprenais. Je ne me doutais pas à ce moment là que peu de temps après j’allais apprendre que ma famille parfaite ne l’est pas vraiment et que mon père s’amuse à batifoler à droite et à gauche, sans en toucher un mot à ma mère. Je ne pensais pas à ce moment là qu’on pouvait cacher tant de secrets à sa propre famille, à ses propres enfants, je serais bien déçue. Je ne savais pas trop quoi dire à Alma, je ne suis pas la meilleure pour réconforter les gens et je ne sais même pas si des mots pourraient la réconforter à ce moment-là. Elle attrapa la bouteille que je lui avais tendu. Elle me demanda si je pensais que sa sœur était encore vivante. « J’sais pas, tu crois qu’elle serait où si elle était vivante ? » Je lui demandais alors en me demandant comment il était possible de cacher un enfant, surtout lorsqu’on est quelqu’un d’important et que les journalistes ou opposants sont prêts à tout pour nous faire tomber.