Bad mood [Isling]

Isaiah eut un léger rire, à propos des battements de cils d’Aisling. « Oui, ça doit être ça. » Et pourtant, on savait fort bien que tous les deux ne se basaient que rarement sur le physique ou l’apparence pour se faire une idée sur quoi que ce soit. Cependant, Isaiah demeurait humain, et quand la blonde lui faisait effectivement les beaux yeux pour se sortir d’une petite gaffe, il pouvait tout pardonner. À propos de la bucket list dont il venait de parler en soulignant qu’il pourrait barrer cette visite romantique à l’hôpital, Aisling lui demanda si faire l’amour dans un lit d’hôpital y figurait aussi. Isaiah la regarda avec un mélange de surprise et d’amusement, vérifiant si Aslander avait entendu. Heureusement qu’il était appelé à ce moment-là, ce qui avait capté son attention plutôt que de rester à l’écoute de la conversation de sa sœur et de son beau-frère. « Pas encore mais elle n’est pas définitive, si tu veux qu’on l’ajoute … » Il rit doucement, et releva la tête d’un coup en entendant le nom d’Aisling, à son tour. Ils se levèrent tous les trois et furent interceptés par un pneumologue qui semblait bien connaître la blonde, d’ailleurs il insista pour la passer à sa salle. Ils laissèrent donc Aslander de son côté, et se rendirent dans la petite pièce fermée où, après quelques commentaires du médecin, Aisling put finalement s’allonger après avoir retiré son haut. L’artiste ne lâcha pas la main de la jeune femme de tout l’examen, sauf pour la laisser remettre son chandail, mais ses doigts retrouvèrent les siens tout de suite après. Au grand soulagement d’Isaiah, le pneumologue confirma qu’il n’y avait rien d’alarmant pour Aisling. Il déposa un baiser sur le côté de la tête de la jeune femme, au moment où Aslander rentrait pour leur donner des nouvelles de son côté. Heureusement, lui non plus n’avait rien de grave. « En voilà des bonnes nouvelles ! On a bien fait de venir ici, ne serait-ce que pour en avoir le cœur net. » Sorte de renforcement positif pour convaincre Aisling de répéter ces visites de routine, ce que le pneumologue semblait lui aussi vouloir. Ce dernier voulut également faire passer le message qu’ils n’avaient pas à se comporter en faux-héros comme ils le faisaient, et qu’ils devraient peut-être faire plus attention avant d’engorger inutilement le système de santé. Là-dessus, Isaiah ne put que se sentir coupable. Ils avaient essayé de faire leur part, mais il était vrai qu’ils auraient pu trouver des méthodes un peu moins radicales, et qui n’étaient pas déjà entre les mains de pompiers et sauveteurs. Ils pourraient continuer à s’improviser famille d’accueil pour les koalas, au moins. Isaiah se retint toutefois d’en parler devant le médecin, pour des raisons évidentes. Aisling se leva du lit d’auscultation, et ils se dirigèrent tous les trois vers la salle d’attente, à nouveau, dans l’attente des résultats d’Aslander comme le proposait sa sœur. « C’est bon pour moi. Cette petite visite était tout ce que je demandais. » Affirma-t-il avec un sourire soulagé et satisfait.

Aslander n’avait pas entendu les échanges verbaux coquins entre Ais et Isa et heureusement parce que "les histoires de fesses" du couple ne le regardaient en aucune façon, c’était la base même pour vivre en famille, sous le même toit. Même au niveau des sentiments, il aurait été bien en peine de conseiller sa grande sœur qui à l’inverse pouvait le faire pour lui mais elle ne se serait pas aventurée non plus à lui parler de sexe, ce dont il lui savait gré. De toute façon la vie sentimentale du néo-zélandais était devenue un désert aride et il finirait par un ordre monastique et faire vœu d’abstinence pour le restant de ses jours si ça continuait … Il exagérait puis les nouvelles du jours étaient très bonnes et ça lui apportait du baume au cœur.

"Ca nous fait plaisir que tu n’aies rien frangine et si ça te rassure, Isa ou moi t’accompagnerons pour le prochain contrôle mais pas avant un long moment maintenant."

Asl avait ignoré les propos du pneumologue. L’Australie comptait quasiment vingt-six millions d’habitants et près de soixante-dix mille personnes s’étaient portées volontaires pour aider contre les incendies. Ca portait un coup à la chanson devenue patriotique "nous sommes un mais nous sommes nombreux", alors que des néo-zélandais fassent ce que trop de natifs n’avaient pas fait, ça devait lui laisser un goût amer dans la bouche.

"C’est un très bon plan."

Disait-il en aspirant une autre parcelle de son injecteur buccal, ce qui apportait un effet positif certain sur ses poumons. Le jeune homme était vraiment soulagé que sa grande sœur aille bien. Un esclandre éclatait alors un peu plus loin entre le pneumologue qui venait de les quitter et un homme visiblement fou furieux qui semblait bel et bien sur le point de le poignarder. Il y avait un vigile sur place mais tout au bout du couloir et bien trop loin pour arriver à temps. Asl s’était déjà élancé en prenant une seule inspiration. Il ne pouvait entreprendre qu’une action dans son état mais ça devrait suffire. Il se laissait glisser en bout de course en dérapage contrôlé et fauchait les jambes de l’agresseur, lequel tombait alors en arrière sans comprendre ce qui lui arrivait. D’un coup de rein, Asl se retournait alors et il accompagnait la chute de l’homme pour qu’il ne se fasse pas mal en tombant et il le désarmait avant de donner le couteau au vigile qui les rejoignait en toute hâte avant de lui taper amicalement l’épaule. Le docteur était trop surpris pour réagir et le néo-zélandais rejoignait sa famille, le souffle tout de même un peu court.

"Apprenti héros un jour ..."

Leur disait-il avec un clin d’œil. Suivre le traitement complet pendant quelques jours ne serait pas de trop, cette action ayant puisé dans une bonne partie mais Asl avait empêché cet agresseur de commettre un acte qu’il aurait regretté le restant de ses jours. Il devait lui rester bien assez "de jus" pour passer à la pharmacie et rentrer tranquillement à la maison à pieds.