will you come back? no one knows (belmo)

Elmo se contenta de rire à la réplique de Bella à propos des parcs souillés. Il savait fort bien que maintenant qu’elle avait eu réponse à sa question et que la réponse était bien moins romantique que prévu, ils n’iraient évidemment pas visiter ce genre d’endroit. Ça ne faisait partie des plans ni de l’un, ni de l’autre. Honnêtement, s’il n’en faisait qu’à sa tête, Elmo ne perdrait pas d’heures de route avec Bella pour lui faire découvrir la beauté du pays. Heures durant lesquelles ils seraient obligés d’être assis à une distance raisonnable, puisqu’ils allaient devoir respecte la distance entre les bancs de la voiture. Heureusement que leurs mains se retrouveraient à quelque part à mi-chemin, par-dessus les tasses à café insérées dans les porte-gobelets. Non, si Elmo n’en faisait qu’à sa tête, ils resteraient dans les environs, à se prélasser sur la plage, leurs jambes s’entortillant et bronzant selon les courbes de leurs embrassades. Ce ne serait toutefois pas juste pour Bella qui devait en avoir pour son argent, et pour tout son temps de vol, aussi. Puis, il faut dire, Elmo souriait d’avance à l’idée de voir les yeux de Bella s’agrandir devant la beauté des paysages et des monuments italiens. Rien que pour ça, il ferait le tour du pays. « C’est pas cool comme défi si on sait déjà très bien l’un comme l’autre que j’arriverai même pas à tenir jusqu’à demain matin. » Avoua-t-il avec un sourire au coin des lèvres. En plus, c’était la nouvelle année, cette nuit. Allait-il réellement la débuter en demeurant sagement dans son lit alors que la femme qu’il désirait tant dormirait à quelques portes de là ? C’était inconcevable, surtout pour un homme comme Elmo. Chaud et impatient. En plus, il savait trop bien que ce défi de lui résister, de se passer d’elle pendant longtemps, ils allaient le vivre bien malgré eux, dans les prochaines semaines. Quand elle repartirait et que lui resterait ici. Ce soir, donc, et tous les autres soirs, le jeune homme comptait profiter de ces moments précieux avec la brunette. Cette nuit, quand tout le monde dormirait à poings fermés, eux réinventeraient le monde. Leur monde. « Hé ! J’sais tenir mon alcool … quand j’en ai envie … » Il rit. Il était connu, l’italien, pour terminer les soirées dans des états des plus déplorables. Il n’était jamais à son meilleur, Elmo, au moment du last call. Mais il était aussi vrai qu’il savait tenir quand il le voulait. Il ne le voulait que très rarement, c’est tout. Après avoir feint d’être outré après avoir été qualifié de too much, le jeune homme rit de bon cœur, parfaitement au courant de tout ça, et poursuivit la visite de la villa. La conversation dans sa chambre prit une tournure des plus louches alors que Bella parlait de ses relations payantes. « J’aime pas imaginer qu’des gens paieraient pour t’avoir. C’est vraiment pas une image que j’aime avoir. » Lança-t-il pour mettre fin à cette blague qui ne faisait que lui donner des pensées déplaisantes. D’ailleurs, pour montrer ce petit côté jaloux et protecteur qui montait en lui, il s’approcha même d’elle pour la serrer contre lui, comme pour montrer qu’elle était à lui, en quelque sorte. Elle que ne se vendait à personne, encore moins à lui. L’Italien haussa les épaules à la question de Bella, à propos de son bonheur. « Je ne sais pas encore. » Avoua-t-il. Il aurait aimé dire que c’était elle, la pièce manquante, mais tout était tellement confus dans sa tête. Il ignorait de quoi demain était fait. Et maintenant que Bella était ici, avec lui, il avait encore moins envie d’y songer. Il voulait vivre l’instant présent, puisque peut-être que tout changerait trop vite. « Mieux, oui. » La rassura Elmo. « Tu n’resterais pas ici tout au long de ton séjour si j’te traitais comme j’ai traité ces filles. Et j’veux que tu restes le plus longtemps possible. » Elle aurait donc le droit à la totale, le traitement royal. Et pas que de sa part, non. Sa famille lui avait bien fait comprendre qu’elle aussi lui déroulerait le tapis rouge. D’ailleurs, ils les attendaient en bas. Brisant ces rapprochements excitants, enivrants. « Je n’oublierai pas. Je reprendrai exactement là où j’en étais. » Il l’embrassa une dernière fois, avant de revenir à la terrasse. Les couleurs du ciel se faisaient plus chaudes en prévision du coucher du soleil. Le père et la mère d’Elmo se lancèrent dans un long discours, qu’ils s’efforcèrent de traduire en anglais par moments, par respect pour leur invitée d’honneur. Puis, tous lancèrent un « Salute ! » avant de prendre une première gorgée de la coupe – bien que ce ne fut pas la première de la journée. La soirée passa, des employés du traiteur passèrent entre les invités pour présenter de hors-d’œuvre qui leur remplirent l’estomac, ce qui était important en raison de toutes les coupes de vin et autres alcools qui passaient également sur des cabarets. Elmo venait de poser son veston sur les épaules de Bella quand le décompte de minuit approcha à vive allure, augmentant la fébrilité de tous.

Elle imaginait Elmo adolescent. La même gueule séduisante, le même sourire charmeur, la même façon de faire craquer les filles, seulement cinq ou six ans de moins au compteur. Elle l'imaginait roi de son école secondaire, garçon populaire, sportif, connu de tous, les filles fantasmant toutes sur lui, écrivant le numéro de son chandail dans leur cahier de cours, s'imaginant porter son nom de famille dans un mariage fictif typique des filles de cet âge. Elle l'imaginait briser des coeurs, malgré lui, parce que sa popularité lui amenait bien des conquêtes, mais aussi par manque de maturité et de capacité à se contenter que d'une fille à la fois, ce qu'il avait expérimenté jusqu'à sa vie adulte. Et elle l'imaginait, oui, amener ces filles dans les airs de jeux, se poser sur le haut du toboggan ou du pont cylindrique, s'isoler de leur groupe d'ami pour profiter d'un peu d'affection. Évidemment que ces lieux ne faisaient pas partit des désirs de découverte de la Costaricaine, c'était surtout pour se moquer gentiment de lui. Avec un peu plus de sérieux, cette fois, elle posa un doux regard sur lui, juste avant qu'il ne la guide dans sa grande maison pour lui faire visiter la propriété, à quoi elle ajouta : De tout ce qu'il y a à voir en Italie, c'est surtout toi que je suis venue chercher. C'était peut-être d'emblée trop expéditif, pas assez subtil. Seulement, la subtilité, en prenant l'avion pour venir le rejoindre jusqu'ici, pour le surprendre et passer la fin d'année ensemble, Bella l'avait déjà perdu en entier. S'il s'était montré réticent à leur nuit d'intimité du BigSound, croyant à une déclaration d'amour alors que la brune ne s'était que laissé emporté par l'envie et l'effet qu'il avait sur elle, en cette fin d'après-midi presque tirée d'un film romantique dont l’héroïne finissait par rejoindre son prince charmant, Elmo ne semblait plus apeuré par les marques d'affection, criant quasiment devant sa propre famille qu'il ne pourrait résister à son amante. Demain matin, c'est généreux, lâcha la brune dans un clin d'oeil. Elle se la jouait au plus fin, elle qui serait la première à fondre sur lui le soir venu. Et tous les deux le savaient, qu'ils ne pouvaient se résister encore bien longtemps. Pourtant, ils le faisaient, procédant à la visite des lieux, pièce par pièce, jusqu'à s'enfermer dans la chambre de son adolescence où la conversation prit un tournant plus sérieux. Bella le questionna sur les raisons qui entouraient son départ, décrétant que de toutes les belles choses qu'il avait ici, il avait tout de même choisi Bowen, Elmo lui expliquant que l'argent n'achetait pas le bonheur. Et bien qu'il avait raison, elle tenta de le faire sourire par une blague qui, au contraire, attisa la jalousie du brun. Il s'approcha de l'étudiante, serrant ses bras autour de son corps comme pour lui faire comprendre qu'elle était sienne, à leur façon, et que les autres n'avaient pas le droit au bonheur de l'avoir. Bella sourit, murmurant un : D'accord, appréciant l'étreinte de son amant l'instant d'une seconde, appréciant son air protecteur, avant de lui demander, plus sérieusement, s'il avait été en mesure de trouver le bonheur en Australie. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui avoue avoir trouvé la clé de son bonheur avec elle. En fait, elle ne savait pas réellement ce à quoi elle s'attendait en posant la question. Bella haussa les épaules, étirant ses lèvres dans un mince sourire. Ça viendra, souffla-t-elle, confiante. Et, pourtant, elle n'avait aucune idée que ce bonheur pouvait être ailleurs qu'à Bowen, ailleurs qu'à ses côtés, qu'il lui avouerait sans doute devoir rester ici, à Sorrento, pour le trouver réellement et que le leur, leur bonheur à deux, celui qui pourrait découler de ce voyage improvisé, serait à mettre sur pause. Et en attendant, j'suis là. Ce n'était peut-être pas ce qu'il lui fallait pour trouver le bonheur, mais elle pouvait très bien s'avérer être un pansement temporaire pour bander les blessures, le lui faire oublier l'instant d'une dizaine de jour en Italie. Elle tentait d'oublier que leur idylle n'était que temporaire, que dans dix jours ils seraient sans doute amenés à se séparer jusqu'à ce qu'Elmo rentre à son tour, lui puissant rester auprès de sa famille un peu plus longtemps, elle ayant l'université à reprendre. C'est ton jour de chance, Santavenere. T'as dix jours complets avec moi, finit-elle par lui rappeler quand il lui mentionna avoir envie qu'elle passe tout son séjour avec lui. Peut-être même plus, si ton vol de retour concorde avec le mien, lança-t-elle, toujours convaincue que la vie à Bowen d'Elmo n'était pas expirée. Après tout ça, ça ne sera pas trop dur de faire comme si on n'était que des amis ?, osa-t-elle demander, anticipant déjà leur retour en ville et les questions que susciterait sans doute leur proximité. Jusqu'ici, ils avaient réussi à tenir leur relation secrète. Mais il fallait aussi dire qu'ils s'étaient retenus, qu'ils avaient su modérer leurs visites. Dix jours complets, tous les deux, c'était suffisant pour leur donner envie de ne plus jamais se quitter. Dix jours à s'embrasser, à parcourir le corps de l'autre, comme à cet instant, alors qu'ils devaient retrouver la famille de l'italien qui les attendait dans le jardin. Ils étaient bien trop occupés à retrouver le goût de leur peau, la douceur de leurs caresses, jusqu'à ce qu'on les rappelle à l'ordre, jusqu'à ce qu'on les force à reprendre part à la fête qui battait toujours à l'extérieur. Je l'espère, décréta Bella alors qu'il lui promettait de reprendre là où ils en étaient. Dans le cas contraire, il me fera plaisir de te rappeler que tu en étais à embrasser ma poitrine, pointa-la brune alors qu'ils retrouvaient le chemin vers la cour arrière où les Santavenera n'attendaient qu'eu pour entamer un discours de bienvenue, discours ponctué de quelques phrases dans un anglais teinté d'un accent italien prononcé, attention que la brune trouva charmante avant que la fête ne soit à nouveau lancée. Ils burent du vin et du champagne, mangèrent comme des porcs, jusqu'à se sentir rond comme un ballon, Bella convaincue qu'elle avait prit trente livres en à peine quelques heures. Le soleil s'était couché sur une famille festive, le décompte de minuit s'apprêtait à être lancé, la fraîcheur de la nuit se faisait ressentir alors qu'Elmo posa sur les épaules de sa douce son veston. Elle lui lança un furtif regard, sous les regards attentifs de sa famille de substitution. Monsieur et madame Santavenere s'approchèrent du duo alors que des invités lançaient déjà le décompte. En choeur, ils prononcèrent les derniers comptes. ...3, 2, 1, bonne année, s'écria Bella alors que les autres l'avaient dit sur le même ton, mais dans leur langue natale. Ils commencèrent à s'embrasse, à se prendre dans leurs bras, tous. Bella se tourna vers Elmo, les joues rougies par le champagne, mais aussi par la contiguïté qu'elle avait avec lui. Elle s'approcha de son oreille pour lui faire un souhait personnalisé. Je te souhaite de trouver le bonheur, cette année. C'était en référence à leur conversation dans sa chambre, à ce bonheur qu'il n'avait pas encore trouvé et qu'elle lui souhaitait convoiter. Bella recula d'un pas, les parents d'Elmo qui s'approchaient de leur fils pour le serrer dans leurs bras, elle qui n'avait pas encore eu le temps de lui offrir son premier baiser de l'année. Veuillez m'excuser, lança-t-elle, les laissant un instant en famille. Elle s'écarta, attrapa son téléphone cellulaire dont le fuseau horaire était encore relié à Bowen, dix heures de moins. Et alors que toute la famille de son amant célébrait, elle composa le numéro de la maison, pour elle aussi passer l'amour à sa propre famille. Bella resserra le veston d'Elmo contre elle, sa mère qui lui avait répondu dans un ton peu enjoué, en colère que sa fille ne l'ait pas informé de son séjour en Italie plus tôt, en colère qu'elles soient séparées pour la nouvelle année. Quand elle raccrocha, Bella sonda la scène, en retrait.

Les avions en papier comportant des demandes du style veux-tu être mon amoureux ? Oui _ Non _, les lettres anonymes glissées dans son casier, les regards et les sourires lancés au détour de chaque couloir. Elmo en avait vu de toutes les couleurs avec les filles, c’est vrai. Il n’aurait su dire si c’était en raison de son six pieds précoce, de son sourire particulier et de ses cheveux en bataille ou encore à cause de son côté sportif, mais Elmo n’avait même pas eu besoin de lever le petit doigt pour s’attirer toute cette attention. Sans même faire d’efforts, il était devenu l’un des mecs les plus populaires, autant à la petite école qu’au lycée. Heartbreaker malgré lui ? Non, quand même. Il y avait mis un peu du sien, là-dedans. Et son immaturité sentimentale l’avait suivi longtemps, encore aujourd’hui d’ailleurs on ne pouvait pas dire qu’Elmo projetait vraiment l’image d’un homme prêt à s’engager. « Tu dis ça maintenant mais … quand t’auras vu toutes les statues romaines masculines, ce sera une autre histoire. » Répondit Elmo pour se moquer, autant d’elle que de lui. Évidemment, il savait que Bella trouverait le moyen de lui prouver le contraire. Il n’avait pas de mal à croire, au fond, qu’elle délaisserait bien assez vite les paysages italiens pour se consacrer à leurs retrouvailles impatientes. Si elle avait parcouru tout ce chemin dans le plus grand des secrets, pour lire la surprise sur son visage, c’était parce que c’était Elmo qui était important. Le reste n’importait pas. Cela donnait quelque peu le vertige à l’italien, surtout parce qu’il n’avait aucune idée de la suite des choses, mais il n’avait pas envie de tanguer de droite à gauche pour le moment. La chute était inévitable mais pour quelques jours, il garderait la tête haute et feindrait l’équilibre. Juste pour voir le plus possible naître des sourires sur le visage de Bella. Il sourit quand elle le qualifia de généreux, à propos de son délai jusqu’à demain matin. « J’voulais pas avoir l’air trop pressé, quand même … » Admit-il en étouffant à moitié un rire coupable. Il n’était pas avec Bella que pour ça, même s’il fallait avouer que c’était une grande part de leur relation. Après la visite de la villa, les conversations plus sérieuses ou jalouses dans sa chambre d’adolescent, les deux amants revinrent à la pièce initiale qui accueillerait Bella le temps de son séjour. Lorsqu’elle parla de son vol de retour, il grimaça bien malgré lui. « J’ai pas encore pris mon billet. J’verrai ce qu’il restera comme dates. » Lança-t-il, incertain d’avoir à se construire un horaire autour des disponibilités des avions, incertain de repartir d’ici, là où fond tout était tellement plus simple. Sa vie pouvait être toute tracée, à Sorrento. À Bowen, tout n’était qu’incertitudes et doutes. « Bien sûr que ce sera dur … Faudra réapprendre à être subtils parce que j’ai pas trop l’impression qu’on le sera, dans ces dix prochains jours … » Dit-il avec un sourire qui laissait entrevoir toutes les embrassades, les accolades et les caresses qui les attendaient quand ils partiraient que tous les deux, sur les routes italiennes. Pour le moment toutefois, il fallait mettre ces images-là de côté puisqu’ils étaient appelés à descendre rejoindre les festivités familiales. Il arqua un sourcil en entendant Bella lui dire que lorsqu’ils reviendraient, elle se ferait un malin plaisir à lui rappeler qu’il en était à embrasser sa poitrine. « Tu crois ça, toi … » Il sourit, aguicheur, avant de reprendre ses distances – s’il ne le faisait pas maintenant, il ne le ferait jamais. Ensemble, ils retournèrent à la terrasse, là où il l’avait vue une heure plus tôt débarquer sans prévenir, devant toute sa famille. La soirée passa entre les coupes de champagne et les hors-d’œuvre qui remplirent Elmo bien plus que ce qu’il avait réellement besoin. Puis, minuit approcha, et Elmo se tourna vers Bella, recouverte de son veston pour réchauffer ses épaules dénudées. Le décompte débuta et en chœur, ils crièrent les chiffres. On les entendait même à travers la ville, toutes les terrasses de Sorrento s’emboitant les unes à côté des autres. C’était d’une magnifique cacophonie. « Felice Anno Nuovo ! » Cria Elmo avec un grand sourire, levant sa coupe presque vide dans les airs, avant de plonger son regard dans celui de la costaricaine. Il sourit en entendant le souhait que lui faisait Bella, et à son tour il se pencha à son oreille : « Je nous souhaite de le trouver tous les deux. » Phrase qui portait à confusion, phrase qui était sortie d’entre ses lèvres parce que l’alcool réfléchissait à sa place. Et alors qu’Elmo allait pousser encore plus loin la confusion, désirant poser ses lèvres sur celles de la brunette, ses parents l’interrompirent en venant le serrer dans ses bras. Bella en profita pour s’éclipser, laissant Elmo dans ce flot d’italiens qui vinrent lui souhaiter la bonne année et lui resservir du champagne. Dix minutes plus tard, l’italien fut enfin libéré et il repéra la costaricaine, en retrait, le regard perdu vers l’océan qu’on ne distinguait plus vraiment. Il s’approcha d’elle en silence et vint s’asseoir à côté d’elle. « Tout va bien ? » Demanda-t-il en tournant la tête vers elle, l’air sérieux.

Qu'était-elle venue chercher à Sorrento, fallait-il le dire ? Avait-elle eu réellement besoin de le mentionner ? Qui d'autre que lui l'aurait motiver à faire ces heures de vol pour ne passer que dix malheureux jours à découvrir l'Italie ? C'était ridicule, irréaliste. Pour visiter le pays du romantisme et de l'histoire, il lui fallait bien plus que dix jours. C'était fou, même, de laisser croire que c'était la seule raison alors qu'en fait, c'était pour lui qu'elle y était. Pour retrouver ce sourire qui lui avait tant manqué, ces fossettes qui creusaient sur ses joues, la douceur de ses doigts contre la peau mate de son amante. De la plus douce des façons, elle lui fit comprendre, parce qu'après avoir parlé de tous ces endroits touristiques ou pas qu'il serait prêt à lui présenter, elle souhaitait tout de même lui faire comprendre qu'ils n'avaient pas à tout voir de l'Italie pour la rendre heureuse, que ce qu'elle était venue cherchée était juste devant ses yeux, à l'instant. Elmo, fidèle à lui-même, répliqua à la Costaricaine d'une moquerie qui cachait ses réels sentiments. Elle sourit à sa blague, pour éviter qu'un malaise s'introduise entre eux, aussi parce qu'elle devait avouer que c'était assez drôle. Attention, tu risques de regretter de m'avoir conseillé de m'y rincer l'oeil, souffla-t-elle sur le même ton que lui. Le but n'était pas de le rendre mal à l'aise. Ni de lui donner le vertige. Elle aurait dû savoir, Bella, que c'était trop délicat, qu'il fallait être plus légère avec lui. Il n'était pas prêt. Elle ne l'était pas, elle non plus. Et, au fond, ils ne le seraient peut-être jamais. La fatigue, l'excitation de l'avoir surpris, le sourire qui s'était posé sur le visage d'Elmo quand elle était arrivée, tout ça mis ensemble lui avait fait mal interpréter les signaux. Ça et ce qu'il avait pu raconter à sa famille. Ça lui avait monté à la tête. Bella revint à ce qu'ils connaissaient, les moqueries, leur envie persistante de retrouver la chaleur de l'autre. De laisser passé toute la soirée, c'est déjà généreux, lui confia-t-elle, sans même savoir que quelques minutes plus tard leurs lèvres se retrouveraient, leurs corps se toucheraient à nouveau, avant même la fin de la soirée. Ce qu'ils avaient, quoique cela était, n'était pas que le sexe, non. Mais il n’en demeurait pas moins au centre de leur relation. C'était ce qui avait tout commencé, ils étaient inévitablement attirés l'un par l'autre, comme des aimants, difficiles de se résister. Encore moins quand personne n'était autour d'eux. Mais il y avait tellement plus que ça. Il y avait la sensation d'être comprise, d'être écouté, même quand il répondait par des plaisanteries parce qu'il ne savait pas quoi dire se censé. Il y avait les conseils et les fous rires, toutes ces choses qui caractérisaient bien plus qu'une partie de jambes en l'air. Il lui confia ensuite vouloir qu'elle reste à ses côtés, le plus longtemps possible et qu'ainsi il n'allait pas lui desservir le même traitement qu'aux filles de son adolescence, qu'il lui réservait le traitement de luxe, le traitement Bella. Ce à quoi la brune répliqua être là pour un moment, dix jours précisément, dix jours avec lui. Et voir plus, s'ils décidaient de faire le retour ensemble. Elmo afficha une grimace sur son visage qui fit sourciller Bella, il ajouta ne pas avoir pris de billet de retour encore. Elle hocha la tête, non moins suspicieuse. Ouais, c'est normal, tu veux profiter au maximum de ta famille, fit la Costaricaine. Il répliqua en lui rappelant qu'ils devront apprendre à nouveau à se montrer subtils, à leur retour à Bowen. Bella hocha à nouveau la tête, baissant les yeux un instant, cachant son désaccord. Est-ce que ça valait toujours la peine de se montrer discret, ensemble ? N'allait-elle pas attirer les soupçons sur eux en le rejoignant ici, n'avait-elle pas déjà brisé la possibilité d'être discrets ? Le moment qui séparera ton vol du mien nous sera bénéfique alors, décréta la brune en relevant les yeux vers lui. Elle n'en dit pas plus, ce n'était pas suffisant. Et elle se faisait sans doute des films, encore et toujours, Bella, croyant que ce voyage surprise aurait pu tout changer entre eux. Elle s'était fait les mêmes illusions avec Milo, en pensant qu'elle pouvait le sauver, qu'elle pouvait être la clé à sa désintoxication. Mais elle se trompait, inévitablement. Elle n'était pas la solution, Bella. Il s'était approché d'elle, ses lèvres s'étaient posées dans le cou de l'étudiante, il avait déjà chassé les mauvaises ondes par ses caresses qui, malheureusement, durent s'éteindre aussi rapidement qu'elles avaient commencé, les Santavenere qui se montraient impatients. À moins que tu aies une autre idée, répondit-elle sur le même ton qu'Elmo avant de se laisser guider vers le jardin où ses parents les attendaient pour se lancer dans les grands discours de fin d'année. La soirée se termina par un chant des dix dernières secondes de l'année, la veste de son amant sur ses épaules, un peu trop de champagne dans le corps et une proximité bien trop dangereuse avec l'ex-infirmier. Il leur souhaita le bonheur, de le trouver tous les deux, Bella esquissa un sourire. L'alcool les faisait parler. Il aurait aussi pu les faire s'embrasser, si seulement monsieur et madame Santavenere n'avaient pas pris ce rapprochement comme une invitation à venir leur souhaiter la bonne année. Bella s'était éloignée, non pas sans penser au souhait qu'il leur avait fait, qui ne faisait aucun sens. Son bonheur, c'était lui. Et elle était forcée de le maintenir loin d'elle, encore, parce qu'ils perdaient gros à s'afficher. Bella regardait la mer et les terrasses voisines, les habitants de la ville qui festoyaient encore, son téléphone dans la main qu'elle glissa dans la poche du veston d'Elmo, toujours sur ses épaules, quand il s'approcha d'elle et que sa voix la fit sursauter. Ça va, le rassura-t-elle avec un sourire sur les lèvres, le trouvant bien trop sérieux tout à coup, loin du Elmo qu'il était le plus souvent. Mes parents m'en veulent un peu d'être venue ici pour le nouvel an. Mais ça leur passera. C'est que les Garcia étaient traditionnels, tenaient à leurs réunions familiales comme à des sacrements religieux. Bella observa les Santavenere qui fêtaient au loin. Dix minutes pour des souhaits du nouvel an, t'es un petit veinard, finit-elle par glousser. Ça me met vachement la pression, du coup. Si je veux rivaliser à ça, il faudra que je t'embrasse pendant onze minutes consécutives!

Trêves de plaisanteries sur les statues bien membrées d’Italie et les services payants de Bella, trêves de caresses secrètes alors qu’ils allaient devoir se montrer plus discrets ce soir, les deux amants parlèrent de leur retour à Bowen, dans dix jours. Lorsqu’il avoua ne pas avoir pris de billet de retour, la costaricaine affirma que c’était normal puisqu’il voulait profiter du temps avec sa famille. Il hocha la tête, gardant d’abord le silence parce que les réelles raisons s’embrouillaient dans sa tête. Il ne voulait pas lui dire, pas tout de suite, que cette décision était en fait due à une hésitation quant à son désir de fouler à nouveau le sol australien. Elmo avait besoin, lui aussi, de ces dix journées auprès de Bella. Un souvenir auquel il s’accrocherait peut-être jusqu’à la fin de ces jours, à propos de celle that got away, même si c’est lui au fond qui aurait fui. « C’est ça. Et c’est l’avantage de ne plus être aux études, je n’ai pas un horaire de cours à respecter. » Il esquissa un sourire. Comme s’il avait déjà respecté ses horaires de cours, Elmo. Comme s’il désirait dissimuler encore plus tous soupçons que pourrait éventuellement avoir Bella quant audit vol de retour encore inconnu, l’italien parla de leurs prochaines retrouvailles à Bowen, durant lesquelles ils allaient devoir réapprendre à se montrer subtils ensemble. Elle ne semblait pas apprécier l’idée, et il se tut pour ne pas augmenter le malaise. Elmo dissipa ce dernier à l’aide de caresses et de baisers, rapidement interrompus par les membres de sa famille qui les appelaient d’en bas. Le nouvel an n’attendrait pas après les deux amants maudits. Ils redescendirent donc, enfin, rejoindre la fête sur la terrasse. Toute la soirée, il jeta des regards à Bella quand ils étaient séparés, ou frôlait son corps lorsque la distance le permettait. L’alcool embrouillait son esprit, il avait encore moins de jugement qu’à l’habitude. Leur petit manège ne trompait personne. Pourtant, on ne leur laissa pas quelques secondes pour souffler, au contraire ils furent accaparés de tous bords et tous côtés toute la soirée. Même au moment de se souhaiter la nouvelle année, passé minuit, Elmo fut assailli d’accolades et de bises, pendant une bonne dizaine de minutes on le vola à Bella pour lui souhaiter santé, bonheur et amour. L’amour, il se trouva à quelques mètres de là, assis face à Sorrento et sa brise nocturne. Enfin libéré, l’italien alla la retrouver, soucieux de la voir silencieuse, fermée, le regard rivé sur l’imperceptible horizon. Elle lui assura que ça allait, avant d’expliquer sa soudaine tristesse mal masquée par son sourire. « J’espère qu’ils ne me détesteront pas pour t’avoir volée à eux. » Même si, au fond, c’était Bella qui avait pris cette décision d’elle-même. Elmo s’assit un peu plus proche d’elle encore, la chaleur de leurs deux corps les réchauffant. Il rit à la réplique de la costaricaine. « Ça va, si tu divises par la cinquante d’ivrognes qu’il y a là, ça fait pas trop de temps par individus. Faut leur laisser une chance. » Il rit, avant d’approcher son visage de la jeune femme. « Mais c’est vrai qu’il faut quand même que tu rivalises … en tant qu’invitée d’honneur, je n’en attends pas moins de toi … » Et sur ce, il posa ses lèvres sur les siennes et l’embrassa avec une douceur qu’on ne leur connaissait pas. Il sentit les papillons s’agiter dans son ventre. Fuck, il était bel et bien amoureux.

Évidemment qu'elle n'appréciait pas leur éventuel retour à la réalité. Elle s'était mise elle-même dans un conte de fées, Bella, idée folle de tout planter à Bowen pour le retrouver, lui, celui qui faisait battre son coeur. Malgré les secrets, malgré leur entente. Ça n'avait rien de discret, ça n'avait rien de subtil, ça brisait toutes leurs conventions. Mais qu'est-ce qu'elle s'en fichait, au fond. Elle avait laissé parler son coeur et ses envies, malgré ce qu'ils s'étaient promis. Et maintenant qu'elle l'avait vu, maintenant qu'elle savait qu'il avait pensé à elle autant qu'elle avait pensé à lui, maintenant qu'il avait parlé d'elle à toute sa famille, comment revenir à leur ancien eux ? Alors, oui, ça lui faisait un pincement au coeur de s'imaginer retrouver Bowen aussi seule qu'elle l'avait quitté, non seulement parce qu'il ne prévoyait pas revenir avec elle, mais bien plus tard, mais aussi parce qu'ils joueraient encore un peu la carte du secret de polichinelle. Et si elle avait un pincement pour ces raisons, quelle serait sa réaction quand elle apprendrait qu'en fait, il n'avait pas prévu de revenir, Elmo ? Elle s'efforça de sourire, parce que ce n'était ni le lieu ni le moment pour parler de ce genre de choses. Et Elmo lui fit oublier toute déception en caressant de façon interdite son corps, en lui donnait un avant-goût des dix jours qui suivraient et des tendresses qu'ils pourraient s'accorder. Dix jours, dix jours avec lui. C'était tout ce dont elle avait besoin, finalement, même si les jours suivants seraient douloureux. C'était mieux que de s'interdire à tout jamais. Les deux amants finirent par retrouver la fête qui battait de plein fouet. La famille Santavenere savait s'y faire, ce qui expliquait les gênes d'animal de fête d'Elmo. Elle le reconnaissait dans ses cousins et ses parents, son entregent et son charisme qui les faisait toutes tomber. Ils n'étaient jamais bien loin, bien que parfois arrachés l'un à l'autre. Les tantes d'Elmo avaient des questions, les enfants voulaient jouer, Bella acceptait toutes les interactions avec un sourire charmant sur les lèvres, verre de champagne dans les mains, tentant aussi bien que de mal de faire bonne impression devant cette famille qu'elle voulait ravir. Elle cherchait à être à la hauteur des attentes qu'ils avaient tous envers la fameuse Bella Garcia, elle qui avait réputation avant même d'arriver. Puis, il eut ce moment d'accalmie jusqu'à ce que les cloches de minuit ne sonnent, jusqu'à ce que la nouvelle année ne s'embranche, là où Elmo avait déposé sur les épaules dorées de Bella, dont la chair s'était hérissée devant la fraicheur de Sorrento, son veston avec une affection particulière. À nouveau, la brune avait souri, cette fois avec tellement plus de tendresse puisque ce rictus s'adressait à son amant. Cette risette, alors que l'étudiante était éloignée, à regarder l'horizon sans point fixe, elle l'avait perdu. Un peu, pas totalement. Songeuse, elle sondait l'inconnue de cette ville, alors qu'autour on se réjouissait de l'arrivée d'un nouveau calendrier. Des feux artifices avaient éclatés au loin, le ciel illuminé de toutes petites étoiles créait un tableau à couper le souffle. Et c'est à ce moment qu'Elmo rejoignit Bella, questionna son retrait subit. Elle secoua la tête vivement. Y'a seulement Alejandro qui te déteste, gloussa-t-elle en faisant référence à la surprotection de son frère qui avait presque coûté sa relation avec l'Italien. Il s'était assis è ses côtés, son corps s'était approché de celui de la Costaricaine. Elle avait changé de sujet, ne souhaitant pas noircir leur moment heureux. Tu t'inclut dans les ivrognes ?, plaisanta Bella l'oeil moqueur. Mais Elmo ne riait plus, à présent. Son visage était près, son souffle se heurtait contre le visage de Bella, ses longs cheveux ébène s'envolaient au vent, se plaquaient contre ses joues. Elles se mêlèrent à leur baiser, douceur qui se posa contre la chair de ses lèvres, le feu qui naissait au fond de son ventre. Le veston qui abritait ses épaules tomba contre son assise, alors que Bella venait poser ses paumes sur le visage d'Elmo pour l'emprisonner afin de faire durer leur étreinte un peu plus longtemps, juste assez pour lui donner le tournis, juste assez pour rougir ses joues, oubliant qu'autour d'eux il y avait ces témoins de leur affection. Bella éloigna son visage de celui d'Elmo, l'instant de réaliser qu'elle était foutue. Elle l'aimait bien trop à présent pour faire semblant. Elle l'aimait bien trop pour taire ses sentiments. Mais comme si elle n'avait pas envie de faire face à tout ça maintenant, elle choisit la diversion. J'espère que c'était suffisant pour rivaliser. J'étais un peu rouillée. Elle aurait voulu quitter la fête, reprendre là où ils avaient laissé leurs caresses dans la chambre de l'Italien. Mais ça aurait été impoli. Au contraire, ils retrouvèrent les invités. Petit à petit, les Santavenere tombèrent comme des mouches. Quelques soldats abandonnèrent la bataille, retrouvèrent le chemin vers leur maison ou leur chambre d'invité, ne laissant que sur la terrasse que les plus tenaces. Bella et Elmo étaient en discussion avec les hôtes de la soirée quand la Costaricaine adressa la fête qui prenait fin. Je vous aide à tout ranger ?, demanda Bella en attrapant quelques couverts sales, à l'égard de la mère d'Elmo. C'était ce qu'elle faisait, chez elle, alors que les invités quittaient. « Et si tu allais te reposer un peu ?, proposa la dame en attrapant la main de celle qui était venue rejoindre son fils, un sourire tendre sur ses lèvres. Tu dois être exténuer après ces heures de vol. Elmo, tesoro mio, accompagne Bella à sa chambre. » Mais, au fond, elle leur donnait sa bénédiction, elle qui avait été témoin de leur échange amoureux.

Alors que Bella évoqua son frère Alejandro, Elmo leva les yeux au ciel avec un léger rictus. « Ouais … » Se contenta-t-il de répondre en secouant doucement la tête, n’ayant toujours pas ramené ses yeux à une hauteur normale puisque son regard s’était perdu dans l’immensité du ciel. Que c’était beau, ces étoiles peintes sur la noirceur de la nuit, avec les derniers feux d’artifices qui éclataient à l’horizon. C’était d’une telle romance que l’italien ne répliqua rien à propos du frère surprotecteur de Bella. Il n’avait pas du tout envie de penser à lui, en ce moment. La costaricaine reprocha moqueusement aux Santavenere d’avoir accaparé toute l’attention d’Elmo dans les dix dernières minutes, pour d’interminables souhaits que l’italien défendit sans manquer de les traiter d’ivrognes cependant. Ivrognes qui incluaient peut-être Elmo, un petit peu, oui. Il rit. « Si j’ai oublié le nombre de flûtes de champagne que j’ai bues, ça fait de moi un ivrogne ? » Demanda-t-il innocemment, avant de passer aux choses sérieuses en embrassant Bella, à la fois loin des regards, à la fois à découverts pour les curieux. Jamais il ne s’était aussi peu soucié des autres. Il avait envie de vivre ce moment avec la jeune femme depuis qu’elle avait posé les pieds sur la terrasse de la villa un peu plus tôt aujourd’hui. Il s’abandonnait enfin à ce désir. Alors que le veston glissait des épaules de Bella, elle glissait ses mains sur les joues d’Elmo pour emprisonner son visage. Comme s’il avait une seule envie de se défiler. Non, pas ce soir. « T’as gagné haut la main. » Affirma-t-il avec un sourire. Puis, alors qu’autant l’un que l’autre aurait préféré rester ici pour toute la nuit, à s’enlacer et s’aimer sous les étoiles, ils décidèrent plutôt de rejoindre respectueusement les autres. Alors qu’Elmo ignorait si la lumière dans le ciel provenait des festivités ou du soleil qui pointerait bientôt le bout de son nez, il réalisa qu’ils étaient à peu près les seuls vétérans restants de la soirée. Ses parents commencèrent à nettoyer malgré l’heure, et Bella n’hésita pas à proposer son aide. Elmo, lui, aurait tout simplement été s’effondrer dans son lit en affirmant qu’il rangerait demain, mais évidemment il acquiesça aux propos de la costaricaine afin de ne pas avoir l’air de l’enfant ingrat. Sa mère proposa plutôt à Bella d’aller se reposer, et à son fils de la raccompagner à sa chambre. « Si, mamma. » Il l’embrassa sur la joue, la remercia pour la soirée, et accompagna Bella à l’étage, retrouvant sa chambre, retrouvant ce moment intime qu’ils avaient laissé là des heures auparavant, en suspens. Ses lèvres retrouvèrent celles de son amante maudite, sa main s’emmêlant dans ses cheveux, l’autre poursuivant les courbes de son corps. Il continuait, à pas lents, à la pousser doucement vers le lit où leurs corps se retrouvèrent dans un silence qu’ils tentaient de garder malgré l’empressement.

Lèvres contre les siennes, ses mains qui avaient emprisonné le visage d'Elmo, Bella se livrait à une marque d'affection qui, pourtant souvent partagé, n'avait rien de leurs habitudes. Douce, apaisée, sans l'urgence de s'unir, sans leur éternelle tension sexuelle qui caractérisait leurs échanges, sans la peur de se faire découvrir et l'adrénaline qui s'y rattachait. Son coeur battait à tout rompre, elle aurait voulu que le temps s'arrête, qu'il se fige l'instant d'en apprécier toutes les subtilités. Toutes ces choses qu'elle n'arrivait pas encore à vivre parce que les émotions se mêlaient dans sa tête et que la fatigue et le décalage horaire commençaient à se faire bien trop ressentir. Toutes ces choses qu'elle regretterait de ne pas avoir assez profité, Bella, une fois qu'ils rentreraient à Bowen, une fois qu'ils retrouveraient leur quotidien, incapable de s'avouer avec des mots qu'ils mourraient d'envie de n'appartenir qu'à l'un l'autre. Au contraire, ils le laissaient peut-être présager par des gestes, par ce baiser qui mourrait d'envie, entre autres, de crier sa signification. Mais une fois qu'ils eurent terminé, que leurs corps s'étaient éloignés, seuls leurs yeux parlaient. Et un petit sourire niché sur leurs visages. Ils n'oseraient pas aborder la situation. Pas maintenant. Pas ce soir. C'était trop bon de se retrouver, pourquoi oseraient-ils gâcher tout ça avec des aveux qui, avouons-le, se termineraient mal ? C'était de Bella et d'Elmo que l'on parlait, deux grands maladroits, deux incapables de s'aimer. Alors pas de doute, tu fais réellement partie des ivrognes ce soir, gloussa Bella en guise de réponse, insérant l'humour à leur échange. Elle se sentait maladroite, elle se sentait inexpérimentée, comme s'ils retombaient à l'adolescence et qu'ils échangeaient leur premier baiser. Elle aurait aimé retrouver ses lèvres, goûter à nouveau le fruit défendu, la tendresse et la douceur qu'avait eue cet échange poignant au coeur, mais ils s'en empêchèrent. Parce qu'ils n'étaient pas seuls, peut-être. Pas qu'ils auraient du mal à retrouver leur distance, sans doute, s'ils se laissaient trop emporter. Parce que les Santavenere réclamaient à nouveau l'ex-étudiant qui amena la brune avec lui dans ses échanges jusqu'à ce qu'ils ne soient plus qu'entourés de ses parents, une fois la majorité des fêtards disparut. La terrasse maintenant vide, Bella s'empressa d'offrir son aide, ce à quoi la mère de l'Italien s'opposa, sous-entendant qu'elle devait être morte de fatigue et qu'une bonne nuit de sommeil lui ferait du bien. Peut-être qu'elle savait, au fond, qu'elle et son fils ne passeraient pas beaucoup de temps à dormir cette nuit, ni les autres nuits d'ailleurs, peut-être qu'elle ne se doutait de rien, mais elle les exempta tout de même de la corvée de ménage, elle qui connaissait de toute façon bien trop son fils pour savoir qu'il n'avait que suivi les initiatives de son invitée, lui qui aurait normalement trouvé le chemin vers son lit si Bella n'avait pas été des leurs ce soir. Bella hocha la tête, remerciant madame Santavenere de son hospitalité. Elle laissa Elmo lui montrer le chemin vers la chambre qu'on lui avait assignée, les quelques coupes de champagne prises au courant de la soirée lui avaient fait perdre un peu le cap de cette grande maison. Ou était-ce simplement un prétexte pour s'assurer qu'il ne la quitte pas, qu'il ne l'abandonne pas à la porte de la chambre pour trouver les bras de Morphée. Ils s'étaient promis de reprendre exactement là où ils avaient laissé leur échange, plus tôt. Et bien que la fatigue se faisait ressentir, Bella n'était pas prête à renoncer à leur engagement. Pas ce soir. Pas après ce baiser. Pas lorsqu'il s'agissait de lui. Et elle se laissa guider jusqu'à la porte de la pièce qui renfermait encore toute la chaleur qu'ils avaient échangée plus tôt. Leurs lèvres se retrouvèrent, leurs langues s'emmêlèrent, il les guida jusqu'au lit où ils s'effondrèrent, entre des gloussements et des soupirs d'envie. Leurs vêtements trouvèrent refuge sur le sol, pour laisser leurs corps mener la danse, à la fois pressés de se retrouver, à la fois si tendrement, accrochant au passage quelques soupires à la brune étouffés par des baisers bâillons de la part d'Elmo. Coups de reins, peaux qui s'échauffaient, épuisés de leurs actes, ils trouvèrent le sommeil après s'être abandonné l'un à l'autre, Bella complètement vidée de son énergie, incapable de garder les yeux ouverts plus longtemps, sous les caresses d'Elmo dans son dos. Elle n'avait aucune idée s'il avait passé la nuit à ses côtés ou s'il s'était échappé pour éviter de se faire griller par ses parents. Quand elle ouvrit les yeux le lendemain matin, elle était seule dans le lit d'invité, nue, les cheveux en bataille. Elle trouva de quoi s'habiller, un short et un débardeur qui n'avaient rien de bien extravagants, après avoir pris une douche, les cheveux encore humides, bouclés de leurs naturelles ondulations, à la recherche d'un Elmo prêt à commencer leur escapade italienne.

10 jours plus tard, aéroport international de Naples.

Après cette première nuit à la fois douce et mouvementée, leur passion entrecoupée de caresses et de baisers, Elmo avait retrouvé les bras de Morphée pour quelques heures à peine, jusqu’à ce que les bruits du rez-de-chaussée ne l’en extirpent. Les nombreux invités s’étaient déjà réveillés et se rassemblaient pour le célèbre brunch des Santavenere, au Jour de l’An. Les couverts qui cognent, le brouhaha des voix et des rires, les alarmes pour le four qui sonnaient par intervalles, tout cela suffit à réveiller l’italien. La belle costaricaine, elle, dormait encore à poings fermés. Ce vol d’avion la veille l’avait sans doute tuée. Elle l’avait toutefois rapidement rejoint et, après avoir profité pour un dernier moment de la grande famille italienne, les deux tourtereaux qui ne se cachaient plus vraiment auprès de celle-ci prirent la route pour dix jours de voiture à travers le pays. Pompei, le parc régional dej Monti Lattari, Le Vésuve, Rome, la Tour de Pise, Florence, Venise … Elmo avait roulé des kilomètres et des kilomètres, au détriment de quelques heures de sommeil parfois, pour que les yeux de Bella puissent contempler toute la beauté de l’Italie. Il lui avait fait découvrir les endroits touristiques pour qu’elle puisse s’en vanter en photographie, mais il lui avait aussi montré les précieux trésors cachés de son pays natal. Leurs galeries de téléphone débordaient de clichés, en selfies ou en poses dignes d’Instagram. Leurs cœurs étaient remplis de marques d’affection – d’amour, même – qu’ils n’avaient pas eu besoin de cacher pendant ces dix journées idylliques. Mais comme toute bonne chose a une fin, au terme de ce voyage, Elmo alla reconduire Bella à l’aéroport de Naples. Elle partait sans lui. Ils ne savaient pas encore exactement quand ils se reverraient. L’italien savait que la réponse était peut-être : jamais. Si leur histoire devait se terminer, il était convaincu que ce périple était la plus belle manière de boucler la boucle. Ils avaient été heureux, ils avaient été libres, s’aimant un grand jour et sans jamais regarder par-dessus leur épaule de peur qu’on les juge. Ils n’avaient jamais vécu un tel bonheur, tous les deux. C’est à ce souvenir-là qu’Elmo désirait s’accrocher, pas aux nombreuses querelles qui les attendraient à nouveau à Bowen. Alors, quand Bella se tourna vers lui avant de traverser les douanes, pour un dernier au revoir, il prit ses mains dans les siennes. « J’ai passé … sans doute les dix plus belles journées de ma vie. » Admit-il à la jeune femme avec un sourire heureux mais un regard ému. Trop ému pour un au revoir qui ne devait annoncer qu’une dizaine de jours de séparation tout au plus. « T’es une femme extraordinaire, Bella Garcia. La seule femme qui a réussi à m’faire tourner la tête comme tu l’as fait. T’es juste … tout ce que je recherche. » Ses doigts caressaient nerveusement le dessus des mains de la brunette. « Mais la vérité c’est que … j’ai quand même absolument aucune idée de ce que je veux faire de ma vie, en ce moment. Et Bowen c’était pour les études, Bowen c’était une échappatoire de ma famille, temporairement … Et après avoir passé les vacances ici, après avoir retrouvé ma famille, mes potes du lycée … J’ai le sentiment que j’ai besoin de rester ici. De rester à la maison. For a while, at least. » Admit-il, le cœur serré.  

Dix jours de bonheur. Dix jours à dormir si peu que des cernes se creusaient autour des yeux de la Costaricaine. Dix jours a voir tellement de beauté. Dix jours partagés avec lui, dix jours à ne plus faire attention aux autres, à ce qu'on ne les voit pas se regarder trop longtemps. Dix jours à le retrouver tous les soirs, à peindre des baisers sur sa peau avant de tomber de fatigue. Dix jours à entrelacer leurs mains, à s'échanger des sourires, à partager des souvenirs. Dix jours rien qu'à eux, comme elle l'avait demandé, à voir le touristique, ce qui rendait l'Italie si belle aux yeux des voyageurs, qui la rendait si merveilleuse par le biais de ces livres d'histoires, mais aussi à voir l'envers du décors, tous ces endroits qui ne charmaient pas que les visiteurs mais aussi les locaux, ceux qui redécouvraient le pays de visite en visite, ceux qui y partaient quelques temps pour mieux y revenir et ceux qui juraient ne jamais pouvoir s'en détacher. Elle comprenait, Bella, tout l'amour qu'on pouvait porter à ce pays, au travers de celui qu'elle recevait de l'homme qui y était né, au travers des caresses et des baisers qui officialisait tout alors que les mots manquaient. Ils n'osèrent pas en parler, durant ce dix jours. Et, pourtant, ça aurait peut-être été moins douloureux. Ça aurait peut-être été moins fracassant que de se quitter au pas de la frontière aérienne divisant l'Europe à l'Océanie. Ça l'aurait sans doute éviter de se laisser miroiter l'idée dans laquelle ils arrivaient à s'entendre, à ne pas se déchirer quand ils laissaient leur coeur parler. Bella gardait des souvenirs mémorables de son périples en Italie teints de photos, pour en faire jalouser ses copines, desquelles elle n'avait certainement pas envie d'effacer Elmo, bien que leur relation devrait demeurer secrète. A l'aéroport, une fois arrivé devant les douanes qui les sépareraient jusqu'au retour d'Elmo, ce dernier trouva le chemin vers son coeur à nouveau, enfouissant ses mains dans celles de la brune, le regard brillant, mais un sourire au visage. Bella l'imitait sans vraiment savoir qu'il s'apprêtait à lui lancer l'impossible. Elle serrait ses mains, triste de le laisser derrière, confiante qu'ils allaient se retrouver. Mais quand l'italien ouvrit la bouche, quand il commença son discours, elle savait que quelque chose clochait. Elle sentait qu'une mauvaise nouvelle arrivait. C'était trop beau pour être vrai, trop beau pour lui arriver à elle, elle que l'amour s'était toujours montré maladroit. Il l'a trouvait extraordinaire, les yeux de Bella s'emplirent de larmes. Il la quittait. Il allait rompre. C'était ce qu'on disait à une fille qui n'était pas la bonne au bon moment. Bella restait silencieuse, la première fois depuis longtemps, pinçant ses lèvres pour éviter de montrer son angoisse. Et il prononça le mot fatidique, le mais qui annonçait toute la rupture. Elle soupira, regarda les mains d'Elmo incapables de la lâcher. J'aurais dû m'en douter...., souffla la brune dans une voix qui se brisait. Bella aurait voulu crier, hurler, lui cracher au visage qu'elle, elle ne comptait pas? Qu'il était prêt à la quitter, peut-être pour toujours, sans doute pour toujours, après lui avoir dit toutes ces paroles en l'air ? C'était égoïste de sa part, c'était malsain de penser ainsi, elle ne pouvait pas le faire. Mais elle le pensait. J'sais pas à quoi tu t'attends Elmo. A des pleurs? A des cris ? J'peux pas. J'peux rien dire de plus... J'comprends tes raisons. J'aurais juste voulu le savoir avant de m'attacher encore plus à toi, avant que ça fasse tellement mal de devoir t'oublier. Avant d'accorder à mon coeur la chance de réellement tomber.... Elle s'arrêta un instant pour renifler, les larmes qui montait à ses yeux et qu'elle tentait de retenir. ... amoureuse. Elle rit nerveusement, soupirant, déviant le regard pour mieux se protéger.

On ne commence que rarement un discours accompagné d’autant d’éloges sans qu’un mais ne survienne rapidement. Le seul moment d’une vie qui en serait épargné, ce serait au moment des vœux de mariage et malheureusement pour Elmo et Bella, ce genre de moment ne se profilait pas à l’horizon pour eux. Ils avaient eu la triste surprise de s’éprendre d’une personne interdite. Ils avaient eu le malheur de s’aimer alors qu’ils n’auraient pas dû éprouver de tels sentiments. Le mais d’Elmo était particulièrement déchirant, alors qu’il venait d’annoncer à Bella que non seulement il ne rentrait pas dans les prochains jours la retrouver, mais même, peut-être, ne rentrerait-il jamais. Il avait ajouté que ce n’était que pour le moment, comme pour laisser une mince porte d’espoir ouverte pour filtrer la lumière, mais ils savaient aussi bien l’un que l’autre que ce n’était qu’une formalité. Ça n’était en rien une promesse. Bella demeura silencieuse, longtemps, trop longtemps. Le temps semblait en suspens. Seul le tremblement de leurs mains serrées et les annonces à l’intercom de l’aéroport prouvaient que rien n’était arrêté. Juste leurs cœurs. Puis, la costaricaine soupira et affirma qu’elle aurait dû s’en douter. Il fronça tout légèrement les sourcils, de honte, de tristesse. Ce froncement cherchait à camoufler toutes les émotions qui menaçaient de se déverser hors de lui. Il ferma les yeux quand il l’entendit lui dire qu’elle avait laissé la chance à son cœur de réellement tomber amoureuse. Le pire là-dedans, c’est que les dix dernières journées avaient prouvé à Elmo, lui aussi, qu’il était à un point de non-retour avec la costaricaine, qu’il était amoureux d’elle depuis longtemps déjà mais qu’il avait préféré jouer la carte du déni. Ici, en Italie, cette carte-là était tombée du jeu. Jeu qui n’en était plus un, d’ailleurs. Ils avaient perdu la partie depuis le début. Ils s’étaient juste bornés à continuer. « Je ne m’attendais à rien. J’savais même pas, jusqu’à maintenant, que c’était ce que je ferais. Ça fait des semaines que je change d’idée mais ce serait injuste pour moi de te laisser partir aujourd’hui sans t’prévenir que … que je ne reviendrai peut-être pas. J’te dois au moins ça … de ne pas te laisser m’attendre à Bowen. » Pour ce qui était de sa confession d’amour, Elmo ne voulut pas en rajoute une couche. S’il lui disait qu’il l’aimait, lui aussi, il les maudissait. Il ne voulait pas tourner le couteau dans la plaie, concrétisant leur amour pour mieux le briser ensuite. Il en avait déjà trop fait. Il lâcha finalement les mains de Bella, à contre-cœur. « Tu devrais y aller … On était déjà en retard, je ne voudrais pas que tu rates ton vol … » Il déglutit, baissa les yeux ; il ne savait pas s’il supporterait de la voir disparaître derrière les portes de la zone internationale.

Elle était extraordinaire, Garcia. La seule à lui avoir fait tourner la tête de cette façon là, oui. Mais... Mais. Il y avait toujours un mais. Jamais de grandes confessions, de beaux discours sans un mais. Mais, ce n'était pas tout d'être extraordinaire. Ce n'était pas tout de lui faire tourner la tête. Elle n'était pas Italienne. Il n'était pas Australien. Il ne pouvait lui promettre de lui revenir, ni lui demander de venir s'installer à Sorrrento avec lui. C'était de l'amour voué à l'échec. Pas au bon moment, pas les bonnes personnes. Dans une autre vie, peut-être, mais pas dans celle-ci. Pas maintenant. Peut-être dans quelques années. Ou pas. Mais il lui demandait de ne pas l'attendre. Alors qu'elle, elle lui avait avoué être amoureuse. Il lui brisait le coeur, il l'abandonnait. Mais, pouvait-elle lui en vouloir ? Ça aurait été égoïste que de le faire. Il avait sa vie à Sorrento. Et Elmo l'avait bien expliqué, Bowen, ce n'était que pour les études. Elles étaient terminées, ses études. Maintenant, il n'avait aucune raison d'y retourner. Pas même une qui portait la couleur de l'ébène dans sa chevelure. Aussi douloureux que ça pouvait l'être, le sort en était ainsi. Il ne revenait pas. Elle ne le reverrait sans doute jamais. Et elle n'avait pas été préparé à ça. Si elle l'avait su, Bella aurait emmagasiné bien plus de souvenir, se serait saoulée à l'odeur de sa peau, se serait enivrée de ses caresses jusqu'à devoir le quitter. Et elle aurait préparer son coeur à vivre un choc. Mais, là, elle était confronté à la surprise, à l'inconnu, et elle n'aimait pas le tourbillon d'émotions qui grandissait en elle. « Compris, je ne t'attendrai pas », souffla-t-elle alors que Elmo brisait le contact de leurs mains pour les réels au revoir. « Tu as raison, je devrais y aller.. » C'était comme une torture, le vide se faisait ressentir déjà. Mais, avait-elle d'autre choix que d'accepter ? Que pouvait-elle faire de plus ? Elle lui accorda un dernier sourire, hésita à l'embrasser sur la joue, mais choisi plutôt de poser ses lèvres contre celles du brun dans un dernier goodbye kiss, tel que promis quelques mois plus tôt avant de tourner les talons, dernier avertissement du départ imminent de son vol, passeport dans une main, valise dans l'autre, sans se retourner pour lui éviter de la voir pleurer.

FIN