God help the outcasts + Cillian

J'étais tellement perdue en ce moment que je ne savais plus vers quoi me tourner, j'avais essayé ma famille mais je ne m'y retrouvais plus dans tout leur élan d'affection qui m'étouffait, je me gavais de travail mais lorsque la pâtisserie était fermée et que toute la paperasse me faisait trop déprimer je n'y voyais plus le positif, j'avalais des médicaments pour dormir comme on mangeait des bonbons mais à force ça n'avait plus tellement d'effets. Je me noyais, je m'enfermais dans ma solitude que seuls les rires de ma fille réussissait encore à percer. On en était là, je regrettais d'être revenue à Bowen alors qu'en Pologne je ne broyais pas autant de noir. Et puis un jour en triant des papiers j'avais retrouvé le faire-part de mariage de Pippa, celui auquel nous avions failli assister mais qui s'était finalement terminé de façon bien étrange. Elle était comme ça, ma sœur, surprenante et puis bizarrement cette journée restait un bon souvenir. Ce qui me revint en mémoire ce furent aussi ces mois de préparatifs, ces rendez-vous avec le pasteur McCarthy qui avaient été si patient, si compréhensif, j'avais beaucoup apprécié cet homme et presque jalousé Pippa de l'avoir comme pasteur, nous n'avions pas eu droit au même traitement avec le notre, Axten et moi. Alors de souvenirs en réflexions, mes pensées se frayèrent un chemin vers Dieu, nous avions eu une éducation religieuse avec mes sœurs, pas tellement pratiquantes, juste ce qu'il fallait pour que nous puissions faire nos propres choix quand le moment viendrait, mais j'avais parfois trouvé quelques réponses dans la prière ou l'abandon à cet inconnu qui nous gouvernait et nous guidait. Le mariage de Pippa datait de quelques années à présent, je ne savais même pas si le pasteur exerçait encore à Bowen, mais quelques jours après avoir trouvé le faire-part je me dirigeais vers l'église en sortant du travail. Sans savoir tellement ce que je cherchais ni ce que j'allais y trouver, j'entrais dans ce lieu qui m'apaisait toujours. Silencieuse, l'église m'accueillit comme si j'étais seule au monde en cette fin d'après-midi. Je m'installais discrètement sur l'un des bancs au milieu et je restais là quelques minutes, à fixer les vitraux, à implorer silencieusement Dieu de venir à ma rencontre, de n'importe quelle façon. Un bruit se fit entendre derrière moi, je sursautais en me retournant par réflexe, c'est là que je le vis, le pasteur McCarthy avec son sourire énigmatique, il venait vers moi, ou peut-être remontait-il simplement l'église pour faire autre chose. Je le saluais à mi-mot. Bonjour, ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu.

Des aller-retours futiles dans l'allée centrale, je salue les gens qui entrent petit à petit autant que ceux qui décident de quitter l'Eglise. Mes pas résonnent en revenant près de mon bureau, me faisant intercepter par un visage qui m'est familier, une bouille qui m'fait penser à la blonde aux smoothies. "Bonjour Madame Wojcik." lui répondis-je, lui adressant un sourire amical avant de me placer face à elle. "Besoin de parler?" Du moins, c'est ce que je me dis. Elle n'est probablement pas venue pour me parler de sa soeur ou même des vitraux qui se font restaurer doucement. "Suivez-moi." lui dis-je en prenant les devants pour l'amener jusqu'à mon lui particulier. Nous nous connaissons, certes de loin, cela n'empêche que je préfère l'accueillir dans un endroit plus personnel. Dans le besoin, je me tournerai si elle n'a pas le courage de se confier en face à face. Je lui tiens la lourde avant de lui demander de s'asseoir d'un signe de main et de refermer derrière moi. Je pose mes fesses à mon tour. "Vous parlerez lorsque vous vous sentirez prête, je ne vous forcerai en rien." lui dis-je de ce ton doux, calme et rassurant que j'ai habituellement.

Je n'avais aucun but particulier en entrant dans l'église en cette fin d'après-midi. J'espérais trouver des réponses qui n'allaient pas me tomber du ciel, il fallait être honnête. J'étais croyante, mais j'avais aussi ce côté battant qui faisant que je ne pouvais attendre que tout me tombe cuit dans le bec, normalement je me relevais quand je tombais et je fonçais encore plus. Mais il fallait avouer que depuis quelques temps je n'arrivais pas à me relever, les forces me manquaient. Alors moi qui n'avais encore jamais rien imploré à Dieu, sauf une fois, quand j'avais appris pour la maladie d'Axten, j'avais prié tout ce que je pouvais pour qu'il guérisse, il s'agissait de la demande d'un miracle et malheureusement le miracle n'avait jamais eu lieu, au contraire. Je ne mentirais pas en disant qu'au moment où j'avais compris qu'il n'y aurait plus rien à faire et qu'en plus mon mari déposait les armes, j'avais maudit cet homme là-haut qui n'en avait visiblement rien à faire de perdre un homme bon, un père de famille aimant et aimé. Mais il s'agissait de bien plus que ça et une fois la colère redescendue je m'étais sentie idiote d'avoir pensé ainsi. Il n'était pas le premier homme bien à partir, ce n'était pas juste, non, c'était la vie. Mais parfois il m'était difficile de penser de cette façon. Et aujourd'hui j'avais besoin de me raccrocher à quelque chose. Le pasteur s'arrêta à ma hauteur et je souris à demi. J'ai demandé un signe et vous êtes apparu... alors peut-être que j'ai besoin de parler, oui. Je me levais et le suivais en silence jusqu'à son bureau pour que nous soyons plus tranquille et moi plus à l'aise, j'imaginais. Il me laissait prendre mon temps et je hochais la tête en me tordant les doigts, un peu stressée. Par où commencer ? Quoi lui dire ? Je souris, maladroitement. Vous croyez que c'est comment le paradis ? Ils font la fête toute la journée ? C'était une question stupide. Je soupirais. Mon mari, il est mort, c'était quelqu'un de bien alors j'imagine qu'il est là-haut, il ne peut en être autrement. Mes hochements de tête accompagnant cette affirmation comme pour mieux m'en convaincre. Mais en vérité je n'en savais rien, absolument rien, comme le commun des mortels.

Un peu attristé de voir cette jeune femme dans cet état, je lui adresse cependant un sourire à l'entente de sa question. "Je verrais plutôt l'enfer de cette manière, du rock à gogo, de la drogue qui circule, la piquette pour bien profiter de l'ambiance..." Je prends une pause avant d'étirer un poil plus mes lèvres. "Pour le paradis, j'imagine un endroit plus tranquille, plus intellectuel où tout le monde est heureux et apprécie le temps qu'ils passent là-haut. Je les vois bien se reposer, profiter de ce calme pour se ressourcer et en apprendre plus sur eux-même que de leur vivant." Je plonge mon regard dans le sien, la laissant ainsi s'exprimer. Une question souvent posée pour la perte de quelqu'un et elle n'en fait pas l'exception. "Vous n'avez pas à remonter la pente, n'est-ce pas?" Une sorte de question rhétorique en soi, je sais plus ou moins à quoi m'attendre. "Quand est-il mort si ce n'est pas indiscret et dans quelles circonstances? Vous vous y attendiez ou pas?" Autant plonger dans le vif du sujet le plus rapidement possible.

Je me calais dans mon siège, sourcils froncés en écoutant le pasteur me faire sa description non pas du paradis mais de l'enfer. Enfin des deux. Est-ce qu'il plaisantait ? Il avait bien le droit d'être un peu drôle, il ne pouvait pas rester sérieux toute sa vie. Et puis avec quelqu'un qui posait des questions aussi stupides que moi face à lui, à quoi bon essayer de donner des réponses profondes, la vérité étant qu'on n'avait aucune idée de ce qui se trouvait après. A quoi bon faire le bien toute sa vie si c'est pour s'emmerder au paradis alors que visiblement ils s'éclatent aux enfers ? S'emmerder, voilà qu'en plus je devenais presque vulgaire, bravo Liz, tu les auras collectionné aujourd'hui. En même temps cet homme n'était pas un pratiquant très orthodoxe à ce qu'on pouvait dire ou entendre, à le regarder aussi, il avait cette lueur espiègle quand il posait ses yeux sur vous, cette façon particulière de vous montrer que vous aviez toute son attention. Vous vous basez sur mon attitude voûté et mes questions philosophiques pour dire ça j'imagine ? Je souriais tristement avant de soupirer pour moi-même. C'est peur de le dire. Sa suite de questions me surpris, comme si je ne m'attendais pas à un tel interrogatoire. En même temps je en savais pas vraiment à quoi m'attendre en m'entretenant avec lui. Ca commence à devenir indiscret, si... Nouveau soupire, de toute façon ce n'était pas non plus un secret, juste toujours difficile de répondre à ce genre de questions sans revivre ces instants tragiques, encore et encore. Ca fera deux ans cet été. Il était condamné par un cancer incurable qui allait petit à petit le priver de toutes ses capacités alors il a mis fin à ses jours. J'étais avec lui, nous avons fait ça sous contrôle médical dans une clinique anglaise où ce genre de choses est légale. Tout était programmé, le jour et l'heure. Alors on peut dire que oui, je m'y attendais. Cependant je ne pense pas qu'on soit réellement préparés à vivre ce genre d'événement, jamais. Je connaissais mon discours par cœur à tel point que je l'avais débité en fixant un point dans le vide, le regard vide. Avant de poser un regard bien plus doux à l'intention de mon interlocuteur. Il a commis un crime envers l'Eglise, il aura peut-être eu la chance d'atterrir dans cet enfer que vous décrivez si bien.

Je ne peux m'empêcher d'étirer mes lèvres à sa réflexion, haussant les arêtes. "Du moins c'est comme ça que je le vois, je tiens à la préciser. Pour d'autres, ce serait juste un endroit froid, strict, où les âmes seraient perdues à tout jamais dans le Styx en attendant un jour de trouver la lumière, de prêcher leur peine pour avoir un accès au paradis. A vous de voir comment vous préférez l'imaginez." Je me retiens la tête en tentant de plonger mes yeux dans les siens. Je ne tente pas de la percer à jour. Je veux juste comprendre histoire de savoir comment je peux l'aider. "Votre question en disait long." confirmais-je avant d'enchaîner rapidement avec mes quelques questions, la laissant s'expliquer sur cette mésaventure. Mes sourcils se redressent au fur et à mesure qu'elle pose des mots sur la situation. "Je... wow." Mes sourcils se froncent, je me redresse. "Je ne connaissais pas votre mari personnellement mais je pense que c'était un homme bon, sachez-le. Pour ce qui est de l'enfer, certes il a commis un crime mais c'était pour se permettre d'aller mieux, son cas étant à un stade assez compliqué. Je ne pense pas qu'il sera dans cet univers sombre. Vous regarderez vers le ciel dès lors où vous le pourrez, la nuit je suis persuadé qu'une des étoiles brillera parmi tant d'autres, un signe de sa part. C'est ce que j'aime penser lorsque je redresse la tête vers les cieux, peut-être que ça vous aidera." Je me mords l'intérieur des joues. Je ne saurais réellement expliquer pourquoi je ne parviens pas à trouver de solution. Elle l'a laissé filé, elle l'a vu perdre sa vie sous ses yeux pour son plus grand bien. Bien que ce fut prévu, le choc est toujours présent, on ne peut le nier. "Qu'est-ce qui vous anime en général dans la vie, en activité extérieur, artistique ou autre?" lui demandais-je dans un premier temps. "Vos proches vous ont-ils aidé d'une quelconque manière ou leur discours ne vous faisait ni chaud, ni froid?" Et une autre. "Cherchez-vous à sortir, à voir des gens ou êtes-vous plutôt du genre à vous enfermez chez vous depuis cet événement?" Peut-être que nous pourrons trouver des solutions après ces réponses attendues.

C’était sûrement ce que je préférais chez cet homme, le pasteur McCarthy était suffisamment ouvert d’esprit pour avoir une vision large des choses, même de la religion. Je souris presque alors en écoutant sa justification. J’ai toujours cru que ceux qui trouvaient un avantage dans l’enfer c’était ceux qui avaient suffisamment pêché dans leur vie pour être persuadé que les portes du paradis leur seraient refusées. Comme pour se rassurer ou se donner bonne conscience. Est-ce que, de cette façon, j’insinuais qu’il était peut-être du côté des pêcheurs ? Pour un homme de foi ce serait étrange, mais après tout… Fut une époque où je voyais principalement les choses en noir ou en blanc, j’avais un avis tranché. Depuis quelques années, avec les épreuves que j’avais traversé, avec la sagesse acquise aussi peut-être, le privilège de prendre un peu d’âge. Je finis par lui raconter notre histoire, à Axten et moi, celle de son suicide assisté, laissant transparaître ma détresse à travers mes mots. Sans lui parler de tout ce que je traversais aujourd’hui, depuis son départ. Visiblement le pasteur fut touché par mon discours, sûrement qu’il ne s’attendait pas à ça en me voyant devant lui aujourd’hui. Ses paroles étaient réconfortantes, douces et pleines de compassion. Une étoile qui brille plus que les autres… Que je répétais d’un air songeur en hochant la tête. Ça ne pourrait pas me faire de mal et puis il avait l’air sincère. Je suis pâtissière passionnée par mon métier. J’ai trois boutiques à gérer alors niveau activité croyez bien que je suis occupée. Je souris doucement. Puis ma fille, Romy, c’est ma seule raison de vivre maintenant. Je réfléchissais à ses questions suivantes, elles me ramenaient à ma honte, celle de ne pas être assez réceptive, selon moi, à l’aide que voulait m’apporter ma famille. Je ne peux pas dire que ça ne me fait ni chaud ni froid… mais je ne suis pas à l’aise avec leur envie constante de m’aider… ça m’étouffe. Je me replaçais dans mon fauteuil, un peu mal à l’aise. Je suis assez connue à Bowen, avec plusieurs commerces, je suis née ici. Mon mari était un pompier apprécié. Alors sortir ça veut dire croiser quasiment à chaque fois des personnes qui me prennent en pitié. Je sais que ça part d’un bon sentiment. Mais bon Dieu des fois j’aurais juste envie qu’on me foute la paix ! Blasphème… je rougissais presque, pourtant ça me faisait un bien fou de mettre des mots sur ce qui me rongeait. Sans parler des hommes qui ne me voyaient que comme une veuve, ça n’avait rien d’attirant une femme en deuil… alors que parfois j’aimerais qu’on me regarde avec envie, sans dire passer à l’acte, juste, ressentir un peu de désir. Même si ce genre de choses, je ne pouvais pas en parler, surtout pas ici. Vous me prenez pour une personne horrible mon père ?

"Beaucoup se disent qu'ils ne sont plus à ça prêt donc oui, d'une manière ils essaient de se rassurer en espérant avoir une place, peu importe l'endroit où ils pourraient reposer en paix." lui répondis-je. avant de lui donner ma vision de la chose, tentant même de lui donner une approche différente en espérant que ça puisse l'aider. J'lui pose des questions histoire d'en savoir plus sur son quotidien. J'hoche la tête dans un premier temps. "C'est déjà ça, pour mieux s'en sortir faut continuer sa vie normalement. Navré de dire ça mais les morts sont morts. Nous sommes encore en vie, faut vivre en conséquence." J'lui adresse un petit sourire. J'suis pas là pour enfoncer le couteau dans la plaie, juste pour tenter de lui faire prendre conscience. "Vous pourriez aussi prendre votre fille avec vous et partir peut-être une semaine quelque part pour souffler. Peut-être que ça vous fera du bien autant qu'à vous que pour elle. A vous entendre, elle doit être encore bien jeune et ne doit pas comprendre ce qu'il se passe mais ça vous permettrait de renforcer ce lien qu'il y a entre vous deux, quitte à aller voir de la famille que vous n'avez pas vu depuis longtemps ou simplement partir loin de tout ça." Que des propositions au final avant de me pencher justement sur cette famille et ce soutien. "Leur avez-vous exprimer ceci? Que c'est gentil de leur part mais qu'ils doivent passer à autre chose sans exprimer un quelconque sentiment de pitié ou autre? Gueuler un bon coup pour se faire comprendre, ça peut aussi fonctionner et peut-être même que les choses pourraient redevenir comme avant." Je ne sais pas vraiment la relation qu'elle peut avoir avec les autres bien que de ce que je me rappelle du moins du mariage foiré de Pippa, les filles entre-elles du moins s'entendaient pas mal bien. J'lui propose de sortir, elle m'dit que s'en est presque impossible. Je lui souris. "Et en dehors de Bowen? Pourquoi ne pas prendre un weekend avec une personne qui sait encore être humaine avec vous sans vous prendre la tête et faire un petit tour à Sydney ou même à Canberra?" J'hausse les épaules avant de froncer finalement les sourcils à sa question. Je secoue négativement la tête. "Bien sûr que non. Chacun a sa propre façon de gérer son deuil et ce n'est pas en vous chouchoutant trop, en vous rabâchant ce tragique événement par n'importe quelle façon que vous pourrez vous en sortir. Vous devez avancer et votre entourage vous ramène du tout au tout à sa mort ce qui a pour effet de vous faire stagner. C'est normal qu'à la longue vous en ayez ras-le-bol, il ne faut pas vous en vouloir pour ça. Mais si vous voulez avancer, oui, c'est sûr qu'à un moment donné faudrait mettre un certain ola. Ca va faire trois ans maintenant. Même si c'est enfoui en vous et dans les souvenirs des gens, vous devez tous passer à autre chose. Je suis navré si c'est un peu trop direct mais il est temps de tout faire pour que ça ne reste qu'un souvenir certes douloureux mais passer au-dessus de ça pour mieux vous retrouver et vous reconstruire." Je marque une pause, sachant que je ne suis pas très doux dans mes paroles bien que le ton le soi. Je sais très bien ce que c'est de vivre un deuil, de voir ces regards comme si vous étiez détruit mais le temps passe et la vie à une vitesse folle qu'il m'a fallu me ressaisir, sans l'aide des gens vu qu'ils me plongeaient plus dans ce malheur plutôt que de me tendre la main pour me faire revenir à la surface. "Ce que je vais vous demander va peut-être être compliqué si ce n'est pas déjà fait mais jetez toutes les affaires qui appartenaient à votre mari et qui pourraient vous faire penser à lui. Vous pouvez garder votre alliance, peut-être une ou deux autres choses mais le plus d'affaires possibles seraient le mieux. Changer peut-être même de maison, d'environnement, de meubles, comme faire une sorte de ménage de printemps." lui proposais-je, un ton assuré, un regard en sa direction comme pour lui ordonner et lui faire comprendre surtout que je suis là pour tenter de la faire avancer.