i need to know (aura)

Elle se déteste un peu. Elle se déteste d'avoir cru, mais, aussi, de s'être montrer aussi possessive alors qu'ils ne s'étaient vu qu'une fois. Une seule petite fois. Pas de sms après le premier rancard, pas de promesses. Et, déjà, elle tombait dans ce qu'elle ne voulait pas être, ce qu'elle avait reproché à Rafael. La jalousie. L'affreuse jalousie. Et ça ne lui ressemble tellement pas. En quoi se transforme-t-elle? Que devient-elle? De par ces parjures qui lui font devenir ce qu'elle n'est pas, elle ne se reconnaît plus. Elle n'avait pourtant pas cherché à le piéger, à l'espionner. C'est par pur hasard qu'elle s'était retrouvé à passer devant le Hendrix, lieu où il travaillait. Elle ne savait même pas qu'il était de service ce soir-là, ni même qu'elle surprendrait un échange. Elle l'avait vu. Fede. Dans les bras d'une autre. Une qu'elle n'avait qu'eut le temps de voir rapidement, quand elle s'apprêtait à sortir du bar. Belle. Belle et électrisante. Elle était tout ce que Beth, elle, n'était pas. La brune n'avait rien fait, elle n'était pas entrée, elle ne s'était pas exposer. A quoi bon, d'abord? Elle avait eu raison de croire qu'il cachait quelque chose, qu'il ne s'intéressait pas réellement à elle. Parce qu'à la première occasion, il en serrait une autre dans ses bras sans même avoir eu le courage de lui dire, à Beth, qu'il avait passé une belle soirée, mais que ça s'arrêtait là. Les mecs, les mecs et leur incapacité à être francs. Elle lui en voulait, parce qu’elle avait cru en ses paroles et ses intentions alors qu'il l'avait berné. Beth était rentrée, avait questionné Az, il lui avait parlé d'une collègue avec qui il s'amusait, avec qui il s'autorisait des excès, parfois, souvent. Ça ne faisait aucun doute, c'était la fille de l'accolade. Et elle avait oublié. Elle s'était concentrée sur Ivy, sur Milo, sur Lys, sur n'importe qui qui lui faisait oublier qu'on l'avait pris en pitié. Ce matin la, Beth se rendait dans un café pour travailler, routine qu'elle s'était instaurée dans le but de ne pas rester cloîtrée à la maison. Elle traînait ses documents à traduire dans son Ipad sous son bras, et s'installait toujours à la même table, celle près de la fenêtre pour observer les gens qui passait, pour rêvasser devant le soleil de la fin d'avant-midi. Seulement, ce matin-là, une demoiselle se trouvait assise là où elle en avait l'habitude. Une brune. Une brune trop belle pour l'oublier. La brune. La brune de l'accolade. Beth, café en main, se racla la gorge. Pardon, commença-t-elle timidement. Cette place est libre?, demanda-t-elle en pointant la chaise où le sac de l'inconnue reposait. Je m'installe tous les jours ici.. Pour travailler. Comme si l’anglaise tentait de justifier son impolitesse. Cette place, elle n'avait pas son nom d’y écrit. Elle n'en avait pas le monopole.

Je commençai à m’acclimater un peu à ma nouvelle vie, ici, en Australie. En fait, je vivais ce brusque changement bien mieux que prévu. Le poids du mensonge qu’Enzo et moi avions pour Fede était là, évidemment, et je n’aimais pas avoir à cacher la vérité à mon grand frère, mais j’essayai de ne pas trop y penser. Je tâchais de faire confiance à Enzo qui me répétait que tout irait bien. Nous avions trouvé un appart, Enzo avait rapidement repris son activité de coach privé, quant à moi, j’étais dans les petits papiers de la conservatrice du musée de Bowen qui ne tarderait pas à me donner un poste, j’en étais assurée quasiment à 75%. Tout allait bien, en sommes, hormis que Florence me manquait un peu, et surtout le job que j’y avais. J’avais fait une croix sur le musée des Offices, ce qui me fendait le cœur. J’avais voulu y travailler depuis mon enfance et j’y avais été très heureuse, le temps que cela avait duré. Mais la page était tournée, nous l’avions décidé ensemble, mon jumeau et moi, pour notre bien à tous les deux. Pensive, je regardai par la fenêtre du café où j’avais décidé de me poser, quand une voix féminine me fit tourner la tête. Son ventre était aussi rond qu’un ballon – c’est ce qui me frappa en premier –, je n’avais pas côtoyé beaucoup de femmes enceintes dans ma vie, mais à vu de nez, elle devait pas être loin d’accoucher. Elle avait l’habitude de s’asseoir à la place que j’avais choisi, pour travailler, me dit-elle.
— Oh, pardon, je…
J’esquissai un mouvement pour me lever et désignai la chaise en face de la banquette où je m’étais posée.
— Je peux m’asseoir là, si vous voulez, je vous laisse le siège le plus confortable, cela ne me gêne pas. Vous semblez en avoir plus besoin que moi.
Réalisant que ce que je venais de dire pouvait paraître impoli, je grimaçai.
— Enfin, c’est pas que…enfin, si vous voulez un peu de tranquillité aussi, je peux m’en aller, j’ai presque fini.
Je désignai mon cappuccino à moitié plein, posé sur la table, pour argumenter mon propos.

Le but, ce n'était pas de persécuter la brune. Ni même de la faire changer de place. Mais devant une aussi belle femme, une femme qui n'était - il fallait le dire - pas aussi grosse que Beth et, surtout, magnifique naturellement, sans artifices, sans avoir besoin de couvrir son visage de maquillage, une femme que la traductrice avait vu serrer dans ses bras le mec avec qui elle avait eu un rendez-vous quelques jours plutôt. Et elle s'était mis dans la tête qu'elle faisait partie des filles avec qui il couchait, périodiquement. Et comment lui en vouloir? La femme était magnifique, somptueuse, il fallait être fou, en tant qu'homme, pour résister à une si belle beauté. Elle demanda pardon, après avoir regardé le ventre de Beth assez longuement pour comprendre qu'elle était enceinte, bien trop enceinte. Et quand elle se leva, Beth secoua la tête. Non non non!, s'empressa-t-elle de répliquer. Elle tira la chaise que la femme avait désignée de moins confortable pour s'y asseoir. Tu ne sembles pas si plus vieille que moi, nota la brune en regardant attentivement l'autre femme, son visage qui n'était pas du tout marqué par l'âge. Elle sourit. Je pense que l'on peut se tutoyer. Elle jouait la carte de l'amabilité. Et si elle voulait avoir de l'information sur Fede ou sur la relation que cette intruse entretenait avec lui, c'était peut-être finalement la marche à suivre. Sinon, elle ferait fuir la brune. Et ce n'était pas du tout son intention. Ça va, ça va. Tu peux rester, termine ton café, prends le temps qu'il faut, assura-t-elle. Tu ne viens pas d'ici, hein?, dit-elle en pointant par les mots l'accent non australien de la brune. Le sien non plus ne l'était pas. Elles partageaient peut-être le même mec, mais aussi le même problème d'intégration quant à leur bagage de vie, leur accent en témoignait pour elles. Moi, c'est Beth. Je suis arrivée à Bowen en août.

J’étais toujours un peu gênée face à ce genre de situation. Je ne savais jamais comment agir avec les femmes enceintes, c’était exactement comme avec les personnes âgées lorsqu’elles entraient dans un transport en commun et que vous étiez assis sur un siège ; vont-elles mal prendre le fait que vous leur proposiez votre place ? Et si vous ne le faite pas, ce n’est pas poli non plus…je détestais ce genre d’entre-deux. C’était exactement le ressentis que j’avais avec la jeune femme en face de moi. Elle me fit néanmoins remarquer que nous devions, à peu de chose près avoir le même âge – en effet, je lui donnais environs vingt-cinq ans – et que je n’avais absolument pas à lui céder mon siège. Je l’aurais pourtant fait volontiers, cela ne me dérangeait pas le moins de monde. Comme pour faire taire les tergiversations, la future maman prit place en face de moi et je lui souris pour la remercier de ce geste. Cela ne pouvait paraître rien, mais j’étais très sensible à la gentillesse et aux micro-attentions qui allaient avec. Elle entama alors la conversation, en notant mon accent qui n’était effectivement pas australien.
— Je suis italienne, expliquai-je en souriant, sicilienne plus exactement. Je suis venir vivre ici avec mon frère. Un conseil, si tu croises un italien, brun, les yeux de braise et qui ne peut pas s’empêcher de sortir des phrases de lover…fuis immédiatement, plaisantai-je.
Je ne pouvais encore pas mesurer la portée de mes mots. C’était pour rire, évidemment, mais j’étais loin de me douter qu’ils pouvaient avoir un sens particulier pour la jeune femme qui avait souhaité partager un café avec moi. Je n’avais encore aucune idée de ce qui se tramait entre Fede et elle, et si je parlais plutôt d’Enzo…mes propos pouvaient clairement porter à confusion.
— Aura, je suis ravie de te rencontrer, Beth.

Elle était italienne. Ça, Beth l'avait deviné. L'une des siennes, qu'elle pensa en référence à Fede qui l'était lui aussi. Une conquête de son pays natal, peut-être, venue ici pour le reconquérir. Elle était venue avec son frère, rien ne laissait croire à Beth que cedit frère pouvait être Fede, bien trop prose dans l'intrigue qu'ils pouvaient être amants et non reliés par le sang, elle pensait directement à un tiers acteur alors que la jeune Aura parlait de famille à Bowen. Ce qu'elle ne savait pas encore, Beth, c'est qu'il y en avait un, tiers acteur. Aura lui donna comme conseil d'éviter son frère, un Italien beau parleur, Beth lui sourit. Ne sont-ils pas tous de beaux parleurs, les Italiens ?, demanda-t-elle en riant. Et si la femme qui se trouvait en face d'elle était réellement l'amante de Fede, n'était-elle pas bien placer pour le savoir, que les Italiens étaient des séducteurs nés ? Fede, il enchaînait les conquêtes, c'était pourtant ce qu'on lui avait raconté, il ne s'attardait pas qu'à une seule femme, il en voyait plusieurs. Beth en était l'une d'elles, d'ailleurs. Ravie aussi, Aura, fit-elle alors que la brune face à elle l'avait imité, la gratifiant de son prénom. C'est chaleureux de rencontrer des étrangers parmi les natifs, ça me fait toujours sentir un peu moins seule, confia Beth avec sincérité. L'Italie, c'est beau. Je rêve d'y aller, finit-elle par conclure, en revenant sur la provenance de la femme qu'elle avait presque harcelée. Et les Italiens, ne sont-ils pas tous beaux comme des dieux, fit-elle en feinta d'avoir chaud, avant de rire un peu. Te font-ils toujours autant d'effet, même si tu les connais par coeur ? Elle tâtait le terrain, aussi mal qu'elle le pouvait, tâchant de déceler des indices, aussi petits pouvaient-ils être, qu'Aura était bel et bien l'amante de Fede.

Je ris face à la plaisanterie de Beth. Je ne pouvais pas vraiment démentir. Les hommes italiens – et les femmes aussi, en fait – étaient réputés pour leur charme et leur langue pendue. Nous avions la réputation de parler, beaucoup, et de faire des grands gestes, de draguer à tout va aussi. C’était un cliché certes, mais les clichés existaient pour une bonne raison : ils comprenaient toujours une part de vérité dans le fond. Cela dit, non, tous les italiens n’étaient pas comme ça.
— Etrangement, mon père n’est pas du tout comme ça, confiai-je. Mes frères ne tiennent pas de lui, autrement dit !
Je ris en songeant à mon paternel qui nous avait toujours dit, à Enzo, Fede et moi que notre mère avait été la seule femme de sa vie. Ma mère, en revanche, nous avait confié avoir été un peu volage durant ses jeunes années. Ce qui n’était pas difficile à croire, ma mère avait du bagou et un charme naturel qui faisait que tout le monde l’appréciait. Exactement comme mes deux frères. Moi, en revanche, je tenais de mon père et de son tempérament discret.
— Oui, Bowen est assez cosmopolite ! commentai-je quand Beth affirma qu’elle aimait beaucoup rencontrer d’autres étrangers comme elle, c’est très agréable, je suis d’accord.
Je l’écoutai ensuite me parler de son rêve de voir l’Italie. Oui, c’était magnifique, je ne pouvais qu'être d'accord avec ça, j'étais une amoureuse de mon pays. Je ris quand elle me parla des hommes italiens. Je ne savais pas vraiment quoi lui répondre, je n’avais pas vraiment d’expérience en la matière.
— Euh…j’imagine que c’est comme partout, je…je ne suis jamais sortie avec un italien, pour être honnête, alors...
Je pouffai, puis attrapai ma tasse pour boire une gorgée de cappuccino. C'était idiot, mais je me sentais toujours un peu gênée d'avouer qu'à vingt-six ans j'étais complètement inexpérimentée en ce qui concernait les hommes.

Beth éclata de rire à la confession de la belle brune qui confirmait que les Italiens étaient, en effet, beaux parleurs. Seulement, elle parlait avec une douceur de son père comme l'exception à la règle. Et c'était adorable. Cela rappela à la traductrice sa relation étroite avec son père qu'elle avait mis de côté pour venir s'installer à Bowen. C'était pour le bien de l'entreprise familiale et, aussi, parce qu'elle avait eu le besoin de retrouver le père de son enfant à naître et bien que la jeune Ellington savait que son père ne lui en voulait pas pour la distance qu'il y avait désormais entre eux, il lui manquait. Elle n'avait plus vraiment de modèle masculin dans sa vie, présentement, excepté ses deux colocataires qu'elle aimait d'un amour profond, mais personne comme son père. Personne pour la conseiller, personne pour l'aimer avec autant de tendresse et pour guider ses choix, pour s'assurer qu'elle ne fasse pas trop d'erreurs. « Et donc, les Italiens sont bien des beaux parleurs », confirma alors la brune en souriant. Et la conversation s'engendra plus loin au sujet des hommes, de ces Italiens, Beth cherchant à creuser le mystère de cette fille, si jolie, qu'elle avait vu se pendre au cou de Fede. Seulement, elle lui avoua qu'elle n'était jamais sortie avec un italien. Beth fronça des sourcils un instant. Non, c'était impossible, elle l'avait pourtant vu étreindre Fede, lui parler, aussi. Elle ne s'était pas trompée de personne, impossible, elle l'avait reconnue. Elle l'aurait reconnu entre mille, elle et ses longs cheveux bruns. « Pas même fréquenté ? », demanda Beth comme seule explication possible à ce qu'elle avait vu. Ils ne sortaient peut-être pas ensemble, de façon officielle, mais ils pouvaient se voir, se fréquenter, coucher ensemble à la limite, sans attache, sans histoire. Ça ne semblait pas le genre de la brune qui avait pourtant bégayé en lui donnant sa réponse. Et l'hypothèse qu'elle soit de la famille ou une amie de monsieur Luciano ne lui traversait pas l'esprit. Ce qu'elle avait vu lui avait semblé pourtant bien plus qu'une simple amitié.

Je secouai doucement la tête. Non. Pas même fréquenté. Certes, il y avait Livio, mais on ne pouvait pas qualifier de relation la soirée arrosée qui nous avait précipités dans les bras l’un de l’autres. Par ailleurs, je me trouvais encore bien trop dans le déni concernant toute cette histoire pour la mentionner si facilement à une inconnue.
— Non, répondis-je simplement.
Je ne souhaitais pas m’étendre sur le sujet. Mon inexpérience me mettait mal à l’aise. Et même si je m’en fichais la plupart du temps, je devais admettre que c’était un peu plus compliqué à assumer en société. Les gens n’avaient pas l’habitude de voir des jeunes filles de vingt-six ans complètement novice en matière de relations amoureuses (ou même simplement sexuelles d’ailleurs). Je décidai alors de contourner le sujet, pour ne pas que mon interlocutrice ne me prenne pour quelqu’un de bizarre.
— Je crois que mes frères ont voulu me garder des dragueurs, plaisantai-je, ils sont bien placés pour savoir ce qui se passe dans leur tête.
Je partis d’une petit rire puis pinçai la bouche, comme pour réfléchir.
— Enzo, surtout, s’échine à les repousser. S’il pouvait créer un bouclier invisible pour empêcher les hommes de m’approcher, il le ferait. Fede…Fede, c’est différent. Il fait attention, mais disons qu’il est plus subtil dans son approche.

L'Italienne répondait non à la question de Beth, elle n'avait jamais fréquenté un homme de ses origines. Merde, non, ce n’était pas possible. Elle lui cachait quelque chose, c'était évident. Pourtant, Beth l'avait bel et bien vu, au Hendrix, passant ses bras autour du cou de Fede. C'était elle, elle avait son visage gravé dans ses souvenirs, ça ne pouvait pas être une autre. Alors, pourquoi lui mentait-elle ? Pourquoi lui cachait-elle tout ça ? Peut-être qu'elle savait, la belle brune, peut-être que Fede lui avait parlé d'une femme enceinte qu'il voyait, peut-être qu'elle avait fait le rapprochement entre cette fille et Beth ? Des femmes enceintes, c'est vrai qu'il n'y en avait pas d'autres qu'elle à Bowen, hein... Non, ça ne pouvait pas être ça. Alors, pourquoi ne pas lui dire la vérité ? Elle s'était pourtant montrée charmante, Beth, non ? Attentive, douce, pas trop insistante. Qu'est-ce qui justifiait de ne pas lui donner la simple vérité ? Peut-être le fait que malgré tout ça, Beth demeurait une simple étrangère aux yeux de la brune, c'était une possibilité envisageable. Aura s'empressa d'ajouter une réplique à son aveu, comme pour masquer sa dernière réponse, mais Beth ne remarqua pas le malaise qui s'installer sur le visage de la belle inconnue, trop concentrée à retourner la situation dans tous les sens pour y trouver une faille jusqu'à l'entendre, son prénom, Fede, dans son accent italien. Beth fronça les sourcils, répétant après elle. « Fede... », souffla-t-elle en secouant la tête. Merde, elle s'était trompée, franchement trompée. Fede, c'était son frère. Beth se sentie tout à coup beaucoup trop timide, elle chercha à tâton ses affaires, tentait de les rassembler le plus rapidement possible. « Je... » Elle allait dire n'importe quoi, elle avait faire une nouvelle gourde, valait mieux s'enfuir avant d'avoir l'air complètement conne devant la soeur du mec qui l'intéressait. « Je dois y aller, Aura. Vraiment contente d'avoir fait ta connaissance... », s'empressa-t-elle d'ajouter en se levant. Seulement, elle n'avait pas prévu que la ganse de son sac resterait prise dans la chaise et forcerait tout le contenu à s'écrouler sur le sol. Merde....

J’aimais sincèrement mes deux frères, d’un amour qui était à peine descriptible mais je devais admettre qu’ils se montraient parfois beaucoup trop protecteurs envers moi. Je le comprenais, bien entendu ; de mon côté, la simple idée qu’ils puissent souffrir de quelque chose me mettait hors de moi, j’étais prête à tout pour leur bien-être ; malgré tout, je devais admettre que leur comportement de loup alpha était parfois un peu exagéré. Il n’était pas rare qu’Enzo menace de casser le nez à un type qui me regardait d’un peu trop près. Mon jumeau ne faisait pas dans la demi mesure, c’était un fait. Son caractère entier lui jouait parfois des tours d’ailleurs. Mais ce ne fut pas le prénom d’Enzo que releva la jeune anglaise en face de moi ; Quand celui de Fede franchit la barrière de ses lèvres, je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils.
— Tu…tu le connais ?
C’était évident que oui, vu la réaction de la jeune femme qui se leva avec précipitation, ne terminant même pas sa boisson. Je restai estomaquée, sans trop savoir quoi dire, la regardant bafouiller et s’agitter comme si une mouche l’avait piquée.
— Euh…au revoir…
Je restai comme deux ronds de flan, après le départ précipitée de la brune, sans trop comprendre ce qui venait de se passer. Etait-elle une conquête de mon ainée ? Possible. Il avait toujours fait un certain effet auprès de la gente féminine, mais de là à les faire prendre la poudre d’escampette…J’attrapai ma tasse et portai mon cappuccino à mes lèvres, souriant de la situation. Bowen était visiblement pleine de surprise…

fini