#17 – let go somewhere in between real and make believe (concho & circé)

Ces dernières semaines ont été particulièrement éprouvantes et difficiles depuis l'annonce de ta stérilité, l'incendie de ta maison et toute cette tempête émotionnelle qui a suivi. Ne pouvant plus vivre chez toi pour le moment, tu es revenue au 17 même si cet appartement n'a plus la même saveur qu'auparavant, à tes yeux. Bien sûr, la présence de Concho rend chaque moment entre ces quatre murs merveilleux mais ce n'est plus la même chose maintenant que Tahlia et Florian sont partis. C'est assez déroutant de vivre ici, en couple avec Concho, alors qu'il y a quelques mois encore, c'était l'appartement de quatre célibataires. Quoi qu'il en soit, tu es reconnaissante de pouvoir vivre ici aux côtés de l'homme que tu aimes même si ces dernières semaines n'ont pas été faciles et que tu en as faire voir de toutes les couleurs à l'Australien. Cela fait pratiquement deux semaines maintenant que tu ne vas plus à l'hôpital pour tes brûlures liées à l'incendie mais les marques, elles, sont toujours bien là. Ce que tu vis plutôt mal et ce qui te pousse à cacher tes bras avec des tenues bien moins affriolantes qu'auparavant. Bref, ces derniers temps ont été plutôt rudes et t'ont mis à l'épreuve plus d'une fois. Par chance, ce soir, tu es dans un bon jour et après avoir cuisiné avec Concho, vous vous installez dans le salon, devant un film, affalés l'un sur l'autre. Vous vous apprêtiez à passer la soirée là, du moins, jusqu'à ce que quelqu'un frappe à la porte. Tu fronces les sourcils en relevant la tête vers Concho avant de demander : « T'attends quelqu'un ? » De ton côté ce n'est pas le cas alors, après t'être décalée pour le laisser passer, tu laisses ton petit-ami se charger d'aller ouvrir.

Le 17 n’était plus ce qu’il était, c’est vrai. Freja était partie la première, suivie de près par Tahlia et puis Florian. À croire que ma compagnie était difficilement endurable ! Plus sérieusement, je m’étais retrouvé rapidement seul. Perry et moi avions dans les plans de redevenir colocataire ; il délaisserait l’appartement d’à côté et reprendrait sa chambre ici. C’aurait sans doute été le bon moment pour moi, pourtant, de me trouver quelque chose où vivre seul. À mon âge, c’était un peu la suite logique des choses, surtout avec deux enfants. Je ne me sentais cependant pas prêt pour tous ces changements. Ça viendrait, un jour. Ou alors peut-être emménagerais-je avec Freja, qui sait. En tout cas, pour le moment, notre situation était assez similaire à cette vie à deux. Avec l’incendie à sa nouvelle maison, elle avait dû revenir ici pendant les rénovations. Nous partagions la même chambre même si elle avait toujours la sienne à l’autre bout du couloir. Je me plaisais à me dire que c’était en quelque sorte un test. Bien que Freja et moi ayons déjà habité ensemble, ici même, pendant plusieurs années, c’était en tant qu’amis et colocataires, brièvement en tant qu’amants. Et puis il y avait toujours eu d’autres personnes autour de nous. Depuis quelques semaines, ce n’était qu’elle et moi à l’appartement, et je devais avouer que cela ne faisait que confirmer que nous étions faits pour être ensemble. Ce soir, nous nous étions cuisiné un bon repas réconfort rapide, et nous nous apprêtions à regarder un film lorsqu’on cogna à la porte. Freja me regarda avec la même expression que la mienne. « Non, non, personne … » Je déposai mon assiette. « Ça doit être Perry. » Puisqu’il était le voisin, il n’était pas rare qu’on se visite l’un et l’autre. Que Freja soit là maintenant, ça ne changeait pas grand-chose pour Perry, au contraire. Il était encore plus motivé à venir nous voir. Je me levai et allai ouvrir la porte. Avec surprise, je me retrouvai face à Circé, cette femme avec qui j’avais vécu ce fameux ménage à trois dans une petite ville paumée du Queensland. « Oh, Circé, euh … Bonsoir. » Je savais qu’elle connaissait Freja. Elle était présente à la Garden party. Mais disons que nous n’avions pas été jusqu’aux présentations, alors Freja ne savait pas que Circé et moi nous nous connaissions … comme ça. « Tu viens voir … Freja ? » Demandais-je, confus. Il n’y avait aucune raison qu’elle soit venue me voir moi, wake up.