terry - a smile through the years

C'est officiel, je déteste les rendez-vous avec mon banquier. En fait, je déteste mon banquier aussi. Il est vraiment idiot. Avec son petit costard mal coupé, et sa façon d'me faire la moral avec ses cheveux impeccablement bien mis en place. J'aime pas trop les gens proprets et lui il est exactement ça. Avec sa montre brillante à son poignet et son impertinente manière de me prendre de haut "vos dépenses, monsieur Keynes, sont un peu trop importante par rapport à vos revenus blablabla." Alors déjà j'ai pas revenu et je dépense comme je veux l'argent que je possède sur mon compte bancaire. Bref, ça m'énerve déjà. J'suis assis dans l'une des chaises de la petite salle d'attente. Il fait chaud, la lumière qui rentre par les espèces de stores ringards m'étouffe. Vivement que ça se termine. Il veut me voir pour faire le point. J'ai les bras croisés sur ma poitrine et j'lis vaguement l'une des affiches publicitaires qui nous promettent des taux bancaires défiants toute concurrence. Dans la salle, avec moi, il y a d'autres personnes, j'y prête pas forcément attention. J'suis un peu perdu dans mes pensées à vrai dire. Finalement, la voix de la secrétaire me hisse hors de mes rêveries. "Monsieur Ariel Keynes, votre banquier vous attend dans son bureau." J'la toise d'un regard un peu méfiant. J'ai l'impression que j'ai fais une connerie et que j'vais aller me faire enguirlandé par le proviseur du lycée. Bordel, je déteste les rendez-vous à la banque.

A l'entente de mon prénom, j'me lève automatiquement et j'suis la secrétaire à travers les nombreux couloirs de la banque. Elle s'arrête devant une porte. Je frappe et entre. J'vous passe les détails insignifiant du rendez-vous. Très clairement, mon banquier se méfie de moi. Comment je fais pour avoir autant d'argent sur mon compte alors que j'branle rien de mes journées? Il doit être un peu jaloux en vrai. Parce que lui il travaille d'arrache pied dans sa petite banque merdique et il a à peine de quoi pour partir en vacances l'été. Je méprise les travailleurs. Je sais à quel point j'peux être détestable. Le rendez-vous est assez court finalement, une quinzaine de minutes tout au plus, et lorsqu'il me libère, j'lui dis simplement au revoir et tourne les talons direction la sortie de la banque. En arrivant dans le hall, une jeune femme blonde, environ de mon âge m'arrête de me demande si je suis bien l'Ariel qui est parti pour l'Europe il y a de ça vingt ans. Dans un premier temps je bugg complètement. Qui est cette fille? Comment sait-elle tout ça de moi? J'la regarde attentivement tout en hochant la tête. "Oui, j'suis bien cet Ariel là.. j'sais que j'te connais mais j'arrive pas .." Et tout en disant ça, je m rends compte qu'il s'agit de Terry. "Attends .. Terry ? C'est bien toi ?!" Mon visage s'illumine, s'il s'agit de Terry Cooper comme je le pense, alors je me trouve face à mon premier amour. Celui de l'école primaire. Tout d'un coup, la mauvaise humeur que m'avait refilé mon banquier s'envole.

Alors que je pensais que ma journée serait simple et basique, voilà que je venais de tomber sur une jeune femme qui avait fait partie de mon passé et que je n'avais plus jamais revue. Et pourtant, je l'avais reconnue. Son regard, son sourire, je ne sais pas, mais son prénom avait frappé mon esprit, comme un souvenir doux. Aussitôt, un sourire s'était accroché sur mon visage. "Mais c'est génial de se retrouver après si longtemps!" Notre histoire était très touchante. Deux enfants, deux jeunes écoliers, rapprochés le temps d'un trimestre que la distance avait finalement déchiré. On s'était proclamé amoureux, on aimait passer du temps ensemble et mon départ pour la France, le fait de laisser Terry seule à Bowen, ça m'avait fendu le cœur. "On a un peu vieilli c'est sûr! Tu as les mêmes yeux et le même sourire qu'autrefois." Je lui souris et rajouta "tu as le temps pour un café ? On a tellement de temps à rattraper!" Ca me paraissait inconcevable de la laisser filer maintenant qu'elle était face à moi. Resplendissante.

Terry avait été assez surprise d'entendre de nouveau son nom raisonner. Voilà 20 ans, qu'elle ne l'avait pas revu, et elle ne pensait pas le revoir un jour par ici. Ses parents avaient quitter la ville et même le continent pour aller s'établir à l'autre bout de la planète, et je dois vous dire que la planète Terre est très très très grande. Donc se recroiser par hasard de cette manières était hautement improbable, mais apparemment pas impossible.

20 ans ! C'est plus qu'un peu surtout quand on avait 10 ans. Toi tu as des poils ! Fini la peau douce des enfants !

Elle étouffe un petit rire et acquiesce. Elle avait prévu le spa, mais elle ira une autre fois, elle a plus envie pour l'instant de retrouver Ariel, de réapprendre à se connaitre, savoir ce qu'il a vécu depuis qu'il partit. Bref tout ce qui lui passe par la tête.

Va pour un café. On a plein de chose à se raconter je pense. Il y a un café sympa à une rue d'ici.

Les souvenirs que je gardais de Terry étaient doux. Nous avions eu l'occasion de partager la même classe durant quelques mois. Elle était ma camarade de table et nous avions partagé beaucoup de beaux moments. Nous n'étions que des enfants et pourtant, on peut dire que nos âmes s'étaient connectées. Nous étions tout le temps ensemble au point que nous avions décidé d'être des amoureux. Cela ne voulait pas dire grand chose à notre âge mais c'est ce que nous avions décrété. Je rigolais à sa réflexion et remarquait que tout était simple entre nous. Vingt ans nous séparaient et pourtant, j'avais l'impression de retrouver la Terry que j'avais quitté à dix ans. "Toi, tu as pris quelques rides je trouve!" Je souris, je commençais déjà à taquiner, mais je sentais bien qu'avec la jeune femme c'était tout à fait possible. En vérité, je la trouvais vraiment belle et je me disais que même à dix ans, j'avais déjà des très bons goûts en matière de femme. Elle proposa d'aller dans un café non loin d'ici, j’acquiesçais et on sorta de la banque. "Effectivement, on a deux décennies à rattraper". J'étais curieux de connaître son parcours. Dans la rue, le soleil vint rapidement réchauffer mon corps, j'me sentais bien. "Alors, qu'est ce qui s'est passé pour toi après mon départ?!" Je me souviens de cette après-midi, où je lui avais dit que je partais. La tristesse nous avait accablé et ça avait été un déchirement pour elle comme pour moi.

Terry se souvenait de Ariel, il avait passer peu de temps ensemble, enfin moins d'un an, dans la même classe, l'un à côté de l'autre. Il avait passer leur temps ensemble même en dehors des cours. Ils avaient des sentiments, des sentiments enfants mais des sentiments quand même. Elle lui fait quand même comprendre que 20 ans sur 30 ans c'est long et apparemment il en profite pour la taquiner.

Quoi ! Ose dire que je suis vieille maintenant ? Tu sais que je peux toujours te battre.

Bon elle l'a battue qu'une fois quand il était enfant, et elle est persuadée qu'il avait fait exprès de perdre. Mais disons qu'elle a changé, elle a trouver sa voix et en tant que pompier elle est plutôt forte. Et elle pourrait le battre sans problème enfin elle peut-être. Elle rit et l'entraine vers le café pas très loin.

Moi ? Heu et bien, je me suis rebellée, j'ai faillit être virée de l'école, enfin ma grand mère m'a bien aidé. Je suis devenue dans un premier temps pompier volontaire. J'ai fait des études de médecine, j'ai eu mon diplôme de médecin urgentiste et j'ai définitivement été embauche comme médecin chez les pompiers. Bref voilà, un petit résumé. Et toi ?

elle ne lui a pas parler de ses histoires de cœur, cela serait trop long, enfin surtout parler de son ex-fiancé. Il n'a pas le temps de répondre ou de réagir qu'ils sont devant le petit café, un simple café mais très sympa. Elle lui fait signe.

Et voilà ! On y va, et tu me diras ce que tu as fait durant 20 ans.