Tribulations nocturnes ft Emrys

Emrys allait vraiment finir par devoir faire quelque chose pour son sommeil. Elle n’allait pas tenir éternellement si elle continuait à s’assoupir seulement 4 à 5 heures par nuit. Sans être une grosse dormeuse, Emrys avait toujours eu besoin de ses 8 heures de sommeil. Si non, elle devenait grincheuse et avait l’impression d’être fatiguée. Mais depuis la mort de Sarah son quota n’était clairement plus respecté. Ce n’était pas trop grave quand elle ne travaillait pas, mais le reste du temps, elle voyait bien qu’elle avait beaucoup moins de patience avec ses élèves et plus de mal à se concentrer…Peut-être que la retraite de Yoga qu’elle prévoyait de faire avec Circé lui serait utile en plus de lui offrir quelques jours de vacances avec sa meilleure amie…

A une heure où décemment elle aurait du aller dormir, elle s’était trouvée en train de tourner en rond dans son appartement. Elle était seule et tout était silencieux. Cela avait finit par l’angoissé. Elle aurait bien joué en ligne, mais c’était déjà ce qu’elle avait fait le début de soirée et si elle avait envisagé d’aller au lit, c’était justement parce qu’elle avait besoin de faire une pause. Le vrai problème en fait, c’était le silence. Voilà qu’Emrys regrettait de ne pas avoir de fêtards pour voisins (elle se serait incrustée à la fête) ou une famille nombreuse avec des enfants capricieux au dessus de sa tête. Peut-être devrait-elle prendre un animal ? Pfff…Tu n’aurais jamais la patience de t’en occuper. Mais l’idée ne disparut pas aussi vite de son esprit qu’elle aurait du… Il ne restait qu’une vraie solution au problème d’Emrys : sortir.

Elle ne s’était pas changé depuis qu’elle était rentrée des cours et avait toujours sa robe fourreau bleue. Un brin trop habillée pour une boîte de nuit ou un bar du centre ville. Elle ne mit évidemment pas ses talons mais dénicha rapidement de petites ballerines. Le sac et une veste sur l’épaule, elle quitta son appartement aussi rapidement que si elle y avait vu un fantôme. Ce qui était un peu le cas en fait. Le fantôme était là. Dans les cartons non déballés, cachés dans le renfoncement de l’entrée…
En bonne fêtarde ayant passée toute sa vie à Bowen, Emrys savait exactement quels lieux seraient encore ouvert à cette heure tardive de la nuit et quels genre de personnes elle pourrait y croiser. Plutôt que la sur ambiance, sûrement très alcoolisée qu’elle trouverait en ville, elle préféra se diriger vers la plage. Le bar y serait ouvert. Il y aurait de la musique et un peu de monde. Moins qu’en ville, mais un peu quand même.

Elle s’installa au bar. C’était exactement ce qu’il lui fallait. Quelques personnes installées aux tables. De la musique en fonds et en bonus le bruit des vagues s’échouant sur le sable dans l’immensité noire non loin. La mer sombre n’avait rien d’angoissant comparé au silence de son appartement. Au contraire c’était quelque chose de bien vivant. Le barman lui demanda ce qu’elle voulait. Elle aurait bien dit un café, mais ça aurait été partir avec certitude sur une nuit blanche. Elle opta pour un martini. En fait le serveur lui avait servi depuis peu le troisième quand un jeune homme l’aborda. Elle sourit à sa question :

« J’aurai préféré que ce soit un lapin, mais non, mon problème c’est le sommeil. » Elle soupira. « J’essaie de l’invoquer dans mon verre, mais pour le moment, j’ai l’impression qu’il doit être occupée ailleurs. » C’est à peu près là, qu’elle se dit qu’elle était légèrement pompette comme on dit. Heureusement qu’elle avait dîné et qu'elle avait une résistance correcte à l’alcool. Elle décida cependant de boire le troisième plus lentement. Elle fit aussi signe au serveur d’apporter des olives et cacahouètes. Elle les décala à mi chemin entre le jeune homme et elle, l’invitant implicitement à venir discuter. « Et vous donc ? A cette heure ci, venez-vous noyer de sombres cauchemars ou seulement chercher de la compagnie ? »

Elle l’observa rapidement. Ils ne devaient pas être trop éloignés en âge. Il n’avait pas l’air saoul. Plutôt mignon. Emrys n’avait aucune intention de draguer, surtout pas un homme. Mais quitte à boire, elle trouvait nettement moins triste de ne pas le faire seule (même si à ce moment là, elle n'avait absolument pas percuté que la boisson du jeune homme n'avait pas l'air d'être alcoolisée). De plus, elle avait toujours eu le contact facile.