On enterre la hache de guerre

Fut un temps où les fournisseurs offraient toujours des choses lorsqu'on était bon clients chez eux, des chocolats à goûter, des verres ou des tasses pour qu'on puisse servir les clients ou des parasols publicitaires pour les tables extérieures, même des crayons ou d'autres bêtises pour les fêtes de fin d'année ou autres événements qui ravissaient la clientèle et nous permettait de leur faire plaisir sans que le commerçant ait à débourser grand chose. Ca nous fidélisait auprès d'eux, ça leur faisait leur pub et ça fidélisait notre clientèle, c'était un bon cercle vertueux. Mais on en était arrivé à l'époque où tout se payait, où il fallait réclamer ou menacer d'aller à la concurrence pour gagner quelques centimes de marge sur nos produits, pour être commerçant il fallait être commercial à présent et il fallait avouer que si Charlize avait du caractère et un sourire désarmant quand elle le voulait, ça ne faisait pas tout et parfois ça les laissait même totalement de marbre. Mais ils verraient bien, avec Jake, si chacun demande, ils auraient peut-être la chance d'obtenir un petit quelque chose, qui ne tente rien n'a rien, comme on dit. On se tient au courant quand on aura vu les fournisseurs chacun de notre côté. C'était sûrement le mieux à faire. Wojcik finit par remercier Jake pour tout ce qu'il avait fait, elle était sincère mais visiblement il peinait à y croire alors elle n'insista pas, c'était dit, libre à lui de voir qu'elle n'était pas si mauvaise. Mais ça lui fit penser qu'elle avait sûrement perdu plus que la confiance de son plus fidèle allié, les équipes ne devaient pas vraiment tout avoir compris de l'histoire. Et sans vouloir tout leur raconter, parce que ça ne les regardait pas, elle se dit que ce serait bien de resserrer les rangs, de prendre un peu la température lors d'un dîner. Généralement c'était un moment apprécié par les équipes, ça permettait de se voir en dehors du travail, de faire tomber certaines barrières pour quelques-uns, Charlize en premier qui était parfois trop rigide lorsqu'elle était la tête dans le travail. Une ambiance détendue était toujours la bienvenue. Après c'était libre à chacun de venir ou pas. Elle adressa un sourire un peu éteint à Rockhold, il ne comprenait peut-être pas que ce n'était pas si simple, si sa boutique à lui battait des records, Charlize en avait deux autres à redresser, deux qui ne gagnaient encore pas assez d'argent pour être rentables, voir même une qui semblait être une cause perdue parce qu'elle ne trouvait pas de personnel stable. Donc oui, ils feraient un carton plein pour la saint Valentin, oui elle semblait avoir fait repartir ses maisons depuis qu'elle était revenue, mais ça ne servait pas encore à éponger le carnage des deux années passées. On verra. Se contenta-t-elle de dire, elle pourrait sûrement se permettre un dîner, quitte à prendre sur ses comptes personnels qui ne manquaient pas de ressources, mais cette réponse énigmatique valaient plus pour la suite de l'histoire de son entreprise que pour un simple repas. Charlize se réjouit qu'Annushka soit restée, elle se souvenait de ses débuts difficiles, mais la gamine en voulait. Cette idée de dîner lui plaisait de plus en plus, elle verrait l'évolution de chacun et de ses propres yeux qui était encore fidèle au poste ou non, motivé ou moins. Oui, c'est une preuve de stabilité et que les employés sont bien là où ils travaillent, c'est primordial.

Jake avait toujours été bien plus bout en train que Charlize, bien plus prompt à s'amuser et la jeune femme savait qu'il aimait organiser des choses avec ses collègues, des soirées officielles ou non. Au début elle était même invitée et elle avait répondu quelques fois présente, ça remontait, c'était bien avant qu'Axten ne tombe malade. Mais elle s'était finalement vite abstenue, se rendant compte du côté moins professionnel de ces soirées, ça ne la dérangeait pas, bien au contraire, tout le monde s'amusait et ça aidait pour l'ambiance au travail. Mais elle était la boss, elle ne voulait pas dépasser certaines limites avec ses salariés et clairement, ce genre de soirées ne la mettaient pas à l'aise. Elle savait par exemple que Jake et Pippa étaient amis, ils en avaient d'ailleurs parlé en début d'entretien, mais pour elle c'était vraiment différent. D'autant plus aujourd'hui qu'ils étaient encore en froid. Il conclut rapidement et il avait raison, c'était elle qui décidait, s'ils se concertaient pour certaines choses en tant que partenaires, elle restait la grande patronne et pour ce genre de choses elle n'avait pas besoin d'avoir son accord ou non. Oui, je vous tiendrais au courant de toute façon. Pour être honnête, mis à part les équipes des boutiques qu'elle gérait, Charlize n'avait pas vraiment cherché à revoir les autres et les quelques fois où elle était venue en ville, dans celle de Jake, Annushka n'était pas là. Elle se souvenait d'avoir vu sa fiche de paye passer, avec toutes les autres alors elle se doutait bien qu'elle n'était pas partie, mais ça permettait de discuter encore un peu avec le jeune homme, même s'il la regardait d'un drôle d’œil. Depuis son retour elle avait toujours l'impression qu'il la jugeait ou qu'il cherchait où était l'entourloupe, peut-être que c'était faux, peut-être qu'elle exagérait, mais elle n'aimait pas cette sensation d'autant plus qu'il n'y avait as de pièges dans ses questions ou dans ses actions. Bref, elle espérait encore que le temps apaiserait les tentions. Il semblait qu'ils n'aient plus rien à se dire cette fois. Pour Charlize la discussion était close, de toute façon ils n'avaient pas grand chose à se dire elle le savait depuis le départ. Disons qu'il y a un peu plus de choses à savoir que la composition d'un hamburger oui... et puis il nous fait des gens qui apprécient leur métier et aient le sourire sinon les clients ne reviennent pas, c'est sûr. Elle soupira avant de lui sourire doucement. Tu vois autre chose à ajouter ? Elle avait envie de retrouver sa fille, de sentir l'odeur de son cou qui la réconfortait toujours et puis peut-être d'aller au parc, la regarder s'amuser avec d'autres enfants et prendre l'air en même temps.