(pippa) welcome to wonderland

Depuis que tu étais rentrée, tu n'avais pas pu t'empêcher de passer à la pâtisserie Imogen. T'avais travaillé ici, pendant un temps, pour te payer ton voyage aux Etats-Unis. Et en revenant à Bowen, ton chemin s'était forcément retourné vers cette boutique. Tu y passais au moins une fois par semaine, parce que tu avais un faible pour les pâtisseries certes, mais aussi parce que lorsque tu étais complètement défoncé et que tu avais faim. aujourd'hui, c'était juste par envie que tu sortais de chez toi pour profiter d'un café et d'un gâteau. Tu arrivais alors à la caisse pour commander. « Bonjour, je prendrai un cinnamon roll et un café allongé s'il vous plait » demandas-tu à la vendeuse avec un sourire. Tu étais contente, tu affichais ce sourire comme si tu allais calmer une envie de sucre qui demeurait en toi depuis des siècles. Après avoir payé, tu pris place sur la terrasse de la boutique pour profiter de ton moment seule. Tu mis tes écouteurs et tu sortais un bouquin. Ouais, c'est bizarre venant de toi, mais ça t'arrive de faire des trucs comme ça des fois. Tu peux être une personne normale, et ne pas passer pour une tarée tous les jours. Après avoir lu quelques pages, tu levais ton regard et tu apercevais une silhouette familière au loin. « Héééé, Pippa ! » crias-tu en enlevant tes écouteurs et en te levant de ta chaise. Pippa était une très bonne amie de ton grand frère, ils se connaissent depuis l'enfance, si tu te souviens bien. Et vu que tu étais toujours dans les pattes de ton frère étant enfant, bah tu connaissais la totalité de ses amis.

Imogen, c’était la maison, ou presque. C’était « l’empire de ma sœur ainée » comme j’aimais l’appeler. Le rêve de Charlize devenu réalité. J’étais fière d’elle, fière de sa réussite. Elle qui avait toujours été un modèle pour moi. Aussi, je me faisais un rituel d’entrer dans l’une de ses pâtisseries à chaque retour de voyage, comme pour me rappeler que j’étais de retour chez moi. Cette fois là ne fit pas exception. Je souffrais encore un peu du jetlag cet après-midi là, d’ailleurs je venais à peine de me tirer du lit. Un bon café me ferait du bien et la gamme qu’avait sélectionné ma grande sœur pour ses boutiques était l’une des meilleures. J'en salivait d'avance. En baillant, je passai la porte de l’échoppe la plus proche de chez moi. Je collai un sourire sur mon visage et saluai chaleureusement les vendeuses qui me connaissaient. Je donnais quelque infos sur mon récent voyage. Oui, j’étais revenu. Oui, l’Europe, c’était vraiment chouette. Oui, j’avais hâte d’y retourner. Une fois les banalités échangées, je passai commande. Un grand café et un Paris-Brest. Je m’installai à une table et m’apprêtai à engloutir une bouchée de mon gâteau quand j’entendis une voix féminine prononcer mon nom. Je levai les yeux et reconnus aussitôt Sasha, la petite sœur d’un ami que j’avais vu jouer à New-York. Sasha, la musicienne.
— Hé Salut ! m’exclamai-je en venant la rejoindre. Ça fait plaisir de te voir ici, Sasha ! T’es de retour à Bowen alors ?

Imogen c'était ton quartier général, et ça depuis toujours. Tu aimé cet endroit énormément, et c'était surement celui que tu aimais le plus dans la ville. C'était peut-être pas bon pour ta ligne de consommer autant de patisserie et autant de sucre mais qu'importe, t'avais plus à faire attention maintenant. Tu te posais à une table à l'extérieur pour profiter de ton moment seule avec ta musique. C'était déprimant d'être de retour ici, mais bon il le fallait. Alors autant de se remonter le moral avec des patisseries et du café. Au loin tu avais reconnu une tête assez familière de ton voyage aux Etats-Unis. C'était une amie de ton grand frère, et tu l'avais croisé lorsque tu étais à New-York, elle était venue à l'une de tes représentations. « Je suis revenu il y a quelques mois maintenant » dis-tu sur un ton un peu morose. Ton départ de la grosse pomme ne t'avait pas plus énormément mais il fallait bien, tu n'aurais pas pu resté plus longtemps là et continuer à te faire lyncher. « Et toi alors ? T'es revenue quand ? » demandas-tu à la jeune femme. Tu savais qu'elle avait fait un tour du monde pendant quelques années. T'aurais bien aimé faire ça toi aussi, mais l'échec des Etats-Unis t'avait calmé.

Sasha Lambert, tête blonde charismatique à la voix de velours, il était difficile de passer à côté sans la remarquer. J’avais suivi son parcours musical à Broadway et je l’avais soutenu autant que je l’avais pu. J’aimais bien cette fille, j’aimais sa créativité, admirais son talent. Quant à son caractère, il semblait plutôt collé au mien et nous avions partagé de sacré bon moment toutes les deux, à New York, les quelques fois où mes voyages m’avait conduit jusqu’à la grosse pomme. La coïncidence de découvrir que nous venions non seulement du même pays, mais en plus de la même ville et qu’en prime je connaissais un peu son frère ainé avait fini de nous rapprocher.
— Je rentre juste pour ma part, répondis-je, avec un grand sourire, j’étais en Europe pour quelques semaines.
Je voyais beaucoup, pour le boulot, principalement, mais aussi pour le plaisir évidemment, mais Bowen était toujours mon point d’encrage, quoiqu’il arrive.
— Venir ici, à Imogen, c’est mon petit rituel quand je rentre. Ca me permet de me sentir chez moi, expliquai-je. Tu es là depuis quelques mois tu dis ? Tu te réinstalle ici alors ?

Revoir Pippa, ça te rappelait de bons souvenirs. Des souvenirs australiens comme new-yorkais. Elle avait suivit ton parcours lorsque tu étais à la grosse pomme, même si elle n’avait pas vu la fin et le désastre de ta si brève carrière. Heureusement, d’ailleurs, parce que tu te doutes qu’elle en aurait surement parler avec ton frère et c’était la dernière chose que tu voulais dans ce monde, que ta famille soit au courant de ta fin de carrière catastrophique. « Oh, tu étais où en Europe ? » demandas-tu à la blonde; C’était un rêve aussi de voyager sur ce continent, mais pour l’instant, tu ne pouvais pas te le permettre et tu n’en avais pas forcément les moyens. Tu claquais l’argent que tu avais gagné dans tout et n’importe quoi, en ce moment. « Je comprends, c’est aussi le mien » répondis-tu lorsqu’elle t’avoua qu’Imogen était son rituel lorsqu’elle rentrait de voyage. De ton côté, tu avais beaucoup travaillé ici pour payer ton voyage aux Etats-Unis, et tu connaissais bien la soeur de Pippa qui avait ouvert la boutique. « Oui, je suis revenue officiellement sur le territoire australien ! Et toi, tu repars ou tu restes un petit moment ? » demandas-tu à ton tour. Tu savais que l’australienne voyageait beaucoup, et souvent.

L’atmosphère de la pâtisserie, cet endroit entièrement imaginé et crée de toutes pièces par ma grande soeur, m’enveloppait avec douceur dès que j’y entrait. Comme je l’avais dis à Sasha, entrer dans une boutique Imogen, à chaque fois que je revenais à Bowen était un rituel, mais c’était plus que ça encore. C’était une manière de me réapprorier mon chez moi, de m’y ancré fermement. En général, s’en suivait une balade sur le bord de mer, pour faire le plein d’iode. Sasha me confia qu’elle avait ce rituel en commun avec moi, cela me fit plaisir. Ce lieu plaisait à beaucoup de gens, et cela me rendait si fière de ma soeur et heureuse pour elle évidemment.
— C’est vrai ? fis-je d’un ton enjoué, une petite nostalgie du temps où tu travaillais là ?
En plus de donné du plaisir aux gens à travers ses créations pâtissière, ma soeur embauchait également du monde, sur de plus où moins longue période. Imogen était une affaire qui roulait et faisait désormais parti du paysage de Bowen, si bien que les natifs, comme Sasha ou moi, y trouvions aisément un point d’ancrage.
— C’est super, mais…du coup, tu ne pars plus en tournée ? Moi je reste encore un petit moment, mon prochain voyage n’est pas encore prévu et j’ai pas mal de boulot à faire ici déjà.
Entre mes différents podcasts à monter, un roman entier à écrire et la promotion du dernier à assurer, j’étais pas mal occupée.

Imogen était vraiment un lieu où tu te sentais à la maison. Travailler à la caisse de cette boutique spécifique, t’avais fais grandir. C’était ton premier vrai travail, celui qui t’avait parmi de prendre l’avion pour partir à la poursuite de tes rêves aux Etats-Unis. « Un peu, oui » répondis-tu à la soeur de la propriétaire, les yeux rêveurs. Charlize avait toujours été aux petits soins avec toi, en plus, quand tu travaillais pour elle. Elle avait été un modèle pour toi. Alors forcément, depuis que tu étais revenue de la grosse pomme, tu ne pouvais t’empêcher de venir t’empiffrer de ses gâteaux au moins une fois par semaine. La jeune femme te demanda ensuite si tu ne partais plus en tournée, et c’était délicat comme question. Tu gardais ton sourire figé, légèrement faux pour ne pas montrer ta tristesse. « Non je… je ne suis plus dans la troupe » dis-tu en balayant légèrement. C’était pas vraiment le cas, on t’avait forcé à ne plus être dans la troupe, surtout. « Oh, d’accord. Tu sais, j’écoute souvent tes podcast, je les adore ! » avouas-tu à la blonde. C’est vrai, quand tu étais chez toi entrain de faire du ménage ou posé entrain de fumer un pétard, tu mettais un podcast de Pippa.

Il était facile de bien se sentir chez Imogen, et je pensais cela indépendamment du fait que ce lieu avait entièrement été pensé par ma soeur ainée. J’aimais à croire que Charlize avait réussi à créer une atmosphère douce et accueillante, comme un genre de cocon sucré, et que tous les clients, et pas uniquement ceux qui partageaient un lien de sang avec la propriétaire des lieux, pouvaient s’y sentir comme chez eux. Sasha semblait partager mon avis, et j’en étais heureuse. Comme moi, la belle chanteuse avait vadrouillé à divers endroits de la Terre et je savais ce qu’on pouvait ressentir, de retour au bercail. C’était un sentiment doux, quelque chose d’impalpable mais pourtant tellement enveloppant. Quand je pris des nouvelles de la carrière de la jeune artiste, celle-ci me répondit qu’elle ne faisait plus parti de la troupe de la comédie musicale dans laquelle elle performait auparavant. Sasha n’en dit pas plus, mais, instinctivement, je sentis que je ne devais pas insister. Je souris à la jolie blonde en l’entendant me dit qu’elle aimait écouter mes podcasts.
— Oh, je te remercie, ça me touche !
Dans ces podcasts, j’y mettais tout mon coeur et c’était toujours un sentiment particulier quand quelqu’un me disait qu’il appréciait mon travail. Encore plus lorsqu’il s’agissait d’une amie.
— Peut-être que tu pourrais intervenir dans l’un d’entre eux ? Je suis sûre que ton expérience à Broadway et ta vision de ton métier pourrait intéresser du monde !

Pour toi, cet endroit apportait bonheur et joie de vivre. Chez Imogen, on se sentait toujours bien. En même temps, qui peut-être déprimé avec toutes ces pâtisseries et ces bonnes odeurs qui sortaient des cuisines ? Personne ! Vous étiez toutes les deux devant la devanture et vous continuiez à parler. Tu confiais alors à la jeune femme que tu étais une grande fan de ces podcasts. C’est vrai, tu suivais les aventures de Pippa à travers les femmes qu’elle interviewait dans tous les pays du monde et même des émissions engagées qu’elle pouvait faire. « C’est vrai, j’trouve ça super ce que tu fais » confias-tu à l’australienne. Lorsqu’elle te proposa à ton tour d’intervenir dans un de ses podcasts, tu ne pus t’empêcher d’être flattée. « Oh oui, ça serait avec plaisir » répondis-tu à la jeune femme. Tu avais passé cinq bonnes années sur les planches de Broadway, alors des choses à dire sur le sujet, il y en avait un bon paquet. « Il y a tellement de choses à dire sur le sujet, et puis qui sait, ça pourrait aider des filles comme moi qui rêvait de faire ce métier quand j’étais plus jeune » ajoutas-tu. Il faudra peut-être taire les méfaits de ce que t’as apporté Wicked mais heureusement, il y a plein de bonnes choses à partager sur le métier d’artiste.

Le podcast, c’était un support facile pour l’interview. Pas de vidéo, seulement du son. D’autant plus que je mettais un point d’honneur à mettre mes invités à l’aise. Un fauteuil cosy, un thé, je posais mes questions en étant assuré que mon interlocuteur se sentait bien, en face de moi. J’avais tendance à penser qu’un sujet détendu avait plus de facilité à se livrer - mais ça, c’était une deformation professionnel, étant psychologue à la base. L’idée du fauteuil de confidence me séduisait beaucoup. Je confiais donc à Sasha que son expérience en tant que chanteuse à Broadway pourrait donner lieu à un podcast des plus intéressant et la jeune femme fut d’accord pour y participer.
— Chouette ! m’exclamai-je alors qu’un sourire illuminait mon visage, je suis sûre que ce podcast va cartonné.
Nous primes quelques pâtisseries ensemble, puis, après un moment, je me levai, heureusement d’avoir passé ce moment avec Sasha.
— On se tient au jus pour le podcast, ok ? Passe le bonjour à ton frère pour moi !

On peut clôturer là, si tu veux