we walk through fire to get to water (tahlia)

« C'est adorable, merci... » avait-elle soufflé, avec émotion, quand Freja lui affirma qu'elle l'accompagnerait durant son accouchement, si elle venait à se retrouver seule. C'était l'une des pires craintes de Tahlia. Elle avait déjà peur d'accoucher. Et elle avait encore plus peur d'accoucher seule. Cette grossesse avait démarré étrangement, elle espérait donc qu'elle se terminerait sereinement, en étant bien entourée. Elle qui vivait de manière si complexe rêvait d'un peu de normalité, d'un peu de simplicité. Ce fut d'ailleurs le sujet de leur conversation, alors que justement, elles se disaient qu'elles n'aimaient pas les choses trop simples. Et c'était pour cette raison qu'elles étaient des aimants à problèmes. « C'est vrai. Parfois, on perd gros. » Elle savait de quoi elle parlait puisqu'à rendre les choses complexes, Tahlia avait perdu Carter, elle avait failli perdre Freja et elle avait été à deux doigts de perdre son bébé. Tout cela parce qu'elle avait trop joué à l'origine. Heureusement, il y avait des moments de vie qui vous rattrapaient juste à temps. Pour Tahlia, c'était sa grossesse. Pour Freja, c'était Concho. La norvégienne rayonnait littéralement. Et elle semblait découvrir Concho sous un tout autre jour, appréciant ce qu'autrefois elle détestait. Ça y est, Freja était accro. Elle s'apprêta à la taquiner quelque peu sur ce côté fleur bleue, quand finalement ce fut Freja qui l'exprima en première, ce qui fit rire Tahlia. « J'allais te le dire ! » Avant d'ajouter en souriant : « Mais je te pardonne... c'est mignon à voir. » La brune aussi avait eu ces moments niais, même si cela n'avait pas duré éternellement. Elle espérait que pour Freja, cela dure bien longtemps, même s'il y avait quelques facteurs qui complexifiaient le tout. Zelda, d'abord, qui mettait Freja dans une position délicate, entre l'envie de vivre sa relation avec Concho et l'amitié qu'elle portait à la jeune maman. « Je pense que l'envie de voir son enfant heureux passe au-dessus des conflits. Leurs relations finiront par être, au moins, cordiales. » Elle ne comprenait pas ces ex qui continuaient à se balancer des horreurs à la figure, alors qu'un enfant se trouvait au milieu. Mais il n'y avait pas que Zelda. Woody aussi avait décidé de complexifier le tout, en réapparaissant. Mauvais timing, Woody. Tahlia secoua la tête en entendant la supposition de Freja. « Je ne pense pas. Je pense juste qu'il est arrivé trop tard. » Elle espérait que ce soit cela plutôt que de se dire qu'il réagissait uniquement parce qu'il sentait qu'il perdait Freja. Si cela était le cas, il fallait qu'il comprenne qu'elle n'était pas à sa disposition. Les mots qui suivirent confortèrent Tahlia dans sa première idée. Il voulait se raccrocher à elle. Peut-être avait-il eu un électrochoc et peut-être s'était-il rendu compte qu'il avait besoin d'elle, même s'il avait tenté de s'éloigner 'pour leur bien'. « Tu as toujours été là pour lui, Freja, et tu l'es toujours, même si ce n'est pas de la même façon. Tu ne le lâches pas. » dit-elle pour la rassurer. Mais quand son amie affirma qu'elle ressentait le besoin de s'impliquer dans sa relation avec Concho, Tahlia comprit qu'elle commençait à voir plus clair dans ce que la norvégienne voulait réellement. « Si tu en ressens le besoin, fonce. Et ne regarde pas ce qu'il se passe autour. Vis juste ta propre histoire, même si je sais que ce n'est pas simple. Ce n'est pas de l'égoïsme, Freja, c'est juste suivre tes envies, tes sentiments... C'est penser à toi, pour une fois. » Tahlia avait essayé de faire réagir Woody envers Freja, parce qu'elle était persuadée qu'ils pouvaient être bons l'un pour l'autre, s'ils se l'autorisaient. Mais il fallait croire que leur relation avait énormément de cicatrices. Elle le remarquait maintenant en voyant comment Freja était avec Concho. Elle était totalement différente. Métamorphosée. « Concho te rend heureuse, et ça se voit... » Et cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu autant de sérénité sur le visage de Freja...

Perdre gros, tu sais ce que et malheureusement, on peut en dire autant pour Tahlia. La vie ne vous a pas épargnées ces derniers temps mais petit à petit, les choses semblent rentrer dans l’ordre. Ou au moins s’améliorer. De ton côté, c’est grâce à Concho que les choses se sont apaisées et qu’aujourd’hui, tu te sens plus épanouie. Malgré tout, tu restes persuadée qu’un orage plane au-dessus de vos têtes et va vous tomber dessus d’un moment à l’autre. Ce qu’il se passe entre vous est presque trop beau pour être vrai. Mais ça, c’est ton côté défaitiste qui parle. « Oh ne dis pas ça. J’suis pas mignonne. » Rétorques-tu en riant. C’est nouveau pour toi ce côté niais et tu ne sais pas vraiment comment le gérer. A vrai dire, tu n’as jamais connu cela dans tes précédentes relations, soit parce que tu n’étais pas amoureuse, soit parce que les choses étaient compliquées dés le départ. Comme ça a été le cas avec Woody, par exemple. Alors il faut que tu t’habitues à vivre une relation saine et qui te rend heureuse. Malgré tout, tout n’est pas parfait puisqu’en vous mettant ensemble, Concho et toi, vous avez blessé bien des gens. A commencer par Zelda. « J’espère que tu as raison. » Réponds-tu pour clore le sujet à propos de l’entente entre Concho et Zelda. Tout ce que tu espères c’est que chacun trouve sa place et que l’australien puisse voir sa fille grandir et profiter de son rôle de père à cent pour cent. En ce qui concerne les dommages collatéraux de ta relation amoureuse, on peut également compter Woody et c’est bien ce qui te pèse le plus dans toute cette histoire. Le blesser était la dernière chose que tu voulais faire. « Je ne veux pas le lâcher mais il m’a bien fait comprendre qu’il ne voulait pas d’une relation platonique avec moi. Si je ne peux pas être avec lui à cent pour cent alors il ne veut plus de moi dans sa vie. » Tu baisses la tête en finissant ta phrase, ressentant une pointe dans ton cœur rien qu’à l’idée de ne plus jamais faire partie de la vie de Woody. C’est quelque chose que tu n’envisages pas même si aujourd’hui, tu partages ton lit avec un autre. « Oui, j’essaie de penser à moi mais ce n’est pas évident. Je n’arrête pas de me demander qui va s’inquiéter pour le bonheur de Woody si je ne le fais plus moi-même ? » Tu ne peux pas t’imaginer une vie où tu ne t’inquiètes plus pour l’australien, où vous ne vous retrouvez pas par hasard au détour d’un bar ou sur la plage. En fait, tu n’arrives tout simplement pas à faire le deuil de votre relation. Ce sera sans doute long et difficile mais comme le souligne Tahlia, Concho te rend heureuse et c’est avec lui que tu as envie d’avancer aujourd’hui. « Pourvu que ça dure. » Réponds-tu sur un ton plus léger et avec un sourire aux lèvres. « Bon, on en était où dans cette recherche de robe parfaite ? » Demandes-tu en balayant la boutique des yeux, cherchant la robe idéale.

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