we walk through fire to get to water (tahlia)

Ces derniers temps, tout le poids qui pesait sur ta poitrine semble s'en aller, rendant ton quotidien un peu plus simple et agréable. Tout n'est pas encore réglé, bien sûr, mais les choses semblent se dérider. Ces quelques sms échangés avec Tahlia, quelques jours plus tôt, en sont la preuve. Et tu dois dire que tu es heureuse de marcher dans les rues commerçantes dans le but de la retrouver. Votre amitié a été mise à rude épreuve ces derniers mois et elle a bien besoin d'un renouveau. Alors quoi de mieux que de se rendre dans les magasins pour gâter ce petit être qui grandit dans le ventre de la brune ? Tu n'imagines pas à quel point elle doit être heureuse de devenir mère, malgré que les conditions soient un peu particulières. Toi aussi, tu rêves de sentir grandir un enfant dans ton ventre un jour et de donner la vie mais tu sais que ce ne sera peut-être jamais possible. Alors, tu envisages de plus en plus l'adoption même si cela doit se concrétiser seule. « Hey. Tu vas bien ? » Demandes-tu en t'approchant de Tahlia qui t'attend devant une boutique, là où vous vous êtes données rendez-vous. « Il pousse cet enfant. En tout cas, la grossesse te va à merveille. » Ajoutes-tu en souriant en en regardant son baby bump. Même si elle semble un peu fatiguée, tu vois bien que l'éclat dans son regard est de retour, après des mois passés dans le noir. Et ça fait vraiment du bien de la voir comme ça. Toutes les conditions semblent maintenant réunies pour que votre amitié et votre complicité prennent le dessus et chassent ces mauvais souvenirs, ces mauvaises paroles. « Je crois qu'elle va être pourrie gâtée par sa tata Freja. J'ai déjà commandé des trucs sur internet... » Rétorques-tu en prenant un air faussement innocent avant de pouffer de rire. Tu n'as pas pu résister en voyant ces petits ensembles pour bébé et évidemment, tu en as commandé plus qu'il n'en fallait.

Depuis qu'elle avait appris sa grossesse, Tahlia ne pouvait pas dire que les fondations de sa vie n'étaient plus branlantes, mais elles retrouvaient une certaine stabilité. Bien sûr, les journées ne se ressemblaient pas. Elle avait parfois l'impression que tout se goupillait à merveille, parfois elle avait l'impression de tanguer de nouveau. Mais elle avait son petit chez-soi - même si la solitude était difficile au début – un bébé qui allait bientôt bouleverser sa vie et elle renouait peu à  peu avec les personnes à qui elle avait tourné le dos. Freja en faisait partie. Alors qu'elle tenait simplement à alerter son ex-colocataire sur le mal-être de Woody, les deux jeunes femmes étaient arrivées à la conclusion qu'elles se manquaient. Malgré tout. Et cela redonnait un peu d'espoir : l'espoir que tout pouvait s'arranger. C'était donc le cœur léger que la brune s'était dirigée vers les allées commerçantes afin de retrouver son amie. Envoyant un texto à ses parents – qui étaient toujours à l'autre bout du monde – la brune releva la tête en entendant la voix de Freja. Immédiatement, un large sourire vint éclairer son visage. « Hey, ça va bien et toi ? » Le sourire ne disparut pas quand Freja fit référence à son ventre rond. « Elle, elle pousse bien, c'est vrai ! Je commence à ne plus rentrer dans mes vêtements, c'est terrible. » répondit-elle en riant légèrement. Mais c'était un mal pour un bien. Les nausées, les kilos en trop, les sautes d'humeur, les doutes, les peurs dues à l'accouchement, tout sera vite balayé quand sa fille sera bel et bien là. Quand Freja reprit la parole et qu'elle lui avoua avoir déjà commandé des articles sur Internet, Tahlia la regarda avec un air faussement réprobateur : « Tu n'aurais pas dû ! » Elle se mit très vite à rire, posant sur elle un regard reconnaissant. « Tu sais qu'elle va avoir un dressing plus important que le tien et le mien réunis ! » Et connaissant les dressings des deux jeunes femmes, autant vous dire que celui du bébé était plus que fourni... « Je sens que Tata Freja et moi-même allons adorer habiller cette petite. » ajouta-t-elle, malicieuse. Des rubans, des petits nœuds, des petites robes, chaussures. Elles allaient s'en donner à cœur joie. « Et toi alors? Ta maison ? » demanda-t-elle, curieuse. Cette fin d'année avait été marquée par les projets pour ces deux jeunes femmes, ce qui finalement les rapprochait de la meilleure façon possible.

C'est agréable de pouvoir discuter avec Tahlia sans tension présente dans l'air, sans animosité. Sans rancoeur. Tout n'est pas effacé mais c'est en bonne voie pour que ça s'arrange entre vous. Si la distance a aidé à apaiser la colère que vous ressentiez, l'une envers l'autre, tu es bien consciente que l'arrivée de cet enfant y a contribué également. Tu comptes bien faire partie de sa vie si Tahlia t'en laisse la chance. « Bien, merci. » Réponds-tu avec un sourire sincère. Pour une fois, il n'y a aucun sous-entendu, aucune vérité cachée. « Ne t'en fais pas, ça se voit à peine. » A part ce ventre qui se dessine, synonyme de la vie, ton ancienne colocataire n'a pas l'air d'avoir pris beaucoup de poids. Et de toute façon, dans ces conditions-là, toi aussi tu accepterais de grossir. Tahlia étant la première parmi tes amies à tomber enceinte, tu es bien décidée à gâter son bébé à l'excès, c'est une façon pour toi de calmer ton impatience avant qu'il n'arrive. Alors, tu n'as pas pu t'empêcher de faire un tour sur internet et de commander des vêtements par-ci par-là. Ton portefeuille en a déjà pris un coup mais c'est pour la bonne cause. « Oh mon dieu, comment tu vas faire pour caser tous ses vêtements dans ton nouvel appartement ? » Demandes-tu en joignant ton rire à celui de la brune. Si sa fille a un dressing plus gros que les deux vôtres réunis, Tahlia risque de manquer très rapidement de place. Heureusement, les vêtements pour bébé, c'est tout petit. « C'est clair ! Elle va devenir le bébé le mieux habillé du monde. » Rétorques-tu avec un sourire au coin des lèvres. « Puisqu'avant ça, elle aura déjà gagné le trophée du plus beau bébé du monde, évidemment. » Si elle ressemble à sa maman, ça ne fait aucun doute. Après avoir échangé quelques mots, vous vous mettez en route, prêtes à arpenter tous les magasins pour enfants mais pas seulement. Tu comptes bien en profiter pour acheter quelques vêtements pour toi et pourquoi pas pour Tahlia. Parce que des vêtements de grossesse, tu es sûre qu'on n'en a jamais assez. « Les travaux sont terminés, même si ce n'était pas grand chose, j'avoue que je suis contente de ne plus entendre les machines à sept heures du matin. » Dis-tu en riant. « J'ai pratiquement terminé la décoration, j'y ai passé des heures ces derniers jours comme ça, si tu es partante, on pourra faire un crochet par chez moi après notre shopping. » Tu as travaillé dur pour que cette maison te représente et te fasse sentir comme à la maison. Et tu dois bien l'avouer, c'est une réussite et tu es fière de ce que tu as pu accomplir en peu de temps. Après tout, ça fait moins de deux mois que tu as déménagé.

Quand on voyait les sourires, l'apaisement sur leurs visages et la joie de se retrouver, rien ne laissait croire que ces deux femmes s'étaient fortement disputées, quelques semaines auparavant. Rien n'était gagné, évidemment, mais Tahlia était rassurée de voir qu'il y avait encore de l'attachement entre elles. Ce bébé avait été le moyen de les rapprocher. Comme quoi, sa fille, même si elle n'était pas encore née, faisait déjà des merveilles dans la vie de Tahlia. Quand Freja affirma qu'elle allait bien, la brune sentit toute la sincérité de la norvégienne. Cela faisait très longtemps qu'elle n'avait pas vu Freja aussi rayonnante, et c'était beau à voir. « Je suis contente que tu ailles bien. » souffla-t-elle en souriant. Et quand elle affirma que les kilos de plus ne se voyaient pas chez Tahlia, cette dernière se mit à rire : « Même si cela se voyait énormément, ça ne me dérangerait pas. » Elle portait la vie, après tout. C'était les kilos de l'amour, dirons-nous. « L'avantage, c'est que tu prends de la poitrine. » Elle se mit de nouveau à rire, parce que c'était bien avec Freja qu'elle pouvait parler de poitrine, quand on savait qu'elles n'avaient pas été gâtées par la nature de ce côté-là. S'il y en avait une qui allait être gâtée par contre, ce serait ce bébé. Freja lui annonça qu'elle avait déjà acheté des articles pour elle, ce qui toucha énormément Tahlia. Elle fit un trait d'humour sur la taille du dressing, répondant : « Je vais être obligée d'en laisser un peu partout. » Puis elle les gardera précieusement, pour le jour où ce sera Freja qui deviendra maman. Elle espérait tant le voir un jour. Mais en attendant, c'était la fille de Tahlia qui allait être l'objet de toutes les attentions. « Je n'en doute absolument pas. Tu as déjà su conseiller la maman, je suis sûre que tu seras de bons conseils pour la fille. » répondit-elle en souriant. Freja avait l'oeil et elle avait souvent – très souvent – conseillé Tahlia, notamment à l'époque où elle commençait à assumer ses formes et à ne plus se dissimuler derrière des tissus amples. Quand elle parla du trophée du plus beau bébé, Tahlia esquissa un sourire amusé : « Je t'avoue qu'elle a déjà un très beau profil. » C'était tout ce qu'elle avait vu d'elle sur l'échographie, ce qui restait d'ailleurs très abstrait pour Tahlia. Elle avait du mal à se dire que, dans quelques mois, ce serait un vrai bébé qu'elle tiendra dans ses bras. « J'espère qu'elle n'aura pas le trophée du bébé le plus râleur. » Quand on voyait ses parents, il y avait de quoi avoir le gêne du râleur, en effet. Se mettant en route pour rejoindre l'un de leurs magasins préférés, Tahlia demanda les nouvelles de Freja, et notamment de sa maison. Elle hocha la tête quand elle évoqua la fin des travaux. « Le bruit de la perceuse comme réveil... quelle joie !  » dit-elle en riant. Mais elle voyait le travail que c'était. Freja avait dû passer des heures et des heures sur les travaux et sur la décoration. Elle posa un regard fier d'elle quand elle lui apprit que c'était presque terminé. « Tu dois être soulagée que ce soit enfin la fin. » Elle allait désormais pouvoir s'installer pleinement et avancer dans sa vie. Le sourire sur les lèvres de Tahlia s'agrandit quand Freja l'invita à faire un détour par sa maison après leur séance shopping. « Ce serait avec grand plaisir. J'ai tellement hâte de voir le résultat ! » répondit-elle sincèrement. « Même si ça me manque de ne plus vivre sous le même toit que toi, je suis fière de voir ce que tu accomplis, Freja. » Malgré leurs différends, leurs conflits, il y avait bien une chose qui ne changeait pas : la volonté de voir Freja heureuse. Elles arrivèrent devant leur magasin favori, où l'on trouvait non seulement des vêtements, mais aussi toute une partie décoration de la maison. Tahlia comptait bien repartir avec un objet de décoration pour Freja. Elles entrèrent alors, leur radar déjà en action. Les yeux de Tahlia  balayaient la salle, à la recherche d'une pièce qui attirerait son attention. « Qu'est-ce que tu cherches de beau? »

« Ouais, je n'osais pas trop te le dire mais la tienne a doublé de volume. » Dis-tu en riant, à propos de la poitrine de Tahlia. Ce n'est pas elle qui va s'en plaindre puisque, comme toi, celle-ci n'était pas très fournie. Néanmoins, tu n'es pas certaine qu'elle la garde intacte après la grossesse. « Qui va faire partie de ma team des petites seins maintenant ? » On peut dire qu'à ce niveau-là, vous vous êtes toujours soutenues avec Tahlia mais dans le fond, ça t'importe peu. Tu as appris à apprécier ton corps tel qu'il est. Et quelque chose te dit que ton ancienne colocataire doit réellement apprécier le sien en ce moment même. Il n'y a pas plus beau corps que celui d'une femme enceinte à tes yeux. « Tu pourras laisser des vêtements chez moi comme ça quand tu voudras prendre une soirée off pour t'envoyer en l'air, tata Freja s'occupera du bébé. » Rétorques-tu, un sourire au coin des lèvres. Tu ne sais pas vraiment ce qu'il en est de la situation amoureuse de Tahlia mais tu ne doutes pas qu'à un moment où un autre, elle aura besoin de renouer avec les plaisirs du sexe. Si ce n'est pas déjà le cas avec ses hormones qui travaillent. Enfin, une femme n'est pas l'autre après tout. « T'as une écho avec toi ? » Demandes-tu, curieuse. Tu ne doutes pas des dires de la brune à propos du profil de son bébé mais voir l'échographie en live sera cent fois mieux à tes yeux. « Tout le monde a ses défauts après tout. » Et vous êtes bien placées pour le savoir, toutes les deux, quand on sait tout ce que vous vous êtes fait endurer ces derniers mois. Heureusement, aujourd'hui, l'orage semble être derrière vous. De quoi passer une bonne journée shopping pour tirer un trait sur le passé. Alors que tu expliques à Tahlia que les travaux sont terminés dans ta maison, tu hoches vivement la tête quand elle souligne l'horreur de la perceuse à sept heures du matin. « Oui j'suis vraiment soulagée parce qu'entre le déménagement, les cartons, l'aménagement et tout le reste, je n'avais plus l'impression d'avoir un chez-moi. » Et ça commençait à devenir long. Vraiment long. Par chance, aujourd'hui c'est terminé et tu vas pouvoir présenter ta nouvelle maison à ton ancienne colocataire. Son avis compte beaucoup à tes yeux, surtout que tu risques de l'accueillir assez souvent, tout comme sa fille. « Moi aussi ça me manque. Le 17 me manque, vous me manquez tous. » Dis-tu sincèrement avec une pointe de nostalgie dans le regard. « Mais je te remercie. J'espère vraiment qu'elle te plaira autant qu'à moi. » Même si, dans le fond, ce n'est pas l'essentiel. Alors que vous entrez enfin dans votre magasin préféré, tu marches à travers les rayons, t'extasiant devant chaque vêtement qui ira à ravir à la future mini Tahlia. « Pour ton bébé, des bodys. J'avoue que je me suis lâchée sur des ensembles de vêtements mais je n'ai pas pensé à l'essentiel. » Rétorques-tu en riant. « Et pour moi, une tenue pour le nouvel an. » Mais te connaissant, tu craqueras forcément pour une robe de luxe hors de prix.

  « M'en parle pas, je n'ai pas l'habitude d'en avoir autant. » répondit-elle en riant, alors qu'elles parlaient de sa poitrine qui avait doublé de volume. Et quand Freja parla de sa team petits seins, la brune répondit : « Il y a des chances que je revienne dans cette team, une fois que tout sera fini. » Elle allait sûrement garder ses rondeurs sur les hanches et le ventre, et tout perdre au niveau de la poitrine et des fesses. Mais ça resterait son corps. Un corps chamboulé, mais qui avait donné la vie. Ce qui valait tous ces changements. Quand Freja reprit la parole en proposant de garder le bébé quand elle voudra des soirées off pour s'envoyer en l'air, Tahlia regarda son amie et éclata de rire : « Ah c'est donc ça la joie de la maternité ? Avoir des soirées off pour s'envoyer en l'air ? Si je dois gérer un agenda, ma libido risque d'en prendre un coup... » Une libido actuellement à zéro, d'ailleurs, même si elle n'avait pas eu le temps de penser à tout ça avec les préparatifs et le déménagement. « Je n'aurai pas plutôt le droit à une journée off où je pourrais me faire une grasse matinée, un masque à l'argile sur la figure, à regarder Netflix, calée sous mon plaid avec tout plein de chocolat ? C'est reconnu, c'est plus facile de se trouver une tablette de chocolat plutôt qu'un homme qui désire une jeune mère. » Elle se mit à rire de nouveau, se disant qu'elle dressait un portrait de la maternité bien sombre. C'était aussi une manière d'aborder le sujet autrement, surtout quand on savait que c'était Freja qui aurait pu avoir un bébé avant Tahlia. Elle craignait de remuer le couteau dans la plaie... S'il y avait une autre partie de la maternité qui n'affectait pas Tahlia, c'était cette manie de s'extasier sur ces petites impressions d'échographie. Alors qu'elle vanta le joli profil de sa fille et que Freja demanda justement une échographie, Tahlia affirma d'un signe de la tête. « Oui, vu que c'est une demande récurrente, je la garde toujours dans mon sac. » Elle fouilla dans son bazar et sortit enfin la petite échographie qu'elle tendit à son amie. Elle attendit quelques secondes avant de demander : « Tu es d'accord, on ne voit strictement rien ? » En vrai, c'était différent. Il y avait eu les battements du cœur, les mouvements du bébé sur l'écran, ce qui rendait l'examen plus réel. Quand Freja ajouta ensuite aux mots de Tahlia que tout le monde avait ses défauts, la brune se contenta de hocher la tête, en restant silencieuse. Ces derniers mois, elles ne s'étaient montrées que leurs défauts et c'était bien quelque chose qu'elle espérait mettre de côté. Elles dévièrent la conversation sur la maison de Freja, ce qui attisa la curiosité de l'ex-policière. Elle comprenait cette impression de ne pas avoir de chez-soi. « Oui, je me doute. Les périodes de transition sont toujours difficiles, surtout quand tu dois courir à plusieurs endroits à la fois. » Si Freja était partie du 17 sereinement, peut-être la transition aurait-elle été moins difficile. Même si un déménagement restait toujours un vrai casse-tête. Tahlia regarda Freja avec douceur quand cette dernière lui confirma que le 17 lui manquait. « A moi aussi... » souffla-t-elle, doucement. Mais voir Freja aussi enjouée à l'idée de montrer sa maison démontrait qu'elle était prête à ouvrir son nouveau chapitre. « C'est à toi qu'elle doit plaire plus que tout. » répondit-elle d'abord. « Mais vu les merveilles que tu avais fait au 17, ta maison ne peut qu'être sublime. » D'ailleurs, le jour où Tahlia quitterait son studio pour un appartement plus grand – qui lui appartiendrait peut-être -, elle comptait faire appel à l'expertise de son amie. Une fois arrivées à leur magasin préféré, Tahlia demanda ce qu'elle cherchait en priorité. « Freja... » répondit-elle en riant quand elle lui avoua qu'elle cherchait des bodys pour sa fille. « Tu as déjà fait beaucoup, tu sais. » Les yeux verts de la brune cherchèrent au niveau des robes de soirée. « On va te trouver LA robe parfaite. » dit-elle d'abord, avant de demander : « Tu fais quoi pour le Nouvel an d'ailleurs ? Tu comptes aller au Hendrix ? » C'était the place to be.

Ton rire se joint à celui de Tahlia alors qu'elle affirme ne pas avoir l'habitude d'avoir autant de poitrine. C'est sûr que pour des femmes comme vous, ça doit être un gros changement. « On en reparlera d'ici quelques mois. » Au fond, vous vous en fichez pas mal de ne pas avoir beaucoup de poitrine. De ton côté, c'est le fait de partager cette team avec Tahlia qui te plait beaucoup. Puisque votre relation a été mise à rude épreuve ces derniers mois, tu espères passer davantage de temps avec la brune. Et avec son bébé. De quoi lui offrir des moments rien qu'à elle dont elle aura forcément besoin pour gérer son quotidien de maman au mieux. Néanmoins, ta façon de voir les choses n'est peut-être pas la plus appropriée parce qu'en effet, c'est surtout de tranquillité dont Tahlia aura besoin plus qu'une partie de jambes en l'air. « Si, bien sûr que tu auras droit à tout ça mais ça, on pourra le faire ensemble quand la petite dormira. Pour t'envoyer en l'air, par contre... il vaudra mieux qu'on ne soit pas dans les parages, elle et moi. » Réponds-tu en riant à ton tour, imaginant déjà le tableau. Alors que ton ancienne colocataire t'apprend que sa fille semble déjà avoir un très beau profil, tu t'extasies à l'idée de voir l'échographie en question. Même si au début, on ne voit pas grand chose, par la suite, ça permet vraiment de découvrir les traits du bébé en avance, avant la naissance. « Mmmh ouais... effectivement, j'crois qu'on est pas assez qualifiée pour voir quoi que ce soit. » Dis-tu en riant et en tournant l'échographie dans tous les sens. « La prochaine sera certainement mieux. » Ou du moins, plus facile à déchiffrer pour vous. Tu inspectes encore la photo quelques secondes avant de la tendre à nouveau à la brune pour qu'elle puisse la ranger. Quand Tahlia te questionne sur ton déménagement et sur ta maison, un sourire se dessine automatiquement sur tes lèvres. Ce nouveau projet t'anime, te motive et te rend plus heureuse que n'importe quoi d'autres en ce moment. Cela n'a pas été facile de quitter le #17 et encore moins dans ces conditions mais c'était la bonne chose à faire. Tu en es persuadée. « Enfin, c'était juste le temps de quelques mois. Aujourd'hui, le résultat est là. » Et comme le souligne Tahlia, si cette maison te plaît, c'est le principal. « Oh, je l'adore. Vraiment. J'espère juste que je saurai lui donner le cachet qu'elle mérite. » Réponds-tu en haussant légèrement les épaules. Après quelques minutes à parler sur le trottoir, vous décidez de vous mettre en route pour votre magasin préféré. Là-bas, tu as bien l'intention de gâter encore une fois la fille de Tahlia. Même si la brune souligne que tu as déjà fait beaucoup. « Pas encore assez à mes yeux. » Rétorques-tu, têtue, avec un petit sourire au coin des lèvres. Ton ancienne colocataire sait que quand tu as une idée en tête, on ne peut pas te l'enlever. Mais tu n'es pas là seulement pour le futur bébé, tu es également là pour ta robe du nouvel an. Bien que tu ne sois pas certaine de te pointer où que ce soit. « Peut-être, oui. Flo m'a parlé de la soirée, il compte y aller. Mais on verra, j'suis encore sûre de rien. J'préfère juste prévoir une tenue au cas où. » Dis-tu avant de retourner la question à la brune : « Et toi alors ? Tu as quelque chose de prévu ? Avec Carter peut-être ? » Tu ne sais pas vraiment comment les choses évoluent entre ces deux-là bien que tu aies vu passer quelques posts sur Instagram qui montraient que leur relation s'améliorait.

Au fond, ce n'était pas leurs petits seins qui étaient leurs véritables intérêts, mais bien la volonté de faire équipe. Alors, même si Tahlia ne perdra pas le peu de poitrine qu'elle avait gagné aujourd'hui, elle savait qu'il y avait bien mieux qui rassemblerait les deux jeunes femmes : ce bébé. Pour la brune, et malgré tout ce qu'il s'était passé, Freja resterait une actrice indispensable dans la vie de son enfant. Elle ne voyait pas sa fille grandir sans elle et la proposition qu'elle lui fera, quelques jours plus tard, ira évidemment dans ce sens. Freja se portait déjà volontaire pour garder la petite quand il le faudra, pour être un soutien dans son quotidien de maman qui risquerait d'être compliqué. Mais alors que Tahlia rêvait déjà de grasses matinées, Freja, elle, repensait déjà à la vie de femme de la jeune Wates. Et notamment ses parties de jambes en l'air, qui provoquèrent un énorme fou rire chez Tahlia. « En effet, il vaudrait mieux que vous ne soyez pas dans les parages, si ça se représente un jour... » Si ça représente un jour ? En plaisantant, elle ajouta : « Je compte devenir chaste, de toute manière. » Elle disait cela parce qu'elle voyait actuellement son corps changer et ne s'imaginait pas du tout être désirable. Et être mère célibataire ne risquerait pas d'arranger la chose. Cela risquait surtout de faire fuir les hommes... déjà qu'elle les faisait fuir, sans être enceinte... Sur ces pensées qui la faisaient rire jaune, Tahlia finit par tendre cette échographie. Beaucoup s'extasiaient sur ces premières photographies de leurs bébés, mais pas l'ex-policière. Et elle fut rassurée de voir que Freja était du même avis, riant de nouveau en la voyant tourner l'échographie dans tous les sens. « Je suis au moins qualifiée pour voir sa tête, par là. » répondit-elle en haussant les épaules. Elle hocha doucement la tête quand elle évoqua la prochaine échographie. « Je pense aussi. J'hésite à faire la dernière en 3D. Je préfère peut-être garder le suspense. » Si elle savait que cette troisième échographie ne se profilerait peut-être jamais. Elle rangea l'échographie dans son sac, détournant ensuite la conversation sur Freja. Elle aussi connaissait un gros changement. Sa maison. Même si son départ du 17 avait été particulièrement rapide, Tahlia savait que c'était le moment pour tourner la page. Elle ne pouvait pas passer à côté de son coup de cœur pour une colocation. « ça valait le coup d'attendre tous ces mois alors. » répondit-elle avec douceur. Puis son sourire s'élargit de nouveau quand la norvégienne évoqua le cachet de la maison, ce cachet auquel elle voulait faire honneur. « Je ne me fais aucun souci de ce côté-là. Tu arrives toujours à capter l'âme d'une maison et à la sublimer. » Elle était même sûre que ce chantier serait le plus beau, parce que c'était celui de Freja, celui au sein duquel elle apporterait sa patte, sa touche, ses goûts et son âme. Tahlia avait confiance en elle, elle allait faire une vraie merveille. La suivant alors dans leur petite boutique adorée, la brune secoua la tête quand Freja lui laissa comprendre qu'elle n'avait pas encore assez gâtée sa fille. « Tu n'es pas croyable... » dit-elle, riant de ce côté buté qui faisait tout le caractère de la jeune Ivanova. Elle l'aimait comme ça. Mais il y avait aussi cette robe de soirée à chercher, pour Freja. Freja qui ne savait pas encore quoi faire pour le Nouvel an. « C'est toujours bon de prévoir une tenue au cas où. » commença-t-elle, d'abord. « Mais si Florian y va, c'est l'occasion de passer une bonne soirée, non ? Tu ne vas quand même pas rester chez toi ? » Elle hésitait à demander après Concho, craignant que cela mette de l'huile sur le feu. Quand elle lui retourna la question, évoquant son ex au passage, la brune haussa les épaules : « On se retrouvera peut-être au Hendrix. Je compte demander à Carter de m'accompagner, mais je ne suis pas certaine qu'il accepte. » Tahlia s'arrêta au niveau de l'étalage des bodys, en prenant quelques uns, puis les repliant, un peu nerveusement. « On a passé Noël ensemble. Il était seul, j'étais seule aussi. On a passé une bonne soirée, c'est sûr, mais je ne sais pas... J'ai l'impression que ça ne sera plus jamais comme avant. Y a quelque chose qui s'est brisé. » conclut-elle dans un soupir. Ce quelque chose, c'était la confiance de Carter. Et pour la rattraper, Tahlia allait devoir ramer. Si elle en avait la force... Elle replia ce body pour la quatrième fois consécutive avant d'ajouter : « Ces mecs nous font tourner en bourrique. » Elle avait reporté son regard sur Freja, avant de demander, hésitante : « Et toi alors, de ce côté-là? » C'était quitte ou double. Soit Freja se braquait, soit elles redevenaient comme avant et parlaient de leurs vies sentimentales comme si rien ne s'était passé.

« Chaste ? » Demandes-tu en riant, incapable de croire à ces quelques mots. Ce serait bien triste si le fait de devenir mère nous empêchait d'être toujours une femme. Une femme avec des besoins, qui plus est. « J'dis pas que t'auras à nouveau envie de sexe dans les premières semaines mais tu resteras une femme malgré tout, Tahl'. Y'a bien un moment où tu auras à nouveau envie de goûter au corps d'un homme. » Cela semble évident à tes yeux mais tu n'es pas enceinte jusqu'au cou comme Tahlia alors tu es peut-être mal placée pour parler. S'il y a bien un autre sujet que tu ne maîtrises pas vraiment c'est les échographies. Tu as toujours été incapable de déchiffrer ces trucs-là alors il n'est pas étonnant de te voir tourner et retourner l'échographie dans tous les sens, à la recherche d'un élément connu. Par chance, ton ancienne colocataire te vient en aide en te montrant où se situe la tête. Tu fronces légèrement les sourcils jusqu'à ce que tu discernes enfin quelque chose ce qui t'arrache un sourire. Ce bébé sera magnifique, ça ne fait aucun doute. Même si à l'heure actuelle, tu ne vois pas grand chose sur cette échographie. Après l'avoir rendue à Tahlia, vous discutez de ta maison et plus précisément des travaux qui touchent à leur fini. « C'est gentil. » Réponds-tu en souriant sincèrement, quand la brune te complimente sur ta façon de sublimer une maison, de la mettre en valeurs. C'est tout ce que tu désires, après tout. Et Tahlia découvrira bien vite si elle avait raison ou non, lorsque tu lui présenteras ton nouveau chez-toi, juste après votre séance shopping. Une fois dans votre boutique préférée, tu ne peux t'empêcher d'avoir envie de gâter davantage encore le futur bébé Hamilton-Wates. Un bébé qui occupera une grande place dans ta vie, sans aucun doute. « Je sais. » Dis-tu fièrement avant de rire quand Tahlia souligne que tu n'es pas croyable. « Boh tu sais, rester chez moi n'est pas quelque chose qui m'effraie ou me dérange. Pour moi, le nouvel an, ça n'a rien de particulier. » Rétorques-tu en haussant les épaules. C'est un jour comme un autre, à tes yeux. Tu as déjà l'impression de vivre à cent à l'heure et de savourer chaque instant alors, tu n'as pas besoin du 31 décembre pour marquer le coup. Néanmoins, passer la soirée aux côtés de Florian est une idée plutôt plaisante. « Pourquoi est-ce qu'il refuserait ? » Demandes-tu en fronçant les sourcils. A sa place, tu voudrais sans aucun doute veiller sur la mère de ton futur enfant. Mais tu ne connais pas très bien Carter finalement. Tahlia t'apporte davantage de précision en t'expliquant cette impression que quelque chose s'est brisé. Tu vois bien de quoi elle veut parler car tu y as déjà été confrontée par le passé. « Il faut peut-être un peu de temps pour que les choses redeviennent naturelles entre vous... Est-ce que c'est toujours un peu ambigu ? » Demandes-tu. Car si c'est le cas, ça prouve que les choses ne sont pas totalement terminées entre eux. Enfin, à tes yeux. Tu ris en voyant Tahlia replier un vêtement pour la quatrième ou cinquième fois avant de soupirer légèrement. « Tu l'as dit. » Malheureusement, ce n'est pas plus facile du côté des femmes même si jusqu'ici, tu n'as jamais connu une vraie histoire d'amour avec l'une d'entre elles. A la question de la brune, tu relèves le regard vers elle, un léger sourire au coin des lèvres. « On se reparle avec Concho et surtout, on s'est revu. » Tu ne veux pas trop te précipiter mais tu dois bien avouer que les choses sont reparties de plus belles entre vous. « C'est tout récent donc j'peux pas te dire où on va mais on y va... » Ajoutes-tu en riant, les yeux brillants.

"Oui, chaste." dit-elle en hochant vigoureusement de la tête, comme si elle croyait vraiment en ses paroles. Mais le sourire qu'elle afficha ensuite montra bien le contraire. Tahlia écouta les paroles de Freja et répondit doucement : "Je sais que j'en aurai à nouveau envie, mais ça viendra quand je me sentirai de nouveau désirable. ça arrivera sûrement quand la petite fera ses nuits, que je perdrai mes cernes sous les yeux et que je cesserai de m'habiller comme une loque." Quelle belle vision de la maternité. Mais il fallait la comprendre. Bien sûr, on disait à Tahlia qu'elle était magnifique, que la grossesse lui allait à merveille, mais dans les regards des hommes, elle voyait bien qu'il n'y avait plus cette lueur qui la rendait attirante. Elle était juste une future maman. Une future maman qui dégainait son échographie plus vite que son ombre, pas étonnant qu'elle perdait tout son sex-appeal. En tout cas, cette échographie fit bien rire les deux jeunes femmes qui galéraient autant l'une que l'autre pour s'émouvoir devant cette petite photographie où l'on ne voyait rien de transcendant. Après avoir tout rangé, Freja lui parla de son projet, de sa maison dont les travaux arrivaient enfin à terme. On voyait qu'il y avait chez Freja cette envie de bien faire les choses, de donner du cachet à sa maison. Tahlia ne doutait en aucun cas de ses compétences. Elle était une professionnelle, une vraie professionnelle. Pas une de ces personnes qui surfaient sur la vague depuis que la décoration était devenue très tendance. Alors, évidemment que cette maison allait être une merveille. Elle posa un regard plein de douceur alors que Freja semblait touchée par ses compliments. Cela rendait Tahlia encore plus impatiente à l'idée de voir cette maison. Une fois dans le magasin et alors que leur radar à vêtements était en marche, les projets du Nouvel An vinrent à être discutés. Tahlia posa son regard sur son amie, esquissant un sourire en l'entendant dire que le 31 était un jour comme un autre. "Oui, je comprends. Mais bon, ça reste l'occasion de faire la fête." Et on ne disait jamais non à l'occasion de faire la fête. Encore plus quand il y avait Florian dans l'équation. En ce qui concernait Carter, en revanche, Tahlia n'était pas certaine qu'il l'accompagne. "Bah je ne sais pas, c'est l'impression que j'ai. Il est très casanier." Mais la véritable raison vint dans la suite de ses mots. En vérité, Carter et Tahlia avaient du mal à partager des moments ensemble. Son gros ventre ne suffisait pas à le pousser davantage à ses côtés et à partager des moments pendant cette grossesse qui serait pourtant unique. Et ce fut la question de Freja qui l'éclaira encore plus : "Non, il n'y a plus grand chose d'ambigu. Il y a juste... énormément de distance. J'ai envie de croire qu'il faut du temps pour que ça redevienne naturelle, mais j'ai l'impression que ça ne suffira pas. J'ai juste peur que ce soit fini." C'était peut-être mieux de se dire ça, pour avancer, pour tourner la page, pour réfléchir la situation dans laquelle elle était. Car si elle avait rompu avec Carter par rapport à Ciàran, par rapport au fait qu'elle ne savait pas où elle en était, il s'avérait que quelques mois plus tard, elle était toujours au même stade. Elle était complètement perdue. C'était sûrement l'occasion de penser à elle et à ces putains de sentiments qui l'égratignaient de jour en jour. Après avoir replié quatre fois le même body et fini de lâcher cette  phrase sur ces hommes qui les faisaient tourner en bourrique, Tahlia osa retourner la question. Ses yeux verts rivés sur son amie, Freja lui avoua avoir revu Concho. "C'est vrai ?" dit-elle, en souriant et en sentant ce poids sur le coeur s'alléger quelque peu. La brune avait vécu avec la terrible impression d'avoir cassé une histoire en devenir. Savoir que Concho et Freja avaient fini par se retrouver était tellement rassurant. "Je vois ton regard brillant, ça en dit long." la taquina-t-elle, d'abord, avant de reprendre plus sérieuse : "Je suis vraiment heureuse de savoir ça. Vous vous apportez tellement l'un et l'autre." Même si elle ne l'avait pas vu du suite, elle avait vu le mal que la nuit entre Concho et Tahlia avait fait chez ses deux colocataires. "Vous vous êtes revus quand ?" Elle voulait tout savoir sur ces jolies retrouvailles.

« Je sais qu'il y a une différence entre se sentir désirable et être désirable mais tu restes une très belle femme Tahl'. » D'ailleurs, tu trouves ton ancienne colocataire encore plus belle depuis qu'elle est enceinte. Peut-être parce que la dernière fois que tu l'as vue, elle était dans un état déplorable. Heureusement, cette grossesse a permis à la brune d'avoir un nouveau souffle, une raison de continuer à se battre pour sa vie. Et à lui donner un sens, aussi. Tu rêves de pouvoir connaitre ce sentiment, toi aussi, un jour mais tes espoirs s'amenuisent avec le temps malheureusement. Tes derniers examens à l'hôpital ne t'ont pas vraiment apporté de bonnes nouvelles mais tu commences à accepter, petit à petit, et à entrevoir d'autres solutions pour être maman. Enfin, avant ça, tu comptes avoir une vie un peu plus stable surtout en amour et ça, ce n'est pas gagné. « C'est vrai mais j'me fais plus rare dans les bars en ce moment. » Peut-être parce que tu as envie de profiter au maximum de ton nouveau chez-toi. Ou que tu as perdu l'envie de faire la fête comme avant parce que ça t'intéresse moins, que tu cherches plutôt la stabilité. Mais bon, le jour du nouvel an, il vaut peut-être mieux marquer le coup. Et puis, si tu le passes en compagnie de Florian, tu sais que tu passeras une bonne soirée dans tous les cas. « Oh je vois... » Réponds-tu simplement à propos de Carter et de son côté casanier. Tu vois bien que Tahlia est touchée par la situation et qu'elle ne la vit pas très bien. Mais tu ne sais pas vraiment quoi faire pour l'aider ou la soulager. Si ce n'est passer un moment en sa compagnie dans les boutiques de fringues. « J'peux pas l'affirmer ou l'infirmer malheureusement. Il n'y a que vous deux qui savez ce qu'il y a entre vous, et encore... » Parce que parfois, même quand ça nous concerne, on est complètement perdu. Tu es bien placée pour le savoir. « On verra avec la naissance de la petite. Il va assister à l'accouchement ? » Demandes-tu en fronçant légèrement les sourcils. Tu ne sais même pas si Tahlia et Carter ont eu l'occasion d'en discuter puisque cette grossesse est arrivée par hasard et a tout chamboulé. Mais c'est une question qu'ils devront se poser à un moment où un autre. Et tu sais que c'est le genre de choses qui peut rapprocher. Tu peux lire le soulagement dans le regard de la brune quand elle apprend que tu revois Concho. Tu hoches doucement la tête à sa question, un sourire au coin des lèvres. « Oui, je crois qu'on peut vraiment être bon l'un pour l'autre. » Dis-tu sincèrement. Même si ces dernières semaines les choses se sont corsées entre Concho et toi, c'était surtout à cause de non-dits. Sinon, tout se passait très bien entre vous lorsque vous étiez tous les deux. Dans votre bulle. « Hier. » Réponds-tu en riant. Ces retrouvailles sont très proches mais qu'importe tant qu'elles ont été belles. « On verra, j'veux pas trop m'avancer. La seule chose qui me dérange c'est ma position vis à vis de Zelda. » Dis-tu en soupirant. C'est ton amie après tout et tu as l'impression d'être la pire des amies en continuant à voir Concho qu'elle a aimé profondément.

« Là au moins, il n'y a aucune différence. Je ne suis pas désirable et je ne me sens pas désirable. Le problème est réglé. » répondit-elle en esquissant un sourire. Mais son regard fut reconnaissant quand Freja affirma que, malgré tout, elle restait une belle femme. C'était plaisant à entendre, même si elle voyait plutôt cela comme un moyen de la rassurer. Tahlia voyait bien que le regard des hommes changeait. Elle n'était qu'une mère en devenir, mais cela restait secondaire. Elle avait tellement de choses auxquelles penser que sa vie sexuelle n'était que futilité. Ce serait sûrement dans les mois à venir, après la naissance de sa fille, qu'elle devra réapprendre à être une femme dans sa globalité. En attendant, elle apprenait à aimer ce corps qui portait la vie et c'était un bouleversement total, une expérience incroyable. Cela valait le coup... réellement. Cela valait le coup d'avoir tenu bon et de recommencer à vivre au travers de ce bébé en formation. « On se fait vieille... » dit-elle en riant quand Freja lui avoua qu'elle se faisait plus rare dans les bars. Mais il était vrai que le 31  restait un événement particulier, un jour où tout le monde était prêt à faire la fête. Tahlia l'était aussi, même si elle se disait qu'elle allait sûrement passer cette soirée sans la personne avec qui elle aurait voulu partager ce moment. Carter était à mille lieues d'elle. Elle était fêtarde. Il était casanier. Rien que cela les opposait. Mais au-delà de ce côté casanier, c'était surtout leur relation complexe qui pousserait sûrement le jeune homme à refuser de passer le Nouvel an avec elle. Le dire à voix haute lui permettait d'assimiler cela. « Et encore... » dit-elle en répétant les mots de Freja. En effet, Tahlia était loin de savoir ce qu'il y avait encore entre eux. Et c'était cela qui l'empêchait de tourner la page pour de bon. Quand la norvégienne lui demanda pour l'accouchement, Tahlia haussa les épaules : « Je ne sais pas, je pense que oui. Je veux dire... c'est quand même le jour où notre fille naîtra. C'est un moment que l'on ne revivra jamais. » Elle ne demandait même pas qu'il soit là pour elle, mais qu'il soit là pour vivre la naissance de la petite, qu'il puisse vivre cette vague d'émotions quand il entendra son premier cri, quand il se rendra compte qu'elle était enfin là, bien réelle. Mais chaque chose en son temps, disait-on. Assez parler d'elle et de ses problèmes ! Il y avait une autre brune qui, elle, avait le regard bien pétillant. Et ce fut avec un énorme soulagement que Tahlia apprit qu'elle avait revu Concho. La brune esquissa un large sourire en l'entendant parler de lui. « Je pense aussi que vous pouvez vraiment être bons l'un pour l'autre. » Même si elle savait qu'il y avait toujours Woody quelque part dans le cœur et la tête de la norvégienne, Tahlia était ravie de savoir que Freja laissait une chance à Concho. Il  pourrait aimer la brune comme elle le mériterait. Quand elle apprit ensuite qu'elle ne l'avait revu que la veille, Tahlia se mit à rire : « C'est pour ça que tu es sur ton petit nuage ! » C'était tout beau, tout récent. Même si elle espérait que ce bonheur durerait encore longtemps. Mais il y avait encore certaines choses qui dérangeaient Freja, notamment sa place envers Zelda. « Oui, je comprends, c'est ton amie. » Elle reprit cependant, avec douceur : « Mais ce coup de cœur est arrivé sans que tu le demandes, Freja... Elle finira par comprendre quand elle vous verra heureux ensemble. » L'amitié, c'était aussi voir l'autre heureux. Et Freja l'était réellement avec Concho. Plus hésitante toutefois, Tahlia enchaîna sur un autre sujet tout aussi difficile : « Et avec Woody ? »

En entendant les paroles de la brune, tu ne peux t'empêcher de secouer la tête de gauche à droite. Tu peux comprendre qu'avec tous ces changements, surtout au niveau de son corps, Tahlia ne se trouve plus aussi désirable, aussi belle, qu'auparavant. Mais à tes yeux, elle l'est davantage encore maintenant qu'elle porte la vie. Evidemment, tu vois cela avec tes yeux d'amie mais tu es certaine de ne pas être la seule à penser cela. « Je crois que je n'arriverai pas à te faire changer d'avis. » Réponds-tu avec un petit sourire, toi aussi. La force de caractère de ton ancienne colocataire n'est plus à prouver et puisqu'elle est aussi têtue que toi, tu sais que ce débat risque de durer des heures encore. Ce sur quoi vous êtes d'accord, par contre, c'est que vous êtes en train de vieillir et qu'arpenter les bars toute la nuit n'est plus aussi attirant qu'auparavant. Néanmoins, pour le 31 décembre, il est sans doute bon de faire une petite exception. En plus, Florian t'a vendu la soirée comme si c'était the place to be et si Tahlia y va, elle aussi, c'est une raison de plus pour que tu y ailles. M'enfin, te connaissant, tu prendras sûrement la décision le jour même, quelques heures avant minuit. « Oui, il serait vraiment bête de manquer ça. Mais si Carter est absent, je prendrai volontiers sa place. » Rétorques-tu en souriant. Tu imagines bien que Tahlia préférera sans doute avoir sa mère à ses côtés si Carter brille par son absence. Mais tu ne perds rien à essayer. A défaut de pouvoir peut-être accoucher un jour, tu ne dirais pas non à assister à celui d'une autre. Surtout d'une personne aussi chère à ton coeur que la brune. Mais tu es bien consciente que dans ce cas-ci, ce n'est pas ta place. « Pourquoi est-on incapable de faire les choses facilement ? » Demandes-tu avec un sourire au coin des lèvres. Malgré tout, en ce moment, la situation de Tahlia est bien plus compliquée que la tienne. De ton côté, les choses semblent s'arranger peu à peu. Avec ton ancien colocataire du moins même si c'est encore tout récent comme tu l'expliques à la future maman. « Ouais, j'profite parce que ces moments-là sont souvent trop courts ! » Surtout avec toi qui attires sans cesse les problèmes. Néanmoins, il y a bien quelque chose qui fait de l'ombre à ton bonheur : Zelda. Tu n'arrives pas à t'ôter cette culpabilité de la tête et tu espères que Tahlia a raison mais tu n'es pas certaine que Zelda soit capable de te pardonner et de comprendre. Vu toute l'amertume qu'elle éprouve envers Concho, tu as du mal à croire qu'elle voie votre bonheur avant tout. « J'sais pas... elle est vraiment remontée contre lui. La dernière fois que je l'ai vue, elle n'a fait que cracher sa haine et elle espérait que je fasse de même mais ce n'est pas mon genre de dire ce que l'autre a envie d'entendre sans le penser. » Cela risque probablement de mettre en péril ta relation avec Zelda mais tu es comme ça. L'honnêteté fait partie de tes plus grandes valeurs. D'ailleurs, tu l'as été envers un autre que Tahlia ne tarde pas à mentionner. Woody. « Il m'a dit qu'il était prêt, qu'il voulait nous donner une chance d'être heureux. Mais j'ai pas pu lui cacher que je voyais Concho et surtout que j'avais du mal à croire à ses belles paroles. J'peux plus me contenter de mots là, il m'a trop fait souffrir. » Malgré tout, tu l'aimes et tu l'aimeras probablement toujours. Alors te voilà dans une belle impasse dont tu ne trouves pas la sortie.

« En effet... » avait-elle glissé quand Freja lui avait dit qu'elle ne parviendrait pas à la faire changer d'avis. Les deux brunes étaient réputées pour leur fort caractère, Freja savait donc mieux que quiconque que Tahlia ne lâchait pas facilement le morceau. Surtout sur quelque chose de si personnel qu'était l'image qu'elle avait d'elle. Tahlia n'avait déjà pas une opinion flatteuse d'elle-même, en temps normal, ce n'était pas en étant enceinte jusqu'aux yeux qu'elle se verrait comme un canon de beauté. C'était comme si, en portant la vie, elle s'interdisait d'être une femme avec des envies. C'était étrange comme impression. S'il y avait bien un autre changement, c'était celui de ne plus fréquenter autant les soirées, mais pour le 31, il y avait quand même un effort à faire. Tahlia avait encore quelques jours devant elle pour convaincre Freja. Et Carter... même si pour lui, elle savait qu'elle aurait plus de mal. Il était absent pour elle, mais présent pour le bébé. C'était un chamboulement qu'elle avait du mal à accepter, pour l'instant. Vint la question de l'accouchement et de la présence de Carter. Ils n'en avaient pas parlé mais Tahlia se doutait qu'il serait là. S'il ne l'était pas, en voilà une qui se portait volontaire. Tahlia regarda Freja, surprise : « C'est vrai ? » Un sourire vint se dessiner sur les lèvres, touchée à l'idée de savoir qu'elle ne serait peut-être pas seule. Bien sûr, elle avait sa mère, mais cette dernière était nerveuse dès qu'elle mettait un pied dans un hôpital. Si elle pouvait lui infliger une nervosité de moins... La brune posa son regard sur la norvégienne en entendant sa nouvelle question. Pourquoi elles ne faisaient pas les choses facilement ? « Je me pose encore la question. » dit-elle doucement, sourire aux lèvres. « On n'aime pas les choses trop simples, je crois... » Et cela portait préjudice. Tahlia était bien placée pour le dire puisqu'elle avait perdu son couple, cette relation où tout était simple. Trop simple, peut-être. Pour Freja, cependant, la situation commençait à se radoucir un peu. Elle avait revu Concho, ce qui expliquait pourquoi elle avait ce sourire énorme sur les lèvres. Elle était perchée sur son petit nuage. Quand elle lui avoua en profiter parce que ces moments étaient trop courts, la brune répondit en souriant : « Cette fois-ci, ça sera peut-être différent. » Ils avaient déjà traversé des problèmes et s'étaient retrouvés malgré tout. « En plus, dans cette situation-là, tu as un avantage considérable. Ça faisait des années que tu vivais avec Concho. Tu connais ses manies et ses défauts. Tu ne risques pas d'être déçue de ce côté-là. » Elle se mit à rire joyeusement. Mais il était vrai que cela laissait une belle longueur d'avance. Dans un couple tout nouveau, il y avait la connaissance de l'autre qui entrait en jeu et qui, parfois, montrait que l'on ne se correspondait finalement pas. Concho et Freja se connaissaient déjà plus que bien, ce qui n'était pas négligeable. Toutefois, ce n'était pas les problèmes intérieurs qui causaient soucis, mais plutôt les problèmes extérieurs. Zelda, notamment, et la culpabilité qu'elle occasionnait chez Freja. « Elle est en colère contre Concho, pas contre toi. Leur histoire a été tumultueuse, c'est normal que cela laisse quelques rancoeurs chez elle. Mais laisse-lui le temps de passer à autre chose. Elle ne pourra détester Concho indéfiniment. » Là, Zelda aura le recul nécessaire pour accepter la relation entre Freja et son ex. Mais Zelda n'était pas la seule entrée à rendre l'équation difficile. Il y avait aussi Woody. Woody qui avait fait un retour fracassant dans la vie de Freja. Tahlia posa un regard réconfortant sur son amie. Elle savait l'impasse dans laquelle elle se trouvait : elle avait envie d'avancer mais elle était sans cesse ramenée vers celui qu'elle aimerait toujours d'un amour passionnel. « Woody a toujours un train de retard... » souffla-t-elle. La dernière fois qu'elle avait vu Woody, Tahlia l'avait poussé à réagir, à lui montrer qu'il avait Freja dans la peau, que Freja avait Woody dans la peau et qu'ils pouvaient être heureux s'ils s'en donnaient l'occasion. Il n'avait pas voulu l'entendre. Il s'en rendait compte trop tard. « Oui, je comprends. Tu n'as pas besoin de belles paroles. Tu as besoin de faits réels. » C'était là que Woody se ratait à chaque fois. Il avait plusieurs fois mis Freja de côté alors qu'elle aurait pu être sa plus belle alliée. Un couple se faisait à deux, pas seul chacun de son côté. « Comment tu réagis face à ce qu'il t'a dit ? Tu penses pouvoir t'impliquer dans ta relation avec Concho en sachant tout ça ? » Dans cette situation, il fallait qu'elle se pose la bonne question : qu'est-ce qu'elle voulait ? Qu'est-ce qui la rendrait la plus heureuse ?

« Bien sûr que c'est vrai. » Affirmes-tu sans une once d'hésitation, à propos de l'accouchement. Si Tahlia n'est pas accompagnée de Carter ou d'une autre personne de son choix, il est évident que tu ne la laisseras pas seule face à un événement qui doit la terroriser. Aucune femme n'est sereine face à un accouchement, même en étant préparée. Au final, on n'est jamais réellement préparé et surtout, on n'a aucun élément de comparaison ce qui met l'accouchement dans l'inconnu le plus total. Alors si elle l'accepte, bien sûr que tu seras là pour la soutenir. Maintenant que vous avez fait table rase du passé, tu vas tout faire pour que votre amitié soit solide et que votre complicité ne cesse de grandir. « Ouais mais franchement, on devrait. Cela nous éviterait bien des problèmes. » Réponds-tu à propos de votre petit penchant pour les choses compliquées. Néanmoins, à tes yeux, il y a des limites. Si ça devient trop compliqué au point de balayer tous les moments heureux, tous les bons côtés, ça n'a plus aucun intérêt à tes yeux. Mais bon, tu es bien placée pour savoir qu'on ne contrôle pas ses sentiments. Malgré tout, dans ce flot de complications, tu as trouvé ton rayon de soleil : Concho. Si les choses ont été compliquées ces derniers mois, à présent, tout semble s'arranger et repartir de plus belle entre vous. « C'est vrai même si je le vois d'une manière totalement différente aujourd'hui. Il y a des choses qui m'agaçaient avant et que je trouve adorables aujourd'hui. » Rétorques-tu avec un faible sourire. « Beurk, ce que je peux être cucul. » Tu ris avant de secouer la tête légèrement. Ce n'est pas du tout ton genre d'être comme ça mais il faut croire que l'australien fait ressortir tes meilleurs côtés dont certains que tu ne soupçonnais même pas. Pourtant, malgré ce petit nuage sur lequel tu te trouves, il y a quand même une ombre au tableau. Zelda. Bien que les choses semblent s'arranger, tout doucement, entre vous, tu sais que ce n'est pas gagné. Et qu'elle risque de voir ta relation avec Conchobáhr d'un mauvais oeil. « J'espère que tu as raison. Surtout pour Lara parce qu'elle a besoin de voir ses parents heureux même s'ils sont séparés. » Et c'est la même chose pour Tahlia et Carter mais tu sais qu'ils font tout ce qu'ils peuvent pour maintenir la bonne entente entre eux même si ce n'est pas tous les jours facile. Alors que vous abordez un autre sujet compliqué, tu soupires en entendant les mots de Tahlia. C'est ça, Woody a toujours tendance à réapparaître au pire moment. « Ou peut-être que c'est parce qu'il sent que je lui file entre les doigts... » Dis-tu plutôt comme une supposition que comme une affirmation. Tu hoches simplement la tête quand ton ancienne colocataire reformule tes propos, comprenant bien que tu as besoin de concret à présent. Tu ne peux pas mettre de côté une relation qui fonctionne bien avec Concho pour des peut-être avec Woody. « C'est dur... J'ai senti qu'il voulait se raccrocher à moi plus que jamais et je l'ai lâché sans doute au pire moment. » Tu baisses la tête, sentant la culpabilité te gagner, avant de reprendre : « Mais malgré tout, je sens au plus profond de moi-même que j'ai besoin de m'investir dans cette relation avec Concho. J'ai besoin de lui. C'est peut-être égoïste mais c'est ce que je ressens. » Egoïste pour Woody et peut-être même pour Conchobáhr mais pour une fois dans ta vie, tu décides de penser d'abord à toi avant les autres.