Il m’arrivait de me sentir à part. Très souvent lorsqu’une conversation basculait sur le sujet « sexe », je me sentais exclue, pas à ma place. À vingt-six ans, ne pas avoir d’expérience en la matière pouvait aisément me faire passer pour un alien, aussi évitais-je souvent le sujet. Plus par peur de ne pas rentrer dans le moule que par réelle pudeur finalement. Je n’étais peut-être pas physiquement vierge mais étant donné que j’avais peu de souvenir de ma première fois, c’était tout comme. Et même sans parler directement de sexe, j’étais plutôt novice en flirt. Que ce soit à l’adolescence ou pendant mes années d’études – qui avaient commencé tôt pour moi puisque j’avais rejoint les bancs de l’université à seize ans – , je n’avais jamais vécu de longues séquences de baisers passionnées, et encore moins de pelotage en règle. Je pouvais compter sur les doigts d’une main les fois où l’on m’avait embrassée. Donc oui, j’étais vraiment une newbie. Pour autant, embrasser Bessie, la toucher, répondre aux messages que m’envoyait son corps me paraissait complètement naturel. Je n’avais rien besoin de décider, ou de contrôler. Mes gestes n’étaient plus guidés par mon cerveau mais par un instinct primaire. Cela me grisait. Après un reflexe de recul, j’indiquais à ma partenaire que j’étais prête à continuer, me laissant aller à quelques légers gémissements lorsque ses doigts passèrent sur moi. Elle attendit mon feu vert, et je le lui donnai d’un hochement de tête significatif. Oui, j’étais prête à passer à l’étape supérieure et pour le lui prouver, je capturai ses lèvres dans les miennes, entamer un baiser passionné.