| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| Elle aurait le goût du ciel le goût tragique des meurtrières (léo) | |
| | Auteur | Message |
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Invité | Sujet: Elle aurait le goût du ciel le goût tragique des meurtrières (léo) Ven 19 Avr 2013 - 17:31 | |
| La tête embrumée, envolée dans mes paradis de carton-pâte, je marchais en funambule sur le rebord de la route. Si je glissais, c'est le sable chaud qui m'accueillerait. Le climat de Bowen m'étonnera toujours, même à minuit il fait toujours aussi chaud. Un temps qui donne envie de courir nue dans les rues en hurlant sa liberté. Non, je ne serais jamais libre, je me suis au fond destinée à poursuivre le lapin blanc en couchant avec le chapelier fou. Ce monde ne m'effraie plus désormais. Je l'ai toujours pris de haut, sans jamais réellement tomber. Un, deux, trois. Mon pied droit se dressa vers le vide. Je fermais doucement les yeux avant de me laisser tomber. Je roulais sur le talus, appréciant la légèreté de mon corps à cet instant. Je ne craignais pas la chute. On dit toujours que le pire se trouve à l'arrivée, ce ne fut pas le cas. J'étais accueillie par le sable qui délicatement s'enfouit entre mes seins et mes jambes. Je laissais ma courte robe blanche voler au gré de la brise légère. Une fois de plus j'avais laissé mes chaussures à la maison. Je n'aimais pas avoir les pieds emprisonnés dans ces cages de tissu. je ne faisais qu'un avec la terre, le goudron, le sable, la mer. Je m'allongeais en étoile sur le sol, avant de sortir un joint de mon soutien-gorge. Il n'avait pas été blessé par la chute. D'un seul geste, je dégainais mon briquet de ma poche et l'allumait avec une certaine lenteur, aspirant une énorme bouffée. Il n'y avait personne à cette heure. les vieux sont couchés et les jeunes encore au bar. Ce soir il n'y aurait que moi. Et sans doute lui. On s'est dit que l'on se retrouverait ici quand la lune serait à son zénith. J'aspirais doucement l'interdit en pensant à lui. Peut-être sera t'il trop mal pour venir, cet idiot. Mais j'espère qu'il viendra... Oui du haut de mon faux paradis, j'ai l'espoir qu'il sera là. |
| | | Invité | Sujet: Re: Elle aurait le goût du ciel le goût tragique des meurtrières (léo) Ven 19 Avr 2013 - 23:22 | |
| pour le marin sur son navire il sera vieux le port ce soir. C'est comme une obsession. Braver l'interdit. Frôler le feu et attendre le moment divin où l'on se brûlera pour de bon. Funambule de nos beaux jours, il arpente les rues à l'aveugle. Vraiment ? Non. Même s'il veut se plaire à croire qu'il laisse faire le hasard, le pianiste sait très bien où ses pas le mènent. Il agite sa cigarette dans l'air noir et suffoquant, laissant après son geste une traînée de fumée épaisse et grisâtre. Il en rit. Il lui en faut peu. Ça l'amuse. Ah le bel artiste. Ah, la belle vermine. Il fronce les sourcils et bifurque, jetant sa clope au sol dans le caniveau. Il coupe par un petit parc sombre où zonent quelques dealers sûrement. Sa drogue à lui l'attend au bout du chemin. Elle a deux pieds, deux mains, deux yeux et même un prénom. Quand ses pieds foulent le sable, il retire ses chaussures. Il les abandonne. Il les récupèrera demain, ou peut-être jamais. Un artiste n'a pas besoin de chaussures. En fait, lui, il n'a besoin de rien. Sinon d'un peu d'adrénaline, de quelques personnes à qui donner la lourde tâche de le traîner au fond du gouffre, et d'une liberté exécrable. Il inspire l'air nocturne à fond. Le sel lui pique un peu le nez. L'air, ici, change bien de celui de Paris. (...) Il la voit. Allongée dans le sable comme une étoile de mer, ça ne peut être qu'elle. Docile, il a obéit en venant la rejoindre ici. Docile ? Non, dépendant, plutôt. Eh oui. Il s'avance mais avant qu'il ne soit assez près pour qu'elle le voie, il se laisse tomber au sol et continue en marchant à quatre pattes. Oui, on lui a souvent dit qu'il était assez décalé comme type. Il arrive vers elle, félin, se plaçant au-dessus d'elle en cherchant son beau regard. Comme s'il était devenu fou, il sourit alors un peu malicieusement, et utilise une main pour lui piquer le joint des lèvres, le portant aux siennes avant de se laisser tomber dans le sable à côté d'elle. D'un rire un peu narquois, il tire deux fois dessus avant de le lui tendre de façon négligée. Je te manquais ?
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| | | Invité | Sujet: Re: Elle aurait le goût du ciel le goût tragique des meurtrières (léo) Sam 20 Avr 2013 - 0:13 | |
| Je m'enivrais de l'infini du ciel. Lentement et avec un plaisir infini, je bombais ma poitrine vers le néant. Une douce chaleur se faufila entre mes entrailles. peut-être ne quitterais-je jamais ce port. Je continuais à tirer longuement sur l'herbe mystérieuse, en rêvant que mes lèvres rencontrent d'autres lèvres, plutôt que ce bout de carton. La fumée s'extirpa de l'intérieur de mon être. Je tirais lentement la langue, suivant son parcours. Je sentis soudain le sable près de moi remuer. Je tournais doucement ma tête sur le côté, afin de coller mon oreille à la terre. Mes grands yeux se fermèrent alors. Des bruits de pas. Des glissements. Oui, on s'approchait. J'eus à peine le temps d'ouvrir de nouveau les yeux que j'aperçus son visage. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres cruelles. Je repris le joint et le glissait à l'intérieur de ma bouche. Je recrachais l'épaisse fumée dans son visage. Son contact ressemblait à une lente caresse. Je relevais mon genoux, faisant glisser ma robe jusqu'à la naissance de mes cuisses galbées. Mon sourire s'agrandit lorsque j'entendis enfin sa voix. Je dois être la seule personne à qui tu manqueras un jour... Lorsque ces mots cruels s'échappèrent de ma bouche, j'enfouis ma main gauche dans la jungle de ses cheveux. je les empoignais, mon sourire grandissant dévoilant mes canines. Je pense qu'il sera l'un des seuls à qui je manquerais un jour. L'effet qu'il a sur moi était semblable à la plus forte drogue que je me sois jamais inoculée. Sa présence me donnait envie de rugir, tout mon être chauffé à blanc. Les flammes qui me consumaient me faisaient saliver. je tirais une dernière fois avant de violemment attirer son visage vers le mien, en expirant toute la fumée conservée dans ma bouche. La proximité de son visage m'avait toujours fait peur. Je décalais très légèrement mon visage sur le côté, m'enivrant des rayons que la lune daignait nous offrir. Nous étions sans doutes trop laids, trop souillés pour avoir droit au soleil et sa lumière salvatrice. Nous ne sommes faits que des restes du jours. Non, jamais nous ne serons de la même matières que les rêves. Nous sommes le rêve. |
| | | Invité | Sujet: Re: Elle aurait le goût du ciel le goût tragique des meurtrières (léo) Sam 20 Avr 2013 - 0:49 | |
| Il ne peut définitivement pas s'en passer. C'est un peu comme la plus douce des drogues dures. Quelque chose à double tranchant. Parfois subtile et exquis. Parfois âcre et amer. Mais il ne peut pas s'en passer. La seule conclusion est là. Parce que oui, il est l'une de celles qui lui manquent souvent. Et qui lui manquera tout le temps, a-t-il l'impression. Quand elle recrache sa fumée sur son visage, toujours penché vers elle, il ferme les paupière, l'inspirant à fond comme pour s'enivrer de son essence à elle. Penchant la tête sur le côté, il la regarde, de ses grands yeux de corbeau. Je dois être la seule personne à qui tu manqueras un jour... Il esquisse un sourire. Presque affectueux. Il ne peut pas qualifier leur relation. Sinon celui de la drogue et du drogué. Sans clairement avoir clarifié les rôles. Il sent sa main dans ses cheveux tirer son visage vers le sien. Être là si près est une torture qu'il s'accepte d'endurer. Il voudrait l'embrasser mais il n'en fait rien, conservant la proximité assassine. Il aspire de nouveau sa fumée, mais en gardant cette fois-ci ses prunelles figées dans les siennes, comme deux poignards cruels. Elle décale son visage ; il y dépose un baiser inachevé et incandescent, espérant peut-être marquer sa peau du simple contact pourtant doux de ses lèvres salvatrices. Il se dégage de son emprise, se laissant tomber à côté d'elle, sur le dos. Ses iris noirs trouvent l'océan du ciel et accrochent les petits bateaux solitaires que représentent les étoiles. Il ne dit rien pendant un moment. Un long moment. Il ne sait pas vraiment en fait. Il lui chipe de nouveau le joint, s'y intoxiquant comme s'il la respirait elle. C'est peut-être le cas. Il se met sur le côté pour pouvoir la regarder. D'un regard tantôt dur et tantôt terriblement doux. Parfois froid, parfois bouillant. Ses lèvres s'étirent d'un sourire. Il évite de regarder les siennes pour ne pas être tenté. Les étoiles ne te suffisent plus ? Il te fallait le Petit Prince ? Et le Renard, où est-il ? Des paroles encore incompréhensibles, broyées dans le mélange que forme tes pensées qui s'emmêlent à chaque fois en sa présence et que la consommation de la drogue ne fait qu'accentuer. Tu parles de l'oeuvre de Saint-Exupéry, mais tu n'es même pas sûre qu'elle connaisse. Toi et ta pauvre culture française. Tes doigts prennent alors vie et se plaisent à courir sur son bras pour voir les poils se hérisser à leur passage, comme une armée vaincue se relevant au passage du vainqueur. (...) Tes doigts se sont figés, tu la regardes toujours, tu pourrais te noyer dans son image, asphyxié par tout son être. Son être, son esprit, son âme, un tout. Un tout qui est ton plus beau rêve et ton pire cauchemar.
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| | | Invité | Sujet: Re: Elle aurait le goût du ciel le goût tragique des meurtrières (léo) Sam 20 Avr 2013 - 3:10 | |
| A ce moment précis, je ne sus si mon corps m'appartenait encore ou s'il était emprisonné dans la tourmente des êtres qui se rencontrent. Chacun de ses souffles semblait m'appartenir, tandis que chacun des miens m'était arraché des lèvres. Je suffoquais tout en respirant l'air le plus pur qu'il m'eut été donné d'inspirer. Cet état constant, entre deux rives, me projetait vers ma propre déchéance. C'est la fin mon bel ami, la fin mon seul ami, la fin. Peut-être ne sommes-nous qu'un éternel recommencement enveloppé sous un film plastique. Chacune de mes éternités dans ses yeux durait une seconde. Plusieurs bombes, H ou A, pouvaient exploser, qu'en avais-je à faire. J'avais sciemment voulu m'enfermer dans le tourbillon de la vie en me frottant à d'autres êtres humains. Surtout à cet être humain. Mes yeux ne pouvaient se détacher des siens, j'avais le sentiment que si je les enlevait, peut être m'arriverait il malheur. Ou peut être serais-je heureuse, mais le bonheur m'est toujours apparu comme une constante souffrance. L'expectative du malheur est plus douloureuse que le malheur lui même. Avec une gourmandise de panthère, j'approchais ma tête brusquement vers la sienne, happant ses lèvres délicates avec mes dents féroces. La pression était forte, mais sans haine. La douleur se faisait pacifique. Ma tête retomba lourdement au sol, comme après une longue guerre. La proximité de son corps faisait battre mon cœur à une vitesse folle. Je lui tendis le joint une dernière fois. Il n'en restait presque plus. Son baiser me fit trembler comme une toute jeune feuille tombant pour la première fois de l'arbre. Il est la bourrasque qui m'arrache à tout ce que j'ai connu jusqu'à présent, sans merci. Je souris doucement en l'entendant parler du Petit Prince. Je repensais doucement à l'histoire en tremblotant. Cet allumeur de réverbères, quel idiot fini. Toujours à faire son travail correctement. Et ce roi toujours seul... Peut-être qu'ensemble nous sommes ce roi. Nous n'avons pas de serviteurs, nous sommes seuls sur notre trône qui s'élève à des milliers de kilomètres au dessus du ciel. Je n'ai jamais sommeil, je ne voudrais jamais dormir car si un jour mes deux yeux se ferment, alors je tomberais de mon piédestal. Ma chute sera longue, peut-être beaucoup plus que celle de tout à l'heure. Si je n'en sors pas vivante, qu'importe. Je m'asseyais à côté de lui, en écartant les jambes. Je joignais mes deux mains et les rassemblaient dans ce creux, comme une enfant. « Le Renard, c'est la partie de moi que tu n'apprivoiseras jamais... Pour ce qui est des étoiles, tu devrais peut-être arrêter de les regarder autant. Tu pourrais t'y noyer... » Je me mis debout, me redressant avec la lenteur d'un jeune fauve. Je m'étirais longuement avant de lui attraper la main. Je le tirais de sa torpeur avec violence, avant de sortir un petit buvard de ma poche. Je le mis sur ma langue et sans qu'il n'eut le temps de vivre, mes lèvres se pressèrent enfin contre les siennes, dans un silence d'or et d'argent. Mes paupières tremblaient, mes mains parcourant doucement sa peau, à la recherche de ses os bien enfouis, cachés. Je reculais, basculant parfois à gauche, à droite... je redevenais funambule sur un fil de diamants, les pieds taillés par la réalité. Je fis un volte-face vers la mer. « Tu veux que l'on suive Werther ? Sois sans crainte, jamais je ne te laisserais mourir... » Je lui tendis la main, mes yeux s'embrumant toujours un peu plus. Le monde devenait livide, vague, malade. Seule sa silhouette, perdue au milieu des songes, rayonnait. |
| | | Invité | Sujet: Re: Elle aurait le goût du ciel le goût tragique des meurtrières (léo) Sam 20 Avr 2013 - 10:54 | |
| désolée pour le changement de personne.
Et ton corps s'envole. Ton esprit quitte l'enveloppe charnelle et te voilà enfin libre. Non, pas réellement. Elle est ta prison. Ta liberté et l'acier de tes barreaux à la fois. Ta sauveuse et ton assassin. Tes yeux sombres dans les siens, lentement tu t'empoisonnes. un peu plus à chaque fois. Son visage s'approche et ta respiration se coupe, cessant de la respirer, elle et son souffle court. Tu sens ses dents attraper tes lèvres avec une colère douce. Tu la laisses faire, passif, soumis, reclus. Elle se met assise mais tu restes couché dans le berceau du sable, tes yeux épris de ces comètes scintillantes. Le Renard, c'est la partie de moi que tu n'apprivoiseras jamais... Pour ce qui est des étoiles, tu devrais peut-être arrêter de les regarder autant. Tu pourrais t'y noyer... Tu souris. Tu t'en souviens, de ce fichu renard sauvage qui venait chaque jour quêtais l'apprivoisement en s'enfuyant comme une biche effarouchée. Comme si tu l'avais écouté, tu détournes ta tête des étoiles pour la regarder elle. Elle est un soleil encore plus aveuglant. Tes pensées dérivent, bateau à la mer. Je l'apprivoiserai un jour, le Renard. Tu verras. Un jour... Un jour tu seras mienne. Ça ressemble presque à une menace. Elle attrape ta main et te lève d'un coup. Le centre de gravité change et tu vacilles, tes bras écartés comme un funambule sur son fil unique. Équilibre précoce, tu n'as pas même le temps de le retrouver qu'elle trouve le moyen de t'ancrer dans cette douce utopie. Ses lèvres se rivent aux tiennes et un frisson brusque et sauvage t'ébranle. Ta main remonte vers son visage que tu encadres, passant dans ses cheveux que tu tires un peu. Comme pour l'éloigner ou la conserver contre toi. C'est flou, c'est inexpliqué. Et inexplicable. Elle détache ses lèvres. Et tu as alors le sentiment que l'on t'a arraché ton ancre, que tu dérives loin du port. T'es perdu, et une douleur vicieuse s'éprend de ton bas ventre. Tu veux que l'on suive Werther ? Sois sans crainte, jamais je ne te laisserais mourir... Tes yeux de corbeau la fixent sans relâche. Comme si elle pouvait disparaître et partir avec les Fantômes de l'Opéra. Tu t'approches. Tu serres sa main, tu y entremêles tes doigts d'une façon presque malsaine, comme si tu liais ses poignets aux tiens par des menottes faites de chair. Non. Tu tournes ta tête vers l'océan, vacillant légèrement, instable. Ta main serre toujours la sienne et tu l'attires vers le rivage sans un mot. Devant l'eau, tu t'arrêtes, regardant la mer de café devant vous, sombre et menaçante. Ta tête se tourne vers elle. Je n'ai pas peur de mourir. Je n'ai pas peur de cet océan qui pour moi n'est que brume. C'est dans tes yeux que je menace de me noyer. Aide-moi.., c'est presque une supplication, ton ton s'est fait bas, murmuré, et tu poses le premier pied dans l'eau. Ton corps, véritable brasier vivant avec elle à tes côtés, frémit et est parcouru de quelques frissons. Ta main se dénoue et se glisse plutôt sur sa hanche. Tu ne sais pas qui des deux est le pantin. Peut-être est-ce vous deux. Soumis au terrible marionnettiste qu'est le destin.
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| | | Invité | Sujet: Re: Elle aurait le goût du ciel le goût tragique des meurtrières (léo) Sam 20 Avr 2013 - 20:56 | |
| J'étais bercée entre l'envie de tout transcender et la pression de mon immanence. Je ne savais rien à part peut-être quelques litanies perdues. Elles me revenaient parfois en tête en sa présence. Mon corps brûlait, j'étais la marâtre de Blanche-Neige dans ses sabots de fer, chauffés à blanc, dans lesquels j'étais condamnée à danser jusqu'à la mort. Je ne pouvais conserver mes pieds au sol, non, je m'enfonçais dans de terribles sables mouvants. C'est pourquoi je m'accrochais, ma main serrant désespérément ses cheveux. J'avais jeté l'ancre de mes yeux dans les siens. Même si cela impliquait que je reste au port jusqu'à être dévorée par les algues grimpantes je ne m'y arrêtais guère. L'intensité de son baiser semblait m'arracher la peau, mes lèvres emportées dans un lieu où je ne les reverrais jamais. Le buvard fondait lentement sur ma langue, que je ne pouvais plus contrôler, tant elle désirait goûter à la sienne. Mon corps ne m'appartient pas, chaque mouvement est indépendant, perdu dans son éternité. Mon cerveau a depuis longtemps cessé de les dompter, les laissant à leur terrible liberté. Je ne savais plus comment réfléchir en sa présence, je ne créais plus aucune catégorie, plus aucune espace. C'était une course, une course injuste qui impliquera la mort mentale de l'un de nous deux. Ou peut-être même que nous y resterons tous les deux. Mais ce n'est pas quelque chose que l'on termine par un simple dasvidania désabusé par la lassitude des années. Je mourrais peut-être jeune mais au moins je mourrais libre. Je l'amenais doucement vers le terrible océan, calme et pourtant si dangereux. Nous avons certainement une part d'océan en nous. Je reculais lentement, ne retirant jamais mes yeux des siens, entraînée par les divagations de notre bateau ivre. J'attrapais lentement les deux bouts du bas de ma robe avant de l'arracher de mon corps contre lequel elle collait. Je la jetais loin, très loin. Un coup de vent l'emporta. Je ne la reverrais sans doute jamais. C'est sans doute ce même vent qui nous emportera. J'enlevais mon soutien-gorge souillé par le sable qui s'était immiscé entre mes courbes. Ce n'était pas un jeu de séduction. Je désirais juste revenir à mon premier stade, celui où je suis, avec mon Adam, allongée dans une herbe grasse. Les chrétiens nous ont inculqué cette chose affreuse qu'est la pudeur. Ma famille a également essayé. Mais je l'ai toujours refusée. Personne ne m'empêchera d'être qui je désire être. Mes pieds sont constamment nus, en protestation contre cette infâme répression. Ma culotte s'envola vers la lune. J'aimerais qu'elle puisse y brûler. Je fis face à la lune, pleine et belle. Bientôt, elle ne sera qu'un croissant suffoquant, marchant lentement vers sa propre agonie pour finalement renaître enfin. Belle et lumineuse. Je m'avançais avec lenteur vers l'eau salée. Je ne sentais même plus sa fraîcheur. Je me retournais finalement vers mon amant spirituel. Comment pourrais-je t'aider alors que ta seule présence plante mille poignards en mon corps ? Je ne peux même laver mon sang dans cette eau affreuse. Viens et deviens mon Gange. Dans mon esprit, les diables arrachaient les vêtements des anges en leur faisant découvrir tout ce qui leur était jusqu'à présent interdit. Je m'allongeais dans l'eau noire, comme une gigantesque marée d'encre. Je n'attendais plus que ses mains pour venir se poser sur ma chair, pour continuer à me brûler jusqu'à redevenir cendres. Mes yeux se reportèrent sur la lune... Belle nymphe, dans tes prières, souviens toi de tous mes pêchés. Ça ne me pose aucun problèmes, au contraire Et désolée pour la citation d'Hamlet à la fin je n'ai pas pu m'en empêcher |
| | | Invité | Sujet: Re: Elle aurait le goût du ciel le goût tragique des meurtrières (léo) Dim 21 Avr 2013 - 0:56 | |
| T'as autant envie de caresser son visage que de lui arracher les cheveux. T'es qu'un paradoxe sur pattes. Tu t'étouffes dans son parfum, dans son baiser, tu te consumes à ses lèvres. Tu voudrais crever dans ce baiser. Tu voudrais y laisser ton dernier souffle. Tu t'épuises. Tu t'amenuises. Tu t'uses. Tout seul. (...) Elle t'amène vers l'océan. Le sol tangue sous tes pieds. Le marin a le mal de mer, quelle triste dérision. L'axe de tes prunelles ne se détache jamais du sien. Tu as trop peur que ses yeux disparaissent de son visage parfait si tu détournes les yeux. L'image de son minois et d'orbites vides te laisse pantois et tu frémis sous l'assaut de ton imaginaire. Elle arrache sa robe. Ses sous-vêtements. Tant de choses qui te paraissent futiles à cet instant-là, viles couvertures. Elle n'aura pas froid. Tu détailles son corps, ses courbes, t'as l'impression de la connaître par coeur et de la découvrir pourtant. Pourtant tu fais taire l'animal en toi. Tu sublimes le poète. Tu compares ses formes à des dunes, des collines, la houle de vagues solitaires dans un océan de chair. Ah, l'océan, toujours l'océan, partout l'océan. Le temps d'un regard, d'une pensée, elle t'a déjà échappée. Elle est avancée dans l'eau. Tu la contemples, comme si tu avais peur qu'elle ne s'envole dans les cieux comme une créature inexistante. Comment pourrais-je t'aider alors que ta seule présence plante mille poignards en mon corps ? Je ne peux même laver mon sang dans cette eau affreuse. Viens et deviens mon Gange. Ses paroles te happent comme un courant d'air géant. Tes mains brûlent. Elles brulent du contact avec elle avant même que tu ne l'aies touchée. Si elle s'est dévêtue, tu entres dans l'eau entièrement habillé, aveuglée par l'innocence de la réalité. Tu fends l'eau sans te soucier de sa température et du regard moqueur de Dame Lune au-dessus de vos têtes. Tu l'approches, réduisant peu à peu la distance. Réduisant peu à peu la tentation. Réduisant les limites entre fiction et réalité. Je ne veux pas être ton Gange. Tu attrapes sa main, comme une brindille, tu colles ta paume à la sienne, tu ne la regardes pas, tu fuis le regard comme un enfant, innocente créature de Dieu. Je veux être la flamme de ton brasier, je veux être la lame de tes couteaux, je veux être l'ancre de tes bateaux. Sois ma belladone, et laisse-moi m'empoisonner de toi. Tes doigts encore libres chevauchent son épaule, traçant des sillons que tu crois incandescents. Ils s'approchent de sa nuque, menaçant de l'étrangler dans une douce agonie. Aussi douloureuse que libératrice. Elle ne te regarde plus. Elle te trahit pour la Lune. Pour cette frivole étoile éphémère. La colère te prend. La drogue la calme avant que ton corps ne l'acclame. Tu attrapes le souffle de délivrance comme on attrape une luciole. Et tu la clame. La réclame. Libération. (...) Tes doigts tracent les contours de sa mâchoire, de ses lèvres. L'eau colle tes vêtements à ta peau presque maigre. Tes iris de corbeau cherchent les siens sans les trouver. Qu'elle te regarde ! Qu'elle lâche sa fascination pour la Belle Envolée. Tu la contournes. Elle semble ailleurs. Tes lèvres viennent se poser dans le haut de sa nuque. D'abord, c'est doux, ça ressemble à une gourmandise, c'est sucré comme un bonbon. Puis l'acidité prend le dessus et tes dents mordillent sa peau que tu dévorerai bien. Tu lâches sa main et dans son dos, la ceintures, collant ton vulgaire corps et amas de cellules contre le sien, tout aussi authentique. Tu aimerais te fondre dans ses contours imprécis. Ton souffle se perd au creux de son oreille. Empoisonne-moi, répètes-tu, presque implorant.
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| | | Invité | Sujet: Re: Elle aurait le goût du ciel le goût tragique des meurtrières (léo) Dim 21 Avr 2013 - 22:29 | |
| Mon corps se transformait en un immense brasier que la fraîcheur redoutable de l'eau n'arrivait pas à éteindre. Le feu qui me consumait était le merveilleux feu grégeois, qui a tué tant de combattants. Il est la flamme qui brûle sur l'eau, seul le temps peut arriver à amenuiser son ire destructrice qui dévore tout, la chair, les muscles, les nerfs, jusqu'à transformer les yeux en poussière s'envolant au gré du vent. Je l'entendais se rapprocher, ses jambes musclées fondant dans l'eau, détruisant le rythme calme et délicat de cette interminable flaque d'eau. Au début, je ne daignais pas me retourner, comme s'il s'était transformé en mon destin qui me poursuivait et qui finirait un jour ou l'autre par me rattraper. Non, je ne payerais jamais pour ma liberté, je fuirais la fatalité. J'arracherais la barbe de tous les dieux idiots imaginés par les hommes s'il le faut. La seule personne qui pourrait me contrôler, c'est lui. Mais chacun de ses pas est aussi incontrôlable qu'un jet de dés que je ne pourrais jamais truquer. Je me laisse ainsi dompter par l'indomptable, nommer par l'innommable. Mais enfin le voilà contre mon corps. Je me serre sans hésiter contre ses vêtements, tissu cruel qui m'empêche de sentir la douceur rude de sa peau d'enfant. Mes lèvres tremblent, non, mon cœur tremble. La nausée me prend, comme si j'allais vomir mon âme au creux de son cou. Si cela arrivait, j'étais certaine qu'elle sera multicolore, gigantesque arc-en-ciel nous illuminant tout deux avant de couler dans l'océan. Soudain, tout deviendrait beau, tout deviendrait merveilleux, les poissons luiraient et tout l'océan se rassemblerait dans une bacchanale de couleurs où plus rien n'aurait d'importance, tous seraient rassemblés dans une petite mort heureuse. la lumière serait si forte qu'elle en éclairerait le ciel. Autour de nous deux, il ne ferait plus jamais nuit. Ne supportant plus d'attendre, j'arrachais son t-shirt, le jetant rageusement dans la mer. Il me torturait, son regard me sondant, immense parabole scrutant chaque recoin de mon être, détruisant les restes du jardin que je cultivais en moi. Il brûle toutes les fleurs, mets la serre à sac, arrache les œillets, piétine les roses, effeuille les jonquilles, coupe tous les arbres et rase l'herbe pour me laisser finalement dans un désert de sel sans fin. Il devient la seule chose qui puisse attirer mon attention, tout le reste mort dans notre passion destructrice. Lorsque ses mains s'approchent de ma nuque, je la relevais doucement. Dieu que j'aurais aimé qu'elles forment un collier et serrent, serrent, me conduisant entre la vie et la mort, la haine sauvage et l'amour innocent. Il n'y a plus d'entre-deux, tout n'est qu'extrême. Je me délectais de ce qu'il me disait. Oh ! Comme j'aimerais être tout cela à la fois, à moins que ce ne soit déjà le cas... Je deviens le tout du rien, l'infini du néant. Je fixe ses yeux comme je fixe l'abîme et soudain, je deviens l'abîme. Je griffe sa peau luisante avec colère en léchant pourtant doucement sa joue. Je goûte à sa chair qui a pris soudain le goût de la mer, le goût du lointain. A sa dernière supplique, j'applique mes deux mains contre son torse avant de violemment le pousser à l'eau. Mais je regrette soudain mon geste, je lui attrape vivement le bras pour le relever et le ramener à moi. Je pose mon visage contre son torse, léchant avec précaution les plaies que je lui ai ouvert. Dieu, que le sel a du le faire souffrir... Ton sang a le goût de l'infini, dieu qu'il me brûle, il me consume... Je tendis mon bras avant de violemment le griffer, plusieurs précieuses gouttes rouges s'en échappant, trop longtemps prisonnières de ma dérisoire enveloppe charnelle. Pourquoi ne pas te délecter du nectar de mon corps ? Jamais poison ne t'aura offert de bonheur aussi fort... |
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