| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| « Ni la tour de pierre, ni les murailles de bronze travaillé, ni le cachot privé d'air, ni les liens de fer massif, ne peuvent enchaîner la force de l'âme ». W.Shakespeare ∞ Océan Wilde et Rachel Issenman ∞ | |
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Invité | Sujet: « Ni la tour de pierre, ni les murailles de bronze travaillé, ni le cachot privé d'air, ni les liens de fer massif, ne peuvent enchaîner la force de l'âme ». W.Shakespeare ∞ Océan Wilde et Rachel Issenman ∞ Mer 25 Mar 2020 - 18:29 | |
| Les Grands Fantômes-Y.Bourgeois-Salut. -Salut toi.Deux mots, un regard. Elle empoigna la cafetière et emplit le mug, ajouta un filet d'eau froide, comme d'habitude. Elle n'aimait pas attendre que ça refroidisse un peu avant de boire. Une gorgée. -Alors, ton week-end ? -Pas mal, je suis allé me balader, il faisait beau, c'était bien. Et toi ? Ce pétillement dans la voix grave et chaude qu'elle aimait tant. -Rien de spécial, j'ai bossé mes textes et traîné à ne rien faire. Transcendant, ajouta-t-elle en grimaçant un sourire ironique. -Mmh.Elle se mit à feuilleter un magazine de jardinage étalé sur la table. Il adorait s'occuper de ses plantes et s'abonnait souvent à différentes revues. -Alors, quels plants pour le printemps ?, pointant le menton sur des photos. Quand vas-tu te mettre à planter des patates dis moi ?Elle pouffa, appuyant sa dernière question d'une pichenette sur le nez de son ami. Les yeux noirs et lumineux à la fois s'arrêtèrent doucement sur les siens. -Qu'est-ce qui ne va pas Rachel ?Ses armures ne fonctionnaient jamais avec lui. Elle croyait le berner à chaque fois pourtant, usant de son adresse à rire de tout et de rien, maîtrisant l'art et la manière de faire parler les autres. Mais lui, Lui, ne s'y laissait pas prendre. C'était difficile qu'il devine. C'était une amitié merveilleuse : un homme, une femme. Sublime. *** Larmes de miel...Océan Wilde. La rencontre invisible entre deux êtres qui ne se rencontreraient jamais : une évidence universelle. Le lecteur et son écrivain, les nuages et le ciel, la pluie et le soleil, l'arc en ciel et l'infini. Les lignes dévorées dansaient sur les pages, elle s'en repaissait, touchée au plus intime de soi. La soie d'une sensibilité à fleur d'absolu. Une révélation : quelque part, quelqu'un, un inconnu célèbre, belle contradiction, lâchait des mots d'une incroyable profondeur. Ils vibraient, palpitaient au point de lui offrir, parfois, des vagues de sel qui venaient suavement lui lécher les joues. C'était étrange, mystérieux. Le pouvoir joli de l'écrit : des signes qui ne pesaient rien et l'emmenait pourtant à des milliers de kilomètres d'ici. L'échappée de la réalité prenait des airs d'ailleurs, la projetait dans un voyage intérieur clandestin. Elle s'éleva amoureuse de sa plume, littéralement, n'en parla à personne : qui aurait pu comprendre cet excès ? Lui bien sûr. Mais il n'était plus là. ***
13h 54. Plus qu'un battement d'ailes du temps et il la recevrait. La secrétaire avait été assez froide lorsqu'elle s'était présentée. Ça l'avait un peu stressée sur le coup, elle s'était sentie seule au milieu de ses bureaux foisonnants d'activité, propres aux maisons d'édition. L'impression qu'elle dérangeait, qu'elle n'était pas la bienvenue. La désagréable sensation d'une petite boule au creux de son ventre s'était alors bien vite installée. Assise sur un siège moelleux et confortable, la tête appuyée contre le mur et paupières fermées, elle se concentra sur sa respiration. Allons, ce n'était pas la fin du monde ! Un rendez-vous de boulot parmi d'autres. La troupe avait commencé à travailler sur la pièce de Wilde. Le premier acte n'était pas une mince affaire à mettre en place. William, le metteur en scène, s'arrachait les cheveux à ce que les acteurs puisent encore davantage dans leurs émotions. Il y avait des larmes, des claquements de rideaux, des discussions, des énervements, des rires... mais tous, à l'unanimité, se passionnaient pour le texte. Le mélange de tragédie, de contemporain, en passant par les codes classiques du théâtre, s'harmonisaient parfaitement ensemble. C'était original et prometteur. Mais voilà. Plus de deux mois sans nouvelles de l'auteur malgré les relances de Will. L'actrice s'était alors proposée pour le rencontrer et faire le point. Ils avaient besoin de l'acte 2 pour poursuivre. Un bruit de porte. Des pas. Elle rouvrit les yeux. Il était là. Elle se leva : -Bonjour Monsieur Wilde.Elle se sentait fébrile, impressionnée par ce regard magnétique bien particulier. Océan...Il portait bien son nom, les iris emplis de la couleur des mers et de l'insondable de l'azur. -Merci de me recevoir.La voix douce, capable d'emplir puissamment les salles pourtant, se déplia dans l'air. Elle se trouvait face à un monstre sacré de l'écriture qu'elle admirait. La mémoire empreinte de ses lectures la fit sourire davantage, un zeste de complicité intérieure avec elle-même qu'elle ne put s'empêcher d'exprimer. Un sourire, presque timide. "-Rachel, c'est toi que je veux sur ce rôle. -Pourquoi ? -Parce que tu vois les fissures du vent." Océan-J.Butler |
| | | Invité | Sujet: Re: « Ni la tour de pierre, ni les murailles de bronze travaillé, ni le cachot privé d'air, ni les liens de fer massif, ne peuvent enchaîner la force de l'âme ». W.Shakespeare ∞ Océan Wilde et Rachel Issenman ∞ Ven 27 Mar 2020 - 14:34 | |
| Arno Alyvan - Nowhere to hideAubade océane en une trame musicale dans l’agencement des vagues, le tracé des mots dansants la sérénade de l'authenticité pure. Une idylle comédie magique qui faisait sens, auparavant. Qui était sublime. Oreilles et lèvres de verre, œillade d'amour et main de velours. Le touché d'une plume et l'auteur s'en allait là-haut. Là où personne n'osait jamais le rejoindre. Là où personne ne le pouvait. Là où il se retrouvait, chez lui; loin des abysses monstrueux. Seul en compagnie des mots. La chanson de la vie, la sienne, qu'il partageait volontiers avec ceux qui l'entendait vibrer aux rythmes des âmes. Et tout du haut, ce qu'il était beau. Tout en haut, ce qu'il écrivait beau. Il chantait avec les maux, sans séparer le jalet du joyaux. Mais c'était avant. Avant la condamnation du sirupeux Silence qui le tira de force sur le sol dur et granuleux. Le punir d'avoir trop longtemps fendu les nuées ? Retour sur Terre. Retour amer. Au bord de la falaise, il entendait les chauds murmures du sang. Il ne voulait plus l'avoir, ce mal de mer. Il ne pouvait plus la voir, son affreuse Mer. La tempête mystérieuse. La vision étrange d'obscurité frissonnante. La brutale projection du Rien à venir. La page blanche. Et, depuis, le Silence hantait le Temps, l'espace entrecoupé aux sourires de la mort. Océan n'entendait plus que l'odieux Silence et noyait ses ailes dans les profondeurs de son propre regard naufragé. Une nouvelle fissure colorée de peur et de malheur fragilisait la brèche. – Monsieur Wilde, qu'en dites-vous ?Une ridicule petite seconde. Le temps de rajuster le masque de l'acteur. Le charme de la célébrité. Parfait, il sourit.– J'en dis que vous en dites de trop, mon ami. La réunion va devoir s'écourter, messieurs dames... Le vent me chuchote ses secrets.Océan porta un regard magnétique aux teintes espiègles à l'assemblée de cette énième réunion de la matinée, s'amusant d'un geste volatile poétique du poignet lorsqu'il parla du vent. Il était impossible d'imaginer que l'homme était parti ailleurs, tout en haut ou tout au fond, ne serait-ce un temps, songer, âme en peine, à ses tourments. Maître de l'écrit et de l'art oratoire, il avait appris qu'il ne lui restait désormais plus que l'éloquence à sa survie. – Ohh, j'ai hâte de lire ça, Océan ! – C'est ça, ouais. Allez, au diable mes petits corbeaux, j'ai du boulot. lança le fondateur des lieux en faisant prendre congé à ses collègues avec un sourire qui se devait d'être rieur et charmeur. La métaphore était triste. Il avait littéralement besoin d'air. Il tenait fermement la poignée de la porte dans sa main droite, avait profondément si peur de la lâcher, tandis que l'autre faisait du vent pour qu'ils s'en aillent le plus rapidement possible. Qu'ils s'en aillent, par pitié. Il crut ne jamais pouvoir se débarrasser d'eux tant ils étaient si hypnotisés par sa personne, pour cause l'un de ses sorts, un talentueux méfait inné qu'il n'avait jamais aimé lancer sur autrui; mais qui Était. Il était comme la nuit et la tempête au cœur du soleil. Il était flamboyant et envoûtant. L'on se demandait toujours : ...Comment ? Comment brûlait-il au centre du temps ? Comment connaissait-il les secrets des chants du vent ? Il ne répondait, alors, que d'un simple sourire soleil. Rien de plus, ni de moins. Enfin, il put rejoindre son bureau. La tranquillité pour quelques instants. Il le savait. Cela ne durerait pas. Ses moments de solitudes se faisaient de plus en plus rares depuis qu'il s'occupait de tout, pour ne plus s'occuper de ses... Rien. Dring. Dring. .... Il soupira, les yeux clos, assis sur son fauteuil de cuir, et à la troisième sonnerie, il décrocha, un sourire se manifestait par réflexe sur ses lèvres. Il entendit la voix de sa petite mamie ronchonne préférée, aka sa secrétaire : Madame Stephany Parks. – Oui ? Je suis occupé ma chère Stephany, je vous ai déjà prévenu que je n'étais pas très friand de vos harcèlements incessants, il me semble. Je sais bien que je vous plais énormément, mais nous nous devons de rester professionnels, vous et moi, j'en ai bien peur... C'est impossible entre nous. – Monsieur Wilde, s'il vous plait, soyez sérieux, Madame Issenman vous attend. – Oh naaaan...... mais ce n'est pas possible, je vous ai dit d'annuler ce rendez-vous dix mille fois !Cette fois-ci, ce n'était plus vraiment amusant. – Je suis désolée, monsieur, mais ils ont insisté et... – Bon. Laissez tomber.Il raccrocha d'un coup, agacé. Les bras croisé, l'écrivain déchu laissa son regard se perdre sur son bureau; plus précisément sur la représentation miniature du Penseur de Rodin. Un frémissement d'ironie. Océan se leva, rajusta sa cravate aussi bleu que ses yeux et passa une main dans sa chevelure de jais désordonnée. Derrière la porte, la représentation même de son échec. Rachel Issenman venait réclamer ses mots, et il n'avait rien à lui donner. Lorsqu'il rencontra son regard et vit son sourire, de ceux qu'il avait mille fois rencontré, il se sentit plus imposteur que jamais. Cet incroyable qu'elle semblait vivre n'avait pas lieu d'exister. Avant, il trouvait cela flatteur, appréciable... maintenant, il en avait mal au cœur. – Mademoiselle Issenman, je ne vous attendais plus. sourit-il, tout en lui tendant une main pour la saluer. Il plongea son regard dans le sien quelques instants, pour la sonder, puis se mit à le fuir, observant derrière ses épaules à droite et à gauche, pour y trouver de l'aide, un quelconque collègue à la rescousse. – Non, littéralement, je pensais que vous étiez au courant.Il se mit alors à marcher en direction des jardins. – Ravi de vous avoir revu, mais je n'ai malheureusement pas de temps à vous accorder, j'en suis désolé. Peut-être une autre fois. Je suis très occupé, c'est épuisant de gérer toute une garderie, vous savez.Un groupe de dessinateurs à côté desquels il passa lui jetèrent un regard mi-choqué, mi-amusé et il leur offrit un petit clin d’œil. |
| | | Invité | Sujet: Re: « Ni la tour de pierre, ni les murailles de bronze travaillé, ni le cachot privé d'air, ni les liens de fer massif, ne peuvent enchaîner la force de l'âme ». W.Shakespeare ∞ Océan Wilde et Rachel Issenman ∞ Sam 28 Mar 2020 - 19:59 | |
| Une poigne franche qu'elle apprécia, saupoudrée d'un peu de stress. Elle se sentait assurée de la légitimité du contrat établi entre l'auteur et la Compagnie mais presque faible face à un talent bouleversant. Ce qu'il incarnait au creux de ses secrets la rendit fébrile une fraction de firmament. Une fraction...Et puis l'ordre des choses reprit sa place. -Comment cela ? Le rendez-vous était pris, je ne comprends pas ?« Belle cravate » pensa-t-elle en impromptu, incapable de s'empêcher d'apprécier l'élégance racée avec laquelle il s'habillait. Inspiration. Elle soutint tranquillement son regard, quoique décontenancée lorsqu'il le balança ailleurs soudain. Quelque chose n'allait pas.Interloquée, rebelle brutalement, elle suivit à dessein sa vision et se retourna. Personne en vue, évidemment.-Je...Non...je ne l'étais pas ?!Ça n'allait pas. « Ça » se déchirait. Une scène bas de gamme. Une espèce de froid la saisit. La sphère contractée se mit à grossir dans ses entrailles. Il la foutait dehors joliment mais la foutait dehors. Incompréhensible. Inacceptable. Il s'éloigna. « Une garderie... », l'ironie la surprit. Qu'imaginait-elle de cet homme ? Là se nourrissait l'erreur fatale : imaginer. ExpirationLes bras ballants, elle demeura sans voix, figée dans le couloir. Le brouhaha des bureaux tout proches la ramenèrent à l'instant sans grâce. Elle jeta un œil désespéré à la secrétaire qui grimaça : "Ce n'est pas possible? Vous nous auriez prévenu, n'est-ce pas ? Je n'y crois pas, je n'y crois pas...".Il allait disparaître elle ne savait où. Pour jamais ? Pour toujours ? Sans réfléchir, elle se mit presque à courir pour le rattraper, indifférente aux regards curieux. -Monsieur Wilde ! Irait-il jusqu'au bout de son refus de la recevoir ? -...Je suis venue au nom de la Compagnie, ils espèrent tous que je reviendrai avec des nouvelles ...« Vous ne pouvez pas partir, me laisser comme ça en plan !... ». Elle ne pouvait pas décemment lui dire, alors même qu'elle s'envahissait d'une piteuse sensation d'abandon. Oui mais. L'exigence du Théâtre, ce Maître sans pitié. Il enseignait l'affranchissement du jugement des autres, une opulence de l'esprit et du cœur. L'impudeur des personnages incarnés retranchaient le soi au fin fond des poussières de la Réalité. Rachel vivait double, princesse ou gueuse sur les planches, au fil des heures sans chaîne. Hors champ de cette irréalité, elle ne se réduisait qu'à l'imperfection d'elle-même. Elle aimait tant les mots, ce qu’ils offraient, ce qu'ils provoquaient. Les caresser, les savourer, s'en délecter... Elle les incarnait, imprégnée par les répliques, les faisait vivre autrement, métamorphosés. Parfois, il fallait les vomir, les haïr. Se lovait dans l'Inexistant durant quelques miettes de temps, le temps d'un spectacle. Lisait comme l'on meurt. Le lisait, Lui. L'excès des passionnés. Le culot des libres dans l'âme. Elle voyait toujours la lumière à travers les barreaux. Alors, Océan Wilde allait la recevoir tôt ou tard. Alors, l'artiste abattit les filtres. -Dites-moi pourquoi vous refusez de m'accorder quelques minutes...S'il vous plaît ?In This Moment-Into Dust |
| | | Invité | Sujet: Re: « Ni la tour de pierre, ni les murailles de bronze travaillé, ni le cachot privé d'air, ni les liens de fer massif, ne peuvent enchaîner la force de l'âme ». W.Shakespeare ∞ Océan Wilde et Rachel Issenman ∞ Dim 29 Mar 2020 - 16:44 | |
| – Je suis venue au nom de la Compagnie, ils espèrent tous que je reviendrai avec des nouvelles ...
Occupé à attendre que la machine lui serve un café, Océan, le dos toujours tourné à la silhouette de la malvenue; se contenta d'hausser les épaules avec une désinvolture apparente. Il se retourna, une main enfouie dans sa poche et l'autre tenant le café. Il lit avec un intérêt secret la stupeur et l'incompréhension qu'il n'avait jusque là fait qu'entendre dans sa voix. Elle ne s'attendait clairement pas à ça. Il fallait dire qu'il ne la mettait pas dans une situation confortable. Il en avait bien conscience.
– Eh bien, vous leur direz simplement que les nouvelles sont les suivantes : il n'y a pas de nouvelles.
L'esquisse d'un sourire crispé se forma au coin de ses lèvres alors que la situation commençait sérieusement à le gêner. Son but n'était pas de mettre qui que ce soit à mal. Il voulait simplement qu'on le laisse en paix. Un peu de solitude. Celle même qui l'étouffait.
Le regard du maudit se perdit à travers la baie vitrée des jardins. Alors, l'azur s'ouvrit à l'enfance. Espace ouvert. Cercle brisé. La bouche parla non loin de la sienne que le clavier de son Silence rendit inaudible aux échos de l’abîme. Clac. Il fit glisser la baie vitrée. Osa un pas. Subtil parfum de fin du monde. Souffle délicieux des ouragans farouches. Désastre inéluctable au milieu des splendeurs des saisons divisées. L’écœurante allégresse du printemps et l'amour de l'été firent couler les larmes de l'automne et rire les cœurs infrangibles de l’hiver, au point que l'âme de l'auteur s'arrachait, grisée par tant de nostalgie saccagée, et s'envolait vers de lointaines contrées secrètes et peinées.
– ...... pourquoi vous refusez.....
Il fronça très légèrement le nez. Se retourna vers Mademoiselle Issenman qu'en l'instant, il ne voyait qu'à peine. Le malaise généré par sa présence, ce qu'elle représentait, fit naître une impatience vive et peu maniérée.
– Je ne vous refuse rien, à vous, ne dites pas ça. lança-t-il sur un ton ferme, l’œil soudain très franc, comme si elle venait de dire une énormité très insultante.... et c'était le cas, à ses sens effleurés.
Bientôt, il fermait les frontières de ses maux incontrôlés, de tout ce qui n'avait pas droit d'être représenté sur cette scène parfaite qu'était la sienne, que DEVAIT être la sienne.
Un profond sérieux. Il se rapprocha. Un pas. Puis deux. Tout près.
– Ecoutez, ce n'est pas.....
La bouche entre-ouverte, rien ne vint. Une petite seconde, un éclair de désarroi. Puis plus rien. Il sourit et lui tendit le café.
– Tenez. Je suis désolé, mais vous devriez y aller. Madame Parks se fera un plaisir de vous raccompagner.
Il la guidait déjà élégamment et prestement vers la sortie, une main lui frôlant le dos et l'autre tendue droit devant eux. Il n'y avait plus place à négocier quoi que ce soit, il avait perdu patience, si tant était qu'il en eut déjà un jour.
– Comme je vous l'ai dit, j'ai beaucoup à faire. J’appellerai personnellement Monsieur Sumner, tout va très bien se passer, rassurez-vous. Merci d'être passée. Je vous souhaite une douce journée.
Et c'était lui qu'il tentait de convaincre, de rassurer. Garçon issu des flammes devant écrire sur l'origine de la catastrophe. Et toujours prisonnier du passé, le prince héritier n'avait plus les moyens de lutter contre les fantômes, son ombre arrière le repoussait en un lieu d'épouvante. |
| | | Invité | Sujet: Re: « Ni la tour de pierre, ni les murailles de bronze travaillé, ni le cachot privé d'air, ni les liens de fer massif, ne peuvent enchaîner la force de l'âme ». W.Shakespeare ∞ Océan Wilde et Rachel Issenman ∞ Lun 30 Mar 2020 - 18:00 | |
| Elle eut l'impression qu'il se jouait de sa présence comme le chat avec la souris, de ce chat glorieux et victorieux qui sait d'avance que la partie est jouée. L'homme était célèbre et salué par ses pairs. C'est lui qui possédait ses mots et ses talents. Elle ne pouvait rien faire, si ce n'est subir une indifférence délicatement insolente et se démerder avec ça. Ce n'était qu'une mauvaise plaisanterie, un accident géographique qui allait reprendre forme, comme il fallait. Que nenni. Il prit le temps d'attendre tranquillement que le gobelet apparaisse. Le café coula, fit son glouglou habituel. Puis...rien. Rien ne se produisit hormis un haussement d'épaules désinvolte. Elle sut que c'était peine perdue. Perdue... plutôt trouvée. Une peine qui n'aurait pas due naître. Elle resta silencieuse, l'observant de ses grands yeux interloqués, tentant malaisément de le sonder au-delà de ce qu'il voulait bien dévoiler. « ...pas de nouvelles... ». Des mots de vide, un espoir déchu, un élan brisé. Qu'allait-il se passer avec la Compagnie ? Il poursuivait son chemin sans plus de ménagements, sans rémission possible, elle le percevait dans tout ce qu'il transpirait de noble nonchalance. Il n'en avait rien à foutre. Une fin de non-recevoir qui s'accentua davantage alors qu'il ouvrait cette baie vitrée pour disparaître là où elle ne le suivrait pas. -A moi ? Mais je ne suis pas là pour m... Les lettres moururent car il s'approcha vivement. Une sincérité allait s'éclore, le son de sa voix le trahissant tout à coup. Une seconde, la Vérité fut là, tout près, au bord de lui. « Ce n'est pas... ». « Ce n'est pas quoi ?» pensa fortement Rachel, le regard intense accroché au sien. L'embaumement d'une réalité décevante servie sur un plateau doré. Elle prit le liquide fumant qui lui brûla les doigts, s'empêtra un instant à changer de main, ajustant son sac. La prenait-il pour une dinde ? Une douce colère sourdit tout au fond, chassant cette mauvaise boule de stress qui l'avait empêchée de se battre. Elle aurait du insister, un peu. Elle aurait pu essayer de le convaincre, un peu. Trop tard. Tout s'était passé très vite, elle se retrouva au volant de sa voiture, anéantie et amère. Pour qui se prenait-il ?! Agacée mais surtout inquiète pour la suite qui ne présageait rien de bon, elle démarra vivement. Et s'il ne voulait plus écrire la pièce ? Et s'il les plantait, là, tout simplement ? Il allait appeler Will, c'était juste un contretemps. Il était débordé. Pensez-donc, un homme aussi renommé et adulé dans le milieu... Elle décrocha le bluetooth, pile au moment où elle ratait la sortie, trop préoccupée. -Oui, Helen ? ...Nan, c'est la merde. Il ne m'a pas reçue, te raconterai. Quoi demain soir ?...Pfff, j'avais oublié ! Je n'ai plus envie d'y aller là!...Pourquoi ?...Mais...Bon, ok, ok. Yes, 18h30...Je ne sais pas...On verra bien. Ça marche ! A demain ! Cette fameuse soirée VIP rassemblait tout le gratin des auteurs, la presse, les troupes professionnelles, les mécènes...
En rentrant, elle allait prévenir William sans lui donner aucun détail ni lui faire part de ses craintes. Ça puait, littéralement. |
| | | Contenu sponsorisé | Sujet: Re: « Ni la tour de pierre, ni les murailles de bronze travaillé, ni le cachot privé d'air, ni les liens de fer massif, ne peuvent enchaîner la force de l'âme ». W.Shakespeare ∞ Océan Wilde et Rachel Issenman ∞ | |
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| | | | « Ni la tour de pierre, ni les murailles de bronze travaillé, ni le cachot privé d'air, ni les liens de fer massif, ne peuvent enchaîner la force de l'âme ». W.Shakespeare ∞ Océan Wilde et Rachel Issenman ∞ | |
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