on rêve d'un goût inconnu dans la bouche (léo) HOT

Décembre 2019. Kangaroo Island. « Si tu veux repartir à l'autre bout du monde j'ai toujours une valise de prête ! » Les mots de Léo n'étaient pas tombés dans l'oreille d'un sourd, car quelques mois après avoir prononcé cette phrase, vous aviez réellement mis les voiles. Cap sur l'île du kangourou, cette fois et quelque chose te dit que ce voyage risque bien d'être inoubliable, à tous les niveaux. A cause des incendies, une grosse partie de l'île a été, malheureusement, rasée par les flammes et des milliers d'animaux ont été tués. Par chance, certains ont été sauvés et emmenés sur l'île du kangourou pour être soignés. Là-bas, il y a des tas de refuges pour animaux et avec la situation actuelle, les bénévoles sont plus que demandés. C'est pourquoi, tu t'es promis d'emmener Léo dans un de ces refuges pour aider au maximum, à votre échelle. Bref, après avoir pris l'avion puis le Cape Jervis, un ferry qui démarre d'Adélaïde pour l'île, vous voilà déjà au deuxième jour, prêts à en prendre plein les yeux durant votre voyage. « Prêt pour cette nouvelle journée ? » Demandes-tu avec un large sourire en sortant de la salle-de-bains et en regardant Léo, posé sur le lit. Vous n'avez pas eu l'occasion de faire ou de voir grand chose, hier, avec votre arrivée plutôt tardive mais même de nuit, l'île est magnifique. « Je t'ai réservé une surprise pour cette après-midi mais on a un peu de temps libre pour ce matin. Qu'est-ce que tu as envie de faire ? » Hier, en découvrant l'île à pieds, pendant la soirée, vous avez eu l'occasion de voir diverses activités comme du kayak, du sandboard ou encore une promenade entourés de koalas, dans un sanctuaire. Les possibilités sont multiples alors, pour ce matin, tu laisses choisir le photographe puisque pour ce qui est de votre programme de l'après-midi, c'est toi qui as tout décidé. Vous avez environ deux heures devant vous, de quoi faire une petite activité avant de découvrir la cuisine locale de l'île.

Lorsque Léo avait lancé sa proposition un peu en l'air à Freja il s'était imaginé une viré shopping à Sydney plutôt que la découverte de l'île Kangourou où les rescapés des incendies avaient été rapatrié. Mais à cette époque l'île commençait à peine à brûler et on pensait encore que tout était métrisable alors pourquoi penser au pire ? Pourtant le pire était arrivé et même s'ils étaient préservés, à Bowen, ailleurs en Australie la situation était catastrophique, incontrôlable. Léo avait été appelé pour un reportage photo au sud du pays et les images qu'il en avait ramené était terrifiantes. Lui qui n'était pas étranger aux missions humanitaires commençait à regarder comment aider à son échelle dans diverses associations, malheureusement avant de reconstruire il fallait déjà stopper les flammes et ce n'était pas encore fini. Déjà quand il avait pris ce café avec Freja et parlé des animaux à préserver cette conversation lui avait donné à réfléchir à son comportement envers la planète et quand elle l'avait appelé quelques jours plus tôt il n'avait pas été surpris qu'elle lui propose de la suivre pour aider le animaux. Emerson pensait bien plus aux hommes mais les bêtes étaient au moins aussi importantes alors il avait dit oui sans hésiter. Comme il le lui avait dit, il avait toujours une valise prête. Le matin qui avait suivi leur arrivée sur l'île, après avoir dormi d'un sommeil agité, il feuilletait une brochure sur le lit en attendant la brune qui se préparait dans la salle d'eau. Une surprise ? C'est quoi ?! Il était toujours comme un gamin avec les surprises, incapable d'attendre. Il se redressa, tendant la brochure à Freja. Ils proposent des petites excursions d'une heure ou deux en kayak autour de l'île, on pourrait emmener masque et tuba et tenter un peu de snorkeling si on voit des endroits sympas durant la balade, tu en penses quoi ? A moins que ce ne soit déjà ma surprise... Auquel cas il venait de tout gâcher. Mais il n'avait pas d'idée précise, tout lui conviendrait, l'île avait vraiment l'air magnifique et accueillante.

« Si j'te le dis, ce ne sera plus une surprise... » Dis-tu en arquant un sourcil avant de rire légèrement. De toute façon, Léo n'aura plus à attendre très longtemps avant de découvrir de quoi il s'agit. Quelques heures tout au plus. Mais pour l'heure, vous avez un peu de temps devant vous pour découvrir l'île ou faire les activités de votre choix. « Oui, tu viens de ruiner ma surprise. » Rétorques-tu en prenant une moue déçue et en t'installant sur le lit aux côtés du photographe avant de saisir la brochure qu'il te tend. « Je n'ai plus qu'à chercher autre chose maintenant... » Tu fais mine d'être fâchée, feuilletant la brochure bruyamment. Puis, voyant l'air dépité de Léo, tu éclates de rire et lui donnes un léger coup d'épaule. « Je plaisante. Ce n'est pas ça ta surprise et je suis totalement partante pour faire du kayak et de la plongée ce matin. » Tu déposes la brochure sur votre lit avant de te lever et de tendre la main au brun, prête à décoller de votre chambre. Tu ne te voyais pas vraiment prendre des chambres séparées avec Léo sans réellement expliquer pourquoi. Peut-être parce qu'il persiste cette petite ambiguïté entre vous, celle qui vous a déjà poussés par le passé à finir la nuit dans les bras l'un de l'autre. Pourtant, tu ne cherches pas à expliquer ce qu'il se passe entre vous parce que la simplicité de votre relation te convient parfaitement. Après avoir pris les clés de la chambre, vous quittez celle-ci pour vous rendre au post de kayak pas très loin de votre hôtel. Il ne vous faut que quelques minutes avant d'être à l'eau, prêts à découvrir l'île de la meilleure des façons, armés de masques et de tubas. « Comment ça se passe pour toi en ce moment ? » Demandes-tu alors que vous commencez à pagayer sans réellement savoir où vous allez. Tu as cru comprendre qu'il y avait quelqu'un dans la vie de Léo et pourtant... il est là. Est-ce que ça veut dire qu'il n'y a plus personne à présent ? Tu n'en sais strictement rien.

La réponse de Freja fit lever les yeux de Léo au plafond avec un mince sourire, c’était évident qu’elle n’allait pas lui révéler sa surprise mais en éternel impatient il avait tenté sa chance, sur un malentendu… Il proposa alors ce qu’il avait sous les yeux dans la brochure qu’il tenait, c’était somme toute une activité assez simple lorsqu’on était sur une île, sans trop de surprise finalement, une balade en bateau, plonger dans les eaux turquoise pour découvrir les fonds marins et la faune qui les habitait. Mais la brune était bonne actrice et lorsqu’elle lui fit croire que c’était sa surprise Emerson se sentit un peu con. Enfin il pourrait avoir bien d’autres idées pour ce matin. Il resta interdit quelques courtes secondes avant qu’elle n’éclate d’un rire communicatif. T’es bête, tu sais comme je suis naïf des fois. Il rit à son tour, un peu soulagé tout de même. Alors allons-y pour ça. Il avait déjà enfilé son short de bain, tenue de circonstance pour tout le séjour sur l’île, il ne leur restait plus qu’à récupérer du matériel à l’accueil de l’hôtel et à réserver leur kayak, Léo avait hâte d’être sur l’eau, c’était une activité qu’il aimait beaucoup. Ivanova semblait prête elle aussi, elle se levait déjà pour lui tendre une main et l’inviter à la suivre. Léo l’attrapa avec cet éternel sourire au coin des lèvre. Les voyages avec Freja étaient toujours agréables, il se sentait bien avec elle, parce que tout était simple, ils ne se posaient pas de question, ils ne cherchaient pas là comprendre cette attirance qu’il y avait entre eux, quand elle était un peu trop forte ils y succombaient et le reste du temps ils étaient simplement deux amis qui parlaient de tout, de rien, qui passaient de bons moments ensemble. Si ça pouvait être aussi facile avec toutes les femmes Léo serait bien plus tranquille. Peut-être que c’était possible parce qu’ils savaient autant l’un que l’autre qu’il n’y aurait jamais d’histoire possible entre eux, ils avaient chacun une vie sentimentale bien trop compliquée pour en rajouter et ils semblaient aimer se donner l’illusion que ce genre d’escapade n’était qu’une parenthèse sans conséquences. Il ne leur fallu pas bien longtemps pour être équipés pour leur sortie en mer et se retrouver tous les deux au milieu de l’eau dans leur bateau de fortune, comme seuls au monde. Ils avaient une carte pour se repérer mais pour l’instant ils pagayaient un peu à l’aveugle. Tu veux savoir si je tromperais quelqu’un si tu essayes de te rapprocher un peu trop dans notre lit ? Il sourit, un sourire un peu voilé. J’ai un peu fait le con ces derniers mois, faut croire que je suis incapable de rester en couple bien longtemps, même avec une femme parfaite. Et toi Freja, j’imagine que si t’es là tu n’as pas remis le couvert avec Rutkowski. Et que les autres n’ont pas réussi à t’assagir… Il ne la jugeait pas, loin de là, elle était jeune, belle à se damner, comment ne pas profiter de la vie ? Ils savaient bien l’un comme l’autre qu’elle était trop courte.

C'est bien d'être naïf parfois, ça permet de garder ce côté enfantin que tu aimes tant. Ce côté imprévisible que tu partages, sans aucun doute, avec le photographe. Vos voyages ne sont qu'une preuve parmi tant d'autres mais c'est ce qui rend votre relation encore plus belle. Encore plus vraie. C'est pour cette raison que tu vois en Léo le compagnon de voyage idéal. Tu sais que votre voyage ne sera jamais mis en péril par une dispute débile parce que c'est un mot que vous ne connaissez pas, quand vous êtes tous les deux. Vous préférez laisser les choses venir à vous naturellement et c'est ce qui permet à votre relation d'être aussi simple et sans prise de tête. Ça et le fait que vous n'attendez rien de l'autre, peut-être aussi. Une fois dans ce petit bateau tout juste prêt à vous accueillir tous les deux, tu questionnes Léo sur sa vie et ce qu'il s'y passe actuellement. A sa question tu ris, parce qu'il n'a pas totalement tort l'australien. « Peut-être... parce qu'après tout, comme tu le soulignes si bien c'est notre lit. » C'est une petite habitude que vous avez pris, lorsque vous partez à la découverte du monde tous les deux. Mais tu ne te fais pas d'illusions, tu sais bien que le jour où quelqu'un s'installera définitivement dans votre coeur, vous n'aurez plus le loisir d'être aussi libres et de partir à l'improviste de cette façon. « Qu'est-ce que t'as fait ? J'pense que t'es capable de rester longtemps avec quelqu'un mais la question c'est plutôt : est-ce que tu en as envie ? » Demandes-tu avec un léger sourire avant d'hausser les épaules lorsque Léo te retourne la question. En effet, tu n'as pas remis le couvert avec Woody mais pour ce qui est du manque de sérieux dans ta vie amoureuse, tu n'es pas réellement responsable. « Non, on ne s'est pas remis ensemble avec Woody et je crois que ce ne sera plus jamais le cas. » Dis-tu en détournant quelques secondes le regard, sentant ton coeur réagir à l'évocation de ces quelques mots. « Mais j'étais plus ou moins avec quelqu'un ces derniers mois. Malheureusement, tous les hommes que j'ai rencontrés ont fini par me décevoir un jour ou l'autre. » Pas Léo ou du moins, pas jusqu'ici. Mais tu ne considères pas votre relation comme une vraie relation sentimentale, comme une relation où des sentiments amoureux peuvent s'installer. Avec Léo, c'est physique mais c'est plus comme un coup de foudre amical. Vous êtes littéralement fait pour vous entendre tous les deux mais en tant qu'amis. Avec quelques bénéfices de temps en temps.

Ensemble ils étaient irrécupérables, ils jouaient avec le feu comme s’ils étaient réellement libres comme l’air. Si Léo et Freja étaient effectivement célibataires, ils avaient néanmoins bien des choses à régler sur le point sentimental. Mais le simple fait d’être loin de Bowen, loin de tout, semblait leur donner des ailes, comme une parenthèse magique qui n’aurait une conséquence sur leurs vies ou sur leurs relations houleuses, ils s’attisaient par des mots choisis, des sous-entendus, comme le simple fait de partager une chambre avec un seul lit pour deux, sans savoir qui de l’un ou de l’autre craquerait le premier, ni où, ils étaient imprévisibles, mais il était presque certain que la partie serait remportée et que le perdant se laisserait faire sans trop rechigner. Peut-être qu’ils en profitaient parce qu’ils étaient conscient que la nature ambiguë de leur relation ne pouvait être que s’ils étaient libres, le jour où l’un ou l’autre vivrait une histoire sérieuse il en serait fini de leur petit jeu. Pour l’instant la brune semblait tâter le terrain, en même temps qu’elle semblait sincèrement préoccupée par les amours de son compagnon de voyage. Je ne sais pas ce que j’ai fait. J’ai peut-être cru que c’était possible d’avoir deux filles en même temps… je sais, t’as pas besoin de me dire que c’était la pire connerie. La première l’a plus ou moins appris, elle a pris ses affaires et quitté la maison, fin de l’histoire. Il haussa les épaules. J’en sais rien si j’en ai envie. Pourquoi j’en aurais pas envie ? A un moment faut peut-être que j’me résonne aussi. Regarde, j’ai tout perdu maintenant. Et j’peux te dire que ça fait mal, merde j’aurais jamais cru mais ça fait mal. Lui qui avait toujours tout ce qu’il voulait, lui l’égoïste qui ne pensait qu’à lui dans ses relations amoureuses, pour une fois il s’était fait prendre à son propre jeu. Les mots de Freja le firent grimacer alors qu’il la voyait détourner le regard. Et quand elle évoqua un autre homme le souvenir de la soirée miss/mister Bowen lui revint en mémoire. C’est drôle, quand je t’ai croisé à la soirée Miss/Mister tu dansais avec Concho, j’sais pas ce que j’ai cru… enfin de toute façon c’est ton coloc et vous vous connaissez par cœur tous les deux. Il continua à pagayer distraitement pour s'éloigner encore plus des côtes, sans réaliser qu’il avait peut-être mis les deux pieds dans le plat, encore une fois. Peut-être parce que ce n’étaient pas des hommes qui recherchaient ce que toi tu recherches. Léo faisait à peu près le même constat pour lui, sauf que dans son cas il était celui qui décevait. Décidément les hommes et les femmes avaient du mal à se comprendre.

« Ce n'est pas moi qui vais te juger ou te sermonner là-dessus. J'ai eu trop longtemps le coeur qui balançait entre deux hommes. » Rétorques-tu avec un petit sourire au coin des lèvres. Et d'ailleurs, c'est toujours le cas, à croire que tu ne peux te résigner à n'aimer qu'une seule personne. Mais la vraie raison c'est qu'un certain australien reste ancré dans ton coeur et y restera probablement toujours. Alors même si tu t'investis avec un autre, tu sais qu'une partie de toi appartiendra toujours à Woody. « Fin de l'histoire, fin de l'histoire ? » Demandes-tu à Léo parce que tu es bien placée pour savoir qu'une histoire se termine rarement aussi "facilement". « Alors fais tout ce que tu peux pour te faire pardonner. » Une femme est capable de pardonner beaucoup de choses parce qu'elle possède une grande force de caractère. Mais bon, tu ne connais pas toute l'histoire et ne sais pas à quel point le photographe a déconné. En tout cas, être aujourd'hui en voyage à tes côtés, ne risque pas d'arranger ses affaires malheureusement. Quand l'australien te retourne la question, tu ne peux t'empêcher de détourner le regard et d'avoir un pincement au coeur en évoquant Woody. Aujourd'hui, c'est un peu moins compliqué de parler de lui mais la douleur est toujours bien là. Moins forte, mais toujours là. Mais quand Léo évoque Concho, tu arrêtes de pagayer pendant quelques secondes, interloquée. Était-ce si évident ? Si voyant ? Tu as toujours cru que votre secret était bien gardé mais finalement, vous n'étiez peut-être pas si bons acteurs que ça tous les deux. « C'était, mon coloc. Mais tu as vu juste, c'est lui que je voyais depuis quelques mois. C'était notre secret. » Réponds-tu avec un sourire nostalgique aux lèvres. Malgré tout ce qu'il s'est passé, ta rancoeur, ta colère, ta jalousie, Concho te manque. « Probablement. Ou des hommes trop compliqués. » Dis-tu en riant, continuant à pagayer distraitement, repensant à toutes ces relations qui ont éclaté en mille morceaux pour diverses raisons dont certaines que tu n'as toujours pas compris.

C’était assez saisissant de réaliser à quel point Léo et Freja se ressemblaient sur pas mal de choses, tout autant incapables de se passer de voyages, ou de concevoir des relations d’une nuit comme de réelles histoire sans lendemain tout en étant capables de devenir amis malgré tout, de foirer toute relation amoureuse en compliquant toujours les choses sans vraiment savoir pourquoi. Ainsi la jolie brune savait parfaitement de quoi Léo parlait lorsqu’il lui racontait ses déboires avec deux femmes différentes et c’était plutôt agréable de ne pas se sentir jugé parce que les raccourcis étaient faciles dans ce genre de situation, mais pas entre eux. Fin de l’histoire… j’imagine, on a déjà essuyé quelques précédents elle et moi et j’crois bien qu’elle en a eu marre d’attendre après moi, ou que je la déçoive. il connaissait ses torts dans cette histoire, Emerson était le seul fautif, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui quand ça concernait Blanche, alors même s’il avait eu envie que les choses fonctionnent, de construire un lien solide pour une fois, il ne faisait que constater, après coup, qu’il n’était pas vraiment bon à ça. Sa remarque lui arracha un sourire, dans sa bouche ça semblait si simple, tout faire pour se faire pardonner… il ne manquait pas d’envie, mais peut-être surtout de courage, ce qui lui avait toujours fait défaut. C’était d’ailleurs pour ça qu’il se trouvait à l’autre bout d l’Australie, exilé avec une autre pour passer du bon temps et se vider l’esprit au lieu de tenter de recoller les morceaux de son histoire brisée. J’essayerai d’y penser oui. On pouvait sentir dans sa voix qu’il n’était pas convaincu, quand il s’agissait d’amour, de vrai, pas simplement de séduction, Léo manquait cruellement de confiance en lui. Freja arrêta de pagayer, fixant son compagnon l’air presque choqué. Merde il avait encore dit une connerie… Non, vraiment ? Concho ? Enfin j’veux dire, ça se voyait que vous étiez complices ouais. Vous vous bouffiez des yeux à la soirée mais j’aurais pas cru… enfin remarque, à force de vous côtoyer. Il était surpris, on ne pouvait pas dire que Léo connaissait si bien Concho que ça, ils s’étaient croisés plusieurs fois à des soirées, au mariage de Lily aussi, évidemment, mais ils n’étaient pas amis, il l’avait toujours pris pour le bon gars, le bon pote avec qui s’amuser. Loin, bien loin de Woody par exemple. Et en même temps c’était peut-être exactement ce qui avait plu à Freja. Et vous n’êtes plus colocs donc. Remarquez, ce genre de petite histoire devait compliquer un peu la cohabitation. Voilà pourquoi Léo vivait très bien seul. Il rit légèrement alors qu’ils reprirent les commandes de leur embarcation. Un jour vous l’avouerez, vous, les femmes, que vous aimez les hommes compliqués. Les gentils, les trop doux, c’est moins sexy ! Il avait pris un ton badin, mais dans le fond il y avait un peu de vérité, voilà pourquoi Blanche s’était accroché à lui durant tant d’années alors qu’il lui faisait du mal. Et si on s’arrêtait par ici pour nager un peu, j’ai bien envie de goûter l’eau.

Tu ne peux pas t'empêcher de sourire, ironiquement, alors que Léo t'explique cette relation bancale qu'il entretient avec une femme. Tu souris parce que ça te fait drôlement penser à ta propre relation avec Woody. « Crois-moi, une femme est capable d'encaisser beaucoup de choses. Plus qu'on ne pourrait l'imaginer. Alors si tu te bats assez pour elle, je suis sûre qu'elle te pardonnera. » Tu ne connais pas tous les détails de son histoire, à Léo, mais tu sais que si l'amour est bien réel, entre eux, les choses s'arrangeront d'une manière ou d'une autre. Néanmoins, il faut que l'australien en ait envie et s'en donne les moyens. Mais ce point-là semble encore assez flou dans l'esprit du photographe. Finalement, c'est à ton tour d'aborder cette relation inattendue entre Conchobáhr et toi. « Ouais, vraiment... Je sais que ce n'est pas le genre d'hommes vers qui je me tourne d'habitude... » Toi, tu préfères les hommes torturés qui ont besoin de toi autant que tu as besoin d'eux pour avancer. Comme Woody. « Mais ces derniers mois, il a été là pour moi plus que n'importe qui. On était au bout du gouffre, tous les deux, et on a réussi à en sortir ensemble. Enfin presque. » Si tout s'est bien passé pendant quelques mois, les choses ont fini par se compliquer et vous avez tout foutu en l'air. Votre relation, votre amitié, la colocation, des amitiés, tout. « J'ai déménagé. Assez précipitamment... un conseil, ne sors jamais avec une de tes colocataires si un jour tu en as une. » Dis-tu avec un faible sourire. Mais tu sais fort bien que Léo préfère son indépendance. Et puis, avec son fils, ce ne serait probablement pas l'idéal. « Un jour peut-être... » Rétorques-tu en haussant légèrement les épaules, amusée. Tu ne l'avoueras pas mais Léo a raison. Tu ne supporterais pas d'être dans une relation banale où la routine prend le dessus, où il n'y a plus de passion, d'envie. Tu hoches vivement la tête quand l'australien propose de s'arrêter à cet endroit précis, pour goûter à la fraîcheur de l'eau. Puis, sans hésiter, tu te lèves et sautes dans l'eau, éclaboussant Léo par la même occasion. Tu ressors la tête de l'eau quelques mètres plus loin, un sourire taquin aux lèvres. « Bah alors, tu viens papy ? » Plaisantes-tu, malgré que le brun n'ait que quelques années de plus que toi.

Il aurait voulu y croire, Léo, que ça pourrait être si simple, qu'à force de persévérance Blanche lui reviendrait. Mais il était envahi par le doute et le manque de confiance en son sérieux aussi, ce n'était pas pour rien qu'il avait accepté sans réfléchir l'invitation de Freja, au-delà de leur amitié il y avait tout de même cette attirance, cette alchimie qui lui faisait prendre les mauvaises décisions. C'était donc difficile de prôner certaines valeur ou de d'affirmer qu'il allait se battre comme un lion alors qu'il s'enfuyait à la première occasion avec une autre, il fallait être honnête. La brune semblait presque se justifier de cette relation inattendue avec son colocataire, Léo sourit alors, il n'avait pas besoin de détails, il ne se permettrait pas de juger. Même si au fond, il était presque triste pour son meilleur pote, Woody avait laissé passer sa chance avec cette fille et c'était sûrement une belle connerie. T'as pas besoin de m'expliquer, si vous avez su vous trouver à un moment et vous faire du bien alors c'est le principal. Il rit très franchement au conseil, certes avisé, de Freja, mais c'était un peu tard, il avait déjà fait la connerie. Elle ne savait sûrement pas que Blanche avait été sa coloc durant quelques mois et que cette cohabitation avait précipité l'avancé de leur relation ainsi que sa chute brutale et douloureuse. J'vais tâcher de m'en souvenir ouais... rétorqua-t-il sur un ton presque amer. De toute façon, les concernant, cette histoire de coloc était plus une excuse qu'autre chose, il fallait se douter que ça ne fonctionnerait pas. Mais, comme il venait de tenter de lui faire admettre, les femmes aimaient ces relations tortueuses et les hommes aussi, sûrement un peu... Rien ne valait le frisson d'une histoire compliquée et bancale plutôt que la monotonie des jours heureux, bien qu'on regrette toujours ces derniers quand on laissait filer l'autre. Il ne fallait pas lui faire ce genre de proposition deux fois, à la norvégienne, déjà elle se redressait pour sauter dans l'eau fraîche sans hésiter une seule seconde. Léo rit en secouant ses cheveux éclaboussés par son plongeon. Qui tu oses appeler papy ? Il se leva à son tour et abandonna leur embarcation pour rejoindre Freja, sous l'eau presque transparente on devinait toute une faune qu'il avait envie de découvrir, mais avant il se vengea en arrivant pour la couler tête la première. Ca t'apprendra à te moquer d'un homme d'âge mûr !

Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu cherches à te justifier, dans le fond. Peut-être parce que tu ne veux pas que Léo pense que tu as relayé Woody au second plan sans y réfléchir sérieusement. Tu ne veux pas que le photographe pense que Woody ne comptait pas à tes yeux même si c’est sûrement stupide de croire cela car Léo sait à quel point vous vous aimiez, Woody et toi. A tel point qu’il s’est ramassé un poing dans la figure, d’ailleurs. « Ouais, malheureusement, il a tout fait foirer. » Dis-tu en haussant les épaules, peinée par cette situation. Tu ne pensais pas que Concho ferait partie des personnes capables de te blesser mais encore une fois, tu t’étais trompée sur toute la ligne. Aujourd’hui, tu ne sais pas vraiment si les choses pourront s’arranger entre vous mais tu l’espères, malgré tout, car ton ami te manque. Laissant les sujets compliqués de côté, Léo te propose de profiter de l’endroit pour faire de la plongée comme c’était prévu initialement. Il ne t’en faut pas plus pour que tu sautes à l’eau, criant au photographe de te rejoindre avec une manière bien à toi. Une façon qui ne plaît pas beaucoup à Léo visiblement puisqu’il arrive à ta hauteur et te pousse dans l’eau, tête la première. Après quelques secondes, tu ressors en toussant, ayant bu la tasse. Néanmoins, tu ne peux t’empêcher de rire et davantage encore quand il se qualifie d’homme d’âge mûr. « Tu vois, tu le dis toi-même que t’es vieux. » Plaisantes-tu en t’avançant vers le brun, entourant son cou de tes bras. « Rassure-toi, tu es vraiment bien conservé pour ton âge. » Tu ris à nouveau, prenant un peu tes distances en sentant la deuxième attaque de Léo venir.

Léo ne connaissait pas la Freja amoureuse, après tout il n'avait en affaire qu'à la Freja séductrice ou voyageuse. Alors il était incapable de juger sa relation avec les hommes et encore moins ce qui la liait à Woody. Ce qu'il savait en revanche c'est que Rutkowski l'aimait cette fille, il avait souvent vu son ami avec une fille différente au bras, c'était des passades, des filles d'un soir, il l'avait vu avec Sara, mais pour lui ça ne pouvait pas fonctionner. Et puis il y avait eu cette soirée où ils avaient fini par se mettre sur la figure, là il avait compris qu'elle comptait plus que les autres, que ce n'était pas juste une fille, que c'était LA fille, sûrement qu'Emerson aurait été capable de faire ça à un mec qui aurait touché à Grace ou à Blanche, alors il le comprenait. Il se doutait aussi que son pote souffrait en ce moment, de plein de choses différentes, mais du mal d'amour surtout. Parce que Freja était sans nulle doute le genre de femme qui ne s'oubliait pas une fois qu'on l'avait dans le cœur, dans les veines. Mais visiblement elle n'était pas la personne la plus heureuse actuellement, déçue par les hommes, comme elle semblait vouloir le dire, ou par l'amour en général, ou cherchant simplement à se soigner d'un amour inconsolable. Leur escapade allait leur faire du bien à tous les deux, ils allaient prendre du bon temps et ne pas trop penser à leurs maux, mais de retour à Bowen ils retrouveraient ce qui les rongeait et ils devraient faire face à cette douleur. Tu dis que les femmes sont capables d'encaisser beaucoup et de pardonner... moi j'te dis juste que tous les hommes ne font pas toujours tout foirer, parfois il faut savoir leur donner une chance. Enfin il n'était pas le meilleur pour parler, lui il était de ceux qui faisaient toujours tout capoter. Mais qui sait, Concho, Woody ou un autre, l'un d'eux finirait peut-être par la surprendre positivement. L'heure n'était déjà plus aux discutions sérieuses, Léo avait envie de piquer une tête, Freja le devança avant même qu'il ne lâche sa pagaie, elle le provoquait et il se vengea. Comme deux gamins. Après qu'il l'ait coulé elle remonta à la surface en toussant, ce qui le fit rire. Il s'attendait à ce qu'elle riposte mais elle revint vers lui avec douceur, l'entourant de ses bras fin, s'approchant dangereusement. Elle était douée pour séduire, Freja, elle avait tous les atouts. Léo la scruta un instant et déjà elle s'éloignait, anticipant sûrement déjà qu'il ne se laisserait pas amadouer si facilement. C'est vrai, 50 ans, je ne les fait pas ! Il rit en lui envoyant une gerbe d'eau au visage. Et il plongea tout de suite après pour éviter d'en recevoir à son tour. Immergé, il ouvrit les yeux pour profiter de ce qu'il pouvait voir, ce n'était pas idéal, ça ne pourrait pas durer longtemps, mais il avait masque et tuba si nécessaire. Après quelques secondes il remonta à la surface, Freja n'était déjà plus face à lui, il la sentait dans son dos, il allait payer pour ses enfantillages.

« Ce n’est plus aussi facile de laisser une chance aux autres quand tu as été de nombreuses fois déçue. » Dis-tu en haussant les épaules. Mais Léo a raison sur un point, certains méritent qu’on leur laisse une chance et avec Conchobáhr, tu as peut-être baissé les bras trop vite. Tu t’es très vite renfermée, n’essayant pas vraiment de comprendre ni même d’entendre ses explications. Mais pour l’instant, tu n’as pas envie de te pencher davantage sur le sujet. Là, tu es bien décidée à passer un bon séjour en compagnie de l’australien, juste le temps d’oublier pendant quelques jours tous tes problèmes. Vos voyages sont toujours revigorants et à tous les niveaux. Après avoir stoppé votre petite embarcation, Léo propose de commencer votre activité plongée ici. Il ne t’en faut pas plus pour te jeter à l’eau, devançant le photographe. Bien sûr, voyant qu’il met plus de temps que toi à réagir, tu ne peux pas t’empêcher de le taquiner sur sa lenteur liée à son âge. En réalité, Léo n’a que quelques années de plus que toi mais tu aimes bien l’embêter en mettant en avant cette différence, de temps en temps. Mais c’était sans compter sur sa vengeance car à peine dans l’eau, il se précipite pour te couler tête la première. Tu ne ripostes pas tout de suite, préférant en rajouter une couche avant. C'est vrai, 50 ans, je ne les fait pas ! Tu éclates de rire à ton tour, t’arrêtant bien vite au moment où Léo t’éclabousse pour éviter de boire la tasse. En vain. Bien décidée à prendre ta vengeance, cette fois-ci, tu attends que le photographe remonte à la surface pour venir te placer juste derrière lui. Et alors qu’il réapparaît devant toi, tu pousses de toutes tes forces sur ses épaules pour le faire couler. Après un ou deux essais, tes efforts paient enfin. Tu ris, prenant un air sûr de toi, en le voyant remonter à la surface quelques secondes plus tard. « J’te conseille d’éviter de me chercher Emerson ! Sinon, ma vengeance sera encore plus terrible. » Rétorques-tu en souriant fièrement, tout en faisant du surplace à un mètre de l’australien.

Une nouvelle fois les mots de Freja résonnèrent étrangement à l'oreille de Léo, cette fois-ci ils auraient pu être prononcés par Blanche, qu'il avait déçu un nombre si incalculable de fois que ça en devenait ridicule de de penser tenter à nouveau quoi que ce soit avec elle. Mais il n'était pas là pour penser à ça, il verrait plus tard, quand il serait de retour sur la terre ferme, à Bowen. C'était peut-être idiot ou simpliste de se dire que quelques jours à ne penser à rien de sérieux, à ne pas se prendre la tête, pouvaient tout changer, c'était utopiste même, parce qu'à son retour rien n'aurait changé, mais si ça pouvait leur faire du bien, à l'un comme à l'autre alors il ne voyait pas le mal. Pour l'heure ils avaient tous les deux sauté de leur embarcation de fortune et jouaient dans l'eau comme deux adolescents. Freja eut l'occasion de prendre sa vengeance correctement et le barbu se laissa faire, c'était de bonne guerre. Il remonta en toussant l'eau qu'il avait avalé et afficha un sourire moqueur en fixant la brune. Si j'avais su que ce n'était pas du tout regarder les poissons qui t'intéressait mais plutôt prendre ta vengeance sur tous les hommes qui t'ont frustré alors j'aurais peut-être réfléchit à deux fois avant de te suivre ! Il s'approcha dangereusement sans trop savoir s'il voulait la couler à nouveau ou l'attirer contre lui. Parce que dans ce genre de jeux il y avait certes la camaraderie mais entre un homme et une femme c'était souvent aussi une affaire de séduction, le contact avec l'eau, les corps dénudés qui se frôlent et s'éloignent. Et puis entre eux il y avait toujours cette tension, loin d'être amoureuse, mais pas seule amicale non plus. Si à Bowen ils savaient se tenir, loin de tout c'était une autre histoire.

C'est parce que Léo te permet d'être loin de tes préoccupations, tout en te donnant l'impression d'être libre lorsque vous voyagez, que tu aimes tant prendre la route à ses côtés. A des milliers de kilomètres de Bowen autant physiquement que mentalement, tu peux enfin apprécier les petites choses simples de la vie tout en découvrant un monde qui s'offre à vous et qui a tant à donner. A chaque fois que vous revenez de voyage, tous les deux, tu te sens plus riche et plus apaisée. Même si le retour à la normale est parfois violent, au moins, aux côtés de Léo, tu as eu cette accalmie dont tu avais tant besoin. Et c'est ce qui fait, qu'aujourd'hui, tu chéris réellement votre relation. « Crois-moi, si j'essayais de te faire du mal, tu le saurais Emerson. » Plaisantes-tu en laissant le photographe s'approcher dangereusement de toi. Il fut un temps où tu cherchais sans cesse à te venger des violences de ton père, à travers tes relations avec les hommes, mais aujourd'hui, les choses ont bien changé. Aujourd'hui, heureusement, tu as évolué et surtout, tu es tombée sur des hommes qui t'ont donné envie de croire en eux. Léo y comprit. Entourant son cou de tes bras, tu rapproches un peu plus ton corps du sien tout en souriant. Ton visage n'étant plus qu'à quelques centimètres du sien, tu viens frôler ses lèvres sans y poser réellement les tiennes pour autant. Un sourire toujours ancré aux lèvres, tu demandes : « Alors, on va les voir ces poissons ? » C'est pour eux que vous êtes là après tout même si l'idée de faire l'amour dans cette eau est plutôt tentante.