| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) | |
| | Auteur | Message |
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Invité | Sujet: Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) Lun 24 Fév 2020 - 21:54 | |
| Depuis que Livio avait échangé ces quelques messages avec Aura, l'esprit de l'italien avait été tourmenté. Même l'une de ses fidèles camarades de télé avait remarqué que quelque chose clochait avec le jeune homme. Mais quand elle lui avait demandé ce qu'il se passait, il avait fait du grand Livio en lui répondant que c'était juste un peu de fatigue, tout sourire. Heureusement, c'était un jour sans tournage pour lui, si bien qu'il put se rendre au rendez-vous avec Aura, en utilisant cette moto qu'il avait loué. Sur la route, il tenta de ne pas trop réfléchir mais en s'arrêtant sur l'une des aires d'autoroute afin de fumer une cigarette, ses questionnements reprirent de plus belle. Elle était vierge... et lui, il n'avait rien remarqué, privilégiant son désir, son propre plaisir, l'esprit trop embrumé par l'alcool et la drogue. Elle avait beau dire qu'elle croyait que c'était avec lui qu'elle avait voulu le faire, il n'arrêtait pas de se demander si elle l'avait vraiment voulu. Si elle voulait de lui ce soir-là. Si elle était suffisamment consciente de ce qu'ils avaient fait. Le peu de souvenirs ne pouvait pas répondre à ces questions. Et ce fut avec un soupir qu'il enfourcha de nouveau sa moto, se maudissant de penser à tout ça. Une fois arrivé à Bowen et après avoir récupéré les clés de sa chambre d'hôtel, le jeune homme en profita pour se doucher et se coiffer. Il avait revêtu un t-shirt blanc, rehaussé d'une veste en jean. Sobre mais décontracté. 20H pétantes, il était devant 'L'Autre monde', ce restaurant où il n'y avait que très peu de tables, de quoi leur permettre de parler sereinement. Il se présenta au serveur qui l'amena à leur table, près d''une grande baie vitrée qui donnait sur un patio, il s'installa. Son pied tapait le sol, en signe de nervosité alors que ses yeux bleus se posaient sur la porte d'entrée à chaque fois qu'une personne entrait. Et quand ce fut Aura qui fut son apparition, Livio se releva, faisant un geste vers elle afin de la saluer. Mais il se rétracta, se rappelant que leurs dernières entrevues n'avaient pas été des plus chaleureuses. Il se contenta d'un : « Salut, Aura... » Il l'invita à s'installer et prit place à son tour. Et avec un léger sourire aux lèvres, il lança : « On va essayer de ne pas se hurler dessus, il n'y a pas trop de monde aujourd'hui... » C'était dit sur le ton de l'humour, afin de dédramatiser la situation, et son sourire le montrait bien. « Tu vas bien ? » demanda-t-il, plus sérieusement, ne sachant pas vraiment quoi dire, quoi faire. Elle le déstabilisait totalement et cela l'énervait au plus haut point... |
| | | Invité | Sujet: Re: Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) Mar 25 Fév 2020 - 11:09 | |
| J’avais toujours pensé qu’il le savait. Je ne le lui avais jamais clairement dit, du moins pas à mon souvenir, mais dans mon esprit, je m’étais toujours figurée que Livio avait été conscient de ma virginité le soir où nous nous étions éclipsés tous les deux de cette fameuse soirée étudiante pour se donner l’un à l’autre. Il ne savait pas Il ne l’avait jamais su. Et je ne parvenais pas, de mon côté, à gérer cette information. Comment la recevais-je ? Me sentais-je soulagée ? Peut-être un peu. Ou bien était-ce simplement le fait de lui avoir dis enfin ce que j’avais sur le cœur qui me faisait cet effet-là ? C’était sans doute plutôt cela. C’était comme si j’étais restée muette pendant sept ans et que je retrouvais finalement l’usage de la parole. D’un seul coup, comme par magie ! Il y a avait quelque chose de libérateur là dedans, je devais bien l’admettre. Evidemment, cela avait été plus facile à faire par sms, j’avais conscience que la barrière informatique m’avait été sur ce coup-là. À mesure que l’heure de notre dîner approchait, d’ailleurs je sentais l’anxiété gagner mon ventre. Le voir en face, et discute de tout ça avec lui de vive voix, c’était une autre paire de manche. Et si je ne savais pas quoi lui dire ? Et si je bafouillais et que mon visage rougissait au point de prendre la teinte d’une tomate ? Il allait me trouver ridicule…Je lançai une grimace à mon miroir. Cela faisait plus d’une heure que j’essayais de composer une tenue. Je ne voulais pas qu’il pense que je cherchais à le séduire d’une quelque manière que ce soit, je n’avais pas l’espoir qu’il me trouve jolie de toute manière, mais d’un autre côté, je n’allais pas venir en guenilles non plus. L’Autre-monde était quand même un bon restaurant, je me devais de mettre un peu les formes. Et puis, je le devais aussi, par respect pour Livio quand même. J’optai en fin de compte pour une jupe toute simple, en jeans, taille haute, dans laquelle je rentrais un chemisier en soie vert foncé, la couleur de l’espoir et de l’apaisement, parfait pour l’occasion autrement dit. Je soupirai longuement, attrapai mon sac et chaussai des talons. Je n’étais pas petite, même à plat, mais je voulais pouvoir me mettre à sa hauteur, ou presque. Certes, chausser des talons neufs étaient une très mauvaise idée, mais nous y reviendrons probablement plus tard. Pour le moment, j’étais heureuse du résultat et du galbe que cela donnait à mes jambes. Je laissai un mot sur le comptoir de la cuisine pour Enzo. « Je suis sortie. Il reste des lasagnes dans le frigo, si tu en veux. Ti amo moltissimo. » , puis quittai l’appartement le cœur battant. Etait-ce vraiment une bonne idée ? Avais-je vraiment besoin de parler de tout ça ? Les questions commençait à surgirent dans ma tête comme des pop-up sur mon écran d’ordinateur. Aura, c’est pas maintenant que tu vas reculer. Tu ne peux plus faire machine arrière, ni fuir. C’est fini ça. Non, il était clair que je ne pouvais plus me dérober, je l’avais trop fait. Je devais une explication à Livio, il l’a mérité. Car au fond, il avait beau jouer les connards sans cœur, je savais que ce n’était qu’une façade. L’Autre-Monde entra dans mon champ de vision après quelques minutes de marche – je commençais déjà à regretter mon choix de chaussure –, je pris une longue inspiration et m’avançai jusqu’à entrer dans le restaurant. On m’accueillit puis on m’indiqua le chemin jusqu’à la table qu’avait réserver Livio. Quand je le découvris dans sa t-shirt sobre mais élégante, je ne pus m’empêcher de le trouver beau. Aura, rappelle-toi que tu n’es pas là pour ça !. Il me fit signe et je m’approchai de lui. — Salut ! répondis-je en repoussant timidement une mèche de cheveux derrière mes oreilles. Il lança une plaisanterie qui détendit aussitôt l’atmosphère. Visiblement il était aussi nerveux que moi. Je ris de bon cœur, et hochai la tête. — Non, ça ferait mauvais genre en effet. Et de mon côté, je promets de ne pas te laisser en plan… Je faisais évidemment référence à nos retrouvailles sur la place du marché. Je lui avais tourné les talons sans le moindre scrupule, du moins, sur le moment, je n’en avais pas eu. Je m’installai finalement face à Livio et occupai mes mains à déplier ma serviette et ne levai les yeux que lorsqu’il me demanda comme j’allais. — Oui, ça va. Et…toi ? J’étais mal à l’aise, et je me trouvais idiote. Nous nous étions tant dis par sms et là…c’était comme si rien, hormis des banalités, ne pouvait sortir de notre bouche. Je pinçai mes lèvres puis soupirai. — Je suis désolée, Livio…pour mon silence, pour les quiproquos…je croyais que tu savais et j’avais honte… |
| | | Invité | Sujet: Re: Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) Jeu 5 Mar 2020 - 21:58 | |
| Il était toujours temps de partir. Qu'avait-il à perdre, en réalité ? Aura le prenait déjà pour un con. Cela lui donnera pleinement raison, non ? Mais un soupir s'échappa des lèvres de Livio, incapable de prendre la poudre d'escampette. Il y avait quelque chose qui le retenait incroyablement. Il y avait un besoin d'avoir la vérité, avant toute chose. Savoir pourquoi Aura s'était éloignée de lui de la sorte. Et de manière toute aussi incroyable, il y avait ce besoin de se racheter une conduite auprès d'elle. Pourtant, tout devrait l'éloigner de la jeune italienne. Elle était la sœur jumelle d'un de ses meilleurs potes. La sœur jumelle à qui il avait pris la virginité, de surcroît. Autant vous dire que cela le mettait dans une situation délicate envers Enzo ! Il avait beaucoup de vices, Livio, mais il n'était pas un menteur. Et il craignait d'être incapable de garder le secret envers cet ami à qui il tenait beaucoup. Les femmes étaient décidément des aimants à problèmes... Ce fut sur cette pensée que la jeune italienne apparut dans son champ de vision. Et étrangement, il trouvait que cet aimant à problèmes était particulièrement envoûtant. Son regard se perdit quelques instants sur elle, sans insistance irrespectueuse, alors qu'il se releva pour l'accueillir. « Tu es très belle. » se permit-il de dire, toutefois, alors qu'elle replaçait gracieusement cette mèche de cheveux derrière son oreille. Ce n'était pas une approche douteuse de drague, qu'il faisait là. Quand il en sentait le besoin, il mettait les femmes sur un piédestal, n'hésitant pas à rappeler la beauté qu'elles dégageaient. Lui qui avait souffert du regard des autres bien plus jeune n'était en revanche pas avare en compliment envers les autres. Puis, il tenta de dédramatiser la situation en faisant un trait d'humour, comme quoi ils ne devaient pas se hurler dessus aujourd'hui, vu le peu de monde qu'il y avait dans ce restaurant. Aura renchérit en l'informant qu'elle ne le laisserait pas en plan, ce qu'elle avait fait à plusieurs reprises avec lui. « C'est normal. Il faut dire que je t'ai poussé à bout. » avoua-t-il, avec un sourire amusé. Il jouait au con. Elle le plantait. C'était leur jeu habituel. Ce qui lui importait le plus, c'était de la voir revenir. Jusqu'au jour où il ira trop loin et qu'elle ne reviendra sûrement pas... Il la laissa s'installer, puis lui demanda comment elle allait, comme s'il cherchait quelque chose pour lancer la conversation. Ils ne se hurlaient pas dessus, cette fois-ci, mais le malaise était palpable. « ça va aussi. Je suis content que tu sois là. » Il était sincère. Il savait qu'il devait arranger la situation avec Aura, si vraiment il souhaitait vivre ici afin de débuter une nouvelle vie. Il ne pouvait pas prendre le risque de croiser l'italienne à chaque coin de rue et que leurs entrevues finissent à chaque fois en règlement de comptes. Cela ne serait pas vivable. Ce fut finalement Aura qui aborda le sujet. Et elle entra dans le vif du sujet en s'excusant de ce silence, de ce quiproquo qui avait poussé à cet éloignement. « Non, je n'en savais vraiment rien. » répéta-t-il. « Et si je l'avais su, ça ne se serait peut-être pas passé de cette manière... » Il ne regrettait pas leur nuit, loin de là. Mais s'il avait su qu'elle était vierge, peut-être aurait-il eu un éclair de lucidité. Peut-être se serait-il dit qu'elle ne voulait pas perdre sa virginité avec le premier venu. Et si leur étreinte avait quand même eu lieu, peut-être aurait-il insisté davantage pour la voir, pour qu'elle mette des mots sur ce qu'elle avait ressenti après cette nuit. Notamment cette honte qu'elle avait mis en avant à plusieurs reprises et qui faisait tiquer Livio. « Pourquoi as-tu eu honte, Aura ? » finit-il par demander, par curiosité et sans jugement dans la voix. |
| | | Invité | Sujet: Re: Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) Jeu 19 Mar 2020 - 22:57 | |
| Je n’avais pas vraiment l’habitude d’aller au restaurant avec un homme. Les seuls garçons qui m’avaient déjà invité à déjeuner étaient mes frères en réalité. Je n’avais pas non plus l’habitude qu’un autre homme me dise que j’étais jolie, non pas jolie… « très belle ». Je savais bien que c’était un compliment et que Livio ne cherchait qu’à être agréable, mais cela me mit mal à l’aise. J'acceptai peu les compliments, tout simplement parce que j'avais le sentiment de ne pas les mériter vraiment. Je baissai le nez et murmurai un « merci » à peine audible, juste avant de prendre place à la table qui nous était réservée. Machinalement, je me servis un verre d’eau. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais boire une gorgée m’aidait quand j’étais stressée. Cela occupait mes mains, sans doute. Cela m’aidait à avoir un peu de consistance et j’allais en avoir besoin au cours du repas, c’était certain. Malgré mon trouble et la peur qui me sciait le ventre, je savais que repousser l’échéance ne ferait qu’accentuer ce sentiment étouffant. J’abordai alors le sujet, moi-même, pour éviter à Livio de tourner autour du pot. Il m’avoua qu’il n’avait absolument pas conscience de ma virginité ce fameux soir. Il affirma ensuite que les choses se seraient sans doute déroulées autrement, s'il avait su. — Je crois que c’est pour ça que je ne te l’ai pas dis, lâchai-je presque sans réfléchir, j’avais peur que tu dises non… C’était l’une des choses dont je me souvenais. Cette nuit-là, j’avais éprouvé du désir pour Livio. J’avais voulu ce moment intime avec lui. Vraiment. Hélas, je n’avais pas anticipé la honte que j’éprouverai le lendemain, cette honte que Livio me demanda d’expliquer. — Je… Je cherchai mes mots. Cela ne m’était pas facile. Je n’en avais jamais parlé. À personne. Je n’avais jamais exprimé tout cela à voix haute. Je m’étais contentée de ruminer cela dans mon coin, en tâchant que cela ne se remarque pas. J’y étais plutôt bien parvenue d’ailleurs, car même Enzo n’avait jamais rien vu. — Le black-out. C’est ça dont j’ai honte. Je ne me rappelle de rien. Ou si peu. Je… Ma voix tremblait, j’avais le sentiment que mon visage s’échauffait, j’étais probablement rouge pivoine, mais il fallait que je continue. Ces quelques bafouilles ne suffiraient sans doute pas à Livio. Je lui devais mieux que ça. — J’ai honte d’avoir été obligée de boire autant, de fumer autant pour te demander…enfin…tu vois ? je soupirai puis me pris la tête dans les mains, avant de relever des yeux légèrement embuées vers le jeune homme. — J’ai essayé. Avant. De te faire comprendre que…j’aimerais bien. Le faire avec toi, je veux dire mais…j’ai du mal m’y prendre, je sais pas. T’as jamais…T’as jamais manifesté quoi que ce soit. (je me mordis la lèvre, honteuse). Alors je me suis dis qu'en buvant un peu, j'y arriverais mieux mais...Enfin, bref. J'ai beaucoup trop bu, ce soir là, tu le sais. Et...cette soirée…ça m’a blessée, je crois. Je sais que c’est idiot, que c’est juste…une peur idiote, un blocage mental pas fondé du tout mais…A partir de là, j’ai nourris l’idée que personne ne voudrait de moi à moins d’être complètement défoncé…
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| | | Invité | Sujet: Re: Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) Mar 24 Mar 2020 - 17:20 | |
| Il sentait bien qu'elle était mal-à-l'aise face à son compliment, ce qui fit sourire Livio. S'il y avait bien une chose qui n'avait pas changé, c'était le manque de confiance qu'elle avait en elle. Ah Aura, si elle savait ce qu'il pensait réellement d'elle. Mais patience, peut-être sera-t-il amené à en parler au détour de la conversation. Pour l'instant, ils devaient mettre les choses à plat, évoquer cette nuit qui les avait tant éloigné. Il ne le disait pas, Livio, mais il avait mal vécu le silence radio de la brune. A l'époque, il avait commencé à s'ouvrir à elle, lors de leurs conversations. Il avait espéré qu'elle voit ce qu'il était au plus profond de lui. Il avait même cru qu'elle y parvenait, que ses yeux marrons qu'elle posait sur lui n'étaient pas convaincus du personnage superficiel qu'il jouait. Puis, elle avait disparu, comme tant d'autres avant elle. Et après de nombreux appels et messages, Livio avait abdiqué, se disant que, peut-être, ce n'était pas plus mal qu'elle coupe tout contact avec lui. Pourtant, et malgré les années qui avaient passé, il y avait ce besoin de vérité qui subsistait. Et doucement, les pièces manquantes du puzzle se dévoilaient. D'abord par message, maintenant en face-à-face. Non, Livio n'était pas au courant de sa virginité. Sans doute avait-il été bien trop ivre pour constater son inexpérience. S'il l'avait su, que se serait-il passé ? Sans doute leur nuit aurait été différente... ce que la belle Aura n'acceptait pas, comme elle l'avoua du bout des lèvres. Livio la regarda, surpris. Elle l'avait voulu. Elle n'avait pas voulu qu'il dise non. Ils avaient éprouvé le même désir l'un pour l'autre. Le jeune homme esquissa un léger sourire, avouant à son tour : « Je n'aurais pas dit non... mais je ne sais pas, on aurait peut-être attendu un peu. Ou j'aurais fait les choses bien mieux. » Il ne pouvait pas le savoir, ce qui était fait relevait maintenant du passé. Mais alors de quoi avait-elle honte ? Aura semblait hésitante, mais Livio sentait que cela la pesait. La jeune femme commença ses explications et il sentit toute la détresse à travers ses mots. Il la laissa avouer que sa honte résidait dans ce black-out, dans ces verres qu'elle avait enchaîné et qui l'avaient clairement désinhibée. Mais quand il vit ses yeux embués, sans réfléchir, il posa une main sur son bras, lâchant avec douceur : « Hey, Aura... » Il sentait à quel point cette nuit lui avait fait du mal. Et il s'en voulait tellement. Pourtant, ce qu'elle lui avoua par la suite l'étonna d'autant plus. Elle avait été intéressée par lui ? « C'est vrai ? » demanda-t-il, surpris. Il secoua la tête quand, honteuse, elle lui révéla qu'il n'avait rien fait, qu'il n'avait pas manifesté la moindre once d'intérêt face à ses avances. « Ce n'est pas un manque d'intérêt. J'ai... j'ai beaucoup de mal avec la subtilité. » Il fonçait dans le tas, Livio. Et il attendait qu'on fonce dans le tas avec lui. Même s'il laissait croire qu'il était plein d'assurance, en réalité, ce n'était qu'une façade. Les traumatismes de l'enfance et de l'adolescence étaient toujours là, bien présents. Il fonçait donc dans le tas avec les femmes, uniquement parce qu'il ne pensait qu'être un corps attirant. Rien d'autre. Les dragues plus subtiles, il ne les remarquait pas. « Je pensais que j'étais juste le pote un peu stupide d'Enzo. » dit-il dans un sourire, afin de lui montrer que s'il n'avait rien manifesté, ce n'était pas parce qu'elle ne l'intéressait pas. Au contraire. Mais les derniers mots d'Aura finirent par achever Livio. Elle l'avouait. Cette soirée l'avait blessée. Elle s'était mise en tête que personne ne voudrait d'elle à moins d'être défoncé, ce qui choqua Livio qui rétorqua aussitôt : « Je t'interdis de dire ça, Aura. Tu es désirable. Et je suis certain que pas mal de personnes autour de toi te l'ont démontré. C'est juste que tu n'acceptes pas de le voir. » Elle avait bien eu des petits amis qui l'avaient mise sur un piédestal, non ? « Je veux que tu arrêtes de te dire qu'il faut être défoncé pour te remarquer. Tu n'as pas besoin de ça. Tu as tout pour toi. Tu es belle, tu es intelligente, tu es intéressante. » Et il le pensait tellement. « Ne fais pas de notre soirée une généralité... » Il avait clairement merdé. |
| | | Invité | Sujet: Re: Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) Jeu 26 Mar 2020 - 23:15 | |
| Oui, tout était vrai. J’avais toujours eu un crush pour Livio, dès le moment où Enzo me l’avait présenté parmi sa bande de pote du temps où je faisais encore mes études à Florence. Livio m’avait plu, mais pas simplement pour sa belle gueule, j’aimais beaucoup discuter avec lui, fut un temps. D’ailleurs, il était l’un des seuls, parmi les amis masculins de mon frère, avait qui je pouvais avoir une conversation, une vraie conversation, pas juste deux mots qui tournai autour du dernier Call Of ou je ne sais quelle autre connerie. Non. Avec Livio, on pouvait parler de sujets intéressants, d’Histoire et d’art par exemple, ou de la vie, simplement. Oui, je me souviens qu’au début, la simple présence de Livio dans un pièce, sa manière de me sourire avec gentillesse, créait de petits papillons dans mon ventre de jeune fille tout juste adulte. J’avais dix-neuf ans à cette époque et le jeune milanais avait été le premier à me faire cet effet-là. Bien sûr, mon image de lui c’était terni après la soirée étudiante à laquelle tout avait dérapé. Je savais que j’étais en partie responsable, mais c’était plus facile de blâmer Livio que d’affronter ma propre culpabilité. Je me rendais compte, aujourd’hui, à quel point j’avais été lâche. Aujourd’hui, cette histoire me mettait encore mal à l’aise, bien sûr, mais c’était différent. Le fait d’en avoir parlé à Livio m’ôtait un poids, je devais le reconnaître. Quand ce dernier me prit la main, je ne la reculai pas. Je laissai au contraire ce contact et la chaleur de sa paume me rassurer. Livio parvint même à me faire rire lorsqu’il avoua avoir du mal avec la subtilité. — Sans vouloir faire de généralité, je crois que c’est assez masculin ça… Mon expérience du sexe opposé n’était pas très grande, je devais l’admettre. Malgré tout, j’avais grandi avec deux garçons, ce qui m’avait tout de même donné un aperçu du genre. Alors que je me mordais le coin de la lèvre, un peu gênée, Livio revint sur l’image qu’il pensait que j’avais de lui. — Pas stupide, corrigeai-je, superficiel. J’en avais cassé sur le dos de Livio auprès d’Enzo, c’était vrai. Je n’étais pas vraiment fière de ça d’ailleurs. Mais je n’avais jamais dit qu’il était stupide. — Mais avoue qu’il y a une part de vérité là dedans, me dédouanai-je, ne va pas me dire que le type qu’on voit à la télé est celui que tu es vraiment. Il m’intéresse pas, mais c’est pourtant celui que tu choisis de montrer la plupart du temps. Je détestais le rôle que Livio jouait dans ces émissions stupides de télé réalité. Dans ces moments là, effectivement, il était superficiel. C’était d’autant plus rageant quand on savait qu’il valait cent fois mieux. Mais on avait tous nos défauts, n’est-ce pas ? Nos faiblesses aussi, et une manière bien à nous de les dissimuler. Moi, c’était la fuite. Et mon arme fatale ? Le déni. Avec les années, j’avais d’ailleurs acquis de sérieuses compétences dans l’art de l’évitement. Livio avait été l’un des premiers à en faire les frais. Je lui confiais les raisons de mon mal être, ces mêmes raisons qui m’avaient poussées à le fuir pendant sept ans, et Livio tenta de me rassurer, mais j’étais sourde. Et aveugle. — Je sais pas, Livio…peut-être oui. Et ça change quoi ? Personne jusqu’ici n’a voulu creuser assez loin justement…si, une personne. Une seule. Mais elle me connaît depuis l’enfance.
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| | | Invité | Sujet: Re: Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) Sam 28 Mar 2020 - 14:25 | |
| Il avait été con. Et aveugle. Avant leur nuit ensemble, il n'avait jamais cru attirer Aura. Il avait préféré se perdre dans les bras de ces filles qui n'attendaient qu'un regard de sa part, avec qui c'était bien trop simple, plutôt que d'affirmer que c'était auprès d'Aura qu'il se sentait bien. Elle voyait autre chose en lui. Et il avait vu autre chose chez elle. Il se souvenait de leurs longues conversations, à refaire le monde intelligemment, à se confronter aussi, parfois, parce que leurs avis divergeaient. Mais il pensait que l'intérêt s'arrêtait là. Qu'il n'y avait rien de plus. Le jeune homme esquissa un sourire quand Aura affirma que c'était très masculin d'avoir du mal avec la subtilité. « Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus. » conclut-il, en gardant son sourire. Cette phrase résumait tout. Toutes ces différences qui les poussaient à ne pas se comprendre, à ne pas saisir les messages balancés. Mais il n'y avait pas que la subtilité qui avait causé souci. Il y avait aussi l'amitié que Livio portait à Enzo, il y avait ce statut d'ami qui mettait quelques barrières. Un ami stupide, comme tout ceux qui constituait la bande d'Enzo. Il fallait dire qu'à l'époque, ils faisaient une belle bande de petits cons. Des petits cons qui croyaient que tout leur était acquis, qui croquaient la vie à pleine dents avec insouciance et parfois inconscience. Aura rectifia toutefois les paroles de Livio, en précisant qu'il n'était pas stupide, mais superficiel. « Mon ego a mal. » dit-il, taquin. « Mais justement, la superficialité n'est-elle pas une marque de stupidité ? » Si, bien sûr que si. C'était stupide de croire qu'il pouvait tout avoir avec son corps d'Apollon. C'était stupide de croire que sa gueule d'ange valait mieux que ce qu'il avait dans la tête. D'ailleurs, Aura rebondit sur ce sujet et sur l'image qu'il se donnait à la télé. Livio détourna brièvement le regard, par gêne. Il avait l'habitude de ce discours. Il avait l'habitude de débiter les mêmes arguments pour tenter de faire comprendre pourquoi il agissait de la manière. Sa famille était la première à ne pas reconnaître le Livio de la télé. « ça fait de l'audience... » lâcha-t-il en reportant son regard sur Aura. « Je sais que ce ne sont pas les meilleures facettes que je montre, mais c'est ce qui plaît aux gens. Ils veulent toute cette superficialité, tout ce côté bling-bling. Et de mon côté, c'est ce qui m'a permis d'exister et d'avancer. » Il avait du mal à le faire comprendre, ça aussi. Mais les regards sur lui – même les plus réprobateurs - lui avaient permis de se forger, de se créer une confiance en lui qu'il n'avait jamais eu avant. Ce n'était sûrement pas la plus belle façon de le faire, mais c'était la sienne. En tout cas, il y en avait une autre qui avait du mal avec l'image qu'elle dégageait et c'était Aura. Une image que Livio ne comprenait pas et qu'il tenta de lui faire comprendre au travers de ces mots flatteurs. Il la voyait comme cela, lui. « Tu parles de ton frère, n'est-ce pas ? » demanda-t-il alors qu'elle évoquait cette unique personne qui voyait plus loin. Il y avait ce lien de jumeaux qui les poussait à se comprendre, même quand l'autre ne disait pas un mot. Mais dans le cas d'Aura, cela était plus extrême. Elle se cachait derrière Enzo, s'effaçait à son profit même. « Tu dis que personne n'a voulu creuser plus loin. Mais justement, est-ce que tu laisses les gens creuser, Aura ? C'est peut-être ça qu'il faut se demander, avant tout. » |
| | | Invité | Sujet: Re: Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) Dim 5 Avr 2020 - 17:22 | |
| — Non, ça veut dire que tu caches ton potentiel avec quelque chose de futile, de sans intérêt. Pas que t’es stupide, loin de là… Mes mots étaient parfois un peu durs, je voulais bien l’admettre. Il m’arrivait d’être un peu rigide et catégorique, c’était l’un de mes défauts, et le résultat de nombreuses années à me forger une coquille. Je m’étais attelée à la rendre épaisse et rugueuse pour dissuader quiconque de la percer, si bien qu’aujourd’hui, c’était moi qui avais même du mal à en sortir. Je m’étais emprisonnée moi-même, me soustrayant au monde, refusant d’accorder du crédit à la lumière, au monde extérieur qui, pourtant, avait tant de belles choses à offrir. Enzo était sans doute le seul être sur Terre à avoir accès à mes jardins secrets, encore que je ne lui disais pas tout non plus. Cette histoire, avec Livio, notamment, mon frère n’en savait rien et c’était pour le mieux. Le milanais était son meilleur ami, il l’appréciait vraiment mais mon jumeau avait une tendance très protectrice avec moi, pour ne pas dire surprotectrice et quelque chose me disait qu’il n’aimerait pas entendre les détails de ce qu’il s’était passé sept ans plus tôt. Avant de trouver le courage de percer la membrane, de craquer la surface, je préférais garder tout ça sous silence, quitte à garder un masque de façade. Au fond, cela ne me rendait pas si différente de l’acteur de télé-réalité. Livio faisait cela parce que c’était facile, parce que cela plaisait aux gens et cette révélation perça une brèche dans mon cœur. Ainsi Livio avait besoin qu’on l’aime ? Lui qui paraissait pourtant si confiant, vu de l’extérieur, cela semblait difficile à croire. Ses blessures m’apparaissaient soudain bien plus profondes que je ne les avais imaginées jusque là. — Oui, t’as sans doute tes raisons, et je suis personne pour les juger…excuse-moi. J’ai tendance à être trop catégorique parfois… Les choix d’une personne déterminaient sa personnalité, c’était vrai. Il arrivait, cependant que ces choix soient dictés par un besoin de se préserver, un reflexe de protection en somme et c’était totalement valable aussi. Je faisais la même chose de mon côté. C’était plus facile de me convaincre que je n’intéressais personne, de repousser ceux qui tentaient une approche – consciemment ou pas d’ailleurs – plutôt que de sauter dans le grand bain. En vérité, j’avais peur de construire quelque chose avec quelqu’un, je le savais au fond de moi. J’avais peur qu’on vienne se mettre entre Enzo et moi, même si je savais raisonnablement que c’était impossible. J’avais peur de m’ouvrir, peur qu’on me voit sans artifice. Je l’avais fait, récemment. J’avais donné la clef à quelqu’un, cela n’avait pas été facile, mais ça n’avait pas non plus été insurmontable, contrairement à ce que j’avais pu imaginer. — Non, je ne parlais pas de mon frère. Enzo c’est autre chose. Enzo c’est la moitié de mon âme. Je parlais…d’une partenaire. Sexuelle, omis-je de préciser à voix haute. Mais j’étais certaine que Livio comprendrait très bien le sous-entendu. — Disons qu’elle m’a montré que je pouvais être désirable, au moins un peu, c’est pas encore totalement gagné mais… Non, si Bessie m’avait apprit à découvrir mon corps, si elle ouvert la porte en douceur, le combat n’était pas gagné pour autant, il me restait encore du chemin à parcourir. Néanmoins, quelque chose avait changé, je le sentais. Il m’arrivait même de me trouver jolie en me regardant le miroir. Ce qui était si rare. Je me trouvais toujours un défaut en général. Enzo avait beau me répéter que j’étais belle, ça ne changeait rien. Lui était beau, mais cette vérité n’était pas seulement dû à son apparence générale, son attitude confiante jouait beaucoup. Son assurance, son charisme…moi je n’avais pas tout cela. — C’est pas si facile d’ouvrir la porte, confiai-je à demi-mots.
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| | | Invité | Sujet: Re: Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) Sam 11 Avr 2020 - 18:29 | |
| Livio resta muet face aux mots d'Aura, tout simplement parce que cela le déstabilisait de voir à quel point elle parvenait à taper dans le mille. Evidemment qu'il n'était pas stupide, Livio. Mais il aimait le faire croire. De cette manière, il écartait les gens de sa vie, loin de ce qu'il était réellement. En côtoyant des personnes qui baignaient, elles aussi, dans la superficialité, il permettait de protéger sa carapace. Les gens superficiels ne grattaient pas. Ils se contentaient de ce qu'on leur présentait, sans savoir si cela représentait réellement la personne en face de soi. Et cela arrangeait Livio. Il aimait que l'on s'attarde sur sa belle gueule, ses muscles, son charme et son côté dragueur, plutôt que sur son caractère, ses plaies et les cicatrices qui avaient forgé l'homme qu'il était. Au fond, ils n'étaient pas si différents, Aura et Livio. Lui se montrait énormément, elle, elle était plus discrète, mais en réalité chacun se réfugiait derrière une belle carapace. Ils avaient simplement des façons de faire qui étaient différentes. Mais le résultat était le même : ils souffraient d'un énorme manque de confiance en soi. Livio le sous-entendit inconsciemment, d'ailleurs, quand il évoqua qu'il jouait un rôle uniquement parce que cela plaisait aux gens, parce que cela faisait parler – même si certains étaient des détracteurs. Il existait aux yeux des gens, il existait tout court. Pour beaucoup, cela restait abstrait, voire même incompréhensible. Sûrement cela était-il le cas pour Aura, mais elle semblait accepter qu'il ait des raisons qui lui appartenaient. Il esquissa un léger sourire quand elle se qualifia de catégorique : « Je crois avoir cerné ce trait de caractère. » C'était léger, évidemment, mais oui, il avait bien affronté ce trait de caractère. Elle était tellement catégorique qu'elle ne lui avait pas laissé la chance de s'exprimer après leur nuit commune. Et cela, pendant sept ans. Evidemment qu'elle était catégorique... et butée. « Mais tu n'as pas à t'excuser. Tu n'es pas la première ni la dernière à juger ce que je fais. Il faut dire que je le cherche. » Il fallait surtout dire qu'il ne se dévoilait pas, ou uniquement auprès des personnes de confiance. Alors c'était normal de faire l'objet d'un jugement quand on ne donnait pas matière pour se faire connaître. Ou quand on se dissimulait derrière quelqu'un. Aura donnait cette impression. Cette impression de se cacher derrière Enzo, parce qu'elle ne s'estimait pas aussi bien que son frère jumeau. C'était déjà difficile de vivre dans une fratrie, de trouver sa place, mais pour la Luciano, l'équation était encore plus complexe : seule fille de la fratrie, petite dernière, petite protégée et jumelle d'un homme extraverti. Enzo et Aura étaient les opposés. Elle était tellement en retrait qu'il semblait difficile de l'approcher, de la découvrir. Pourtant, la jeune femme lui informa qu'il y avait eu une personne, une seule personne qui avait osé le faire. Livio se trompa sur l'identité de cette personne en citant Enzo, mais en effet, Enzo, c'était autre chose. Lui n'avait pas besoin de creuser pour comprendre sa sœur. Ils n'avaient pas besoin de mots pour communiquer. Aura rétablit la vérité en parlant d'une partenaire. Une partenaire sexuelle, comprit-il par la suite. « Je vois... » dit-il d'abord, avec un sourire. « C'est déjà ça de pris. On avance petit à petit. » ajouta-t-il ensuite quand ENFIN Aura admit qu'elle était un peu désirable. Mais quand elle lui avoua que ce n'était pas facile d'ouvrir la porte, il hocha la tête : « Ce n'est jamais facile de se dévoiler à quelqu'un, Aura. Il y a des risques à prendre, ça peut même faire mal, mais c'est la vie. Et tu ne peux pas t'empêcher de vivre à cause d'une image faussée que tu as de toi. » Il garda son sourire aux lèvres, avant de reprendre : « Ce n'était pas qu'un simple compliment quand je disais, tout à l'heure, que tu avais tout pour toi. C'est la pure vérité. » Et pour lui prouver qu'elle était désirable, qu'elle ne passait pas inaperçu, il reprit : « Je suis même persuadé que tu n'as pas vu le regard que le barman te lance depuis ton arrivée. » Mais Livio l'avait vu, lui. « Il faut juste que tu ouvres un peu plus la porte et que tu ouvres davantage l'oeil pour voir ce qu'il se passe autour de toi.... » Elle n'avait peut-être pas vu le regard du barman sur elle et elle n'avait sans doute pas vu celui de Livio sur elle... |
| | | Invité | Sujet: Re: Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) Mar 14 Avr 2020 - 17:24 | |
| Livio était bien loin d’être stupide mais il faisait semblant de l’être, pour l’audimat. C’était ça qui m’agaçait le plus. Au fond, il pouvait bien faire ce qu’il voulait pour gagner sa vie, cela ne me regardait pas vraiment, et comme je l’avais pressentis, en lisant entre les lignes, il avait ses propres raisons. Toutefois je n’aimais pas qu’il se fasse passer pour plus con qu’il ne l’était, qu’il joue les arrogants, qu’il colle ce sourire insupportable sur ses lèvres pour se donner un genre détaché. Il valait mieux que ça, je le sentais. Son affirmation, toutefois, me fit froncer les sourcils. Il était habitué à ce qu’on juge son activité de candidat de télé-réalité – d’ailleurs, j’éprouvais une pointe honte à avoir fait partie de ceux-là –, mais ce qui attira mon attention fut ce qu’il affirma ensuite ; Il cherchait à ce qu’on le juge. Pourquoi ? Sa réalité était-elle plus difficile à affronter que le quotidien de strass et de paillettes qui lui offrait la télévision ? Etait-ce donc plus valorisant pour lui de jouer les dragueurs insouciants sur le petit écran que de se dévoiler sous son vrai jour ? Cela me paraissait absurde, et triste. Il avait tant à offrir, il avait de l’esprit, je le savais pour avoir de nombreuses fois discuter avec lui quand nous étions étudiants tous les deux à Florence. Cela me tuait qu’il préfère exposer une facette si peu représentative de la complexité de son être, et surtout qui s’échine avec autant d’implication à gommer le reste. — T’as pas peur de perdre l’essentiel, à force de jouer un rôle ? Il n’y avait aucun jugement dans ma voix, pas la moindre accusation non plus. Le but n’était pas que Livio se sente mal, je cherchais à comprendre et à discuter, simplement. Je savais que le cerveau pouvait se convaincre de n’importe quoi. Si cela marchait pour les affirmations positives, j’étais certaines qu’il était possible de s’inventer des défauts et de croire du comme fer qu’ils étaient réels. J’expérimentais constamment cet état d’esprit, de mon côté. Comme je l’avais déjà compris, Livio et moi étions similaire sur bien des points. Je ne voulais pas qu’on me voie briller car j’étais persuadée que cela n’intéresserait personne, et je me cachais moi aussi. Je me recroquevillais dans une coquille qui avait fini par s’épaissir de si nombreuses couches qu’il m’était difficile aujourd’hui de la percer. Et Livio avait raison sur un point, je me rendais souvent aveugle à ce qui m’entourait. Là aussi, c’était une reflexe de protection qui me desservait plus qu’autre chose finalement… — J’ai tellement peur de pas savoir encaisser, confiai-je au milanais d’une sincérité qui me déconcerta. Je n’avais pas l’habitude de m’ouvrir ainsi à un autre qu’Enzo. Mon jumeau était le seul à tout savoir – ou presque – de moi. Même Fede, mon frère ainé, n’avait pas conscience de toutes mes parts d’ombre. Pourtant, en déliant ma langue face à Livio je ressentis un étrange sentiment de légèreté. Quand celui-ci évoqua le barman qui, d’après lui, me lançait des regards intéressés, je me repliai, croisant mes bras sur ma poitrine, évitant à tout prix de me retourner vers le bar. Je n’aurais pas su quoi faire si j’avais effectivement croisé le regard de cet inconnu. Livio avait raison, bien sûr, sur le fait que je devais apprendre à ouvrir la porte, mais ça n’était clairement pas facile. — Je sais oui…et je sais aussi que je me ferme à plein de belles choses et j’ai pas envie, au fond. Mais c’est comme toi, tu sais ? Ouais, les gens te regardent à la télé, ouais, ils te suivent sur instagram et tout, mais c’est pas toi qu’ils aiment… Je ne voulais pas être méchante, je ne voulais pas lui faire du mal. Ce n’était pas mon but et mon ton était plutôt doux en réalité. Mais j’avais peur de toucher une corde sensible, aussi, je m’arrêtais là. Je baissai les yeux sur mon verre vide, puis me versai de l’eau, pour m’occuper les mains et faire diversion. — C’est dommage, en tout cas…parce qu’ils loupent quelque chose. lançai-je en gardant le nez baissé.
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| | | Invité | Sujet: Re: Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) Dim 19 Avr 2020 - 22:21 | |
| D'ordinaire, Livio abrégeait les conversations où l'on parlait de l'image qu'il renvoyait. Ou, au contraire, il jouait parfaitement son rôle de petit con au point de décourager ses interlocuteurs. Là, ce n'était ni l'un, ni l'autre. Il ne fuyait pas et ne jouait pas la tête-à-claques. Etrangement, il prenait du recul sur ce rôle qu'il jouait au quotidien et exposait même certaines de ses raisons. Bien sûr qu'il jouait un personnage créé de A à Z. Bien sûr qu'il faisait tout cela pour faire de l'audimat. Bien sûr qu'il détruisait tout ce qu'il était réellement pour attirer les regards et faire parler de lui. Il le disait lui-même, il le cherchait. Même quand les remarques étaient négatives, même quand on le jugeait, il gardait en esprit qu'on parlait de lui. Et au fond, il gérait chacune de ces remarques, parce qu'elles concernaient ce personnage qu'il menait d'une main de maître. C'était différent de toutes ces brimades qu'il avait vécu plus jeune et qui avait profondément touché son être. Là, peu importe ce qu'on lui balançait comme horreur, ce n'était pas lui qui était visé, mais l'image faussée qu'il renvoyait. Ça l'atteignait moins. Beaucoup moins. Les autres commentaires positifs, les fans, les groupies même effaçaient ses détracteurs. Néanmoins, malgré une communication qu'il gérait avec perfection, il y avait un point qui posait problème et qui fut mis en avant par Aura. En entendant sa question, le jeune homme haussa les épaules. « Qu'est-ce que tu entends par essentiel ? Ce que je suis vraiment ? » Il se fit songeur un instant, avant de reprendre : « Je ne pense pas perdre l'essentiel. Et si c'est le cas, j'ai ma famille derrière qui me remet vite sur le droit chemin. » Jouer ce rôle l'avait parfois dépassé. Il fut une époque durant laquelle Livio avait été incontrôlable. Ayant vécu une rupture difficile, il avait laissé tout ce qu'il y avait de bon en lui pour sombrer dans de terribles excès. Il avait enchaîné les fêtes et les conquêtes. Il s'était mis beaucoup de monde à dos, avait brisé des couples et des amitiés. Au lieu d'accepter sa souffrance, il l'avait causé chez les autres. Mais cela avait fait des moments mythiques à la télé. Oui, là, il s'était réellement perdu. « Je pense que j'arrive à gérer plus ou moins. » conclut-il, avant de reprendre en riant : « ça fait très Dr Jekyll et Mister Hyde, tout ça. » Mais cette métaphore le représentait bien, pour être honnête. Pour Aura, c'était encore autre chose. Bien qu'ils se ressemblaient sur plusieurs points, ils agissaient de manière différente. Là où Livio se montrait avec excès, Aura, elle, disparaissait totalement. Mais dans les deux cas, il y avait cette carapace bien présente, bien solide. Des carapaces qui se fissurèrent quelque peu, ce soir. Les confidences de Livio avaient fait des émules puisque ce fut au tour de la belle italienne de se confier, d'évoquer cette crainte de s'ouvrir aux autres. Alors qu'elle lui avoua avoir peur de ne pas savoir encaisser, le jeune homme hocha la tête, compréhensif. « Justement, qu'est-ce qui te fait dire que tu ne pourrais pas encaisser ? Tu as une force de caractère dont tu n'as même pas conscience, Aura. Et même si tu viens à en baver, à en avoir mal, tu finiras par avancer. On finit tous par encaisser et par se relever. » C'était la résilience. « Il vaut mieux vivre à fond, prendre le risque de souffrir, d'avoir des obstacles en face de soi, plutôt que de se surprotéger, de s'oublier et d'avoir des regrets plus tard. » Comme elle l'avait fait avec lui, il usait de la douceur afin de montrer qu'il ne jugeait pas. Même si honnêtement, il n'était pas mieux placé qu'elle. Ils avaient tous les deux un gros problème à régler. Mais en parler était déjà une étape majeure. Et il fut heureux de voir qu'elle pouvait se confier à lui. Il leva les yeux au ciel, sourire amusé sur les lèvres, quand Aura adopta automatiquement une position de repli à propos du barman qui semblait intéressé. « Tu veux que j'aille chercher son numéro pour toi ? » la taquina-t-il. Mais il retrouva son sérieux en lui rappelant qu'il fallait qu'elle regarde ce qu'il se passait autour d'elle. Au moins elle admettait qu'elle passait à côté d'un tas de choses. Mieux encore, elle n'avait pas envie de passer à côté de toutes ces belles choses. « Alors fonce. » eut-il le temps de souffler, avant qu'elle ne renvoie la conversation sur lui. Pour des paroles criantes de vérité mais qui déstabilisèrent Livio. Elle avait raison. Les regards se braquaient sur lui, mais on ne l'aimait pas réellement pour ce qu'il était. « On parlait de toi, Aura... » rappela-t-il, sûrement pour ne pas admettre qu'elle avait raison. Il se racla la gorge, gêné et prit à son tour un verre d'eau qu'il but d'une traite. Il regarda autour de lui, espérant que la serveuse tomberait à pic pour prendre leur commande et détourner ainsi la conversation. Mais quand elle reprit la parole, Livio reposa son regard sur elle, surpris. « Je... » bredouilla-t-il. « Je... je sais que ce n'est pas moi qu'ils aiment. Je sais qu'ils aiment mon mode de vie, qu'ils m'envient quand j'ai de belles femmes à mon bras ou quand je suis à l'autre bout du monde. Je sais que c'est tout cet univers qui leur saute aux yeux. Pas moi. » Il se voilait la face, tout simplement. Et au fond, Livio redoutait le moment où tout cela s'arrêterait. Il n'était pas sûr d'éveiller de l'intérêt sans ses artifices. Ce qui ne semblait pas être l'avis de l'italienne. « Non, je ne pense pas qu'ils loupent quelque chose. Sans tout ça, je... suis juste un mec banal. » C'était l'image qu'il avait de lui quand il enlevait son masque : une piètre image. Désolée, je me suis emballée sur la longueur |
| | | Invité | Sujet: Re: Truth hits everybody, truth hits everyone. (Aura) Ven 24 Avr 2020 - 2:15 | |
| Nos proches, en effet étaient là pour nous rappeler qui nous étions, c’était bien vrai. J’imaginais qu’Enzo serait le première à tenter de me ramener si un jour je m’égarais sur un chemin qui n’était pas le mien. J’en ferais de même pour lui. Il m’était déjà arrivé plus d’une fois de le rattraper d’ailleurs, quand il allait un peu trop loin. Porter un masque en société était assez courant en fait, c’était un moyen plutôt répondu pour se préserver. Dr Jekyll et Mr Hide. Je voyais exactement où Livio voulait en venir, il y avait cette Poker Face qu’on avait tendance à jouer quand on se trouvait en public, pour voiler ce qu’on n’aimait pas. Mr Hide, cette bête de l’ombre, hideuse et incontrôlable qu’on cherchait à cacher sans cesse, quitte à afficher une version incomplète de nous. Car Jekyll n’était rien sans Hide, et inversement. Hélas, on avait beau avoir pleinement conscience qu’un être humain était fait d’ombres et de lumières et que c’était parfaitement acceptable, pour autant, ça n’était pas toujours facile d’accepter cela pour soi. Par ailleurs, s’ouvrir au monde impliquait une mise à nue et cela pouvait faire peur. Cela me terrifiait, moi. Malgré tout, je devais reconnaitre que Livio avait raison sur un point. Il valait mieux vivre à fond, quitte à risquer de tomber, plutôt que d’avoir des regrets plus tard pour n’avoir rien osé vivre. — Je ne veux pas avoir de regret… J’avais pensé à voix haute, et, au fond, peut-être n’était-ce pas tellement anodin. Peut-être ces mots avaient-ils besoin de sortir de ma bouche, enfin. Cet aveu manqua de m’émouvoir aux larmes, mais je me repris vite, me focalisant sur le moment présent. Heureusement, la blague de Livio - en était-ce seulement une ? - fit diversion. Je rougis, évidemment. — Non, ça ira…merci. Je n’avais aucune envie d’avoir le numéro du barman. Il était charmant certes, mais ça n’était pas la question. J’étais bien trop timide pour ça, et puis, il ne m’intéressait pas plus que cela en réalité. La conversation tournait autour de moi, et je n’aimais pas vraiment cela, aussi fis-je une pirouette et le moche changea d’âne, au grand damne de Livio. À voir la tête qu’il faisait, il n’aimait pas la tournure de notre échange non plus et je m’en voulus aussitôt d’avoir réveiller chez lui d’anciennes plaies. La compassion me poussa à prendre sa main. — Je te trouve pas banal, moi… Alors que j’adressai un sourire sincère au beau milanais, le serveur vint à notre rencontre et nous demanda si nous avions choisi ce que nous voulions prendre. Cela me fit bizarre d’entendre de l’anglais tout d’un coup, puis que Livio et moi avions naturellement employé notre langue natale pour discuter. Je me raclai la gorge et plongeai mon nez dans le menu, essayant de ne pas croiser le regard de l’homme qui, selon Livio, s’intéressait à moi. Je choisis une pièce de canard, accompagnée de légumes de saison, et attendis sagement qu’on m’apporte mon plat.
fini |
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