Massage ? Yes, please ! (Aura)

Cette après-midi, j’ai rendez-vous avec Aura, une amie de longue date. On s’était connues lors de notre séjour en Italie et depuis, on ne s’était quasi plus lâchées. Même après notre départ, on avait tout fait pour garder contact. On avait toujours sauté sur la première occasion pour se voir. Que ce soit chez elle, chez moi ou dans un autre pays pour de petites vacances.

Aujourd’hui, on avait besoin de se retrouver entre filles, de se faire bichonner et de discuter/gossiper/vider notre sac sur notre vie. On s’était donc organisé une journée SPA. Après tout, quoi de mieux qu’un endroit comme celui-là pour se détendre entre copine et bavarder ? Je prépare donc mon sac en deux/deux avec tout ce qu’il me faut puis part rapidement en direction du lieu de rendez-vous. J'étais en retard et m'en voulais déjà de la faire attendre, elle et son petit bidou.

Une fois arrivée devant le SPA, je la vois au loin et cri doucement « Aura ! » Je lui fais signe de la main puis m’approche d'elle d’un pas rapide. On aurait pu croire que j’allais d'abord la saluer, mais non… J’avais un autre truc à faire avant. Je m’arrête net devant elle, m’accroupis légèrement et lui check délicatement le ventre avec ma main « Salut mini pouce » Je lève ensuite les yeux vers la jolie brune et lui fais la bise « Désolée pour le retard ! » Elle avait l'habitude mais bon... « Prête pour une journée de rêve ? Je te préviens, on a un planning à respecter. Roue libre jusqu'à 11h, puis là on a rendez-vous en bas pour un massage et ensuite, je t'invite au restaurant du dessus pour un petit encas » J’étais excitée tel un gosse la veille de Noël, mais je n’y pouvais rien. J’avais trop hâte ! J’adorais qu’on prenne soin de moi et vu que je n’avais personne chez moi pour le faire et bien voilà. J’avais trouvé une autre solution.

Danie faisait partie des rares amies que j’avais, c’était d’ailleurs d’autant plus apaisant pour moi de l’avoir à mes côtés, à Bowen. Quand bien même notre rencontre datait de nombreuses années, alors que nous faisions toutes deux nos études à Florence. C’était une des rares personnes avec qui j’avais gardé un contact constant. J’étais quelqu’un de plutôt solitaire, je me faisais peu d’amis, en règle général, Danie faisait partie des exceptions, des personnes qui comptaient suffisamment dans ma vie pour j’aies développé ce besoin de rester en contact.
Ce jour là, mon amie de longue date m’avait donné rendez-vous en ville, pour une « journée spéciale entre filles », le seul mec admis était de toute évidence celui que je portais depuis six mois dans mon ventre. Le rendez-vous avait été donné devant l’espace spa de la ville, ce qui annonçait une assez bonne surprise. Il était rare que je pense à prendre soin de moi comme ça, c’était d’ailleurs souvent Livio qui devait me rappeler à quel point c’était important. Cela n’avait jamais vraiment été dans mes habitudes de me payer un massage et pourtant, je devais admettre que la perspective me plaisait assez. Avec ma grossesse, les tensions se multipliaient dans mon corps et j’avais bien besoin de détendre tout ça. Un sourire s’élargit sur mon visage lorsque je vis mon amie approcher et je lâchai un petit rire amusé quand elle fit un petit check à mon fils, encore bien au chaud dans mon ventre.
— Ce n’est pas grave, dis-je quand elle mentionna son retard, j’avais apporté de quoi lire.
Je brandis mon exemplaire de Socrate in Love que je venais d’acheter à la librairie, puis le rangeai dans mon sac tandis que Daniella m’exposait le planning de la matinée.
— Eh bah…je suis gâtée dis donc ! Par où on commence ?

J’étais vraiment contente de voir Aura. Ca faisait longtemps et j’avais l’impression qu’on avait de tonnes de choses à se dire, à rattraper. Je l’attrape par le bras puis marche en direction de l’entrée du spa pour commencer cette journée détente « Là, c’est quartier libre pendant une heure. Donc je te propose qu’on aille se changer puis qu’on se pose dans la piscine ou le jaccuzzi ? » Je souris surexcité puis tout en me dirigeant vers les vestiaires, regarde son bidou bien arrondis « Ca se passe bien la grossesse ? Pas trop compliqué ? » Ca avait l’air de bien se passer mais je voulais m’en assurer. Et je savais très bien qu’elle avait Livio, mais si elle avait besoin, moi aussi j’étais là. Bon peut-être pas pour les envies de fraises à 3h du matin, mais… pour le reste j’étais présente !

Une fois dans les cabines, je me change rapidement puis range mes affaires dans un casier en gardant sur moi, mon maillot, un peignoir, un essuie et mes tongs. « Prête ? » On se dirige ensuite vers la salle principale et une fois mes affaires posées sur le côté, je rentre dans l’eau. Heureusement pour nous, la température était parfaite. Ni trop chaude, ni trop froide. Je nage jusqu’à un coin tranquille puis m’installe et me tourne vers mon amie « Je vais avoir du mal à sortir d’ici, je le sens ! »

Je prenais rarement le temps de me faire chouchouter et pouvais compter sur les doigts de la main les fois où je m’étais payé un massage. Ce n’était pas une question d’aimer ça ou non, je trouvais ça plutôt agréable en réalité, et je devais admettre que le peu de fois où je m’étais prêtée au jeu, j’étais arrivée à me détendre, c’était surtout que je n’y pensais pas. Que je ne prenais simplement pas ce temps-là pour moi. Il y avait toujours quelque chose qui passait avant. Un déménagement, un rush au boulot…bref, je n’arrivais jamais à me poser réellement. Daniella avait donc visé juste en prenant cette décision là à ma place, car cela me faisait réellement plaisir, non seulement de passer cette après-midi avec elle, mais aussi de pouvoir complètement déconnecter. Avec l’arrivée de Giulia, l’ex de Livio à Bowen, je n’étais pas tout à fait sereine. Elle était là pour convaincre mon amoureux de faire une dernière de cette télé-réalité qui les avait rendu célèbre dans toute l’Italie, et j’avouais que cela me stressait un peu. Alors, quand mon amie Danie m’avait proposé cette journée détente, je n’avais pas hésiter une seule seconde. Danie annonça le programme du jour, et je n’eus rien à y redire, elle avait pensé à tout. Sa question sur ma grossesse en suivant, me fit sourire avec tendresse.
— C’est à la fois très bizarre et merveilleux, de sentir un être vivant grandir et bouger en toi. Et non, ça va, j’ai eu quelques nausées au début, c’est vrai. Là je t’avoue que je me sens parfois un peu lourde et que mes jambes sont douloureuses en fin de journée
Je lâchai un petit rire puis suivis mon amie dans les vestiaires pour passer un maillot de bain. Très vite, nous entrâmes dans l’eau, elle était chaude et cela faisait un bien fou. Quand Daniella affirma qu’elle allait avoir du mal à sortir de là, je me laissai aller à un nouveau rire.
— Oui, je te comprends…ça m’arrive souvent à la maison, la piscine est délicieuse et on.a un vue superbe sur la mer. Il faudrait que je t’invite pour un bain au moment du coucher de soleil, c’est tellement beau.

« Il m’arrive de t’envier puis tu me donnes ce genre de détail et tout d’un coup, j’ai moins envie de devenir maman » Je me mets à rire puis reprends « Les jambes douloureuses, la fatigue. J’ai même entendu parler de trucs beaucoup moins glamour » Je grimace légèrement en pensant à tout ça puis souris tendrement à mon ami. « Après, c’est vrai que ça doit être…une sensation de dingue d’avoir un petit bout qui grandit dans son ventre » Je n’en étais pas du tout à ce stade, mais dès fois, j’aimais y songer. Je n’y songeais jamais très longtemps, mais il est vrai, que depuis qu’Aura était enceinte, ça m’arrivais de temps en temps. Une fois dans l’eau, on commence enfin à se détendre et à profiter de ce moment ensemble quand voilà qu’elle me parle de sa maison et sa vue de dingue sur la mer. « Ce n’est pas sympa de me vendre ta maison comme ça. Je suis limite jalouse » Aura avait l’air d’avoir la vie de rêve qu’elle méritait et j’étais vraiment heureuse pour elle. Elle était passée par de sales moments et j’étais vraiment contente de la voir enfin si bien et sereine « Comment ça se fait que je ne suis pas encore venue d’ailleurs ? » Je l’éclabousse légèrement puis me mets à rire « Et sinon avec Livio, comment ça se passe ? »

Je laissai échapper un rire.
— Ahahah désolée de te vendre un portrait si peu glamour ! pouffai-je.
La grossesse, ce n’était pas juste attendre neuf mois que le ventre s’arrondisse, bien sûr, et on n’imaginait pas tout ce que cela pouvait impliquer tant qu’on n’en vivait pas une soi-même. Et puis, chaque femme étaient différentes et vivait ce moment différemment.
— Cela dit…je dois avouer que cela me rend heureuse, profondément heureuse même. Alors je supporte.
Oui, étrangement, si je me sentais parfois dérangée par quelques désagrément, je me sentais aussi profondément chanceuse et laissais cette gratitude et ce bonheur m’envahir plutôt que de laisser une place trop grande au reste.
— Et oui, c’est assez dingue, en effet.
Mon amie et moi nous dirigeâmes enfin vers la piscine et y entrâmes sans trop de mal tant l’eau était bonne. J’en vins à évoquer celle que j’avais à la maison, maison qui, à la base, était celle de Livio avait qui j’avais choisi de vivre depuis quelque mois.
— Je ne sais pas, il faut rétablir cette erreur ! dis-je en riant lorsque Daniella m’éclaboussa.
La jolie blonde me demande ensuite comment les choses allaient avec Livio, ce qui fit naitre automatiquement un sourire sur mes lèvres, comme à chaque fois que je pensais à mon amoureux.
— Ca se passe vraiment bien…je ne croyais pas être capable de vivre quelque chose de si fort avec quelqu’un, avouai-je en toute sincérité.

« Pas grave, je te pardonne » Après tout, on n'avait quand même pas le choix. Si on voulait passer par la grossesse, il fallait passer par là. Puis apparemment, on finissait par oublier tous les mauvais côtés. C’est ce qu’elles disaient toutes non ? ‘Crois-moi, on oublie sinon on n’en ferait jamais un deuxième !’ Enfin bon, de toute manière, en ce qui me concerne, ce n’était pas pour tout de suite. Je pouvais donc me détendre. « Ça se voit et j’aime te voir comme ça » S’il y avait bien une personne qui méritait d’être heureuse et d’avoir tout ce qu'elle désirait, c’était bien Aura. J’étais donc vraiment contente de la voir si épanouie. Une fois dans l’eau, on finit par discuter de sa maison et de Livio. Je n’avais encore jamais mis les pieds là-bas et j’espérais vraiment qu’on puisse bientôt remédier à tout ça. « Et bien, j’attends l’invitation Mad’moiselle Luciano » Je souri puis marche un peu dans la piscine pour me mettre face à elle. Elle avait le sourire aux lèvres depuis le début, mais à peine le prénom de Livio prononcer… c’était dix fois pire. Tout son visage s’était illuminé d’un coup « Tu es complètement accro, on dirait » Je lâche un petit rire puis vient m’accouder près du bord « ça a l’air tellement bien ! T’as l’air d’être sur un petit nuage… Je veux le même ! Le nuage hein ! Je précise » dis-je en rigolant. J’avoue, j’enviais un tout petit peu ce qu’elle vivait. Cette belle et grande histoire d’amour. Cette complicité. Ce bien-être… J’avais vraiment envie de vivre la même chose. Mais bon… ça n’avait pas l’air d’être au planning pour le moment.

Je devais bien admettre que ce nuage sur lequel je me trouvais en ce moment était des plus agréable. Pendant de nombreuse année, j’avais cru que ce nuage n’était pas fait pour moi. Pendant longtemps, j’avais cru que l’amour était quelque chose qui ne ferait pas parti de ma vie. L’amour avec un A majuscule, s’entend. Celui que j’avais pour mes frères, pour ma famille, pour mes amis, avait toujours été présent et très fort qui plus est, mais je m’étais longtemps convaincue que je n’étais pas une fille capable de se mettre en couple. Une fille qu’on pourrait aimer toute une vie. Mais ça, c’était avant Livio, bien entendu, avant que lui et moi ne mettions les choses à plat et que la graine de l’Amour ne se mette à germer.
— Je te le souhaite, de trouver ton nuage, dis-je à Daniella.
Je n’arrivais pas à croire que j’étais celle qui disais cela. Durant des années, on m’avait dit « t’inquiète pas Aura, tu trouveras le bon » et j’avais lever les yeux à chaque fois, croyant que c’était des bêtises, croyant que les gens disaient cela parce que la plupart était mal à l’aise avec le célibat, là où, moi, cela ne me posait pas le moindre problème. Avant. Je n’arrivais pas à croire que je me plaçai de l’autre côté de la barrière maintenant.
— Tu n’as personne en vu ? demandai-je à mon amie.

Le grand amour… Je n’ai pas eu la chance de le connaitre. Du moins pas encore. Pas que je sois contre ou que n’y crois pas, mais malheureusement pour moi, il ne s’était pas encore présenté à ma porte. J’avais déjà eu des relations. Plus d’une d’ailleurs, mais allez savoir pourquoi, ça se terminait toujours plus ou moins bien. Ce qui n’était pas une mauvaise chose en soi. Après tout, il vaut toujours mieux terminer une relation, plutôt que de forcer les choses et s’obliger à rester ensemble. Impossible d’être heureux comme ça. Une fois le sujet Livio abordé, voilà qu’on passe directement à mon cas. Je m’arrête donc de jouer avec l’eau puis me redresse légèrement pour lui faire face « J’ai rencontré un homme. Un client à moi. Enfin c’était un client… On a passé du temps ensemble, ça se passait bien et …je ne sais pas pourquoi, ça fait quelques jours que je n’ai plus de ses nouvelles… » Je la regarde un peu déçue puis hausse légèrement les épaules « ça ne devait très certainement pas être le bon. » J’étais un peu dépitée et blessée d’avoir été ghosté de la sorte, mais bon… heureusement pour moi, quelques semaines plus tard, j’allais rencontrer quelqu’un. Une femme. Freja. Ça allait être une première pour moi mais grâce à elle, j’allais être heureuse.

Avant de me rendre compte des sentiments que j’avais pour Livio - qui existaient depuis bien plus longtemps que ce que j’avais bien voulu assumer au départ - je n’étais pas certaine d’être faite pour l’Amour non plus. J’avais cru pouvoir traverser la vie, me concentrer exclusivement sur mon travail que j’adorais, sans qu’il ne me prenne dans ses bras. L’Amour, jusqu’à mes vingt-six ans, j’avais cru qu’il n’était absolument pas taillé pour moi, ou plutôt, que je n’étais pas taillé pour lui. Mais comme le disent toutes les histoires, celles auxquelles on ne croit pas avant d’avoir vécu un idylle, cela nous tombe dessus sans qu’on s’en aperçoive.
Nous barbotâmes dans l’eau en discutant, puis le sujet de la conversation se tourna vers Dani. J’ouvris des yeux ronds comme des soucoupes lorsqu’elle évoqua son client pour lequel, visiblement, elle avait un crush.
— Oh ? fis-je avec un grand sourire.
Elle m’expliqua qu’après avoir passé du bon temps avec cet homme, celui-ci avait fini par ne plus donné de nouvelles. Ce n’était pas cool en effet, mais les conclusions n’étaient pas toujours évidentes à tirer.
— Ca ne veut peut-être rien dire…Je veux dire…si on part par là, j’ai pas donné de nouvelle à Livio pendant 7 ans…et regarde aujourd’hui. Il s’appelle comment ?