stuck in the middle ∞ alex

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stuck in the middle
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@alexander rutkowski & @pippa wojcik

Ma tête était encore loin, à des milliers de kilomètre en fait. Elle était encore en Europe où j’avais séjourné quelque temps. J’avais traversé plusieurs pays (France, Belgique et Italie principalement) pour y recueillir des témoignages de femme pour mon podcast « Womunity » ; le sujet de ma prochaine série : les premières règles. J’avais interrogé des femmes d’horizons et d’âges différents pour qu’elles me racontent ce jour pivot de leur vie, avec leur lot de questionnements, de célébrations, de tabous parfois…nous l’avions toutes vécu différemment, et cela me fascinait. J’étais certaine que cette série allait plaire à mon auditoire. J’étais rentrée à Bowen depuis deux jours seulement et je peinais un peu à reprendre mes marques, à cause du jet lag sans doute, mais pas uniquement. J’avais décidé, en me levant, d’aller prendre mon petit déjeuner à l’extérieur. Je faisais souvent cela lorsque j’étais en voyage, et c’était une manière de me sentir encore un peu ailleurs que chez moi, même si le café que j’avais choisi était en fait en bas de mon immeuble. On me servit un cappuccino dans lequel la barrista avait dessiné un joli cœur qui me ramena immédiatement à l’Italie où j’étais restée trois semaines. Trois semaines qui ne s’étaient pas exactement déroulées comme je l’avais prévu au départ, mais qui restaient gravée dans ma mémoire. Alors que mes mains entouraient ma tasse chaude, je me mis à rêver des siennes sur mes hanches. Mon amant de Naples, dans les bras duquel j’avais passé des nuits folles et connu l’extase presque à chaque fois que sa peau était entrée en contact avec la mienne. Nous avions vécu dans une bulle, en dehors du temps, en dehors du réel et cela avait été parfait le temps que cela avait duré. Un amour de vacances devait rester ce qu’il était, un moment éphémère qui laissait un sourire sur le visage et des souvenirs dans la tête, je le savais bien. Pourtant, je ne pouvais empêcher mon esprit de penser à cet homme, un homme que j’avais connu garçon puisqu’il était le petit frère de ma meilleure amie, un homme sur lequel je n’avais jamais posé un regard ambigu avant ce séjour en Italie où nous nous étions retrouvés par hasard. Un homme qui…traversait la rue, juste sous mon nez à l’instant même où j’étais en train de penser à lui. Là. Maintenant. C’était presque un coup – mesquin – de l’univers. Mes yeux s’écarquillèrent et je me levai aussitôt de ma chaise en terrasse.
— Alex ? l’appelai-je tandis que mon sourire s’élargissait.
Je m’avançai pour venir l’étreindre chaleureusement.
— T’es…rentré depuis quand ?

Tes voyages te manquaient terriblement. Tu avais émis l’idée de repartir pendant quelques années mais Adélaïde n’avait pas aimé que tu énonces cette envie. Alors tu t’étais rétracté. Pour la peine, tu avais fouillé dans ton ordinateur toutes les photos que tu pouvais pour te remémorer ces bons moments. Dessus, tu tombais sur tes photos avec ton ex, alors que tu étais à Paris entrain de vivre comme un réel petit français avec sa baguette sous l’épaule. C’est cliché, hein, mais tu avais fais tous les clichés de tous les pays d’Europe lorsque tu les avais visité. Après avoir passé une bonne demie-heure à éplucher tous tes souvenirs, tu fermais violemment ton ordinateur. Ca pouvait être douloureux, des fois. Alors tu décidais de penser à autre chose et d’aller faire un tour en ville pour te changer les idées. Grimpant sur ta planche à roulette, tu arpentais les rues de Bowen que tu aimais tant avec tes écouteurs dans les oreilles. Tu aimais beaucoup cette ville, c’est pour ça que tu avais fais demi-tour lorsque tu étais en Europe. Revenir à la maison était aussi une bonne idée. Dans ta balade, tu entendais ton prénom au loin. Alors tu enlevais tes écouteurs pour savoir d’o ça venait. Sur la terrasse d’un salon de thé, tu remarquais un belle blonde. « Pippa ! » répondis-tu avec enthousiasme. Tu allais alors vers elle et elle te pris dans ses bras. Vous aviez partagé plusieurs moments intimes ensemble, alors que vous vous étiez rencontrés en Italie. Pendant ces trois semaines où vous aviez fait route vers ce merveilleux pays chaud, vous aviez passé des moments agréables ensemble. Même si tu n’avais jamais pensé faire ça avec elle, vu qu’elle est la meilleure amie de ta grande soeur. « Whoa, je suis rentré depuis trèèèèès longtemps ! Toi par contre, je pense que tu viens de revenir, non ? » dis-tu en riant légèrement. Oui tu étais rentré depuis quelques années. Les seuls voyages que tu t’étais accordés depuis ton retour étaient dans le pays des kangourous.

J’avais toujours apprécié Alex, même lorsque j’étais ados et qu’il m’apparaissait comme un gamin. Il m’avait toujours fait rire. Aujourd’hui, malgré tout, c’était un peu différent. Il n’avait plus rien du gamin, j’avais pu le constater à de nombreuses reprises au court de notre récent voyage en Europe. Lorsque nous étions là-bas, que nous avions échangé ces moments précieux, nous ne nous étions posé aucune question. Ca n’était pas trop dans mon tempérament, de toute façon, de chercher midi à quatorze heures. J’imaginais que cela avait aussi parfaitement convenu à Alex puisqu’il n’avait pas jugé bon d’aborder le sujet. Jamais. Malgré tout, nous étions tous deux de retour à Bowen, et cela changeait quelque peu la donne. J’étais la meilleure amie de sa sœur ainée, et incapable de mentir à cette dernière, même par omission. Alors que je me détachai de lui, je me rendis bien compte que notre idylle ne pourrait rester secret bien longtemps. Malgré cela, je conservai mon sourire, refusant de me triturer l’esprit toute seule.
— Oui, je suis rentrée il y a quelques jours seulement. Ca me fait…plaisir de te voir.
Machinalement, je tendis le bras et touchai son épaule pour la caresser légèrement. Un geste familier qui m’ancra dans le sol, dans le présent.
— Tu m’as manqué, fis-je en relevant les yeux vers lui.

Pippa avait toujours été la meilleure amie de ta grande soeur à tes yeux, et tu ne pouvais pas l'imaginer autrement. Jusqu'à ce fameux séjour en Italie. Vous aviez grandi, vous étiez devenu plus mature, plus adulte. Et ta vision avait changé, sur cette femme. Elle était belle, agréable à regarder, et c'était indéniable que tu étais tombé sous son charme. Et tous ces moments charnels que tu avais passé avec elle, tu les avais apprécié, et tu les avais fortement aimé. Mais les choses ont faites que tu es rentré à Bowen et que Pippa est resté là bas, à continuer son voyage. Vous retrouvez là, à Bowen, ça te rappelait des souvenirs, mais aussi ça te rappelait le fait que Pippa était la meilleure amie de Nevaeh. « Tu es resté en Italie ou tu as voyagé ailleurs ? » demandas-tu innocemment. T'aurais voulu lui dire que tu avais aimé ces échanges charnels avec elle, mais tu te retenais. Vous n'étiez plus en terre inconnue pour discuter de ça librement. Et qui c'est ? Peut-être que Nev pouvait vous croiser et vous demander pourquoi vous êtes aussi proche tous les deux. T'es parano mon pauvre Rutkowski. « Moi aussi je suis content de te voir, Pippa » dis-tu en plongeant ton regard dans le sien. Elle n'avait pas changé, toujours aussi belle et rayonnante. « Tu m'as manqué aussi » répondis-tu en lui faisant un clin d'oeil.

Cela me faisait bizarre d’avoir Alex en face de moi, ici, à Bowen. Pourtant nous nous étions connus là presque toute notre vie. Je l’avais connu tout gosse quand je passais des après-midi, et des nuits chez les Rutkowski. Nev et moi étions amies, et inséparables, depuis toujours et Alexander avait fait partie du paysage depuis tout ce temps. C’était étrange, oui, de le retrouver ici, dans un lieu si familier. Notre liaison, si soudaine, si spontanée, était reliée à notre voyage, indubitablement. Il appartenait à l’Europe, au lointain. C’était presque un rêve, un moment volé à une dimension parallèle. Ca n’existait presque pas, ou pour le moins, ça n’existait pas, ici, à Bowen. Ni Alex, ni moi n’avions pensé à l’après, lorsque nous nous étions abandonnés dans les bras l’un de l’autre. Ni lui, ni moi n’avions vraiment discuté du retour à la réalité. Ce moment là était entrain de nous tomber dessus, comme le reste.
— J’ai fait la France, puis l’Allemagne après ça. Je ne suis rentrée qu’avant-hier en fait !
Ce voyage en Europe m’avait beaucoup appris. J’y avais rencontré des gens formidables, recueilli beaucoup de témoignages tous plus intéressants et émouvant les uns que les autres. ? Certes, ces trois semaines en Italie avaient été précieuses, mais le reste de mon voyage avait été tout autant enrichissant, pour différentes raisons.
— C’est…bizarre, non ? Je veux dire, là-bas, ça nous a paru naturel mais…on est ok avec tout ça, pas vrai ? Je regrette rien de mon côté.

Quand tu croisais des gens que tu avais rencontré pendant ton périple, ça te faisait bizarre. Le pire, c'est quand c'était des conquêtes. Mais là, avec Pippa, c'est autre chose. D'autant plus qu'elle est la meilleure amie de ta soeur, et que tu as couché avec elle. Et pas qu'une fois en plus. Enfin bref, passons. Tu pouvais pas faire comme si de rien n'était, ça c'était certain. Mais tu pouvais passer outre. Après tout, tu avais toujours apprécié la blonde et vous vous étiez toujours bien entendu malgré tout. « Whoa, ce périple ! J'espère que ça t'as plu en tout cas » dis-tu avec un sourire à la blonde. L'Europe était tellement fascinante et grand tour de tous ces pays t'avait énormément plu. Tellement plu que tu avais fais un détour vers l'Italie alors que tu étais revenu il y a un an. Et c'est là que tu as croisé la jeune Wojcik. Quelle étrange coïncidence quand on y pense. « Tout est ok, ne t'inquiète pas » dis-tu en souriant. C'est vrai qu'il fallait peut-être parler de cette histoire, il était peut-être temps de le faire. Ou de savoir où vous en étiez tous les deux. Tu étais loin de vouloir une relation stable et normale avec quelqu'un, pour l'instant tu te contentais de papillonner à droite et à gauche. « Moi non plus, je regrette rien, au contraire, c'était vraiment sympa » ajoutas-tu en lui faisant un clin d'oeil. « Mais... Nev est au courant ? Enfin j'veux dire, j'lui en ai pas parlé de mon côté... » demandas-tu en te mordillant la lèvre inférieure. La réaction de ta soeur pouvait être bizarre, et ça serait normal après tout.

Le voyage était comme une seconde nature chez moi, globetrotteuse dans l’âme et particulièrement aventurière. J’aimais l’inconnu, le mystère, le champ des possible qui s’ouvrait au maximum, alors, oui, quand je partais, j’essayai d’en profiter à fond, quitte à enchainer plusieurs destinations et découvrir un maximum d’endroit et rencontrer un maximum de personne. En effet, si Alex m’avait quitté en Italie, j’avais, moi, de mon côté, continué mon périple un peu plus loin et vécu de riches moments, comme souvent.
— Oui, c’était vraiment un chouette voyage. Mais il avait déjà très bien commencé alors ça ne m’étonne pas…
Je faisais référence, évidemment, au fait que j’avais retrouvé Alex en Italie quasiment des le début de mon périple et cette aventure avait donner le ton au reste de mon séjour, j’en étais persuadé. Le retour à Bowen, malgré tout, prenait une teinte différente et je ne savais sur quel pied il me fallait danser.
— Pour moi aussi, c’était sympa, avouai-je en réponse aux confidences du jeune Rutkowski, en dehors du temps, sans doute, mais sympa.
Nous étions effectivement plus en vacances, la réalité nous rattrapait. Je ne regrettai rien dans ce qui s’était passé avec lui, mais il fallait admettre que les choses étaient différent. Ici, chez nous, entouré de nos proches. En parlant de proche d’ailleurs, la question de Nev, ma meilleure amie depuis l’enfance et la grande soeur d’Alexander, vint rapidement sur le tapis. Je l’avais vu la veille, au Hendrix, pour échangé avec elle un verre de retrouvailles et…effectivement, nous avions abordé le sujet de ma relation avec Alex.
— Oui, elle sait, avouai-je en pinçant les lèvres, mais elle l’a bien pris. Vraiment. J’avais pas l’intention de lui dire dans ton dos, ou quoi, mais…elle s’est douté d’un truc quand j’ai demandé de tes nouvelles et je n’ai pas été capable de lui mentir. Je ne voulais pas le faire d’ailleurs. Ca…je veux dire, ça te gêne pas qu’elle sache ?

Tu savais que Pippa aimait beaucoup voyager et qu’elle avait la bougeotte à ce niveau là. Tu étais un peu comme elle, quand on parlait de voyage. Mais tu t’étais assagi avec le temps, et tu avais finalement fait ton nid à Bowen en voyageant à droite et à gauche deux à trois fois par an pour quand même te dépayser. Tu ne savais pas depuis combien de temps elle était rentré, si elle comptait repartir ou pas. « Pour toi il a bien commencé, pour moi il a bien fini » répondis-tu en lui faisant un clin d’oeil. C’est vrai que vous vous étiez retrouvé ensemble, par le plus grand des hasards en Italie. Et ça avait été des retrouvailles assez chaudes et agréables. Ca t’avait permis de rendre ton voyage un peu plus gai et agréable. Tu étais content qu’elle ait apprécié ce moment avec toi, et hors du temps comme elle disait. Tu souris à sa réponse, heureux qu’elle ne se soit pas ennuyé avec toi. Encore maintenant, tu te souviens de ces moments avec Pippa, traversant l’Italie. Mais maintenant, il fallait faire face à la réalité. La blonde était la meilleure amie de ta grande soeur, et c’était délicat de coucher avec la meilleure amie de sa grande soeur. Tu lui demandais alors si elle lui en avait parler, de vos folles nuits italiennes. Ton coeur se serra lorsqu’elle t’avoua qu’elle lui avait parlé de vous deux. Tu ne savais pas qu’elle serait la réaction de Nevaeh à ce sujet et ça te faisait un peu peur. « Oh d’accord » répondis-tu un peu nerveusement. La jeune Wojcik t’avoua qu’elle ne l’avait pas tant mal pris que ça la nouvelle, alors tu soufflais comme soulagé d’apprendre ça. « T’en fais pas, j’t’en veux pas. Je t’avoue que j’avais surtout peur de sa réaction et qu’elle nous en veuille à tus les deux » dis-tu totalement soulagé.

Nevaeh n’avait pas mis bien longtemps avant de deviné qu’il s’était passé quelque chose entre son petit frère et moi, si bien que j’avais été incapable de lui cacher. D’ailleurs, je n’avais pas eu envie de lui cacher. J’étais mal à l’aise avec le mensonge, et encore plus lorsque cela impliquer de mentir à ma meilleure amie. Quand j’avais mentionné Alex, en demandant simplement de ses nouvelles, Nevaeh avait activé son sixième sens et m’avait aussitôt poser la question.
— T’inquiètes, elle l’a bien pris et d’un autre côté, on est adultes tous les deux, de toute façon, non ?
Certes, c’était particulier d’avoir une relation avec le petit frère de sa meilleure amie, ce même garçon qu’on avait connu pas plus haut que trois pommes mais au fond, comme je le soulignais, Alexandre et moi avions grandi, nous étions adultes et responsable de nos choix. Je pouvais comprendre cela dit que cela soit bizarre pour une grande soeur d’avoir connaissance d’une éventuelle relation entre son petit frère et sa meilleure amie. Mais Nev avait été fidèle à elle-même pour le coup, conciliante et ouverte d’esprit. Observant le jeune Rutkowski un instant, je finis par lui sourire.
— Tu as le temps de prendre un café ?

C’était quand même étrange, maintenant que tu te trouvais à Bowen, tu trouvais ça étrange. Ca avait été tellement agréable et hors du temps, votre aventure, que là elle devient d’un coup tout à fait réelle. Non pas que tu regrettes, ce qu’il s’est passé, au contraire ! Tu as adoré ce moment avec Pippa et tu ne l’échangerais contre rien au monde. C’était surtout Nevaeh, pour le coup. Comment allait-elle prendre le fait que son petit frère et sa meilleure amie avaient batifolé ensemble pendant un voyage ? Tu soufflais de soulagement lorsque la blonde t’avoua que ta soeur avait pas trop mal pris la chose. « On est adultes oui, on fait ce qu’on veut avec qui on veut » dis-tu en souriant à la jeune femme. Mais bon, avoir l’opinion et l’avis de ta grande soeur, c’était toujours très important pour toi. Elle l’avait bien pris, alors tu n’avais plus de soucis à te faire là dessus. Mais ta grande soeur allait surement te chambrer là dessus encore pendant un moment. Lorsque l’australienne te demanda si tu avais le temps pour partager un café, tu lui souris et tu hochais la tête. « Bien sûr, j’ai toute l’après-midi de libre. Rien que pour toi » ajoutas-tu en lui faisant un clin d’oeil.